A Canterbury Tale (Michael Powell / E. Pressburger - 1944)
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A Canterbury Tale (Michael Powell / E. Pressburger - 1944)
Suite de notre semaine thématique consacrée à Michael Powell sur Dvdclassik, avec la chronique de A Canterbury Tale. C'est cette fois au tour de Xavier Jamet de nous offrir une chronique plus qu'alléchante.
A vos avis et commentaires !
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- Entier manceau
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Très beau texte, qui insiste avec conviction sur l'échec du film et ses raisons, ainsi que l'amertume qu'il a laissé chez Powell, pour mieux le célébrer par la suite.
Je copie-colle ici mon avis récent :
A Canterbury Tale (Powell/Pressburger)
Cette ballade spirituelle dans le Kent est bien difficile à retranscrire par les mots, tant le film semble surprenant et inattendu, d'une originalité brillante.
Si la Seconde guerre mondiale est une toile de fond permanente, Powell et Pressburger s'intéressent aux richesses affectives et culturelles de l'Angleterre rurale. Il en résulte une méditation lancinante et généreuse autour d'une identité historique et culturelle, autour de quatre destins qui se croisent et se confrontent dans une recherche d'eux-mêmes. Le charme rare d'A Canterbury Tale est précieux, ténu, l'émotion s'insère naturellement avec une discrétion et une dignité poignantes. C'est un chant de pélerins, l'impact évocateur de l'orgue de la cathédrale de Canterbury...mais aussi l'enthousiasme innocent d'enfants mimant la guerre, le ressenti unique d'une osmose avec un environnement naturel.
Powell et Pressburger s'attachent à une vie quotidienne dédiée à l'effort de guerre, avec une grande justesse de vue, en l'honneur des humbles. A travers le personnage d'Allison Smith (radieuse Sheila Sim), l'émancipation des femmes (et l'absence des hommes) est évoquée, dans une description ample et passionnée des travaux de chacun.
La trame principale du film peut parfois sembler décalée, absurde (comme l'argument principal du "Colleur") mais elle est caractéristique de l'imagination vertigineuse du duo, exprimant une confiance absolue dans envers le cinéma. A Canterbury Tale crée un univers atypique en adéquation avec un propos qui touche par son universalité. Il s'agit de célébrer des traditions, de prolonger une mémoire, de transmettre un vécu...et cette ambition est nourrie d'un élan mystique d'une grande force. La dernière partie du film, à Canterbury, transmet à ce niveau une ouverture sensible d'un crescendo magistral.
A Canterbury Tale est parfois délicat à appréhender dans ses audaces et ses choix, mais exprime une subtilité rare et une inventivité thématique et formelle digne des plus grands P&P.
Je copie-colle ici mon avis récent :
A Canterbury Tale (Powell/Pressburger)
Cette ballade spirituelle dans le Kent est bien difficile à retranscrire par les mots, tant le film semble surprenant et inattendu, d'une originalité brillante.
Si la Seconde guerre mondiale est une toile de fond permanente, Powell et Pressburger s'intéressent aux richesses affectives et culturelles de l'Angleterre rurale. Il en résulte une méditation lancinante et généreuse autour d'une identité historique et culturelle, autour de quatre destins qui se croisent et se confrontent dans une recherche d'eux-mêmes. Le charme rare d'A Canterbury Tale est précieux, ténu, l'émotion s'insère naturellement avec une discrétion et une dignité poignantes. C'est un chant de pélerins, l'impact évocateur de l'orgue de la cathédrale de Canterbury...mais aussi l'enthousiasme innocent d'enfants mimant la guerre, le ressenti unique d'une osmose avec un environnement naturel.
Powell et Pressburger s'attachent à une vie quotidienne dédiée à l'effort de guerre, avec une grande justesse de vue, en l'honneur des humbles. A travers le personnage d'Allison Smith (radieuse Sheila Sim), l'émancipation des femmes (et l'absence des hommes) est évoquée, dans une description ample et passionnée des travaux de chacun.
La trame principale du film peut parfois sembler décalée, absurde (comme l'argument principal du "Colleur") mais elle est caractéristique de l'imagination vertigineuse du duo, exprimant une confiance absolue dans envers le cinéma. A Canterbury Tale crée un univers atypique en adéquation avec un propos qui touche par son universalité. Il s'agit de célébrer des traditions, de prolonger une mémoire, de transmettre un vécu...et cette ambition est nourrie d'un élan mystique d'une grande force. La dernière partie du film, à Canterbury, transmet à ce niveau une ouverture sensible d'un crescendo magistral.
A Canterbury Tale est parfois délicat à appréhender dans ses audaces et ses choix, mais exprime une subtilité rare et une inventivité thématique et formelle digne des plus grands P&P.
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On reconnaît bien la patte de Mister Jamet.
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Concours à gagner du 2ème coffret Powell sur le site.
Heu, désolé, c'est le premier coffret qui m'aurait intéressé.
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J'adore le style avec lequel est écrit cette chronique. C'est rédigé de manière très intelligente. On sent à chaque ligne que Xavier a aimé le film et a envie de le défendre. Son implication fait plaisir à lire.
Pour le lecteur, l'effet n'en est que plus efficace :
Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell vIl faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell Il faut que je gagne le concours Powell...
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J'adore aussiMemento a écrit :J'adore le style avec lequel est écrit cette chronique.
Extrait choisi
A Canterbury Tale c’est le gamin mal peigné sur la photo de famille Powell/Pressburger. Avec son scénario Club des Cinq, son dénouement Scoubidou, il ne ressemble à vrai dire pas à grand chose. C’est le film du fond, un peu pâlichon, un peu falot, celui qu’on oublie d’autant plus facilement que Le Narcisse Noir et Le Voyeur jouent les cadors au premier rang. Pourtant, à y regarder de plus près, le marmot pète la forme.
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Le Père Noël est passé pour cinq d'entre vousfrédéric a écrit :Concours à gagner du 2ème coffret Powell sur le site.
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La Rédac a écrit :Le Père Noël est passé pour cinq d'entre vousfrédéric a écrit :Concours à gagner du 2ème coffret Powell sur le site.
Merci Dvdclassik!
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A Canterbury Tale de Michael Powell et Emeric Pressburger
Durant la 2e guerre mondialeTrois personnages issus d'horizon et d'origines différentes (Un soldat anglais, un soldat américain, une ouvrière agicole anglaise) se retrouvent coincé dans un petite ville anglaise du kent et vont effectuer le mythique pèlerinage jusqu'à Canterbury tout en traquant un mysterieux personnage que agresse les jeunes filles en enduisant leurs cheveux de colle...
Un film à l'ambiance unique, pratiquement sans vrai conflit et qui parvient à imposer une narration qui prends son temps, s'impregnant de l'atmosphere et de la beauté de la région, tout en livrant un beau message de fraternité au travers des rapports entre les étrangers et les habitants du village, décrit de manières pittoresques et attachantes. Cela donne quelques très belle scènes comme celle où le soldat américain discute de la culture du bois avec un vieux menuisier ou la très belle scène finale où les trois héros voient leurs questionnement résolus lorsqu'ils achèvent leur pèlerinage moderne jusq'à Canterbury (l'église est magnifiquement filmée et éclairée). Le film n'oublie pas de se situer bien dans son époque en n'éludant pas le contexte de guerre, le message n'en étant que plus fort. 5/6
Durant la 2e guerre mondialeTrois personnages issus d'horizon et d'origines différentes (Un soldat anglais, un soldat américain, une ouvrière agicole anglaise) se retrouvent coincé dans un petite ville anglaise du kent et vont effectuer le mythique pèlerinage jusqu'à Canterbury tout en traquant un mysterieux personnage que agresse les jeunes filles en enduisant leurs cheveux de colle...
Un film à l'ambiance unique, pratiquement sans vrai conflit et qui parvient à imposer une narration qui prends son temps, s'impregnant de l'atmosphere et de la beauté de la région, tout en livrant un beau message de fraternité au travers des rapports entre les étrangers et les habitants du village, décrit de manières pittoresques et attachantes. Cela donne quelques très belle scènes comme celle où le soldat américain discute de la culture du bois avec un vieux menuisier ou la très belle scène finale où les trois héros voient leurs questionnement résolus lorsqu'ils achèvent leur pèlerinage moderne jusq'à Canterbury (l'église est magnifiquement filmée et éclairée). Le film n'oublie pas de se situer bien dans son époque en n'éludant pas le contexte de guerre, le message n'en étant que plus fort. 5/6
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Oui, il s'agit d'un étrange P&P. D'aspect décousu, avec ces histoires, ces personnages, ces discours qui semblent s'entremêler sans queue ni tête dans un canevas à l'allure bien vaine, le film ronronne la plupart du temps.
Un rythme pourtant enlevé ne parvient pas à lui donner une apparence de comédie policière pleine d'ardeur, de celles qui tiennent le spectateur en haleine.
Non, pas du tout. On navigue là sur un fleuve très tranquille. Trop, si l'on en croit le four que le film a fait et la longue période pendant laquelle le public, la critique et ses auteurs eux-mêmes ont continué à l'ignorer.
Depuis quelques années pourtant, il retrouve grâce aux yeux de tout le monde. Parce qu'il regorge de quelques bonnes idées de mise en image ou en scène. Bien avant Kubrick et son os orbital, Powell inventait l'aigle qui se transforme en spitfire.
Surtout parce qu'il fait jaillir dans l'oeil du fanatique de P&P quelques autres pépites plus insidieusement.
Ce qui a maintenu mon regard plein d'indulgence ce sont justement tous ces petits à-côtés, ces petits moments de prime abord anodins mais qui s'affirment comme de véritables petits bijoux, des mini odes à la joie, de vivre (on reconnait là la patte du couple P&P), ces instants et ces mots qui vouent une sorte de culte élégiaque, qui saluent sans arrêt le spectacle de la nature et la beauté de savourer la simplicité de la vie.
Il y a également quelque chose de très sensuel tout le long du film. Bien entendu le bruit du vent dans les arbres, le mouvement des nuages, les perspectives offertes par la ville de Canterbury dans la campagne du Kent environnante, l'enthousiasme des trois personnages principaux à suivre une route commune, sur les pas parallèles des pélérins du passé, l'un voulant oublier une femme qu'il pense avoir perdue, l'autre cherchant à oublier la perte de son homme pendant la guerre et le dernier vouant son énergie à oublier son rêve d'enfant musicien.
L'enquête, subterfuge un petit peu lourd en effet de la part de Pressburger (le glu-man me semble faiblard), sert d'ossature initiatique à ces trois personnages pour parvenir à déjouer leurs fantômes.
C'est bien fait. Lentement mais sûrement, étonnament sans ennui, on passe un moment très agréable.
Sans être un des meilleurs P&P, le film a des atouts à ne surtout pas négliger.
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- Déçu
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Excellente découverte, pleine de charme. C'est ce que je ressens, après coup. Un charme fou, une atmosphère légère, enjouée, positive. C'est aussi un film singulier: il aborde plein de thèmes à la fois, avec une intrigue parfois décousue, et sans réelle trame on dirait. Et dès les première minutes, on sent la mise en scène particulière, riche, originale du duo. Ca m'a frappé dès le début avec le raccord entre l'oiseau et l'avion de guerre et pendant la scène de la gare, une longue scène dans la quasi obscurité où l'on joue avec la lumière de façon ingénieuse (la torche du chef de gare). Et puis il y a ces dialogues vifs, fougueux, pleins d'énergie. Et puis il y a cette intrigue policière légère, effectivement très CLUB DES CINQ, qui ponctue en fil rouge ces déambulations campagnardes. Et puis il y a cette ambiance de "retour à la nature", cette communion avec la ruralité, le coeur du pays, son peuple, ses traditions. Et puis il y a cette autre communion, humaine cette fois, entre anglais et américains (à travers les coutûmes du bois, entre autres), point de vue pas innocent en pleine guerre (et point de vue toujours juste dans le film: parcimonieux et marquant).
Je ne serais, par contre, pas aussi élogieux que le chroniqueur (auteur d'un très beau texte, au passage) à propos du master que j'ai trouvé un peu décevant par rapport au travail (parfait, il faut dire) du NARCISSE NOIR. Sans dénigrer totalement sa qualité (c'est quand même très acceptable) il est fort dommage que la restauration n'ait pas été aussi poussée sur A CANTERBURY TALE, surtout quand on connait les capacités numériques de cet exercice. Je chipote, mais j'aurais certainement acheté cette édition (empruntée à la médiathèque) si le master m'avait paru meilleur. J'attendrai donc quelques années...
Après la redécouverte de BLIMP et de CANTERBURY TALE il me tarde de voir JE SAIS OU JE VAIS. A suivre...
Je ne serais, par contre, pas aussi élogieux que le chroniqueur (auteur d'un très beau texte, au passage) à propos du master que j'ai trouvé un peu décevant par rapport au travail (parfait, il faut dire) du NARCISSE NOIR. Sans dénigrer totalement sa qualité (c'est quand même très acceptable) il est fort dommage que la restauration n'ait pas été aussi poussée sur A CANTERBURY TALE, surtout quand on connait les capacités numériques de cet exercice. Je chipote, mais j'aurais certainement acheté cette édition (empruntée à la médiathèque) si le master m'avait paru meilleur. J'attendrai donc quelques années...
Après la redécouverte de BLIMP et de CANTERBURY TALE il me tarde de voir JE SAIS OU JE VAIS. A suivre...
- AtCloseRange
- Mémé Lenchon
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Re: A Canterbury Tale (M. Powell / E. Pressburger, 1944)
Il y a quelque chose d'indéfinissable dans la réussite de ce film. On se dit qu'avec son point de départ, on va avoir du mal à être passionné jusqu'au bout mais il y a un côté flâneur fait de digressions permanentes qui confine à la magie. J'ai vu qu'il était décrit comme un film de propagande, ce qui est assez surprenant même s'il a une façon très subtile de défendre un certain état d'esprit anglais tout en mettant en avant l'amitié entre anglais et américains. Les scènes finales (magnifiques) à Canterbury peuvent effectivement exalter un sentiment patriotique mais tout cela est fait avec une grande légèreté.
Même s'il n'a pas la renommée de leurs plus célèbres films (un flop à l'époque), il rejoint Je Sais Où Je Vais dans mes films préférés du duo.
Même s'il n'a pas la renommée de leurs plus célèbres films (un flop à l'époque), il rejoint Je Sais Où Je Vais dans mes films préférés du duo.
Meilleur topic de l'univers
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