Otto Preminger (1905-1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Federico »

Le dernier numéro de Mauvais genres est entièrement consacré à Herr Otto. :D

Et retour sur Preminger en seconde partie de l'émission Projection privée.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99628
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Jeremy Fox »

Ambre vient de sortir en DVD et en BR chez Sidonis.
Avatar de l’utilisateur
locktal
Assistant opérateur
Messages : 2474
Inscription : 19 mars 11, 01:03
Liste DVD
Localisation : Dijon

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par locktal »

Jeremy Fox a écrit :Ambre vient de sortir en DVD et en BR chez Sidonis.
Merci pour le test ! Par contre, seul le DVD semble avoir été testé ! Quid du Blu-ray ?
"Vouloir le bonheur, c’est déjà un peu le bonheur"
daniel gregg
Producteur Exécutif
Messages : 7030
Inscription : 23 févr. 04, 23:31

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par daniel gregg »

locktal a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Ambre vient de sortir en DVD et en BR chez Sidonis.
Merci pour le test ! Par contre, seul le DVD semble avoir été testé ! Quid du Blu-ray ?
Geoffrey avait fait des captures ICI. :wink:
Avatar de l’utilisateur
locktal
Assistant opérateur
Messages : 2474
Inscription : 19 mars 11, 01:03
Liste DVD
Localisation : Dijon

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par locktal »

daniel gregg a écrit :
locktal a écrit : Merci pour le test ! Par contre, seul le DVD semble avoir été testé ! Quid du Blu-ray ?
Geoffrey avait fait des captures ICI. :wink:
Merci :wink:
"Vouloir le bonheur, c’est déjà un peu le bonheur"
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Federico »

Analyse de trois séquences tirées de films de Preminger par Nicolas Saada :

Laura

L'homme au bras d'or

Autopsie d'un meurtre

Sur ce dernier, j'ai cru que Saada poussait un peu le bouchon en décrétant que Preminger avait lancé la carrière des trois jeunes comédiens Lee Remick, Ben Gazzara et George C. Scott. Enfin, c'est surtout à propos de ce dernier que ça me semblait un peu gros... et je me suis rendu compte qu'il débutait vraiment au cinéma en 1959* aussi étonnant que cela paraisse (on a peine à croire qu'il n'a que 32 ans même si c'est un début tardif). Par contre, Lee Remick et ses yeux sublimes avaient tout de même crevé l'écran 2 ans plus tôt chez Kazan (Un homme dans la foule) et entre-temps chez Martin Ritt (Les feux de l'été). Gazzara avait lui aussi déjà tourné en 1957 mais dans un film qui n'a pas la même notoriété et personnellement ne me dit rien (Demain ce seront des hommes de Jack Garfein).

(*) Avec aussi à son actif La Colline des potences de Delmer Daves.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
André Jurieux
Assistant(e) machine à café
Messages : 262
Inscription : 13 mai 11, 20:43

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par André Jurieux »

Federico a écrit :Analyse de trois séquences tirées de films de Preminger par Nicolas Saada :

Laura

L'homme au bras d'or

Autopsie d'un meurtre

Sur ce dernier, j'ai cru que Saada poussait un peu le bouchon en décrétant que Preminger avait lancé la carrière des trois jeunes comédiens Lee Remick, Ben Gazzara et George C. Scott. Enfin, c'est surtout à propos de ce dernier que ça me semblait un peu gros... et je me suis rendu compte qu'il débutait vraiment au cinéma en 1959* aussi étonnant que cela paraisse (on a peine à croire qu'il n'a que 32 ans même si c'est un début tardif). Par contre, Lee Remick et ses yeux sublimes avaient tout de même crevé l'écran 2 ans plus tôt chez Kazan (Un homme dans la foule) et entre-temps chez Martin Ritt (Les feux de l'été). Gazzara avait lui aussi déjà tourné en 1957 mais dans un film qui n'a pas la même notoriété et personnellement ne me dit rien (Demain ce seront des hommes de Jack Garfein).

(*) Avec aussi à son actif La Colline des potences de Delmer Daves.
Gonflé Saada !
Lee Remick avait aussi joué auparavant dans un bon western de Richard Fleischer, Duel dans la boue, dans lequel elle tient le premier rôle féminin. Sûr, c'est pas "Un homme dans la foule"...mais au moins on ne l'a voit pas en majorette.
Sans rire, ce Kazan est exceptionnel et Andy Griffith, disparu tout récemment, l'est tout autant.

Quant à Jack Garfein, à une époque il avait été justement proche de Kazan. Il a même du enseigner à l'Actor Studio. C'était surtout un homme de théâtre mais il a réalisé 2 films mythiques, tout a la fois très admirés et très controversés par l'audace de leurs sujets.
Le premier c'est "Demain ce seront des hommes", film sans concessions sur l'univers des écoles militaires américaines. Coup de bol, c'est paru en DVD aux USA avec VF et VOST. Edité par Columbia. Titre original "The strange one". Achat indispensable !
Par contre le second, aussi controversé que le premier, qui lui a valu autant d'emmerdements et qui a même précipité la fin de sa carrière au cinéma est presque invisible. çà s'appelle "Au bout de la nuit/Something wild". Je ne l'ai jamais vu.
Davebannion
Stagiaire
Messages : 1
Inscription : 20 oct. 12, 14:07

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Davebannion »

Je suis tombé par hasard sur votre discussion et vous avez tous deux raison sur Lee Remick, mais en même temps, elle explose vraiment dans ANATOMY. Quant au film de Garfein, je l'aime bien, mais Ben Gazzara a eu une très grande exposition grâce à Preminger. L'intuition d'Otto est de réunir tous ces talents devant une star de la "vieille école". En cela AUTOPSIE... est quand même un tournant!
A bientôt, et désolé d'avoir semblé un peu "gonflé".
Nicolas Saada
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Federico »

Sympa, cette intervention et bravo pour le pseudo. :wink:
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
André Jurieux
Assistant(e) machine à café
Messages : 262
Inscription : 13 mai 11, 20:43

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par André Jurieux »

Federico a écrit :Sympa, cette intervention et bravo pour le pseudo. :wink:
OUI, sympa et juste car même si on avait quand même un peu raison, il est vrai que l'insuccès du film de Garfein quelque soit sa qualité qui est reconnu
aujourd'hui, le vrai départ pour ces jeunots a sans doute été de travailler sous la direction d'un metteur en scène très prestigieux et auprès d'un des
plus grands comédiens américains, cela a du être perçu comme çà par le public et la profession.

Dave Bannion, j'en connais un autre dans le "Grand Nord". Il a trouvé un copain Olivier...
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Alligator »

Image

http://alligatographe.blogspot.fr/2012/ ... rilyn.html

River of No Return (La rivière sans retour) (Otto Preminger, 1954)

Sauvagerie chaude et humide, cette aventure allie quelques extravagances à certaines certitudes. Elle donne au public un mélange curieux, entre l'hommage humble à la nature toute puissante et le regard fasciné, un brin salace par moments, dès qu'il s'agit de tourmenter l'icône Marilyn, autre "nature" à dompter.

Car c'est bel et bien sur cette thématique que porte le film : la lutte, le combat dans toutes ses acceptions : celle de l'homme contre la nature sauvage, celle de la civilisation qui cherche à s'imposer face à l'environnement désordonné, ou celle de l'homme face à sa propre animalité, celle du bien et du mal, celle du chasseur face à son gibier ou bien encore celle de l'homme face à la femme-objet.

La rivière se révèle aussi difficile à mater que la bête qui sommeille en nous, prête à bondir et nous faire perdre tout ce que la civilisation s'est acharnée à construire, siècle après siècle, morale après morale, pensée après pensée, loi après loi, tout ce que la vie en communauté a voulu éroder de violent en chacun de nous. Finalement, les périls auxquels sont exposés les héros viennent autant des indiens vengeurs, traces éloignées de ces peuplades hostiles qui hantent les pires cauchemars des conquérants européens, que des rapides, miroirs des pulsions humaines, bouleversants, tourmentés, foutus remue-méninges, machines à laver les egos qui dépassent, à la rudesse aussi neutre qu'implacable. Le danger se révèle autant dans les rencontres malvenues du hasard, celles qui voient se ramener les mauvais garçons, les routards à la gâchette aussi faciles que la braguette, comme dans le cynisme égoïste d'un bellâtre, vénal, capable de risquer la vie d'autrui pour le pognon.

Tout est là : Marilyn Monroe essaie par amour et compréhension aveugle de sauver son magouillard d'amant face à la froide et déterminée vengeance qui nourrit la figure inflexible du pionnier Robert Mitchum, droit dans ses santiags et décidé d'appliquer la loi tout américaine de l'Ouest, celle des bras aux manches retroussées par le dur labeur contre la chemise en flanelle pleine de cartes de poker et de dés pipés. S'affrontent ici l'Ouest chrétien encore jeune, neuf, à la simplicité virginale, où la loi du Talion règne, admise faute de mieux et l'Est, toujours de plus en plus européanisé, embourgeoisé. La rudesse du paysan face à l'âpreté au gain du marchand ou du capitaliste.

Le héros joué par Mitchum est à l'image de l'Américain des premiers temps, le mythologique, celui qui pousse la charrue et plante son maïs, son fusil en bandoulière pour chasser les intrus à plumes. Ses valeurs s'appuient sur les deux Testaments, on prie les morts et le Seigneur, le père adore son fils d'un amour viril et peu démonstratif, où une main passée énergiquement dans les cheveux du gamin suffit à combler de reconnaissance ce dernier.

Si tant est que le père demeure l'incarnation du héros, homme courageux, droit, fort et toujours juste. Quand le môme apprend que son paternel a fait de la tôle pour avoir tiré sur un homme dans le dos, c'est cet aspect lâche qui brise toute admiration. Et il faudra un enchaînement tragique mais heureux de situations sur la fin du film pour qu'une cohérence salutaire vienne soulager le bambin et qu'il comprenne enfin son père. Au bout de la rivière, la famille meurtrie, socle de la société américaine puritaine, se retrouve à nouveau, recomposée par les évènements, par l'initiation que recèle la confrontation à la nature, rude mais juste, comme un arbre, une tempête... ou comme un Robert Mitchum en colère.

Ce dernier n'en est pas moins homme. Ses failles sont aussi édifiantes, sincères faiblesses qui en font un véritable homme, non comme l'image ou le symbole que l'esprit puritain aimait à vanter, mais comme un être commun, capable du pire (tuer, se laisser aller à la vengeance, violer, etc.). Ces démissions périodiques nous font comprendre que le bien-être, le salut ne vient que de la famille, de l'amour et de la justice. Amen hollywoodien qui a quelque chose d'hypocrite compte tenu de la complaisance que le film affiche souvent vis à vis de cette morale.

C'est tout le sel de beaucoup de ces productions pour le moins ambiguës que les studios ont su proposer pour notre plus grand plaisir. En gros, le film est une fable moralisatrice, qui prend quelques libertés de ton de temps en temps. Sous ses airs de sermon dominical et cul-cul la praline, s'échappent ici et là des sortes de râles immoraux, de convulsions qui viennent souvent de cette femme (toutes des salopes? Non, pas maman!) que joue Marilyn Monroe et que la caméra de Preminger capture disons dans des positions humiliantes, à la sexualité exacerbée, avec une attention qui chagrinera les moins féministes des spectateurs : ballottée, la chemise déchirée par l'indien bestial, mouillée par les flots impétueux, à demi violée par Mitchum, scrutée la bave aux lèvres par tous les hommes, Marilyn est le joujou des mâles davantage que de la rivière.

Marilyn mettait la gaule au monde entier, symbole de la féminité la plus bouillonnante, et il apparaît évident que les scénaristes et les studios ont voulu satisfaire les fantasmes du public masculin en lui faisant endosser un personnage qui a quelque chose de sadien, de Justine, certes de loin, mais bel et bien de femme objet des convoitises bistouquettatoires.

Plus simplement, on pourra surtout se satisfaire de la voir interpréter une vraie femme, une femme de caractère, pas trop conne malgré cette cécité vis à vis du bad-guy dont elle s'est amourachée au départ. Justement, pétrie d'amour, elle n'en demeure pas moins forte, rebelle, d'une souplesse et d'une intelligence qu'on ne lui a pas vues être dotée par ailleurs. Enfin Marilyn ne joue pas une petite fille perdue dans ses rêveries infantiles! Si vous voulez découvrir une autre Marilyn, c'est l'occasion parfaite de vous défaire de cette image d'ingénunuche. Certes, elle reste entourée de vicelards, aux turgescences plus ou moins prononcées, mais elle campe également le rôle de mère, pendant correct à la figure idéal de Papa Mitchum, pour que le "tout est bien qui se finit bien" émerge comme il se doit avant le "The end". Le scénario n'oublie pas de lui faire quelques ritournelles bien senties, plaisantes à souhait, le plus souvent mélancoliques, parfois un peu plus enjouées mais toujours chauffées par la caresse de sa voix, accentuant la sensualité qui domine le film.

Un film complexe en fin de compte, à la narration très efficace, ce qui ne surprend guère avec Otto Preminger aux manettes, une histoire d'un rare équilibre, d'une logique imparable, surtout un film qui sent la chair, le feu de bois accessoirement, un peu la terre aussi et l'huile de cervelle, un film plutôt brillant, pas juste un western comme un autre. Je ne comprends toujours pas l'espèce de mésestime dont il semble souffrir auprès des cinéphiles. Ou alors, je me fais des idées?
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Demi-Lune »

ImageImageImage
Bonjour tristesse (1958)

"Bonjour Cécile !" "Bonjour Raymond !" "Bonjour Anne !" "Bonjour Cécile !" "Bonjour Raymond !" Bonjour l'ennui.
Je n'ai jamais lu Sagan et ce film ne m'en donne guère l'envie. Je n'ai absolument pas accroché au style d'écriture développé... La superficialité ronronne dans l'indolence d'un mode de vie clinquant et la suffisance de ce petit microcosme finit par déteindre sur le film, qui ne provoque guère d'empathie. L'inverse de La Dolce Vita en somme : là où Fellini captivait en mettant précisément le doigt sur la futilité existentielle de la jet-set romaine, Preminger ne trouve pas en Cécile, trop linéaire, le recul nécessaire, source d'émotion, que permettait l'égarement de Marcello. De sorte que, trop appliqué, trop collé à ses quelques personnages vaniteux (David Niven joue très bien le dandy snob et inconséquent, d'ailleurs), le réalisateur échoue à impliquer le spectateur. Et ce même lorsque Deborah Kerr, qui doit servir de contrepoint, entre en jeu : froide, raide, l'actrice anglaise semble bien mal à l'aise sous le soleil de la Côte-d'Azur. L'aboutissement de l'histoire ne fonctionne pas tellement mieux, si bien que le sentiment de culpabilité éprouvé par Cécile me laisse toujours aussi indifférent. Le fait est que, malgré son splendide cadre de Riviera, Bonjour tristesse manque cruellement de vie, de passion : seule Mylène Demongeot, dans son numéro de "blonde" cramoisie, injecte finalement un peu d'incarnation dans cette mécanique très étudiée. La fraîcheur de Jean Seberg ne compense pas le désintérêt poli que j'éprouve pour ses manigances, émois et autres tourments d'adolescente, qui dénotaient peut-être une certaine modernité lorsque le bouquin est sorti à l'époque mais qui paraissent maintenant bien convenus. Ce qui est dommage au fond car le film s'avère artistiquement intéressant : générique de Saul Bass, photographie chatoyante pour décor idyllique, panorama fascinant de la mode des 50's (les chapeaux de Demongeot :lol: ), format large maîtrisé... trop peu hélas pour compenser l'emmerdement ressenti pendant cette heure trente qui paraît en durer le double.
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99628
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Jeremy Fox »

Demi-Lune a écrit :
Je n'ai jamais lu Sagan et ce film ne m'en donne guère l'envie. .

Tu devrais ; un petit chef-d'oeuvre que ce roman. Et pourtant j'y allais à reculons. Pas vu le film en revanche.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Federico »

Demi-Lune a écrit :Bonjour tristesse (1958)

"Bonjour Cécile !" "Bonjour Raymond !" "Bonjour Anne !" "Bonjour Cécile !" "Bonjour Raymond !" Bonjour l'ennui.
Je n'ai jamais lu Sagan et ce film ne m'en donne guère l'envie. Je n'ai absolument pas accroché au style d'écriture développé... La superficialité ronronne dans l'indolence d'un mode de vie clinquant et la suffisance de ce petit microcosme finit par déteindre sur le film, qui ne provoque guère d'empathie. L'inverse de La Dolce Vita en somme : là où Fellini captivait en mettant précisément le doigt sur la futilité existentielle de la jet-set romaine, Preminger ne trouve pas en Cécile, trop linéaire, le recul nécessaire, source d'émotion, que permettait l'égarement de Marcello. De sorte que, trop appliqué, trop collé à ses quelques personnages vaniteux (David Niven joue très bien le dandy snob et inconséquent, d'ailleurs), le réalisateur échoue à impliquer le spectateur. Et ce même lorsque Deborah Kerr, qui doit servir de contrepoint, entre en jeu : froide, raide, l'actrice anglaise semble bien mal à l'aise sous le soleil de la Côte-d'Azur. L'aboutissement de l'histoire ne fonctionne pas tellement mieux, si bien que le sentiment de culpabilité éprouvé par Cécile me laisse toujours aussi indifférent. Le fait est que, malgré son splendide cadre de Riviera, Bonjour tristesse manque cruellement de vie, de passion : seule Mylène Demongeot, dans son numéro de "blonde" cramoisie, injecte finalement un peu d'incarnation dans cette mécanique très étudiée. La fraîcheur de Jean Seberg ne compense pas le désintérêt poli que j'éprouve pour ses manigances, émois et autres tourments d'adolescente, qui dénotaient peut-être une certaine modernité lorsque le bouquin est sorti à l'époque mais qui paraissent maintenant bien convenus. Ce qui est dommage au fond car le film s'avère artistiquement intéressant : générique de Saul Bass, photographie chatoyante pour décor idyllique, panorama fascinant de la mode des 50's (les chapeaux de Demongeot :lol: ), format large maîtrisé... trop peu hélas pour compenser l'emmerdement ressenti pendant cette heure trente qui paraît en durer le double.
Ben voilà, tu viens de développer en mieux ma brève note en film du mois :
Bonjour tristesse (1958, Otto Preminger) 4/10 Bonjour l'ennui, surtout. Comment se passionner pour cet existentialisme de pauvre petite fille riche ?... Seule originalité : le passé en couleurs et le présent en N&B. Mais je comprends pourquoi Godard flasha sur Jean Seberg, mimi comme tout. Sans elle, je notais 2/20. :oops:
C'est aussi emmerdant que parfaitement léché. Comme toi, j'ai aussi trouvé la merveilleuse Deborah Kerr à côté de ses escarpins, Niven à l'aise en papa-cool (d'autant plus que, si je ne m'abuse, il résidait dans le Sud de la France - ou allait s'y installer), l'adorable Mylène mettant un peu de peps dans cet ennui friqué. Et j'avais oublié le générique du grand Saul Bass.
Je n'ai jamais lu le roman (ni aucun de Sagan) mais je pense que Preminger n'était pas le réalisateur idéal pour ce genre d'ambiance. Minnelli, Sirk, Cukor, Donen ou Quine s'en seraient sans doute mieux tirés.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
julien
Oustachi partout
Messages : 9039
Inscription : 8 mai 06, 23:41

Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par julien »

Ça vous apprendra à visionner des films, principalement pour y reluquer les actrices.
Image
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Répondre