Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Ratatouille a écrit :Je n'ai jamais vu ce film.
Ca me manquait! :D
kontarkh
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Message par kontarkh »

:) trouvé ce soir l'édition critérion de ce film a la fnac (de nantes) a 6,99 euros,j'ai pu aussi avoir,il y a déjà quelques temps l'édition mgm "des chiens de paille".
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

J'ai voulu décharger la chronique en format pdf. Hélas, ça ne fonctionne pas... :(
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

joe-ernst a écrit :J'ai voulu décharger la chronique en format pdf. Hélas, ça ne fonctionne pas... :(
C'est réparé. Merci. :wink:
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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Super, mais le texte est tronqué sur la droite... :(
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

joe-ernst a écrit :Super, mais le texte est tronqué sur la droite... :(
Oh mince... :|
C'est ce logiciel gratuit en ligne qui fait parfois des siennes. Il va falloir qu'on pense bientôt à faire autrement qu'avec ce truc tout pourri.
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kontarkh
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Message par kontarkh »

bonne idée pour le pdf,pour en revenir a la chronique, je m'en suis référé avant de prendre l'édition critérion trouvée hier,a propos d'arletty,aux mots de minuits il y a quelques jours vanina michel y était invité (je ne connaissais pas) elle racontait sa rencontre avec arletty et comment elle l'a convaincue de lire et d'enregistrer des poèmes de prévert ,çà existe en cd.
bogart
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Message par bogart »

Les Enfants du Paradis de Marcel Carné (1943-1945) DVD Pathé



Film magique et poétique Les Enfants du Paradis fait partie du patrimoine cinématographique, et à ce titre méritait une édition soignée...
Remercions Pathé du travail de restauration effectué qui permet enfin de (ré)découvrir ce chef d’œuvre dans des conditions optimales. Tout dans ce film respire la grâce : Jacques Prévert au dialogue, Alexandre Trauner pour les décors, Arletty à tout jamais Garance, Pierre Brasseur, J-L Barrault, Marcel Herrand (fabuleux Lacenaire) et pour finir, Marcel Carné tel un orfèvre nous entraîne pour un voyage de plus de 3 heures sur le chemin du <Boulevard du crime>.
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Jipi
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Message par Jipi »

« Je suis libre, tant mieux j’aime la liberté » ces paroles de Garance égrenées sur le boulevard du crime s’adaptent merveilleusement à l’esprit de ces enfants du paradis vociférant sur les hauteurs d’un théâtre, laissant voguer leurs sensibilités non structurés dans des rencontres ou chacun exécute une parade d’amour sans investissement durable.

Tous ces écorchés vifs sont des marginaux talentueux, combattants démesurés pour certains, contemplatifs pour d’autres, ils s’adonnent à la prose, se libère sur scène par la pantomime, inadaptés à la normalité ils s’extériorisent par l’extravagance et la mélancolie.

Les rencontres nocturnes imposées par leur marginalité rapprochent par le verbe tous ces personnages si différents qui le temps d’un positionnement de taverne se neutralisent par un regard respectueux envers leurs différences.

Les procédures égoïstes s’émiettent, les cœurs frigides s’éveillent à des sentiments inconnus, on flirte avec des définitions nouvelles, l’orgueil véhicule principal s’estompe, un respect soudain envers la collectivité prend vie.

La combinatoire universelle associe dans une même aubade : le destin, la protection, le voyou, le rêveur, l’arriviste, l’insouciante, l’amour.

Chacun défend son architecture interne par une rhétorique adaptée à sa survie en baissant peu à peu sa garde le temps de quelques théories.

Garance est merveilleusement soumise à la contingence, ce qui sera est attendu sans crainte et avec impatience.

Frédéric Lemaître se définit par cette sublime réplique « Mon état normal ? Connais pas ».

Baptiste se débat entre ses devoirs moraux et une folle envie de sombrer dans cet océan insouciant des lois de l’incontenance et de l’irrespectabilité que représente cette petite femme au sourire dévoré par une plainte interne répétitive et intense.

Nathalie représente la sagesse, un immense combat afin de faire triompher son seul amour potentiel et véritable.

Lacenaire brille d'arrogance dans ses exposés sur son principal carburant: l'orgueil.

Tout ce petit monde aigri ayant condamné la société souffre du même mal, Le mépris de l'humanité, l’approche du monde est sévère, pas d’attaches, se servir goulûment de chaque opportunité, le bonheur n’est pas personnel, il est massif et n’est visible que par les comportements de ces grappes humaines déambulant sur le boulevard du crime, la masse incrémente la joie, l’individualité des esprits est torturé par le besoin de détruire constamment cette force compacte soudée par le plaisir de la rue.

Les Enfants du Paradis est un film clair obscur, ces libertés sont fausses, elles appellent de toutes leurs forces la normalisation qui elle seul mettra fin à ces dérives, les protagonistes s’épuisent dans ces nouvelles lois qui ne mettent en valeur qu’eux-mêmes.

Les dialogues de Jacques Prévert sont extrêmement pessimistes, tout le monde s’affronte par des propos en chute libre sur leur environnement, au delà du réalisme le plus prononcé, les enfants du paradis par ses textes révèle un concept ou les personnages surnagent dans une béatitude dramatique, un état léthargique euphorique entretenu par un refus de s’abandonner à une éventuelle confiance.

L'individualisme s'impose en refusant de se soumettre à la loi du nombre.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Un des plus grands films français ? Assurément.

Ce film de Carné est également un spectacle superbe où s'entrechoquent contexte historique (celle du temps où se déroule l'histoire et celle de la période dans laquelle le film a été réalisé), personnalités archétypales et prestations d'acteurs, tous en osmose avec leurs personnages !

Sans oublier le dialogue et la poésie de Prévert qui s'harmonisent parfaitement avec la mise en scène tourbillonnante de Carné et la prestigieuse collaboration de techniciens et autres artistes, comme par exemple le décorateur Alexandre Trauner et la photographie vive, claire et superbe !

Ce film est un bonheur et un pur chef-d'oeuvre !
Dernière modification par Watkinssien le 11 juin 13, 15:07, modifié 1 fois.
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cinephage
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Message par cinephage »

Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand amour.

Une des plus jolies répliques pour éconduire un prétendant encombrant.

C'est quand même autre chose que "Parle à ma main"...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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nobody smith
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Re: Les Enfants du Paradis (Marcel Carné, 1945)

Message par nobody smith »

Découverte de ce grand film hier soir sur Gulli. J’avais grandement peur que son statut de plus grand chef d’œuvre de tous les temps ne soit quelque peu dicté par les origines de la production. Cela dit, comme l’indique la chronique classikienne, l’aventure collective que fut le tournage est probablement ce qui constitue la réussite de l’œuvre. Le film tient principalement grâce à son esprit festif et d’opulence. Tout le film n’est que profusion : profusion de personnages, profusion de sous-intrigues, profusion de sentiment, profusion de la reconstitution, profusion de l’interprétation et bien entendu profusion des dialogues... Ce qui tient du miracle, c’est que ce trop-plein de tout devrait techniquement noyer le film. Or ça n'est absolument pas le cas. Jamais le film ne se fait indigeste ou assommant et l’imposant spectacle se déroule avec harmonie et fluidité pendant les trois heures. J’ai un peu piqué du nez dans la dernière heure (les exam ça claque) mais ça n’entache guère le fabuleuse impression que m’a laissé ce monument.
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Nestor Almendros
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)

Message par Nestor Almendros »

Rien à ajouter. Je viens de revoir le film (que je n'avais vu qu'une seule fois, il n'y a pas si longtemps) et je l'ai savouré, il n'y a pas d'autres mots. Je reste un peu moins emballé par la dernière heure qui se détache nettement du reste par un changement de ton assez sensible, plus sombre, où la liesse qui précède laisse finalement la place à des sentiments plus graves. Il est probable que, bercé par l'enthousiasme des deux premières heures, le contraste final (et cette fin ouverte terriblement frustrante) me laisse une impression un peu moins forte. Néanmoins, et ça fait plaisir de le dire, j'ai ADORE le reste. Comme l'a souligné très justement nobody smith, le film n'est jamais noyé sous le flot ininterrompu d'informations, d'intrigues, de sentiments, etc. Il y a une vraie énergie qui émane de ce film, en même temps qu'une grâce de tous les instants. Je retiendrai beaucoup de choses: l'hommage au spectacle vivant, à l'acteur, à l'artiste, et quelque part au cinéma lui-même (j'ai souvent pensé à Chaplin avec les numéros de Baptiste filmés comme du muet), une histoire aux personnages absolument passionnants (notamment celui de Frédéric Lemaitre) et interprétée par des acteurs fantastiques. En premier lieu, je pense essentiellement à Arletty, actrice que je connais très mal, qui m'intrigue à chaque fois que je la croise, et qui m'a littéralement séduit ici par son jeu délicat et, ici, très particulier. Elle est la douceur incarnée et est réellement troublante dans le film, je dois dire que ça me fait encore quelque chose, même en écrivant ces lignes.
Mais le film ne serait pas ce qu'il est sans ces dialogues magiques qui mêlent esprit et poésie, humour et gravité, avec un tact et une élégance rares. Je suis sensible aux dialogues depuis quelques années, surtout grâce à Audiard, mais c'est quelque chose de très récent pour moi. Et je dois dire qu'avec un écrin pareil, une telle qualité d'écriture, ce fut un plaisir indescriptible.
C'est un très bon exemple d'une alchimie parfaite entre scénario, dialogues, acteurs et mise en scène. Chaque élément est au diapason pour un résultat étonnant de modernité.

Vivement une sortie en HD.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Cathy
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)

Message par Cathy »

Je reposte ici la critique que j'avais faite du film l'année dernière. j'avais revu le film car il allait faire l'objet d'une adaptation chorégraphique avec les danseurs de l'Opéra de Paris. Ce ballet sera d'ailleurs fort certainement repris la saison prochaine. Frederic Lemaître est ici un danseur célèbre et non plus un acteur et l'Opéra tout entier avait été transformé en salle de spectacle, la tragédie d'Othello étant jouée sur le grand escalier durant l'entracte et les spectateurs étant accueillis par des danseurs aboyeurs publics, des musiciens, etc.
Les enfants du paradis vont faire leur entrée à l'Opéra de Paris sous forme d'un ballet le 21 octobre prochain. La chorégraphie sera signée José Martinez, danseur étoile de la compagnie, les costumes seront signés d'Agnès Letestu, elle aussi danseuse étoile, les décors seront d'Ezio Toffolutti (les scènes de théâtre devraient être en couleurs alors que les scènes plus intimes devraient être en noir et blanc). Les protagonistes de la création seront Isabelle Ciaravola (Garance), Mathieu Ganio (Baptiste) et Alessio Carbone (Frederic Lemaître).
Les enfants du Paradis (1945)

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En attendant de voir cette adaptation chorégraphique, j'ai revu le film de Marcel Carné et que dire sinon que c'est un véritable chef d'oeuvre. J'en avais gardé le souvenir d'une oeuvre tirant en longueur surtout la deuxième époque. Finalement si j'ai eu quelques impressions de longueurs ce fut sur la première époque et non sur la seconde où les acteurs sont tous époustouflants, notamment Pierre Brasseur qui certes cabotine un maximum, mais Frédéric Lemaître l'était, il est intéressant aussi de voir le contraste entre le jeu de l'acteur personnage de la vie de tous les jours et le jeu de l'acteur, acteur. Quant à Jean-Louis Barrault il est tout aussi magnifique dans ce rôle qui effectivement peut séduire un chorégraphe, vu que la pantomime est une part importante de la danse du 19ème siècle. Bien que je ne sois pas très sensible à cette forme d'expression, le travail de l'acteur est remarquable. Arletty apporte sa gouaille à la théâtreuse de la première époque, mais elle sait aussi se montrer pleine de retenue dans cette seconde partie. Marcel Herrand est détestable à souhait en Lacenaire, tout comme Louis Salou qui dans leurs rôles d'amoureux malheureux montrent deux visions différentes. Le film déborde de tous ces grands seconds rôles comme l'offre souvent le cinéma français, Jane Marken (Madame Hermine), Pierre Renoir en chiffonnier, ou encore tous ces personnages plus ou moins louches du boulevard du Crime. Les décors de Trauner renforcent cette vision sans oublier les textes poétiques ou incisifs de Jacques Prévert sans oublier la musique de Joseph Kosma, les scènes de foule sont admirablement réglées comme celle du théâtre que ce soit sur scène ou en coulisses. Bref un véritable chef d'oeuvre que je n'aurais sans doute pas du attendre de revoir.

La copie proposée dans l'édition Pathé est particulièrement belle avec un beau contraste, des noirs et blancs lumineux.
Nestor Almendros
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Re: Les Enfants du paradis (Marcel Carné - 1945)

Message par Nestor Almendros »

J'en ai profité pour lire l'excellente Chronique Classik du film. Passionnante et très agréable à lire, elle est surtout très bien documentée et apporte beaucoup d'informations sur le contexte du tournage. Un bon complément.
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