Danielle Darrieux (1917-2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Re: Danielle Darrieux

Message par Ann Harding »

Ayant déjà vu Mademoiselle ma mère (1937, Decoin), je peux vous dire qu'il est nettement moins bon que les grands Decoin-Darrieux comme Battement de Coeur, Abus de Confiance, Retour à l'aube ou Premier Rendez-Vous malgré la présence d'Alerme et de Pierre Brasseur au générique.
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Watkinssien
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Re: Danielle Darrieux

Message par Watkinssien »

Et moins bon aussi que le magnifique La Vérité sur Bébé Donge ! :wink:
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Mother, I miss you :(
Alisou Two
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Re: Danielle Darrieux

Message par Alisou Two »

LA VERITE SUR BEBE DONGE
et OCCUPE TOI d'AMELIE (diffusé au cinéma de minuit en mars 2009)
sont programmés en octobre2010 sur CINECLASSICS
pauley

Re: Danielle Darrieux

Message par pauley »

on reprend les memes et on continue.
DOMMAGE que ce ne soit pas Coquecicrole(film restauré) ou L'or dans la rue (film ayant obtenu un beau succes lors la projection à la cinémathèque en 2009.
darrieuxforever
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Danielle Darrieux

Message par darrieuxforever »

BONJOUR
:le cinéma FRANCAIS ne se limite pas aux années 60 !il a toute une histoire ... depuis les frères LUMIERE !GAUMONT qui a marqué cette histoire possède ss doute un catalogue très complet et..d'anciens films ds ses "réserves "!l'option dvd à la demande" devrait permettre de revoir dans de bonnes conditions de "vieux" films à faire revivre et qui le méritent! "les années 30 -40 "furent glorieuses pour le cinéma français et souvent joyeuses malgré les crises ..."la crise est finie" en est l'emblème ! un remède à la sinistrose !grand admirateur de DANIELLE DARRIEUX depuis ses débuts en ...1931 ,la grande dame est toujours PRESENTE sur les écrans en ...2010 pres de 120 films et un grand hommage à la cin"émathèque en 2009! gaumont dispose ds sn catalogue de 4 raretés :"mon coeur t'appelle" ,"l'or dans la rue","j'aime toutes les femmes" (1934 35) et plus récemment "méfiez vous mesdames" (1963) avec meurisse et morgan! une belle occasion pour redonner vie à ces films et rendre HOMMAGE à une "légende vivante" tjrs au top ! merci de m'aider ds cette "entreprise!"
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Cathy
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Re: Danielle Darrieux

Message par Cathy »

La vérité sur Bébé Donge (1951) - Henry Decoin

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François Donge, industriel réputé est à l'hopital, il a été empoisonné par sa femme Elisabeth dite Bébé. Il se remémore les évènements qui ont conduit sa femme à ce geste.

Henry Decoin réalise avec ce film une nouvelle adaptation d'un roman de George SImenon. La narration est assez spéciale avec ses flashs backs qui permettent de comprendre les personnalités des deux personnages principaux. Au départ François Donge célibataire endurci enchainant les conquêtes amoureuses et épousant la jeune soeur de la fiancé de son frère paraît sympathique. Par contre curieusement on ne sait au départ si la fraicheur apparente de Bébé est véritable ou une façade vu qu'on connaît son futur crime. Puis au fur et à mesure que le film avance et que l'on apprend les vicissitudes de ce couple, la tendance s'inverse,
Spoiler (cliquez pour afficher)
on commence à voir que Bébé est plus une victime qu'une coupable et que le mari est responsable de l'acte de sa femme
.
Jean Gabin est impérial dans ce rôle d'industriel odieux qui se marie plus par convenances que par véritable amour, même s'il semble épris de Bébé et Danielle Darrieux est superbe en jeune femme frivole, gamine un peu capricieuse et naïve qui va devenir une femme accomplie. Le film s'avère bien mené avec ce personnage finalement assez double du médecin interprété avec brio par Jacques Castelot ! L'attrait principal du scénario est finalement tous ces non-dits et ces élipses dans la narration, seules quelques scènes clés sont montrées, les rencontres du couple, la lune de miel, la grande scène où on perçoit le véritable caractère du mari, puis aussi toutes ces apparitions de Bébé dans de superbes robes de bal ou au contraire dans cette silhouette cintrée dans son tailleur noir, Une très belle adaptation avec un couple vedette impérial.
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Ann Harding
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Re: Danielle Darrieux

Message par Ann Harding »

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Adieu Chérie (1946, Raymond Bernard) avec Danielle Darrieux, Louis Salou, Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey et Jacques Berthier

Elizabeth Delors, dite Chérie (D. Darrieux) est entraîneuse dans les boîtes de nuit parisienne où elle traîne régulièrement des étrangers fortunés contre pourcentage. Un soir, elle est emmenée au commissariat suite à une rafle dans un tripot clandestin. Elle rencontre Bruno Brétillac (J. Berthier), un fils de grands bourgeois que sa famille veut marier à tout prix à une riche héritière...

Ce film de Raymond Bernard marque le retour à l'écran de Danielle Darrieux après la guerre. Elle n'a en effet plus rien tourné depuis La fausse maîtresse (1942, A. Cayatte) produit par la Continentale. Raymond Bernard avait lui aussi disparu des écrans durant la seconde guerre mondiale, mais pour des raisons différentes. Le fils de Tristan Bernard est juif, et il vit caché dans le sud de la France, puis dans le maquis du Vercors durant toute l'occupation. Il ne reviendra au cinéma qu'en 1945. Adieu Chérie semble vouloir retrouver le style des comédies d'avant-guerre de Darrieux avec un scénario de Marc-Gilbert Sauvajon et Jacques Companeez. Mais, la légèreté des années 30 a bel et bien disparue, même si Danielle chante toujours de manière ravissante deux chansons dans le film. Et puis, Sauvajon est capable du meilleur comme du pire tel Au petit bonheur (1946, M. L'Herbier) qui est un épouvantable ratage de Darrieux tourné juste après Adieu Chérie. Ici, le scénario n'est pas impeccable. Mais, grace à ses interprètes de second plan en particulier, le film conserve un certain charme. Louis Salou joue un viel aristo désargenté qui trouve des clients à Chérie. Gabrielle Dorziat est elle une matriarche toute puissante sur sa famille qu'elle manie d'une main de fer. Quant à Pierre Larquey, il est le père de Bruno, bien dépassé par les événements. Dans le personnage central de Chérie, Darrieux a un rôle aux facettes multiples qui lui va comme un gant. Elle est d'abord une entraîneuse cynique qui négocie férocement son pourcentage. Puis, déguisée en jeune fille innocente, elle réussit à séduire la famille Brétillac en un tournemain. Même la grande Dorziat succombe à son charme. Il y a un jeu constant entre réalité et simulation qui devient si complexe que l'on se sait bientôt plus si elle simule son amour pour le fils de famille ou si elle est sincère. Elle-même, à vrai dire ne le sait plus. Mais, la fin du film nous fait redescendre sur terre. Chérie avoue son passé d'entraîneuse et doit quitter Bruno qu'elle vient tout juste d'épouser. Dans les années 30, le film aurait eu une fin heureuse. Mais, là, elle doit se plier aux conventions et repartir le coeur brisé. Sur le papier, le scénario est vraiment intéressant. Il est bien dommage que le film de Bernard ne soit totalement réussi à cause d'un rythme relaché et à quelques scènes inutiles. J'ai été néanmoins ravie d'avoir pu voir ce film rare de Raymond Bernard à la Cinémathèque.
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Re: Danielle Darrieux

Message par Tancrède »

OK, pas trop de regrets pour ma part donc.
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Profondo Rosso
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Re: Danielle Darrieux

Message par Profondo Rosso »

Pas vu ce topic allez je remet ça ici mon film du mois de février !


Occupe-toi d'Amélie de Claude Autant-Lara(1949)

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Amélie, une cocotte entretenue par Milledieu, se prête à un mariage blanc pour aider Marcel, un ami de son amant, à toucher un héritage. Mais une idylle naît entre les faux mariés.

Chef-œuvre longtemps invisible de la comédie, Occupe-toi d'Amélie est un des films les plus brillants de Claude Autant-Lara qui nous offre là une jubilation de tous les instants. Par la grâce de circonstances particulière et d'un travail collectif fructueux, cette adaptation de Feydeau devient un objet percutant, moderne et inventif tout en respectant parfaitement l'esprit de la pièce. Autant-Lara réalisait là sa troisième et dernière adaptation d'une pièce et travaillait pour la seconde fois avec le scénariste Jean Aurenche après Le Mariage de chiffon (1942) et L'Affaire du courrier de Lyon (1937) pour une sorte d'apothéose pleine de fantaisie. A l'époque, le réalisateur est en difficulté et n'a pas travaillé depuis deux ans suite aux conflits avec son producteur Paul Graetz durant le tournage du sulfureux Le Diable au corps.

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Après un tournage houleux, le producteur s'était totalement désolidarisé d'Autant-Lara lors de la sortie du film et lançant même sur lui la réputation de réalisateur dépensier et incontrôlable. Cela coûtera donc une longue inactivité à Autant-Lara bien décidé à effacer cette image lorsqu'il s'attaque à Occupe-toi d'Amélie. Ainsi sous son aspect léger et virevoltant, le film est une véritable horlogerie suisse à la construction parfaite et d'un rythme aussi trépidant que savamment calculé et sans temps mort. On doit cet équilibre idéal au célèbre duo de scénariste composé par Jean Aurenche et Pierre Bost. La rigueur de Bost marié à la folie douce et talent comique d'Aurenche donne donc un résultat remarquable transcendé par la mise en scène virtuose et le brio narratif d'Autant-Lara.

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L'histoire donne dans la comédie de boulevard dans le style le plus débridée et sautillant qu'on est en droit d'attendre. Amélie, cocotte frivole est insouciante est sollicitée par le meilleur ami (Jean Desailly) de son amant (André Bervil) pour consentir à un faux mariage permettant à ce dernier de toucher un important héritage. Sur ce postulat vont se greffer quiproquos en pagaille et personnages plus azimutés les uns que les autres que ce soit un amant princier grotesque (Grégoire Aslan magnifiquement grotesque et outrancier en prince slave), un oncle belge à l'accent outrancier (Victor Guyau moteur du récit) ou encore Julien Carette (grand fidèle d'Autant-Lara) absolument irrésistible en papa gouailleur d'Amélie. On resterait là dans le vaudeville classique mais l'ensemble s'orne d'une dimension supplémentaire dans le jeu narratif ludique instauré par les auteurs. Le fait d'assister à la représentation d'une pièce est établi d'emblée avec l'ouverture où l'on voit débouler Victor Guyau dans les coulisses, se grimer en oncle belge, travailler son accent et annoncer le ton du show à venir à des amis spectateurs quelque peu collet montés.

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Elevés dans le monde du spectacle (notamment sa mère sociétaire à la Comédie Française), Autant-Lara s'amuse follement dans cette description enjouée de la frénésie des coulisses.Les passages d'un univers à un autre se feront avec une inventivité constante, que ce soit par la nature volontairement factice des décors (l'arrivée de Guyau dans une gare en carton-pâte) ou encore d'ample mouvement de caméra qui laisse soudainement découvrir les rideaux d'un cadre bien réel qui abritait pourtant une salle de théâtre dont on adopte le point de vue des spectateurs. Les transitions folles (l'annonce de l'épidémie à la caserne introduisant le deuxième acte) laissent bientôt place à un ton de plus en plus débridé où au fil de l'avancée du récit, les personnages de la pièce piègent les spectateurs outrés pour les garder jusqu'au bout, ces derniers intervenant même au final dans le récit face à la conduite décidément trop immorale des héros.

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Toutes ces idées sont servies par des acteurs au diapason et en particulier une fabuleuse Danielle Darrieux. Charmeuse et pleine d'esprit, elle alterne sophistication et hilarante authenticité (le très naturel "Tu parles" lâché lorsqu'on lui expose une alliance luxueuse est à hurler de rire) avec brio. Belle à croquer dans des robes splendides et vulgaire accentuant ses déhanchés, elle distille même sous le comique une émotion inattendue en un éclair lors du final et sa réaction quand elle découvre qu'elle n'est pas réellement mariée. Le jeu constant entre le vrai et le faux, l'enchevêtrement des récits et des manipulations de chacun est un réjouissement constant notamment la longue scène de mariage qui fait rire aux éclats. Occupe-toi d'Amélie ouvre la voie à une multitude d'exercice plus tardifs du genre, le plus fameux étant La Rose Pourpre du Caire mais on pense même aux délires des ZAZ ou de Mel Brooks tel ce passage où les techniciens de théâtre finissent de préparer le décor sous nos yeux lors de l'entame du second acte avec Darrieux et Desailly dans la chambre.


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Cette réussite totale se verra pourtant cruellement freinée lors de sa sortie. Longtemps tombés en désuétudes, les textes de Feydeau reviendront à la mode grâce au succès d'une reprise du Dindon à la Comédie Française. Les ayants droit de l'auteur négocieront alors un contrat d'exclusivité avec celle-ci, l'adaptation d'Autant-Lara faisant tâche suite à cet accord. Sans réussir à l'interdire ils en limitent alors sa diffusion par un procès et les futurs problèmes de droits (le film est produit par une entité française de la compagnie italienne Lux qui fera faillite au début des 60's) achèveront de le rendre longtemps invisible. Heureusement Feydeau tombé désormais dans le domaine public on peut à nouveau se délecter de ce délicieux moment. 6/6
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Re: Danielle Darrieux

Message par Federico »

Poursuite du cycle Darrieux dans le Hangar du 1er Film de L'Institut Lumière avec présentation par Raymond "Mister Memory" Chirat.

Mardi 12 février à 19h : Mayerling
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Tommy Udo
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Re: Danielle Darrieux

Message par Tommy Udo »

Federico a écrit :Poursuite du cycle Darrieux dans le Hangar du 1er Film de L'Institut Lumière avec présentation par Raymond "Mister Memory" Chirat.

Mardi 12 février à 19h : Mayerling
L'occasion également de rappeler qu'il sort dans moins d'un mois en DVD :D L'attente fut longue^^
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Ann Harding
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Re: Danielle Darrieux

Message par Ann Harding »

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L'Or dans la rue (1934, Kurt Bernhardt) avec Danielle Darrieux, Albert Préjean, Raymond Cordy, Pierre Larquey et Alice Tissot

Albert (A. Préjean) vit d'expédients avec son ami Pierre (R. Cordy). Alors qu'il était parti duper les gogos au bonneteau en forêt de Fontainebleau, il croise le chemin de Gaby (D. Darrieux) qu'il entreprend de séduire...

Quatrième film du couple vedette Darrieux-Préjean, L'Or dans la rue n'est pas aussi bon que La Crise est finie (1934) ou Quelle drôle de gosse ! (1935). Le scénario farfelu et léger est signé Henri Decoin qui épousera bientôt la vedette. Albert Préjean indique que cet opus était son film préféré avec Darrieux. Il faut dire que c'est lui la grande star du film qui occupe l'écran en escroc prestidigitateur habile et volubile. Dans les premières minutes du film, on repère avec plaisir une toute jeune et mince Suzy Delair en copine de Darrieux. Albert Préjean chante plus que sa partenaire dans le film et il occupe le terrain en montant des escroquerires farfelues comme celle de la fabrication de l'or synthétique grâce aux expériences d'un Pierre Larquey, en chimiste du dimanche. Tout cela n'est pas bien sérieux ; mais le film procure un vrai moment de plaisir au spectateur.
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Re: Danielle Darrieux

Message par Supfiction »

Ann Harding a écrit :Image
La Maison Bonnadieu (1950, Carlo Rim) avec DD, Bernard Blier, Françoise Arnoul et Berthe Bovy

Une petite ville de province en 1910. M. Bonnadieu (B. Blier) est réveillé en pleine nuit par un bruit dans l'escalier. Il surprend Pascal qu'il prend pour un cambrioleur. En fait, il est l'amant de Mme Bonnadieu (DD)...

Pour faire court, on pourrait dire qu'il s'agit de Madame de... chez les bourgeois. Danielle Darrieux est à nouveau une épouse infidèle à la Belle Epoque. Mais, la similarité s'arrête là. Mme Bonnadieu a pris un jeune amant après avoir fermé sa chambre à son époux qui l'aime plus que jamais. Il faut d'ailleurs admirer la prestation si sensible de Bernard Blier en époux cocufié. Il faut le voir avouer à son épouse une maîtresse imaginaire pour la reconquérir. Mais, il est maladroit au possible face à son épouse très fine et maligne qui le mène par le bout du nez. C'est finalement grâce à Berthe Bovy, la grand-mère de Mme Bonnadieu, que M. Bonnadieu pourra récupérer son épouse. Avec une telle histoire, nous pourrions avoir un vaudeville plein de mouvements et de situations scabreuses. Rien de tel ici. Carlo Rim, l'auteur du scénario et de la mise en scène, offre une étude subtile de l'adultère où tout n'est que non-dits et sous-entendus. Les scènes entre Darrieux et Blier sont absolument superbes. Elle, cachant son infidélité sous le masque de la plus parfaite innocence et lui, souffrant, mais cachant le fait qu'il sait la vérité. Les rôles secondaires sont pleins de charme comme le curé qui reçoit une étole brodée dans une boîte de corsets des mains de M. Bonnadieu (qui est fabriquant de corsets et guêpières). Si on ajoute qu'il y a une jolie complainte chantée par Mouloudji, une très belle photo signé Nicolas Hayer, alors il ne faut pas hésiter une minute. Le DVD René Chateau offre de plus une belle copie.
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Je viens de le voir et ce fut une très bonne surprise. Si je suis globalement d'accord avec Ann Harding, néanmoins je trouve qu'Ann a omis de dire à quel point le film est drôle et ponctué de mots d'esprits ou d'allusions grivoises ou sarcastiques. Au point qu'on se croirait un peu chez Billy Wilder. Carlo Rim le réalisateur avait d'ailleurs déjà des réussites à son actif dans l'humour piquant ou noir (dont notamment L'armoire volante, l'un des meilleurs Fernandel de cette époque ou Justin de Marseille en tant que dialoguiste).

Effectivement, le rôle de Darrieux fait penser à Madame de..., jouant de ses grands yeux pour duper son mari. Mais le film est ici centré sur le cocu magnifique Bernard Blier, prêt à s'inventer une liaison pour déculpabiliser sa femme et lui faire avouer ses fautes. A cet égard, il a également des accents de Guitry ou de Audiard et le ton oscille entre le tragique ressenti par les personnages et l'ironie latente et le second degré du texte joué à merveille par ses acteurs (Darrieux, Blier, Arnoul en tête, ainsi que l'excellent Yves Deniaud).

« Si tous les cocus se supprimaient, il ne resterait plus personne pour les enterrer. »
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Caprices (de Léo Joannon, 1942)

Message par Supfiction »

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Caprices (un film de Léo Joannon, 1942)

Deux jeunes gens riches se jouent la comédie. Elle, actrice de renom, se fait passer pour une pauvre fleuriste, lui, homme du monde distingué, se camoufle en escroc. Ce jeu va les entraîner dans une série d'aventures.

En dépit d'un argument de départ assez léger (un quiproquo sur la condition sociale de Danielle Darrieux qu'Albert Préjean prend pour une Cendrillon des bas quartiers alors qu'elle est une actrice habillée en fleuriste) et d'un scénario un peu décousu et parfois farfelu, c'est une comédie délectable qui a du faire rêver les spectateurs lors de sa sortie durant l'occupation. Les français avaient alors besoin de rire et de légèreté, et c'est bien le programme qu'on leur proposa. Sur des dialogues d'André Cayatte, les deux comédiens s'en donnent à cœur joie, leurs personnages faisant justement tout ce qu'ils ont envie au moment où ils en ont envie, se jouent la comédie, se font plaisir. Darrieux est particulièrement à la fête, ayant l'occasion de jouer à simuler être une pauvre marchande puis à faire l'actrice mondaine et sophistiquée, porte cigarette à l'appui.
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Une tandem de comédie Prejean/Darrieux (formé déjà en 1936 à l'occasion du film Quelle drôle de gosse! du même Léo Joannon) qui rappelle par certains côtés celui que formaient au même moment en Amérique William Powell et Myrna Loy mais avec des tempéraments inversés (à la fantaisie de Powell répond celle de Darrieux tandis Préjean est davantage, en contraste, dans la sobriété et le charme élégant comme l'était Myrna Loy).
On poussant plus loin la comparaison on pourrait même dire que Darrieux et Préjean annoncent les Richard Gere et Julia Roberts de Pretty woman. C'est un riche homme d'affaires, très généreux avec ses conquêtes féminines, et qui se prend un temps pour le prince charmant venu sauver Cendrillon. Sauf que bien sûr Darrieux est une fausse Cendrillon, et ne joue bien entendu pas une prostituée .. mais une actrice (ce qui n'était pas si éloigné pour certains esprits de l'époque).

Les scènes Préjean/Darrieux sont toutes savoureuses, à l'exception peut-être d'une scène chantée et doublée il me semble, qui a sérieusement vieillie. Il y a notamment une scène cocasse de diner durant laquelle le couple est au restaurant et où Darrieux craint de voir l'immense lustre de la salle lui tomber sur la tête. Elle exige qu'on l'enlève, affole toute la clientèle qui part convaincue que le lustre bouge. La scène se termine par la chute du dit lustre uniquement causé par la tentative de démontage. Et tout cela alors que le couple ne consomme finalement rien.

Un mot sur Jean Parédès très drôle dans le rôle de Constant, le valet un peu trop zélé et dévoué d'Albert Préjean, au point d'être jaloux de Darrieux. Parédès et Darrieux jouaient déjà ensemble l'année précédente dans le gros succès Premier rendez-vous d'Henri Decoin.

Une production Continental, merci Alfred.

Toujours pas de dvd/BR Gaumont à l'heure qu'il est.. :fiou:
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Je rajoute au passage ces célèbres photos de Darrieux et Viviane Romance (entre autres) en partance pour Berlin :
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Commissaire Juve
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Re: Danielle Darrieux

Message par Commissaire Juve »

Je ne te demande pas comment tu l'as vu, mais... voilà les nouveautés que j'appelle de mes vœux.

Ras-le-bol de me voir sans arrêt proposer des rééditions.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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