Les Yeux sans Visage (Georges Franju - 1960)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- Assistant opérateur
- Messages : 2874
- Inscription : 25 sept. 03, 19:49
- Localisation : Je sous-loue chez Mrs Muir
Les Yeux sans Visage (Georges Franju - 1960)
Les Yeux sans Visage, Franju 1959
Redécouverte d'un film, dans doute vu trop jeune la première fois pour en apprécier tout l'extraordinaire envoûtement.
Dès le début on s'installe dans l' atmosphère d'une inquiètude permanente et diffuse soulignée par une sobriété narrative remarquable, presque froide, particulièrement appuyée, pour ne pas dire totalement assise, par l'utilisation magique et dramatique de la photographie et de la lumière, exceptionnelles de qualité. Que le récit s'engage sur le terrain du fantastique ou sur celui de la quotidienneté apparente, tout est menaçant sans aucune outrance et les rapports complexes entre les personnages permettent plusieurs exégèses
L'évidence et l'art de ce film tiennent au fait que l'horreur, si l'on souhaite vraiment utiliser le terme, n'apparaît que comme cachée, jamais spectaculaire, jamais mise en avant dans le souci essentiel de céder la place à une aura poétique tout simplement inoubliable.
Edith Scob est d'une grâce toute aérienne et d'une beauté étrange, en fêlure constante, sublimée par son quasi unique costume. La scéne finale, admirablement métaphorique, au milieu de ces oiseaux, qui l'avaient accompagnée tout au long de sa réclusion et qu'elle libère en une sorte de ballet lumineusement nocturne n'est rien d'autre qu'anthologique.
Redécouverte d'un film, dans doute vu trop jeune la première fois pour en apprécier tout l'extraordinaire envoûtement.
Dès le début on s'installe dans l' atmosphère d'une inquiètude permanente et diffuse soulignée par une sobriété narrative remarquable, presque froide, particulièrement appuyée, pour ne pas dire totalement assise, par l'utilisation magique et dramatique de la photographie et de la lumière, exceptionnelles de qualité. Que le récit s'engage sur le terrain du fantastique ou sur celui de la quotidienneté apparente, tout est menaçant sans aucune outrance et les rapports complexes entre les personnages permettent plusieurs exégèses
L'évidence et l'art de ce film tiennent au fait que l'horreur, si l'on souhaite vraiment utiliser le terme, n'apparaît que comme cachée, jamais spectaculaire, jamais mise en avant dans le souci essentiel de céder la place à une aura poétique tout simplement inoubliable.
Edith Scob est d'une grâce toute aérienne et d'une beauté étrange, en fêlure constante, sublimée par son quasi unique costume. La scéne finale, admirablement métaphorique, au milieu de ces oiseaux, qui l'avaient accompagnée tout au long de sa réclusion et qu'elle libère en une sorte de ballet lumineusement nocturne n'est rien d'autre qu'anthologique.
-
- Producteur Exécutif
- Messages : 7512
- Inscription : 14 avr. 03, 09:28
- Localisation : dans la tête d'Elgrog
- Contact :
Les yeux sans visage de Georges Franju.
Merveilleux film bis, grandiosement interprété par un Pierre Brasseur au sommet de sa forme. C'est d'ailleurs en redécouvrant ce film grâce à la magnifique édition Criterion (presque pléonastique) que l'on se rend compte de la quasi absence de Franju dans les rétrospectives et autres happenings. L'homme sait pourtant créer une ambiance et sait plutôt bien y faire avec la caméra, quel est donc le vice caché ?
Je me souviens que, enfant, ce film m'avait traumatisé pendant plusieurs jours... En le redécouvrant, je comprends sa force, certaines images sont assez bouleversantes.
Merveilleux film bis, grandiosement interprété par un Pierre Brasseur au sommet de sa forme. C'est d'ailleurs en redécouvrant ce film grâce à la magnifique édition Criterion (presque pléonastique) que l'on se rend compte de la quasi absence de Franju dans les rétrospectives et autres happenings. L'homme sait pourtant créer une ambiance et sait plutôt bien y faire avec la caméra, quel est donc le vice caché ?
Je me souviens que, enfant, ce film m'avait traumatisé pendant plusieurs jours... En le redécouvrant, je comprends sa force, certaines images sont assez bouleversantes.
- -Kaonashi-
- Tata Yuyu
- Messages : 11413
- Inscription : 21 avr. 03, 16:18
- Contact :
- -Kaonashi-
- Tata Yuyu
- Messages : 11413
- Inscription : 21 avr. 03, 16:18
- Contact :
Et je viens seulement de tilter : Edith Scob, que je ne connaissais que dans ses seconds rôles actuelles (Mme Arbesault dans Bon Voyage, Le temps retrouvé, Le Pacte des loups, etc), joue Christiane, la fille sans visage justement. Justement j'étais fasciné par le regard de cette vieille actrice... Et elle est vraiment géniale dans le Franju,-Kaonashi Yupa- a écrit :Les yeux sans visage, Georges Franju (1959)
Très marquant, et visuellement très beau. J'aime beaucoup.
Pour l'instant je ne vais pas tenir compte de certaines faiblesses (jeu d'acteurs et scénario, on va dire que c'est un style).
8/10
- Spoiler (cliquez pour afficher)
-
- Accessoiriste
- Messages : 1743
- Inscription : 10 sept. 05, 00:35
Le film est absolument magnifique et Edith Scob est la grâce incarnée.-Kaonashi Yupa- a écrit :Et je viens seulement de tilter : Edith Scob, que je ne connaissais que dans ses seconds rôles actuelles (Mme Arbesault dans Bon Voyage, Le temps retrouvé, Le Pacte des loups, etc), joue Christiane, la fille sans visage justement. Justement j'étais fasciné par le regard de cette vieille actrice... Et elle est vraiment géniale dans le Franju,-Kaonashi Yupa- a écrit :Les yeux sans visage, Georges Franju (1959)
Très marquant, et visuellement très beau. J'aime beaucoup.
Pour l'instant je ne vais pas tenir compte de certaines faiblesses (jeu d'acteurs et scénario, on va dire que c'est un style).
8/10Là déjà j'aime encore plus le film qu'hier soir.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Et apparemment, elle est également géniale dans Judex et La Tête Contre les Murs (Franju)
-
- The Virgin Swiss Hyde
- Messages : 6874
- Inscription : 22 févr. 04, 18:02
Les Yeux sans Visage (Georges Franju - 1959)
Un célèbre chirurgien veut redonner forme humaine au visage de sa fille, défigurée lors d'un accident de voiture dont il se sent responsable. Pour réussir à guérir sa fille, il enlève de jolie jeune fille avec la complicité de son assistante...
Voilà sans doute le film que l'on considère comme le plus beau fleuron du cinéma fantastique francais avec la belle et la bete de Jean Cocteau. Ce film est un pur chef d'oeuvre de poésie macabre. Un film touché par la grace. Alida Valli, Pierre Brasseur et Edith Scob sont tous simplement parfait. Le final est un grand moment de poésie et le film contient des moments de terreur pure (les opérations chirurgicales notamment). Nous n'avons pas en France de véritable tradition de cinéma fantastique mais avec ce coup de maitre, Franju aurait peut-etre pu inspirer d'autres réalisateurs de l'hexagone...
En revanche, à l'époque ou Franju réalisait son chef d'oeuvre, le cinéma fantastique européen était en pleine explosion: depuis 2 ans, la Hammer s'était taillé une solide réputation avec son trio infernal Christopher Lee-Peter Cushing-Terence Fisher et dominait sans contestation possible le genre fantastique en imposant son esthétique gothique. La meme année que le film de Franju sortait en Italie le masque du démon, premier long-métrage d'un certain Mario Bava...
Georges Franju, qui n'aimait pas le genre fantastique, allait offrir au cinéma fantastique européen l'un des ses plus beaux chef d'oeuvre, réalisé durant la période faste du genre sur le vieux continent. Plus de 40 ans après, le film fascine toujours autant et n'a rien perdu de sa force...
Voilà sans doute le film que l'on considère comme le plus beau fleuron du cinéma fantastique francais avec la belle et la bete de Jean Cocteau. Ce film est un pur chef d'oeuvre de poésie macabre. Un film touché par la grace. Alida Valli, Pierre Brasseur et Edith Scob sont tous simplement parfait. Le final est un grand moment de poésie et le film contient des moments de terreur pure (les opérations chirurgicales notamment). Nous n'avons pas en France de véritable tradition de cinéma fantastique mais avec ce coup de maitre, Franju aurait peut-etre pu inspirer d'autres réalisateurs de l'hexagone...
En revanche, à l'époque ou Franju réalisait son chef d'oeuvre, le cinéma fantastique européen était en pleine explosion: depuis 2 ans, la Hammer s'était taillé une solide réputation avec son trio infernal Christopher Lee-Peter Cushing-Terence Fisher et dominait sans contestation possible le genre fantastique en imposant son esthétique gothique. La meme année que le film de Franju sortait en Italie le masque du démon, premier long-métrage d'un certain Mario Bava...
Georges Franju, qui n'aimait pas le genre fantastique, allait offrir au cinéma fantastique européen l'un des ses plus beaux chef d'oeuvre, réalisé durant la période faste du genre sur le vieux continent. Plus de 40 ans après, le film fascine toujours autant et n'a rien perdu de sa force...
-
- Un Justicier dans la Cuisine
- Messages : 10337
- Inscription : 4 juin 03, 20:30
- Localisation : Bolivie
A part le final, le masque d'Edith Scob et un Brasseur inquiétant, je n'ai jamais vraiment accroché à ce film.
Puissant, corrompu et menteur
You two do make a charming couple though, you're both, what's the expression, damaged goods.
-
- Machino
- Messages : 1130
- Inscription : 29 sept. 06, 20:22
- Localisation : Erewhon
Ah, la petite java du générique...
Le climat du film est posé d'emblée, quand on voit la belle Alida Valli au volant de sa deuche, la nuit. Ce qui rappelle vaguement (très vaguement c'est vrai) le trajet nocturne de la malheureuse Janet Leigh dans Psychose.
L'ambiance du film, délicieusement morbide, n'exclut pas l'horreur franche (les opérations) mais aussi la poésie pure (la pauvre Edith scob qui lâche les chiens à la fin).
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un film fantastique( encore qu'on y trouve un thème qui pourrait s'y raccrocher, celui du savant fou), mais plutôt onirique, qui laisse des images aussi fugaces que persistantes qu'un rêve (ou un cauchemar).
Très beau film, un peu moins méconnu que le reste de l'oeuvre de Franju, qui pourtant n'a pas réalisé pléthore de films. A quand une sortie de ses courts métrages en DVD ? J'aimerais beaucoup voir Le sang des bêtes, Hôtel des Invalides et Le grand Méliès... Et aussi revoir Judex et La tête contre les murs, avec un tout jeune Mocky...
_
Le climat du film est posé d'emblée, quand on voit la belle Alida Valli au volant de sa deuche, la nuit. Ce qui rappelle vaguement (très vaguement c'est vrai) le trajet nocturne de la malheureuse Janet Leigh dans Psychose.
L'ambiance du film, délicieusement morbide, n'exclut pas l'horreur franche (les opérations) mais aussi la poésie pure (la pauvre Edith scob qui lâche les chiens à la fin).
Il ne s'agit pas à proprement parler d'un film fantastique( encore qu'on y trouve un thème qui pourrait s'y raccrocher, celui du savant fou), mais plutôt onirique, qui laisse des images aussi fugaces que persistantes qu'un rêve (ou un cauchemar).
Très beau film, un peu moins méconnu que le reste de l'oeuvre de Franju, qui pourtant n'a pas réalisé pléthore de films. A quand une sortie de ses courts métrages en DVD ? J'aimerais beaucoup voir Le sang des bêtes, Hôtel des Invalides et Le grand Méliès... Et aussi revoir Judex et La tête contre les murs, avec un tout jeune Mocky...
_
-
- Duke forever
- Messages : 11824
- Inscription : 29 nov. 03, 21:18
- Localisation : Hollywood
J'ai en DVD et j'adhère complètement : un essai hyper réussis du cinéma français dans le Fantastique !!
Faut que je le revoies plus en détail ces jours-ci... Mais la mise en scène sobre (la maison du docteur préfigure déjà le château gothique de La maison du diable de Robert Wise), une photographie très contrastée et une ambiance glauque morbide comme je les aime... Et la musique !! Olala, la partition (mélange de cirque et de cauchemar) est sublime.
Un film qui m'a toujours fait froid dans le dos et que j'aime vraiment beaucoup, autant que son titre parmis les plus beaux du 7ème Art...
Et puisqu'on est dedans en ce moment, L'horrible Dr. Orloff de Jess Franco (bien que ce dernier ne se réclame que des films de la Universal des années 30) s'en rapproche énormément, même si pour ma part le film de Franju remporte la victoire.
Faut que je le revoies plus en détail ces jours-ci... Mais la mise en scène sobre (la maison du docteur préfigure déjà le château gothique de La maison du diable de Robert Wise), une photographie très contrastée et une ambiance glauque morbide comme je les aime... Et la musique !! Olala, la partition (mélange de cirque et de cauchemar) est sublime.
Un film qui m'a toujours fait froid dans le dos et que j'aime vraiment beaucoup, autant que son titre parmis les plus beaux du 7ème Art...
Et puisqu'on est dedans en ce moment, L'horrible Dr. Orloff de Jess Franco (bien que ce dernier ne se réclame que des films de la Universal des années 30) s'en rapproche énormément, même si pour ma part le film de Franju remporte la victoire.
-
- The Virgin Swiss Hyde
- Messages : 6874
- Inscription : 22 févr. 04, 18:02
-
- A mes délires
- Messages : 9466
- Inscription : 3 janv. 04, 01:49
- Localisation : 17 Paseo Verde
On pourrait aussi mentionner Corruption avec Peter Cushing; un chapitre peu glorieux de sa filmographie.Julien Léonard a écrit :Et puisqu'on est dedans en ce moment, L'horrible Dr. Orloff de Jess Franco (bien que ce dernier ne se réclame que des films de la Universal des années 30) s'en rapproche énormément, même si pour ma part le film de Franju remporte la victoire.
-
- Machino
- Messages : 1130
- Inscription : 29 sept. 06, 20:22
- Localisation : Erewhon
- John Anderton
- Vintage
- Messages : 7661
- Inscription : 15 avr. 03, 14:32
- Localisation : A bord de l'Orca, au large d'Amity
-
- The Virgin Swiss Hyde
- Messages : 6874
- Inscription : 22 févr. 04, 18:02