L'esprit de la Ruche de Victor Erice est un film précédé de commentaires plus qu'élogieux: il se présenterait ni plus, ni moins, comme l'un des plus beaux et singuliers traitements que l'on ait fait sur l'enfance. De la bouche de ceux qui l'ont vu, le film de Vicor Erice serait une réussite, qui par sa maitrîse et sa profonde originalité, rappelerait un autre ovni: La Nuit du chasseur.
C'est aussi un film qui a beaucoup influencé Guillermo Del Toro notamment dans la manière d'utiliser le fantastique comme caisse de résonnance de l'Histoire espagnole.
A noter que c'est aussi la principale source d'inspiration de la réalisatrice de Innocence.
Un petit chef-d'oeuvre qui doit enormement à son actrice principale Ana Torrent qui alors agée d'à peine 7 ans livre une performance absolument ahurissante. Mais il ne faut pas enlever le génie de Erice à créer une ambiance langoureuse d'été ibérique où le désoeuvrement infantile prend l'ampleur de grands évenements. C'est un film profondemment nostalgique et qui offre une ode absolue à l'enfance et à l'imaginaire. Même si je suis un peu moins sensible au côté politique du film (les enfants sont les enfants de Franco et il y a dans leurs jeux le symbole de l'Espagne malade), le film est tout à fait admirable. Quand au rapport à Del Toro je dirais que c'est uniquement vrai pour El Espinazo del Diablo où il retrouvait un peu cette dépiction mélancolique et sensible de l'enfance.
Ce film est à mettre en parallèle avec Cria Cuervos de Carlos Saura tourné trois ans aprés le Erice où Ana Torrent a alors 10 ans et qui livre ce qui reste pour moi la plus grande performance d'enfant acteur (actrice) jamais vu sur un écran de cinéma. Une fois de plus on suit des enfants (deux soeurs ici) désoeuvrés lors d'un été alors que se joue autour d'eux la vie fourmillante des adutles. Le film est plus sombre que le précédent et s'attache plus à la cellule familiale qu'à l'enfance pure. On y retrouve cependant toute la complexité de l'enfance, sa naïveté à sa cruauté la plus pure. On y retrouve également Geraldine Chaplin dans le rôle de la mère et qui absolument sublime. Bref ce film m'a touché directement au coeur et reste à ce jour une des mes plus émouvantes experiences de cinéma. Je crois que je le préfère même au Erice.
Ana Torrent n'a pas eu la carrière qu'elle méritait. Elle a fait beaucoup de télévision et est apparu dans quelques films dont Tesis ou Vacas de Julio Medem.
Art Core a écrit :
Ce film est à mettre en parallèle avec Cria Cuervos de Carlos Saura tourné trois ans aprés le Erice où Ana Torrent a alors 10 ans et qui livre ce qui reste pour moi la plus grande performance d'enfant acteur (actrice) jamais vu sur un écran de cinéma. Une fois de plus on suit des enfants (deux soeurs ici) désoeuvrés lors d'un été alors que se joue autour d'eux la vie fourmillante des adutles. Le film est plus sombre que le précédent et s'attache plus à la cellule familiale qu'à l'enfance pure. On y retrouve cependant toute la complexité de l'enfance, sa naïveté à sa cruauté la plus pure. On y retrouve également Geraldine Chaplin dans le rôle de la mère et qui absolument sublime. Bref ce film m'a touché directement au coeur et reste à ce jour une des mes plus émouvantes experiences de cinéma. Je crois que je le préfère même au Erice.
Victor Erice est un génie.
Et El Espiritu de la Colmena l'un des plus beaux films sur l'enfance et son univers imaginaire (cf la petite Ana Torrent qui sympathise avec la créature Frankenstein, un pur moment de poésie).
A voir aussi El Sur et El Sol del Membrillo, les 2 seuls autres films de ce grand cinéaste.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
Film inestimable sur la puissance onirique de l'enfance...
Eveillez vos rêves et ne vous réveillez pas !
La n°7 Empoisonne... La n°8 Conjure... La n°9 Invoque... La n°10 Exécute... La n°11 Devine... La n°12 Connaît... Tu ne dois en mentionner que douze... Ne te risque jamais, même en rêve, à parler de la dernière... Pauvre de toi, si tu mentionnais la n°13... !
Je n'ai pas revu Cria Cuervos depuis le collège, où on l'avait étudié en cours d'espingouin. Pas tout compris à l'époque sauf que c'était bizarre (Ana Torrent et sa grande soeur jouant à papa et maman, je crois), avec un parfum entêtant de malaise. Je le reverrai bien avec plaisir.
Et puis Cria Cuervos, c'était aussi ce disque que Torrent se passait jusqu'à la nausée dans sa chambre.
Ah cette chanson est sublime et parfaitement utilisé dans le film. Une douce chanson pop entêtante qui dit beaucoup sur le film. Par contre je connais pas la version de Laure Sinclair ...
Sinon oui Cri Cuervos c'est ce malaise doucereux d'une enfance meurtrie qui se traduit par une cruauté émouvante car pure. Enfin vraiment un très beau film qui est trop méconnu je pense (pareil pour le Erice).
D'ailleurs ça me fait penser à un autre film encore que j'aime beaucoup : Les seigneurs du Château (pas sûr du titre) de Régis Wargnier qui m'avait beaucoup marqué quand je l'avais vu très jeune et que je n'ai jamais eu l'occasion de revoir.
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