Duel au soleil (King Vidor - 1946)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Ouf Ixus et damné a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
En gros, le rendu des couleurs ressemble à peu près à celui du DVD Autant en emporte le vent
C'est à dire?
Et bien si tu possèdes le DVD de Autant en emporte le vent, tu peux te faire une idée de celui de Duel au soleil
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

en un mot pour qualifier l'image : somptueuse :D
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Duel au Soleil (Duel in the Sun, 1946) de King Vidor
SELZNICK STUDIO


Sortie USA : 31 décembre 1946

Duel au Soleil, dont le tournage débuta en février 1945, ne fit son apparition sur les écrans américains que le 31 décembre de l’année suivante en avant première à Los Angeles. Gageons que les premiers spectateurs à le découvrir en ce réveillon de la Saint Sylvestre ont du terminer l’an 1946 plutôt estomaqués ! Les westerners, s’ils en étaient restés à l’admirable sensibilité de Jacques Tourneur ou sur le modèle de classicisme que venait de leur offrir John Ford, ont du se trouver un peu déboussolés, se demander d’où provenait ce souffle passionnel qui s’abattait sur leur genre fétiche ! Sept ans après Autant en Emporte le Vent, les rêves de grandeur de Selznick avaient encore accouchés, sinon d’un chef-d’œuvre comme le précédent, d’un film-monstre absolument fascinant à défaut d’être totalement réussi. "Voyant comment ont toujours été rentables les westerns, je pense que si je pouvais en créer un qui ait plus d’actions spectaculaires que d’habitude dans un western et qui soit en même temps une violente histoire d’amour, ces deux éléments m’apporteraient un grand succès" : le producteur mégalomane David O' Selznick ne croyait pas si bien dire et malgré le coût phénoménal de son film, ce dernier rentra largement dans ses frais, Duel au Soleil demeurant encore aujourd'hui l'un des westerns les plus rentables jamais réalisés. Amusant de lire alors ce qu'il avait dit de ses intentions premières à King Vidor quelques temps avant le début du tournage : "Je voudrais que ce soit un petit western artistique. Occupez-vous en et, si vous avez besoin d’aide, faites le moi savoir. Mais c’est votre enfant". Car il n'en a évidemment rien été ; outre King Vidor, pas moins de cinq ou six autres réalisateurs y ont participé, s’y succédés et usés, et non des moindres : William Dieterle, Josef Von Sternberg, William Cameron Menzies ou encore Otto Brower. Mais le maître d'œuvre était bel et bien Selznick qui s'occupa de tout allant jusqu'à faire réécrire le scénario au jour le jour pour au final obtenir le film qu'il souhaitait, une sorte de mélo kitsch, baroque et excessif constamment sur le fil du ridicule mais transcendé par les partis pris esthétiques et les fulgurances de la mise en scène. Voici un aperçu de l’outrance mélodramatique que délivre l’intrigue de ce western unique.

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Scott Chavez (Herbert Marshall) tue sa femme qu’il a surprise dans les bras de son amant. Il est condamné et exécuté. Avant de mourir, il conseille à sa fille Pearl (Jennifer Jones) d’aller vivre chez sa cousine, la douce Laura Belle (Lilian Gish). La jeune métisse se rend donc au Texas où elle est recueillie par la famille McCanles dont le patriarche (Lionel Barrymore) est un richissime éleveur de bétail (Lionel Barrymore) qui accepte à contre cœur d’accueillir sous son toit la fille d’une indienne. Impétueuse et d’une redoutable force de caractère, Pearl souhaite pourtant se fondre dans le moule familial et accepte pour cela de se faire conseiller par un pasteur illuminé que l’on prénomme ‘The Sin Killer (Walter Huston). Malgré tout, elle attise le désir des deux fils, le cynique Lewt (Gregory Peck) et le sympathique Jesse (Joseph Cotten). Contre l’avis de son père qui souhaite les expulser de ses terres avec pertes et fracas, Jesse se range du côté des constructeurs de chemin de fer. Il est chassé de la propriété. Lewt n’a désormais plus de rival à demeure ; Pearl se donne à lui lors d’une nuit de tempête. Seulement Lewt refuse de l’épouser ; dépité, elle décide de se marier avec un homme d’âge mûr, Sam Pierce (Charles Bickford). Jaloux, Lewt n’hésite pas à provoquer son rival afin de le tuer ; non seulement sa tête est mise à prix pour meurtre mais il fait aussi sauter un train de munitions en marche pensant ainsi faire plaisir à son père qui lui donne effectivement sa bénédiction et de l’argent pour l’aider à fuir. De tristesse d’avoir ‘perdue’ ses deux fils, Laura Belle meurt. Jesse demande à Pearl de venir vivre avec lui et sa nouvelle épouse mais Lewt veut la récupérer n’hésitant pas pour se faire à braver la justice et à tirer sur son frère qu’il blesse grièvement. Pearl n’a plus qu’une idée en tête ; en finir avec Lewt. Elle part le chercher fusil en main dans sa cachette en montagne pour le duel au soleil du titre.

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Duel dont quasiment tout le monde connait le dénouement tellement il est demeuré célèbre et encore plus depuis que Martin Scorsese lui a accordé une place importante au sein de son documentaire sur le cinéma américain. Séquence paroxystique qui représente d’ailleurs très bien le film en son ensemble, suite presque ininterrompue de séquences dramatiques au fort climax comme l’était déjà Gone with the Wind avec qui il possède de nombreux points communs outre son tournage épique et son énorme budget. Duel au soleil se rattache au western surtout au travers de son décorum et par son arrière plan historique voyant la sempiternelle lutte entre un grand propriétaire terrien et les gens du chemin de fer. Le patriarche haineux sent avec angoisse que son mode de vie va probablement être détruit par l’avancée de la civilisation représentée par le passage du train sur ses terres. Dans une ultime tentative de fanfaronnade, il va vouloir stopper ce progrès en marche par un appel au secours de tous les cow-boys avoisinant qu’il réunit au terminus actuel du chemin de fer pour leur faire massacrer tous les travailleurs du rail qui voudraient pénétrer sur sa propriété. C’est la cavalerie américaine qui va venir les contrer. Devant le drapeau étoilé brandi par ces majestueux cavaliers, le vieil homme va courber l’échine, se résigner et accepter la défaite : « Je me suis battu pour ce drapeau ; je ne vais pas maintenant lui tirer dessus. » . C’est la fin d’un monde, celui de la barbarie et de la domination par la force. Hormis cette séquence d’ailleurs grandiose à tout point de vue, l’intrigue principale ne tournera presque exclusivement qu’autour des rapports tourmentés entre Pearl et les hommes, la métisse fougueuse formant avec Lewt un couple maudit et passionné ; de nombreuses séquences les mettant en scène seront d’ailleurs marquées d’une sensualité peu commune pour l’époque, d’un érotisme même assez torride.

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Ce fort potentiel érotique était déjà à l’œuvre dans Le Banni de Howard Hughes mais Selznick ira encore beaucoup plus loin dans le but d’offrir à Jennifer Jones, la femme qu’il aimait à l’époque, un rôle dans lequel on ne serait pas prêt de l’oublier. Et effectivement, elle est de quasiment toutes les scènes ; avouons néanmoins qu’on lui en a fait faire beaucoup trop et qu’il nous est parfois difficile de pardonner à son époux de producteur de l’avoir rendue à de nombreuses reprises carrément laide, déformée et insupportable à force de roulements d’yeux, de maquillage exagéré, de vilaines grimaces et de pénibles rictus. Le film est entièrement fait d’excès et d’outrances et si la mise en scène arrive à transformer le côté risible de certaines situations ou comportements, elle ne nous empêche pas d’être de temps en temps mal à l’aise pour la comédienne qui fut pourtant si sobre dans la peau de la Bernadette Soubirous d’Henry King. En dehors de ces moments, l’actrice arrive pourtant à convaincre par le fait de se donner corps et âme à son personnage ; il faut dire qu’elle est parfaitement entourée que ce soit dans les premiers ou seconds rôles. Gregory Peck se délecte visiblement d’avoir enfin eu l’occasion d’interpréter un salaud intégral, Joseph Cotten est égal à lui-même, Charles Bickford et Harry Carrey apportent leur savoir-faire à l’intérieur du genre et le couple Lionel Barrymore / Lilian Gish s’avère exceptionnel. Quant à Walter Huston et Butterfly McQueen, ils amènent un humour salvateur et bienvenu au milieu de ce déluge de passions exacerbées, le premier dans le rôle du tueur de péché illuminé et (ou) roublard, la seconde dans celui de la servante noire qui ne peut s’empêcher de raconter des faits simples par d’interminables récits ; à travers elle, comme dans Autant en Emporte le Vent où elle tenait déjà un rôle semblable, la vision des noirs pourra paraître simpliste voire méprisante mais force est de constater que ce personnage est bien plus amusant que déplaisant : sachons aussi nous replacer dans le contexte de l’époque.

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Un budget initial pulvérisé, le coût de production s’avérant plus élevé que celui déjà colossal d’Autant en Emporte le Vent, un tournage épique, l’intervention de plus de cinq réalisateurs et presqu’autant de chefs-opérateurs, des milliers de mètres de pellicule ‘imprimés’ représentant la possibilité de faire environ 200 longs métrages traditionnels… Duel au Soleil était dès sa conception placé sous l’égide du GIGANTISME. Et heureusement, car ce n’est pas toujours le cas, les spectateurs en eurent à leur tour pour leur argent car cette démesure se retrouvait aussi sur l’écran, chaque séquence étant réalisée pour être ‘Bigger than Life’. Le spectacle était donc bien au rendez-vous. Impossible d’oublier la scène du rassemblement des cavaliers déjà évoquée plus haut avec ses milliers de figurants, le dressage du cheval fougueux par un Gregory Peck qui ne l’est pas moins, les chevauchées de Jennifer Jones à travers les immensités hallucinantes du paysage, les ‘duels’ entre Gregory Peck et Charles Bickford puis Joseph Cotten sans évidemment oublier celui qui oppose au final les ‘amants diaboliques’. Difficile de ne pas être ébahi par l’utilisation d’un Technicolor saturé (le contre jour de Gregory Peck et Lionel Barrymore en plan lointain face au soleil couchant qui semble littéralement flamber) , la grandeur des toiles peintes et décors à commencer par celui du saloon où se déroule la première séquence, la gestion de l’espace, la beauté fulgurante des cadrages (contre-plongée au dessus du bal) et des mouvements de caméra (de nombreux étonnants panoramiques notamment celui ouvrant le barbecue). Tout a été mis en œuvre pour river les yeux du spectateur à l’écran et, malgré la multitude de cinéastes aux commandes, le résultat s’avère plutôt homogène et plastiquement, constamment somptueux sans pour autant faire dans la nuance. Dommage que Dimitri Tiomkin n’ait pas composé une musique de la puissance de celle d’un Max Steiner qui aurait encore augmenté la puissance et la portée du film. Certaines trouvailles comme la séquence rythmée par le son d’une volée de cloches lors du rassemblement de cow-boys sont génialement inspirées mais l’ensemble reste bien trop sage comparativement à la fougue qui anime les images et les personnages.

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Mais Duel au Soleil est avant tout un film sur l’amour fou que n’auraient pas du renier les surréalistes. Car nous sommes pleinement conscient dès le départ de l’irréalisme total des situations et des comportements menant à cette histoire d’amour violente, passionnelle et brulante, mélange d’amour/haine et de fascination/répulsion. Pourtant, la voix d’Orson Welles aurait du nous mettre sur la piste nous parlant bien dès le début de légende alors que la première image du film nous montre Squaw’s head Rock rougeoyant au crépuscule, le lieu où s’est déroulé ce duel rageur et sanglant d’amour et de mort. Une relation passionnelle entre une femme sensuelle et constamment désirable et un homme viscéralement odieux et machiste dont l’attraction est aussi fascinante qu’incompréhensible, la force du désir sexuel semblant tout emporter. Il est d’ailleurs étonnant que la moiteur de ce couple soit passé aussi facilement à travers les mailles du Code Hayes et de la censure ; il faut avoir vu Jennifer Jones à quatre pattes en train de briquer le sol de sa chambre, sa ‘croupe’ bien en vue, Gregory Peck arrivant derrière elle le regard libidineux pour se demander comment une Amérique aussi puritaine a pu acclamer le film ; le goût et l’attrait de l’interdit sans doute. Une image en tout cas fichtrement audacieuse que n’aurait d’ailleurs probablement pas reniée un Erich Von Stroheim. La tuerie finale est l’aboutissement logique de ces relations orageuses : après s’être pris au travers de la figure une tartine de confiture, une gifle et une serpillère, Gregory Peck finira avec une balle dans le ventre, sa meurtrière se trainant littéralement vers lui pour mourir dans ses bras après un dernier baiser sauvage. Fameux et fabuleux final qui ne perd aucunement sa puissance évocatrice malgré les multiples revisions !

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« J’étais parti sur l’idée d’une intrigue poignante. C’est ce que je m’efforçais de réussir. Je cherchais à avoir une bonne interprétation sans exagération ni scènes exacerbées…Mais Selznick a voulu dramatiser les scènes, rendant le tout de plus en plus grand, selon son style habituel » disait King Vidor ; il ne souhaitait pas en arriver à ce que son œuvre bifurque de la sorte et excédé par la mainmise de son producteur sur tous les aspects du tournage, il décida de quitter les plateaux en août 1945. Même si ses premières incursions dans le genre étaient loin de nous faire préfigurer Duel au Soleil, il n’en reste pas moins que sa patte se fait sentir presque tout du long même si celle de Selznick est encore plus présente. Leur collaboration fait néanmoins atteindre le film au génie à de nombreuses reprises et beaucoup de leurs options de mises en scènes demeurent encore aujourd'hui hallucinantes de beauté et de culot : une expressivité picturale assez unique dans le genre. Il n’est pourtant pas inutile de répéter que tout est expressément exagéré et que cette surenchère ne pourra pas plaire à tout le monde. Les autres y trouveront probablement un sommet incandescent de lyrisme démesuré. S’il s’avère parfois pénible, il faut saluer le courage des auteurs d’avoir poursuivi leur démarche jusqu’auboutiste sans jamais se démonter. Sorti dans 300 salles (énorme pour l’époque), Duel au Soleil obtiendra un succès sans précédant mais restera sans véritable descendance. Mais à ce moment là, nous ne pouvons encore le deviner et, même si je trouve le film de Vidor fascinant et très souvent magnifique, j’ai hâte de retrouver un plus grand classicisme, plus de sobriété et de calme !
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Voilà Daniel : redonne lui une chance
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Message par daniel gregg »

J'espere, je dois le revoir prochainement avec mon amie.
De ce topic , je retiens quelques sentiments partages comme l'interpretation outranciere de Jennifer Jones( que j'avais adore dans "LE CHANT DE BERNADETTE" ou "LE PORTRAIT DE JENNIE") apparemment genee aux entournures par son mari de producteur( Selznick a priori etait omnipresent sur les plateaux et , rapporte par Coursodon et Tavernier, on dut meme coupe des scenes ou l'on entendait le souffle rauque de Selznick couvrir le son!)
Meme Gregory Peck ne m'a pas paru a son avantage.
En fait seul Joseph Cotten s'en tire avec les honneurs avec son jeu tout en sobriete .
Pour les rares scenes importantes qui lui sont attribue(exceptee la scene de la chambre ou elle meurt en rejoignant Lionel Barrymore, magnifique de compassion)Lilian Gish est etonnante.
Comme je l'ai dit : a revoir sans penser a "L'HOMME QUI N'A PAS D'ETOILE"...
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vic
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Message par vic »

J'en sors et je suis sur le cul. Ma première vision date d'il y a 25 ans environ et inutile de dire qu'à l'époque je m'étais fait chier royalement. :lol:

Là, totalement subjugué par Jennifer Jones, son jeu n'est pas outré il est la définition même de la flamboyance poussée à son plus haut point d'incandescence. Magique.
Habituellement je déteste cordialement Gregory Peck, mais ici, je n'aurais que des louanges à exprimer.
Cotten, un peu en retrait, n'en est pas moins excellent (comme toujours.)
Quelles couleurs !! Et quel final !!! :shock:
Je partage tout à fait l'enthousiasme de Jeremy et d'Alex pour les partis-pris de mise en scène de Vidor.
Le caractère grandiose systématique (les centaines de figurants, la cantina aux dimensions de cathédrale,...) tire le film vers le haut, alors qu'il aurait pu l'écraser.
Magnifique.
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Message par Kurwenal »

vic a écrit :J'en sors et je suis sur le cul. Ma première vision date d'il y a 25 ans environ et inutile de dire qu'à l'époque je m'étais fait chier royalement. :lol:

Là, totalement subjugué par Jennifer Jones, son jeu n'est pas outré il est la définition même de la flamboyance poussée à son plus haut point d'incandescence. Magique.
Habituellement je déteste cordialement Gregory Peck, mais ici, je n'aurais que des louanges à exprimer.
Cotten, un peu en retrait, n'en est pas moins excellent (comme toujours.)
Quelles couleurs !! Et quel final !!! :shock:
Je partage tout à fait l'enthousiasme de Jeremy et d'Alex pour les partis-pris de mise en scène de Vidor.
Le caractère grandiose systématique (les centaines de figurants, la cantina aux dimensions de cathédrale,...) tire le film vers le haut, alors qu'il aurait pu l'écraser.
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Vivement que le mien arrive...fin de semaine j'espère. Lire cela donne envie :wink:
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Message par vic »

Kurwenal a écrit :
vic a écrit :J'en sors et je suis sur le cul. Ma première vision date d'il y a 25 ans environ et inutile de dire qu'à l'époque je m'étais fait chier royalement. :lol:

Là, totalement subjugué par Jennifer Jones, son jeu n'est pas outré il est la définition même de la flamboyance poussée à son plus haut point d'incandescence. Magique.
Habituellement je déteste cordialement Gregory Peck, mais ici, je n'aurais que des louanges à exprimer.
Cotten, un peu en retrait, n'en est pas moins excellent (comme toujours.)
Quelles couleurs !! Et quel final !!! :shock:
Je partage tout à fait l'enthousiasme de Jeremy et d'Alex pour les partis-pris de mise en scène de Vidor.
Le caractère grandiose systématique (les centaines de figurants, la cantina aux dimensions de cathédrale,...) tire le film vers le haut, alors qu'il aurait pu l'écraser.
Magnifique.
Vivement que le mien arrive...fin de semaine j'espère. Lire cela donne envie :wink:
Cool ! :D

Tu vas te régaler... :wink:
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Message par Professeur Sato »

Duel au soleil (Duel at the sun) de King Vidor (1946)

Un bon petit western qui possède une image irréprochable, mais dont le côté sentimental, un peu trop poussé à mon goût, ne m'a pas trop convaincu. La ravissante Pearl (jennifer Jones) s'installe au ranch MacCandless, suite à la mort de son père. Elle fait tourner la tête des cow-boys et change de prétendants comme de chemises. Ses sentiments envers Lew (Gregory Peck) ne cessent de changer. Un moment elle le déteste profondément et quelques minutes plus tard elle se jette dans ses bras et lui déclare son amour, celà durant tout le film. Bien sûr, j'exagère un peu sur ce point, mais j'ai trouvé que ce côté faisait un peu trop soap opera. La fin est assez incroyable:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pearl et Lew s'entre-tuent dans les montagnes, mais meurent enlacés ensembles dans un retournement de situation qui m'a vraiment fait sourire (ils se tirent dessus, puis ils se disent mutuellement qu'ils s'aiment avant de rendre l'âme).
J'ai quand même passé un moment agréable devant ce film qui nous réserve quelques scènes magnifiques comme celle de l'attaque du chantier de la voie de chemin de fer.
Il faudra quand même que je revoie ce film en VO cette fois, parceque les voix de certains personnages sont assez irritantes (surtout celle de la domestique noire).
"Avant, quand John Wayne entrait dans un saloon, tout le monde savait que c'était John Wayne. Aujourd'hui, quand un acteur entre dans un café, personne ne sait qui c'est." François Silvant
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Duel au soleil (King Vidor, 1946)

Message par Max Schreck »

Duel in the sun (Duel au soleil), King Vidor, 1946
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Titre mythique, indiscutablement lié à l'âge d'or hollywoodien, je n'avais encore jamais eu l'occasion de le voir et, malgré sa réputation, étais incapable de déterminer si j'y allais conquis d'avance ou non.


Signé Vidor mais co-réalisé par de nombreux autres cinéastes (on compte notamment von Sternberg, Dieterle, Menzies), Duel in the sun est surtout l'enfant gâté du tycoon David O'Selznick, une sorte de pièce montée un peu monstrueuse, amoureusement offerte à son épouse d'alors, Jennifer Jones. L'actrice a été pour moi le véritable coeur du film. Non seulement elle y est magnifique, animale, sensuelle, déchirée entre l'abandon aux instincts et la quête impossible de la grâce, mais elle m'a violemment impressionné dans sa façon de se donner corps et âme à son rôle.

J'ai bien aimé également l'interprétation grossière de Gregory Peck, précisément pour son absence de nuance. Il joue le salaud intégral, ignoble jusque dans son entêtement à ne jamais se laisser dicter sa conduite. Une sorte de caricature du mâle tel qu'on n'oserait plus le peindre d'autant que c'est en lui montrant son mépris qu'il témoigne son amour à la belle. Je me suis bien marré en le voyant se prendre régulièrement des trucs dans la tronche (baffe, tartine de confiture, serpillère). Il se révèle également un cavalier hors pair, quand bien même il serait doublé dans certains plans.

Le final qui donne son titre au film, d'un baroque justement loué par des générations de cinéphiles, a largement comblé mes attentes, même si je l'avais déjà vu des dizaines de fois sous forme d'extrait fascinant. La beauté visuelle de la scène, ainsi que la dimension érotique y sont poussées à un paroxysme franchement génial, d'une audace assez inouïe encore aujourd'hui. Les corps se vautrent dans le sang, la terre et la sueur, en un abandon presque cosmique tout simplement sublime.

Pour le reste, malgré d'autres moments véritablement forts qui justifient le budget monstrueux pour l'époque (l'ouverture dans le gigantesque saloon, la réunion de millers de cowboys, le barbecue texan, le travail général sur la couleur et les costumes), j'ai trouvé que l'ensemble souffrait d'un manque de cohérence. Je m'attendais même à plus de spectaculaire, plus de décors peints irréalistes. Dans son rythme, cette production m'est finalement apparue pas très bien tenue, peinant à faire bien comprendre ses intentions, entre romance franchement bizarre style amour/haine, et grande saga familiale de propriétaires terriens. Il faut dire que Selznick est assez mauvais dialoguiste et que la plupart des personnages peinent à convaincre, que l'émotion fonctionne rarement.

Lillian Gish est plus exaspérante que touchante. Lionel Barrymore incarne un archétype sans surprise. Joseph Cotten, vraiment bien campé au début, devient petit à petit complétement fadasse. Butterfly McQueen et sa voix suraigüe écope du rôle de la domestique noire idiote dont les répliques censées être comiques apparaissent vite pénibles. Walter Huston s'en sort bien mieux en prédicateur errant, arnaqueur sur les bords. La fin apparaît alors comme un morceau presque détaché du reste. Non pas que ce reste soit terne, mais ça manque d'une progression dramatique cohérente qui aiderait le spectateur à se sentir concerné par les enjeux.

Bref, c'est un peu comme si Selznick souhaitait nous refourguer un nouveau Gone with the wind tant dans son ambition que dans sa modernité (la relation Jones/Peck n'est pas si éloignée de celle qui liait Vivian Leigh à Gable), mais en étant faussement inspiré, incapable de composer quelque chose d'harmonieux. Je ne peux donc pas vraiment dire que j'ai trouvé ça très bon, mais j'ai néanmoins bien apprécié le spectacle qui me semble plutôt sans réel équivalent.


Y en a-t-il ici que ce film comble pleinement ? :)
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cinephage
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Message par cinephage »

Personnellement, je trouve ce film un peu boursouflé, même si certains moments parviennent à émouvoir. Il faudrait peut-être que je le revoie...

En revanche, Martin Scorcese parle beaucoup en bien de ce film, qu'il a vu pour la première fois enfant, qui l'avait fort impressionné.
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Message par frédéric »

Vu une seule fois, sur TF1 !!!! il y a des années, à 20h50 !!! Film qui m'avait beaucoup plu et impressionné, notamment sur l'utilisation des couleurs. A revoir.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Il m'a fallu le redécouvrir à partir du somptueux DVD MGM (le Technicolor saturé et les toiles peintes sont absolument inoubliables) pour pouvoir enfin apprécier ce mélo westernien totalement baroque, constamment sur le fil du ridicule mais n'y tombant quasiment jamais (à signaler quand même que tout est expressément exagéré, du jeu des acteurs aux décors) Un film 'bigger than life' comme les meilleurs oeuvres de Vidor. Je comprends très bien qu'on puisse être agacé à sa vision (ce fut mon cas les premières fois) mais dernièrement, c'est le souffle de la passion et l'esthétique qui ont tout emporté.
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Message par Jordan White »

Le film est très connu pour son duel final au sommet de la montagne.
Mais c'est aussi un film sur le racisme ( l'héroïne est métisse et méprisée), la passion amoureuse, les sentiments, qui ici sont plus qu'expressifs. Duel au soleil en fait des tonnes, mais je trouve que ça fonctionne très bien, Gregory Peck n'y étant pas étranger.
Sans oublier Jennifer Jones, qui avait obtenu l'Oscar pour Le chant de Bernadette d'Henry King.
Selznick imposait des choses folles apparemment, comme filmer dès le lever du soleil pour obtenir le plus de réalisme possible au niveau du rendu de l'intensité des couleurs. Vous confirmez ?
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Message par Max Schreck »

Jordan White a écrit :Selznick imposait des choses folles apparemment, comme filmer dès le lever du soleil pour obtenir le plus de réalisme possible au niveau du rendu de l'intensité des couleurs. Vous confirmez ?
Aucune idée et ce serait d'autant plus fou que le réalisme semble être le cadet de ses soucis sur ce film !
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