L'oeil du tigre...
La corrida de la peur (The Brave Bulls) 1951
Luis Bello (Mel Ferrer), matador mexicain au sommet de sa popularité et de son art est blessé lors d'une corrida. Dès lors, sa confiance s'est brisé et bien que très vite remis sur pied il est incapable de combattre dans l'arène sans fuir la confrontation avec les taureaux. Le public exigeant fait part de son mécontentement..
The brave Bulls de Robert Rossen est probablement la vision la plus exhaustive et la plus authentique mise en scène pour le cinéma sur la tauromachie.
Il est évident que Rossen et Boeticcher qui ont tous deux traité le sujet de la corrida n'ont pas eu du tout la même approche (sans parler de la vision purement hollywoodienne de Rouben Mamoulian).
Alors que Boeticcher a privilégié le romantisme dans
La dame et le toréador à travers l'expérience d'un américain sous le charme de la découverte d'une culture étrangère, sa double histoire d'amour et sa tendance à idéaliser le monde qu'il décrit, Robert Rossen a eu il me semble une approche beaucoup plus immersive et plus documentée.
Là où le film de Boetticher reste à la surface des choses,
The brave bulls est une vision sans concession traitant de tous les aspects tant social, culturel, qu'économique (notamment à travers le prisme du propriétaire d'arène contraint de négocier des taureaux de première classe afin de signer un contrat avec une vedette et ainsi attirer le public, on découvre également tous ceux que le matador vedette fait vivre). C'est presque un documentaire bien plus qu'une biographie d'une star de la tauromachie. C'est aussi un excellent film sur les milieux du sport et du spectacle. Luis Bello aurait pu être boxeur ou acteur de théâtre.
A l'inverse, c'est sur les scènes d'amour que le film de Rossen marque des faiblesses. Cette partie romance très réussie chez Boetticher semble ici bâclée ou plutôt coupée au montage.
La mise en scène repose d'ailleurs beaucoup sur un montage sec qui s'avère parfois déstabilisant. Je pense entre autres à l'ellipse totale sur la mort de deux des personnages majeurs du film. Et dans l'arène on a à plusieurs reprises le sentiment que des plans ont été coupés.
Mel Ferrer tient là probablement le rôle de sa vie, même si pour le public il sera à jamais le marquis de Maynes. Il est exceptionnel faisant même oublier qu'il n'est pas mexicain. Quant à Anthony Quinn, ça fait du bien de le voir dans un rôle sobre comme ici où sa présence est charismatique avec très peu de moyens.
"We'll live forever and both get rich!"
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Cette réplique boucle formidablement le film et témoigne de l'ironie et du recul de Rossen vis à vis de ce qui vient de nous être conté.