Preston Sturges (1898-1959)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

CHRISTMAS IN JULY (1940)

Grosse surprise. "Grosse surprise" parce que c'est peut-être le 4e ou 5e film de Preston Sturges que je vois et c'est le premier à vraiment m'avoir captivé, intéressé, touché. C'est court, concis, et c'est surtout un très bon exemple de scénario à priori léger qui est ponctué régulièrement de petites piques, critiqes sociales et réflexions, sur la place de l'individu dans l'entreprise, ou bien sur le capitalisme, l'argent, etc.
Tous les personnages sont bien croqués et leur rendu comique est bien exploité (il faut voir les comportements des différents patrons).
J'ai passé un très bon moment.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
bogart
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Re: Notez les films de mai 2008

Message par bogart »

Madame et ses flirts de Preston Sturges (1942) DVD Bac Vidéo
Avec Joel McCrea, Claudette Colbert



Je découvre un peu mieux chaque jour ce réalisateur qui après m'avoir séduit par Les Voyages de Sullivan; Infidèlement vôtre; démontre tout son talent de conteur dans cette comédie au rythme endiablée pourvue de dialogues savoureux. La séquence du train est hilarante, et se rapproche sans tomber dans la caricature des meilleurs moments de folie des frères "Marx Brothers ".
Enfin ce qui ne gâche rien les seconds rôles assistent brillamment le couple McCrea & Colbert.
Dernière modification par bogart le 10 mai 08, 10:31, modifié 1 fois.
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Alligator
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par Alligator »

The Great McGinty (Preston Sturges, 1940) :

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Le premier Preston Sturges, oscar du meilleur scénario. Surtout un Sturges beaucoup moins trépidant que par la suite, beaucoup plus orienté ici vers les comédies morales, avec une peinture noire de la politique américaine, corrompue par les cyniques barons de la pègre. Il y a sans doute du Capra dans ce scénario, un Capra à l'envers, renversé par le personnage principal, malhonnête qui se perd dans l'honnêteté.
Le portrait par le menu d'un politicien magouilleur m'a fait penser également au Topaze de Pagnol sans le jeu final, en contraste appuyé, du cinéaste d'Aubagne.

Le rythme a quelque chose de nonchalant presque. Etonnant connaissant la marque de fabrique du cinéaste plus tard. Film échauffement. Etirement. Prêts? Partez!
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Profondo Rosso
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par Profondo Rosso »

Lady Eve (1941)

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Assez décevant, pour l'instant le moins bon Preston Sturges que j'ai vu. Henry Fonda est un chasseur de serpent et héritier un peu naïf qui au retour d'une expédition va tomber entre les mains d'une arnaqueuse incarné par la troublante Barbara Stanwick. Afin d'amener le basculement et le jeu sur les identités et la personnalité de la 2e partie, Sturges bacle un peu la première avec un couple qui tombe un peu trop rapidement amoureux et une Barbara Stanwick qui retrouve un peu trop vite le droit chemin par amour (c'était bien mieux amené dans "Ball of Fire" de Hawks dans un registre voisin). La 2e partie est nettement plus amusante avec Barbara Stanwick qui en fait des tonnes en se faisant passer pour une aristocrate anglaise et un Henry Fonda (assez agaçant d'innocence et de naïveté à la longue) particulièrement empoté qui multiplie les chutes et les gaffe en tout genre. La conclusion fait assez baclé également, sympathique mais on est loin des grands Sturges. 4/6
Alligator
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par Alligator »

Christmas in July (Le gros lot) (Preston Sturges, 1940) :

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Deuxième film de Preston Sturges, à l'animation un peu plus dynamique que son précédent. Film il est vrai beaucoup plus court, un peu plus d'une heure seulement qui nous présente une fable sur la valeur du travail, de l'ambition et de leur confrontation avec la dure réalité. Il y a encore une fois une parenté évidente avec le moralisme de Capra. La thématique sur le mérite, sur la récompense se répète.

Le comique provient déjà de la rapidité de l'enchaînement des situations et du ping-pong vocal, de la fulgurance des répliques.
Mais l'on sent que Sturges fait des gammes, s'entraîne et ne donne pas sa pleine mesure.

Un film à voir pour les acteurs : le numéro d'acteur de Raymond Walburn vaut à lui seul le coup d'oeil et que dire de la face d'ange (et démon caché, grouaaaar) d'Ellen Drew, enivrante.

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Dernière modification par Alligator le 12 juin 08, 12:27, modifié 1 fois.
Alligator
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par Alligator »

Hail the Conquering Hero (Héros d'occasion) (Preston Sturges, 1944) :

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Après avoir découvert ses deux premiers films plutôt pépères dans le rythme, je retrouve ici la trépidante course contre la montre et la respiration saccadée de Sturges. Le film est un boulet de canon incroyable, rares sont les moments qui permettent au héros comme au spectateur de reprendre leur souffle. La machine que met en place le scénairo est implacable et fonctionne à plein régime. Rapide, échevelée.

C'est à peine si l'on a le temps de se rendre compte qu'Eddie Bracken est une erreur de casting. Sa face d'enfant puéril pouvait émouvoir dans les chaumières américaines en pleine guerre, quand les marmots sont au front, mais maintenant l'on ne voit plus qu'un acteur médiocre au jeu morne et plat.
Ella Raines a l'avantage de posséder une belle frimousse. Dommage qu'à l'heure de verser la larmichette, elle étale beaucoup trop les limites de son talent d'actrice.

Sinon quel plaisir immense de retrouver ses bouilles et ses acteurs secondaires, la troupe Sturges au grand complet : Raymond Walburn, excellent, William Demarest, impeccable, Harry Hayden ou Franklin Pangborn et j'en passe qui n'en finissent pas de donner une effervescence jubilatoire à ce film.
Alligator
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par Alligator »

The Great Moment (Preston Sturges, 1944) :

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Sturges est un indéniable grand de la comédie américaine et l'on devrait s'en tenir là. Ici il se lance dans une biographie piètrement intéressante. Je me suis prodigieusement fait chier à attendre un film qui n'est jamais arrivé.

Même Demarest, acteur fétiche de Sturges et pour qui j'éprouve une bonhomme sympathie, n'atteint pas non plus les sommets habituels; son comique de répétition ne touche pas son but et finit par lasser.

Regarder un Sturges en espérant vivement la fin est une expérience plus que navrante, une déception qui rend un dimanche amer.
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par bruce randylan »

Christmas in July ( 1940 )
une jolie comédie qui demeure très attachante avec des personnages qui émeuvent parce qu'ils sont écrits avec soin et réalisme. Le contenu social est présent juste ce qu'il faut pour donner du poids à leurs (més)aventures. C'est drôle pour la raison simple que le film s'inscrit dans le quotidien avec ses désillusions, ses espoirs, les amis qui font de mauvaises blagues, des grands patrons qui ne comprennent rien au marketing, des directeurs qui peuvent être compréhensifs et humains.
Ce respect pour ses personnages fait de Sturges un merveilleux directeur d'acteur qui a suffisamment d'intelligence pour ne jamais sombrer dans la facilités, le manichéisme ou le happy-end... Rien n'est dit à la fin que Dick Powell parvienne à réussir son nouveau poste. Mais le propos du cinéaste est surtout dans l'opportunité qu'il faut offrir aux gens pour qu'ils puissent avoir une chance de montrer sleur capacités et prendre conscience de leur valeur.
Christmas in july est une comédie fraîche qui sait parfaitement jouer sur des informations "hitchcockienne" ( nous savons ce que le couple ignore sur la validité du ticket ) pour souffler l'émotion avec un rire intelligent.
Et vu la durée du film ( 68 minutes ) Sturges se montre un narrateur hors pair avec un sens du rythme indémodable.
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par AtCloseRange »

Je plussoie bruce, ce Christmas in July est une réussite supplémentaire de Preston Sturges. Pour l'instant après 4 films (dont Lady Eve, The Great McGinty et The Palm Beach Story), je ne trouve rien à jeter chez ce cinéaste.
Le scénario est un modèle de concision et d'efficacité. Pas un gramme de gras dans ce film merveilleusement interprété (Raymond Walburn est proche du sublime), dialogué (même si j'avoue avoir eu du mal avec les sous-titres anglais du Z2 UK, je n'en prendrais que davantage de plaisir à la révision) et avec ce ton si particulier chez Sturges, mélange de slapstick, de conscience sociale et de tendresse mais sans pathos (un des péchés de Capra même si ces défenseurs vont sûrement le nier).
Sturges pourrait bien devenir mon cinéaste américain de comédie préféré.
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par angel with dirty face »

AtCloseRange a écrit :Je plussoie bruce, ce Christmas in July est une réussite supplémentaire de Preston Sturges.
+ 1... J'adore! Et Dick Powell est vraiment très bon dans cette comédie.
Nestor Almendros
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par Nestor Almendros »

Jack Sullivan (le 8 septembre 2005) a écrit :Lady Eve (The lady Eve) - Preston Sturges (1941)

Une délicieuse embrouilleuse tombe amoureuse d'un jeune héritier maladroit et naïf. Elle sera obligée d'inventer les stratagèmes les plus échevelés pour le conquérir et le garder. Barbara Stanwyck est étourdissante dans cette comédie, et Henry Fonda n'a besoin que d'écarquiller les yeux pour prendre un air parfaitement ahuri. Se sirote comme une coupe de champagne, avec les mêmes effets euphorisants. 9/10
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par bruce randylan »

The lady Eve / un coeur pris au piège ( 1941 )

Plutot moyenne cette comédie romantique de Sturges qui a été plus inspiré et surtout plus dynamique.
Le rythme est trop calme et si l'on fait fi de quelques bon mots, on a finallement peu d'occasion de rire voire même de sourire. Les quelques gags offert ne sont d'ailleurs pas très originaux ( des running gags de chutes principalement ) et il ne font pas compter sur Henry Fonda peu à l'aise dans la comédie ( et au personnage trop niais ) pour nous faire oublier ses défauts.
Barbara Stanwyck est beaucoup plus crédible et touchante ( joli moment où elle découvre la photo qui révèle sa vraie identité ) mais là aussi son personnage change trop brutalement et trop régulièrement d'état d'âmes pour que le dénouement soit satisfaisant.

Trop mou pour être une screwball comedy, pas assez spirituel pour être une comédie sophistiquée à la Lubitsch, The lady Eve est tout juste plaisant mais ne décolle jamais malgré quelques bons moments ( la partie de carte où le père et la fille triche l'un contre l'autre, le jeu de Stanwyck qui s'amuse à faire la liste de ses amants à un Henry Fonda attéré pendant que le train qui les transporte enchaîne les passages sous les tunnels, le père de Henry Fonda ).
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par Ann Harding »

The Power and the Glory (Thomas Garner, 1933) de William K. Howard avec Spencer Tracy et Colleen Moore.
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Après sa mort, Henry (Ralph Morgan) se souvient de son patron, le redouté magnat des chemins de fer, Thomas Garner (S. Tracy). Il fut son ami d'enfance et ce fut lui qui lui présenta sa première femme Sally (C. Moore)...

Ce film a été réalisé par William K. Howard sur un scénario original de Preston Sturges. Il s'agit de son premier scénario et il en était extrêment fier. Le récit en flash-backs complexes pour l'époque fait évidemment penser à Citizen Kane. Mais, le film a été réalisé 8 ans avant celui d'Orson Welles. Le producteur de la Fox avait fait toute une campagne publicitaire sur le thème du 'Narratage' (une combinaison de Narrative et Montage) utilisé par le réalisateur. On ne reconnait pas beaucouq l'humour de Sturges dans ce film qui est très sérieux. Pourtant, le film a respecté à la lettre le script de Sturges. Tracy est comme toujours très à l'aise en magnat après avoir été un misérable cheminot illettré. Colleen Moore dont la carrière marquait le pas de puis l'arrivée du parlant est également excellente. La cinématographie signée James Wong Howe est très soignée avec des plans de grande profondeur de champ. On ne peut pas crier au chef d’œuvre ; mais, c’est un film qu’il faut visiter ne serait-ce que pour l’ébauche d’un futur Citizen Kane qu’il présente.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Avril 2009

Message par Profondo Rosso »

The Palm Beach Story de Preston Sturges (1942)

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La belle Gerry Jeffers constate que Tom et elle, cinq ans après leur mariage, ne sont pas loin de la faillite - financière du moins, car ils s'aiment encore. Que faire pour aider son mari, un inventeur dont les projets laissent perplexes les financiers ? L'argent, tout est là ! Elle le comprend encore mieux quand le Roi de la Saucisse, petit vieux charmant et dur d'oreille qu'elle croise par hasard, lui donne une liasse de dollars.
Elle propose à Tom d'user de sa silhouette pour rabattre le milliardaire qui débloquerait la situation. Pas question, dit-il ! Elle passe outre, préfère une séparation temporaire et part pour la Floride, paradis des riches. Le voyage en train est mouvementé : elle est en effet devenue la mascotte du club de la Bière et de la Caille. Un groupe de chasseurs bénéficiant d'un wagon spécial, avec chiens et fusils, prêts à tous les excès, surtout quand ils ont bu.


Un pitch de départ à la fois rétrograde (la femme se sentant inutile car étant une piètre maîtresse de maison) et faisant preuve d'ouverture (la femme décidant de prendre les choses en main en jouant de ses charmes) pour un Sturges sympathique mais tout de même loin de ses meilleurs films. La première partie est néanmoins excellente avec sa séquence de mariage effrénée (avec un petit mystère qui ne sera résolu qu'à la toute fin) et la superbe idée visuelle pour la transition quelques années plus tard sur le couple minés par les infortunes financière. Claudette Colbert est absolument adorable en femme coupable prête à tout pour aider son mari, ce dernier parfaitement joué par Joel Mc Rea plus bourru mais sensible seules les difficultés de la vie semblent à même de les séparer mais on ne doute jamais de leurs amour (et une jolie idée de déboutonnage de robe pour refaire naître la passion). Le début est donc très plaisant et speedé entre la petite course poursuite entre le couple, Mc Rea cherchant à rattrapper sa femme en route pour Palm Beach afin de divorcer. Les mésaventures de cette dernière sont très drôle notamment un passage épique (on croirait le sketch des inconnus :mrgreen: ) où elle se retrouve coincée dans un wagon avec un club de chasseurs alcooliques sur les bord et maniaque de la gachette, séquence énorme qui culmine lorsque les chasseur décident carrément d'organiser une battue avec chien à même le train. Ca retombe malheureusement un peu ensuite avec l'arrivée du prétendant milliardaire joué par Rudy Vallee, trop sympathique pour créer un réel antagonisme avec Mc Rea et les quelques quiproquos amenés ensuite sont plaisant mais lon d'être mémorable. Ca se suit tout de même avec plaisir et sans ennui et aucun doute que le reste du coffret regorge de perles plus convaincante. 4/6
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Re: Preston Sturges (1898-1959)

Message par AtCloseRange »

Profondo Rosso a écrit :The Palm Beach Story de Preston Sturges (1942)
Et la géniale Mary Astor et Sid Arno en Toto?
C'est quand même ce qu'il y a de plus drôle dans le film avec cette méomorable battue dans le train.
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