Otto Preminger (1905-1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Chapichapo
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Chapichapo »

Ratatouille a écrit :Ainsi qu'une excellente musique de Jerry Goldsmith.
Voilà, fallait pas me chauffer.
Et un superbe générique final de Saül Bass
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Profondo Rosso
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Profondo Rosso »

Crime passionnel (1945)

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Sans un sou Eric Stanton ne peut continuer son voyage, il descend d’un bus et échoue à Walton, une petite ville de la côte californienne. Il se retrouve dans un petit café sur la plage et fait connaissance de Pop, le propriétaire, de Mark Judd, un ancien policier new-yorkais, et de Dave Atkins. Tout ce petit monde gravite autour de la belle serveuse du bar, Stella. Stanton, attiré, courtise en vain Stella qui, lasse des aventures sans lendemain, n’aspire qu’à se marier. Mais la serveuse repousse toujours ses avances, Stanton lui propose alors de patienter en promettant de se procurer l’argent nécessaire pour la sortir de sa condition. Il a en effet le projet de séduire la riche June Mills pour extorquer sa fortune.

Un an après le classique du film noir Laura, Otto Preminger reconstitue une partie de l'équipe gagnante (Dana Andrews, le compositeur David Raksin : Joseph LaShelle à la photo) pour ce tout aussi réussi mais très différent Fallen Angels. Désireux de ne pas se répéter, Preminger va ici à l'encontre de tous les éléments qui firent la réussite de Laura. Toute la dimension onirique, le mélange de mystère et d'obsession amoureuse impossible est ramené à un aspect plus terre à terre. Les codes classiques du film noir sont pourtant bien là, l'étranger sans le sou (Dana Andrews) et proie idéale d'une femme fatale brune (Linda Darnell tout en élégance vulgaire et magnifiée en technicolor par Preminger l'année suivante dans Ambre) représentant l'ombre entre laquelle il hésite avec la blonde pure et lumineuse synonyme de rédemption (Alice Faye n délaissant son registre des comédies musicales). Cependant la construction linéaire, le cadre provincial et la caractérisation des personnages ramène l'ensemble à une tonalité plus réaliste que sophistiquée. La femme fatale n'a pas de réclamation plus élevée qu'un mariage et une maison pour son amant, ce dernier dominé par son désir n'apparaît pas complètement comme la victime parfaite. L'enjeu de Laura reposait sur la quête d'une disparue, celui de Fallen Angels tient plutôt à la quête de lui-même par Dana Andrews. Ni gogo idéal ni manipulateur sournois, c'est un monsieur tout le monde qui n'ose aller au bout de ses desseins criminels tout comme il ne s'abandonne pas complètement à la fascination de Linda Darnell.

La première partie le voit ainsi jouer d'un cynisme de façade et joue des atmosphères du film noir durant les rencontres vénéneuses avec Linda Darnell tout en en renouvelant l'imagerie dans cette cité portuaire. A l'inverse la séduction courtoise avec Alice Faye offre le versant apaisé de ce cadre provincial. Là aussi le cliché n'est pas poussé jusqu'au bout avec une Linda Darnell peu pressante et n'attendant que le prétendant suffisamment nanti pour l'épouser et Alice Faye offre une prestation suffisamment impliquée pour incarner l'amoureuse sans être une oie blanche. En ramenant les canons du genre à une échelle plus quelconque et réaliste, Preminger renforce l'approche humaine du récit. L'argument criminel ne doit pas être un piège écrasant et implacable pour le héros mais un révélateur. Cela tiendra à une belle scène de confession avec Alice Faye puis une conclusion où il va au-devant des ennuis plutôt que de les fuir et errer. La résolution ne tient d'ailleurs pas à un indice quelconque mais à la simple observation d'un sentiment très simple qui aura dérapé, et même ainsi Preminger arrive à créer la surprise et le suspense dans son final. Une belle réussite en forme de retour sur terre où Preminger redonne du sens à ces êtres écorchés et perdus qui donnent au film son titre original. 4,5/6
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Alexandre Angel
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Alexandre Angel »

Profondo Rosso a écrit :Passion criminelle (1945)
Crime passionnel en français, je crois
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Profondo Rosso
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Profondo Rosso »

C'st corrigé, j'avais mis le bon titre la première fois :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Harkento »

J'aimerais lire un livre sur le cinéaste. Est ce que certains d'entre vous considèrent qu'il y en a un à lire qui parle aussi bien du bonhomme, de ses films, de sa mise en scène et de son importance dans le contexte du Hollywood de l'époque ? Merci d'avance.
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cinephage
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par cinephage »

Harkento a écrit :J'aimerais lire un livre sur le cinéaste. Est ce que certains d'entre vous considèrent qu'il y en a un à lire qui parle aussi bien du bonhomme, de ses films, de sa mise en scène et de son importance dans le contexte du Hollywood de l'époque ? Merci d'avance.
J'ai appris beaucoup de choses avec celui-ci, qui est assez riche sur les films. Mais le coté biographique est clairement mis de coté.

http://www.capricci.fr/otto-preminger-73.html

Cette autobiographie sera sans doute plus riche à ce niveau-là, mais je ne l'ai pas lu, et je me méfie généralement des récit des cinéastes sur eux-mêmes...

http://www.babelio.com/livres/Preminger ... phie/97751
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Harkento »

OK merci ! :)
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Jeremy Fox
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Jeremy Fox »

Bonjour tristesse par Justin Kwedi à l'occasion de sa sortie en Blu-ray chez Carlotta.
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Wolverine95 »

Harkento a écrit :J'aimerais lire un livre sur le cinéaste. Est ce que certains d'entre vous considèrent qu'il y en a un à lire qui parle aussi bien du bonhomme, de ses films, de sa mise en scène et de son importance dans le contexte du Hollywood de l'époque ? Merci d'avance.
celui de Jacques Lourcelles paru chez Seghers
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Alexandre Angel
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Alexandre Angel »

Il y a aussi Autobiographie, d'Otto Preminger, chez Ramsay Poche Cinéma, encore trouvable à petit prix sur internet.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Kevin95 »

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THE COURT-MARTIAL OF BILLY MITCHELL (Otto Preminger, 1955) découverte

Histoire vraie d'un gradé yankee qui fit pas mal de boucan dans l'armée américaine dans les années 20 en accusant celle-ci de négliger l'aviation, allant jusqu'à prévoir un attaque imminente de la part des japonais (la suite est connue et porte le nom de Perl Harbor). Le film d'Otto Preminger retrace en deux parties les grandes lignes du scandale, de l'indignation de Billy Mitchell jusqu'au procès en cour martiale pour insubordination. Projet maousse, calibré pour squatter les premiers rangs mais qui peine à démarrer, la partie où Gary Cooper (Mitchell) voit rouge étant très classique, étonnement sage. Comme si Preminger, qui venant à peine de jeter ses billes sur The Man with the Golden Arm en cette même année 1955 (et sorti une semaine avant The Court-Martial of Billy Mitchell), s'essoufflait et trainait sa caméra pour suivre sans enthousiasme ce sujet XL. C'est mal connaitre le bonhomme qui se réserve pour la deuxième partie du film (celle autour du procès et de l'hypocrisie de l'armée US), lâchant les chevaux lorsque les personnages se bouffent entre eux entre quatre murs. Comme dans un remake sérieux de la séquence finale de Mr. Deeds Goes to Town (Frank Capra, 1936), Cooper garde le silence, laisse ses supérieurs lui casser du sucre sur le dos et lorsque (enfin) il sort de son mutisme, c'est face à un Rod Steiger plus salopard que jamais, qu'il doit tenir tête. C'est bien dans cette dernière partie que l'on reconnait Preminger, sa tension comme son gout des jeux de pouvoir (il passera maitre des films de procès en 1959 avec Anatomy of a Murder) et c'est grâce à elle que The Court-Martial of Billy Mitchell trouve une saveur. Pas totalement maitrisé par non négligeable dans la filmo d'Otto.
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Supfiction »

Decouvert par hasard aujourd’hui La lune était bleue, theatral mais charmant, et que j’ai envie de revoir une seconde fois.

A voir sur TCM en ce moment :

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Jullien Robert
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Jullien Robert »

J'attends désespérément toujours " centennial summer" et " porgy and bess".
sans espoir je pense ! Robert.
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Supfiction »

Supfiction a écrit :Decouvert par hasard aujourd’hui La lune était bleue, theatral mais charmant, et que j’ai envie de revoir une seconde fois.
Revision. Il y a quelque chose de très étrange dans ce film à voir dans un film de 1953 David Niven jouer le père de l’ex-petite amie de William Holden tout en essayant de lui piquer sa nouvelle. En fait tout dans ce film est bizarre et bancale. Et pourtant les acteurs sont tellement bons qu’on est fasciné par le rythme et les dialogues de cette comédie aux airs de Cluny Brown.
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