Yojimbo & Sanjuro (Akira Kurosawa - 1961 ; 1962)
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Yojimbo & Sanjuro (Akira Kurosawa - 1961 ; 1962)
Voici chroniqués les deux célèbres films de Kurosawa mettant en scène le Ronin interprété par le fidèle Toshiro Mifune.
Sont testées ici les nouvelles éditions Opening et Wild Side.
Yojimbo & Sanjuro
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Je ne suis pas d'accord avec la chronique pour dire que le héros de Kurosawa est cynique. En effet il ne croit plus tellement aux idéaux de samourai, mais il choisit son camp en fonction de ses valeurs morales. S'il était vraiment cynique il se contenterait de choisir celui qui paye le plus.
Sinon, ma préférence va à Yojimbo, et de loin. Dans celui-ci, Kurosawa gère son espace avec maestria, avec la minutie d'un stratège(comme signalé dans la chronique, ce n'est pas pour rien qu'il donne à son personnage le temps d'observer sans agir). Chaque coin devient ainsi une cachette potentielle, peut servir à élaborer une stratégie d'attaque, et si l'on ajoute des scènes de combat brèves mais fulgurantes ainsi que des passages d'une grande beauté, qui crèvent l'écran(les apparitions de la superbe captive, Mifune en spectre, le ruisseau près du sanctuaire...), et un méchant charismatique bien campé par Nakadai, on obtient un film d'action jubilatoire, un des meilleurs que j'ai pu voir, et donc forcément un de mes Kurosawa préférés.
Sanjuro m'a quant à lui plutôt déçu. Je l'ai trouvé assez mou, j'ai par moments eu l'impression d'assister à du théatre filmé, et sa morale sur la non-violence n'est pas présentée avec une grande finesse à mon avis. C'est un des Kurosawa que j'aime le moins.
Sinon, ma préférence va à Yojimbo, et de loin. Dans celui-ci, Kurosawa gère son espace avec maestria, avec la minutie d'un stratège(comme signalé dans la chronique, ce n'est pas pour rien qu'il donne à son personnage le temps d'observer sans agir). Chaque coin devient ainsi une cachette potentielle, peut servir à élaborer une stratégie d'attaque, et si l'on ajoute des scènes de combat brèves mais fulgurantes ainsi que des passages d'une grande beauté, qui crèvent l'écran(les apparitions de la superbe captive, Mifune en spectre, le ruisseau près du sanctuaire...), et un méchant charismatique bien campé par Nakadai, on obtient un film d'action jubilatoire, un des meilleurs que j'ai pu voir, et donc forcément un de mes Kurosawa préférés.
Sanjuro m'a quant à lui plutôt déçu. Je l'ai trouvé assez mou, j'ai par moments eu l'impression d'assister à du théatre filmé, et sa morale sur la non-violence n'est pas présentée avec une grande finesse à mon avis. C'est un des Kurosawa que j'aime le moins.
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Yojimbo est merveilleusement filmé, mais j'ai du mal à y reconnaitre l'esprit habituel des films de Kurosawa. A noter qu'au final, après leur remake clandestin du film, Leone et ses scénaristes seront condamnés pour plagiait par un tribunal italien.
Je préfère donc aussi Sanjuro, un films à la fois fin et drôle, sans compter un duel final formidable par sa soudaineté entre Mifune et Nakadaï.
Je préfère donc aussi Sanjuro, un films à la fois fin et drôle, sans compter un duel final formidable par sa soudaineté entre Mifune et Nakadaï.
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Le cynisme affiché du personnage au début du film, son côté désabusé, le thème de la vengeance, tout cela est assez rare chez Kurosawa, surtout qu'il n'y a pas de personnage antagoniste et ouvertement humaniste qui pourrait contre-balancer l'attitude défiante de Sanjuro face à la morale (c'est souvent Shimura qui jouait ce personnage avant). En général, quand il s'attaque à la question du mal dans le monde ou de l'absence de bien, Kurosawa le fait par le biais d'une approche proche du fantastique, du cauchemar (Chateau de l'Araignée, Ran, Dodeskaden) ou alors le fait seulement indirectement dans le cadre d'un commentaire politique et social (ses polars) où on trouve toujours un personnage ouvertement bon. Mais dans Yojimbo, on est en plein réalisme avec un regard froid et distancié du cinéaste et un personnage ouvertement cynique. C'est ainsi le premier film de Kurosawa qui soit d'une telle violence. Cela donne un film d'action fort efficace mais un peu sec de ton. Il est d'ailleurs singulier que Leone ait pu s'inspirer de Kurosawa pour créer son propre style tant Leone et Kurosawa sont des cinéastes différents. Cela était possible justement parce que Yojimbo est un film singulier chez Kurosawa. Ce cynisme s'atténue complètement dans Sanjuro, qui est un film profondément moral.Philip Marlowe a écrit :C'est à dire?
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Il te faudrait peut être le revoir, parce que comme je l'ai dit plus haut (et je l'ai vu assez récemment pour m'en souvenir), le cynisme de Toshiro Mifune se révèle au fur et à mesure n'être qu'une façade, puisqu'il choisit son camp en fonction de ses valeurs morales après avoir longtemps observé les belligérants, et qu'il fonce tête baissée pour délivrer la prisonnière(qu'est-ce qu'elle est belle ). La chronique affirme que les coups qu'il se prend après sont une marque de cruauté de Kurosawa, je n'y vois personnellement qu'un souci de cohérence scénaristique.Strum a écrit :Le cynisme affiché du personnage au début du film, son côté désabusé, le thème de la vengeance, tout cela est assez rare chez Kurosawa, surtout qu'il n'y a pas de personnage antagoniste et ouvertement humaniste qui pourrait contre-balancer l'attitude défiante de Sanjuro face à la morale (c'est souvent Shimura qui jouait ce personnage avant). En général, quand il s'attaque à la question du mal dans le monde ou de l'absence de bien, Kurosawa le fait par le biais d'une approche proche du fantastique, du cauchemar (Chateau de l'Araignée, Ran, Dodeskaden) ou alors le fait seulement indirectement dans le cadre d'un commentaire politique et social (ses polars) où on trouve toujours un personnage ouvertement bon. Mais dans Yojimbo, on est en plein réalisme avec un regard froid et distancié du cinéaste et un personnage ouvertement cynique. C'est ainsi le premier film de Kurosawa qui soit d'une telle violence. Cela donne un film d'action fort efficace mais un peu sec de ton. Il est d'ailleurs singulier que Leone ait pu s'inspirer de Kurosawa pour créer son propre style tant Leone et Kurosawa sont des cinéastes différents. Cela était possible justement parce que Yojimbo est un film singulier chez Kurosawa. Ce cynisme s'atténue complètement dans Sanjuro, qui est un film profondément moral.Philip Marlowe a écrit :C'est à dire?
- Jack Griffin
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Le film ne met il justement pas tout le monde dans le même panier ? Sanjuro confronte lui aussi deux groupes qui s'opposent mais l'un des deux (celui du côté du gouverneur) nous est présenté comme bon (même si inexpérimenté).Philip Marlowe a écrit : Il te faudrait peut être le revoir, parce que comme je l'ai dit plus haut (et je l'ai vu assez récemment pour m'en souvenir), le cynisme de Toshiro Mifune se révèle au fur et à mesure n'être qu'une façade, puisqu'il choisit son camp en fonction de ses valeurs morales après avoir longtemps observé les belligérants, .
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Peut-être, mais ce n'est à mon sens pas à son désavantage d'être moins manichéen. Ce que je disais est que le personnage de Mifune n'est pas cynique, que sous ses apparences il est bien kurosawaien.Jack Griffin a écrit :Le film ne met il justement pas tout le monde dans le même panier ? Sanjuro confronte lui aussi deux groupes qui s'opposent mais l'un des deux (celui du côté du gouverneur) nous est présenté comme bon (même si inexpérimenté).Philip Marlowe a écrit : Il te faudrait peut être le revoir, parce que comme je l'ai dit plus haut (et je l'ai vu assez récemment pour m'en souvenir), le cynisme de Toshiro Mifune se révèle au fur et à mesure n'être qu'une façade, puisqu'il choisit son camp en fonction de ses valeurs morales après avoir longtemps observé les belligérants, .
- Jack Griffin
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Disons qu'il y a une différence entre le "préparez trois cercueils" de Yojimbo et le sentiment de honte après les actes de violence dans Sanjuro. C'est là où se situerait le cynisme du premier volet.Philip Marlowe a écrit : Peut-être, mais ce n'est à mon sens pas à son désavantage d'être moins manichéen. Ce que je disais est que le personnage de Mifune n'est pas cynique, que sous ses apparences il est bien kurosawaien.
- k-chan
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Mou ? Essaye de le revoir.Philip Marlowe a écrit :Sanjuro m'a quant à lui plutôt déçu. Je l'ai trouvé assez mou, j'ai par moments eu l'impression d'assister à du théatre filmé, et sa morale sur la non-violence n'est pas présentée avec une grande finesse à mon avis. C'est un des Kurosawa que j'aime le moins.
En ce qui me concerne c'est un des Kurosawa que je revois le plus facilement (j'ai du le voir 5 ou 6 fois).
Ah ? C'est assez rare.Simone Choule a écrit :Sinon, Sanjuro est mon Kurosawa préféré.
J'adore ces 2 films (Ben oui ) ! Mise en scène, intrigues, dialogues, musiques (Morricone n'a pas été insensible au travail de Masaru Satô, qu'on ne me dise pas que c'est faux) et interpréation (extraordinaire Mifune)... tout est brillant. Et ce personnage, Sanjurô, est génial !
Une chose qui est drôle, c'est que Kurosawa a écrit le scénario de Sanjuro avant celui de Yojimbo, et le ronin était alors décrit comme n'étant pas un très grand sabreur, mais réussissant à s'en tirer face à ses ennemis grâce à son intelligence. Mais avec le succès de Yojimbo, les producteur de la Toho ont désiré une suite avec un Sanjurô encore plus fort ( ), et ça a donné Tsubaki Sanjuro.
Yojimbo semble faire partie des films dont Kurosawa était fier. En tout cas, ce dyptique prouve une fois de plus la considérable influence de l'Empereur dans le monde du cinéma.
Au fait, qui est Mr Suzanne ? Un forumeur ?