Duel au soleil (King Vidor - 1946)

[angel with dirty face]

En revanche, Martin Scorcese parle beaucoup en bien de ce film, qu'il a vu pour la première fois enfant, qui l'avait fort impressionné.

On le voit d'ailleurs en parler dans son sublime documentaire qu'il a signé avec Michael Henry Wilson: A Personal Journey With Martin Scorsese Through American Movies (Un Voyage De Martin Scorsese A Travers Le Cinéma Américain, 1995)...

[Ballin Mundson]

J'adore ce film.
Est ce que le DVD qu'on trouve sur C discount est de bonne qualité?

[Jeremy Fox]

J'adore ce film.
Est ce que le DVD qu'on trouve sur C discount est de bonne qualité?

Il n'y a pas la VOST, uniquement la VF alors que le zone 1 est somptueux, pas cher et possède les sous titres.

[Ballin Mundson]

merci !

[Watkinssien]

Franche bonne partie de rigolade avec un western guimauve, hystérique, rococo, tournant kaléïdoscope rouge-orange-vert.

Les teintes d'abord crachent leurs flammes orangées. Quelques lueurs de bleu et de vert viennent lécher de leurs langues râpeuses les images volontiers sombres. Mais c'est évidemment le rouge sanguinolent qui dominent en signe d'apothéose extatique.

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La scène où le vieillard se retrouve seul et réalise à quel point il a été un gros con est la plus rougeoyante illustration de cet abus de filtres couleur braillards

. Un cri écarlate. Un flot d'hémoglobine. La caméra vomit rouge. Et le shérif de dire "le ciel a une drôle de lueur ce soir". Rires.

Si ce n'était qu'une histoire d'images dégoulinantes... la mise en scène, la direction d'acteurs est à pleurer. Il faut voir Jennifer Jones se contorsionner, rouler des yeux en se prenant la tête à deux mains, ondulant de la croupe, se cambrant dans d'étranges convulsions, ces gesticulations pseudo-érotiques censées signifier la rage amoureuse et la frustration : une sorte de danse dénaturée pour faire le kiki tout dur à Selznique surtout, producteur et époux de Jones à la vie (au vit turgescent à la vie comme à l'image donc). Plus on y songe et plus on a l'impression de voir un film par et pour la zigounette de Selznick. Tout le parcours de Pearl, personnage joué par Jennifer Jones (superbe femme, à la voix garçonne par moments, mais au jeu médiocre ici, boursouflé par les effets, oeillades grossières et autres crispations énervées et énervantes) fait penser à une sorte de Passion christico-érotique (elle finit par le grimper son golgotha d'ailleurs) où l'oeil de Selznick s'évertue à produire une scène masochiste (la relation Jones/Peck est totalement de cette orientation).

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Il ne faut pas manquer l'agonie hilarante de Lilian Gish, superbe bijou kitsch et d'une pompe suprême.

Ce qui dérange le plus c'est certainement les allers et retours sentimentaux, ces tergiversations incessantes, ces contradictions, ces excès continus et la franche bêtise d'à peu près tous les personnages

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(même Cotten qui hérite d'un personnage plus posé et réfléchi en apparence finit par se faire tirer comme un lapin dans une trouble hésitation entre détermination de façade et molle passivité face aux évènements)

.


En somme, le film est une lente, longue et pénible ascension vers des sommets de connerie. A prendre avec le sourire. Une sorte de western nanar dans son genre.

Pour être honnête, quelques plans viennent ici et là rappeller que derrière la caméra il y a du monde tout de même. Les cadrages sont parfois très beaux. Perles de pluie dans un pays où il ne pleut pas en quelque sorte.

Alligator, c'est la première fois que je lis un de tes messages en me disant "c'est vraiment n'importe quoi, c'est pas possible, mais non, mais enfin... mais non ... mais si, il dit n'importe quoi, il est énervé et il se lâche n'importe comment, sur ce coup-là" !

- 120000000 !

[Alligator]

Je suis pourtant sûr de moi : j'ai bien vu un film que j'ai trouvé mauvais en beaucoup de points.

[Watkinssien]

Remarque tu penses ce que tu veux, ce que je ne comprends pas, en revanche, c'est de cracher sur la mise en scène qui est splendide et d'une grande force !

On ne peut pas dire que la mise en scène ne soit pas bonne ! Qu'on soit resté extérieur, d'accord, mas bon !

[MJ]

Quoi qu'on pense du film (et Dieu sait que je l'admire), il faudrait quand même être d'une certaine mauvaise foi pour prétendre ne pas voir où Alligator va chercher ses griefs.

[Alligator]

Affaire de goût. Je pourrais presque paraphraser Max Shreck par moments. "Une pièce montée un peu monstrueuse"? Je suis preneur mais j'ôte le "un peu". En parlant de Peck, il évoque la grossiereté de son interprétation, de la caricature de son personnage. Je souscris parfaitement, en ajoutant qu'on pourrait le dire également d'autres acteurs de ce film. Il parle de baroque quand je parle de rococo. D'autres encore notent l'excès et le vantent. On s'entend sur la construction du film mais pas sur l'acceptation, c'est tout. Là où certains ont pris du plaisir, j'ai soit rigolé, soit baillé. Bref, on aime la boursouflure ou on n'aime pas, cela reste de la boursouflure, c'est entendu.
Je ne dis pas que le film est mauvais, mais que je trouve le film mauvais. Qu'il le soit vraiment ou pas...

[MJ]

Là où certains ont pris du plaisir, j'ai soit rigolé, soit baillé. Bref, on aime la boursouflure ou on n'aime pas, cela reste de la boursouflure, c'est entendu.

C'est le moins qu'on puisse dire. Tous les points que tu relèves, je les trouve tout à fait pertinents: c'est criard au possible, tous les personnages agissent comme de parfaits imbéciles, Jennifer Jones est un mélange outré de vamp et de mater dolorasa. Mais le tout est plus que la somme de ses parties, et je trouve que ce qu'en a fait Vidor c'est un monstre hybride, branlant mais fascinant de bout en bout. Il y a une force du désir dans Duel au Soleil qui est proprement unique en son genre. Et il n'est pas étonnant que le film ait déchaîné le Code Hays, c'est moite.
Je n'échangerais pas un baril des excès de ce film contre cent des productions lissées et calibrées qu'on retrouve partout de toutes époques. Et c'est sans difficulté que je qualifierai ce Vidor de chef-d'oeuvre. Car vu ce que je ressens devant ce spectacle, c'en est bien un.

[francesco]

Et moi je crois qu'Allig a tort.

Au moins sur un point j'en suis même sûr : le rococo ce n'est pas du "baroque un peu toc" à la flamboyance bon marché.
C'est au contraire un art basé sur des arabesques qui finissent par annihiler le sujet même. On est dans la sphère de la délicatesse et surtout de la légèreté.
Donc où je n'ai pas du tout compris le poste (c'est possible cela dit) ou alors il y a erreur de terminologie

Mode prof of
Mode cinéphile on

Ce n'est pas un western en fait : je crois que Brion a raison de le classer comme film d'amour. En fait c'est même un mélo avec ces sentiments plus vrais que nature et ces personnages-archétypes effectivement difficiles à jouer.
Moi il y a au moins une scène qui me bouleverse c'est celle de la mort de Lilian Gish.
Après pour des raisons personnels j'aime bien le Technicolor rougeoyant du film ...

Sinon pour être réellement émus par Jennifer Jones (actrice géniale à sa manière) allez plutôt voir du côté des films qu'elle a tourné avec King ou de ce curieux mélodrame néoréaliste de De Sica : Station terminus.

PS : sinon Selznic a produit plein de films avec sa femme, on n'a pas systématiquement l'impression qu'elle joue juste pour lui faire durcir la quéquette.

[Droudrou]

Pour ma part, j'avoue n'avoir pas été convaincu par la version "française" - savoir que le film existe en vost, je crois bien que je vais en faire l'acquisition afin de me faire une idée bien plus exacte - à titre d'exemple, j'ai vu très récemment "La dernière légion" - même si c'est le même film, mais en version française, sauf votre respect, il m'agace ! - en version originale, ça passe très bien et d'autant que le doublage semble avoir été fait par des gens non convaincus ! - Et puis, King Vidor, c'est quand même aussi "Guerre et Paix" ! - par contre, en lisant les interventions des uns et des autres sur ce film, je pensais à ce western de Howard Hugues où l'objectif était non seulement de faire un grand film type "Autant en Emporte le Vent" parce que c'est l'époque qui le veut mais où l'objectif second est de faire valoir la dame du moment qui excite les désirs du producteur/réalisateur ! - Je trouve intéressante cette époque où, de fait, les producteurs et metteurs-en-scènes se copient les uns les autres pour vouloir proposer au public des films qui répondent à peu près aux mêmes critères parce que le public en demande et redemande encore ! -

[Alligator]

http://www.cnrtl.fr/lexicographie/rococo

Je vois bien trois scènes "surchargées", "maniérées" :

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les convulsions irréelles de Jones quand Cotten s'en va la laissant aux prises avec ses démons sessuels et surtout son démon Peck. La transformation de son regard, de son visage à la fin de sa transe est si lourdement amené qu'il peut amener le spectateur à rire tout de même ; l'agonie de Lilian Gish qui ne l'empêche nullement de se lever pour aller mourir aux pieds de son mari lequel ne l'a voit à peine s'écrouler, irréel ou ridicule, en tout cas, très drôle avec sa lourdeur éléphantesque ; et puis finalement ce revirement de la mort qui tue au sommet de la montagne, au tout dernier moment, complètement absurde et incroyable. Voilà, je n'y crois toujours pas.

Bref, j'ai l'impression devant ces scènes d'être trèèèèès loin de la délicatesse et de la légèreté.

[Nomorereasons]

J'aime bien la vf. Elle est tellement ignoble et ajoute tellement au côté à la fois grandiose et grotesque du film que tout cela finit par prendre un côté abstrait.

[Alligator]

Ahhhh, c'est sans doute de là que vient mon jugement tronqué : j'ai vu la vo!