Vivre dans la peur (Akira Kurosawa)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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k-chan
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2501 a écrit :(contrairement au peu qu'il y a sur le dvd de l'Ange ivre, là c'est un peu abuser vu le prix... :? ).
Combien de minutes de doc pour L'ange Ivre ?
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Message par 2501 »

k-chan a écrit :
2501 a écrit :(contrairement au peu qu'il y a sur le dvd de l'Ange ivre, là c'est un peu abuser vu le prix... :? ).
Combien de minutes de doc pour L'ange Ivre ?
Akira Kurosawa contre Toshiro Mifune (20min)
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k-chan
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Message par k-chan »

2501 a écrit :Akira Kurosawa contre Toshiro Mifune (20min)
Merci. En effet, ce doc Toho est plus court que ceux des autres films.
Strum
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Message par Strum »

Comme promis, je reviens après avoir découvert Vivre dans la Peur.

C'est un film extrêmement intéressant, et émouvant, mais ce n'est qu'une demi-réussite.

On retrouve les caractéristiques filmiques qui fondent le style de Kurosawa dans la période de sa carrière s'étendant entre Les 7 Samouraïs et Barberousse : tournage à plusieurs caméras, avec alternance entre (i) plans larges de groupe avec une profondeur de champs compressée et un sens de la composition admirable et (ii) plans rapprochés scrutant les visages.

En revanche, je n'ai pas retrouvé la rapidité habituelle avec laquelle le Kurosawa fiévreux et tendu des années 48-65, sûr de son art, commence ses récits. A cet égard, les 10 premières minutes du film m'ont paru étonnament lourdes et empruntées, notamment dans l'exposition de la problématique du film (la peur du nucléaire). Ensuite, et de manière tout à fait inattendu, le film devient progressivement un document passionnant sur une famille japonaise désarticulée, où les générations sont en conflits, et où la famille officielle reconnaît et même dialogue sans gêne aucune avec les familles illégitimes du maitre de famille et ses enfants adultérins. Par moment, le film prend même des allures de Noeud de Vipères japonais, notamment lorsque le père de famille surprend une conversation nocturne de ses enfants, qui lorgnent son magot. Ces scènes-là sont vives et fortes.

Curieusement, c'est l'histoire de cette famille et de ses conflits qui m'a plus intéressé que le thème principal du film, que j'ai trouvé sous-exploité. C'est par le dialogue et par le jeu de vieillard survolté de Mifune (formidable de bout en bout) que Kurosawa s'efforce de nous faire ressentir la peur du nucléaire. A l'arrivée, le film nous trace le portrait d'un vieillard qui pourrait bien être plus lucide que ceux qui dans son entourage le traitent de fou, un homme qui est mis au banc d'une société travailleuse, tournée vers l'avenir et bien trop occupée pour réfléchir sur la condition humaine. Il s'agit encore d'un personnage Dostoïevskien, à la sensibilité excessive, comme il se doit chez Kurosawa. Un personnage aliéné, ce que traduisent sans doute à dessein les nombreux plans de grillages ou de barreaux du film. Mais l'univers intérieur de cet homme, les visions qui le hantent ne sont pas visualisés par Kurosawa. Et c'est un comble ! Quoi ? Le cinéaste peintre et visionnaire qui plonge, intrépide, dans les rêves baroques de ses personnages dans l'Ange Ivre ou Dodeskaden, qui aurait pu convoquer devant nos yeux éblouïs l'imagerie dantesque et surréaliste d'une apocalypse nucléaire se refuse à le faire ? Ah quel dommage ! C'est mon grand regret du film: que la vision de la terre qui brûle ne soit vu, éphémère et lointaine, qu'au travers d'une fenêtre. Il aurait fallu pour que la peur de Mifune devienne concrête et nous touche vraiment que Kurosawa, en faisant fi de tout réalisme, fasse jaillir de l'écran, feu, éclair, tohu-bohu, éléments en furie, Terre blessée, craquelée et gémissante, visions sorties du crâne en tempête de Mifune et qui lui dévorent l'esprit ! Sans doute Hiroshima et l'accident de Bikini étaient trop proches pour Kurosawa, et peut-être dans sa pudeur croyait-il que cela aurait été indécent. Peut-être, mais le film y aurait, je crois, beaucoup gagné.
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Message par k-chan »

Strum a écrit :HS: au fait comment as-tu trouver Vivre dans la peur, toi ? Tu ne veux pas aller faire un tour sur le topic ad hoc ? :wink:
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En ce qui me concerne, Vivre dans la peur est, surprise, un superbe film de plus de la part de Kurosawa, dans lequel on retrouve bien sûr cette force visuelle propre à ses autres oeuvres de la même période. Le générique du film est magnifique, nous montrant des scènes de rues envahies de monde, de gens vêtus à l'occidental qui se rendent à leur travail, tramways et voitures qui passent, dans un pays en pleine activité, qui semble s'être pleinement reconstruit, et qui donne l'impression d'avoir oublier le pire de leur histoire qui eu lieu il n'y a que très peu : les bombes d'Hiroshima et de Nagasaki, et la menace du nucléaire qui a ressurgit lors d'un incident aux îles Bikini, et qui pourrait frapper de nouveau. Comme le dit le fils adultère du personnage principal : "A quoi bon y penser ? Cela nous rendrait fou."
Car ce personnage principal, Kiichi Nakajima, un vieil homme qui possède sa propre usine et qui est entouré de sa nombreuse famille, ne cesse d'y penser, lui. Au point qu'il ne désire qu'une chose, quitter le pays et emmener sa famille avec lui, et tout laisser sur place.
Nous le découvrons donc au tribunal, car toute sa famille, qui ne veut clairement pas quitter le pays, est opposé à ses projets, sa femme ayant demandé à le faire placer sous tutelle. Et pour cause, il a déjà dilapidé de sacrées sommes, dans un projet destiner à "sauver" sa famille, et qui a complètement coulé.
Il est vrai que le début du film semble un peu lent, mais pour ma part j'ai rapidement était pris par l'histoire et la détresse de ce fou/lucide. Certaines scènes sont particulièrement marquantes : sa réaction animalesque, lorsqu'il entend des grondements répétitifs d'avions de chasse, suivi d'un bel orage d'été (éclair, tonnerre et soudaine grosse pluie), tout ceci évoquant la menace du nucléaire : d'un bond, il saute sur le bébé qui se trouve dans la pièce afin de le protéger. Le genre de scènes d'une grande force qui n'a pas manqué de me secouer, tout comme lorsqu'il supplie sa famille de partir avec lui, et que sa plus jeune fille en pleure se jette à ses pieds en acceptant sa demande, ce qui provoque en lui une telle émotion, qu'il perd connaissance, complètement terrassé.
En effet, il aurait put être intéressant de nous montrer visuellement l'enfer sur terre, comme on a pu le voir dans d'autres oeuvre du cinéaste, afin de rendre concrêtes les craintes et les visions de cet homme. Mais pour ma part, je ne suis pas sûr que c'est ce que j'aurais voulu voir à l'écran. "Je sais que l'on doit tous mourrir un jour, mais je ne veux pas être assassiné". Je trouve cette image du soleil que Nakajima prend pour la terre en flammes, vu de la fenêtre de sa cellule, déjà forte. Bien sûr, Kurosawa n'était pas satisfait du résultat. Comme expliqué dans le documentaire Toho masterworks consacré au film, et présent sur le dvd, Kurosawa était sur la fin du tournage très choqué par le rescent décès de Fumio Hayasaka, son ami et compositeur attitré, et de fait, il aurait été moins exigeant dans son travail, notemment pour cette scène. Et comme l'avoue Kurosawa, qui voyait en ce projet quelque chose d'important, qui compterait dans sa carrière, le film fut réalisé trop tôt, et sans doute quelque part s'est-il lui même imposé des limites, ce qui expliquerait que certains y voient une oeuvre pas toujours concluante. Pour ma part, comme Teruyo Nogami le dit dans le doc de la Toho, je trouve ce film très bon, très fort et émouvant. Avec un tel sujet*, proche de Rhapsodie en août ou d'un des épisodes de Rêves, Kurosawa s'en tire très bien. Un film qu'il faut avoir vu.

*Comme le précise Heinz Steinberg : "Les films sur la bombe atomique ne sont pas rare au Japon, mais ils ne parlent pas du danger actuel. Ils relatent encore une fois ce qui s'est passé à Nagasaki et Hiroshima en 1945. Toujours répété, , l'évènement devient légende."

Les derniers mots pour le cinéaste, à qui l'ont avait conseiller de traiter son film sous forme de satire :
"Devant une question pareille, dont je ne connais pas la réponse, je ne vois pas comment je pourrais critiquer sous forme de satire, tout en me plaçant à un niveau supérieur aux autres. Je l'ai écrit plutôt pour me réveiller, pour m'encourager à repenser cette question. Si l'on traitait cette oeuvre comme une satire, elle donnerait l'impression d'avoir une forme nette et claire. Mais nous étions décidés à faire une oeuvre honnête dont nous pourrions demander jugement devant dieu. Tant pis si elle est contradictoire et bizarre ! J'ai voulu dire les paroles que je ne pouvais retenir. Pourquoi devrais-je avoir l'air d'être au courant de tout, avoir l'air persuadé de pouvoir rendre satirique un tel sujet ?
A la réunion qui suivit la réalisation de ce film, l'actrice Sengoku m'a dit :
"Vraiment vous avez fait un bon travail, mais dès maintenant, vous aurez des difficultés dans votre carrière." Elle avait raison. D'ailleurs, je me sens soulagé d'un fardeau très lourd. Je me permet de dire que j'ai dit tout ce que je pouvais exprimer. Le recette commerciale fut misérable. Ce fut le pire de tous mes films. J'étais désolé parce que j'avais fait tout mon possible compte tenu de la situation politique de cette époque. Je pense maintenant que le film a été présenté trop tôt. Le public n'était pas encore très sensibilisé à ce sujet. Ce n'est que beaucoup plus tard que le cinéma a commencé à porter plainte contre les résultats de la bombe atomique."

J'allais oublier : fabuleuse performance de Toshiro Mifune (que Tassonne jugeait très sévèrement)

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Ps : désolé pour cette réponse peu approfondie, j'aurais voulu mieux m'exprimer, mais bon... :oops: :mrgreen:
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Message par Strum »

Sans surprise, tu es plus indulgent que moi ! :mrgreen: Mais, comme toi, j'ai beaucoup aimé la composition de Mifune qui, à 35 ans, est crédible en terrible vieillard.
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Message par 2501 »

Gros ennui pour ma part. :?

Kurosawa tombe à mon avis dans un de ses seuls travers : ces scènes de groupe, de famille en général, interminables, dont on se demande la pertinence sur la durée (sentiment ressenti sur les Bas-fonds ou une partie de Vivre, notamment).

Peu de fulgurance dans la mise en scène, on le sent peu inspiré... Et le traitement du sujet est quand même très maladroit, difficile de s'attacher à ce personnage qui paraît vraiment fou (à ce titre, la conclusion
Spoiler (cliquez pour afficher)
"le fou est peut-être plus normal que nous" et la visite dans la chambre sont totalement contradictoires...).
Juste comme ça, pour savoir, k-chan : y'a t-il un film de Kurosawa que tu n'as pas aimé ? ou moyennement aimé disons ? :mrgreen:
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2501 a écrit :Kurosawa tombe à mon avis dans un de ses seuls travers : ces scènes de groupe, de famille en général, interminables, dont on se demande la pertinence sur la durée (sentiment ressenti sur les Bas-fonds ou une partie de Vivre, notamment).
Cela dit, j'ai trouvé les scènes de famille de Vivre dans la Peur bien plus intéressantes que les scènes de groupe des Bas-fonds, qui pour le coup est un film qui m'avait ennuyé. Sinon, il est vrai que la deuxième partie de Vivre est loin de valoir la première, qui est extraordinaire, précisément à cause de scènes de groupes trop didactiques.

De toute manière, les scènes de groupe chez Kurosawa, surtout au fur et à mesure que l'on progresse dans sa carrière ont toujours un côté aliénant, je trouve : toutes ces têtes qui se chevauchent, comme écrasées et indifférenciées, souvent sans grande profondeur de champ à partir des 7 Sept Samouraïs, donnent un sentiment d'oppression de l'individu. Et Kurosawa est un cinéaste individualiste qui croit profondément que l'action vient des d'individus et non des groupes. Il avait une vision pessimiste du groupe ; c'est du moins, ce que je perçois dans sa mise en scène. Dans Ran, par exemple, au crépuscule de sa vie, les hommes ne sont plus que des insectes, des pantins, il n'y a même plus d'individus et la mise en scène est à l'opposé de celles de l'Ange Ivre, Chien Enragé ou Rashomon où la caméra est toute proche des personnages.
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Message par 2501 »

Strum a écrit :
2501 a écrit :Kurosawa tombe à mon avis dans un de ses seuls travers : ces scènes de groupe, de famille en général, interminables, dont on se demande la pertinence sur la durée (sentiment ressenti sur les Bas-fonds ou une partie de Vivre, notamment).
Cela dit, j'ai trouvé les scènes de famille de Vivre dans la Peur bien plus intéressantes que les scènes de groupe des Bas-fonds, qui pour le coup est un film qui m'avait ennuyé. Sinon, il est vrai que la deuxième partie de Vivre est loin de valoir la première, qui est extraordinaire, précisément à cause de scènes de groupes trop didactiques.
Voilà, tu as développé ce que j'ai ressenti sur ces films : je me suis encore plus ennuyé devant les Bas-fonds (qui doit être le seul Kurosawa que je n'aime vraiment pas, qui a même provoqué un rejet total de ma part). Et pour ce qui est de Vivre, j'ai aussi toujours du mal à comprendre la dernière longue partie presque étouffante, et pour moi sans grand intérêt.
Strum a écrit :De toute manière, les scènes de groupe chez Kurosawa, surtout au fur et à mesure que l'on progresse dans sa carrière ont toujours un côté aliénant, je trouve : toutes ces têtes qui se chevauchent, comme écrasées et indifférenciées, souvent sans grande profondeur de champ à partir des 7 Sept Samouraïs, donnent un sentiment d'oppression de l'individu. Et Kurosawa est un cinéaste individualiste qui croit profondément que l'action vient des d'individus et non des groupes. Il avait une vision pessimiste du groupe ; c'est du moins, ce que je perçois dans sa mise en scène. Dans Ran, par exemple, au crépuscule de sa vie, les hommes ne sont plus que des insectes, des pantins, il n'y a même plus d'individus et la mise en scène est à l'opposé de celles de l'Ange Ivre, Chien Enragé ou Rashomon où la caméra est toute proche des personnages.
Pas sûr de suivre totalement ta réflexion. Il faudrait pour cela que je revoie son dernier film, Madadayo, où il me semble qu'elle ne s'applique pas.
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Message par Strum »

2501 a écrit :Pas sûr de suivre totalement ta réflexion. Il faudrait pour cela que je revoie son dernier film, Madadayo, où il me semble qu'elle ne s'applique pas.
Madadayo est plus serein, plus apaisé oui, une rémission à l'approche de la mort. Mais pour moi, c'est un peu l'exception qui confirme la règle. Schématiquement, ce que je disais était que je percevais dans la carrière de Kurosawa une progression du pessimisme et que cette progression avait eu un impact sur sa mise en scène (proche des personnages au début, beaucoup plus éloignée au fur et à mesure de sa carrière alors que se multiplient les plans de groupe).

Kurosawa pensait qu'on ne pouvait pas changer le système, le groupe. Il pensait qu'il fallait d'abord commencer par changer les individus. Son humanisme est lié à sa croyance en l'individu en opposition avec le groupe. Et dans la carrière de Kurosawa, je vois comme une montée du désespoir au fur et à mesure que sa caméra s'éloigne de ses personnages, comme s'il perdait (inconsciemment ou non) progressivement l'espoir qu'ils puissent finalement, individuellement et par l'action, changer quoi que ce soit. Car, comme tous les grands humanistes, il était extrêmement lucide sur le monde.

Ce n'est qu'une hypothèse, qu'une piste d'analyse, bien sûr, et c'est une réflexion que je ne me suis faite que tout récemment.
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Message par k-chan »

2501 a écrit :Juste comme ça, pour savoir, k-chan : y'a t-il un film de Kurosawa que tu n'as pas aimé ? ou moyennement aimé disons ? :mrgreen:
Très honnêtement, non. J'aime ses films sans me forcer. Il y en a un, que je trouve quand même largement inférieur au reste, c'est La légende du grand judo 2, film qui m'a tout de même plu, malgré certains aspect douteux. C'est un film que l'on pourrait oublier, et qui ne manquerait pas dans la filmographie de Kurosawa, mais bon... j'ai bien aimé, et je le reverrai avec plaisir.

Je suis toujours un peu triste de voir que Les bas-fonds est si mal aimé. J'ai du mal a comprendre. A part moi, il semble qu'il n'y ai eu qu'une personne sur le forum qui trouve ce film excellent, a savoir Harry Tuttle. C'est le 4ème film de Kurosawa que j'ai découvert, et il m'avait particulièrement enthousiasmé. J'ai eu une sorte de déclic, et c'est à la vue de ce film plutôt original que j'ai vraiment été pris de passion pour le cinéaste. (c'est avec Le château de l'araignée, qui demeure la plus gros mandale cinématographique que j'ai pris, que j'ai compris que Kurosawa était mon cinéaste préféré). Vraiment, j'adore Les bas-fonds (que j'ai du voir 3 ou 4 fois). Je ne m'ennuie pas une seconde devant ce film que je trouve drôle et touchant, autant que sombre et violent.
Personnellement, je n'ai abolument aucun soucis avec les scènes de groupes chez Kurosawa, que ce soit dans Les bas-fonds, Vivre, Les sept samouraïs, L'idiot, Dodes'kaden , Madadayo, ou Vivre dans la peur, ce dernier n'étant peut-être pas un des chefs-d'oeuvre du cinéaste, mais pour un moi un beau film. :wink:
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Message par 2501 »

J'ai découvert Les Bas-fonds sur le tard, après avoir pris plusieurs grosses mandales comme tu dis (dans l'ordre, parce que ça joue : Rashômon, Ran, et les 2 sur grand écran ! traumatisé à vie ! :D puis Les 7 samouraïs, Le Château de l'araignée et ensuite les films contemporains plus tard).

La mise en scène théâtrale et quasi-huis clos des Bas-fonds m'a rebuté. Je n'y reconnaissais pas Kurosawa. L'histoire ne m'a pas non plus franchement emballé (je ne m'en rappelle même plus d'ailleurs). Je n'ai jamais donné de seconde chance à ce film, et pour cause, le dvd z2 a une image absolument horrible qui ferait passer un enregistrement Tv sur VHS pour de la HD (bouh ces trainées de lumière que laissent les personnages derrière eux quand ils se déplacent, on se croirait devant Casper... :? ). Ca a sans doute dû jouer sur mon appréciation, mais je ne pense pas que j'aurai aimé le film sans ça.

J'ai sous la main La Légende du grand judo 2, mais aussi Je ne regrette pas ma jeunesse et Le plus beau, mais je retarde sans cesse leur vision, par peur de la déception, mais aussi car je crains le jour où j'aurai fait le tour de l'oeuvre de mon cinéaste préféré. :(

Je trouve tout de même étrange qu'absolument rien ne te déplaise chez Kurosawa... Sa carrière est longue, variée, exemplaire, et tous les superlatifs que l'on peut trouver, mais en plus de 30 films, il a eu le temps de faire des erreurs non ? Même pas une séquence ?... (comment ça je cherche la m.... ? :mrgreen: :fiou: ).
Mais tant mieux pour toi si tu le ressens comme ça sincèrement (je ne m'estime pas pour autant malchanceux, j'aimerai plus souvent avoir à trouver à redire sur seulement 2 films sur 30 dans la carrière d'un cinéaste !!). 8)
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Message par k-chan »

2501 a écrit :le dvd z2 a une image absolument horrible qui ferait passer un enregistrement Tv sur VHS pour de la HD
Je possède le dvd, mais aussi la vhs. Je préfère voir le film en vhs tellement le dvd est horrible.
2501 a écrit :J'ai sous la main La Légende du grand judo 2, mais aussi Je ne regrette pas ma jeunesse et Le plus beau, mais je retarde sans cesse leur vision, par peur de la déception, mais aussi car je crains le jour où j'aurai fait le tour de l'oeuvre de mon cinéaste préféré. :(
Je partage ce sentiment. ;)
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Message par k-chan »

2501 a écrit :Je trouve tout de même étrange qu'absolument rien ne te déplaise chez Kurosawa... Sa carrière est longue, variée, exemplaire, et tous les superlatifs que l'on peut trouver, mais en plus de 30 films, il a eu le temps de faire des erreurs non ? Même pas une séquence ?... (comment ça je cherche la m.... ? :mrgreen: :fiou: ).
Mais tant mieux pour toi si tu le ressens comme ça sincèrement (je ne m'estime pas pour autant malchanceux, j'aimerai plus souvent avoir à trouver à redire sur seulement 2 films sur 30 dans la carrière d'un cinéaste !!). 8)
Je vois les choses simplement.

Si certains films sont parfois mal aimé, j'ai quand même pu lire des avis anthousiastes concernant tous les films de sa filmographie (hormis La légende du grand judo 2 justement), des plus célèbres évidement (Les 7 samouraïs, Vivre, Barberousse, Ran...), aux plus méconnus (Un merveilleux dimanche, Vivre dans la peur, Duel Silencieux...). Et si je compte tous les films de Kurosawa que j'ai déjà vu qualifiés de "chefs-d'oeuvre" par ci par là, ne serait-ce qu'une fois, on arrive facilement à 20 films sur 30. (sans compter les "excellents" ou les "très bons").
Mais si moi même je cite 20 films de Kurosawa en disant : "chef-d'oeuvre", on va dire que je ne suis pas raisonnable.


Est-ce étrange qu'untel aime Le plus beau (comme Kinoshita, dont c'était le film de Kurosawa qu'il préférait) ?
Est-ce étrange qu'untel aime Les hommes qui marchent sur la queue du tigre (comme Michael Powell) ?
Est-ce étrange qu'untel aime Madadayo (comme Scorsese qui le considère à la hauteur du meilleur de la filmo de Kurosawa) ?
Est-ce étrange qu'untel aime Vivre dans la peur (comme Teruyo Nogami) ?
Est-ce étrange qu'untel aime Scandale (comme Nicholas Saada qui le trouve magnifique) ?
Est-ce étrange qu'untel aime Les bas-fonds (comme Aldo Tassone qui y voit un chef-d'oeuvre) ?
La même question pour chacun des films de Kurosawa. La réponse est très certainement : non.

Mais si c'est une seule et même personne qui aime tous ses films (en l'occurence, moi), cela parait étrange. Ce que je ne comprends pas. Il faudrait que je dise : "effectivement, ces 2-3 films là ne me plaisent pas" pour paraître raisonnable.


Alors comme je l'ai dit, La légende du grand judo 2 n'est pas un grand film (à mon avis). Certaines scènes sont même un peu déplaisantes à mon goût. Ca va, c'est déjà ça. :mrgreen:

Je me rappelle d'une remarque que m'a fait Harry Tuttle une fois. Un truc du genre : "oui mais pour toi, tous les films de Kurosawa sont des chefs-d'oeuvre :roll: "
Je ne considère pas non plus tout ses films comme des chefs-d'oeuvre ( :roll: )... et tous ses films ne sont pas parfaits à mes yeux, mais à mon humble avis, hormis un film de commande un peu faible, il n'a jamais fait de faux pas dans sa carrière (sur les 27 films que j'ai vu, en tout cas).
Après, chacun est libre d'aimer ou de destester tel où tel film, ce n'est pas moi qui lui jetterai la pierre.



Voilà ! :D :oops:
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Faut pas le chercher le k-chan ! :lol: :wink:

k-chan a écrit :Est-ce étrange qu'untel aime Vivre dans la peur (comme Teruyo Nogami) ?
Je ne connais pas ce monsieur. Un homme de peu de goût, sans doute. :uhuh: :wink:

Le ton est tout à fait cordial, mais j'ai l'impression que tu as peut-être mal pris ma remarque, vu comme tu détailles ta réponse... J'espère que ça n'est pas le cas. Je m'interrogeai, c'est tout.
k-chan a écrit :Et si je compte tous les films de Kurosawa que j'ai déjà vu qualifiés de "chefs-d'oeuvre" par ci par là, ne serait-ce qu'une fois, on arrive facilement à 20 films sur 30. (sans compter les "excellents" ou les "très bons")
C'est ce que je constate, et pense, aussi :wink: (et ce qui ne cesse de me sidérer).
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