Doris Day (1922-2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

rodoliv a écrit :Pillow Talk est aussi sorti dans le coffret 3 BR "Doris Day and Rock Hudson Romantic Comedy Collection" avec les deux autres films cités dans la review (Send me no flowers" et "Lover come back" en zone free et avec sous-titres français, indispensable pour les fans de Doris :D
Le deuxième est à mon avis encore plus drôle. Je possède aussi le trio mais dans le coffret DVD dans lequel était inclue en bonus un superbe CD de 8 chansons :wink:
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rodoliv
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Re: Doris Day

Message par rodoliv »

Jeremy Fox a écrit :
rodoliv a écrit :Pillow Talk est aussi sorti dans le coffret 3 BR "Doris Day and Rock Hudson Romantic Comedy Collection" avec les deux autres films cités dans la review (Send me no flowers" et "Lover come back" en zone free et avec sous-titres français, indispensable pour les fans de Doris :D
Le deuxième est à mon avis encore plus drôle. Je possède aussi le trio mais dans le coffret DVD dans lequel était inclue en bonus un superbe CD de 8 chansons :wink:
Je crois que j'ai acheté certains films au moins 3 ou 4 fois (vhs, dvd, coffret dvd au prix d'un dvd et BR), mais pas le coffret avec CD, je vais m'arrêter là :lol: (mais je suis quand même jaloux du CD).

Quant aux films, mon coeur balance, mais j'ai une vraie petite tendresse pour Pillow Talk.
Mais je suis bon client de ce genre de comédies même "Down With Love" plus récemment qui reprend les recettes et l'ambiance avec succès...
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

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26
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Ne Mangez pas les marguerites (Please don’t Eat the Daisies)

Réalisation : Charles Walters
Avec Doris Day, David Niven, Janis Paige, Richard Haydn
Scénario : Isobel Lennart
Photographie : Robert J. Bronner (Metrocolor 2.35)
Musique : David Rose
Une production Metro Goldwin Mayer
USA – 112 mn -1960


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Le Professeur d’art dramatique Larry Mackay (David Niven) décide de devenir critique théâtral ; le premier spectacle new yorkais qu’il est invité à aller voir en sa qualité de journaliste est celui de son meilleur ami, Alfred North (Richard Haydn). Son épouse Kate (Doris Day), fortement occupé à surveiller les bêtises de leurs quatre garnements, a bien du mal à se pomponner pour cette soirée de première à Broadway. Pendant ce temps, alors qu’il donne son dernier cours universitaire, Larry est pris à partie par ses élèves qui lui conseillent de ne pas céder aux sirènes de la célébrité et ne pas chercher ni à briller en utilisant bons mots et ironie, ni à être cassant à tout prix. Seulement il est terriblement embêté quant il s’avère que la comédie musicale d’Alfred est véritablement médiocre. Doit-il se montrer courtoisement intransigeant comme le lui suggère son épouse ou doit-il commencer à faire des concessions par pure amitié ? Choisissant de dire la vérité, il se brouille non seulement avec son ami -également parrain de ses 4 garçons- mais reçoit en bonus une gifle retentissante de la principale comédienne du spectacle (Janis Paige) avec qui il n’a pas été tendre. Comme l’avaient pressentis ses étudiants, ces ‘mini-scandales’ font de Larry la nouvelle coqueluche de la critique. Alors que Kate a trouvé une nouvelle maison à rénover à la campagne –le bail de leur appartement se terminant et ayant oubliés de le renouveler- Larry n’est pas très chaud pour déménager aussi loin de’ la vie théâtrale’ surtout depuis son succès grandissant…

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Après rien moins que James Stewart, James Cagney, Richard Widmark, Clark Gable, Rock Hudson ou Jack Lemmon, l’actrice la plus cotée de cette année 1960 -numéro un du box-office, hommes et femmes confondus- tombe cette fois dans les bras de David Niven pour une comédie familiale toute à fait charmante -à défaut d’être géniale- signée Charles Walters ; un réalisateur avec qui Doris Day collaborera à nouveau en 1962 pour le délicieux La Plus Belle Fille du monde (Billy Rose's Jumbo) et qui, au cours de sa carrière presque entièrement effectuée à la MGM, aura eu beaucoup plus d’affinités avec la comédie musicale qu’avec la comédie traditionnelle. Effectivement la plupart des comédies vaudevillesques de Walters valent surtout ce que valent leurs scénarios et leurs comédiens, le réalisateur se reposant avant tout sur eux et ne faisant pas forcément beaucoup d'efforts sur la forme, la plupart s’avérant au final un peu ternes et mal rythmées, que ce soient The Tender Trap avec Frank Sinatra & Debbie Reynolds, Ask Any Girl avec David Niven et Shirley MacLaine, voire même son dernier film, Walk don’t Run, avec Cary Grant & Samantha Eggar. Il n’en va pas de même pour ses comédies musicales, au contraire pour beaucoup mémorables et pour certaines faisant même partie des plus exquises de l’équipe MGM d’Arthur Freed aux côtés de celles de Vincente Minnelli, Stanley Donen ou George Sidney. Citons notamment Easter Parade avec Fred Astaire et Judy Garland, The Belle of New York avec Fred Astaire et Vera-Ellen -à qui Damien Chazelle rendra un bel hommage au travers la plus belle séquence de La La Land, celle dans l’auditorium-, le splendide et touchant Lili avec Leslie Caron et Mel Ferrer -dont on attend toujours qu’il sorte sur support numérique-, Dangerous When Wet, la comédie musicale la plus réussie avec Esther Williams, ou encore le superbe High Society avec l’inoubliable quatuor composé par -excusez du peu- Grace Kelly, Frank Sinatra, Bing Crosby et Louis Armstrong.

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Sans atteindre les sommets de quelques-unes de ces comédies musicales, Ne mangez pas les marguerites compte néanmoins parmi les comédies non musicales les plus séduisantes du cinéaste. Le scénario de Isobel Lennart (Les Pièges de la passion - Love me or Love me de Charles Vidor, l’une des prestations les plus puissantes de Doris Day) est basé sur le livre de Jean Kerr qui narrait son expérience de mère de famille mariée à Walter Kerr, un célèbre critique dramatique du New York Herald Tribune récompensé par le Pullitzer, le couple ayant d'ailleurs collaboré à l’écriture de quelques pièces telles King of Hearts ou The Song of Bernadette. Comme dans Teacher’s Pet (Le Chouchou du professeur) de George Seaton avec le couple constitué par Doris Day et Clark Gable, Ne mangez pas les marguerites a beau être une charmante comédie familiale, son thème principal n’en est pas moins non seulement intéressant mais, pour un film être censé n'être qu’un simple divertissement, assez riche dans ses développements. Si le film de George Seaton faisait se confronter deux conceptions du journalisme d’investigation, celui de Charles Walters évoque le métier de critique théâtral. Avec des questionnements du style : comment ne pas succomber aux sirènes de la célébrité tout en restant foncièrement intègre ? Ou encore comment ne pas tomber dans les travers des préjugés, des bons mots, de l’ironie facile, de l’attaque gratuite, le tout pour se faire mousser et se faire un nom dans le milieu, sachant très bien que l’on se fait bien plus remarquer en étant ‘acerbe’ qu’en étant honnête ? Un paradoxe assez cocasse par le fait que ce soit des conseils qui lui seront proférés -alors qu’il donnait son dernier cours universitaire avant d’entrer dans le journalisme- par ses étudiants qui l’estiment beaucoup en tant que professeur et qui craignent qu’il fasse désormais partie de la meute agressive de certains critiques d’art. A ce propos et même si nous ne nous abaisserons pas à généraliser -loin de là- sur le métier de critique, ces réflexions et certaines notations sont toujours assez justes et autant d’actualité, encore plus depuis que tout un chacun peut énoncer son avis et (ou) déverser sa bile sur la toile.

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Le film débute par un cruel dilemme pour le journaliste en herbe : alors qu’il a décidé de n’écrire que ce qu’il pense, il est obligé de rédiger sa première critique à propos du spectacle de son meilleur ami et parrain de ses quatre enfants. Ayant trouvé la comédie musicale médiocre, pour demeurer droit dans ses bottes et poussé par son épouse qui le souhaite rester probe et qui pense que l’auteur dramatique appréciera plus la franchise que l’indulgence ‘de copinage’, Larry n’hésite pas à pondre un papier très négatif. Si en fin de compte il perd la considération de son ami, il trouve écho au sein de son cercle mondain et journalistique, son succès allant en grandissant, les esclandres provoqués dès son entrée en matière allant lui faire une réputation de critique ‘courageux’ dont on attendra désormais les papiers en guettant -espérant- avec une délectation malsaine les tapages qui devraient s’ensuivre. L’ex-universitaire va-t-il se transformer en mufle avide de bons mots ou rester loyal à son art de prédilection ? La thématique intéressante du film tourne donc principalement autour de ce postulat et des différentes conceptions de la critique artistique à travers quelques discussions entre les deux époux et la caricature gentillette de ce milieu qui se veut mondain. Larry devra remettre en question sa ‘sincère sévérité’ lorsqu’il se trouvera d’une manière assez cocasse confronté à sa propre création qu’il pensait avoir enterrée mais qu’on lui remettra sous les yeux pour le faire réagir. En même temps que cette sympathique réflexion sur le métier de critique, nous est proposée la description assez juste d'une femme au foyer dans le rôle de laquelle Doris Day est absolument parfaite sans jamais céder à la tentation de cabotiner, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Il faut l’avoir vu avec à la fois dynamisme et agacement se démener entre ses quatre enfants 'monstrueux' dont le petit dernier est gardé en cage pour qu'il ne casse pas tout ainsi qu’avec un chien qui se jette dans les bras de ses maîtres à tout bout de champ, effrayé par tout ce qui bouge, d’autant plus depuis qu’il est arrivé à la campagne où pullulent les bêtes diverses et variées. C'est bien évidemment au sein de la vie privée de cette famille que se déclinent les situations les plus amusantes de la comédie de Charles Walters.

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La deuxième heure verra aussi la restauration du cottage anglais acheté totalement délabré avec tous les gags et situations comiques qui en découleront, sans néanmoins que ça ne tourne au splastick, le film de Charles Walters faisant naître des sourires mais n'étant jamais hilarant. La femme à la maison avec les enfants, le père tout entier consacré à son travail : on pourrait penser à une vision un peu réactionnaire de la société américaine ; ça le serait que ça ne serait pas non plus gravissime –puisque c’était encore un fait admis à l'époque- sauf qu’alors que sa belle mère pousse Larry à affirmer haut et fort à son épouse son statut de chef de famille, le mari refuse catégoriquement, estimant que les responsabilités doivent être entièrement partagées et que la femme est l’égale de l’homme -tout du moins en ce qui concerne le cocon familial. N’y voyons donc pas le mal là où il ne se cache pas forcément et prenons plaisir à suivre cette joyeuse comédie sinon inoubliable tout du moins extrêmement savoureuse, souvent assez drôle avec aussi quelques séquences qui confirment le talent dramatique des deux comédiens principaux, certaines autres leur don et timing comiques comme lors de ce running gag de l’époux n’arrivant jamais à faire l’amour à sa femme, un enfant ou le chien venant toujours s’immiscer entre eux aux mauvais moments. En revanche nous tacherons d’oublier la séquence musicale avec les enfants -loin d’être la chanson la plus inoubliable du répertoire de Doris Day- alors que nous nous réjouirons au contraire de ces deux Private Jokes que je vous laisse découvrir en rapport à L’Homme qui en savait trop et Confidences sur l’oreiller (Pillow Talk), ainsi que de délectables seconds rôles dont les personnages interprétés par Spring Byington pour sa dernière apparition à l’écran (la belle-mère), Jack Weston dans la peau du chauffeur de taxi ayant des velléités de dramaturge, et surtout Janis Paige en amusante croqueuse d’hommes, l'actrice ayant déjà été partenaire de Doris Day dans les débuts à l'écran de cette dernière, la délicieuse comédie musicale de Michael Curtiz, Romance on the High Seas.

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Une comédie acclamée par la critique américaine de l’époque qui met assez intelligemment en avant le métier de critique d'art, questionnant le fait d'être tenté de se laisser aller à l'ironie et se complaire dans le bon mot plutôt que de juger sincèrement une œuvre -ici le théâtre- avec son cœur. A côté de ça, nous assistons à une comédie familiale plutôt amusante, jamais pesante et assez juste, portée à bout de bras par un couple qui fonctionne parfaitement, une Doris Day rayonnante et un David Niven très classieux. Pour l'anecdote, le film aura tellement de succès qu’il inspirera une série du même titre pour la NBC Network qui s’étalera sur une vingtaine de mois. Frivole mais pas bête pour autant.

*************************************************
Le film est sorti aux USA en toutes zones. Copie moyenne mais VF et VOSTF.

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joe-ernst
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Re: Doris Day

Message par joe-ernst »

L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

joe-ernst a écrit :Happy Birthday, Miss Day !

http://www.telegraph.co.uk/news/2017/04 ... r-thought/
Le hasard faisant bien les choses -puisque je n'étais pas au courant-, mon avis sur Midnight Lace arrive pas plus tard qu'aujourd'hui. Dommage que le film soit aussi moyen.
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

27Image

Piège à minuit (Midnight Lace)

Réalisation : David Miller
Avec Doris Day, Rex Harrison, John Gavin, Myrna Loy
Scénario : Ian Goff & Ben Roberts
Photographie : Russell Metty (Eastmancolor 1.85)
Musique : Frank Skinner
Une production Universal / Arwin Productions
USA – 103 mn -1960


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Kit (Doris Day), une jeune et riche héritière américaine, est l'épouse d'un puissant banquier britannique (Rex Harrison). Malgré le fait qu’elle soit comblée, Kit déplore les absences répétées de son époux (Rex Harrison), trop pris selon elle par son travail et les diverses obligations qui en découlent. Un soir dans le fog londonien, alors qu'elle rentre chez elle, Kit entend une voix aiguë qui l’épouvante par les menaces de mort qu’elle profère à son égard, d’autant plus effrayante que l'inconnu semble bien connaitre son identité. Pour son époux, il ne s'agit que d'une plaisanterie de mauvais goût. Le lendemain, Kit échappe de peu à un accident alors qu’elle sort de son immeuble. Peu après, un inconnu lui téléphone avec la même voix inquiétante qu’entendu précédemment. Les ‘incidents se multiplient, Kit panique de plus en plus. Commençant à prendre l'affaire au sérieux, les époux décident de faire appel à Scotland Yard ; l’inspecteur Byrnes (John Williams) va être chargé de l’enquête. Kit est-elle folle ou sa vie est-elle réellement mise en danger ?

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Après plusieurs comédies à succès -ou non- signées George Seaton, Richard Quine, Michael Gordon ou Charles Walters, Confidences sur l’oreiller (Pillow Talk) et Ne Mangez pas les marguerites (Don’t Eat the Daisies) ayant crevé le box-office, Doris Day revient au thriller psychologique, genre qu’elle avait déjà abordé à deux reprises, tous deux la même année 1956. Ce fut le médiocre Le Diabolique Dr Benton (Julie) de Andrew L. Stone ainsi que le génial L’Homme qui en savait trop (The Man who Knew too much) de Alfred Hitchcock. David Miller ayant toujours été un cinéaste intéressant mais inégal -surtout connu et reconnu pour avoir réalisé le très beau western moderne Seuls sont les indomptés (Lonely are the Brave)-, on pouvait s’attendre à une œuvre lorgnant vers le second –d’autant que ça aurait été un sujet en or pour ‘le maître su suspense’- ; malheureusement le résultat s’avère très moyen, se rapprochant plutôt du ratage de Andrew L. Stone et même si l’actrice principale n’y est pas pour grand-chose.

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En effet Doris Day se révèle plutôt convaincante dans ce rôle assez difficile car sans arrêt au bord de la crise de nerfs et d’angoisse. Elle expliquera d’ailleurs dans son autobiographie que le film lui fut nerveusement assez difficile à interpréter : “I became that woman to the best of my ability. To create the fear which the character I played had to project, I recreated the fear in myself which I had once felt in my own life. I relived it. It was painful and upsetting. I wasn’t acting hysterical, I was hysterical, so at the end of the scene I collapsed in a real faint.” Le réalisateur dut d’ailleurs arrêter quelques jours le tournage afin que sa comédienne puisse récupérer moralement et physiquement. Le personnage de Kit n’est néanmoins pas spécialement bien écrit, l’actrice n’ayant quasiment qu’un seul sentiment à exprimer tout du long, l’angoisse. L’histoire est celle du harcèlement de cette jeune femme par un homme qui se cache derrière une voie suraigüe assez effrayante, comme si c'était celle d’une ‘poupée’ la décrira assez justement la victime. Cette voix inconnue dépourvue d'une présence physique concrète la menace de mort sans donner de raisons précises. L’intrigue ne tournera en fait autour que de ce seul et constant suspense pour une femme dont la vie devient un enfer d'autant plus que certains de ses proches se demandent si elle ne serait pas devenue folle. Le spectateur n’a même pas à se poser ces mêmes questions puisqu’il aura vu et entendu la même chose que Kit ; ce qui fait perdre dès le départ à l'intrigue une bonne partie de son mystère. Les auteurs n'ayant pas tiré profit de ces éléments dramatiques à leur disposition, le spectateur n'a plus qu'à suivre sagement un suspense assez convenu et somme toute assez insipide voire parfois soporifique. On imagine très bien ce que tout ceci aurait pu donner sous la direction d’un génie comme Hitchcock.

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Ce n’est pourtant pas le fait non plus que la star féminine la mieux payée de l’époque soit mal entourée : Rex Harrison, Herbert Marshall, Roddy McDowall, John Gavin, John Williams, Myrna Loy, Anthony Dawson ; on a connu bien pire casting ! Seulement les deux scénaristes les ont bien mal utilisé voire même pour certains carrément sacrifiés ; concernant l’intrigue proprement dite, hormis les éléments de suspense que nous avons déjà évoqués plus haut, on ne peut pas dire non plus que l’écriture du background soit très rigoureuse ni très intéressante. Dommage car il y avait vraiment du potentiel à tous les niveaux. Détail assez amusant cependant mais qui accentue le gouffre qu’il peut y avoir dans le genre entre David Miller et Alfred Hitchcock, Midnight Lace réutilise les deux acteurs John Williams/Anthony Dawson qui officiaient déjà en tant que détectives dans Le Crime était presque parfait (Dial M. for Murder) ; la comparaison entre les deux films -qui possèdent d'ailleurs beaucoup d’autres points communs- n’est évidemment pas à l’avantage du plus récent ! Quant à la mise en scène, parfois efficace -la séquence pré-générique dans le brouillard ou celle de l’ascenseur bloqué dans le noir-, si elle n’est pas déshonorante, reste assez plate et –hormis lors des séquences sus-citées- ne fait dans l’ensemble guère d’étincelles. Et du coup très logiquement la mayonnaise du suspense a du mal à prendre.

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Pour résumer, un scénario s’amusant à brouiller les pistes et à jouer avec les codes du genre mais dans l’ensemble bien trop laborieux avec éléments inexploités et acteurs sous exploités pour un suspense psychologique assez prévisible, guère palpitant, sans grande tension et bien trop grandiloquent dans son final. Reste un tripotée de comédiens de haut vol et une Doris Day bien mise en valeur -habillée avec classe par Irene qui revenait à l’occasion à Hollywood après avoir déserté les plateaux hollywoodiens pendant 10 ans- dans un contre emploi interprété avec un grand professionnalisme mais sans vraiment d’âme ; il n’y a pas à dire, même si elle fut souvent excellente dans le drame, la fantaisie lui sied bien mieux. Ceci étant dit, par un morne après midi pluvieux, le film peut se révéler distrayant d’autant que le décor londonien est assez sympathique. Quoiqu’il en soit, ça aura été à nouveau un gros succès pour Martin Melcher, Ross Hunter et leurs partenaires de la Universal. Doris Day était loin d’avoir fini d’attirer les foules !

******************************************************************
Le film existe en DVD anglais mais sans sou titres français. Copie plus médiocre !

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Mon avis sur son 28ème film aurait été plus sympathique pour l'anniversaire de l'actrice.
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Re: Doris Day

Message par Joe Gillis »

Jeremy Fox a écrit :Mon avis sur son 28ème film aurait été plus sympathique pour l'anniversaire de l'actrice.
En plus, cette année elle se prend un petit coup de vieux...!

http://www.francetvinfo.fr/culture/sur- ... or=CS1-746
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

:o :lol:
joe-ernst
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Re: Doris Day

Message par joe-ernst »

Joe Gillis a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Mon avis sur son 28ème film aurait été plus sympathique pour l'anniversaire de l'actrice.
En plus, cette année elle se prend un petit coup de vieux...!

http://www.francetvinfo.fr/culture/sur- ... or=CS1-746
D'où mon lien plus haut... :wink:
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Re: Doris Day

Message par Alexandre Angel »

Joe Gillis a écrit :En plus, cette année elle se prend un petit coup de vieux...!
Enorme!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

28
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Un Pyjama pour deux (Lover come back)

Réalisation : Delbert Mann
Avec Doris Day, Rock Hudson, Tony Randall, Edie Adams
Scénario : Stanley Shapiro & Paul Henning
Photographie : Arthur E. Arling (Eastmancolor 1.85)
Musique : Frank De Vol
Une production Universal / Arwin Productions
USA – 107 mn -1961


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Carol Templeton (Doris Day) et Jeff Webster (Rock Hudson) sont deux publicistes d'agences adverses sur Madison Avenue. Ils ne se connaissent pas de visu, se détestent et essayent chacun de leurs côtés de s'accaparer les contrats les plus juteux. Alors que Carol se donne entièrement à son travail au détriment d’une vie privée inexistante, Jeff est un joyeux fêtard. Pour d'abracadabrantes raisons -qu'il serait trop long de raconter-, Jeff -coureur de jupons invétéré- va se faire passer pour un savant timide et complexé aux yeux de Caroline qui tombe amoureuse de celui qu’elle avait tout d’abord essayé de faire tomber entre ses griffes sachant qu’il préparait l’invention d’un produit miracle. C’est en fait Jeff qui a mis au point ce 'Fake' afin qu’elle tombe dans le piège et lance une campagne pour un produit... inexistant ; seulement Peter Ramsey (Tony Randall), le patron psychotique de Jeff, a mis le pied dans le plat en annonçant ce produit à la presse... Les quiproquos les plus drôles vont s'ensuivre jusqu’à un Happy End attendu et cocasse.

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Pas facile de raconter avec clarté les fils de cette intrigue se déroulant dans les milieux de la publicité pas plus que les divers quiproquos qui se tissent et qui s’entrecroisent. Les scénaristes s'en donnent à cœur joie et avec un savoir-faire certain -le travail de Stanley Shapiro sera à nouveau nominé pour l’Oscar du meilleur scénario après celui de Pillow Talk- pour critiquer la société de consommation et décrire avec une réjouissante méchanceté le microcosme que constitue le monde de la publicité, non seulement capable de faire vendre n’importe quoi à n’importe qui, de créer des besoins, mais également rempli d'obsédés sexuels sans foi ni loi autre que celles de l'argent et du plaisir, de patrons complexés n'hésitant pas à faire reporter toutes leurs bévues sur les sous fifres -allant même jusqu'à leur demander poliment ‘de se jeter par la fenêtre’-, ou encore de femmes absorbées par leur travail au point de totalement occulter leurs vies privées.

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Nous aurons reconnu dans l'ordre les personnages interprétés par Rock Hudson, Tony Randall et Doris Day qui réintègrent un canevas comique assez similaire à celui de Confidences sur l’oreiller (Pillow Talk), Doris Day prenant à nouveau Rock Hudson pour un homme qu'il n'est pas, ce dernier jouant à merveille les imbéciles et les coincés jusqu'à cette longue séquence absolument hilarante dans l'appartement de Doris Day au cours de laquelle le Don Juan se faisant passer pour un savant doux-dingue feint d'être vierge afin d'attendrir sa 'proie' pour que cette dernière tombe dans ses bras et le 'dépucèle'. Car cette comédie ironique et gentiment satirique est également remplie de sous entendus sexuels et de situations grivoises qui apparaitront néanmoins aujourd’hui comme assez bon enfant même si elles feront probablement encore grincer quelques dents chez certaines féministes notamment à cause de la réaction des femmes de chambre du motel justifiant quasiment le ‘viol conjugal’ et prenant fait et cause pour le 'pauvre mari' à qui la femme ne veut pas se donner ! La place de la femme dans la société est également encore assez 'clichée' et pourra déplaire à ceux-là même qui se seraient déjà offusqués surtout par le fait d'avoir du mal à se replacer dans le contexte de l'époque. Amusons nous au contraire de ce probable second degré, Carol étant décrite comme agaçante de pruderie, voire parfois 'drôlement' antipathique tout comme d'ailleurs son partenaire.

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Cette comédie 'romantique' opère même quelques incursions dans le burlesque par l'intermédiaire du personnage du patron joué par Tony Randall, toujours aussi drôle, sorte de pendant à Jack Lemmon. Les dialogues sont truffés de répliques qui font mouche et le trio de comédiens est parfaitement rodé, chacun nous délivrant son numéro à la perfection. Qui aurait deviné un tel potentiel et un tel tempérament comique chez Rock Hudson, cet acteur assez terne du début des années 50 ? Il n'aura peut-être jamais été aussi drôle que dans les trois films qu'il partage avec Doris Day -excepté aussi dans Le Sport favori de l'homme d'Howard Hawks- et il faut bien se rendre à l’évidence, c’est lui cette fois qui tire presque toute la couverture à lui ; dans la peau de ce mufle absolument odieux, capable de toutes les bassesses pour attirer sa concurrente dans son lit, il est inénarrable et nous offre un exercice de cabotinage absolument jubilatoire. Il faut également l’avoir vu avec sa barbe hirsute et son costume absolument hideux et noter à postériori quelques lignes de dialogues encore plus audacieuses et savoureuses lorsque l’on connait son homosexualité qui était encore cachée à l’époque ! Doris Day est comme précédemment une partenaire de tout premier ordre mais elle n’a cette fois pas été forcément gâtée par la costumière qui lui aura offert pour l’occasion l’une des collections de chapeaux les plus laides qui soit, le maquilleur et le coiffeur n’étant pas en reste, le résultat étant une comédienne physiquement très mal mise en valeur à moins que l’idée fût de la rendre volontairement ridicule, ce dont je doute à un tel point.

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Sur le tournage de Lover Come Back, Rock Hudson disait à propos du couple de cinéma qu’il formait avec Doris Day : "Two people really have to truly like each other, as Doris and I did, for that shines through, the sparkle, the twinkle in the eye as the two people look at each other. They, too, both parties have to be strong personalities – very important to comedy. God knows that Doris is a strong personality!" Outre ce pétillant couple de cinéma dont l’alchimie n’est plus à démontrer, ainsi que leur souffre-douleur en la personne de l’hilarant Tony Randall, n’oublions pas quelques délectables autres seconds rôles comme celui de la comédienne sexy jouée par Edie Adams ou encore celui du savant ‘fou’ -le produit qu'il finit par inventer est quand même "la cuite à 10 cents"- qui n’est autre que le cocasse Jack Kruschen, l'acteur qui interprétait le médecin voisin de Shirley MacLaine dans le génial La Garçonnière (The Apartment) de Billy Wilder. Dommage qu’avec des acteurs aussi confirmés, des dialogues aussi percutants et un scénario aussi amusant, la mise en scène de Delbert Mann se soit avérée aussi terne et paresseuse, manquant grandement de rythme et de vivacité, que les transparences et les séquences extérieures tournées en studio aient été aussi bâclées -celle sur la plage notamment- et que le final soit si quelconque et si peu surprenant.

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Peut-être un peu plus longue à démarrer et un peu moins rigoureusement construite que Pillow Talk, mais au final une comédie encore plus déjantée, tout aussi agréable, rafraichissante et amusante. Du vaudeville haut de gamme qui aura récolté un succès considérable aussi bien public que critique –Le New York Times l’ayant jugée comme la comédie la plus drôle de l’année- et qui nous aura aussi permis en bonus d’entendre Doris Day interpréter sur le générique de début la très plaisante chanson-titre écrite par Frank De Vol.

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Le film est sorti en zone 2 avec VF et VOST
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

29
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Un soupçon de vison (That Touch of Mink)

Réalisation : Delbert Mann
Avec Doris Day, Cary Grant, Gig Young, Audrey Meadows
Scénario : Stanley Shapiro & Nate Monaster
Photographie : Russell Metty (Eastmancolor 2.35)
Musique : George Duning
Une production Universal / Arwin Productions
USA – 99 mn -1962


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Cathy Timberlake (Doris Day) est au chômage. Alors qu’elle se rend à son agence pour l’emploi, elle se fait éclabousser de boue par une limousine appartenant au riche industriel Philip Shayne (Cary Grant). Pressé, il ne s’arrête pas pour voir les ‘dégâts’ occasionnés à sa ‘victime’. Plus tard, de son bureau, il voit Cathy entrer dans un ‘Fast Food’ et envoie son conseiller financier (Gig Young) lui présenter ses excuses. Ce dernier qui a toujours été jaloux de la réussite financière et du pouvoir de séduction de son patron, pense avoir trouvé en Cathy l’occasion de se venger ; croyant qu’elle va le gifler en public, il l’amène rencontrer son boss. Pas de chances, alors que c’est effectivement ce qu’elle s’apprête à faire, dès que leurs regards se croisent, elle en tombe immédiatement amoureuse. Si elle rêve de s’en faire épouser, Shayne ne pense évidemment qu’à l’amener jusqu’à son lit…

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Tout de suite après l’excellent Lover Come Back (Un Pyjama pour deux) -peut-être la plus drôle des Sex Comedy avec Doris Day, déjà produite par la même équipe- le duo Delbert Mann à la mise en scène et Stanley Shapiro à l’écriture remettent le couvert et signent cette nouvelle comédie qui fait se rencontrer pour la première fois la plus grande star féminine de l’époque et l’un des acteurs emblématiques du genre depuis les années 30, le classieux et séduisant Cary Grant. Autant dire que la réunion de ces deux grandes vedettes spécialistes de la comédie américaine faisait grandement saliver ! Le couple fonctionnera d’ailleurs très bien auprès du public et de la critique américaine puisque non seulement le film sera le deuxième plus gros hit de l’année 1962 aux USA mais recevra également outre-Atlantique plusieurs récompenses dont le Golden Globe de la meilleure comédie, le Laurel Award pour le couple de comédiens ainsi que le Writer’s Guild of America Award pour le scénario de Stanley Shapiro.

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Aujourd’hui le film paraitra vraisemblablement démodé et daté mais son charme bien réel pourrait aussi justement découler de ce décalage entre ce qui –niveau allusions sexuelles notamment- pouvait ‘choquer’ au début des 60's et qui paraitra au contraire de nos jours extrêmement gentillet voire même pour certains un peu sexiste ; car il faut bien évidemment se replacer dans le contexte de l’époque pour accepter cette constante moquerie des homosexuels -ceci dit souvent désopilante et pas bien méchante non plus- ou ce couple assez cliché formé par la chômeuse romantique qui ne rêve que de mariage et du millionnaire séducteur, célibataire endurci. Contrairement aux précédentes comédies avec Doris Day basées pour les plus célèbres sur des quiproquos dus au fait que la femme se trompe sur l’identité de l’homme dont elle tombe amoureuse alors qu’il est en fait censé être son pire ennemi, That Touch of Mink ne fonctionne pas de la sorte puisqu’il n’y a dès le départ aucune ambigüité sur la personne du milliardaire. En revanche sur ses intentions si : comme les personnages interprétés par Rock Hudson, celui joué par Cary Grant -bien plus sobre qu’à l’accoutumé dans ce style de films, au point de le sentir parfois effacé voire très peu concerné- ne pense qu’à une seule chose, amener la femme -qu’il a malencontreusement éclaboussé avec sa limousine- jusqu’à son lit ; un lit à baldaquin dans lequel la jeune femme s’imaginera être à tous les moments où elle se retrouvera avec celui qu’elle aimerait bien épouser (ascenseur, voiture...), idée qui amènera à l’une des séquences certes les plus cocasses mais aussi les moins drôles du film de Delbert Mann, aujourd’hui un peu lourde et finalement assez sinistre par sa répétition et son incapacité à nous faire venir un sourire aux lèvres. D’autres gags seront en revanche hilarants tels lors de la la séquence d’ébriété qui se termine par la chute sur un store, les gifles destinées à Cary Grant mais reçues par Gig Young, les innombrables pauses-pipi durant la dernière partie alors que Doris Day chercher à rendre jaloux Cary Grant en acceptant l'invitation du machiste de l'agence pour l'emploi...

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Malgré des acteurs chevronnés, d'autres plus novices mais tout aussi délicieux –dont une Audrey Meadows qui fait grandement penser à Eve Arden dans un rôle d'ailleurs similaire de bonne copine n'ayant pas la langue dans sa poche-, des dialogues savoureux et un scénario amusant à défaut d’être original, la mise en scène de Delbert Mann s’avère aussi terne que paresseuse, manquant grandement de rythme et de vivacité, nous délivrant même des séquences aussi longues qu’inutiles comme celle du défilé de mode. Ce qui fait que l’on suit cette comédie certes sans aucun ennui mais également sans jamais vraiment d’enthousiasme. Mais, une fois admis que That Touch of Mink ne saurait autant nous faire jubiler que d’autres précédentes comédies avec Doris Day telles Le Chouchou du professeur (Teachers’Pet), Train, amour et crustacés (It Happened to Jane) ou Ne Mangez pas les marguerites (Please, don’t Eat the Daisies) pour lesquelles l’actrice avait successivement pour partenaires Clark Gable, Jack Lemmon et David Niven, sans bien évidemment oublier ses deux comédies avec Rock Hudson, ce film de Delbert Mann devrait cependant arriver à nous faire passer un moment très agréable d’autant que la comédienne est cette fois parfaitement bien mise en valeur contrairement à Lover Come Back dans lequel les costumiers et les coiffeurs ne l’avaient guère gâtée. On trouvera également à postériori assez délectable les décors désormais disparus de ces fast-food où les plats étaient délivrés derrière une mosaïque de vitres en verre –source de quelques 'gags-gifles' impayables- ou encore le design de cette salle informatique rempli d’imposants ordinateurs que l'on bourrait à la gueule de petites fiches colorées.

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Pas très original -voire même mou et routinier- plus que sage formellement parlant, mais presque constamment amusant grâce notamment aux sous entendus sexuels à foison, aux multiples situations cocasses, à une Doris Day désormais parfaitement rodée mais également au faire valoir du duo principal, l’inénarrable Gig Young qui n’a rien à envier à Tony Randall, totalement irrésistible dans son va et vient chez son psychologue qui sur un malentendu pense avoir à faire à un homosexuel ; ce qui est source de séquences tellement désopilantes que les auteurs décideront de terminer leur comédie sur ces deux personnages secondaires pour une dernière réplique qui rappelle celle célébrissime de Certains l’aiment chaud de Billy Wilder. Nullement mémorable que cette comédie sur le questionnement du mariage/célibat mais néanmoins loin d’être déplaisante.

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Le DVD zone 2 est non seulement proposé en 2.35 - 4/3 mais est absolument dégueulasse. VF et VOSTF

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onvaalapub
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Re: Doris Day

Message par onvaalapub »

C'est gratuit, c'est pour Jeremy et ses deux passions conjuguées : Doris Day et les VF :mrgreen:

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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

Poursuite de notre mini-cycle estival consacré à la comédienne avec Piège à minuit de David Miller.
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

30
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La Plus belle fille du monde (Billy Rose's Jumbo)

Réalisation : Charles Walters
Avec Doris Day, Stephen Boyd, Jimmy Durante, Martha Raye
Scénario : Sidney Sheldon
Photographie : William H. Daniels (Metrocolor 2.35)
Musique : Richard Rodgers & Lorenz Hart
Une production Metro Goldwin Mayer / Arwin Productions
USA – 123 mn -1962


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Au début du 20ème siècle, Pop (Jimmy Durante), sa fiancée (Martha Raye) et sa fille Kitty (Doris Day) dirigent le cirque Wonder dont la principale attraction est l’éléphant Jumbo. Mais les spectateurs se font rares et les affaires vont de plus en plus mal d’autant plus que Pop dilapide au jeu toutes les recettes et que les artistes non rémunérés préfèrent quitter le navire avant qu’il ne coule définitivement ; une aubaine pour John Noble (Dean Jagger), autre directeur de cirque qui a toujours lorgné sur le pachyderme et qui aimerait bien racheter le cirque Wonder. Il envoie incognito son fils Sam (Stephen Boyd) pour qu’il espionne ses concurrents et pour qu’éventuellement il fasse précipiter la faillite. Sauf que Kitty tombe amoureuse de lui…

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Billy Rose’s Jumbo est l'adaptation d'un énorme succès des années 30 aux plus de 200 représentations qui narrait les déboires d'un cirque dont le directeur –rôle déjà tenu par Jimmy Durante- dilapide toutes les recettes en allant jouer au craps et qui, ne pouvant ainsi plus payer ni ses fournisseurs ni verser le salaire de ses artistes, voit ses derniers le quitter un par un pour aller se faire embaucher par la concurrence. Le spectacle original était écrit par non moins que le duo 'hawksien' Ben Hecht/Charles MacArthur, une mixture comédie/musique/romance/spectacle remis ici au goût du jour par un Sidney Sheldon qui ne s’est pas révélé très inspiré. Et il n’a pas été le seul ! Oubliez donc aussi qu’il s’agit d’un film signé par Charles Walters dont les comédies musicales furent pour beaucoup mémorables et pour certaines faisant partie des plus exquises de l’équipe MGM d’Arthur Freed aux côtés de celles de Vincente Minnelli, Stanley Donen ou George Sidney. Citons notamment Parade de printemps (Easter Parade) avec Fred Astaire et Judy Garland, The Belle of New York avec Fred Astaire et Vera-Ellen -à qui Damien Chazelle rendra un bel hommage à travers la plus belle séquence de La La Land, celle dans l’auditorium-, le splendide et touchant Lili avec Leslie Caron et Mel Ferrer -dont on attend toujours qu’il sorte sur galette numérique-, Dangerous When Wet, la comédie musicale la plus réussie avec Esther Williams, ou encore le superbe Haute société (High Society) avec l’inoubliable quatuor réunissant -excusez du peu- Grace Kelly, Frank Sinatra, Bing Crosby et Louis Armstrong. Oubliez également que la plupart des chorégraphies ont été mises en place par le génial Busby Berkeley dont c’était ici le dernier travail et ne faites pas attention au défilé d'autres noms prestigieux au générique avec notamment William H. Daniels à la photo, Joe Pasternak et Martin Melcher à la production, l’immense Richard Rodgers (La Mélodie du bonheur) à la musique, le duo MacArthur/Hecht à l’écriture de l’histoire originale…

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Mais surtout jetez un voile pudique sur ce que vous avez pu lire à son propos dont notamment cette surréaliste dithyrambe : "Film peu connu et on se demande bien pourquoi car il possédait tous les éléments pour en faire le film familial par excellence, pouvant plaire à toutes les tranches d'âge et aussi spectaculaire par exemple -pour en rester dans les films évoquant la vie d'un cirque- que le classique de Cecil B. DeMille, Sous le plus grand chapiteau du monde […] La mise en scène est souvent inventive, toujours gracieuse et élégante, avec une caméra tour à tour caressante et virevoltante lors des séquences les plus spectaculaires, un délice de presque tous les instants […] Des fautes de gouts, il y en a plus d'une mais elles sont vite oubliées devant la qualité et l'ampleur du spectacle qui se termine d'une façon plutôt originale par un long numéro d'à peu près 15 minutes oscillant entre kitsch et post-modernisme. Une très belle réussite." Je peux d’autant plus m’en moquer... que je suis l’auteur de cet avis et qu’il prouve bien que ‘l’amour’ rend aveugle, ayant dû l’écrire alors que je commençais à tomber sous le charme de la comédienne Doris Day, n’ayant alors d’yeux que pour elle et m’extasiant sur presque tous ses films y compris les plus moyens comme c’est le cas ici. Et tant pis pour le ridicule d'un tel retournement de veste ; ce ne sera pas le premier... ni le dernier !

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Car si ce spectacle coloré et joyeux peut faire passer un agréable moment en période de disette cinématographique, il s’avère en fait assez médiocre à presque tous les niveaux, son scénario un peu idiot tenant sur un papier cigarette, sa mise en scène paraissant un peu figée par le scope et son casting n’étant pas des plus concluants, la majorité des seconds rôles étant de plus quasiment tous sacrifiés ; d’ailleurs les spectateurs ne seront pas dupes puisque ce sera un bide aux USA, l’un des rares -voire l’unique- de la carrière de sa comédienne principale qui était encore en cette année 1962 l’artiste -homme et femme inclus- le mieux payé à Hollywood. On a imputé plus tard cet échec financier à une grève des journaux de cette époque, le film n’ayant ainsi pas pu bénéficier de la promotion attendue ; seulement il avait quelques années pour s’en relever, ce qui ne s’est pas passé. A lui seul, le dernier numéro ‘Sawdust, Spangles and Dreams’ censé être le clou du spectacle résume assez bien en quoi le film est en partie raté, oscillant sans cesse -à cause en l'occurrence principalement d’un Busby Berkeley plus vraiment avisé- entre kitsch vieillot, mièvrerie sirupeuse et tentative de modernisme qui tombe le plus souvent à l’eau.

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Le directeur du cirque offre à Jimmy Durante un rôle picaresque assez sympathique même si assez vite répétitif ; sa fille est interprétée par une Doris Day plutôt sobre, assez bien mise en valeur -si l'on oublie le tutu rose- et constamment convaincante, la seule à tirer totalement son épingle du jeu. Stephen Boyd –Messala dans le Ben-Hur de William Wyler- et Martha Raye complètent ce quatuor qui aurait pu être revigorant si le premier n'avait pas été totalement fadasse -peut-être le plus transparent des partenaires de Doris Day- et si la seconde ne pouvait pas sembler aussi vite agaçante. Niveau musical, même si c’est loin d’être ce qu’a composé de mieux le grand Richard Rodgers, l’ensemble reste plutôt agréable à défaut d’être mémorable : Doris Day est en forme -de belles interprétations de la poignante ‘Little Girl Blue’, de‘My Romance’ ou encore de ‘This Can't Be Love’-, les sept chansons de Richard Rogers & Lorenz Hart –dont la plus belle est de loin l’entêtante ‘The Most Beautiful Girl In The World’, interprétée successivement par Stephen Boyd et Jimmy Durante- sont très bien orchestrées par Conrad Salinger et le travail de seconde équipe de Busby Berkeley est au moins mémorable dans le spectaculaire numéro qui se situe en début de film, ‘Over and Over Again’. Quant aux numéros de cirque, ils sont pour certains de premier ordre, surtout ceux basés sur l'acrobatie plus que ceux clownesques ou animaliers.

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A signaler que le film est sorti en France sous deux titres différents, La Plus belle fille du monde (qui reprend en fait la chanson phare de la bande originale) ainsi que Jumbo, la sensation du cirque. Ayant été presque aussi sévère à cette troisième vision qu’extatique à la première, la vérité se situe probablement dans un juste milieu. Quoiqu’il en soit, s’il est certain qu’il ne s’agit pas d’un sommet de la comédie musicale MGM, ce n’en est pas un navet pour autant ; chacun pourra probablement y trouver quelques agréables séquences même s’il semble évident que ceux qui sont allergiques à la mièvrerie et aux bons sentiments pourront s’en détourner sans remords. Quant aux amateurs de la chanteuse Doris Day ils ont dû être un peu tristes puisque ça aura été la dernière fois qu’on l'aura vu dans une comédie musicale, sa dizaine de films suivants ne sortant pas du domaine de la pure comédie.

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Le film existe en DVD en zone 1 & 2 avec VF et VOST. Copie correcte.

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