Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Droudrou
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Re: Duel in the sun : Duel au soleil (King Vidor)

Message par Droudrou »

Je reviens au personnage de Jennifer Jones : elle est très belle ! elle est magnifique cette femme !
John Wayne : "la plus grande histoire jamais contée" - It was true ! This man was really the son of God !...
Jean Itard
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Re: Duel in the sun / Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Jean Itard »

Revu hier, ce film incroyable aux couleurs somptueuses. :D

Je lisais les messages précédents et je comprends que le film puisse diviser parce que force est de reconnaître qu'il pousse loin l'extravagance et la démesure, aussi loin que possible...
Mais quel plaisir, quel souffle, quelle franche rigolade ! On n'est pas si loin de ce que le cinéma peut offrir de meilleur, à mon goût, en tant que spectacle, en ce sens qu'on est totalement absorbé en même temps qu'on est pleinement conscient de l'irréalisme total des situations mises en scène. C'est un film qui fait ressentir, je trouve, la force incroyable du cinéma en tant que spectacle.

On a affaire là à un érotisme de haut niveau. Et on est interpellé au passage par l'impudique (l'indélicate ?) déclaration d'amour de Selznick à la sublime Jennifer Jones, qui minaude comme cela n'est pas permis, et qui pourtant... :oops:
Alors, certes cela faiblit assez nettement pendant la demi-heure précédent l'inoubliable duel final mais la première heure et demi (!) accumule les scènes d'anthologie : l'arrivée au domaine de Spanish Bit ; les baignades au puisard ; l'affrontement concernant le passage du chemin de fer ; le passage de serpillère ; le bal ; la bénédiction donnée par Walter Huston :shock: .

A priori, je le maintiendrai dans mon top 10 (ou 15) westerns. Mais est-ce vraiment un western ?
Le prisonnier
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Re: Duel in the sun / Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Le prisonnier »

Un western solaire !

:wink:
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Roy Neary
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Roy Neary »

UP !

Ce week-end, DVDClassik vous propose la chronique de ce formidable western. Le DVD Z1 analysé par M. Fox propose une image magnifique.
:arrow: Duel au soleil
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Demi-Lune
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Demi-Lune »

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Je ne m'en cache pas : sauf quelques exceptions (Mann), ce que j'ai vu du western classique – en tout cas fordien – m'ennuie. Quelle n'est donc pas ma joie de découvrir ce Duel au soleil, temple baroque et totalement excessif, parfois grotesque, érigé par un Selznick qui cherche ni plus ni moins à faire une version westernisée d'Autant en emporte le vent. Ironiquement, Duel au soleil souffrira des mêmes conditions chaotiques de tournage, la valse des réalisateurs, soumis à la « vision » flamboyante de Selznick, précipitant l'ensemble vers une sorte de rollercoaster avant l'heure, où le gigantisme, que d'aucuns pourront trouver boursouflé, côtoie des baisses de rythme comateuses. Il faut dire que le scénario n'est effectivement pas toujours des plus intéressants : c'est là que le manque d'homogénéité se fait le plus ressentir. Pourtant, c'est ce côté « bâtard » qui rend précisément Duel au soleil unique et fascinant pour moi. Il y règne un souffle passionné et passionnel qui pulvérise tout sur son passage, d'une moiteur et d'une sensualité rares pour ce que je connais du genre. La cause en est directement la mise en valeur esthétique de Jennifer Jones, fiévreuse jusque dans ses grimaces, et dont la chevelure aguicheuse ou le caractère « couillu » de son personnage ne sont rien à côté de ce que Selznick – et Vidor qui s'exécute – lui réservent en matière d'érotisme : qu'elle soit coincée toute nue dans une mare, ou matée concupiscemment par Peck alors qu'elle frotte le sol, elle provoque bon gré mal gré une atmosphère de suscitation du désir dont on ne s'étonne pas qu'elle est profondément marquée Scorsese. Petit malaise quand on sait que Jones était la poulette de Selznick.
Sur le motif du triangle amoureux d'Autant en emporte le vent, le trio Pearl/Lewt/Jesse allie les repoussements et les pulsions, les fiertés et les odieusetés sur fond de photo qui s'enflamme au rythme de leurs tourments : dans Duel au soleil, on brasse aussi bien le sang, la sueur, les larmes, le sexe, le plomb, les baffes, les brimades, les humiliations et les réconciliations. Bref, j'en fais des caisses, comme le film. :mrgreen: Il y aurait encore beaucoup de choses à dire, mais contentons-nous de conclure en reconnaissant que cette démesure à la lisière de la grandiloquence marque durablement. Et en plus, y a même la valse du Joker en B.O. Alors bon.

P.S. : Butterfly McQueen reste quand même définitivement l'actrice la plus insupportable de la Terre.
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Colqhoun
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Colqhoun »

Découverte.

Duel in the sun, le film de tous les excès. Un réalisateur officiel, 6 autres non crédités. Une débauche de figurants, de décors, d'effets visuels, de plans incroyablement complexes et d'un producteur qui fait tout pour créer le western le plus démesuré de l'époque.

Et autant dire que le résultat est plutôt casse-gueule. Parce que si d'un côté, c'est une réussite totale sur le plan de la réalisation et de la photographie (les couleurs de malade ! les plans larges qui affolent la rétine ! le plan-séquence du bal ! le final ! les chevauchées ! etc...), de l'autre on doit se farcir un scénario-choucroute qui en fait des caisses jusqu'au "The end" final.

Parce que cette histoire de fille qui se fait recueillir par l'ex de son père et qui va se retrouver tiraillée entre l'attirance qu'elle a pour les deux fils de la vieille a vite fait de virer à l'absurde. A croire en effet que chaque personnage cultive la stupidité avec une arrogance sans limite et qu'aucun ne semble capable de résonner 2 minutes pour calmer la situation. Ce qui fait que, pour moi en tout cas, toutes ces péripéties invraisemblables (elle en aime un, elle aime l'autre, elle les déteste, elle les provoque, elle fait sa pudique, elle décide de se marier avec un 3e imbécile, qui se fait tuer par un des frangins, elle fait sa chialeuse avant de finir par virer au rouge) ne m'ont jamais convaincu. Sans compter que si j'ai trouvé Gregory Peck parfait en salopard intégral et Joseph Cotten plutôt convaincant, j'ai eu, en revanche, beaucoup plus de peine avec les excès de jeu de Jennifer Jones qui passe son temps à froncer des sourcils, à faire la mou ou à se déhancher comme si elle était prise d'une crise d'épilepsie (accessoirement je la trouve aussi assez moche).

Mais ce qui est amusant avec tout cela, c'est que ces excès dégagent une certaine énergie et du coup je ne me suis jamais ennuyé. Un film qui en fait des tonnes à tous les niveaux, mais qui du coup réussit, du moins en partie, à délivrer quelque chose de totalement fou et splendide. Je n'ose imaginer ce scénario sur un film visuellement plus timide. Ça aurait été totalement insupportable. Mais ici tout cela se conjugue pour un résultat finalement assez cohérent. On est clairement dans l'expression d'une passion flamboyante, qui passe autant par la chorégraphie des corps que par les couleurs du ciel ou par la musique pompière de Tiomkin.

Au final, un film pas franchement subtil, probable égotrip d'un Selznick qui a vraiment envie de caser sa meuf dans tous les plans, mais grosse folie visuelle, orgiaque presque et donc régal de tous les instants pour les yeux.
P.S. : Butterfly McQueen reste quand même définitivement l'actrice la plus insupportable de la Terre.
Je suis d'accord avec ça.
D'autant plus qu'ils lui ont donné un rôle de débile profonde qui n'aide pas tellement à l'appréciation.
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Demi-Lune
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Demi-Lune »

Revu hier soir sur Arte (à quand le blu-ray ?). C'est définitivement un film fascinant et moins problématique sur le plan du rythme que je ne l'avais trouvé la dernière fois. Au contraire, c'est même mené tambour battant. La mise en scène et les couleurs emportent tout sur leur passage et l'ambiance érotique est toujours aussi vive. Imparfait à cause de quelques sur-dramatisations mais vraiment pas loin du chef-d’œuvre.
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Abronsius »

Revu hier soir avec un immense plaisir, en salles c'était encore plus hyperbolique mais cette fin, oh la la !!!
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par bogardofan »

A sa sortie, un critique américain dont je ne me rappelle plus le nom, trouvait très réjouissant le fait de distribuer dans les rôles des deux amants maudits, la Sainte Bernadette et le père Chisholm des Clés du Royaume et en avait pris un grand plaisir, voire même un malin plaisir !
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Commissaire Juve »

Le film repasse pour 19e fois sur ARTE, là, maintenant... à chaque fois que je passe sur ARTE à cette heure-ci, je tombe sur Jennifer Jones en train de danser... c'est un peu "Un jour sans fin".
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par The Eye Of Doom »

Vu ce soir dans la belle édition bluray.
A chaud, Honnêtement j'ai trouvé ca ennuyant au possible.
Bien sûr il y a la photo superbe tout le temps et des acteurs qui font ce qu'ils peuvent de rôles monolytiques. Personne est vraiment mauvais mais aucun n'est bon.
On nage dans l'outrance. Le vrai problème est l'intrigue trop surchargée et ce sans subtilité. On devine à l'avance toute les scenes à venir. Rien ou presque ne surprend. L'excecution est impeccable mais le script indigeste.
Rien ne marche vraiment. Et puis meme les excès "exotique" comme la scène de prière avec Jennifer Jones nue enroulée dans sa couverture sont désarçonné par le grotesque et l'invraissemblance de l'affaire.
Je suis probablement partial mais quand Sternberg montre Marlène émergeant de son costume de gorille ça marche, meme au plus mauvais de ses excès dans La femme et le pantin, il est sauvé par son humour. En faites voilà le probleme, c'est désespérément sérieux et donc rasoir.
Alors pourquoi voir ce truc aujourd'hui ?
Pour apprécier ce que la démesure était capable de produire comme film boursouflé ? Je ne sais pas.
Je retiendrais deux plans: Lilian Gish et sa chevelure immense rempant hors de son lit, et bien sûr l'incroyable final qui pour moi est la seul raison de se taper les 2h et quelques qui précèdent. En fait je comprend c'est le seul moment où le film assume son outrance avec humour et tout d'un coup ça devient génial.
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Alexandre Angel
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Alexandre Angel »

The Eye Of Doom a écrit :Personne est vraiment mauvais
Si Jennifer Jones :mrgreen:
Par contre, le film vaut quand même mieux que ce que tu dis même si je suis globalement d'accord (sauf que je ne m'y ennuie pas). Il y a pas mal d'autres beaux moments que le final (la fête nocturne devant l'hacienda, le déferlement des cow-boys, la scène entre Lilian Gish et Lionel Barrymore que tu évoques un peu, la mort de Charles Bickford).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Watkinssien
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Watkinssien »

Alexandre Angel a écrit :
The Eye Of Doom a écrit :Personne est vraiment mauvais
Si Jennifer Jones :mrgreen:
Par contre, le film vaut quand même mieux que ce que tu dis même si je suis globalement d'accord (sauf que je ne m'y ennuie pas). Il y a pas mal d'autres beaux moments que le final (la fête nocturne devant l'hacienda, le déferlement des cow-boys, la scène entre Lilian Gish et Lionel Barrymore que tu évoques un peu, la mort de Charles Bickford).
Jennifer Jones est génialement cabotine, et participe au ton délibérément excessif du film, qui reste encore pour moi un chef-d'oeuvre rempli à bord de vitalité, de passions exacerbées, de romanesque tordu et sincère.
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Alexandre Angel
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Alexandre Angel »

Watkinssien a écrit :Jennifer Jones est génialement cabotine
Franchement, je la trouve imbuvable. Elle me paraît peu ou mal dirigée, en roue libre, comme si on osait pas donner de directives à la femme du patron. Et ça s'est aggravé à la vision du blu-ray.
Je la préfère nettement chez Lubitsch ou Michael Powell.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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The Eye Of Doom
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par The Eye Of Doom »

Alexandre Angel a écrit :
The Eye Of Doom a écrit :Personne est vraiment mauvais
Si Jennifer Jones :mrgreen:
Par contre, le film vaut quand même mieux que ce que tu dis même si je suis globalement d'accord (sauf que je ne m'y ennuie pas). Il y a pas mal d'autres beaux moments que le final (la fête nocturne devant l'hacienda, le déferlement des cow-boys, la scène entre Lilian Gish et Lionel Barrymore que tu évoques un peu, la mort de Charles Bickford).
Un nuit ayant passé dessus ne change pas mon opinion sur le fond.
Par contre, il m'ai revenu que j'ai bien aimé le debut. Je parle pas de l'interminable "ouverture" musical mais de toute l'intro avec Herbert Marshall. On plonge immédiatement dans un "univers" atypique et irreel, qui rappellerai certains muets de Browning, melange de show extravagant et de melodrame. On pourrait enlever les dialogues et rien ne serait perdu (ou presque). L'arrivée de Pearl par la diligence et sa rencontre avec Jesse sont aussi pas mal, seule scene de comedie du film. C'est apres que ca se gate....
Quant à Jennifer Jones, à part sa plastique, elle surjoue comme un cochon... Du coup l'erotisme du film m'a laissé de marbre. Je vais me refaire Cluny Brown.
Enfin, il m'a semblé voir un peu de la patte de Sternberg dans deux ou trois gros plans de visages. Je n'ai pas encore vu les bonus qui doivent eclairer sur le sujet (entre autres).

Ps : je viens de parcourir les pages precedentes et suis plutot d'accord avec certains arguments de la proposition d'Alligator page 3 (pas forcement tous) dont je resiste pas à citer ici la synthèse radicale pour etre bien sur de relancer la polémique:
Alligator a écrit : En somme, le film est une lente, longue et pénible ascension vers des sommets de connerie. A prendre avec le sourire. Une sorte de western nanar dans son genre.

Pour être honnête, quelques plans viennent ici et là rappeller que derrière la caméra il y a du monde tout de même. Les cadrages sont parfois très beaux. Perles de pluie dans un pays où il ne pleut pas en quelque sorte.
:uhuh:
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