Richard Fleischer (1916-2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Federico
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Federico »

Flavia a écrit :Les acteurs sont parfaits, en particulier William Talman, impressionnant dans le rôle du méchant.
Tout à fait. Faut dire aussi qu'il est difficile d'imaginer Talman dans une autre attribution. Il fit partie de ces seconds couteaux physiquement abonnés aux (very) bad guys. Et c'était aussi un drôle de zig à la ville, parait-il...
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Flol
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Flol »

Je viens de voir Follow me quietly (aka L'assassin sans visage en français), sympathique film noir resserré comme tout (à peine 1h au compteur), mis en scène au carré par un Fleischer qui a l'habitude de ne pas y aller par 4 chemins.
Après, j'avoue avoir trouvé l'idée de départ (un meurtrier "reconstitué" via un mannequin grandeur nature, mais sans visage) un peu grotesque par moments. Le fait que les enquêteurs se baladent avec des photos du mannequin en question, de dos, en espérant que des témoins le reconnaissent (on voit les photos en question...ben c'est juste un type normal, avec un costard et un chapeau :|)...on y croit pas une seconde. Et pourtant...ça marche !
Ça, plus le fait que l'une des séquences les plus puissantes visuellement (le faux mannequin face à la fenêtre), soit finalement totalement gratuite et incohérente d'un point de vue scénaristique, quand on voit l'état de flippette dans lequel le bad guy se retrouve à la fin
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(on peine à l'imaginer doter d'un tel sang froid qu'il serait capable de se planquer tranquillou dans un poste de police, avec 2 flics qui lui tournent autour à moins de 30 cm).
Bref...si on met de côté ces imperfections, on ne passe pas un mauvais moment ; mais il est difficile d'imaginer que Fleischer et Anthony Mann (crédité pour l'histoire) aient pu laisser passer de telles incohérences.
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Flol
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Flol »

Federico a écrit :
Flavia a écrit :Les acteurs sont parfaits, en particulier William Talman, impressionnant dans le rôle du méchant.
Tout à fait. Faut dire aussi qu'il est difficile d'imaginer Talman dans une autre attribution. Il fit partie de ces seconds couteaux physiquement abonnés aux (very) bad guys. Et c'était aussi un drôle de zig à la ville, parait-il...
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Hitchcock
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Hitchcock »

Bodyguard - 1948

Encore un très bon polar de Richard Fleischer, tourné juste après Clay Pigeon. Ici, on est plus dans le pur film noir que Clay Pigeon, thriller d'espionnage. Le scénario, signé Robert Altman, a le mérite de proposer un déroulement étonnamment linéaire ainsi qu'un suspense pas trépidant mais suffisant. Le thème du film, à savoir une enquête dans les abattoirs, donne une petite touche glauque et angoissante qui est la bienvenue. Cependant, l'histoire souffre de quelques invraisemblances et incohérences et on a parfois du mal à s'y passionner. Malgré le petit budget, les interprètes sont très corrects : Lawrence Tierney et Priscilla Lane forment ainsi un couple très agréable à suivre. Néanmoins, les seconds rôles, notamment les méchants, sont parfois insignifiants voir carrément mauvais. Le film, très court, ne contient pas de temps morts, on y trouve de multiples rebondissements, et c'est quasiment coupé juste après la scène finale d'action (même si on aperçoit les héros qui vont se marier), tout comme Clay Pigeon. Je pense cependant que le film souffre un peu de la comparaison avec ce dernier. Le suspens est moins trépidant et l'histoire moins passionnante. Enfin, Bodyguard reste tout de même un très bon film noir. Du pur divertissement.
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Hitchcock »

daniel gregg a écrit :
Hitchcock a écrit : J'essaierai également. Il existe en DVD ?
Oui sur ce coffret.
C'est commandé. Vous savez si les autres films du coffret sont bons ? J'apprécie le film noir en général donc ça ne devrait pas me poser de problèmes en principe.
Julien Léonard
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Julien Léonard »

Les 5 volumes de la collection Warner Film Noir (en fait Warner, MGM, RKO) sont excellents et regorgent de formidables découvertes. Rien que ce volume-là contient déjà A crime in the streets (un chef-d’œuvre, peut-être mon Siegel préféré) et Dial 1119 (étonnante découverte non dénuée de qualités !).

Si tu hésites, ne t'en fais pas, fonce... :wink:
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Hitchcock »

Julien Léonard a écrit :Les 5 volumes de la collection Warner Film Noir (en fait Warner, MGM, RKO) sont excellents et regorgent de formidables découvertes. Rien que ce volume-là contient déjà A crime in the streets (un chef-d’œuvre, peut-être mon Siegel préféré) et Dial 1119 (étonnante découverte non dénuée de qualités !).

Si tu hésites, ne t'en fais pas, fonce... :wink:
Merci pour ces conseils. ;)
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Hitchcock »

Follow Me Quietly

C'est un des premiers films à explorer la thématique du tueur en série, thème cher à Fleischer qui en fera deux films (avec toujours des étrangleurs !). L'histoire est donc assez originale, il y a de multiples rebondissements et un découpage parfaitement géré. L'idée de base, à savoir de caractériser un meurtrier avec un mannequin et de diffuser ses photos pour le piéger, reste ingénieuse mais elle donne lieu à quelques incohérences et invraisemblances, notamment dans l'inquiétante scène où le policier « dialogue » avec l'assassin sans savoir que celui-ci a pris la place du mannequin. Même si son cadrage et sa mise en scène sont exemplaires, cette séquence reste tout de même invraisemblable, surtout quand on voit le profil du meurtrier lors de la course-poursuite dans l'usine, très réussie. Les interprètes sont en revanche assez fades voir médiocres (si on excepte le rôle de l'adjoint du lieutenant, cynique à souhait) et l'histoire d'amour inintéressante, comme dans la plupart des autres films du cycle RKO de Fleischer d'ailleurs. Pour l'instant, je dirais que le cinéaste va en s'améliorant puisque je classerai celui-ci devant Bodyguard mais derrière Clay Pigeon. Plus que Armored Car Robbery à voir...
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Flol »

Hitchcock a écrit :Plus que Armored Car Robbery à voir...
Très bon, celui-là.
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par tindersticks »

Julien Léonard a écrit :Les 5 volumes de la collection Warner Film Noir (en fait Warner, MGM, RKO) sont excellents et regorgent de formidables découvertes. Rien que ce volume-là contient déjà A crime in the streets (un chef-d’œuvre, peut-être mon Siegel préféré) et Dial 1119 (étonnante découverte non dénuée de qualités !).

Si tu hésites, ne t'en fais pas, fonce... :wink:
Ils sont zonés 1, non?
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par onvaalapub »

tindersticks a écrit :
Julien Léonard a écrit :Les 5 volumes de la collection Warner Film Noir (en fait Warner, MGM, RKO) sont excellents et regorgent de formidables découvertes. Rien que ce volume-là contient déjà A crime in the streets (un chef-d’œuvre, peut-être mon Siegel préféré) et Dial 1119 (étonnante découverte non dénuée de qualités !).

Si tu hésites, ne t'en fais pas, fonce... :wink:
Ils sont zonés 1, non?
Pas tous. J'ai le volume 4 qui n'est absolument pas zoné (je viens de vérifier les 5 DVDs).
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tindersticks
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par tindersticks »

onvaalapub a écrit :
tindersticks a écrit : Ils sont zonés 1, non?
Pas tous. J'ai le volume 4 qui n'est absolument pas zoné (je viens de vérifier les 5 DVDs).
Bon à savoir, merci mon ami.
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Hitchcock »

Redécouverte des Vikings hier soir.
Je me suis beaucoup moins ennuyé que la première fois où je devais être (très) fatigué. En ce qui me concerne le meilleur aspect du film semble être sa forme : la photographie est tout simplement magnifique, avec des couleurs chaleureuses et agréables, et de magnifiques plans des Drakkars sur fond des paysages nordiques. Les interprètes ne sont pas en reste également : Kirk Douglas, Tony Curtis (dans un rôle qui ne lui convient pas vraiment...), Janet Leigh sans oublier Ernest Borgnine. Malgré quelques incohérences historiques les scènes de bataille dans le château fort, semblent réalistes et très réussies.
Mais je ne sais pas, il y a quelque chose qui m'a empêché d'y accrocher totalement. Peut-être l'aspect un peu rébarbatif du scénario et la fin convenue par ailleurs assez émouvante.
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Profondo Rosso
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Profondo Rosso »

Le Voyage fantastique (1966)

Pendant la Guerre froide, les Etats-Unis et l'Union soviétique s'affrontent sur le plan scientifique. Le chercheur Jan Benes découvre une méthode permettant de miniaturiser les objets pour un temps indéfini mais ce dernier est victime d'un attentat en voulant passer à l'ouest du rideau de fer. Afin de le sauver du coma dans lequel il est plongé, un groupe de scientifiques américains miniaturise un sous-marin et pénètre dans le corps de Benes pour le soigner de l'intérieur.

Richard Fleischer démontre une fois de plus son brio dans ce film de science-fiction qui fit sensation à l'époque, puisque plus gros budget alloués par la Fox avec une enveloppe de 6,5 millions de dollars. Il fallait bien cela pour relever le défi du pitch audacieux nous voyant explorer les entrailles du corps humain. La grande force du film est la rigueur narrative avec laquelle Fleischer traite de son postulat farfelu. Le scénario nous place ainsi dans un contexte de Guerre Froide (sans qu'aucun des deux blocs ne soit clairement nommé) où la maîtrise d'une trouvaille révolutionnaire repose sur un scientifique qui est victime d'un attentat avant d'avoir pu livrer ses secrets. Sa vie étant suspendue à un caillot de sang inopérable dans son cerveau, le gouvernement va utiliser une méthode permettant de miniaturiser un groupe de scientifique afin de résoudre le problème et la sortir du coma. Si les décors à la James Bond de la base militaire et l'esthétique très pop de certains éléments (le corridor de stérilisation violet) amènent une dimension de bd grandeur nature à l'ensemble contrebalancé par une tonalité très austère et quasi hard-science. Aussi délirant l'argument soit-il, Fleischer prend ainsi le temps de dérouler et expliquer le processus qui conduira nos héros dans ce corps humain. Le postulat est invraisemblable, le traitement ne l'est pas et parvient ainsi à nous impliquer, la présentation des personnages restant dans cette ambiance militaro-scientifique.

La fantaisie, Fleischer la laissera s'exprimer une fois le périple commencé avec une sorte d'émerveillement permanent face à cette vision au plus près du miracle de la mécanique humaine. Les coupes au montage font que la traversée en elle-même est totalement impossible, passant du cœur en poumon puis au cerveau dans des ramifications peu crédibles (pour plus de rigueur il faudra se tourner vers la novélisation signée Isaac Asimov parue d'ailleurs avant le film dont la production avait pris du retard) mais qui servent la progression dramatique. Fleischer emprunte du coup les codes du film de sous-marin et du space opera (saupoudré d'un zeste de film d'espionnage avec le supposé traitre à bord) où le ton austère qui a précédé aura crédibilisé le contexte, les actions et compétences de l'équipage tandis que le corps humain est un mélange de cauchemar et de rêve éveillé plus soucieux du dépaysement que de la véracité anatomique. On aura ainsi des décors impressionnants d'ampleurs et d'invention, truffés de teintes bariolées et psychédéliques faisant montre d'une inventivité constante (la traversée du cœur). La musique absente de la première partie peut ainsi laisser libre cours aussi aux élans assez expérimentaux de Leonard Rosenman. Tout le cycle naturel du corps est synonyme de danger avec ces anticorps prenant d'assaut cette présence étrangère, une simple expiration pouvant vous projeter dans les limbes. Il y a bien quelques transparences un peu grossières ici et là mais Fleischer parvient vraiment à nous donner le sentiment que nous nous trouvons sur une autre planète, jouant presque de la gravité (les sorties de sous-marin et la progression à la vitesse altérée de l'équipage), faisant de chaque cellule une sorte de faune exotique inconnue. Le casting est plutôt complémentaire avec un Stephen Boyd moins coincé qu'à l'ordinaire en quota muscle décontracté, Donald Pleasence toujours aussi bon d'angoisse et d'ambiguïté et bien sûr une Raquel Welch délicieuse dans son premier rôle important et carrément survendue en quota sexy lors de la promotion du film. Un bon moment qui aura une descendance tout aussi plaisante avec le remake officieux de Joe Dante, L'Aventure Intérieure (1987). 4,5/6
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Jeremy Fox
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Jeremy Fox »

Notre top Richard Fleischer à l'occasion de la publication de la chronique du génie du mal par Philippe Paul. Le test du DVD et celui du Bluray par la même occasion.
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