Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Je n'ai JAMAIS vu ce film......;il va bien falloir m'y coller un jour !
F d F ( Fan de Ford )
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Probablement un des plus beaux films français jamais tourné, quel Noir et blanc, quel travail d'acteurs, en règle général le cinéma français je fuis à toute vitesse mais là...
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Re:
Pareil... Ca ne fait pas vingt, mais même sentiment.Jeremy Fox a écrit :Ce film m'a tellement touché lorsque je l'ai découvert il doit y avoir une vingtaine d'années que je n'ai encore jamais osé le revoir. Il va falloir que j'y remédie assez vite.
Entièrement d'accord...Miss Nobody a écrit :Un film qui ne faut pas seulement voir, mais qu’il faut aussi contempler.
Un mot : SUBLIME ! Tout simplement !
L'émotion et la poésie sont là que ce soit par les mots de Jacques Prévert ou les images de Marcel Carné. On se laisse tout simplement prendre par cette atmosphère de vaudeville (tragique...) dans le Paris du XIXème siècle, où toute une galerie de personnages se croisent et se recroisent, quelques soient leurs classes sociales, quelques soient leurs rêves. Incroyables décors d'Alexandre Trauner ! Incroyable musique de Joseph Kosma qui dès les premières notes nous plonge dans cette émotion ! Incroyables comédiens avec Arletty terriblement touchante, Pierre Brasseur impérial, Jean-Louis Barrault extraordinaire d'émotion, Marcel Herrand avec la classe du bandit, ou encore Maria Casarès magnifique dans ce personnage tragique ! Incroyables répliques de Jacques Prévert, empreintes de poésie et d'humour !
Et surtout quelle émotion devant les scènes de Jean-Louis Barrault se glissant dans le personnage du mime Pierrot... Le plus beau passage du film : Pierrot voulant mourir et la petite fille qui vient lui choper la corde pour faire de la corde à sauter...
Madame Musquin
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Je reviens un peu sur LES ENFANTS DU PARADIS (difficile de s'en défaire si vite) car j'ai un peu oublié de parler de Maria Casares. C'est une actrice qui m'avait laissé une forte impression il y a quelques années mais qui m'a beaucoup moins impressionné dans le Carné. En fait, ce n'est pas vraiment elle (parce qu'elle est toujours charmante et qu'elle me fait toujours penser à Chloe Sevigny ) mais c'est plutôt son personnage et comment Carné l'utilise et la fait jouer qui m'a intrigué. Personne n'en a parlé ici, pourtant je me suis fait la réflexion pendant le visionnage que son jeu ne collait pas vraiment avec le reste du film. Non qu'elle jouait mal, elle ne jouait seulement pas comme les autres comédiens: son jeu, je trouve, est assez daté, très théâtral (un peu comme un "surjeu" typique de son époque). Le contraste est d'autant plus flagrant que tout le reste du casting (toujours selon ma perception, l'autre jour) est le personnage. Les autres acteurs ont un phrasé particulier, une diction unique, sauf qu'elle colle à leurs personnages. Et je n'ai jamais senti de "jeu théâtral" chez eux comme je l'ai senti chez Casares. Même pas chez Arletty dont le jeu est pourtant si atypique (mais si beau ).
Je me dis que c'est voulu, que c'est un choix de Carné pour donner moins d'empathie à ce personnage, pour que le spectateur ne s'apitoie pas trop sur cette jeune femme irréprochable, pour qu'elle ne fasse pas d'ombre à Garance...
Je me dis que c'est voulu, que c'est un choix de Carné pour donner moins d'empathie à ce personnage, pour que le spectateur ne s'apitoie pas trop sur cette jeune femme irréprochable, pour qu'elle ne fasse pas d'ombre à Garance...
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Je n'ai pas eu cette impression avec le jeu de Maria Casares, Je peux même dire que dans sa dernière scène dans la chambre de la pension, elle m'a fendu le cœur.
Par contre, un élément peut expliquer ton ressenti, c'est que son personnage de Nathalie était son premier rôle au cinéma.
Par contre, un élément peut expliquer ton ressenti, c'est que son personnage de Nathalie était son premier rôle au cinéma.
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Re: Re:
Tiens... ça me rappelle un certain Bunuel... Viridiana pour (ne pas) le nommer.Madame Musquin a écrit :Le plus beau passage du film : Pierrot voulant mourir et la petite fille qui vient lui choper la corde pour faire de la corde à sauter...
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Revu pour la combien ? vingtième ? trentième fois cette merveille absolue dans la somptueuse édition Pathé* et comme à chaque vision, j'ai encore l'impression d'en découvrir des séquences et des plans nouveaux. Un truc idiot que ne me font que les films d'exception que je croyais pourtant connaître par chœur comme La règle du jeu ou Le salon de musique.
Par exemple la rencontre de Debureau et du faux-aveugle à perruche joué par Gaston Modot. Ou encore Jean-Louis Barrault pratiquant le side-kick vingt ans avant Bruce Lee puis exécutant un moonwalk trente ans avant Michael Jackson.
Mais toujours le même hic (le seul dans cette oeuvre par ailleurs en tout point parfaite) avec le jeu de tragédienne de Maria Casarès plus adapté à la cour du Palais des Papes qu'à l'enceinte d'un studio de cinéma.
Sinon, encore et encore envie d'applaudir toutes les deux minutes devant le génie conjugué (ou alchimique) de Carné, Prévert, Trauner et l'ensemble de la troupe avec en tête de liste la divine Arletty** dont l'éternel sourire semble en permanence le masque vénitien d'une immense tristesse et le prodigieux Lacenaire furieusement incarné par un Marcel Herrand habité.
Et puis quelle galerie de seconds couteaux - en argent ! - avec Marcel Pérès en patron furibard des Funambules (et qui sera bien plus tard si émouvant en vieux taulard sursitaire dans Les grandes gueules d'Enrico), Pierre Renoir en marlou collectionneur d'autant de surnoms inquiétants que de médailles sur l'ample buste d'un maréchal soviétique (mon préféré ? : "Treize à table") et le plaisir pas coupable du tout d'entr'apercevoir ici et là quelques futures figures du cinoche telles que Robert Dhéry et Albert Rémy épais comme des sandwiches SNCF, ou de chercher où se trouvent Gérard Blain, Jean Carmet et Simone Signoret.
Magie d'un film qui après 65 ans continue de respirer, transpirer la liberté, la douce (ou démente, dans le cas de Lacenaire) anarchie alors que l'on sait dans quel contexte et quelles conditions il fut tourné. Et comment ne pas sourire au clin d'oeil du carton de générique d'ouverture indiquant la "collaboration dans la clandestinité de Trauner et Kosma".
(*) Si la qualité d'image est irréprochable, la restauration de la piste son donne hélas un désagréable rendu métallique. Je suis sûr que Lobster a fait tout son possible en travaillant dessus en 1991 mais je pense que l'on pourrait aujourd'hui revoir cette numérisation en lui ôtant cet effet d'écho et les multiples bruits parasites qui donnent l'impression qu'on tapote sur la bonnette du micro. Il faudrait aussi revoir le mixage entre les dialogues et la musique, trop envahissante (par exemple, même au casque, impossible de saisir ce que raconte Pierre Renoir à Barrault dans la séquence finale).
(**) Je ne me lasserai jamais de la façon qu'elle a de prononcer : "Fraidairique".
Par exemple la rencontre de Debureau et du faux-aveugle à perruche joué par Gaston Modot. Ou encore Jean-Louis Barrault pratiquant le side-kick vingt ans avant Bruce Lee puis exécutant un moonwalk trente ans avant Michael Jackson.
Mais toujours le même hic (le seul dans cette oeuvre par ailleurs en tout point parfaite) avec le jeu de tragédienne de Maria Casarès plus adapté à la cour du Palais des Papes qu'à l'enceinte d'un studio de cinéma.
Sinon, encore et encore envie d'applaudir toutes les deux minutes devant le génie conjugué (ou alchimique) de Carné, Prévert, Trauner et l'ensemble de la troupe avec en tête de liste la divine Arletty** dont l'éternel sourire semble en permanence le masque vénitien d'une immense tristesse et le prodigieux Lacenaire furieusement incarné par un Marcel Herrand habité.
Et puis quelle galerie de seconds couteaux - en argent ! - avec Marcel Pérès en patron furibard des Funambules (et qui sera bien plus tard si émouvant en vieux taulard sursitaire dans Les grandes gueules d'Enrico), Pierre Renoir en marlou collectionneur d'autant de surnoms inquiétants que de médailles sur l'ample buste d'un maréchal soviétique (mon préféré ? : "Treize à table") et le plaisir pas coupable du tout d'entr'apercevoir ici et là quelques futures figures du cinoche telles que Robert Dhéry et Albert Rémy épais comme des sandwiches SNCF, ou de chercher où se trouvent Gérard Blain, Jean Carmet et Simone Signoret.
Magie d'un film qui après 65 ans continue de respirer, transpirer la liberté, la douce (ou démente, dans le cas de Lacenaire) anarchie alors que l'on sait dans quel contexte et quelles conditions il fut tourné. Et comment ne pas sourire au clin d'oeil du carton de générique d'ouverture indiquant la "collaboration dans la clandestinité de Trauner et Kosma".
(*) Si la qualité d'image est irréprochable, la restauration de la piste son donne hélas un désagréable rendu métallique. Je suis sûr que Lobster a fait tout son possible en travaillant dessus en 1991 mais je pense que l'on pourrait aujourd'hui revoir cette numérisation en lui ôtant cet effet d'écho et les multiples bruits parasites qui donnent l'impression qu'on tapote sur la bonnette du micro. Il faudrait aussi revoir le mixage entre les dialogues et la musique, trop envahissante (par exemple, même au casque, impossible de saisir ce que raconte Pierre Renoir à Barrault dans la séquence finale).
(**) Je ne me lasserai jamais de la façon qu'elle a de prononcer : "Fraidairique".
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Re: Re:
Puisque le topic est remonté.... Depuis, ça a été fait pas plus tard que l'an dernier et ce fut la douche froide. Je n'ai plus du tout accroché. Je n'avais pas osé en faire part mais voilà...Jeremy Fox a écrit :Ce film m'a tellement touché lorsque je l'ai découvert il doit y avoir une vingtaine d'années que je n'ai encore jamais osé le revoir. Il va falloir que j'y remédie assez vite.
Ce qui m'a fait dire ce jour là que le cinéma français d'avant la Nouvelle-Vague, ce n'était définitivement plus ma tasse de thé.
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Vu il y a longtemps et je n'avais pas été plus touchée que ça. Rien à voir avec les acteurs (j'aime beaucoup Casares dans Les dames du bois de Boulogne), c'est le film qui ne m'a pas vraiment touchée.
Je suis plus sensible au cinéma de Renoir qu'à celui de Carné/Prévert.
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Re: Re:
Dommage... C'est un peu triste de tout rejeter d'un bloc. Il n'y a vraiment aucun film d'avant les 60's (période qui m'est chère à moi aussi, en France comme ailleurs) qui trouve grâce à tes yeux ?Jeremy Fox a écrit :Puisque le topic est remonté.... Depuis, ça a été fait pas plus tard que l'an dernier et ce fut la douche froide. Je n'ai plus du tout accroché. Je n'avais pas osé en faire part mais voilà...Jeremy Fox a écrit :Ce film m'a tellement touché lorsque je l'ai découvert il doit y avoir une vingtaine d'années que je n'ai encore jamais osé le revoir. Il va falloir que j'y remédie assez vite.
Ce qui m'a fait dire ce jour là que le cinéma français d'avant la Nouvelle-Vague, ce n'était définitivement plus ma tasse de thé.
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Re: Re:
Federico a écrit :Dommage... C'est un peu triste de tout rejeter d'un bloc. Il n'y a vraiment aucun film d'avant les 60's (période qui m'est chère à moi aussi, en France comme ailleurs) qui trouve grâce à tes yeux ?Jeremy Fox a écrit : Puisque le topic est remonté.... Depuis, ça a été fait pas plus tard que l'an dernier et ce fut la douche froide. Je n'ai plus du tout accroché. Je n'avais pas osé en faire part mais voilà...
Ce qui m'a fait dire ce jour là que le cinéma français d'avant la Nouvelle-Vague, ce n'était définitivement plus ma tasse de thé.
Mais si bien évidemment, je généralisais. Il n'y a rien du tout que je rejette en bloc ; je constate seulement que certaines périodes (les années 30), certains genres (le film fantastique), certaines cinématographies, etc., m'intéressent ou me parlent moins que d'autres. Concernant le cinéma français d'avant A bout de souffle, j'adore bien sûr certains films de Renoir, Becker, Clouzot et quelques autres mais je constate juste que la portion est infime par rapport à la production. Ce n'est donc plus le cinéma que j'irais chercher à voir en priorité
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Le film vient de subir une nouvelle restauration. (Il va passer au Festival Lumière à Lyon, avant une ressortie en salles ou en DVD?) Peut-être que la bande-son sera meilleure...?Federico a écrit :(*) Si la qualité d'image est irréprochable, la restauration de la piste son donne hélas un désagréable rendu métallique. Je suis sûr que Lobster a fait tout son possible en travaillant dessus en 1991 mais je pense que l'on pourrait aujourd'hui revoir cette numérisation en lui ôtant cet effet d'écho et les multiples bruits parasites qui donnent l'impression qu'on tapote sur la bonnette du micro. Il faudrait aussi revoir le mixage entre les dialogues et la musique, trop envahissante (par exemple, même au casque, impossible de saisir ce que raconte Pierre Renoir à Barrault dans la séquence finale).
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Re: Re:
Curieusement moi qui en avais en un souvenir mitigé surtout de la seconde période, j'ai adoré le film et surtout cette fameuse seconde période plus intime sans doute et moins baroque ! Un véritable chef d'oeuvre qui me conforte dans le fait que personnellement c'est le cinéma français d'avant la Nouvelle Vague que j'apprécieJeremy Fox a écrit :Puisque le topic est remonté.... Depuis, ça a été fait pas plus tard que l'an dernier et ce fut la douche froide. Je n'ai plus du tout accroché. Je n'avais pas osé en faire part mais voilà...Jeremy Fox a écrit :Ce film m'a tellement touché lorsque je l'ai découvert il doit y avoir une vingtaine d'années que je n'ai encore jamais osé le revoir. Il va falloir que j'y remédie assez vite.
Ce qui m'a fait dire ce jour là que le cinéma français d'avant la Nouvelle-Vague, ce n'était définitivement plus ma tasse de thé.
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Re: Re:
Non, Jef, t'es pas tout seul ! (cf. Jacques Brel)Jeremy Fox a écrit : Puisque le topic est remonté.... Depuis, ça a été fait pas plus tard que l'an dernier et ce fut la douche froide. Je n'ai plus du tout accroché. Je n'avais pas osé en faire part mais voilà...
Je l'ai déjà écrit en page 1 : mais, moi qui consomme à peu près tout et n'importe quoi en film français de 1930 à nos jours, ce film ne m'a jamais parlé. Et puisqu'il est question de Carné : on trouve un tas de gens pour dire que Les portes de la nuit est tout pourri ("Les portes de l'ennui"), eh bien, moi, ce film me parle. Comme quoi...
Dernière modification par Commissaire Juve le 6 août 11, 19:59, modifié 2 fois.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)
Il faudra tout de même que j'enfourne un jour le laserdisc que j'ai récuperé !