Otto Preminger (1905-1986)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bogart
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par bogart »

Federico a écrit :Jamais vu ce Preminger (vais essayer de le choper tant qu'il passe sur Paramount Channel) mais ça sent son mégananar à gros budget à plein pif.
Arrêtez-moi si je me trompe mais sa bande-annonce préfigure le pire (avec Herr Otto qui hitchcockise en surjouant de son accent à couper au couteau)...
Bon, je m'y risquerai malgré tout pour sa distribution, parce qu'un film où se côtoient le Duke, Patricia Neal et Paula "Waouhh" Prentiss et Henry Fonda ne peut pas être totalement nullissime.
Kadobonux : Barbara Bouchet dans un numéro de poupée pétée pole danseuse... :fiou:
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Et il faudrait pas oublier Kirk Douglas...

Sinon Henry Fonda, Franchot Tone et Dana Andrews ont des rôles secondaires.

Nota : un film de guerre de plus qui n'apporte rien au genre.
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Flol
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Flol »

Ainsi qu'une excellente musique de Jerry Goldsmith.
Voilà, fallait pas me chauffer.
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Chapichapo »

Ratatouille a écrit :Ainsi qu'une excellente musique de Jerry Goldsmith.
Voilà, fallait pas me chauffer.
De plus comme souvent pour les films de Preminger, un superbe générique de Saül Bass qu'il faut mériter car il se situe à la fin du film.
Gustave
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Gustave »

Cycle Otto Preminger en 18 films à la Filmothèque du Quartier-Latin du 10 au 30 septembre :
LAURA, MARK DIXON DETECTIVE, LE MYSTERIEUX DOCTEUR KORVO, RIVIERE SANS RETOUR, UN SI DOUX VISAGE, CARMEN JONES, AMBRE, EXODUS, CRIME PASSIONNEL, L’HOMME AU BRAS D’OR, SAINTE JEANNE, LA LUNE ETAIT BLEUE, LE CARDINAL, TEMPETE A WASHINGTON, THE HUMAN FACTOR, BONJOUR TRISTESSE, AUTOPSIE D’UN MEURTRE, BUNNY LAKE A DISPARU.
Il n'y a guère que The Human Factor et Bunny Lake a disparu que je n'aie pas vu à Lyon lors de la rétro que l'Institut Lumière organisait en début d'année, je me ferai donc un plaisir d'y aller.

Mes préférés sont :
- Tempête à Washington : Chaque position cache un monde d'ambiguïtés. En montrant les malversations autant que la grandeur, Preminger humanise la politique. Grand film !
- Laura : Ce qui fait la spécificité, la grandeur de ce film noir, c'est cette pulsion morbide et cette tension sexuelle qui sidèrent pour l'époque.
- Autopsie d'un meurtre : Tension saisissante entre le plaisir constant qu'offre le film et son désenchantement profond : la justice des hommes n'est qu'incertitude.
- Un si doux visage : Offrant un rôle d'une ambiguïté souveraine à Jean Simmons, Preminger réussit un film noir vénéneux, sensuel, étonnant de jusqu'au-boutisme.
- Le Cardinal : Ce récit de désillusions successives, loin d'enfoncer cyniquement l'Eglise pour ses limites, ses égarements, communique une foi en l'Homme.

J'évoque ce cycle au sein d'une présentation la plus exhaustive possible de la rentrée du cinéma de patrimoine, à commenter et faire tourner :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Jeremy Fox »

Bonjour tristesse - 1958

Je ne m'étendrais pas longtemps sur un film que je considère comme aussi raté que ridicule du début à la fin. A tel point que j'étais triste pour tous ces comédiens que j'aime habituellement énormément (David Niven, Jean Seberg, Deborah Kerr) que j'ai trouvé ici absolument imbuvables ; leurs personnages paraissent factices comme toute cette psychologie de bazar et cette voix-off horripilante. Reste une maitrise de Preminger en ce qui concerne le cadrage et les mouvements de caméra mais ça fait bien peu au final.

Maintenant, après avoir essayé de faire abstraction de l'adaptation littéraire durant le visionnage, je peux dire que je trouve que le film de Preminger ne possède pas 1% de la sensibilité et de l'intelligence du roman de Sagan qui lui est une petite merveille.

2/10
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Commissaire Juve
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit :... tous ces comédiens que j'aime habituellement énormément (David Niven, Jean Seberg, Deborah Kerr) que j'ai trouvé ici absolument imbuvables ...
Tu oublies Mylène Demongeot qui use et abuse du terme "brilliant" (si ma mémoire ne me joue pas des tours).
... le film de Preminger ne possède pas 1% de la sensibilité et de l'intelligence du roman de Sagan qui lui est une petite merveille.

2/10
Je ne l'ai pas lu. Mais, récemment, grosse déconvenue avec une adaptation d'une de ses nouvelles : La récréation (1961) avec Jean Seberg et Christian Marquand. Un truc sans intérêt, le néant absolu. :?
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Alexandre Angel
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :Bonjour tristesse - 1958

Je ne m'étendrais pas longtemps sur un film que je considère comme aussi raté que ridicule du début à la fin. A tel point que j'étais triste pour tous ces comédiens que j'aime habituellement énormément (David Niven, Jean Seberg, Deborah Kerr) que j'ai trouvé ici absolument imbuvables ; leurs personnages paraissent factices comme toute cette psychologie de bazar et cette voix-off horripilante. Reste une maitrise de Preminger en ce qui concerne le cadrage et les mouvements de caméra mais ça fait bien peu au final.

Maintenant, après avoir essayé de faire abstraction de l'adaptation littéraire durant le visionnage, je peux dire que je trouve que le film de Preminger ne possède pas 1% de la sensibilité et de l'intelligence du roman de Sagan qui lui est une petite merveille.

2/10
Malheureusement, je ne l'ai pas assez en tête pour te répondre dans le détail : il faudrait un beau support, dvd, blu-ray, quelque chose..
Si je sonde mon souvenir, je te donne totalement tort. C'est un film qui traite son sujet : l'insoutenable superficialité de l'être. C'est le premier film, à vue de nez, de l'histoire du cinéma hollywoodien, qui traite, sans ficelles mélodramatiques, de la détresse, non pas d'être riche (genre "pauvre petite fille riche"), mais d'être creux, avec une amplitude hollywoodienne , qui, si elle était plus intellectualisée et minimaliste te la jouerais Rohmer. Ce côté "creux" faisant face au côté éphémère des choses est la personnalité du film, qui est un film d'esthète, jouant habilement des ruptures chromatiques, nous faisant passer du noir et blanc à la couleur : les couleurs des souvenirs embellis par le soleil et l'aisance..et le noir et gris de l'amertume et des regrets. Tribut plus ou moins conscient de Preminger à Renoir via Hollywood sublimé par le divin générique, très Picasso, très "Saint-Paul-de-Vence", très "cocteauesque", de Saul Bass.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Jeremy Fox »

En adaptant Sagan, il ne pouvait pas en être autrement puisqu'il s'agit du thème de son roman :wink: Mais tout comme on peut traiter l'ennui sans ennuyer on pourrait traiter la superficialité sans être superficiel. Mais là en plus j'ai trouvé que tout sonnait complètement faux. Preminger n'a pas du tout capté la petite musique de Sagan et les comédiens ne semblent pas du tout à l'aise dans cet univers.

Le DVD était tout à fait correct :wink:
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AtCloseRange
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par AtCloseRange »

Je ne l'ai pas trouvé aussi mauvais que Jeremy mais ça reste un Preminger très moyen.

Je remets ici ce que j'en disais
AtCloseRange a écrit :Bonjour Tristesse (1958)
J'avoue ne pas vraiment connaître l'univers de Françoise Sagan mais j'ai été assez refroidi par cet étalage de superficialité. Je comprends bien que l'idée est de traquer les fêlures qui se cachent derrière mais vraiment difficile de s'intéresser et donc de s'attacher à ces personnages. Debrorah Kerr est là pour ça mais ce n'est pas suffisant.
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Et sa mort est étrangement mal "agencée"
On retient bien sûr le charme différent de Jean Seberg mais guère plus.
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Porgy and Bess

Message par kiemavel »

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Porgy and Bess (1959)
Dans la ville portuaire de Charleston en Caroline du Sud, les habitants d'un quartier noir proche des quais vivent misérablement de la pêche. Un soir, Crown, un docker violent accompagné de sa maitresse Bess arrive dans la cour de Catfish Row et ils se joignent à un groupe d'hommes jouant aux dés. Sous l'emprise de la cocaïne et parce qu'il était en train de perdre, Crown tue Robbins et prend la fuite, abandonnant sur place Bess. Rejetée par tous, la jeune femme qui traine une très mauvaise réputation se réfugie chez Porgy, un mendiant infirme amoureux d'elle et raillé pour cette raison par ses voisins. Bess s'installe définitivement chez Porgy, trouve auprès de lui une vie amoureuse stable et tente de résister aux tentations du dealer Sportin' life qui tente de la persuader de partir à New-York avec lui. Un jour Crown réapparait…
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Il est difficile de voir ce film puisque les ayants droit de George Gershwin ont depuis 40 ans fait interdire sa diffusion considérant qu'il trahissait l'œuvre d'origine en en faisant une comédie musicale plus qu'un opéra notamment en raison des récitatifs transformés en dialogues parlés. Or, même si évidemment cette position est compréhensible, plus d'un cinéphile méconnaissant l'opéra (j'en suis) pourra trouver que le mariage entre la musique de Gershwin et les voix d'opéra n'est pas si évident et on pourra même regretter les voix d'opéra des 3 principaux personnages (tous doublés) ; ce qui n'est évidemment pas le cas de Sportin' life (Sammy Davis Jr.) ni de certains personnages secondaires (dont deux ont quelques unes des "chansons" les plus célèbres). Gershwin lui même avait été plus souple puisqu'il avait qualifié son oeuvre de "Folk Opera" (opéra populaire) et ne l'imaginait pas représenté dans les salles où l'on donne de "vrais" opéras...D'autre part, qualifier le Porgy and Bess de Preminger de comédie musicale me parait un peu abusif, précisément en raison du registre vocal des 3 principaux personnages ; parce qu'on n'y danse pratiquement pas et en raison des évènements presque exclusivement dramatiques qu'on y voit. Le qualifier de drame musical serait plus approprié.

La deuxième controverse vient de ce que l'opéra puis le film montrent de cette communauté noire…La création de l'opéra à une époque où l'esclavage était encore "de mémoire d'homme" et où la ségrégation raciale ne faiblissait pas, a semble t'il moins heurté que son adaptation cinématographique sortie dans l'Amérique de Kennedy, de Martin Luther King et du mouvement pour les droits civiques. Le film venant 25 ans après la création de l'opéra, il a paru véhiculer des stéréotypes négatifs sur les afro-américains. Encore aujourd'hui, on peut sans doute toujours interpréter le spectacle et le film de deux façons ; d'une part le voir comme un spectacle innovateur en tant que première grande production 100 % noire (cad s'attachant à des personnages exclusivement afro-américains et jouée par eux) ; mais d'un autre coté, les clichés véhiculés ne sont pas vraiment "politiquement corrects". Une œuvre à resituer dans son époque, donc…On y arrive pour l'opéra qui est souvent monté alors je ne vois pas pourquoi cela serait impossible pour l'adaptation qui est très fidèle à l'esprit et à la trame de l'oeuvre originale quand bien même elle la trahirait un peu musicalement.
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La seule accusée est de toute façon la pauvreté. 90 % de l'action se passe dans une cour presque fermée accentuant cette impression d'enfermement dans la misère. Dans cette cour grouillante, on peut parfois se montrer solidaire. On s'épaule dans le deuil (toutes les séquences qui suivent l'assassinat de Robbins) ; la joie peut parfois affleurer mais ce n'est qu'une parenthèse (la longue et admirable séquence du pique nique communautaire sur l'ile de Kittiwah). Mais l'univers qui nous est montré est surtout misérable et violent. Le jeu, auquel s'adonne les hommes à la fin de la journée, est propice aux plaisanteries mais les moqueries sont parfois cruelles (pour Porgy) ; les rejets, injustes (pour Bess) ; et surtout, entrainée par la consommation d'alcool et surtout de drogue, la violence peut surgir brutalement. Cette vie de souffrance est à peine soulagée par l'amour. D'emblée on ne croit pas à l'espoir exprimé par Porgy qui veut sauver Bess…À cause de l'omniprésence de Sportin' life, le revendeur de drogues ; celle de Crown et même en raison de l'intolérance des habitants de la cour tant ils sont bourrés de préjugés sur l'infirme, sa petite amie (1) et leur amour impossible. Cela s'exprime jusqu'au bout puisqu'ils laissent Sportin' life abuser Bess sans réagir et y compris dans l'épilogue, ils estiment que cette fille n'était de toute façon pas faite pour l'infirme. Dans cette histoire qui suinte le malheur, les seuls personnages réellement positifs et suscitant un mince espoir sont Jake, le patron pêcheur ; sa femme Clara et leur nouveau né. Le film s'ouvre sur la sublime berceuse Summertime chantée par Clara à son enfant et à plusieurs reprises, le couple radieux exprime des espoirs bien concrets de vie meilleure. Leur optimisme, leur joie et leur acceptation sans réserve par la communauté contraste avec le traitement que subissent Porgy et Bess…Ils seront malgré tout eux aussi engloutis par la tempête qui éclate au deux tiers du récit !

Comme un symbole, alors que personne n'aurait l'idée de mettre le nez dehors tandis que l'ouragan éclate, Crown fait véritablement son retour cette nuit là, impressionnant ainsi les habitants médusés par son audace et la force qui se dégage de ce personnage qui suscite autant l'inquiétude que l'admiration, y compris pour les moqueries et le mépris qu'il exprime pour les frayeurs des habitants de Catfish Row alors que lui défie les éléments et met Dieu au défi de le frapper. Plus tôt, c'est Sportin' life qui s'était lui aussi moqué de la naïveté des croyants écoutant les prêches du pasteur durant le pique nique (c'est souligné par l'ironique et célèbre chanson It Ain't Necessarily So chantée par Sammy Davis Jr.) Le secours de la foi est donc raillé mais cela passe par les deux personnages les plus sombres de l'histoire. Au delà de ces deux personnages "maléfiques", la foi religieuse imprègne Porgy and Bess du début à la fin et c'est sur cet aspect là que les stéréotypes concernant les afro-américains sont les plus gênants : leur croyance naïve, leur ferveur religieuse et encore davantage leurs superstitions se manifestent à plusieurs reprises rendant notamment trop faciles les manipulations de Sportin' life sur Porgy et surtout sur Bess.
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En dépit de cet aspect, c'est pourtant Bess qui est le personnage le plus intéressant de cette histoire. Si le gentil Porgy tente d'arracher la jeune femme des griffes de Crown, son amant violent, et de l'emprise de Sportin' life, le personnage pourtant bien défendu par Sidney Poitier est un brin trop pathétique à mon gout. Les tiraillements de Bess qui aime Porgy tout en ayant avoué avoir eu pitié de l'infirme ; craignant son ex petit ami mais aussi attirée par sa vitalité tout en détestant cette attirance rendent ce personnage qui se bât avec ses propres faiblesses, contre elle-même pour arrêter la drogue et qui s'interroge sur l'attitude qu'elle va adopter si Crown reparait, bien plus passionnant que celui de Porgy qui est simplement touchant. Dorothy Dandridge est parfaite dans ce rôle, bien qu'un peu trop jolie et bien portante pour une "camée". Elle joue de sa sensualité tout en rendant parfaitement compte des contradictions et des tiraillements du personnage. Si son amant Crown est très bien interprété par Brock Peters, parfait en bête humaine, je suis moins convaincu par Sammy Davis Jr. serpent filiforme cintré dans son élégant costume contrastant avec les vêtements portés par les autres habitants du quartier (2). Aussi souriant que sournois, il en fait beaucoup en petit salaud maléfique aux aguets et se faufilant partout.

Porgy and Bess est évidemment bourré de "tubes" repris par nombre de musiciens et chanteurs de jazz et la plupart sont bien mis en image par Preminger. Gershwin avait donné des airs importants à des personnages secondaires, puisque Summertime est une berceuse chantée par Clara, la femme du pêcheur Jake dans la superbe séquence d'ouverture (la chanson est reprise partiellement plus tard, notamment par Bess). Puis chronologiquement, A Woman is Sometime thing est chantée et reprise par plusieurs interprètes. Ensuite, Le célébrissime I Got plenty o' Nuttin' est chanté par un Porgy fou de joie après que Bess ai décidé de s'installer durablement avec lui. Le superbe Oh I can't sit down est chanté en choeur durant le départ pour le picnic. Puis vient It Ain't Necessarily So chantée par Davis. Si la chanson est excellente, Preminger fait passer dans une chorégraphie maladroite (c'est la seule séquence dansée) l'hystérie collective qui saisit la plupart des participants au pique nique entrainés par les propos de Sportin' life. Si la partie centrale montrant le retour progressif de Crown est plus faible (en dehors de l'ouragan), le final qui commence avec le morceau Morning Sounds qui correspond au retour de Porgy qui avait été brièvement incarcéré est plus réussi. Cette séquence qui débute avec tous les petits bruits de la rue qui enrichissent progressivement la mélodie rappelle fortement la séquence d'ouverture de Love me Tonight de Mamoulian (et on peut noter que c'est lui qui devait réaliser le film). Enfin, le film se clôt avec la chanson O Lawd, I'm On My Way, faussement optimiste, dans laquelle Porgy semble compter sur des forces surnaturelles pour retrouver Bess…
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Je signale que les photos postées, c'est seulement le projet :wink: et qu'il y a pas mal de travaux à prévoir pour profiter au mieux d'un film qui vaut bien mieux que sa réputation sans être un des grands Preminger. Il est en tout cas selon moi supérieur à l'autre Preminger+Dandridge : Carmen Jones…Ce fut le dernier film produit par Samuel Goldwyn et c'est Rouben Mamoulian -qui avait mis en scène l'opéra à sa création en 1935- qui devait donc en réaliser l'adaptation mais il a été remplacé par Preminger après avoir exigé de tourner le film sur place, en Caroline du sud. À l'opposé de ce que Mamoulian avait souhaité, le film a été tourné volontairement dans un grand décor quasi unique renforçant un certain sentiment d'artificialité et rapprochant le plateau d'une scène d'opéra ; une réussite esthétique selon moi, due notamment sans doute au directeur artistique Joseph Wright, un spécialiste de la comédie musicale, et au directeur de la photographie Leon Shamroy. Plusieurs nominations aux Oscars...et 1 statuette pour Andre Previn pour l'adaptation musicale et l'orchestration. DVD gravé (vost)

(1) Il est sous entendu que Bess est une prostituée et que Crown est son souteneur. D'ailleurs Sportin' life est sans ambiguité à ce sujet lorsqu'il fait miroiter à Bess la belle et surtout lucrative vie qu'ils pourraient mener à New-York.
(2) Mais c'est l'ensemble des tenues portées qui a suffisamment retenu l'attention pour que Irene Sharaff, la costume designer soit nommée aux Oscars

Les 4 principaux personnages :
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Preminger dirigeant + la troupe devant le décor
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Alexandre Angel »

kiemavel a écrit :Porgy and Bess (1959)
Sur le segment prestigieux de la filmo de Preminger qui va de La Rivière sans retour à In Harm's Way ( comment l'intituler? Lourcelles, au secours!) et dont Autopsie d'un meurtre pourrait constituer le sommet (on sera tous d'accord là dessus, ou pas loin), Porgy and Bess est le seul que je n'ai jamais vu. Il faudrait que je revoie The Court Martial of Billy Mitchell..
L'affiche en capture flashe son homme, merci..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Droudrou »

Je dispose de la version scénique de Porgy and Bess et n'ai jamais caché ma curiosité à découvrir la réalisation de Preminger d'autant que sa vision de Carmen Jones n'est pas inintéressante c'est une curiosité quant à the court martial of Billy Mitchell il y a des scènes de tribunal militaire à ne pas négliger et face à Gary Cooper on découvre un excellent Rod Steiger.
Et alors que sort le bluray consacré au "Jeanne d'Arc" de Victor Fleming il va me falloir revoir dans la semaine le Saint Joan de Preminger.
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par kiemavel »

Alexandre Angel a écrit :
kiemavel a écrit :Porgy and Bess (1959)
Sur le segment prestigieux de la filmo de Preminger qui va de La Rivière sans retour à In Harm's Way ( comment l'intituler? Lourcelles, au secours!) et dont Autopsie d'un meurtre pourrait constituer le sommet (on sera tous d'accord là dessus, ou pas loin), Porgy and Bess est le seul que je n'ai jamais vu. Il faudrait que je revoie The Court Martial of Billy Mitchell..
L'affiche en capture flashe son homme, merci..
Tu n'aimes pas le film noir ou quoi ? Parce qu'avec Laura et Mark Dixon, détective, on a quand même deux films importants du genre + à la même époque d'autres films plus qu'honorables (Crime passionnel ; Un si doux visage ; voir même La 13ème lettre). Et puis tu t'arrêtes à In Harm's Way alors que Bunny Lake a disparu n'est pas mal non plus … mais peut-être l'as-tu considéré à part en tant que film angliche ? Pour ma part, je n'ai d'ailleurs vu aucun des Preminger postérieur à ce film.
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Alexandre Angel
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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par Alexandre Angel »

kiemavel a écrit :Tu n'aimes pas le film noir ou quoi ? Parce qu'avec Laura et Mark Dixon, détective, on a quand même deux films importants du genre + à la même époque d'autres films plus qu'honorables (Crime passionnel ; Un si doux visage ; voir même La 13ème lettre). Et puis tu t'arrêtes à In Harm's Way alors que Bunny Lake a disparu n'est pas mal non plus … mais peut-être l'as-tu considéré à part en tant que film angliche ? Pour ma part, je n'ai d'ailleurs vu aucun des Preminger postérieur à ce film.
Ouh là, bien sûr que si! Et j'adore Preminger qui a eu deux périodes importantes : la période Noir&Blanc (films en 4/3 dont un indispensable en couleurs, Forever Amber ) et le corpus suivant qui étonne par l'éventail des sujets abordés, l'audace de leur traitement, l'ouverture d'esprit de l'auteur, le sens inattendu de l'épopée et que j'isole uniquement parce qu'il vient d'être abordé ici deux maillons de cette série, Bonjour Tristesse et Porgy and Bess. Je ne dis pas que c'est le seul qui soit digne d'être commenté mais on y trouve une tonalité esthétique (l'usage fréquent du scope, les génériques de Saul Bass, l'ambition romanesque) qui en fait la singularité. J'ai effectivement écarté du corpus Bunny Lake pour son anglicité : beau film, subtil et fascinant qui pêche dans sa dernière partie par un excès de sur-explicatif qui gâte l'ambiance. Après, je suis comme toi : fort méfiant. J'aime bien The Human Factor..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Otto Preminger (1905-1986)

Message par kiemavel »

Alexandre Angel a écrit :
kiemavel a écrit :Tu n'aimes pas le film noir ou quoi ? Parce qu'avec Laura et Mark Dixon, détective, on a quand même deux films importants du genre + à la même époque d'autres films plus qu'honorables (Crime passionnel ; Un si doux visage ; voir même La 13ème lettre). Et puis tu t'arrêtes à In Harm's Way alors que Bunny Lake a disparu n'est pas mal non plus … mais peut-être l'as-tu considéré à part en tant que film angliche ? Pour ma part, je n'ai d'ailleurs vu aucun des Preminger postérieur à ce film.
Ouh là, bien sûr que si! Et j'adore Preminger qui a eu deux périodes importantes : la période Noir&Blanc (films en 4/3 dont un indispensable en couleurs, Forever Amber ) et le corpus suivant qui étonne par l'éventail des sujets abordés, l'audace de leur traitement, l'ouverture d'esprit de l'auteur, le sens inattendu de l'épopée et que j'isole uniquement parce qu'il vient d'être abordé ici deux maillons de cette série, Bonjour Tristesse et Porgy and Bess. Je ne dis pas que c'est le seul qui soit digne d'être commenté mais on y trouve une tonalité esthétique (l'usage fréquent du scope, les génériques de Saul Bass, l'ambition romanesque) qui en fait la singularité. J'ai effectivement écarté du corpus Bunny Lake pour son anglicité : beau film, subtil et fascinant qui pêche dans sa dernière partie par un excès de sur-explicatif qui gâte l'ambiance. Après, je suis comme toi : fort méfiant. J'aime bien The Human Factor..
Rassuré, je suis :wink: Je n'avais pas envisagé la carrière de Preminger sous cet aspect (2 périodes) mais ok ; jusqu'à Angel Face les films les plus importants sont surtout des N&B et même essentiellement des films noirs (en plus de Forever Amber, j'ajoute Centennial Summer, son 1er film musical parmi les bonnes exceptions en couleur). En ce qui concerne sa carrière à partir de River…elle est plus hétéroclite que la précédente. Tu détaches Anatomy of a Murder, j'ajoute Advise & Consent…
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