Ce qui est très fort (et en un sens assez dérangeant) c'est que Ford réussit à conserver la sympathie auprès du public pour un personnage qui est en fait un tueur raciste misanthrope et mysogine. The Searchers est un film hautement ambigu, dont on sort assez mal à l'aise puisqu'il renvoit à la face du spectateur sa propre noirceur et le pousse à s'intéresser à une quête en même temps primordiale et profondément injuste. Après le massacre de sa famille, il est normal de s'intéresser au sort d'une fillette et de vouloir la sauver de ses ravisseurs. Mais quand cette dernière est devenue adulte et souhaite rester en leurs compagnie (syndrome de Stockholm?) tandis que la mission de sauvetage se transforme en traque meurtrière, le tout prend un tour un peu plus amer. Le personnage de Wayne hait les Indiens parce qu'ils reflètent sa propre violence et ses pulsions personnelles de mort. Il n'existe d'ailleurs que par cette quête. Celle-ci terminée, il se retrouvera encore plus seul qu'auparavant, éternel étranger rejeté et qui rejete lui-même les autres. Le film suggère d'ailleurs qu'il est amoureux de la femme de son frère (assassiné très tôt dans le film) et que si le destin avait été différent, il aurait probablement été un père de famille banal et rangé.
Thématiquement profond, mais surtout cinématographiquement incroyable. C'est une claque à tout égard: le sens de la narration, le superbe technicolor, l'éternelle musique de Max Steiner, John Wayne qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles. Bref, un très grand film. Dont les images restent gravées, cinquante ans après, dans la conscience commune. Une pièce incontournable du panthéon cinématographique.
Vous l'aurez compris, j'adore.
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