Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Watkinssien
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Watkinssien »

Alexandre Angel a écrit :
Watkinssien a écrit :Jennifer Jones est génialement cabotine
Franchement, je la trouve imbuvable. Elle me paraît peu ou mal dirigée, en roue libre, comme si on osait pas donner de directives à la femme du patron. Et ça s'est aggravé à la vision du blu-ray.
Je la préfère nettement chez Lubitsch ou Michael Powell.
Franchement, je peux comprendre, mais je la trouve parfaite car ce rôle est écrit dans cette veine. Autrement, cela aurait été fade, anodin, se confondant avec d'autres. Je vois le "surjeu", mais je l'accepte sans aucun problème, car cela fait partie de l'ADN du projet, de la flamboyance tortueuse, de la passion dévastatrice et volontairement grotesque, de l'érotisme vulgaire et sensuel à la fois. Je trouve son cabotinage courageux et pour le coup ébouriffant.

La Jennifer Jones de Lubitsch ou Powell (que j'aime aussi) n'a pas sa place dans Duel in the Sun, à mes yeux. :wink:
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Frances
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Re: Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Message par Frances »

Duel au soleil – King Vidor – 1946 – Jennifer Jones, Joseph Cotten, Gregory Peck, Lilian Gish, Lionel Barrymore.

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Après l’avoir défendu envers et contre tous, Tavernier et Coursodon rétrogradent leur enthousiasme à chaque révision. Difficile en effet d’y adhérer sans restriction. Car ce film patchwork, la faute à trop d’intervenants porte avant tout la patte de Selznick qui a souhaité transposer ici la recette d’Autant en emporte le vent. Le calque dégouline de couleurs sucre-d’orge et de clichés sudistes croqués à gros traits et c’est regrettable car la force du film c’est l’interprétation de Jennifer Jones : Pearl, la métisse, femme animale qui transpire de sensualité, fascinante par la rage, la passion, les élans antagonistes qui l’animent. En cela, Selznick a gagné son pari. Regrettons cependant que l’écrin manque de finesse.
Le racisme va bon train : la domestique noire est forcément « an empty head » et son rôle réduit à sa part congrue, les indiennes sont toutes des putes. Lionel Barrymore incarne un riche propriétaire, patriarche endurci arque bouté sur un monde vacillant face à un autre en expansion : l’arrivée du chemin de fer. Ses deux fils Gregory Peck (Lewt) et Joseph Cotten (Jess) symbolisent cette opposition : le premier, digne fils de son père (joueur, brutal, rustre), le second (instruit et sensible). Bizarrement si le film ne suscite pas mon enthousiasme (j’en gardais un vague souvenir), c’est sa force brute qui continue d’irradier et qui le rend inoubliable. Quelque chose de l’ordre du sauvage comme ces galops à perdre haleine dans une nature encore vierge, une baignade dans un puisard qui tient lieu d’oasis, un soleil écrasant qui sèche déjà le sang des amants enlacés.
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