Miklós Jancsó (1921-2014)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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gnome
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Message par gnome »

Bien moi, je ne connaissais pas Jancsos et cette critique m'a bigrement donné envie de le connaître!

Mais ça sera après le coffret Watkins...
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phylute
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Message par phylute »

Ajout de la notule sur les bonus :wink:
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
Alligator
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Message par Alligator »

Még kér a nép Psaume rouge (Miklós Jancsó, 1972) :
2.5/10
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Désolé de faire le mauvais élève. Mais voir ce film a été pour moi une "plaie dans le cul" comme on dit outre manche et atlantique. Je ne sais pas comment on dit outre-alpe, vous m'excuserez.
Ce film hongrois est un long râle, le mien et celui d'une histoire de rebellion agricole.
Oui, Jancso fait dans le symbolisme.
Non, décidément je ne supporte que douloureusment ce parti-pris artistique.
Ce n'est pas Omar qui m'a tuer, ce sont les gesticulations en longs plans-séquences des paysans face à la soldatesque encanassonnée, les discours politiques ou religieux à deux forints et le jeu figé des comédiens qui m'ont tuer.

Dès les premiers plans j'ai essayé. D'abord de me concentrer sur les chants révolutionnaires détournés, les chants et danses folkloriques, la beauté de la gente féminine avec ou sans tétons à l'air libre. Tout cela me rattachait quelque part à ce cinéma.
Mais très vite le simplisme du scénario et de la réalisation, laquelle m'a paru ampoulée, théâtrale, long ballet (dans le cul évidemment, comme on disait avec élégance plus haut) m'ont lancé de méchantes piques dans le cervelet.
Bref, une demi-heure vacillante entre circonspection et peurs. Ensuite, le doute n'est plus permis : il s'agit bien d'un film interminable, laid, au propos fade et à l'intérêt qui restera pour moi un mystère insondable.

Triste expérience, proche de l'Expérience de Mort Imminente (NDE/EMI), il m'a fallu trouver au fond de moi, très profond (souvenez-nous, cf plus haut), des trésors de patience, voire d'abnégation pour finir ce film. J'ai encore envie de pleurer. 127 minutes en enfer.

Néanmoins, je ne veux pas m'avouer vaincu, bien conscient qu'il y a quelque chose qui cloche dans ce ressenti. Plus tard, je m'armerai de courage et m'attaquerai à Mon chemin qui m'attend, le regard en coin, l'air mauvais. J'ai peur.
julien
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Message par julien »

Alligator a écrit :Plus tard, je m'armerai de courage et m'attaquerai à Mon chemin qui m'attend, le regard en coin, l'air mauvais. J'ai peur.
Tu verras également que Vizi privati, pubbliche virtù, dans le genre "tétons à l'air libre" c'est pas mal aussi.
Alligator
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Message par Alligator »

je n'ai pas le coffret, j'ai seulement pris Mon chemin et Psaume rouge en individuel.
Alligator
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Alligator »

Így jöttem (Mon chemin) (Miklós Jancsó, 1965) :

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J'aurais essayé. Je n'y arrive tout simplement pas, toujours pas. Après avoir découvert dans la souffrance Psaume rouge, j'ai voulu retenter ma chance avec ce Mon chemin, parait-il d'un accès plus facile. Certes, le récit est un peu plus classique, linéaire, mais je me suis profondément ennuyé devant de beaux paysages et quelques jolis plans. Il n'en demeure pas moins que je reste rétif à ces lents et continus mouvements de caméras tournant autour des comédiens, englobant l'action dans les décors. Je me suis emmerdé comme rarement. Je ne suis pas parvenu à trouver l'axe ou l'élément qui pourrait ou devrait susciter un intérêt, une accroche, quelque chose d'émouvant, de sensuel ou intellectuellement excitant. Rien. Electro et encéphalo toujours à zéro. Ce n'est pas faute d'avoir insisté. Je ne sais si je re-tenterai ma chance. La vie est trop courte.
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Emergency »

Dommage Alligator, mais c'est tout à ton honneur d'avoir essayé ! :wink:

Pour ma part, j'ai immédiatement été subjugué par le style de mise en scène de Jancso. D'ailleurs, peut-il être considéré comme le fondateur d'un style à part entière ? Dans ce cas ça en ferait un metteur en scène aussi décisif qu'un Welles ou un Kubrick... Mais de toute manière, il ne fait aucun doute qu'il en a inspiré beaucoup après lui.
"Psaume Rouge", qui est mon préféré du cinéaste, est peut être son film le moins découpé. Cela peut se résumer en un ensemble de plans-séquences où Jancso utilise à merveille la profondeur de champ. Ce film me fait penser à "Soy Cuba" ou aux derniers Hou Hsiao-Hsien (surtout "Les Fleurs de Shanghai", "Millennium Mambo" et "Three Times"), dans le sens où la caméra n'est jamais statique. Du coup la grande économie de montage est "rattrapée" par un mouvement permanent. L'échelle des plans par le montage est reniée, cependant la caméra qui se déplace constamment offre des points de vue extrêmement variés. Je trouve ça totalement hypnotique et transcendant comme approche du cinéma.
Miklos Jancso filme souvent dans des grands espaces quasi-déserts, avec un nombre important d'acteurs. Il commence par exemple son plan en suivant un personnage qui se déplace, puis ce dernier croise un groupe d'autres personnes et là la caméra arrête de le suivre pour se focaliser sur ce groupe, etc. La gestion de l'espace, du positionnement des personnages dans le cadre relève d'un travail de mise en scène titanesque. En cela, je suis admiratif du travail de ce réalisateur en plus de trouver ses oeuvres captivantes d'un bout à l'autre.
Ce qui pourra être gênant pour la plupart des spectateurs, et c'est peut être aussi pour ça qu'Alligator est resté hermétique aux deux films qu'il a vus, c'est que non seulement le cadre du récit est minimaliste, mais qu'en plus le récit lui-même renie les conventions scénaristiques classiques par l'absence de péripéties ou de développement des personnages. Ce qui n'empêche pas outre mesure un fond thématique passionnant où Jancso nous conte avec force métaphores et symboliques, l'histoire de la Hongrie avec un grand H. Chez Miklos Jancso, il est souvent question de résistance d'un groupe d'individus face à une entité dominatrice, et, bien sûr, de quête de liberté.
Quelques-uns des films les plus représentatifs de son style : "Rouges et Blancs", "Les Sans-Espoir", "Silence et Cri", "Psaume Rouge" et "Mon Chemin".
A voir aussi "Cantate", film un peu plus ancien dans la filmo du hongrois, réalisé sous l'influence de "La Notte" d'Antonioni, mais au style déjà personnel.
"Pour Electre" et "Vices Privés, Vertus Publiques" sont à la fois mineurs et du Jancso "too much", donc hautement recommandables si les films ci-dessus ont été de bonnes expériences.
씨발 !
Alisou Two
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Alisou Two »

jancso a été un moment à la mode quand il présentait systématiquement (un peu comme les fréres DARDENNE qui repartent eux chaque fois soit avec une palme d'or ou un grand prix d'intrprétation: si cette année en 2008 ils sont de nouveau à Cannes pas besoin de se demander qui aura la palme d'or : ce serait une 1ére s'ils obtenaient pour la 3e fois la palme d'or, mais c'st possible) ses films à Cannes comme PSAUME ROUGE ou VICES PRIVES et VERTUS PUBLIQUES
ces films sont datés et ne présentent qu'un intéret limité...
EN revanche d'autres cinéastes sont venus plusieurs fois à Cannes sans avoir la plme d'or et pourtant ce sont d esacrés metteurs en scene:
ALMODOVAR d'abord (comment avoir préféré ROSETTA à TOUT SUR MA MERE ou encore LE VENT SE LEVE à VOLVER)
CARLOS SAURA
ou encore le plus malchanceux ETORE SCOLA (qui n'a rien obtenu POUR Une journee particuliere)
Emergency
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Emergency »

Gosh, quelle verve ! :mrgreen: Mais où veux-tu en venir exactement ? On sait bien que les prix décernés à Cannes, ça tient souvent du méli-mélo politique. Les grands films finissent par faire parler d'eux, sont réhabilités ou résistent au temps, Palme d'Or ou pas.
ALISOU TWO a écrit :EN revanche d'autres cinéastes sont venus plusieurs fois à Cannes sans avoir la plme d'or et pourtant ce sont d esacrés metteurs en scene
Jancso a reçu le prix de la mise en scène pour "Psaume Rouge" en 1972.

Et allez, si ça peut te rassurer :
Almodovar a reçu le prix de la mise en scène pour "Tout sur ma mère".
Saura a reçu le grand prix du jury pour "Cria Cuervos" en 1976. La même année, Ettore Scola raffle le prix de la mise en scène pour "Affreux, sales et méchants".

Des prix qui récompensent notamment la qualité de la réalisation.
씨발 !
Alligator
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Alligator »

En ce qui me concerne, ce n'est pas le cadre restreint du récit, ni l'absence de péripétie ou de développement, bien au contraire d'ailleurs. C'est plutôt l'incapacité dans laquelle je me suis trouvé à relier le mouvement de la mise en scène et les sensations que le cinéaste voulait "me" faire ressentir. Difficile à expliquer. Le lien entre l'image et le sous-entendu m'a échappé par moments. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de lien, j'avoue juste ma frustration de ne pas l'avoir entendu. Et par deux fois, deux films.
Emergency
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Emergency »

Okay, dude, alors je vais essayer d'y aller de ma petite explication, que certains prendront certes comme de l'onanisme intellectuel, mais peu importe. Plus haut, je mettais en rapport les choix de mise en scène de Miklos Jancso et ceux de Hou Hsiao-Hsien. En fait, s'il s'agit grosso modo d'ascétisme cinématographique dans les deux cas (on va jusqu'à dénigrer complètement Griffith et Eisenstein, dans "Les Fleurs de Shanghai" et "Psaume Rouge", tout de même), je vois chez le taïwanais une façon de traduire le flouté du souvenir (car qu'est-ce qu'un souvenir ? c'est des images rendues opaques dans notre esprit donc dépourvues d'un cadre ou autres limites concrètes ; c'est pourquoi la caméra de HHH va balayer l'espace d'une pièce plutôt que d'avoir recours au montage pour s'immiscer dans les angles), là où chez Jancso on s'adonne à sorte de corporalité suave des images. Chez Jancso, donc, les images se rapprochent, s'éloignent, s'élèvent, s'abaissent, tournent autour de. C'est, à proprement parler, un nouveau language doublé d'une gestuelle. La caméra-oeil de Jancso n'est pas que le miroir de la diégétique de l'oeuvre, c'est aussi et surtout un corps laché à l'intérieur de celle-ci, et qui se mêle à tout ce qui la constitue de manière à ne faire qu'un avec. Elle ne fait pas qu'observer et rapporter au spectateur-voyeur, elle prend part à, se délie de sa fonction si tant est qu'elle puisse en avoir une. Au-delà de ça, la symbolique est importante, chez Jancso. Une femme dans un film de Miklos Jancso, ça n'est pas une femme ; c'est un pays, c'est un monde, c'est l'univers, etc. La caméra de Jancso, dans sa façon bien à elle de toucher au divin et à l'infiniment grand, a fait du cinéma peut-être pour la première fois, un Art.
씨발 !
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Alligator »

Je comprends ce que tu dis. Mais, comment dire... je n'y crois pas, disons que je ne suis pas convaincu. En tout cas, ton interprétation est alléchante. Ce serait tellement bien.
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Commissaire Juve
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Commissaire Juve »

Alligator "m'a sauver" ! :mrgreen:
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Emergency »

Commissaire Juve a écrit :Alligator "m'a sauver" ! :mrgreen:
Pourquoi ? Allais-tu commettre l'erreur de découvrir un film de Miklos Jancso ?
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Commissaire Juve
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Re: Cinq films de Miklos Jancso

Message par Commissaire Juve »

Emergency a écrit :
Commissaire Juve a écrit :Alligator "m'a sauver" ! :mrgreen:
Pourquoi ? Allais-tu commettre l'erreur de découvrir un film de Miklos Jancso ?
J'aurais pu...
Dernière modification par Commissaire Juve le 16 avr. 08, 11:50, modifié 1 fois.
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