Le Parrain : la trilogie (F. F. Coppola - 1972/1990)
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
C'est clair qu'il s'agit probablement de l'acteur avec la plus belle filmographie.
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Trouver une acteur avec 5 films de ce calibre dans sa filmo, ça doit se trouver, par contre un acteur avec seulement cinq films qui sont à ce niveau, c'est sur qu'il est tout seul.
Mais vu son talent, j'aurais quand même préféré qu'il puisse en faire beaucoup plus, même s'il fallait concéder quelques films moins géniaux
Mais vu son talent, j'aurais quand même préféré qu'il puisse en faire beaucoup plus, même s'il fallait concéder quelques films moins géniaux
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
+ 1 000 !Watkinssien a écrit :Et puis rien que pour la séquence finale de l'opéra et le jeu de Pacino à ce moment-là, ça n'a pas de prix !
Le hurlement final de Pacino me retourne de fond en comble à chaque fois. Plus largement, la dernière demi-heure est un sommet de Cinéma.
J'ai déjà eu, à plus d'une reprise, l'occasion de dire tout le bien que je pensais du Parrain 3, qui est à mes yeux aussi monumental que ses deux prédécesseurs, et une conclusion parfaite à cette inestimable saga. Le classicisme dans toute sa splendeur.
Demi-Lune, il y a longtemps, a écrit :Le Parrain III est fondamental, au contraire. La plus belle conclusion que l'on pouvait imaginer à cette monumentale saga, qui tout en reprenant la trame générale du premier volet pour mieux boucler la boucle (la passation de pouvoir entre deux générations), se referme sur l'intimité d'un homme usé par la vie et obsédé par sa quête de rédemption pour tout le mal qu'il a causé. Le Parrain III, c'est la parfaite fusion entre les bouleversants moments intimistes de la jeunesse de Vito du Parrain II, et la dimension opératique du climax du Parrain. A ce titre, la dernière demi-heure du Parrain III est juste phénoménale. L'hommage à Hitchcock qui culmine avec la scène sur l'escalier de l'opéra à la sortie de Cavalleria Rusticana... j'en pleure presque systématiquement. Le cri de Pacino me brise à chaque fois le cœur. Pour moi, une des plus belles fins de l'Histoire du cinéma. Je ne veux pas trop spoiler pour Anorya, mais quand même, que Coppola recrée le drame qu'il a vécu peu de temps auparavant... c'est dingue.
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Je me suis fait ce week-end, comme chaque année, une rétrospective intégrale et quasi cérémonielle de la trilogie monumentale de Coppola. C'est, bien entendu, toujours aussi grandiose et cette fresque tripartite aux accents shakespeariens incarne, entre autres titres, ce qui m'exalte et me donne foi dans le Cinéma. Je n'ai le temps ni le courage nécessaires pour développer sérieusement mes sentiments, aussi n'en resterai-je qu'à quelques rapides et superficiels commentaires.
Le premier Parrain s'impose chaque fois un peu plus comme mon épisode favori. Son aspect rétro (chapeaux, mitraillettes, grosses voitures, etc) et plus encore total, dans le sens où il convoque tous les personnages fondateurs et essentiels, en fait quelque part le plus parfait, à mes yeux. Sa narration serrée, et parfaitement huilée, embrasse des consonances épiques dans le même temps qu'elle laisse pleinement exister ses différents protagonistes. C'est parfaitement construit, avec un équilibre rare. Puzo et Coppola inventent ici une sorte de formule magique scénaristique, à l'aune de laquelle seront, presque nécessairement du coup, jugés (et bâtis) les deux volets suivants. Chaque séquence, savamment empilées, semble tenir du morceau de bravoure, comme si son existence était guidée par l'envie d'entrer au panthéon et de s'inscrire dans la mémoire collective. Le patriarche et ses cinq enfants, le manoir familial, la cérémonie d'ouverture, les affaires mafieuses, les règlements de compte, la famille Corleone prise dans l'engrenage inextricable de sa décomposition... dresser le panorama de ce qu'offre Le Parrain n'est que frustration, car la puissance des images, la force du scénario, ne se mesurent que dans une expérience immédiate que les mots auront du mal à retranscrire pleinement. Chaque choix de la part de Coppola, qui ont progressivement forgé la silhouette du Parrain que nous connaissons, frappe autant par son génie que par son évidence, de la reconstitution historique et culturelle, en passant par la pléiade d'acteurs ; si bien que l'infaillibilité du cinéaste, très avisé, façonne une montagne dont il peut largement s'attribuer les mérites, une montagne filmique dont chaque image a des accents de mythe instantané. Les clairs-obscurs, le visage de bouledogue de Brando, les tablées familiales, le baptême, le regard perçant de Pacino... tout l'éventail visuel du Parrain, consciemment ou inconsciemment, est voué à s'ancrer profondément dans la mémoire du cinéphile. En voulant évoquer le plus authentiquement la culture italienne de ses racines, Coppola crée en un film un référent culturel qui n'a connu que peu d'équivalents dans le Cinéma. Il s'attire également ma préférence parce qu'il est somme toute le seul, brièvement, à offrir cet idéal de famille heureuse et complète en passe de s'entre-déchirer et de se damner. En cela, les images festives et insouciantes du mariage inaugural de Connie ont des accents de Paradis perdu qui font de cette grosse séquence un préalable aussi essentiel et dramatique que le mariage de Voyage au bout de l'enfer. Il serait enfin injuste de ne pas louer le classicisme flamboyant dont font preuve le réalisateur et le chef op' Gordon Willis, ni le talent monstrueux de l'ensemble du casting, dont on s'imagine désormais mal qui pourrait être remplacé. Autour d'un Brando qui fascine quoiqu'il fasse, quelles que soient ses mimiques, les jeunes James Caan, Robert Duvall, Al Pacino et Diane Keaton servent royalement le nectar du Napoléon du Cinéma.
Pour la première fois, j'ai ressenti quelques longueurs dans Le Parrain 2, essentiellement la partie Miami-Cuba. Dans ce second volet, ma préférence s'est toujours portée vers la dernière heure, qui recentre tous les enjeux dramatiques vers les déchirements intérieurs de la famille Corleone. C'est toujours là que Coppola est le meilleur. Inutile de revenir sur le génie narratif de Coppola qui a bâti son film sur une double trajectoire, dont la narration met en évidence l'erreur fondamentale de Michael par rapport à son père, qui a toujours su protéger et se faire aimer de sa famille en prenant les bonnes décisions et en restant humain. Insistons en revanche sur le génie qui a consisté à faire du Parrain 2 le nœud d'une trahison fraternelle et d'une damnation irrémédiable. John Cazale, effacé dans le premier opus, laisse entrevoir ici tout son talent. Ce film, avec Il était une fois en Amérique, a quelque chose de définitif sur l'auscultation des racines multiculturelles des États-Unis, dont l'Histoire s'est en partie bâtie sur le labeur de l'immigration et sur la violence. Constat que le jeu spatio-temporel du récit met encore plus en lumière avec la corruption politique et les malversations d'empires criminels qui semblent constamment dessiner le visage contemporain de l'Amérique. Là où le premier Parrain donnait à avoir une Amérique post Seconde Guerre mondiale qui basculait peu à peu vers une identité économique plus moderne (l'arrivée du marché de la drogue, le développement de l'économie du jeu), Le Parrain 2 est le volet le plus politique, celui qui tend le miroir aux Américains des années 1970, celui qui les interroge sur leur Histoire et sur l'échec du politique face à la séduction de l'argent et du pouvoir. Cette portée politique (comment les États-Unis ont-ils pu se laisser ainsi corrompre ?), Coppola la met habilement en parallèle avec l'échelle plus modeste de la famille Corleone. L'analogie finale à l'Empire romain rappelle le Coppola de Patton dans le même temps qu'elle cerne la problématique symbolique du film : de la même manière que l'idéal américain dissimule ses fondations vermoulues, la famille Corleone, ce grand idéal de famille sacrosainte et surpuissante, quasi institutionnelle, connaît le pourrissement à cause de Michael, empereur d'un royaume dont l'équilibre repose sur le respect et l'obéissance à sa personne. Intraitable, le roi conservera les apparences du pouvoir et y perdra son âme et sa famille. Al Pacino trouve ici probablement sa plus grande interprétation. Livide, d'une concentration totale, étudiant minutieusement la vitesse de chacun de ses mouvements, il fait une sorte de figure malfaisante effrayante, froide, progressivement inhumaine. Robert De Niro fait un jeune Vito saisissant, toute en retenue et troublant mimétisme.
M'étant déjà exprimé sur Le Parrain 3, je serai plus bref. Mon petit regret concerne l'absence de Robert Duvall ; il manque à mon goût un vrai "duel" au sommet, un règlement de contentieux fraternels implicitement promis par la saga depuis le départ, entre Michael et Tom, le fidèle frère adopté et domestiqué. Si la mise en place est un peu longuette et si les embrouilles financières du Vatican n'ont pas tout à fait la même saveur que les projets criminels des deux autres volets (il faut dire qu'au bout d'un moment, on n'évite fatalement pas les répétitions avec ces vieux Dons qui tirent les ficelles et veulent baiser les Corleone), cette conclusion à la saga revendique plus que jamais son caractère opératique et constitue l'aboutissement superlatif de tous les enjeux émotionnels des précédents épisodes. Coppola ne semble manifestement que modérément s'intéresser aux aspects conspirationnistes du scénario ; ce qui le motive évidemment, c'est d'apporter une conclusion majestueuse et intègre, renouant avec la structure du Parrain pour se recentrer plus particulièrement sur ses possibilités intimistes. Les lambeaux de la famille Corleone se rapprochent pour une ultime valse de mort, durant laquelle le vieux Michael, usé par le remords, aspire chimériquement à une rédemption dans les bras de ses enfants tandis qu'après des décennies de main de fer, il laisse le flambeau à un nouveau jeune Corleone. Délaissant les ramifications gigognes du Parrain 2, Coppola se recentre avec bonheur sur le noyau dur de la famille, explorant longuement les fissures inguérissables d'un Al Pacino mélancolique vraiment émouvant. Toute la dernière demi-heure est à mes yeux le sommet de la pyramide colossale, ce vers quoi tout tend depuis 1972. Coppola trouve la conclusion parfaite, miraculeuse, évidente, et pourtant tellement difficile, qui surpasse tous les pics qui ont peuplé les deux précédents films. Les Parrains ont peut-être toujours été ses films les plus personnels, et là encore, il lui suffit de chercher dans son propre cœur, dans sa propre douleur de père récemment endeuillé, pour savoir comment conclure. L'opéra Cavalleria Rusticana rejoue sur scène le drame ancestral des Corleone, la famille se réunit une dernière fois, apaisée, avant que Michael ne connaisse la punition la plus foudroyante et la plus terrible. Je crois que je ne suis jamais autant bouleversé que lorsque j'entends son hurlement de douleur déchirer le silence sur le parvis. La valse de mort s'est achevée, laissant place à une valse par-delà les âges et les femmes aimées, et l'empereur aveugle s'éteint lentement, silencieusement. Seul.
Dernière modification par Demi-Lune le 25 mars 13, 08:59, modifié 5 fois.
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
sacré toiaussi n'en resterai-je qu'à quelques rapides et superficiels commentaires.
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
J'aurais pu faire beaucoup plus. Le problème, c'est qu'une fois lancé, je ne sais plus m'arrêter !Dunn a écrit :sacré toiaussi n'en resterai-je qu'à quelques rapides et superficiels commentaires.
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Je sais d'où le "sacré toi"
Cela dit je te lirais quand je les aurais revu..et surtout acheté en bluray
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Dunn a écrit :sacré toiaussi n'en resterai-je qu'à quelques rapides et superficiels commentaires.
Je t'adore Demi-Lune...
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
On n'avait pas remarqué Ca manque de captures quand mêmeDemi-Lune a écrit :J'aurais pu faire beaucoup plus. Le problème, c'est qu'une fois lancé, je ne sais plus m'arrêter !
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Oui, je les rajouterai demain.feb a écrit :Ca manque de captures quand même
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
j adorerais pouvoir faire de si superficiels commentaires...
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Je ne sais pas si Coppola connaissait le court-métrage Il padrone d'Elio Piccon (1967), mais elle ne déparerait pas parmi les séquences siciliennes de ses Parrain...
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
La trilogie arrive sur le site grâce à Stéphane Beauchet : Le parrain (1972). Et les BR de chacun des trois films sera testé ici même
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Je me disais aussi, il manque des textes sur la trilogie sur le site. Un mal réparé!!
Je vais prendre le temps de lire ça, mais d'ores et déjà : merci Nestor!
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Re: le Parrain: la trilogie (F. F. Coppola, 1972-1990)
Et ça valait le coup d'attendre ; non seulement le texte est passionnant mais j'ai appris des tas de choses sur la genèse du film sur laquelle je ne m'étais jamais penché. MerciRick Blaine a écrit :Je me disais aussi, il manque des textes sur la trilogie sur le site. Un mal réparé!!
Je vais prendre le temps de lire ça, mais d'ores et déjà : merci Nestor!