Borsalino (Jacques Deray - 1970)
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Borsalino (Jacques Deray - 1970)
Suite aux divers topics que nous avons pu consacrer ici à Delon, Belmondo et surtout aux films difficiles à trouver, j'ai éprouvé une curiosité croissante pour ce film.
Et grâce à mon obstination, et surtout au hasard,qui faisait qu'un de mes proches avait ce film dans sa vidéothèque, j'ai pu voir enfin ce film mythique.
Et j'ai éprouvé une émotion très vive et très particulière, qui était à la fois issue d'une profonde nostalgie et surtout d'un grand plaisir cinéphilique. Et c'est peut-être ce type d'émotion que l'on ressent lorque l'on attend beaucoup d'un film et que ce dernier va au- delà de vos attentes..
Pourtant, rien n'annonçait le destin étrange de ce film, qui constitua une date dans le cinéma populaire français. A sa sortie, en mars 1970, le film est un gros succès avec 4,7 millions d'entrées. Et il fera un tabac lors de ses diffusions télé ultérieures.
Mais aujourd'hui, BORSALINO est devenu une arlésienne: pas de dvd, et les diffusions télé datent aujourd'hui: décembre 1991 sur Fr3, novembre 1993 et août 1995 sur TF1. Depuis plus rien sur le hertz, le film n'étant jamais sorti non plus en vhs !!
Et il ne faut surtout pas confondre avec sa suite, qui elles est facilement trouvable:
La génèse du film est bien connue. On la trouve notamment dans la très contestable biographie de Bernard Viollet, LES MYSTERES DELON, qui est souvent plus proche des ragôts que de l'enquête sérieuse, mais qui dit des choses intéressantes sur la naissance du film.
Sur le tournage de LA PISCINE, Delon a l'occasion de lire BANDITS A MARSEILLE, livre qu'un certain Eugène Saccomano, pas encore connu comme journaliste sportif, a consacré à la pègre marseillaise des années 30 et à ses deux figures de proue: Carbone et Spirito.
Pour Delon, c'est le déclic: il y voit l'occasion de faire un film riche en rires et en larmes sur les exploits des deux gangsters. Et c'est pour lui l'occasion de faire un film dans lequel il partagerait la réplique avec son complice Jean- Paul Belmondo, un peu sur le modèle des confrontations Lancaster- Cooper ou Redford- Newman qui à la même époque triomphent dans BUTCH CASSIDY ET LE KID. On a parlé d'ailleurs de leur inimitié alors que le tournage se passa à merveille même si à la sortie du film, une entorse au contrat provoqua un procès entre les deux vedettes: Delon fit mettre une deuxième fois son nom -en tant que producteur- au lieu de mettre celui de sa maison de production, Adel.
Quel est donc le résultat artistique de ce film qui réussit son but: être un grand succès au box-office ?
Eh bien force est de constater que le miracle de ce film, c'est qu'il réussit à être autre chose qu'une machine à faire des entrées: être tout simplement un excellent film. Autant LE CLAN DES SICILIENS m'apparaît comme une simple addition de talents, autant une certaine magie gagne peu à peu BORSALINO.
Tout d'abord la rencontre Delon- Belmondo est jubilatoire et c'est bien sûr l'atout n°1 du film. Ce n'est pas tant un duel d'acteurs qu'une rencontre entre deux truands qui se feront complices pour devenir les rois du milieu marsellais. Le scénario joue à merveille sur les stéréotypes des deux acteurs. D'un côté, Delon dont le personnage s'appelle.. Roch Siffredi (eh oui !) en beau ténébreux et solitaire. De l'autre Belmondo dans un rôle plus exhubérant et comique, qui contrairement à ce que l'on pourrait croire, a presque le plus de répliques et de scènes amusantes ou tragique notamment la dernière où on le voit dire: "la chance, ça n'existe pas".
D'où l'absurdité de faire un deuxième Borsalino sans lui..
Et puis à côté de ce duo d'exception, nous avons le droit à un grand nombre de seconds rôles exceptionnels: Julien Guiomar, Michel Bouquet, Catherine Rouvel, Françoise Christophe, Corinne Marchand (l'héroïne de CLEO DE 5 à 7). Certains auraient d'ailleurs gagné à être développé, surtout celui de Michel Bouquet en avocat véreux et ambigu..
Ce qui m'a le plus enchanté est l'ambiance du film. En général, j'adore tous les films qui se passent dans les élégantes années trente. Et l'esthétique du film est vraiment remarquable: les costumes sont superbes, notamment les borsalinos qui donnent leur titre au film.
Les voitures et mitraillettes d'époque sont aussi au rendez-vous.
Les décors eux aussi parviennent à restituer cette magie des années 30.
Et le tout sur une musique d'anthologie de Claude Bolling qui mêle chansons réalistes, tangos, fox- trot, etc..
Une musique, qui est à la base de ma cinéphilie, car elle accompagna les derniers mois d'une émission célébre: la séquence du spectateur.
Toute cette ambiance est pour beaucoup pour le charme presque poétique de ce film.
La réalisation de Jacques Deray est pour beaucoup dans cette reconstitution brillante, d'autant que le cinéaste filme les fusillades, les poursuites et les bagarres avec beaucoup d'habileté. Et ici aussi la réussite est grande: on pourrait s'agacer devant les clichés ou les morceaux de bravoure attendus. Or il n'en est rien, le film ne se contentant pas de parodier SCARFACE ou PEPE LE MOKO, tout en faisant de savoureux clins d'oeil aux films de gangsters. Et du coup, ce sont nos rêves de cinéma qui prennent ici forme.
BORSALINO est un film élégant, d'une grande force, et grâce au scénario de Jean-claude Carrière, qui a retravaillé un premier traitement écrit par Deray, Jean Cau et Claude Sautet. Et le cocktail d'humour et d'action violente marche à merveille. Même s'il peut paraître parfois un peu "gros": Siffredi et Capella deviennent un peu vite les rois de la pègre marseillaise. Mais voilà un des films de gangster les plus cools que je connaisse.
Par conséquent, une manière de chef-d'oeuvre du polar de divertissement à la française. Un film nostalgique, à l'image de son générique de fin constitué de photos sépia, et que l'on regarde avec nostalgie.
[*]
Et grâce à mon obstination, et surtout au hasard,qui faisait qu'un de mes proches avait ce film dans sa vidéothèque, j'ai pu voir enfin ce film mythique.
Et j'ai éprouvé une émotion très vive et très particulière, qui était à la fois issue d'une profonde nostalgie et surtout d'un grand plaisir cinéphilique. Et c'est peut-être ce type d'émotion que l'on ressent lorque l'on attend beaucoup d'un film et que ce dernier va au- delà de vos attentes..
Pourtant, rien n'annonçait le destin étrange de ce film, qui constitua une date dans le cinéma populaire français. A sa sortie, en mars 1970, le film est un gros succès avec 4,7 millions d'entrées. Et il fera un tabac lors de ses diffusions télé ultérieures.
Mais aujourd'hui, BORSALINO est devenu une arlésienne: pas de dvd, et les diffusions télé datent aujourd'hui: décembre 1991 sur Fr3, novembre 1993 et août 1995 sur TF1. Depuis plus rien sur le hertz, le film n'étant jamais sorti non plus en vhs !!
Et il ne faut surtout pas confondre avec sa suite, qui elles est facilement trouvable:
La génèse du film est bien connue. On la trouve notamment dans la très contestable biographie de Bernard Viollet, LES MYSTERES DELON, qui est souvent plus proche des ragôts que de l'enquête sérieuse, mais qui dit des choses intéressantes sur la naissance du film.
Sur le tournage de LA PISCINE, Delon a l'occasion de lire BANDITS A MARSEILLE, livre qu'un certain Eugène Saccomano, pas encore connu comme journaliste sportif, a consacré à la pègre marseillaise des années 30 et à ses deux figures de proue: Carbone et Spirito.
Pour Delon, c'est le déclic: il y voit l'occasion de faire un film riche en rires et en larmes sur les exploits des deux gangsters. Et c'est pour lui l'occasion de faire un film dans lequel il partagerait la réplique avec son complice Jean- Paul Belmondo, un peu sur le modèle des confrontations Lancaster- Cooper ou Redford- Newman qui à la même époque triomphent dans BUTCH CASSIDY ET LE KID. On a parlé d'ailleurs de leur inimitié alors que le tournage se passa à merveille même si à la sortie du film, une entorse au contrat provoqua un procès entre les deux vedettes: Delon fit mettre une deuxième fois son nom -en tant que producteur- au lieu de mettre celui de sa maison de production, Adel.
Quel est donc le résultat artistique de ce film qui réussit son but: être un grand succès au box-office ?
Eh bien force est de constater que le miracle de ce film, c'est qu'il réussit à être autre chose qu'une machine à faire des entrées: être tout simplement un excellent film. Autant LE CLAN DES SICILIENS m'apparaît comme une simple addition de talents, autant une certaine magie gagne peu à peu BORSALINO.
Tout d'abord la rencontre Delon- Belmondo est jubilatoire et c'est bien sûr l'atout n°1 du film. Ce n'est pas tant un duel d'acteurs qu'une rencontre entre deux truands qui se feront complices pour devenir les rois du milieu marsellais. Le scénario joue à merveille sur les stéréotypes des deux acteurs. D'un côté, Delon dont le personnage s'appelle.. Roch Siffredi (eh oui !) en beau ténébreux et solitaire. De l'autre Belmondo dans un rôle plus exhubérant et comique, qui contrairement à ce que l'on pourrait croire, a presque le plus de répliques et de scènes amusantes ou tragique notamment la dernière où on le voit dire: "la chance, ça n'existe pas".
D'où l'absurdité de faire un deuxième Borsalino sans lui..
Et puis à côté de ce duo d'exception, nous avons le droit à un grand nombre de seconds rôles exceptionnels: Julien Guiomar, Michel Bouquet, Catherine Rouvel, Françoise Christophe, Corinne Marchand (l'héroïne de CLEO DE 5 à 7). Certains auraient d'ailleurs gagné à être développé, surtout celui de Michel Bouquet en avocat véreux et ambigu..
Ce qui m'a le plus enchanté est l'ambiance du film. En général, j'adore tous les films qui se passent dans les élégantes années trente. Et l'esthétique du film est vraiment remarquable: les costumes sont superbes, notamment les borsalinos qui donnent leur titre au film.
Les voitures et mitraillettes d'époque sont aussi au rendez-vous.
Les décors eux aussi parviennent à restituer cette magie des années 30.
Et le tout sur une musique d'anthologie de Claude Bolling qui mêle chansons réalistes, tangos, fox- trot, etc..
Une musique, qui est à la base de ma cinéphilie, car elle accompagna les derniers mois d'une émission célébre: la séquence du spectateur.
Toute cette ambiance est pour beaucoup pour le charme presque poétique de ce film.
La réalisation de Jacques Deray est pour beaucoup dans cette reconstitution brillante, d'autant que le cinéaste filme les fusillades, les poursuites et les bagarres avec beaucoup d'habileté. Et ici aussi la réussite est grande: on pourrait s'agacer devant les clichés ou les morceaux de bravoure attendus. Or il n'en est rien, le film ne se contentant pas de parodier SCARFACE ou PEPE LE MOKO, tout en faisant de savoureux clins d'oeil aux films de gangsters. Et du coup, ce sont nos rêves de cinéma qui prennent ici forme.
BORSALINO est un film élégant, d'une grande force, et grâce au scénario de Jean-claude Carrière, qui a retravaillé un premier traitement écrit par Deray, Jean Cau et Claude Sautet. Et le cocktail d'humour et d'action violente marche à merveille. Même s'il peut paraître parfois un peu "gros": Siffredi et Capella deviennent un peu vite les rois de la pègre marseillaise. Mais voilà un des films de gangster les plus cools que je connaisse.
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Vu, mais il y a pas mal de temps déjà, mais une bonne surprise. Un film qui mérite sa réputation.
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"And Now Mr Serling"
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Désolé de mettre un bémol, mais j'avais trouvé ce film raccoleur et assez nul lors de sa sortie. Nul dans le sens ou cela n'apportait rien à la carrière de Delon, ni à celle de Belmondo, ni à celle de Deray. Ceci dit j'aimerais assez le revoir car je pense que ce genre de film se bonifie en vieillissant
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un enregistrement TV?kayman a écrit :j'ai du le voir 12 fois en VHS à l'époque
Bravo et merci à blaisdell pour ce texte
car, a ma connaissance, le film n'est pas sorti sur support vidéo!
sinon la "contre" programmation de TF1 avec "une chance sur 2" fait sourire, je suis prêt a parier que ce mauvais film fera plus d'audience que Borsalino!
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Je ne comprends pas le rapport entre amerloques et l'urgence d'une édition d'un DVD.ROBERTO a écrit :bonjour,
Amis cinéphiles, ce message est juste pour informer ceux qui ne le saurait pas encore que BORSALINO, le vrai, avec Belmondo passe cesoir même sur FRANCE 3 et qu'il ne faudra le manquer sous aucun prétexte car sa dernière diffusion remonte à il ya 16 ans !!!!!Non, vous n'hallucinez pas!16 ans !!!!!!!!alors mes amis, tous à vos magnétoscopes et enregistreurs de DVD il faut que l'audience pète ce soir pourfaire comprendre aux amerloques combien il urge qu'un DVD officiel avec bounus et sons et images remastérisés voit le jour très vite car c'est un véritable scandale qu'il n'ai jamais été édité ne serait-ce qu'en VHS en France !Si vous le râtez ce soir il vous faudra sans doute attendre encore 16 ans pour pouvoir le voir!!!!!Les jeunes comme les anciens je compte sur vous pour lui faire un triomphe mérité ce soir !duel de deux stars au sommet de leur gloire !
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angel with dirty face a écrit :Je ne comprends pas le rapport entre amerloques et l'urgence d'une édition d'un DVD.ROBERTO a écrit :bonjour,
Amis cinéphiles, ce message est juste pour informer ceux qui ne le saurait pas encore que BORSALINO, le vrai, avec Belmondo passe cesoir même sur FRANCE 3 et qu'il ne faudra le manquer sous aucun prétexte car sa dernière diffusion remonte à il ya 16 ans !!!!!Non, vous n'hallucinez pas!16 ans !!!!!!!!alors mes amis, tous à vos magnétoscopes et enregistreurs de DVD il faut que l'audience pète ce soir pourfaire comprendre aux amerloques combien il urge qu'un DVD officiel avec bounus et sons et images remastérisés voit le jour très vite car c'est un véritable scandale qu'il n'ai jamais été édité ne serait-ce qu'en VHS en France !Si vous le râtez ce soir il vous faudra sans doute attendre encore 16 ans pour pouvoir le voir!!!!!Les jeunes comme les anciens je compte sur vous pour lui faire un triomphe mérité ce soir !duel de deux stars au sommet de leur gloire !
Il me semble que c'est Paramount qui détient les droits.
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un peu comme pour l'edition du Cerveau, qui possède une version tournée en français et une autre en anglais ... pour d'obscurs pb de droits, on ne profite que de celle en français sur le sublime dvd paru en mars!angel with dirty face a écrit :Ok, merci Je comprends un peu mieux le message de ROBERTO.bogart a écrit :
Il me semble que c'est Paramount qui détient les droits.