James Bond 007 : Sujet général

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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nobody smith
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par nobody smith »

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Et ben voilà, le meilleur James Bond de ces dix dernières années c’est en comics qu’on le trouve. Bon faut pas non plus attendre monts et merveilles de ce Vargr. Malgré la présence du scénariste Warren Ellis, ça reste une commande. Mais justement ce manque de prétention évite de reproduire les erreurs de l’ère Daniel Craig. La BD arrive ainsi à concrétiser ce si recherché équilibre entre modernité et tradition. Point ici de psychologie de bazar ou de sentimentalisme à deux sous. Ellis se conforme à la structure typique d’un épisode. Du pré-générique au final explosif dans la base ennemi en passant par le briefing de M, le flirt avec Moneypenny, le méchant mégalomaniaque, les sbires… tout y passe. Du coup, on peut trouver là la limite de Vargr dont l’intrigue aurait mérité quelques développements (notamment sur son intéressant bad guy). Cette classique efficacité reste pourtant appréciable. En ce sens, l’angle moderne de l’histoire vient moins d’un Bond demeurant le professionnel qu’il est que du contexte dans lequel il s’inscrit. On retrouve ici ce qu’il y avait dans les derniers films avec la place de l’espionnage dans le monde actuel. Toutefois le traitement est accompli de façon mesurée, ne cherchant jamais à envahir le plaisir du divertissement. J’aime à cet effet le principe d’une législation dépossédant Bond de son arme sur le sol britannique, illustrant l’évolution de l'univers tout en offrant une dynamique particulière à l’action. Par contre, les dessins de Jason Masters sont un peu trop raides. Sa représentation de Bond est extra mais il peine à lui donner une gestuelle convaincante. Heureusement, il se rattrape sur le dernier acte :

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Simple, sympa, bien mené… c’est ce que j’attends d’un Bond.
"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
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The Boogeyman
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par The Boogeyman »

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Casino Royale / Martin Campbell (2006)
- Casino Royale

Trois films en un pour un sacré dépoussiérage, après les accrocs de la période Brosnan. C’est que le Bond version Daniel Craig, en plus de se construire et évoluer au fur et à mesure de son intrigue revenant à ses débuts, va en vivre des péripéties au sein d’un seul film.
En premier lieu un agent en voie de confirmation dans une scène introductive brutale suivi d’un agent tout juste promu se lançant avec ténacité dans une course poursuite à pied destructrice. Craig compose cette première partie de son Bond dans la force brute et la témérité, mais laisse poindre aussi un Bond astucieux et efficace, trouvant toujours une parade, un autres accès, un échappatoire... Fonceur, instinctif, provoquant et vilain garçon, c’est ainsi que Bond se lance à la recherche de la réponse à l’énigme ELLIPSIS dans un film prenant des atours de thriller. Jamais d’hésitations lorsqu’il faut déstabiliser un adversaire ou l’arrêter, pas de retenue lorsqu’il faut trouver des réponses dans les bras de la femme de l’adversaire, et pas la moindre empathie quand ses actes ont des conséquences funèbres. Bond est impénétrable et imprenable. Mais Bond en prend aussi plein la gueule, physiquement, lors d’une autre folle poursuite dans l’enceinte d’un aéroport. Il y a urgence, peu de temps pour réfléchir, ce qui tombe bien car le Bond de Craig c’est plutôt le genre à s’adapter dans l’instant et dans l’action, plutôt que de réfléchir avant d’agir. James porte les marques de ces actes sur le visage... Un vilain garçon qu’elle disait.
En second lieu, un deuxième James Bond va se révéler. Arrogant, torturé, colérique, impatient, froid, joueur, ... et rien de mieux qu’un partie de poker pour exacerber les caractères. Et rien de mieux que de confronter cette personnalité en construction à une autre personnalité tout aussi trouble et torturée en la personne de Vesper. Deux mondes et deux forces entrant en collision. Entre observation, provocations, découvertes (La plus difficile dans un premier temps sera pour Vesper découvrant la violence du monde de Bond) et séduction.
C’est une double partie qui se joue à ce stade, d’abord autour de la table face à Le Chiffre. Banquier énigmatique, c’est un homme qui aime contrôler son univers. Contrôler ses émotions, contrôler le jeu, avoir le contrôle sur ces adversaires... Et pourtant un contrôle de façade. Affublé d’une particularité physique «incontrôlable» (un dérèglement lacrymal) Le Chiffre «perd son sang» froid à plus d’une occasion. Acculé il en viendra à relever ses manches pour une scène de torture des plus douloureuse sur l’anatomie de Bond. Torture prenant une direction inattendue tant Bond est décidé à jouer de sa condition et à rabaisser son tortionnaire. A l’inverse de Sean Connery dans Goldfinger ou de Timothy Dalton dans Permis de tuer, Bond/Craig accepte la situation désespérée. Mads Mikkelsen est impériale dans le personnage, le composant dans une économie de moyen. Le moindre regard et la moindre inflexion sont plus révélateur sur le personnage qu’un long dialogue.
En parallèle de la partie de poker, Bond joue une autre partie avec le personnage de Vesper Lynd. Belle, troublante, déstabilisant Bond autant que celui ci la déstabilisera. Deux personnages opposés que tout rapproche. Bond laissera apparaître une nouvelle facette au moment de consoler Vesper qui aura bien du mal à oublier la violence du combat dans l’escalier.
Et c’est dans les bras l’un de l’autre que débute le «3ème film». Ces deux âmes torturées et fragiles qui s’ouvrent l’une à l’autre, faisant tomber les armures. Un voyage sans retour pour tout deux. James Bond en ressortira encore plus froid, plus cynique et plus revanchard.
Ce parcours, tel des strates se superposant, façonnant un James Bond original dans la familiarité.
L’accompagne dans cette aventure Giancarlo Giannini parfait pour un Mathis désinvolte, sur de lui et délicat. Jeffrey Wright dans la peau du meilleur Felix Leiter de la saga, plutôt blasé et détaché comme si il avait déjà tout vu et tout vécu et arrivant à faire autorité sur un Bond dans un de ces moments d’impatience. Judi Dench, infaillible M devenant une Mère/Patronne, se retrouvant à une place similaire à GoldenEye à devoir recadrer son agent , mais cette fois comme un enfant pour son inaptitude à anticiper les conséquences de ces actes et non plus pour son machisme.

Une intrigue surgonflée, peut être même trop, Bond se retrouvant en à peine 2h adoubé double zéro, vivant son grand amour, envisageant sa démission, trahi dans son fort intérieur, revenant plus féroce... il y aurait de quoi faire toute une franchise sur ce canevas. Mais une intrigue bien agencée entre moments de bravoure, de démolition et action en tout genre, de suspense, de gravité, de touches d’humour, de romantisme...
Martin Campbell revient dynamiser la saga avec élégance et efficacité, faisant une nouvelle fois appel à Phil Meheux à la photo pour une proposition tout aussi léchée que GoldenEye et pourtant différente. Un film plein à ras bord, entra action explosive et thriller tendu, un Bond à multifacette, une Bond Girl à se damner... c’est du Bon(d)

Le Générique :
Chanson - Un morceau sans saveur et Chris Cornell a beau hurler ça n’a aucune pêche. A vite oublier.
Visuel - Anguleux et bagarreur, les teintes rouge et noir prédominent dans cet univers casino/cartes à jouer. Le graphisme donne le ton.

LA James Bond Girl :
Eva Green aka Vesper Lynd. Une beauté troublante et énigmatique. Une relation avec Bond traitée comme une partie de poker, entre étude de l’adversaire, provocation, relances, bluff, main gagnante,... Elle a du répondant, tient tête à Bond, elle est envoûtante, le déstabilise, un background ténébreux et triste... le personnage féminin le plus complexe et travaillé de la saga. Eva Green est magnifique. Le personnage est magnifique. Sa mort est particulièrement troublante (ce «regard» avant que ses paupières se ferment est effrayant).

LA réplique :
«Now the whole world’s gonna know that you died scratching my balls.»

Un James Bond entre douleur et hilarité nerveuse provoquant son tortionnaire par les seules armes qui lui reste, les mots et le dédain. Malgré tout Le Chiffre lui fera rapidement ravaler ce mépris avec sa répartie sur «la vue d’ensemble».

LA scène :
La scène d’introduction entre NOIR et BLANC. Au premier meurtre violent, désordonné, fastidieux, commis par Bond dans les toilettes baigné d’un blanc laiteux, répond le deuxième meurtre, anticipé, maîtrisé et exécuté avec froideur et distanciation, plongé dans les ténèbres. Un montage alterné et des cadrages d’une grande efficacité, une photo magnifique, et un personnage remit sur de bons rails.

CLASSEMENT :

1 • Au service secret de Sa Majesté (1969)
2 • Goldfinger (1964)
3 • Permis de tuer (1989)
4 • Operation Tonnerre (1965)
5 • Casino Royale (2006)
6 • Rien que pour vos yeux (1981)
7 • Bons baisers de Russie (1963)
8 • GoldenEye (1995)
9 • Tuer n’est pas jouer (1987)
10 • Vivre et laisser mourir (1973)
11 • James Bond 007 contre Dr No (1962)
12 • L’espion qui m’aimait (1977)
13 • On ne vit que deux fois (1967)
14 • Dangereusement votre (1985)
15 • Demain ne meurt jamais (1997)
16 • L’Homme au pistolet d’or (1974)
17 • Octopussy (1983)
18 • Le monde ne suffit pas (1999)
19 • Moonraker (1976)
20 • Meurs un autre jour (2002)
21 • Les diamants sont éternels (1971)
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Supfiction
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par Supfiction »

J'approuve ton texte pour un Bond que j'ai mis beaucoup de temps à aimer. Notamment à cause de tout ce qui précède l'arrivée de Vesper que je trouve très éloignée de l'univers Bond (cette trop longue course poursuite après le yamakazi qui ne semble jamais vouloir s’essouffler). Le film se savoure pleinement en enchaînant avec Quantum of Solace.
J'apprécie de plus en plus le flegme de Craig (à côté de lui, quand on se repasse un Roger Moore, on a l'impression de voir Austin Power). Ses bons mots sont rares mais font mouche. Un bémol : je trouve parfois trop longues, fatigantes et mal montées ses scènes d'action qui me donnent envie d’accélérer.
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Jeremy Fox
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit : Un bémol : je trouve parfois trop longues, fatigantes et mal montées ses scènes d'action qui me donnent envie d’accélérer.
Mal montées s'applique uniquement à Quantum je trouve. Celles de Casino Royale me semble parfaites de ce point de vue.
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The Boogeyman
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par The Boogeyman »

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Quantum of Solace / Marc Forster (2008)
- Quantum of Solace

C’est dans un faux silence que s’ouvre «la suite directe» des aventures de Bond/Craig. Une ambiance pesante. Bond au volant de son Aston Martin. Des mains armant une mitrailleuse. Une respiration retenue jusqu’à étouffement... pour être libérée dans une frénésie visuelle. Une folle course poursuite chaotique dans son déroulé, dans son montage, dans son ressenti. Ce n’est pas élégant, ce n’est pas esthétique. C’est violent, c’est brut de décoffrage, c’est dans l’urgence, c’est désordonné. Les impacts sont dangereuses, les chocs surprennent, déstabilisent et son violents, la tôle se froisse. On voudrait reprendre sa respiration, appuyé sur pause, mais ce n’est pas possible. Il faut aller jusqu’au bout. Bond est dans l’instinct, devant composer au fur et à mesure, devant rester en mouvement. L’arrêt c’est la mort assurée. Et c’est un Bond secoué, éprouvé, avec une sale mine (dixit M) mais toujours debout qui sort de cette introduction énervée.
A peine le temps de resserrer sa cravate et de boire un Scotch, que Bond et M font la découverte d’une organisation ayant des ramifications et des hommes partout. Et Bond de nouveau lancé dans une course poursuite féroce et bordélique, devant improviser avec la topographie urbaine et l’inconnu des gestes et décisions que va prendre sa cible. Poursuite à l’image de la course du Palio de Sienne montée en parallèle. L’effet a de quoi surprendre au premier abord, la réalisation aurait très bien pu se focaliser uniquement sur la poursuite de Bond et Mitchell, mais effet particulièrement intéressant tant les deux moments finissent par se confondre et se répondre. Effet purement gratuit - faisant partir Bond au coup de feu lançant le Palio et brouillant les repères par le montage avec cette foule en transe, applaudissant et scandant aussi bien le Palio que la poursuite qui se joue à son insu - mais effet saisissant. Poursuite trouvant son terme dans le capharnaüm d’un échafaudage et d’un montage très nerveux. Les gestes sont désordonnés, les actions compliquées par la structure instable. Bond dans une position des plus vulnérable «doit créer du mouvement» pour sauver sa vie. C’est monté au hachoir certes, c’est tellement frénétique que ça manque à plusieurs reprises de visibilité, mais qu’est ce que c’est éfficace et tellement raccord avec l’intrigue, son déroulé désordonné, son fil constamment dans l’urgence... Le fond et la forme se retrouvant à ne faire qu’un.

C’est ainsi que va se composer la suite de l’intrigue, entre pauses et silences pesants, angoissants, tirants jusqu’à la limite et frénésies non retenues, désordonnées et instinctives. Et ainsi que Bond va devoir évoluer dans sa quête de revanche et de compréhension : créer le mouvement, créer l’enquête. En fait dans cette nouvelle aventure James Bond ne sait absolument ce qu’il cherche, M ne lui a pas confier de mission. Tout deux ont découvert l’existence d’une organisation totalement fortuitement. Bond va devoir s’adapter à ce qui se présente au fur et à mesure et composer dans l’urgence avec les moyens du bord.

A Port-au-Prince après avoir refroidi la seule piste viable, c’est l’instinct qui lui fait trouver la pièce suivante du puzzle (la mallette) et le hasard qui le place devant Camille, autre pièce du puzzle l’amenant directement à sa cible. Cible pour le moment non identifié.
Bond à ce stade, constamment dans l’instant et n’ayant aucune vision d’ensemble va multiplier les fautes. En Haïti il empêchera Camille d’assouvir sa vengeance, plus tard en Autriche il passera à côté de Mr White et en Bolivie c’est Mathis qui paiera pour leur méconnaissance commune des faits.
Voyant dans un premier temps en Camille simplement un moyen d’avancer, il la délaissera pour suivre l’autre pièce du puzzle : Dominic Greene. C’est ainsi que Bond construit lui même son intrigue, pièce après pièce. Celle ci l’emmenant à Bregenz en Autriche, Bond découvre la tenue d’un meeting secret au beau milieu d’une représentation de la Tosca (en aparté, j’aimerais beaucoup assister à cette version de l’opéra). Bond ne sachant pas ce qu’il doit trouver va une nouvelle fois créer le mouvement en s’immisçant dans la conversation, lui permettant de révéler de nouvelles pièces et par la même de créer du chaos. Bond dans Quantum of Solace c’est un agent du chaos, et dans une ambiance chaotique en sourdine (superbe effet) va laisser filer sa pièce/proie principale. Désormais seul, n’ayant plus de pièce à jouer, il va renouer avec Mathis. Celui ci dans une posture d’abord amère, va très vite se révéler un fidèle allié. Toujours le bon mot au bon moment, philosophe et réconfortant auprès d’un Bond broyant du noir lors de leur superbe discussion dans l’avion, retrouvant son bagou et son désir d’être utile. Giancarlo Giannini est impériale dans son rôle. Entraîné dans le mouvement par Bond, il paiera sa trop grande confiance dans les amitiés passées. Craig, Giannini et le scénario composant et offrant un de ces moments magiques, qui se faisait très rare dans la saga depuis un moment, émouvant et surprenant d’abord du fait qu’il se produit entre deux personnages masculin, n’ayant aucun comparable dans la saga à ce niveau, et encore plus surprenant dans son terme, voyant Bond jeter le corps de Mathis dans une bène à ordure et lâcher un désinvolte «ça lui serait égal».
- Le film regorge de ces petits/grands effets/moments déstabilisant, immersif, surprenant, magique, drôle pour certains... Comme celui quelques instants plus tôt où James Bond/Daniel Craig se retourne, nous regarde nous public et nous adresse sa question autant qu’à lui même «En quelle honneur ?» lorsqu’un des policiers lui demande d’ouvrir le coffre. Surprenant. La surprise aussi de voir M dans son intimité, en pleine séance de démaquillage. Amusante la relation éphémère entre Bond et Fields avec leur couverture de professeurs en disponibilité. L’agent Fields ne fera que passer dans l’intrigue, mais ne s’en retrouve pas pour autant totalement inutile, officiant dans un rare moment léger de respiration que compte l’intrigue. Mathis et le chauffeur de taxi pour une touche d’absurdité amusante... -
Bond et Camille, ayant des objectifs se rejoignant se lancent dans le mouvement, avancer continuellement, ne pas s’arrêter. S’enfonçant dans le désert Bolivien, les regards portés vers leur destination. Dans la hâte d’arriver James troc sa Jeep contre un avion. Bond, commençant enfin a avoir une vision plus large des enjeux et des obstacles se dressant devant lui, n’est pas dupe que le troc en question ne restera pas secret bien longtemps. Prévision vite établie, s’engage un combat aérien inéquitable et perdu d’avance, obligeant Bond et Camille à quitter l’avion en plein vol et de finir leur chute dans un profond gouffre en plein désert. C’est encore le hasard qui mettra Bond face à une pièce importante de son enquête en découvrant quels enjeux Dominic Greene convoite en ce lieu et les répercussions qu’ils entraînent. Mais pour le moment marche arrière, il n’est plus question d’avancer. De retour à son hôtel Bond doit faire face à une M très remontée, dans le flou, n’ayant pas accès à toutes les informations et le mettant face à ses responsabilités ou plutôt irresponsabilités et les conséquences qu’elles engendres. Et ce sera une M fidèle à son agent et convaincue qui le relancera pour l’acte final. - Judi Dench habite toujours le rôle de façon magistral. Le retour au source du personnage de Bond, aura permit de développer ce personnage, de l’emmener au-delà de la simple figure supérieure et autoritaire, plus présent dans la vie de l’espion et ne cachant pas son attachement pour lui, du moins quand il n’est pas dans les parages. -
La dernière pièce étant manquante, Bond fait appel à un Felix Leiter encore plus cynique, désabusé, blasé qu’auparavant. Devant répondre de ses engagements il n’en éprouve pas moins le besoin d’aider James, de changer les choses de manière détournée. - Jeffrey Wright arrive avec très peu de moyen à composer son personnage et à faire ressentir le poids et le doute dont il est sujet. Des mouvements très lents, prenant son temps pour formuler des réponses très courtes mais allant à l’essentiel, je le redis le meilleur Leiter de la saga, et un des meilleurs personnages alliés, tout sexe confondu, ayant croisé la route de James Bond avec Mathis. Dommage que le deuxième ait été sacrifié si tôt pour les besoins de l’intrigue et que le premier n’ait semble t-il pas trouvé de place dans les deux films précédents. -
Et c’est de nouveau dans l’urgence que Bond doit filer vers son but et dans un moment lourd de calme avant la tempête que lui et Camille se préparent à affronter leurs Némésis. Profitant de l’effet domino des actes de Bond, elle arrive elle aussi au bout de son chemin. Prenant place dans le luxe d’un hôtel de luxe construit en plein désert et lui même tout aussi désert, les personnalités des antagonistes s’exposent au grand jour. Le Général Luiz Medrano, putschiste libidineux, sadique avec les femmes et tuant pour pouvoir se les approprier un court instant (la mère et la soeur de Camille), trouvant dans sa position un droit inattaquable que les femmes (et le reste) lui appartiennent et pouvant se les approprier sans consentement. Une ordure de la pire espèce qui aura beaucoup de mal à se faire dicter sa conduite future par un Dominic Greene se révélant un parfait manipulateur et un grand orateur. Ne payant pas de mine physiquement, se montrant le plus discret possible dans ses affaires et dans son comportement, ses mots son d’un grand poids et font mouche. Sachant blesser là où ça fait mal avec Camille, sachant faire douter cette ordure de Medrano, il s’avère aussi dangereux dans sa passivité que lorsqu’il s’aventure sur le terrain physique. N’étant pas homme d’action, son combat contre Bond est désordonné, hystérique même ce qui le rend dangereux car imprévisible. Ne répondant à aucun style de combat, entrant dans une sorte de crise en frappant dans tous les sens, ses gestes sont gauches (au point de se planter la hache dans le pied) mais potentiellement dangereux pour Bond. - Mathieu Amalric s’avère un très bon choix, s’effaçant complètement dans le rôle, lui prêtant sa stature passe partout et lui infligeant une diction et une attitude pédante semblant prendre tout le monde de haut, pour servir un personnage ingrat qui n’est pas là pour être aimé des spectateurs et dont on doit apprécier le sort que lui réserve James en l’abandonnant dans le désert. Chose pas des plus aisé de devoir interprété un personnage détestable sans le rendre grotesque, Amalric s’en sort très bien. -
Les deux affrontements trouvent leurs apogées au sein d’un hôtel en flamme, explosant de toute part, confinant les personnages dans une atmosphère claustrophobique. On étouffe dans cette dominance de orange où les flammes surgissent de partout, où la structure tombe en morceaux, tout cela s’entremêle avec l’urgence de la situation, le désir de vengeance, la volonté de trouver des réponses et le besoin de Bond de sauver Camille en difficulté. Scène particulièrement intense, faisant ressentir la peur, l’angoisse qui ressurgit d’un passé douloureux et un Bond devenant à son tour protection et réconfort. C’est à travers le personnage de Camille, de sa quête vengeresse et de l’avoir aidé à en sortir vivante (mais pas forcément indemne) que James Bond pourra se libérer du poids meurtrier de sa propre vengeance.
Vengeance dont il aura l’occasion de s’acquitter dans un final très intimiste et très en contraste avec ce qui a précédé. Au chaud subsiste le froid, à la frénésie et la férocité subsiste le calme et la tempérance, à un Bond instinctif et répondant à ses émotions subsiste un Bond assagi... mais pas forcément guéri pour autant. La tempête étant contenu dans une froideur et un distance plus prononcées, continuant de construire le personnage austère et sévère qu’il est/était.
Une réalisation et un montage endiablés en osmose avec une intrigue frénétique et surprenante, intercalant des moments de suspens, des pauses jamais hors de propos et dosant comme il faut ses moments légers. Des scènes d’actions sèches et brutales d’une grande efficacité ayant la particularité d’être toutes assez courtes. Une photo hyper-léchée magnifique à dominance turquoise et doré. La plus belle BO de David Arnold pour un Bond, aussi bien dans l’action que dans les moments plus calme avec ses sonorités Bolivienne à la fois douce et grave, créant une mélancolie troublante lors des passages dans le désert. Un film faisant de ses difficultés de production une force. Paul Haggis ayant fini son jet 2h avant la grève des scénaristes Ne pouvant remanier le script, ne pouvant faire appel à un autre scénariste, Daniel Craig et Marc Forster ont plus d’une fois déclarés devoir réécrire des dialogues et des morceaux de scènes parfois la veille pour le lendemain. Cette configuration d’urgence et de spontanéité, ne laissant que peux de place aux doutes et à la réflexion (est ce qu’on fait bien de faire ceci, d’aller dans ce sens, est ce qu’il faudrait tout remanier...) fait de cette intrigue la plus endiablée et une des plus prenante de la saga.
Mais je peux comprendre qu’on n’y adhère pas et c’est ce qui c’est passé dans une très forte majorité. Conspué, démoli, haï... surtout pour son montage des scènes d’actions, faisant dériver à tort la négation sur l’ensemble des prestations et propositions du film...
Qu’est ce que je l’aime cette proposition et même si les faiseurs eux mêmes la dénigre

Le Générique :
Chanson - Un duo White/Keys du tonnerre, créant un jeu où l’un répond à l’autre pour arriver à une harmonie dans leurs timbres durant le refrain. Entre gros riffs de guitare, cuivre lourd et rythmique percutante. Un très beau thème.
Visuel - Kleinman cède la place à l’agence MK12. Le résultat : l’un des plus beau générique de la saga. Graphique à souhait, naviguant entre contre jour/ombre et lumière, entre bleu et doré. J’adore le jeu typograhique utilisant le rond du gun barrel et ces mouvements très aérien et fluide de la composition.

LA James Bond Girl :
Olga Kurylenko aka Camille Rivera Montes. Le hasard mettant ce personnage et celui de Bond sur une voie commune, James en arrivera à vivre - en partie - sa soif de revanche par son intermédiaire. Déterminée dans sa quête et sa rancoeur mûrie durant de trop nombreuses années, elle n’hésitera pas une seconde à la mener à terme. Ayant construit toute sa vie uniquement sur ce but, elle ne trouvera malheureusement pas la satisfaction et la libération tant attendue. Le personnage se révélera être une projection de celui de James Bond. Bond ressentira à travers ce qu’elle a accompli et les conséquences que ça lui inflige ce qu’il deviendrait et ressentirait en menant à terme sa propre vendetta. Elle est le fantôme du futur du James Bond revanchard. Mais les morts n’ont que faire d’être vengé et Camille quitte l’intrigue amère devant se construire une nouvelle histoire loin de celle d’un James Bond. Personnage particulièrement tragique et, pour une grande première dans la saga, jamais érotisé.

LA réplique :
«When someone says we got people everywhere, you expect it to be hyperbole Lot’s of people say that. Florists use that expression»
«Doesn’t mean that they’ve got somebody working for them inside the bloody room.»


Une M particulièrement remontée, après la découverte de la traitrise de son garde du corps, se défoulant sur le sens de l’expression «nous avons de hommes partout» puis sur Bond ayant encore une fois refroidi une piste avant même d’avoir pu poser des questions.

LA scène :
Bond et Camille quittant ensemble la soirée organisée au profit de Greene Planet, se trouvent suivi puis arrêtés par les hommes du chef de la police Bolivienne, le Colonel Carlos, ami de Mathis et qui quelques minutes plus tôt faisait part à James Bond de son soutien dans sa mission. Ce qui ressemble à première vue à un banal contrôle routier prend rapidement une tournure intrigante lorsque qu’un des policiers demande à Bond d’ouvrir le coffre. S’exécutant, Bond découvre Mathis en mauvaise posture, allongé, blessé et grogui. Les deux policiers n’ayant pas l’air surpris de cette découverte mettent en joue Bond qui entreprend de sortir Mathis de la voiture sur leurs ordres. Les deux policiers enveniment la situation plus que de raisons pour justifier de faire feux sur les deux hommes et Mathis est touché à deux reprises. Bond dans l’urgence de la situation projete le corps de son ami sur les policiers, se saisit de l’arme de l’un d’eux et les abats. Mathis sérieusement touché et affalé sur le sol se sachant condamner demande à James de rester avec lui jusqu’au bout. C’est dans les bras de Bond, après une dernière blague de James sur le nom de René Mathis, un pardon commun et un dernier conseil bienveillant de Mathis à propos de Vesper qu’il succombe à ses blessures. Bond particulièrement touché mais devant rester dans le mouvement (s’arrêter c’est mourir) jette dans une sorte de dédain troublant («he wouldn’t care !») le corps de son ami dans une bène à ordures sans omettre de lui subtiliser l’argent de son portefeuille. Bond et Camille repartant de l’avant mettant de coté instantanément ce qui viens de se passer. Effet des plus troublant et disparition d’un personnage fort sympathique qu’on aurait aimé voir revenir de façon sporadique à la façon d’un Felix Leiter.

CLASSEMENT :

1 • Au service secret de Sa Majesté (1969)
2 • Goldfinger (1964)
3 • Permis de tuer (1989)
4 • Operation Tonnerre (1965)
5 • Casino Royale (2006)
ex-aequo • Quantum of Solace (2008)
7 • Rien que pour vos yeux (1981)
8 • Bons baisers de Russie (1963)
9 • GoldenEye (1995)
10 • Tuer n’est pas jouer (1987)
11 • Vivre et laisser mourir (1973)
12 • James Bond 007 contre Dr No (1962)
13 • L’espion qui m’aimait (1977)
14 • On ne vit que deux fois (1967)
15 • Dangereusement votre (1985)
16 • Demain ne meurt jamais (1997)
17 • L’Homme au pistolet d’or (1974)
18 • Octopussy (1983)
19 • Le monde ne suffit pas (1999)
20 • Moonraker (1976)
21 • Meurs un autre jour (2002)
22 • Les diamants sont éternels (1971)
Dernière modification par The Boogeyman le 12 août 17, 12:15, modifié 1 fois.
" Accélère minouche !" - Michel Poiccard /// “When you have to shoot shoot don't talk” - Tuco Benedicto Pacifico Juan Maria Ramirez /// "Alors tu vois où elles nous ont menées tes ondes négatives, tu devrais avoir honte.” - Oddball dit Le Cinglé /// "Wake up !... Time to die" - Leon Kowalski /// "C'est quoi minouche ?" - Patricia Franchini
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par The Boogeyman »

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Skyfall / Sam Mendes (2012)
- Skyfall

Sam Mendes emballe cette intrigue dans un magnifique écrin haut en couleur et en noir dense à travers la toute aussi magnifique photo de Roger Deakins et dans une direction artistique fantastique. Mendes fait exister ses décors (naturels ou fabriqués) autant que ses personnages, leur donnent une vie propre, une respiration. La forme toujours en accord avec l’état d’esprit qu’exige l’intrigue et/ou le(s) personnage(s).
De l’entrée de Bond floue et ombragée dans un couloir pour amorcer une enquête dont on ne sait encore rien. Une énorme poursuite destructive dans la clarté d’Istanbul où Bond et son ennemi se font face. Un Bond presque noyer dans le noir face à un horizon de mer éclatant pour son moment de dépression/résurrection. Un retour se déroulant dans les locaux d’appoints du MI6 austères, gris, spartiate à l’image de ses conditions physique et psychique. Un jeu de cache cache dans une configuration de faux semblant miroitant dans un Shanghai tout en néon et modernité. Une atmosphère cosy entre pénombre et lumière chaude d’abord accueillante pour se révéler doucement sournoise à Macao se poursuivant en pleine clarté dans un décor de fin du monde sur l’île fantôme d’Hashima pour l’entrée théâtrale de l’antagoniste. L’intrigue trouvera son terme dans les paysages bruts et sauvages d’Ecosse et dans une atmosphère clair-obscure particulièrement baroque. C’est somptueux, Bond n’a jamais évolué dans une atmosphère aussi prégnante.
Coté personnification, l’intrigue nous donne l’occasion de faire la connaissance de Eve, agent de terrain pas encore totalement rompue à toute les particularités que cela exige mais tout de même efficace, c’est sur ordre de M qu’elle commettra l’acte qui façonnera son futur tout d’abord mystérieux. Naomi Harris compose un Moneypenny moderne, ayant une connaissance du terrain, pouvant s’extirper de son bureau si les conditions l’exigent, mais retrouvant tout de même ses particularités d’antan dans le jeu de séduction/ironie avec Bond.
Une magnifique Bond Girl en la personne de Séverine. D’abord séductrice, un tremblement de main, un regard en coin, une frayeur dissimulée, un tatouage et celle-ci se révèle particulièrement tragique. On pense au personnage de Lupe Lamora (Talisa Soto) dans Permis Tuer, tomber entre de mauvaises mains qu’elle pensait libératrice. Malheureusement après une entrée en scène aussi réussi que se révélant effrayante, scénarisé et interprété avec sobriété, le personnage se trouve subitement écarté d’une bien peu subtile manière. La réalisation gâchant complètement son dernier moment au point même de faire douter le spectateur de sa véritable mort. Filmée hors champ, laissant planer le doute que Silva ait bien commis l’acte (la faute au montage et au cadrage surtout), le personnage se trouve tout simplement gommé. Effet raté et d’autant plus dommage que Bérénice Marlohe composait merveilleusement bien cette souffrance et cette peur retenues.
Raoul Silva donc, l’antagoniste et son entrée théâtrale en pleine lumière, lui qui était jusqu’à présent qu’une idée, une identité inconnue. Il s’avérera pourtant un ennemi moyennement convaincant. Retombant dans les travers manichéen du personnage provoquant seul sa chute à vouloir tout compliquer et théâtraliser. Personnage naviguant dans l’esbroufe, sacrifiant constamment l’efficacité au profit de la mise en scène et allant jusqu'à concevoir un plan diabolique et tortueux au coeur de Londres, pour le saborder lui même dans un accès de précipitation infantile. Car Silva c’est un peu l’enfant maudit et sacrifié du MI6, dont on aimerais cacher l’existence et qui ne demande qu’à être reconnu par la figure maternelle que représente M. Faisant de son plan vengeur compliqué une catharsis. Blond platine, maniéré à l’excès et prompt aux grandes tirades Javier Bardem l’interprète à bras le corps, ne laissant aucune place à la subtilité.
La M sur le départ, impériale Judi Dench, coeur et enjeu de cette intrigue et particulièrement malmenée tout du long. Elle se révélera encore plus que d’accoutumé une figure matriarcale, montrant la coexistence des ses facettes autoritaire et tendre, professionnelle jusqu’au bout dans les épreuves. A noter une certaine inversion des rôles entre elle et Bond. M n’hésitant pas à prendre des décisions hâtives, sous le coup de l’émotion, là où Bond se fait plus réfléchi et plus apte à travailler en équipe (utilisation de la radio, des services de Q, ne tergiversant pas longtemps pour accepter l’aide de Kincade).
Le M en instance personnifié par le flegmatique Ralph Fiennes, d’abord plus soucieux des convenances que son prédécesseur, ayant eu son lot de combat et ayant fait le choix de rentrer dans le rang, il se révélera un allié de poids, capable de juger l’importance de contourner les rêgles dans l’urgence d’une situation et n’hésitant pas à prendre part à l’action quand cela l’exige.
Et pour finir un Q rajeuni, nerd vivant dans son époque, adepte des nouvelles technologies qu’il considère comme bien plus efficace que cet agent 00. Capable selon ses dires de faire plus de dégâts au saut du lit en pyjama avant d’avoir pris sa première tasse de Earl Grey que Bond en une année flingue à la main. Un Q roublard, plein de réparties, et retrouvant en l’espace d’un scène toute la gouaille masquant le respect qui faisait le sel de sa relation avec Bond.

Malgré ses fabuleux atours visuel, son prestigieux écrin et son casting particulièrement réussi, ce 23ème Bond montre quelques limites. Un méchant trop caricatural tout en esbroufes virant à la bouffonnerie. Une Bond Girl sacrifiée et expédiée qui aurait, sans être forcément plus développé, mérité d’avoir une fin beaucoup mieux traitée. Et un final qui aurait pu/du être plus osé ; Silva tuant M. Bond arrivant suffisamment trop tard pour la sauver ; afin de briser le shéma, qui commence à se répéter, du dernier adieu (Vesper dans la cage d’ascenseur avant de tomber dans l’eau, Mathis allongé sur la route avant de finir dans la bène).
Un bond qui marque la rétine toutefois.

Le Générique :
Chanson - La voix d’Adèle et la mélodie mélancolique nous rappelle au bon souvenir d’une période passée de la saga, sans pourtant l’égaler. L’envolée finale s’avère tout de même prenante.
Visuel - Ambiance mise en abyme ténébreuse puis psychédélique particulièrement moche.

LA James Bond Girl :
Bérénice Marlohe aka Séverine pour sa tragédie et son écriture/interprétation fine.
Judi Dench aka Olivia Mansfield aka M. J’avoue découvrir sa véritable identité via wikipedia, ne me rappelant pas que le film la dévoile. Plutôt James Bond Mother. le personnage n’aura jamais été aussi intéressant que sous les traits d’une femme et aussi impliqué que dans cette intrigue. Un sacré bout de femme qui manquera aux aventures de Bond.

LA réplique :
_«The whole office goes up in smoke and that bloody thing survives.»
_«Your interior decorating tips have always been appreciated, 007.»


Joute verbale entre Bond et M, sur les goûts douteux de celle ci pour le babioles inutiles. Effet qui avait déjà été amorcé d’une certaine manière dans Quantum of Solace où on apprenait que M offrait chaque année des cendriers à son garde du corps non fumeur.

LA scène :
Bond sur les traces de Patrice, tueur à gage qu’il avait déjà affronté à Istanbul, dans un immeuble d’affaire de Shanghai. Lieu plongé dans un noir abyssal relevé de grands éclats de néon se réfléchissant sur les parois de verre Bond joue à cache cache afin d’atteindre sa cible. Laissant le tueur œuvré afin de comprendre de quoi il retourne, Bond sera démasqué par un reflet. S’en suis un affrontement de silhouettes se détachant d’un fond abstrait et prenant fin dans une chute vertigineuse. Bond ayant «encore» refroidi une piste avant même d’avoir obtenu des réponses fera face à un troublant témoin oculaire de la scène avant de disparaître dans l’ombre.
James Bond peut être synonyme de moment de tension raffiné, élégamment et efficacement mis en scène, superbement photographié et joliment illustré par la musique de Thomas Newman.

CLASSEMENT :

1 • Au service secret de Sa Majesté (1969)
2 • Goldfinger (1964)
3 • Permis de tuer (1989)
4 • Operation Tonnerre (1965)
5 • Casino Royale (2006)
ex-aequo Quantum of Solace (2008)
7 • Rien que pour vos yeux (1981)
8 • Bons baisers de Russie (1963)
9 • GoldenEye (1995)
10 • Skyfall (2012)
11 • Tuer n’est pas jouer (1987)
12 • Vivre et laisser mourir (1973)
13 • James Bond 007 contre Dr No (1962)
14 • L’espion qui m’aimait (1977)
15 • On ne vit que deux fois (1967)
16 • Dangereusement votre (1985)
17 • Demain ne meurt jamais (1997)
18 • L’Homme au pistolet d’or (1974)
19 • Octopussy (1983)
20 • Le monde ne suffit pas (1999)
21 • Moonraker (1976)
22 • Meurs un autre jour (2002)
23 • Les diamants sont éternels (1971)
Dernière modification par The Boogeyman le 13 déc. 16, 15:49, modifié 1 fois.
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par The Boogeyman »

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007 Spectre / Sam Mendes (2015)
- Spectre

Rejet total suite à la très longue séance cinéma qui m’avait parue interminable. Revu une seconde fois pour savoir si je n’était pas passée à coté de quelque chose, ça n’avais pas été beaucoup plus concluant. Cette troisième incursion est une redécouverte.
Mais le film en conserve toujours ses principaux énormes défauts, à savoir de passer, scénaristiquement, complètement à coté de son principal sujet, de ne pas exploiter toute la démesure et le mythe que suggère son titre et d’un choix de casting qui, sur le papier pouvait prétendre à être le choix parfait, s’avère en définitive une erreur.
Faut dire que le film tente avec de gros sabots de rattacher tous les wagons. Après avoir délibérément fait l’impasse dans Skyfall de tout ce qu’avait mis en place Casino Royale et Quantum of Solace, Sam Mendes tente de nous faire croire que les 4 films ne vont former qu’un tout. C’est donc dans un rattrapage de branche particulièrement peu subtile et même laborieux que l’intrigue va trouver son point de départ (coucou M). Intituler son film Spectre expose à certaines attentes. Hors l’organisation secrète, fortement suggérée mais pas développée dans les 2 premiers, totalement absente du 3ème, va devoir se révéler et va même trouver une conclusion en l’espace d’un seul film. Canevas particulièrement étriqué ce qui aura pour conséquence de ne pas avoir de véritable développement. Menace aux multiples ramifications, conglomérat à la puissance internationale, œuvrant dans l’ombre la plus totale, jamais l’intrigue ne fera ressentir la pleine puissance de l’organisation au sein du film (c’était beaucoup plus convaincant dans Casino Royale et Quantum of Solace). Pour ce qui est de sa représentation physique, il faudra se contenter d’un meeting soporifique abusant des effets de théâtralité plus grotesques que mystérieux d’où ne sort aucun véritable suspens ou tension, et d’un Blofeld au motivations insipides et en définitive pas du tout charismatique. Christoph Waltz (l’erreur de casting donc) manque d’envergure, se contentant de resservir ses tours et gimmicks déjà vu dans ses précédentes compositions. Si Waltz est à l’aise dans le rôle de l’ordure ingrate et sadique ; déjà vu donc ; il maitrise beaucoup moins l’approche subtile que le personnage aurait mérité (surtout en passant après Raoul Silva).
Et pourtant, durant 1h40 on assiste à une aventure plutôt passionnante ; à partir du moment où on oubli que le film s’appelle Spectre ; élégamment mise en scène, superbement illustrée par les compositions de Thomas Newman. C’est rythmé (sauf le meeting du Spectre donc). Daniel Craig maîtrise totalement le personnage, entre férocité, désinvolture, sérieux, trait d’esprit, cynisme et efficace. Lea Seydoux très convaincante dans son personnage à l’écriture fine. Le personnage se révélant par touche (l’entretien dans la clinique, le discussion éméchée à L’Américain) puis totalement au moment de l’avant/pendant/après l’affrontement dans le train. Mr. Hinx interprété par David Bautista, tueur aussi redoutable que smart du Spectre s’avère particulièrement bien traité et composé. M, Q et Moneypenny totalement investi dans l’intrigue, leurs interprètes toujours aussi parfaits. Le grand retour de Mr. White, pour un dernier face à face touchant. L’introduction destructive et mortelle haute en altitude et couleur à Mexico, le sauvetage du Dr Swann par avion sans ailes et le combat féroce dans le train face à Hinx. Soit trois grands moments composant le haut du panier de cette première partie.
Tout n’étant pas parfait non plus, la pauvre Monica Bellucci hérite d’un rôle particulièrement ingrat. elle n’est pas mauvaise dans ce qu’il y a a jouer, c’est juste qu’il n’y a rien à jouer. La course poursuite dans les rues de Rome totalement vidées où Bond continue de mener son enquête comme si il ne se passait rien autour. D’ailleurs c’est le cas il ne se passe rien autour, Hinx se contentant simplement de le suivre à vive allure, un petit dérapage contrôlé, quelques flammèches sur le capot et une Aston qui fini au fond du Tibre. C’est fade. Et bien sur ce fameux meeting censé nous dévoiler la toute puissante organisation d’une extrême platitude.
Puis vient une deuxième partie qui échoue totalement, la faute à l’incarnation raté du némésis tant annoncé, tant attendu et redouté. C’est vraiment toute l’écriture/interprétation du personnage qui fait défaut. Ce ne sont pourtant pas les bons moments qui manques. Entre une séance de torture sadique très éprouvante ; il est juste dommage que Bond soit aussi efficace dans sa fuite après un tel traitement ; un retour à Londres faisant exploser les fantômes du passé et un face à face sur le Westminster Bridge où Bond/Craig assure, il n’y a vraiment que Christoph Waltz qui manque de carrure, de charisme et d’intensité (ou alors à reprocher à la direction d’acteur).
Loin d’être le film attendu et vendu par son titre, l’expérience s’avère un minima prenante, la bande originale est magnifique, la réalisation et la photo particulièrement soignées.

Le Générique :
Chanson - Quelle horreur. Surtout dû à son interprétation toute en vocalises, car la mélodie ne manquait pas de charme bondien.
Le morceau Spectre de Radiohead, assez particulier aurait fait un choix plus original et osé (et plus écoutable).
Visuel - Cette immense pieuvre noir est particulièrement trompeuse sur le contenu qui va suivre en plus d’être peu ragoûtante. Les tentacules derrière la silhouette de Blofeld rendent l’effet grotesque.

LA James Bond Girl :
Lea Seydoux aka Dr Madeleine Swann. Belle, aventureuse, un passé trouble dû à l’activité de son père ayant laissé des marques que Bond ravivera. Elle est d'abord fuyante, ne souhaitant pas se replonger dans ce monde revenant à elle de manière violente. Puis décidée lorsque sa confiance en Bond se fait plus sûr, pour finalement être de nouveau éreinté de retour en Angleterre face à ce Bond bien décidé à obtenir vengeance. Personnage fuyant, n’ayant plus beaucoup de repères, elle n’aspire qu’a une vie calme, loin des hommes de violence. Autant dire qu’avec James Bond ça relève du masochisme. Lea Seydoux donne une interprétation très en retenue, se révélant par touches successives : la perte de controle après la poursuite, elle se désinhibe sous l’effet de l’alcool, se relâche totalement face à Bond puis fait preuve de témérité lors du combat dans le train...

LA réplique :
«Yes. That old thing is taking quite a bit of time. Mind you, there wasn’t much left to work on. Only a steering wheel.»
«I believe I said, ‘Bring it back in one piece’, not ‘Bring back one piece’.»


Q faisant de l’humour sur l’état de l’Aston Martin DB5 suite à ses déboires durant l’aventure Skyfall. Sans oublier d’adresser un petit reproche à Bond sur son incapacité à ramener le matériel en bon état.

LA scène :
James et Madeleine en route pour leur confrontation finale à bord d’un luxueux train, s’accordant un moment de répit autour d’une vodka martini au shaker. Le Dr Swann est magnifique, Bond la dévore, le moment est léger... si ce n’était l’arrivée impromptue de Mr Hinx, et le moment léger de virer à la confrontation féroce à l’intérieur du compartiment restaurant. Madeleine téméraire n’hésite pas à se jeter elle aussi dans l’affrontement, mais Hinx n’étant pas regardant sur qui est son assaillant ne se formalise pas à la brutaliser. Bond lui est plus qu’en difficulté face à cette force brute indéboulonnable. Le combat les amenant de wagon en wagon le combat prend une autre tournure dans le wagon à bagages alors que Madeleine arme en main ; elle qui refusait de ce servir d’une arme quelques temps plus tôt ; fait feu sur Hinx. Devenant la cible principale, Bond profite du détournement que représente Madeleine, en bien mauvaise posture d’ailleurs, pour enrouler une corde autour du coup de Hinx. Bond reprenant le dessus, profite d’un effet collatéral de l’affrontement, des tonneaux attachés les uns aux autres et tombant hors du train, pour accrocher la corde au dernier tonneau. La force entraînera Hinx juste après son seul et unique mot de tout le film : «shit !»
C’est brut, c’est sauvage, c’est relativement court et c’est grandement efficace.

CLASSEMENT :

1 • Au service secret de Sa Majesté (1969)
2 • Goldfinger (1964)
3 • Permis de tuer (1989)
4 • Operation Tonnerre (1965)
5 • Casino Royale (2006)
ex-aequo Quantum of Solace (2008)
7 • Rien que pour vos yeux (1981)
8 • Bons baisers de Russie (1963)
9 • GoldenEye (1995)
10 • Skyfall (2012)
11 • Tuer n’est pas jouer (1987)
12 • Vivre et laisser mourir (1973)
13 • James Bond 007 contre Dr No (1962)
14 • Spectre (2015)
15 • L’espion qui m’aimait (1977)
16 • On ne vit que deux fois (1967)
17 • Dangereusement votre (1985)
18 • Demain ne meurt jamais (1997)
19 • L’Homme au pistolet d’or (1974)
20 • Octopussy (1983)
21 • Le monde ne suffit pas (1999)
22 • Moonraker (1976)
23 • Meurs un autre jour (2002)
24 • Les diamants sont éternels (1971)
Dernière modification par The Boogeyman le 12 août 17, 12:08, modifié 4 fois.
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par Jeremy Fox »

Bon et bien merci pour cette intégrale. Content de la réévaluation de Spectre et nous aurons quand même eu quelques beaux accords comme par exemple sur notre première marche du podium ainsi que sur Permis de tuer et Casino Royale qui finissent également dans mon quinté :wink:
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par The Boogeyman »

Jeremy Fox a écrit :Bon et bien merci pour cette intégrale. Content de la réévaluation de Spectre et nous aurons quand même eu quelques beaux accords comme par exemple sur notre première marche du podium ainsi que sur Permis de tuer et Casino Royale qui finissent également dans mon quinté :wink:
ça m'a permis de faire de belles REdécouvertes en tout cas : Permis de tuer, Opération Tonnerre, Bon Baisers de Russie, Rien que pour vos yeux, des titres qui n'avaient pas forcément grâce dans mon souvenir. Spectre a été effectivement une surprise, sans que ça en devienne un chef d'oeuvre de la franchise non plus, et Skyfall a tendance à régresser avec le temps.

Par contre la prochaine fois que je me relance dedans, je ferais l'impasse sur les 4 derniers. C'était vraiment laborieux.
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par Supfiction »

Merci The Boogeyman. Tu as juste été un peu vite dans la diffusion. Dommage. Un tous les deux jours ça aurait été idéal pour lire et faire des commentaires (ou revoir le film même), là j'ai même pas eu le temps de lire Quantum! :lol:



Pour le classement, on retrouve bien les plus faibles opus aux sept dernières places (perversions mis à part :mrgreen: ).
Je mettrais Tuer n'est pas jouer surtout mais aussi Dangereusement votre plus haut dans le classement, pour ma part.
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par The Boogeyman »

Supfiction a écrit :Merci The Boogeyman. Tu as juste été un peu vite dans la diffusion. Dommage. Un tous les deux jours ça aurait été idéal pour lire et faire des commentaires (ou revoir le film même), là j'ai même pas eu le temps de lire Quantum! :lol:
Comme un envie d'en finir pour passer à d'autres univers :D
C'est que 24 films ça prend du temps, et encore plus à les regarder en les décortiquants sous toutes les coutures pour en faire un retour.
Ce qui d'ailleurs est paradoxal, car à partir de la période Brosnan, j'ai commencé à vouloir rapidement arriver au bout mais à ne plus savoir comment faire court et/ou condensé, et les textes devenant de plus en plus long (trop long surement).

Mais j'ai les yeux grands ouverts pour lire toutes remarques et/ou avis contraires des miens. :)
Surtout sur Quantum que tu évoques, me sachant bien seul présentement ici à l'apprécier et le placer si haut.
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par Demi-Lune »

Oui, merci pour cette rétrospective perso, très agréable à suivre. :wink:

Je ne me souviens plus si j'ai déjà tenté un classement des épisodes, alors ça donnerait quelque chose comme ça :

La quintessence de Bond :
Au service secret de Sa Majesté (1969)
Tuer n'est pas jouer (1987)
Opération Tonnerre (1965)
Bons baisers de Russie (1963)

Je pourrai toujours les revoir avec tendresse :
Permis de tuer (1989)
Dangereusement vôtre (1985)
Goldfinger (1964)
Octopussy (1983)
On ne vit que deux fois (1967)

Je les revois quand même mais bon, c'est moins ça :
Moonraker (1979)
L'espion qui m'aimait (1977)
James Bond 007 contre Docteur No (1962)
Jamais plus jamais (1983)
Rien que pour vos yeux (1981)
L'homme au pistolet d'or (1974)

Oui, il en manque. Mais c'est à dessein qu'ils n'apparaissent pas.
J'ai une théorie très personnelle sur la saga James Bond, mais qui s'est imposée progressivement avec la force de l'évidence à force d'y réfléchir, alors que je me suis détourné de cette franchise telle qu'elle continue de s'écrire. Je cherchais à comprendre justement pourquoi cet univers ne m'attire plus du tout, au-delà du ton qui préside maintenant dans les insupportables opus de Craig. Pour moi, tout se conclut à la fin de Permis de tuer, en 1989. J'aime penser que James Bond termine dans cette piscine de la villa de Sanchez à Acapulco, dans les bras de Pam Bouvier, et avec le clin-d’œil complice de la sculpture du poisson. C'est facile de refaire l'histoire après-coup, mais rétrospectivement cette fin sonne moins comme la fin classique d'un épisode que comme la fin d'un cycle... grâce au travail de Timothy Dalton, le personnage était parvenu au bout de quelque chose.
Rien ne pourra m'ôter de l'idée que depuis, la franchise a complètement perdu son charme et de son âme (John Barry en étant de toute façon pour grande partie la clé-de-voûte), Goldeneye faisant symboliquement le passage de témoin en son sein-même.
Hasard de l'Histoire, 1989 c'est d'ailleurs aussi le point terminal de la Guerre froide, géopolitique dont Bond est le pur produit en tant que personnage. Le hiatus jusqu'à Brosnan a fait perdre quelque chose de génétique, en plus des évolutions imposées par les producteurs dans leur tentative désespérée de renouveler un personnage qui n'en a jamais eu besoin, étant "transparent". Bond a perdu ce côté BD et ce côté Tintin qui fait qu'on peut encore être piqué par le fait que l'Histoire ait pu lui commander de s'allier aux moudjahidines afghans, par exemple. L'Histoire immédiate est beaucoup moins structurante dans les Bond contemporains, peut-être parce qu'elle est moins facilement assimilable, ou peut-être parce que les concepteurs ont tout simplement perdu la recette en cours de route (en plus d'autres ingrédients). En tout état de cause, on peut trouver que la franchise s'est singulièrement égarée depuis tout ce temps...
O'Malley
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par O'Malley »

Demi-Lune a écrit : J'ai une théorie très personnelle sur la saga James Bond, mais qui s'est imposée progressivement avec la force de l'évidence à force d'y réfléchir, alors que je me suis détourné de cette franchise telle qu'elle continue de s'écrire. Je cherchais à comprendre justement pourquoi cet univers ne m'attire plus du tout, au-delà du ton qui préside maintenant dans les insupportables opus de Craig. Pour moi, tout se conclut à la fin de Permis de tuer, en 1989. J'aime penser que James Bond termine dans cette piscine de la villa de Sanchez à Acapulco, dans les bras de Pam Bouvier, et avec le clin-d’œil complice de la sculpture du poisson. C'est facile de refaire l'histoire après-coup, mais rétrospectivement cette fin sonne moins comme la fin classique d'un épisode que comme la fin d'un cycle... grâce au travail de Timothy Dalton, le personnage était parvenu au bout de quelque chose.
Permis de tuer est aussi le dernier mis en chantier par Albert R.Broccoli, producteur historique, ce qui renforce l'aspect "fin de cycle" que tu décris.
Cololi

Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par Cololi »

Demi-Lune a écrit :Oui, merci pour cette rétrospective perso, très agréable à suivre. :wink:

Je ne me souviens plus si j'ai déjà tenté un classement des épisodes, alors ça donnerait quelque chose comme ça :

La quintessence de Bond :
Au service secret de Sa Majesté (1969)
Tuer n'est pas jouer (1987)
Opération Tonnerre (1965)
Bons baisers de Russie (1963)

Je pourrai toujours les revoir avec tendresse :
Permis de tuer (1989)
Dangereusement vôtre (1985)
Goldfinger (1964)
Octopussy (1983)
On ne vit que deux fois (1967)

Je les revois quand même mais bon, c'est moins ça :
Moonraker (1979)
L'espion qui m'aimait (1977)
James Bond 007 contre Docteur No (1962)
Jamais plus jamais (1983)
Rien que pour vos yeux (1981)
L'homme au pistolet d'or (1974)

Oui, il en manque. Mais c'est à dessein qu'ils n'apparaissent pas.
J'ai une théorie très personnelle sur la saga James Bond, mais qui s'est imposée progressivement avec la force de l'évidence à force d'y réfléchir, alors que je me suis détourné de cette franchise telle qu'elle continue de s'écrire. Je cherchais à comprendre justement pourquoi cet univers ne m'attire plus du tout, au-delà du ton qui préside maintenant dans les insupportables opus de Craig. Pour moi, tout se conclut à la fin de Permis de tuer, en 1989. J'aime penser que James Bond termine dans cette piscine de la villa de Sanchez à Acapulco, dans les bras de Pam Bouvier, et avec le clin-d’œil complice de la sculpture du poisson. C'est facile de refaire l'histoire après-coup, mais rétrospectivement cette fin sonne moins comme la fin classique d'un épisode que comme la fin d'un cycle... grâce au travail de Timothy Dalton, le personnage était parvenu au bout de quelque chose.
Rien ne pourra m'ôter de l'idée que depuis, la franchise a complètement perdu son charme et de son âme (John Barry en étant de toute façon pour grande partie la clé-de-voûte), Goldeneye faisant symboliquement le passage de témoin en son sein-même.
Hasard de l'Histoire, 1989 c'est d'ailleurs aussi le point terminal de la Guerre froide, géopolitique dont Bond est le pur produit en tant que personnage. Le hiatus jusqu'à Brosnan a fait perdre quelque chose de génétique, en plus des évolutions imposées par les producteurs dans leur tentative désespérée de renouveler un personnage qui n'en a jamais eu besoin, étant "transparent". Bond a perdu ce côté BD et ce côté Tintin qui fait qu'on peut encore être piqué par le fait que l'Histoire ait pu lui commander de s'allier aux moudjahidines afghans, par exemple. L'Histoire immédiate est beaucoup moins structurante dans les Bond contemporains, peut-être parce qu'elle est moins facilement assimilable, ou peut-être parce que les concepteurs ont tout simplement perdu la recette en cours de route (en plus d'autres ingrédients). En tout état de cause, on peut trouver que la franchise s'est singulièrement égarée depuis tout ce temps...
Bravo pour ce texte franchement :)
1989 ... comme tu le dis, c'est aussi la chute du mur, et les derniers mois du bloc Est, qui est constitutif de l'ADN Bond.
Je ressens la même chose que toi à la fin de Permis de tuer ... et j'ai vraiment toujours (même après la 10° fois) une larme à la fin de ce film, pour toutes les raisons que tu évoques ... et aussi parce que Dalton joue très bien, et que le générique de fin est sympa. Je suis aussi d'accord sur ton jugement sur l'ère Craig (au détail important que Casino Royale est quand même excellent, et qu'il constituait un renouvellement intéressant de la série ... mais les opus suivant n'ont pas du tout - mais alors pas du tout - tenus cette promesse). Après là où je suis moins d'accord ... c'est sur Goldeneye, qui est peut-être le meilleur opus de la série.
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Supfiction
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Re: James Bond 007 : Sujet général

Message par Supfiction »

Demi-Lune a écrit : la franchise a complètement perdu son charme et de son âme
Demi-Lune a écrit :L'Histoire immédiate est beaucoup moins structurante dans les Bond contemporains, peut-être parce qu'elle est moins facilement assimilable, ou peut-être parce que les concepteurs ont tout simplement perdu la recette en cours de route (en plus d'autres ingrédients). En tout état de cause, on peut trouver que la franchise s'est singulièrement égarée depuis tout ce temps...
Et pourtant on pouvait dire cela déjà de Permis de tuer, alors qu'il est considéré ici comme l'un des meilleurs opus. Ce second film de Dalton avait une intrigue plus proche de L'Arme Fatale qui cartonnait alors au Box-office que des Bond classiques. Nul doute que les premiers fans des James Bond de Sean Connery en disaient autant bien avant (mes parents on toujours trouvé que les Roger Moore n'avaient plus le charme des débuts).

Après Dalton, les films de Pierce Brosnan ont à chaque fois été inspirés par l'actualité géopolitique et économique (les conséquences de la chute de l'URSS dans Goldeneye, l'émergence des grandes puissances médiatiques dans Demain ne meurs jamais, la menace de la Corée du Nord dans Meurs un autre jour..).
Depuis l'ère Craig, en revanche, la saga s'est totalement affranchi de tout contexte politique pour se recentrer sur ses fondamentaux et le Spectre (mafia et blanchiment d'argent restant plus que jamais d'actualité mais diffus dans la géopolitique internationale). Ce serait bien que le prochain se mouille un peu. Cela parait peu probable puisque les producteurs ne peuvent plus se permettre de fâcher qui que ce soit pour ne pas se fermer de marchés étrangers.

Chacun a aussi maintenant sa propre vision de Bond. Certains l'aiment avec plein de gadgets, des méchants haut en couleur et beaucoup d'humour quand d'autres apprécient la sobriété, le réalisme et le charme des tous premiers opus (qu'on est plus loin de retrouver dans les derniers Craig, la violence et le surdosage d'action inhérente à notre époque en plus).
Dernière modification par Supfiction le 14 déc. 16, 11:49, modifié 1 fois.
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