Doris Day (1922-2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Doris Day

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Pour l'instant après 9 films, il y a des hauts et des bas mais pas de film qui semble t'avoir déplu. Ton enthousiasme donne envie. :D
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :Pour l'instant après 9 films, il y a des hauts et des bas mais pas de film qui semble t'avoir déplu. Ton enthousiasme donne envie. :D
Pour l'instant c'est effectivement le cas. Ceci étant dit, ce sont des films que je ne conseillerais pas tous à n'importe qui. Ce dernier par exemple, je ne suis pas certain qu'il te plaise. It's a great feelling en revanche, pourquoi pas.
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Rick Blaine
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Re: Doris Day

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Rick Blaine a écrit :Pour l'instant après 9 films, il y a des hauts et des bas mais pas de film qui semble t'avoir déplu. Ton enthousiasme donne envie. :D
Pour l'instant c'est effectivement le cas. Ceci étant dit, ce sont des films que je ne conseillerais pas tous à n'importe qui. Ce dernier par exemple, je ne suis pas certain qu'il te plaise. It's a great feelling en revanche, pourquoi pas.
Oui le dernier effectivement, je sens qu'il ne serait pas fait pour moi.
It's a great feelling je l'ai vu, j'en ai gardé un bon souvenir. Je note Storm Warning, ça pourrait me plaire. De toute façon j'ai la plupart de ces films qui trainent à droite à gauche ! :D
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :Je note Storm Warning, ça pourrait me plaire.
Il y a de fortes chances en effet. Le dixième film sera à nouveau signé Michael Curtiz.
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Supfiction
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Re: Doris Day

Message par Supfiction »

Storm Warning est très bon mais ce n'est pas un "Doris Day movie" (elle y est excellente mais une autre aurait pu tenir le rôle) comme peut l'être On Moonlight Bay que les non initiés trouveront désuet et gentil. Il faut être prévenu à l'avance de ce que l'on s'apprête à voir. C'est moins nostalgique que Meet me in Saint Louis mais le film bénéficie d'une bonne chanson titre qui trote dans la tête longtemps après le visionnage et de scènes réussies notamment au début avec une Doris Day qui s'en donne à coeur joie en garçon manqué comme elle adorait le faire.
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit :avec une Doris Day qui s'en donne à coeur joie en garçon manqué comme elle adorait le faire.

Au vu de son lancer, elle semble d'ailleurs avoir vraiment joué au baseball. Elle sera d'ailleurs ensuite à nouveau auprès de Ronald Reagan (excellent dans Storm Warning) dans un film relatant la biographie d'un vrai athlète de ce sport.
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit :Le dixième film sera à nouveau signé Michael Curtiz.
Et, à l'instar de celui qu'elle tiendra en 1955 dans Les Pièges de la passion de Charles Vidor, il s'agit de l'un de ses plus beaux rôles, l'un de ceux pour lesquels on regrette qu'elle n'ait pas reçu d'Oscar. A suivre en milieu de semaine prochaine.
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

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LA FEMME DE MES REVES (I'll see you in my dreams)

Réalisation : Michael Curtiz
Avec Doris Day, Danny Thomas, Frank Lovejoy, Mary Wickes
Scénario : Jack Rose & Melville Shavelson
Photographie : Ted D. McCord (noir et blanc)
Musique : Divers sous la direction de Ray Heindorf
Une production Warner Bros.
USA - 109 mn - 1951


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Chicago 1908. Le parolier Gus Kahn (Danny Thomas) frappe à toutes les portes des maisons d’édition de Tin Pan Alley pour faire lire les chansons, opérettes et comédies musicales qu’il a écrit depuis des années seul dans son coin. Ce jour là, il demande avec insistance à la charmante Grace LeBoy (Doris Day) de juger ‘son œuvre’. Après l’avoir brusquement remis à sa place, elle accepte de lui consacrer quelques heures. Le conseil qu’elle lui donne d’emblée est d’écrire des chansons simples pour aider toutes ces personnes qui ne savent pas dire ‘je t’aime’. Il la prend au mot et vient la déranger le soir même alors qu’elle dîne avec ses parents pour lui faire lire ‘I Wish I Had a Girl’ qu’elle met immédiatement en musique et qui se transforme vite en un immense succès populaire. C’est le début d’une collaboration fructueuse qui aboutira après plusieurs années de travail commun… par un mariage. Grace n’aura alors de cesse que de veiller sur son époux, le conseiller et le relancer lors de ses passes difficiles. Gus écrira des centaines de chansons pour les compositeurs les plus célèbres de Broadway et d’Hollywood et réussira à rebondir après le Krach de Wall Street qui l’aura un temps ruiné financièrement et moralement…

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"If you want to write songs, write about love, because the average person doesn't know how to say I love you. You've got to say it for them."

Tin Pan Alley est le nom qui fut donné à la rue de New York située entre la 5ème et la 6ème avenue et où les éditeurs musicaux s’étaient regroupés à la fin du 19ème siècle, et par extension à la musique populaire américaine dès cette même époque. Irving Berlin, Al Jolson, Cole Porter et bien d’autres firent partie de ces innombrables artistes qui fréquentèrent ce lieu incontournable de leur profession pour y proposer leurs compositions. Durant les années 40 et 50, la plupart des grands compositeurs de Tin Pan Alley eurent droit à leur biopic, la majorité construits sur le même modèle, les innombrables chansons composées par la personnalité mise en avant donnant lieu à des numéros entrecoupant une intrigue elliptique et pas toujours captivante. Si Hollywood se pencha plus logiquement sur les auteurs des mélodies, rares sont les librettistes et paroliers dont la biographie fut portée à l’écran. Le fait de mettre Gus Kahn sur le devant de la scène représentait donc une singularité ; une parmi d'autres concernant ce modeste film musical de Michael Curtiz qui, toujours totalement inconnu en France, fut pourtant l’un des deux plus gros succès de la Warner en cette année 1951. Un petit coup de projecteur sur ce très joli film ne lui fera surement pas de mal d’autant que la réputation de la décennie 50 du cinéaste demeure plus que médiocre. Parmi les nombreux films injustement mésestimés de cette période se trouve donc ce I’ll see you in my Dreams qui s’avère également être le titre de l’une des chansons les plus célèbres de Gus Kahn.

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Gus Kahn nait en Allemagne en 1886. Il n’y vit que très peu de temps puisque sa famille émigre aux USA dès 1890 dans la ville de Chicago. Comme on le voit dans le film qui débute en 1908, cette année là il rencontre Grace LeBoy avec qui il écrit son premier succès. Il ne l’épouse que huit ans plus tard mais ne travaillera plus avec elle, cette dernière le poussant à s’associer avec des mélodistes de renom tels Egbert Van Alstyne, Tony Jackson ou Isham Jones. De leur collaboration sortiront d’immenses standards tels ‘Pretty Baby’, ‘Making Whoopee’, ‘My Buddy’ ou encore ‘Toot toot tootsie’ -immortalisée par Al Jolson- qui deviendront plus tard à nouveaux de très grands hits pour Doris Day. Gus Kahn travaillera pour Broadway et les comédies musicales du ‘grand Ziegfeld’ puis écrira pour Hollywood des chansons de films dont Carioca, l’un des premiers mettant en scène le célèbre couple Fred Astaire/Ginger Rogers. Il collaborera également avec, pour ne citer que les plus connus, les frères Gershwin, Vincent Youmans, Bronislau Kaper, Jerome Kern, Harry Warren… Il meurt en 1941 et c’est Grace elle-même qui, dix ans plus tard, sera embauchée comme ‘Technical Advisor’ sur le film rendant hommage à son époux et qui dans le même temps, vu l’importance qu’elle eut dans la vie et la carrière de son mari, dessine également d’elle un portrait admirable ; Michael Curiz n'aurait-il pas voulu par la même occasion et par personnage interposé dire tout le bien qu'il pensait de son actrice ?

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Pour endosser le rôle de Kahn, Danny Thomas, un comédien dont ce sera quasiment l’unique rôle important au cinéma ("The best thing I’ve ever done – and with Doris Day!") si ce n’est celui aussi de Al Jolson dans The Jazz Singer à nouveau réalisé par Michael Curtiz l’année suivante. Si en France Danny Thomas demeure toujours un illustre inconnu, il fut célèbre aux États-Unis en tant que comique, surtout sur scène et à la télévision (The Danny Thomas Show perdurera onze années durant entre 1953 et 1964). La deuxième originalité de ce film est donc d’avoir donné comme partenaire à Doris Day un comédien qui, contrairement à Gene Nelson ou Gordon McRae, était loin d’être un fringant jeune premier, le protagoniste étant de plus assez égoïste, immature et pas spécialement très équilibré au point d’être vite découragé et parfois de déprimer. Quoiqu’il en soit, les scénaristes et l’acteur ont réussi à en faire un personnage d’autant plus attachant et humain que le couple que le comédien forme avec la vedette maison fonctionne à merveille. En cette année 1951, non contente d’être la chanteuse préférée des américains, Doris Day s’installe également de plus en plus confortablement à la place de la comédienne la plus populaire et la plus affectionnée par les spectateurs de son pays. Et elle trouve peut-être à l’occasion de sa quatrième collaboration avec son découvreur Michael Curtiz l’un des plus beaux rôles de sa carrière dans le registre dramatique avec plus tard celui dans L’Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock et celui de la chanteuse Ruth Etting dans Les Pièges de la passion (Love me or Leave me) de Charles Vidor. Dans On Moonlight Bay juste quelques semaines avant, l'actrice interprétait un jeune garçon manqué convaincant ; ici c’est au contraire une femme mure et adulte à laquelle on croit tout autant, le passage de rôles exubérants à d’autres au contraire très posés allant être une des principales caractéristiques de la Miss Day, aussi douée dans les deux registres. Quant à son génie pour la performance vocale, il suffit d’écouter son interprétation de ‘The One I Love Belongs to Somebody Else’ pour s’en convaincre à nouveau.

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Ici, elle rayonne dans la peau de cette femme de tête au caractère bien trempé, tout à la fois moderne et capable de se dévouer corps et âme à l’homme qu’elle aime et qu’elle a épousé. Un ange de gentillesse, de douceur et de tendresse qui, grâce à la force de conviction et au potentiel de sympathie dégagés par l’actrice, parvient à ne jamais être 'écœurante de bonté' ; au contraire une sorte d’épouse idéale grâce à qui le parolier réussira sa carrière, le remettant sur les rails, lui faisant trouver un certain équilibre, lui donnant de bon conseils et surtout arrivant à l’écouter et être compréhensive y compris lorsqu’il lâche prise, ne supportant plus qu’on le materne autant et décidant dans la foulée de faire ses bagages et d’abandonner femme et enfant. La comédienne -tout comme son partenaire- est constamment juste. Très jolies idées que de faire interpréter certaines chansons de Kahn par le couple ; nous nous souviendrons notamment de la délicieuse séquence dans le train sur ‘Making Whoopee’, de ‘Pretty Baby’ servant à illustrer les deux maternités de Grace ainsi que de ‘Toot toot tootsie’ au cours de laquelle cette dernière se grime en noir (comme le fera Al Jolson), l'interprétant dans le cadre des spectacles donnés durant la première guerre mondiale. Si le film tient avant tout grâce à l’interprétation du duo Day/Thomas, aux côtés de ce couple original et profondément attachant l’on trouve une galerie de seconds rôles toute aussi réjouissante avec notamment l’inénarrable Mary Wickes dans le rôle de la servante qui acceptera de perdre un moment ses gages pour pouvoir venir en aide à ses maîtres lorsqu’il seront ruinés par le Krach boursier de 1929, mais aussi un inoubliable Frank Lovejoy dans le rôle du principal collaborateur de Gus Kahn, Walter Donaldson, ou encore Patrice Wymore (alors Mme Errol Flynn) qui partage avec Doris Day la plus émouvante séquence du film, celle de la rencontre entre les deux ‘rivales’, d’une maturité et d’une intelligence assez rare dans le genre. Les deux enfants s'avèrent eux aussi tout à fait crédibles, le couple de scénaristes Jack Rose & Melville Shavelson parvenant à leur faire dire les mots justes.

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Évoquant la carrière du parolier Gus Kahn (auteur de quelques centaines de chansons), un modeste mais excellent biopic musical, tendre, adulte et d'une belle sensibilité, l’un des plus réussis qui soit avec celui réalisé par Richard Thorpe pour le studio concurrent, la MGM, sur le duo de compositeurs Bert Kalmar et Harry Ruby avec Fred Astaire et Red Skelton, le réjouissant Trois petits mots (Three Little Words). Michael Curtiz n’y est évidemment pas non plus pour rien : même si s’effaçant un peu derrière ses comédiens et son scénario, il n’en demeure pas moins qu’il accomplit un discret mais très beau travail, témoins quelques superbes idées de mise en scène comme celles pour illustrer certaines ellipses temporelles ; de plus son film s’avère esthétiquement très léché grâce à la précision et à la beauté des cadrages mais aussi à une très belle photographie en noir et blanc de Ted D. McCord. Une œuvre touchante et qui mérite vraiment d’être découverte, son principal mérite étant de s’attacher bien plus à l’intimité d’un couple qu’à une succession de ‘morceaux de bravoure' musicaux ou dramatique comme c’est souvent le cas pour ce type de films.

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Le film existe en zone 1 dans un superbe DVD malheureusement sans sous titres français.

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Alexandre Angel
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Re: Doris Day

Message par Alexandre Angel »

Je rêve où Danny Thomas (que je ne connais pas) ressemble sur les captures ci-dessus (surtout une) à Michael Stuhlbarg.
Spoiler (cliquez pour afficher)
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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Doris Day

Message par Jullien Robert »

Effectivement un très beau film que "la femme de mes rêves"
et sachez que je l'ai sous-titré en français , au cas ou ?
amitiés Robert.
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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

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STARLIFT (Starlift)

Réalisation : Roy Del Ruth
Avec Doris Day, Dick Wesson, Ron Hagerty, Janice Rule
Scénario : John D. Klorer & Karl Kamb
Photographie : Ted D. McCord (noir et blanc)
Musique : Divers sous la direction de Howard Jackson
Une production Warner Bros.
USA - 103mn - 1951


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Mike et Rick (Dick Wesson & Ron Hagerty), deux soldats américains, font les pitres devant une salle de spectacle où doivent se produire Doris Day, Gordon MacRae et Ruth Roman. Rick ayant été dans le même établissement scolaire que la quatrième vedette, Neil Wayne (Janice Rule), ils décident de s'en servir comme prétexte pour aller les rencontrer. Leur stratagème ayant réussi, ils se retrouvent dans l’hôtel où résident actuellement les 4 stars. Rick tombe amoureux de Neil et fait croire, pour l’apitoyer et se faire passer pour un héros, qu’il part le soir même au front en Corée. En réalité, ce sont seulement deux soldats qui pilotent les avions de transport jusqu’à Honolulu, ne prenant jamais part aux combats. Ne le sachant pas, nos vedettes les accompagnent à la base pour d'émouvants adieux. Elles en profitent pour visiter l’hôpital militaire où elles sont accueillies à bras ouverts par les blessés qui n’en croient pas leurs yeux. Doris Day se retrouve à chanter devant la prochaine ‘fournée’ de combattants. C’est un gros succès et le commandant de la base décide en collaboration avec le patron de la Warner d’instaurer chaque semaine une navette de nouvelles stars, le Starlift, qui se rendra à la base se produire en spectacle afin d’encourager les soldats qui partent au combat…

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Durant la Seconde Guerre Mondiale, les grands studios hollywoodiens participèrent à l’effort de guerre par différents moyens, l’un d’entre eux étant la production de comédies musicales destinées avant tout à soutenir le moral des troupes. Parmi les meilleures nous citerons For me and my Gal de Busby Berkeley qui nous faisait participer aux débuts très convaincants de Gene Kelly formant alors un couple très attachant avec Judy Garland. Certaines d’entre elles, surtout à la Warner et à la 20th Century Fox, furent en quelque sorte de légères mises en abimes ; en effet, autour d’une intrigue romantique assez secondaire et souvent guère captivante (comme c’est le cas ici malgré la présence de la charmante Janice Rule), les Majors invitaient sur l’écran une kyrielle de leurs stars maisons à venir effectuer un numéro comique, dansé ou chanté, voire même faire une simple et amusante apparition. Les célébrités hollywoodiennes interprétaient alors leur propre rôle, se déplaçant dans les bases militaires, départ des futures destinations de combats de ces soldats allant pouvoir ainsi passer des moments mémorables au lieu de se ronger les sangs dans l’attente de leur appel pour se rendre à leur baptême du feu. Le plus beau fleuron de ce sous genre fut Hollywood Canteen de Delmer Daves grâce à la sensibilité unique du réalisateur et au couple extrêmement touchant formé par Robert Hutton et la charmante Joan Leslie. En 1951, avec à peu près le même postulat de départ que celui du film de Daves, Starlift ressuscite ce style de comédies musicales, adapté cette fois au conflit coréen.

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Au vu des projections devant transparences qui laissent à désirer, Starlift est une production assez modeste qui s’apparente beaucoup à une comédie musicale de la Fox elle aussi en noir et blanc, Four Jills in a Jeep de William A. Seiter : deux films frais et sympathiques, bien plus digestes que certains plus connus et plus prestigieux réalisés dans la même optique tels La Parade aux étoiles (Thousands Cheer) -pourtant signé par le génial George Sidney- ou encore le pénible Thank your Lucky Stars de David Butler. Alors certes il ne faut rien attendre de plus de la troisième collaboration entre Roy del Ruth et Doris Day qu’un honnête divertissement, mais de ce point de vue il me semble remplir honnêtement son contrat, tout du moins pour les férus de comédies musicales, les autres allant probablement le trouver fort médiocre d’autant que l’intrigue est non seulement quasi inexistante mais de plus guère captivante. La qualité du film baisse d’ailleurs un peu après la première demi-heure, ce qui correspond au départ de la vedette maison numéro 1 de l’époque, Doris Day. Au bout de 35 minutes, cette dernière devant partir sur un tournage, elle quittera aussi le film, sa spontanéité, son charme et son entrain allant un peu lui faire défaut. Mais ce sera alors au tour de Gary Cooper, Phil Harris, Gene Nelson, James Cagney, Randolph Scott, Jane Wyman, Virginia Mayo… de venir réconforter les GI, certains pour de courtes apparitions mais presque toutes aussi savoureuses les unes que les autres.

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Ce sera l’occasion de numéros musicaux ou comiques tous plus ou moins réussis mais dans l’ensemble très agréables. Citons parmi les meilleurs ‘What Is This Thing Called Love’, le formidable tango dansé par Gene Nelson et Janice Rule, ‘It’s Magic’ chanté par un Gene Nelson que l’on a peu l’occasion de voir dans cet exercice, ‘Look Out, Stranger, I'm a Texas Ranger’, la parodie de western avec Phil Harris, Frank Lovejoy et Gary Cooper, Virginia Mayo en vahiné dans ‘Noche caribe’, ‘God's Green Acres of Home’ chantée a capella par Gordon MacRae et un chœur d’homme. Les prestations de Patrice Wymore (‘Liza’) et Jane Wyman (‘I May Be Wrong, But I Think You're Wonderful ‘) seront par contre un peu décevantes. Mais, et sans je pense être bêtement ébloui par le talent extraordinaire de la comédienne/chanteuse qui ne cesse de me surprendre, les numéros les plus inoubliables auront cependant été ceux avec Doris Day ; sentiment d’ailleurs partagé par la plupart des avis trouvés sur le net. Ce seront donc tout d’abord ‘You're Gonna Lose Your Gal’, un savoureux duo avec son partenaire de prédilection de l’époque, Gordon MacRae, puis la reprise de la célèbre ‘'S Wonderful’ de George Gershwin puis, enfin et surtout, la séquence la plus mémorable du film, celle où elle vient chanter pour les blessés de retour du front, interprétant avec une bonne humeur communicative et un charme unique , le Medley ‘You Oughta Be in Pictures/You Do Something to Me’.

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Vraiment un quasi sans faute à ce niveau là surtout que la mise en scène de Roy Del Ruth (déjà auteur l’année précédente du très amusant West Point Story avec James Cagney et Doris Day) est plutôt enlevée, les chorégraphies de Leroy Prinz plutôt inspirées (ce qui n’a pas toujours été le cas) et que le noir et blanc s’avère très beau. Le sketch du cuisinier ivre par un Tommy Noonan déchainé -sorte de mélange entre Jerry Lewis et Red Skelton- réussit même à faire rire aux éclats alors que le cameo de James Cagney est savoureux, arrivant à l’improviste alors que Dick Wesson est en train de l’imiter en mimant une scène de White Heat (L’enfer est à lui) de Raoul Walsh. Malgré une idée départ assez astucieuse (inspirée par le fait que Ruth Roman est réellement à l’origine de ces ‘déplacements’ dans les bases militaires de San Francisco des stars de la Warner pour aller motiver les troupes), le scénario ralentit un peu vers le milieu du film car, entre les numéros musicaux, le semblant d’intrigue guère palpitante continue ; Neil Wayne (très séduisante Janice Rule) apprend la supercherie concernant son faux héros de soldat mais il est trop tard, la presse s’est emparée de cette histoire d’amour pour en faire ses choux gras. Nos deux ‘tourtereaux’ devront faire semblant de vivre le grand amour devant les journalistes et les familles alors qu’ils ne se supportent plus… Encore une apparition assez cocasse, celle de la journaliste à l’origine de cette fausse histoire d’amour qui n’est autre que l’acerbe chroniqueuse mondaine Louella Parsons tenant donc elle aussi son propre rôle.

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Bref, malgré un flottement de l’intrigue, beaucoup de choses réjouissantes dans ce film : la confirmation que Gene Nelson est un des meilleurs danseurs qui soit, la découverte d’un acteur comique qui aurait mérité d’être plus connu, Dick Wesson -qui jouera ensuite le travesti vraiment très drôle dans le Calamity Jane de David Butler aux côtés de Doris Day-, une multitude de standards signés non moins que par Cole Porter, George Gershwin, Jule Styne, Harry Warren, etc., des danses de grande qualité, le tout au sein d'un ensemble très joyeux. Moins réussi dans le même genre que le touchant Hollywood Canteen de Delmer Daves mais néanmoins très plaisant à condition d’être féru de numéros musicaux.

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Le film se retrouve au sein de ce coffret. La copie est très belle et nous trouvons des sous titres français.

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Re: Doris Day

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THE WINNING TEAM (The Winning Team)

Réalisation : Lewis Seiler
Avec Doris Day, Ronald Reagan, Frank Lovejoy, Eve Miller
Scénario : Ted Sherdeman, Seeleg Lester & Merwin Gerard
Photographie : Sidney Hickox (noir et blanc)
Musique : David Buttolph
Une production Warner Bros.
USA - 98 mn - 1952


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1908 dans le Nebraska. Grover Cleveland Alexander (Ronald Reagan) est un monteur de lignes téléphoniques qui travaille d’arrache-pied pour pouvoir participer à l’achat d’une ferme et se marier avec sa douce et aimante fiancée, Amy (Doris Day). Seulement Grover ne peut résister lorsqu’on lui demande de participer à un match de baseball, sa passion première ; et alors il est capable de louper un rendez-vous important et notamment celui avec son futur beau-père qui, estimant que son gendre manque de sérieux, refuse désormais d’aider financièrement le couple à s’installer. Mais, alors qu'Alex avait promis à Amy de ne plus toucher une balle, l’entraineur de l’équipe de Galesburg qui avait eu l'occasion d'assister à ses exploits vient lui proposer de jouer en tant que professionnel. Malgré les fortes réticences d’Amy, il accepte en lui faisant comprendre que grâce à cette nouvelle situation ils pourraient plus rapidement obtenir la somme d’argent nécessaire pour avoir leur propre maison. Et c’est effectivement ce qui se passe. ‘Alex the Great’ devient une star grâce à son puissant lancer jusqu’au jour où il reçoit une balle de base-ball en pleine tête qui lui laisse de graves séquelles ; il voit désormais tout en double, a de fréquentes et puissantes migraines et ne peut ainsi plus jouer. Il retrouvera plus tard une vue normale mais sera toujours handicapé par des vertiges arrivant à l’improviste et sa tendance à l’alcoolisme. La ‘Winning Team’ Alex/Amy survivra-t-elle face à ces difficultés ?

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The Winning Team est un biopic sur Grover Cleveland Alexander (1887-1950), joueur de base-ball considéré comme l’un des plus grands lanceurs de l’histoire de la National League. En 20 ans de carrière à partir de 1911, il ne comptera pas moins de 373 victoires au sein des équipes de Philadelphie, Chicago puis enfin des Cardinals de St-Louis. Ayant reçu lors d’un match une violente balle entre les deux yeux, il souffrit pendant un long moment de diplopie (double vision), ce qui mit momentanément fin à sa carrière. Ayant retrouvé toutes ses facultés, il fit un come-back très remarqué, n'ayant rien perdu de sa puissance et sa vitesse de lancer. Mais les séquelles étaient encore là puisqu’il souffrit ensuite de puissantes migraines, de vertiges et de crises d’épilepsie, le tout aggravé par une semi-surdité due aux éclats d’obus alors qu’il était sur le front en 1917. Tout en continuant à jouer, il sombra dans l’alcoolisme (pour lutter contre ses douleurs), divorça deux fois de la même et unique épouse et finit par mourir dans la plus grande des solitudes. Bien évidemment, le film s’arrêtera bien avant, lors de la victoire de l’équipe des Cardinals de St-Louis contre les Yankees de New York en 1926, acquise grâce avant tout à la présence rassurante dans le stade de l’épouse du sportif. Car il fallait bien finir ce biopic sur un happy-end afin que la ‘Winning Team’ du titre soit enfin reconstituée et consolidée. La veuve de Grover ayant été embauchée comme conseillère sur le film, elle a probablement souhaité que le film montre son époux telle qu’elle voulait s’en souvenir, évacuant tout ce qui s’en est suivi et refusant même que le terme tabou d’épilepsie soit entendu à l’écran.

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Ce treizième film de Doris Day (qui n’allait pas tarder à devenir la vedette numéro 1 de la Warner dès l’année suivante) est réalisé par Lewis Seiler, cinéaste sans aucun talent particulier mais sachant accomplir son travail avec un certain professionnalisme. Il tourna d’abord quelques westerns avec Tom Mix, certains films des franchises Dead End Kids ou Charlie Chan avant d’être le réalisateur qui durant les années 40 à la 20th Century Fox dirigea le plus souvent la chanteuse portugaise 'aux paniers de fruits sur la tête', à savoir Carmen Miranda. On retiendra notamment Something for the Boys, Doll Face ou même If ‘I’m Lucky, tous trois assez amusants et colorés. Il signa aussi un agréable Pittsburgh (La Fièvre de l’or noir) qui tenait surtout sur les épaules de ses trois stars -non moins que Randolph Scott, John Wayne et Marlene Dietrich- mais surtout un très bon film de guerre, Guadalcanal, superbement écrit par le scénariste attitré de Henry King, l’excellent Lamar Trotti. Excepté ce dernier titre, rien de marquant dans le lot (tout du moins parmi les films que nous avons pu voir en France) ; des longs métrages totalement routiniers et sans aucune ambitions formelles mais arrivant néanmoins à nous distraire sans trop d’ennui.

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On pourra en dire de même du biopic qui nous intéresse ici avec le couple Ronald Reagan/Doris Day, la ‘Winning Team’ du titre. On pourra rapprocher ce film d’un des précédents avec Doris Day avec lequel il partage énormément de ressemblances et de points communs, I’ll See you in my Dreams (La Femme de mes rêves) de Michael Curtiz. Excepté la profession de l’époux (parolier de Broadway ici ; champion de base-ball là), les films sont construits à peu près d’une manière identique et l’actrice tient un rôle quasi semblable, celui d’une femme au caractère bien trempé capable de se dévouer corps et âme à l’homme qu’elle aime et qu’elle a épousé ; une épouse loyale grâce à qui le sportif réussira sa carrière, le remettant sur les rails lorsqu’il partira en vrille, lui faisant retrouver un certain équilibre, lui donnant de bon conseils et surtout arrivant à l’écouter et être compréhensive y compris lorsqu’il lâchera prise. Ici, et même si elle n’aura pas toujours été un ange de douceur (ce qui la rend plus humaine), si elle se détachera de son époux à plusieurs reprises avouant même un peu honteuse à sa belle-mère qu’elle avait été contente de l’accident cérébral arrivé à son mari, la lésion ayant éloigné ce dernier des stades et l’ayant ramené auprès d’elle, c’est elle qui contactera un entraineur de sa connaissance afin de le pousser à embaucher son époux rejeté de partout ailleurs. C’est encore elle qui par sa simple présence l’empêchera de flancher lors du match qui clôture le film. Un très beau personnage jamais mièvre mais pas aussi bien écrit que celui de Grace Kahn dans le film de Michael Curtiz.

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Car malheureusement, si le film méconnu de Michael Curtiz est une très jolie réussite grâce notamment au scénario plein de sensibilité signé par le duo Melville Shavelson et Jack Rose, à la réalisation très léchée du cinéaste d’origine hongroise et évidemment au couple formé par Doris Day et un étonnant Danny Thomas, The Winning Team ne bénéficie pas des mêmes avantages et qualités. Lewis Seiler emballe le tout avec le sérieux qu’on lui connait mais sans aucune ampleur ni aucune idée de mise en scène, le scénario s’avère vite assez laborieux et enfin l’on a connu direction d’acteurs plus inspirée. Ronald Reagan n’est certes pas un mauvais comédien (il l'a prouvé chez Allan Dwan ou Sam Wood) mais il s’avère parfois moyennement convaincant, témoins les séquences où il doit jouer son personnage en état d’ébriété ; les excellents seconds rôles que sont Eve Miller, Frank Ferguson, James Millican -qui pour l’anecdote, avant ce premier rôle au cinéma fut un joueur de baseball professionnel-, un tout jeune Russ Tamblyn et Frank Lovejoy sont vraiment sous-employés ; quant à Doris Day, on l’a connu plus énergique et irrésistible. Ceci dit, sans faire beaucoup d’étincelles comme ça avait été le cas dans tous ses films précédents, elle s’en sort néanmoins bien mieux que ses partenaires ; grâce à son charme et à sa sensibilité, on aura eu à plusieurs reprises l'occasion de se réjouir de sa présence. Les auteurs auront eu également la bonne idée de la faire au moins chanter une fois, lors de la très jolie séquence familiale de Noël au cours de laquelle elle interprète la délicieuse Christmas Song ‘Ol' Saint Nicholas’.

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Malgré tous ces défauts dont surtout une mise en scène impersonnelle et une écriture assez terne, le film n’est pas une catastrophe. Il nous propose la belle histoire d’un couple uni dans l’adversité, d’un homme persévérant malgré tous les obstacles et rumeurs qui se mettent en travers de son chemin ; une histoire certes assez moralisatrice et pas spécialement progressiste (certaines féministes ne manqueront pas de critiquer la place de la femme, destinée avant tout à soutenir son compagnon) mais cependant plutôt attachante. Il faut dire qu’à cette époque les deux vedettes entretenaient une relation à la ville et que les rares séquences qui les voient réunis possèdent un charme certain. Moyen mais pas mauvais pour autant.

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On trouve ce film dans cet intéressant coffret qui propose les sous titres français et des copies toutes correctes.

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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

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Avril à Paris (April in Paris)

Réalisation : David Butler
Avec Doris Day, Ray Bolger, Eve Miller, Claude Dauphin
Scénario : Jack Rose & Melvin Shavelson
Photographie : Wilfred M. Cline (Technicolor)
Musique : Vernon Duke
Une production Warner Bros.
USA - 100 mn - 1952


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La Chorus Girl new-yorkaise Esther ‘Dynamite’ Jackson (Doris Day) est choisie par erreur pour représenter les Etats Unis lors d'un festival artistique à Paris en place d’Ethel Barrymore ; cette dernière reçoit en revanche le visa pour Montréal demandé par la danseuse. L’auteur de cette bourde est S. Winthrop Putnam (Ray Bolger), l’assistant de l’assistant du sous secrétaire au département d’état qui rêve de devenir non moins que… Président des USA ! Cette méprise va se révéler très populaire puisqu'en effet les supérieurs de Putnam l’en félicitent au vu du nombre impressionnant de courriers reçus applaudissant au fait qu’enfin une américaine ordinaire soit distinguée pour cette sorte d'évènement culturel. Esther va effectuer la traversée de l'Atlantique en paquebot avec un groupe de hauts dignitaires et intellectuels avec qui elle va s'ennuyer un peu ; heureusement, un patron de boite de nuit fauché (Claude Dauphin) va venir égayer son voyage et surtout elle va tomber amoureuse de celui qui lui aura permis par étourderie d’avoir cette chance de visiter Paris…

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Quatrième des cinq films que Doris Day tourna sous la direction du réalisateur David Butler (les autres étant It’s a Great Felling, Tea for Two, Escale à Broadway ainsi que le célèbre Calamity Jane qui sortira l’année suivante, véritable mise sur orbite de l’actrice aux USA), April in Paris narre l'histoire assez cocasse d'une Chorus Girl choisie par erreur –en lieu et place de la célèbre Ethel Barrymore- pour représenter les Etats Unis lors d'un festival artistique à Paris. Beaucoup de quiproquos en perspective, de situations pouvant prêter à rire ou sourire, un postulat de départ en définitive pas plus bête qu’un autre pour une comédie musicale n’ayant pas bénéficié d’énormes moyens et au final, bien que pas spécialement déplaisante -surtout pour les admirateurs de Doris Day qui aura rarement été aussi jolie-, il est vrai assez moyenne, fidèle en cela à sa peu flatteuse réputation.

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April in Paris’ était à l’origine une chanson écrite en 1932 pour un spectacle de Broadway intitulé Walk a Little Faster qui ne remporta d'ailleurs pas un succès phénoménal. En revanche la chanson-titre est devenue rapidement très populaire et eut de multiples interprètes dont Frank Sinatra qui en délivra une interprétation magnifique. La version mélancolique qu'en donne Doris Day lors du premier quart d’heure du film de David Butler est à nouveau là pour prouver que cette mélodie composée par Vernon Duke était effectivement superbe. Il s’agit d’ailleurs de la plus belle séquence du film, la comédienne donnant une interprétation puissamment émouvante de cette chanson dont les paroles sont signées E.Y. Harburg. Toutes les autres disséminées dans le courant du film auront également été composées par le même Vernon Duke mais avec Sammy Cahn en tant que parolier. Dans le lot, peu resteront marquantes hormis celles à l’origine des deux seules autres séquences mémorables, ‘I'm Gonna Ring the Bell Tonight’, le numéro exubérant se déroulant dans les cuisines du paquebot et au cours duquel Doris Day danse avec son partenaire Ray Bolger, ainsi et surtout que le délicieux ‘That's What Makes Paris Paree’ réunissant en fin de film Doris Day et Claude Dauphin. Même si un peu plus modeste, il ne faudrait pas oublier non plus le très bon premier numéro musical, ‘It must be Good’, très agréable grâce notamment à une dizaine d'artistes féminines aux splendides tenues violettes les mettant parfaitement bien en valeur ('What a Built'! est d'ailleurs l'une des répliques 'running gag' du film) ; parmi celles-ci, Doris Day qui en profite pour nous remémorer ses talents de danseuse malgré l’accident qui mit fin à ses grandes ambitions dans ce domaine. Elle nous le démontrera à nouveau à plusieurs reprises dans le courant de April in Paris.

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Esther 'Dynamite' Jackson n'est donc autre que la vedette féminine du studio de l’époque qui, comme son surnom l'indique dans le film, pète la forme et pétille de vivacité et de bonne humeur. Elle fait tout pour entrainer ce 'Musical' sur cette pente ; et si elle n’y parvient pas toujours, son constant entrain fait redémarrer le film à presque chacune de ses apparitions, ce qui nous empêche d’avoir le temps de sombrer dans l’ennui qui pointe néanmoins parfois le bout de son nez faute à un rythme pas franchement fougueux, à un humour pas spécialement léger et à un acteur qui est loin d’avoir la classe de Fred Astaire (pressenti au départ). L’ex-épouvantail de The Wizard of Oz (Le magicien d’Oz) s’avère cependant un excellent danseur dégingandé et son numéro sur la table des cuisines du paquebot est assez étonnant, ses jambes paraissant être en caoutchouc (ça aura d'ailleurs été sa spécialité toute sa carrière durant). Mais l’avoir choisi pour être le partenaire de Doris Day se sera révélé une grosse erreur de casting : l’alchimie entre les deux acteurs est quasiment inexistante par le fait aussi que, au vu de son âge, Ray Bolger aurait quasiment pu être le père de sa partenaire à l'écran ; il est ainsi assez difficile de trouver crédible leur couple alors pourtant que cela fonctionnait parfaitement bien l’année précédente avec aux côtés de Doris Day un comédien au physique tout aussi ingrat, le surprenant Danny Thomas dans le trop méconnu I’ll See you in my Dreams (La Femme de mes rêves) de Michael Curtiz. Ceci étant dit, le courage de choisir des acteurs pas spécialement beaux pour former des couples avec la star maison a probablement contribué à renforcer le statut de l’actrice, un nombre plus important de spectateurs pouvant alors avec encore plus de facilité s’identifier aux personnages et à leurs histoires d’amour.

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Pour avoir une chance d’apprécier le film, il faut également ne pas être allergique ni aux ridicules clichés comme ceux concernant les français, fabuleux amants et dragueurs impénitents, ni aux idées gentiment désuètes comme lors de ce long et pénible quart d'heure au cours duquel deux hommes choqués, sachant pertinemment que le mariage contracté entre Doris Day et Ray Bolger est un ‘Fake’ puisque le capitaine du navire leur ayant passé la bague au doigt n'en était pas un (capitaine), font tout pour empêcher que la nuit de noces soit consommée. Par contre on appréciera les piques assez délectables contre le gouvernement américain et ses fonctionnaires ainsi que la séquence parisienne au cours de laquelle pour la première fois de sa carrière Doris Day balance une gifle monumentale à sa rivale, suivi d'un début de crêpage de chignon assez savoureux. A signaler que malgré son titre, l'intrigue ne s'installe dans notre capitale que durant le dernier quart du film qui autrement s'est déroulé pour une bonne moitié à bord d'un paquebot. Sinon quelques autres occasions de se dérider : le numéro de Ray Bolger dansant avec deux anciens présidents des USA (Lincoln et Washington) ou encore les apparitions d'une Eve Miller qui aurait mérité un personnage plus étoffé et beaucoup plus présent à l'écran. Quant à la garde robe de l'actrice principale, elle nous en met plein la vue rehaussé par le fait d'être photographiée dans un glorieux Technicolor.

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Même si médiocre niveau esthétique et mise en scène, même si certaines séquences ont tendance à s'éterniser (celle de la fausse lune de miel et des cabines jumelles) au sein d'un scénario plutôt laborieux, et même si l’on ne croit guère à la romance entre Doris Day et Ray Bolger, l’ensemble n’aura pas été trop désagréable… à condition de ne pas trop en attendre et d’être conditionné au départ pour ce genre de comédies musicales. Film à la réputation peu flatteuse dans la carrière de Doris Day, il se révèle donc néanmoins assez sympathique, bien moins réjouissant cependant que les précédents films que David Butler a réalisé avec l'actrice.


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Le film existe au sein de ce coffret avec sous titres français. La moins bonne copie du lot mais cependant tout à fait regardable.
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Alexandre Angel
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Re: Doris Day

Message par Alexandre Angel »

Merci pour ces précieux comptes rendus, Jérémy :)
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Doris Day

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :Merci pour ces précieux comptes rendus, Jérémy :)

De rien, c'est avec plaisir ; depuis le temps que j'hésitais à me lancer. J'irais jusqu'au bout en tout cas en espérant que les deux derniers pas encore sortis en DVD le soient entre temps. :wink:
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