Rosalind Russell

[francesco]

En faisant une recherche j'ai vu qu'on ne parlait presque pas d'une actrice qui a eu son heure de gloire pourtant : Rosalinde Russell
Pourquoi ? Parce qu'elle est peu connue ou parce qu'elle est peu aimée ?

Certes on a le droit de préférer la fantaisie débridée d'une Carole Lombard ou la suprême élégance d'une Claudette Colbert. Roz Russell c'est autre chose : c'est le triomphe de l'art sur la nature, c'est le plaisir de la pure virtuosité qui poussée à son extrême peut froler le suréalisme.
Engagée par la MGM elle joue d'abord les seconds couteau, du genre bon chic bon genre , car son assurance, sa haute taille, sa tranquille élégance colle bien à des personnages de ladies frigides comme dans Les Malles de Singapour. Il faut attendre 1939 pour que Cukor dans Femmes lui offre son premier rôlle comique. En peste du grand monde elle fait un numéro éblouissant et vole la vedette à la plus brillante équipe possible (Shearer ! Crawford !! Fontaine !!! Goddard !!!!). Dès lors elle est abonnée à ces rôlles étourdissants, qui demande une énergie hallucinante et une parfaite maîtrise la langue. En 1942 elle est pour la première fois nomminée aux oscars pour un rôle de ce type dans My Sister Eileen.


Mais c'était l'année précédente qu'elle avait trouvé le rôle de sa vie : Dans le classique La Dame du vendredi de Hawks elle incarne pour l'éternité le prototype de la journaliste et les joutes verbales auxquelles elle se livre avec un Cary Grant déchainé rentre dans l'histoire du septiême art. (enfin je crois !)


Elle travaille aussi avec des metteurs en scène comme Brown ou Leisen, des partenaires comme Stewart ou Gable. Avec ce dernier elle joue dans une délicieuse histoire de voleurs mondains "They meet in Bombey" tristement gachée par un dernier quart d'heure patriotique ....

Dans les mêmes années elle interprète pourtant avec un certain brio des rôles dramatiques. Femme dévouée de Robert Donat dans La Citadelle de King Vidor, vieille fille troublée par un meurtrier dans Night must fall (dans ce dernier rôlle elle est particulièrement remarquable d'efficacité, femme au foyer obsessionnelle dans Craig 's wife (1936), elle rencontre un immense succès critique successivement en 1946 et 1947 dans Sister Kenny et Le Deuil sied à Electre tout deux du Dudley Nichols. Ces deux films sont aujourd'hui rarissimes mais lui valurent deux nouvelles nomminations aux oscars et deux Golden Globes. Ca fait des années que je rêve de les voir, en particulier le second, adapté de la fascinante trilogie de O'Neil.

A voir ce palmarès on pourrait penser, comme un éminent critique, que "paradoxalement le drame l'a mieux servi que la comédie". On le pense d'autant plus en voyant un film comme Gypsie de Leroy. En mère abusive prête à tout pour la réussite de ces filles elle est certes assez spectaculaire, mais échoue a susciter un vrai sourire : le cabotinage est trop frappant, trop éprouvant.


Pourtant Miss Russell a laissé encore au moins deux incarnations majeures dans le registre comique : en 1955 elle incarne une institutrice frustrée, d'une hallucinante vulgarité et en même temps étrangement pathétique dans le cultissime Picnic de Logan. L'année suivante elle fait hurler de rire le monde entier dans Mame, adaptation d'un succès de Broadway. Elle joue les excentriques avec un abatage irresistible et suscite une immense sympathie, assumant une théatralité parfaite pour le rôle à tel point qu'elle semblait, paradoxalement, absolument naturelle. Du très grand art et le troisième sommet de la carrière de l'actrice.


Après un cinquième golden globe -c'est un record !- (pour un film dont le titre m'échappe)et la reconnaissance de toute la profession Roz Russell s'est retirée, laissant le souvenir d'un coup de fouet revigorant pour les cinéphiles.

[Ballin Mundson]

Je ne l'ai vue que dans 2 films, Women et His girl friday, mais chaque fois c'est un régal.

[Lord Henry]

Il me semblait que le moins glamour des Russell était en vérité Ken Russell.

[francesco]

Je me demande si le problème ce n'est pas tout simplement qu'il y a très peu de films en France qui sont publiés (on dit publié ? edité ?) avec elle.
Et même sur le cable, comme elle a fait une grande partie de sa carrière à la colombia et certains de ses plus grands films avec la Paramount, il y a peu de chance qu'on la croise sur les chaines où on retrouve surtout des films de la Warner et de la MGM.
On verra ce que vont donner les prochaines éditions (on dit éditions ? Publications ?) Paramount mais j'aimerais tellement voir Le Deuil sied à Electre !
Cela dit quand on l'a vu dans Femmes et dans La Dame du vendredi on l'a quand même vu dans ce qu'elle pouvait faire de mieux !

[francesco]

Il me semblait que le moins glamour des Russell était en vérité Ken Russell.

Anecdote : a la sortie d'un théâtre Rosalinde signe des autographes. Une dame regarde la signature et fait la grimace.
"Quelque chose ne va pas ?"
"Je voulais voir l'autre ... celle qui a de gros seins"


Donc Rosalinde est définitivement moins sexy que Jane

[Ann Harding]

Je me demande si le problème ce n'est pas tout simplement qu'il y a très peu de films en France qui sont publiés (on dit publié ? edité ?) avec elle.
Et même sur le cable, comme elle a fait une grande partie de sa carrière à la colombia et certains de ses plus grands films avec la Paramount, il y a peu de chance qu'on la croise sur les chaines où on retrouve surtout des films de la Warner et de la MGM.
On verra ce que vont donner les prochaines éditions (on dit éditions ? Publications ?) Paramount mais j'aimerais tellement voir Le Deuil sied à Electre !
Cela dit quand on l'a vu dans Femmes et dans La Dame du vendredi on l'a quand même vu dans ce qu'elle pouvait faire de mieux !

Le Deuil Sied à Electre est une pièce fantastique d'Eugene O'Neill que j'ai eu la chance de voir au National Theatre de Londres avec Helen Mirren. C'est une version des Atrides transposée durant la guerre de sécession. La version de Dudley Nichols est souvent taxée de théâtrale...Qu'importe, ce doit être un film long et intéressant avec Kirk Douglas et Rosalind Russell en fille haineuse qui veut venger la mort de son père en poussant son frère à tuer leur mère....très noir tout cela!!!

Je voudrais signaler l'excellent livre de souvenir de Rosalind Russell (qui ressemble fort au niveau caractère à Katharine Hepburn!): Life is a Banquet. Très spirituel....Une vrai fille de la Nouvelle Angleterre...

[Randolph Carter]

En faisant une recherche j'ai vu qu'on ne parlait presque pas d'une actrice qui a eu son heure de gloire pourtant : Rosalinde Russell

Je connaissais son nom , mais avant de lire ton post,j'aurais été incapable de citer un de ses films.

[Ann Harding]

mais j'aimerais tellement voir Le Deuil sied à Electre !

Il est disponible aux USA:

[francesco]

En faisant une recherche j'ai vu qu'on ne parlait presque pas d'une actrice qui a eu son heure de gloire pourtant : Rosalinde Russell

Je connaissais son nom , mais avant de lire ton post,j'aurais été incapable de citer un de ses films.

Bon ben au moins j'ai servi à quelque chose !

[Nestor Almendros]

en supplément:

[Lylah Clare]

Il me semblait que le moins glamour des Russell était en vérité Ken Russell.

[Ethan]

Amusant: je tombe sur ce post alors que je revoyais aujourd'hui "La dame du vendredi" .
Et j'étais à nouveau impressionné par cette actrice formidable que j'ai moi-même tendance à oublier. K. Hepburn, C. Lombard ou Jean Arthur sont plus présentes dans ma mémoire mais il est vrai que dans ce film de Hawks, elle répond magnifiquement au génial Cary Grant. Tous les deux mènent un rythme démentiel, complètement artificiel et c'est ce qui le rend extraordinaire; ils ont des ruptures....admirables, des façons de passer une réplique "sous la table", et ça fait mouche à chaque fois!
La revoir répondre à son benet de Bruce qui trouve le personnage que joue Grant "très charmeur", elle laisse tomber: "C'est de famille, son grand-père était serpent".
Merci d'avoir ouvert ce post, elle le mérite, vous avez bien raison!

[joe-ernst]

Je voudrais signaler l'excellent livre de souvenir de Rosalind Russell (qui ressemble fort au niveau caractère à Katharine Hepburn!): Life is a Banquet. Très spirituel....Une vrai fille de la Nouvelle Angleterre...

Ce n'est pas trop "Tout il est beau, tout le monde il est gentil, et la vie est formidable", bref du pur bavardage ? J'avoue avoir toujours hésité à l'acquérir, le titre ne me rassurant pas du tout quant au contenu (je sais que c'est tiré de Auntie Mame ).

Toujours à propose de la charmante Rosalind, une biographie très récente lui a été consacrée :

Forever Mame : the Life of Rosalind Russell, par Bernard F. Dick.

[Supfiction]

Pour ma part je la trouve souvent insupportable désolé..
A part son rôle dans His girl Friday.
Je pense que ça doit être son rôle dans Gipsy qui me l'a rendu totalement exasperante. Jamais vu une actrice en faire autant (!) au point de souffler quand enfin Natalie Wood etait seule..
Vu picnic hier soir (une belle decouverte) où elle est bien dans le rôle.. même si elle en fait encore beaucoup en vieille fille coincée.
Quant à Women de Cukor, c'est un film qui a mal vieilli je trouve. Je préfère Mankiewicz (Letter to 3 wifes) dans la description des rapports entre femmes même s'il ne s'agit pas exactement d'une comedie.

Evidemment, les personnages comiques feminins sont rares et difficiles et forcement son nom revient au côté de celui de Carole Lombard ou Marylin quand on enumère.
Allez savoir pourquoi je préfère Carole même dans My man Godfrey où elle cabotine beaucoup egalement ...

[Julien Léonard]

Ah La dame du vendredi... Le seul Hawks que je n'ai pas aimé (sur une vingtaine de ses films que j'ai vu)...

Cruel, gratuit, trop jusqu'au boutiste... Je lui reconnais toutes les qualités que vous citez tous. Même la critique sociale et journalistique... Mais ce n'est pas pour moi.

J'ai certainement vu l'actrice autre part, mais où ??