D'accord avec ça, excepté pour la mise en scène qui est tout de même réussie pour créer des allers-retours dans le temps au sein d'un même mouvement de caméra. Sinon, je n'ai jamais été vraiment touché non plus par l'histoire en dépit de sa dureté et de son potentiel. L'émotion est bridée par l'interprétation figée d'Ana Torrent et par une trame que j'ai trouvée finalement trop diluée dans ses zigzags chronologiques, qui n'apportent pas grand-chose qu'on ne devine déjà à l'avance (les infidélités du père notamment). Du coup, le temps paraît un peu long et ce n'est véritablement qu'en fin de film (la grand-mère lasse de vivre, la tante et le verre de lait) que ce thème de l'impact psychologique de la mort sur l'enfance devient pour moi dérangeant. Même si les deux films n'ont rien à voir, ça me fait penser à Cet obscur objet du désir qui est également plein de qualités sur le papier, mais qui reste trop froid pour m'emporter.Tuck pendleton a écrit :Déçu...Je n'ai pas grand choses à lui reprocher si ce n'est que le film ne m'a jamais surpris, touché, intrigué. J'ai souvent eu l'impression d'avoir déjà vu tout cela 36 fois ailleurs. La platitude et la sécheresse de l'interprétation et de la mise en scène n'ont rien arrangé et ont même éveillé un début d'agacement vers la fin.
Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
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+ 1Demi-Lune a écrit :D'accord avec ça, excepté pour la mise en scène qui est tout de même réussie pour créer des allers-retours dans le temps au sein d'un même mouvement de caméra. Sinon, je n'ai jamais été vraiment touché non plus par l'histoire en dépit de sa dureté et de son potentiel. L'émotion est bridée par l'interprétation figée d'Ana Torrent et par une trame que j'ai trouvée finalement trop diluée dans ses zigzags chronologiques, qui n'apportent pas grand-chose qu'on ne devine déjà à l'avance (les infidélités du père notamment). Du coup, le temps paraît un peu long ...Tuck pendleton a écrit :Déçu...Je n'ai pas grand choses à lui reprocher si ce n'est que le film ne m'a jamais surpris, touché, intrigué.
Assez triste d'avoir été déçu par ce film dont j'attendais beaucoup ; un film qui non seulement ne m'a guère touché mais également qui m'a fait trouvé le temps long. Pas mauvais pour autant.
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Ah non, non, vous n'avez pas le droit!
Un film formidablement touchant, émouvant et poétique. Saura parvient à évoquer la petite et la grande histoire dans un même élan formidable. C'est pour moi l'un des plus beaux films sur l'enfance.
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Je lui redonnerais une chance à l'occasion d'autant que le thème de l'enfance au cinéma me passionne. Mais j'ai toujours eu du mal avec le cinéma de Saura.
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Je rajouterais "l'un des plus beaux films sur l'enfance et la mort". Après Cria Cuervos, je ne me souviens pas avoir autant eu cette boule douloureuse au ventre qui m'a laissé sonné. Sans doute sur Le labyrinthe de Pan mais en bien moins fort, moins "dérangeant" pour reprendre le mot de Demi-Lune. Sans doute pour ça que je peux plus facilement revoir le film de Del Toro que celui de Carlos Saura.Rick Blaine a écrit :Ah non, non, vous n'avez pas le droit!
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
C'est vrai que pas mal de critiques mettent en avant le fait que Cria cuervos est LE film de la transition démocratique en Espagne parce que la mort du père, militaire, équivaudrait aux funérailles du franquisme. C'est une lecture intéressante, on y pense forcément un peu... Sauf que le film a été tourné et écrit avant la mort de Franco (même s'il était malade depuis des mois) et que je ne sais pas dans quelle mesure, à ce moment-là, il était envisageable que le futur successeur Juan Carlos, parrainé par Franco, s'orienterait effectivement vers l'ouverture. Je me trompe peut-être complètement mais j'ai l'impression qu'il y a une tentation de sur-interprétation du film dans sa chronologie créative. Par exemple, que le fait que les enfants soient filmés allant à l'école à la fin, c'est le symbole de l'ouverture, du changement. Je sais pas, je trouve ça un peu exagéré (les enfants n'allaient jamais à l'école, avant ?).Rick Blaine a écrit :Saura parvient à évoquer la petite et la grande histoire dans un même élan formidable.
De toute façon, même si ça avait été anticipé par Saura par je ne sais quel nez fin, il y a des ficelles qui resteraient pour moi sujettes à des facilités, à y bien réfléchir. Saura schématise les personnages censés représenter le système franquiste, du coup la dénonciation semble limitée. Le souvenir mère/fille oblitère totalement voire commodément la figure du père, caractérisé comme un salaud qui trompe allègrement son épouse et lui cause ces douleurs qui l'emporteront (c'est la bonté qu'on assassine !). Qu'Ana veuille symboliquement le tuer, lui puis la tante pas marrante moulée par le système et fricotant avec un autre militaire volage (on ne peut décidément pas leur faire confiance), ça parlait peut-être beaucoup au public espagnol de l'époque, mais vu d'aujourd'hui ça fait un peu chargé.
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Si l'orientation démocratique de Juan Carlos n'était pas forcément acquise, il était évident compte tenu de la situation de la société espagnole à l'époque qu'il y aurait un changement à la disparition de Franco. Sa nature n'était évidemment pas connue, Saura ne spécule d'ailleurs pas la dessus, mais il aurait lieu. C'est le propos du film d'ailleurs, de dire que le régime nourrit lui même ce qui va le détruire. C'est même dit explicitement par le titre.Demi-Lune a écrit :C'est vrai que pas mal de critiques mettent en avant le fait que Cria cuervos est LE film de la transition démocratique en Espagne parce que la mort du père, militaire, équivaudrait aux funérailles du franquisme. C'est une lecture intéressante, on y pense forcément un peu... Sauf que le film a été tourné et écrit avant la mort de Franco (même s'il était malade depuis des mois) et que je ne sais pas dans quelle mesure, à ce moment-là, il était envisageable que le futur successeur Juan Carlos, parrainé par Franco, s'orienterait effectivement vers l'ouverture.Rick Blaine a écrit :Saura parvient à évoquer la petite et la grande histoire dans un même élan formidable.
C'est caricatural d'une certaine manière, c'est une image, mais le niveau de l'éducation sous Franco n'était effectivement pas brillant.Demi-Lune a écrit :Par exemple, que le fait que les enfants soient filmés allant à l'école à la fin, c'est le symbole de l'ouverture, du changement. Je sais pas, je trouve ça un peu exagéré (les enfants n'allaient jamais à l'école, avant ?).
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Ah oui bien d'accord avec toi. Au-delà de l'intelligence de la parabole politique, c'est surtout un film magnifique et bouleversant. Et Anna Torrent, loin d'être inexpressive, a une présence incroyable à l'écran, par son seul regard (sans doute le regard caméra qui m'a le plus marqué, tous films confondus) - même si elle ne bouge pas particulièrement bien c'est vrai ; un objet de cinéma extraordinaire à elle seule.Rick Blaine a écrit :Ah non, non, vous n'avez pas le droit!
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Pareil que Brody ; la scène ou les gamines rejouent les disputes entre leurs parents me semble particulièrement violente, par exemple. Un peu étonné de voir le reproche de froideur tant au contraire je trouve le film vivant et incarné.
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Re: Cria Cuervos
Voilà un avis dans lequel je me retrouve bien, pour ce film important à mes yeux, et qui fait parti de mon univers.Mama Grande! a écrit :Magnifique!
Le tour du force du film est de donner corps à l'univers d'une fillette, de le rendre compréhensible, palpable, sans le remodeler selon les attentes du spectateur adulte. Ainsi, l'univers d'Ana Torrent (à la présence aussi bouleversante que chez Erice) est à la fois insouciant et cruel, sombre. Le film rend triste (les photos du générique), dérange ("Quiero que te mueras!"), étouffe par son univers renfermé, mais la chanson de Jeanette donne un côté doux amer qui allège le poids de l'enfermement. Cria Cuervos fait partie de ces oeuvres qui dégagent un sentiment de perfection et de richesse, que l'on a envie de revoir.
Pour le propos politique, même si j'en avais entendu parler, j'avoue que ça m'est passé un peu au-dessus de la tête. En revanche, je ne suis pas tellement d'accord avec la chronique du site qui présente Tante Paulina comme un personnage défendant des moeurs désuètes. Elle leur dit juste de bien se tenir à table, faut pas pousser En tout cas, le meilleur film espagnol que j'ai vu pour le moment.
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Re: Cria Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Il y a un truc que je ne comprends pas dans la critique Dvdclassik du film. Il est question de Paulina, "la belle-mère d’Ana", alors que pour moi il est clair qu'il s'agit de sa tante. Ce point me semble important car à une belle mère on en veut d'avoir pris une place bien davantage qu'à une tante qui semble ici se dévouer pour prendre en charge les enfants d'une sœur décédée.
P.S. J'en profite pour rajouter ici un lien sur la division bleue pour ceux qui veulent parfaire leurs connaissances historiques.
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Re: Cria Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Oui, oui, c'est sa tante comme indiqué dans le résumé de l'histoire. Un bug à l'écriture.Supfiction a écrit :Il y a un truc que je ne comprends pas dans la critique Dvdclassik du film. Il est question de Paulina, "la belle-mère d’Ana", alors que pour moi il est clair qu'il s'agit de sa tante. Ce point me semble important car à une belle mère on en veut d'avoir pris une place bien davantage qu'à une tante qui semble ici se dévouer pour prendre en charge les enfants d'une sœur décédée.
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
il n' y a pas de topic specifique à Carlos Saura donc je mets l'info içi
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Re: Crìa Cuervos (Carlos Saura - 1976)
Autant j'ai été ébloui par "L'esprit de la ruche", autant "Cria Cuervos" m'a laissé froid. La ritournelle pop qui revient tout le temps finit par lasser, surtout qu'elle est surmixée. L'atmosphère n'est pas aussi prenante que celle du film d'Erice. Ana Torrent est clairement employée pour son regard, mais dans ce contexte beaucoup moins fantasmagorique, ça marche moins. J'ai trouvé les souvenirs de la petite fille dénués de force. Trop écrits et pas assez ressentis. Bref, j'ai pas du tout accroché.