Richard Fleischer (1916-2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Rick Blaine »

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Alexandre Angel
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Alexandre Angel »

J'ai enfin vu MANDINGO. C'est un très bon film, à la fois décharné et spectaculaire, particulièrement bien interprété par James Mason et Susan George (la femme de Dustin Hoffman dans LES CHIENS DE PAILLE). La griffe de Fleischer intervient dans la nudité abstraite des décors (quelques meubles, des moustiquaires, des pièces plongées dans l'obscurité, des domaines fantomatiques, comme à l'abandon, malgré la richesse des propriétaires) imprimant la mémoire d'images synthétiquement évocatrices,et aussi dans cette façon typique de mêler un certain humanisme à un détachement "au scalpel". Peu évoqué (voire pas du tout) lorsque sortaient DJANGO UNCHAINED, puis 12 YEARS A SLAVE, MANDINGO est pourtant plus que remarquable dans l'histoire des films consacrés à l'esclavage. Il ferait même figure d'illustre prédécesseur (1975) de ces deux films fort récents. Sans doute motivé par une pulsion sensationnaliste de Dino de Laurentiis, qui produisit le film, car c'était une époque où on aimait bien choquer le chaland (mais laissons à De Laurentiis le bénéfice du doute) ainsi que par la vague des films de Blaxploitation, MANDINGO vieillit superbement grâce à Richard Fleischer qui gomme génialement tout racolage au service d'une narration aussi dense que dépouillée, portée par une formidable musique de Maurice Jarre (compositeur dont je n'ai jamais vraiment été fan) qui intègre à sa partoche des éléments de folklore sudiste avec intelligence et discrétion (banjo égrené, couleurs mélodiques façon "Show Boat" et aussi la voie de Muddy Waters qui ouvre et clôt le film).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Profondo Rosso
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Profondo Rosso »

Don Angelo est mort (1973)

Après le décès de Don Paolo, le chef de la mafia new-yorkaise, un Conseil réunissant les plus grandes familles du Milieu se réunit et désigne Don Angelo comme leur nouveau chef. Ce dernier prend sous sa protection Frank, le fils de Don Paolo et le désigne comme son héritier. Cet arrangement ne convient pas à Orlando, l'avocat d'un chef de famille rival et met tout en œuvre pour une guerre éclate entre Don Angelo et Frank, guerre qui sera très sanglante...

The Don is dead est un polar mafieux surfant sur le succès du Parrain (1972) de Francis Ford Coppola et adaptant le roman éponyme de Marvin Albert (auquel on doit le personnage du détective privé Tony Rome adapté avec Frank Sinatra) qui lui-même s'inscrivait opportunément dans la lignée du succès littéraire de Mario Puzo. Le postulat est assez voisin du classique de Coppola avec son récit de succession sanglante et le personnage de Frederic Forrest évoquant Michael Corleone/Al Pacino dans sa trajectoire.

Les premières minutes du film dessinent la dualité de ces mafieux entre ce qu'ils sont et ce à quoi ils aspirent. La scène d'ouverture nous montre ainsi une transaction de drogue manquant de mal tourner mais qui se conclura par le cadavre des braqueurs importuns coulés dans du béton. Juste après nous aurons une cérémonieuse réunion de succession entre les grandes familles du Milieu où à l'opposé de la brutalité à laquelle on vient d'assister c'est l'imagerie d'une mafia dirigée comme une entreprise qui s'affirme. L'objectif est de décider à qui donner le pouvoir de Don Paolo, un des chefs de la mafia new-yorkaise fraîchement décédé. Son fils Frank (Robert Forster) étant trop tendre, c'est Don Angelo (Anthony Quinn) qui va le prendre sous son aile et en faire son successeur. Tout cela n'est pourtant pas au gout du consigliere Orlando (Charles Cioffi) qui souhaite profiter de l'incarcération de son parrain pour prendre le pouvoir et qui va donc mettre en place une redoutable machination. Ce personnage tirant les ficelles est le seul véritable méchant (avec son ambitieuse épouse) du film tandis que tous les autres seront emportés dans une spirale de violence qui les dépasse. La progression du film reflète la schizophrénie exprimée en ouverture, montrant ainsi les liens réels et solides unissant les protagonistes, qu'ils soient filiaux entre Don Paolo et Frank ou fraternels entre les deux hommes de mains que son Vince (Al Lettieri) et Tony Fargo (Frederic Forrest).

Il suffira pourtant d'un soupçon de confusion pour que tout vole en éclat par une habile manipulation. Frank et son mentor ayant été conduits à convoiter la même femme (Angel Tompkins dont le visage angélique laisse le doute jusqu'au bout quant à sa duplicité) la rivalité amoureuse aura des répercussions terribles sur toute la "famille". Le Parrain tout en montrant une mafia impitoyable avait fait des liens du sang un refuge (jusqu'au Parrain 2 et son final traumatisant du moins) autant qu'une prison dans lesquels les personnages pouvaient s'épanouir, se sentir protégés et étouffés à la fois. Tous cela vole en éclat dans The Don is dead où les codes de violence et de vendetta prennent le pas sur les sentiments qui demeurent pourtant intacts. Il suffirait ainsi que Don Paolo et Frank aient une conversation pour tout apaiser et déceler le complot mais le premier réflexe sera de s'envoyer des tueurs. De même le plus réfléchi Tony sent venir l'entourloupe mais par fidélité pour son frère va le suivre dans cette guerre des gangs. Le scénario nous offre une captivante partie d'échec truffée de coup de théâtre et que Fleischer emballe avec l'efficacité qu'on lui connaît. On pourra juste regretter le manque d'ampleur de l'ensemble (ce passage en Italie dont on ne verra qu'un bout de quai dans un port) lorgnant plus sur la série B musclée que le luxe du Parrain. Toutes les rencontres se font dans des entrepôts sinistres, garages désaffectés et ruelles mal famées, le train de vie nanti des Don à peine entraperçu. On devine les restreintes budgétaire mais cela participe bien finalement faire des personnages quel que soit leur statut les petites frappes violentes qu'ils n'ont jamais cessés d'êtres. S'ils s'abandonnent à leurs pulsions avec férocité ils n’en restent pas moins humain quand les figures plus réfléchies s'avéreront bien plus détestables comme Orlando.

Fleischer nous offre un spectacle rondement mené et brutal, le film avançant au rythme des fusillades, attentats et bagarres filmé avec une sacrée énergie comme ce guet-apens furieux dans une ruelle. Le casting est fabuleux avec des acteurs subtils, aussi féroces dans l'action que vulnérables dans les moments calme. Al Lettieri spécialiste des rôles de tueurs mafieux intimidant (Le Parrain justement ou encore Mr Majestyk (1974)) est étonnamment touchant en brute épaisse dépendant des méninges de son frère. Anthony Quinn vacillant face à une violence qu'il n'est plus capable d'exercer est excellent également mais c'est vraiment Frederic Forrest qui emporte la mise, charismatique et déterminé tout en étant poussé par les évènements vers un destin criminel qu'il souhaitait fuir. Etonnant qu'il n'ait pas eu plus de premiers rôles après pareille prestation. Très bon polar auquel il faut signaler un excellent score de Jerry Goldmith qui expérimente déjà certains motifs synthétique d'œuvres à venir. 5/6
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Rick Blaine
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Rick Blaine »

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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Federico »

Profondo Rosso a écrit :Don Angelo est mort (1973)

mais c'est vraiment Frederic Forrest qui emporte la mise, charismatique et déterminé tout en étant poussé par les évènements vers un destin criminel qu'il souhaitait fuir. Etonnant qu'il n'ait pas eu plus de premiers rôles après pareille prestation.
Un acteur intéressant qui apparaitra ensuite dans de très grands films mais aura aussi la malchance de se voir offrir des premiers rôles dans deux des plus gros flops des 80's : Coup de coeur et Hammett, ce qui n'a pas du aider (pas rancunier, il continuera de jouer pour Coppola et Wenders).
Ceci dit, très envie de revoir ce Fleischer dont je n'ai qu'un souvenir flou mais positif.
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par bruce randylan »

Drame le miroir (Crack in the mirror - 1960)

Drôle de projet que ce film écrit par Darryl F. Zanuck (sous pseudonyme) qui exploite un double ménage à trois... joué par les mêmes acteurs.
D'un côté, les prolétaires vivant dans la misère avec l'alcoolique, sa copine et l'amant et de l'autre les huppés avec un vieux avocat, sa maîtresse et un jeune assistant du premier.
Les deux histoires se répondent évidement puisque dans les deux cas, l'alcoolique et l'avocat commence à être de trop au milieu de la passion dévorante des 2 autres. L'alcoolique finira d'ailleurs par être assassiné de façon bien macabre et c'est le jeune avocat qui va prendre la défense de la femme.

La mise en place est un peu laborieuse, manquant de fluidité et de concision, avec un caractérisation qui n'est pas loin des gros stéréotypes (femme fatale, jeune loup arrogant, l'alcoolo violent etc...). L’enchaînement d'une histoire à l'autre donne plus l'impression d'assister à un film à sketch dont on ne savait comment gérer l'organisation. Mais une fois que les deux avocats s'occupent des deux responsables du meurtre, le film décolle vraiment et le parallèle entre les deux classes sociales devient plus intéressant même si ça ne va pas bien loin non plus.
On y gagne une certaine tension dramatique qui monte crescendo jusqu'au dernier acte, assez réussi. il faut dire qu'outre Juliette Greco et Bradford Dillman, on peut compter sur Orson Welles pour assurer le show avec son charisme habituel. Il est vraiment admirable lors de son playdoyer final où les modulation effectuées sur sa voix ne manquent pas de puissance, passant d'une voix forte à un chuchotement qui fait tendre l'oreille.

La réalistion de Fleischer n'est en revanche pas sa meilleure, régulièrement anodine et statique (handicapée il est vrai par le postulat des doubles rôles). Quelque passage s'avèrent tout de même plus percutant comme le plan d'introduction (le bras d'une grue venant s'écraser au sol), la révélation des deux enfants dormant ou le jeu des miroirs vers la fin.

Quelques longueurs, une écriture un peu gadget et un producteur sans doute envahissant empêchent le film de se hisser au niveau du Génie du mal tournée un an plus tôt avec déjà un duo Orson Welles / Bradford Dillman sur fond d'avocats, de meurtre et de procès. Celà dit, ce Drame le miroir ne mérite pas l'invisibilité dans lequel il est tombé (aucun DVD ne semble exister - il a été projeté à la cinémathèque dans le cadre de la rétro Orson Welles)
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Kevin95
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Kevin95 »

Malgré mon gros problème avec le titre original*, je suis quand même intrigué par ce Fleischer (notamment via ta critique). Avis à l'éditeur de la collection Hollywood Legends.

* je pense immanquablement à ce truc... :uhuh:
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par bruce randylan »

Kevin95 a écrit :Malgré mon gros problème avec le titre original*, je suis quand même intrigué par ce Fleischer (notamment via ta critique). Avis à l'éditeur de la collection Hollywood Legends.
Ou Rimini qui a sorti Le génie du mal en blu-ray :)
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Johnny Doe »

Compulsion

Très belle découverte que ce film très inspiré de faits réels, tendus, formidablement réalisé et interprété. Connaissant finalement peu Fleischer j'avoue avoir été surpris par la précision de la réalisation, les belles idées de mise en scène (l'interrogatoire de Judd qui passe à la nuit et les 2 acteurs qui se reflètent dans les lunettes) et la modernité que m'a inspiré le film en général. C'est également très bien écrit, avec des dialogues au petits oignons, parvenant à rendre suffisamment crédible ses 2 personnages principaux, sachant jouer sur la minuscule empathie que peuvent inspiré ceux-ci (cette connivence qu'on partage avec eux, les réactions d'Artie qui vit tout ça comme un jeu), parvenant brillamment à les mettre de côtés lorsque le procès commence et que Welles entre en scène. J'ai d'ailleurs eu très peur que le gros Orson dévore le film, que son personnage décadre par son côté bigger than life, alors que jusqu'ici le film parvenait à garder une certaine sobriété, mais Welles (fabuleux dans le rôle de l'avocat désabusé) élève alors un film plutôt froid, se terminant sur un plaidoyer mythique (un peu appuyé, un peu long, mais c'est un plaidoyer).

Encore une bonne note pour le duo d'assassins, Dillman et son sourire carnivore, mais surtout Stockwell, acteur que j'aime beaucoup, qui parvient à faire fonctionner son personnage glacial par petites touches. Au final il y avait certainement moyen de moins forcer le trait sur certains points (le plaidoyer anti peine de mort, le personnage du procureur) et d'élaguer d'autres éléments (le journaliste et sa copine, même si les personnages me semble nécessaire, je les trouve assez faible), mais il reste quand même un film brillant, qui m'a captivé d'un bout à l'autre.

Film en tout cas bien supérieur (bien que éminemment différent) au film que Schroeder avait tiré du même fait divers. En tout cas ça m'a donné envie de découvrir plus de film de Fleischer, malgré une carrière qui semble inégale (j'ai déjà vu Conan The Destroyer et Kalidor, donc il y'a peu de chance que je tombe sur pire :lol: ).
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Jeremy Fox »

Johnny Doe a écrit : (j'ai déjà vu Conan The Destroyer et Kalidor, donc il y'a peu de chance que je tombe sur pire :lol: ).
Même si j'ai pas encore tout vu, à priori, non :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Rick Blaine »

Johnny Doe a écrit :En tout cas ça m'a donné envie de découvrir plus de film de Fleischer, malgré une carrière qui semble inégale (j'ai déjà vu Conan The Destroyer et Kalidor, donc il y'a peu de chance que je tombe sur pire :lol: ).
C'est dur de parler de carrière inégale. Sa fin de carrière est évidemment médiocre, pour le reste c'est quand même une majorité de films réussi, et un cinéma qui a su s'adapter à son époque des 40's au 70's grâce à l'immense talent technique de Fleischer. Pour moi il s'agit d'un des plus grands cinéastes de l'histoire d'hollywood.
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Johnny Doe »

Rick Blaine a écrit : C'est dur de parler de carrière inégale. Sa fin de carrière est évidemment médiocre, pour le reste c'est quand même une majorité de films réussi, et un cinéma qui a su s'adapter à son époque des 40's au 70's grâce à l'immense talent technique de Fleischer. Pour moi il s'agit d'un des plus grands cinéastes de l'histoire d'hollywood.
C'est dur aussi parce que je connais très peu le cinéaste, en fait je me suis un peu basé sur les tops du sujet "Top Richard Fleischer", où il y a toujours 5-6 films qui ressortent comme étant faibles voir inintéressants, même si tu me diras que 5-6 films sur 50 ça fait pas beaucoup. :lol: En gros mon manque de culture a parlé, d'ailleurs je pense que ça se ressent dans ma critique, j'avais tellement en tête que Fleischer était un faiseur qui avait parfois des sursauts de génie (pour ses films les plus appréciés), que je m'attendais à un film carré mais pas à quelque chose d'aussi brillant et maîtrisé. J'ai clairement découvert un cinéaste important. :wink:
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Rick Blaine »

A mon sens, Fleischer peut être considéré comme un faiseur ou plutôt comme un Artisan, au sens le plus noble du terme. Effectivement, on ne peut pas le faire entrer facilement dans notre grille de lecture historique qui définit l'"auteur", même si on trouve aussi des éléments thématiques qui dirigent la carrière de Fleischer.
Ce qui le caractérise avant tout, c'est son formidable talent de narrateur, qui le rend capable de bien raconter n'importe quelle histoire, ainsi que sa maitrise technique parfaite. Ce qui frappe également, comme je le disais plus haut, c'est de voir à quel point il a su évoluer dans sa façon de filmer, ce qui rend son cinéma encore tout à fait moderne dans les années 70 alors qu'il a près de 30 de carrière derrière lui.
Du coup il a su s'attaquer à tout les types de cinéma avec succès de la série B à ses débuts à la RKO avec comme conclusion la leçon de cinéma qu'est l'énigme du Chicago Express jusqu'à ses films quasi Nouvel Hollywood des 70's avec notamment l'excellent Les Flics ne dorment pas la nuit qui est pour moi la matrice de tout le cinéma policier - et même des séries policières - qui ont suivi, en passant par ses productions de prestige à la FOX dans les années 50 où il s'est montré capable de tourner un fleuron du film noir en couleur (Les Inconnus dans la ville) ou un des films d'aventure historique les plus réussis (Les Vikings) entre autres.
Compulsion fait parti de ses films les plus personnels je pense, Fleischer est très intéressé par la psychologie criminelle et il poursuivra l'étude avec l'Etrangleur de Boston, puis l'immense Etrangleur de Rillington Place qui constituent une trilogie informelle passionnante.
Quel que soit le genre dans lequel on creuse, on trouve du grand Fleischer. Le noir, j'en ai parlé plus haut, le western avec Duel dans la Boue, le film de guerre avec Le Temps de la Colère, l'anticipation avec Soleil Vert... Il n'a pas le profil de l'auteur classique, et a donc été un peu mis de côté par la critique à une époque. Pour moi c'est une erreur, on n'a pas un tel taux de réussite dans une filmographie par le simple fait du hasard. Fleischer est un immense cinéaste, un trait d'union entre le Hollywood classique et le Hollywood moderne. Un homme à la filmographie riche constitué de film souvent originaux par leur point de vue, toujours remarquable dans leur forme et leur narration. Je l'admire énormément, c'est un des plus grands pour moi. :wink:
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Jack Carter »

Rick Blaine a écrit :A mon sens, Fleischer peut être considéré comme un faiseur ou plutôt comme un Artisan, au sens le plus noble du terme. Effectivement, on ne peut pas le faire entrer facilement dans notre grille de lecture historique qui définit l'"auteur", même si on trouve aussi des éléments thématiques qui dirigent la carrière de Fleischer.
Ce qui le caractérise avant tout, c'est son formidable talent de narrateur, qui le rend capable de bien raconter n'importe quelle histoire, ainsi que sa maitrise technique parfaite. Ce qui frappe également, comme je le disais plus haut, c'est de voir à quel point il a su évoluer dans sa façon, ce qui rend son cinéma encore tout à fait moderne dans les années 70 alors qu'il a près de 30 de carrière derrière lui.
Du coup il a su s'attaquer à tout les types de cinéma avec succès de la série B à ses débuts à la RKO avec comme conclusion la leçon de cinéma qu'est l'énigme du Chicago Express jusqu'à ses films quasi Nouvel Hollywood des 70's avec notamment l'excellent Les Flics ne dorment pas la nuit qui est pour moi la matrice de tout le cinéma policier - et même des séries policières - qui ont suivi, en passant par ses productions de prestige à la FOX dans les années 50 où il s'est montré capable de tourner un fleuron du film noir en couleur (Les Inconnus dans la ville) ou un des films d'aventure historique les plus réussis (Les Vikings) entre autres.
Compulsion fait parti de ses films les plus personnels je pense, Fleischer est très intéressé par la psychologie criminelle et il poursuivra l'étude avec l'Etrangleur de Boston, puis l'immense Etrangleur de Rillington Place qui constituent une trilogie informelle passionnante.
Quel que soit le genre dans lequel on creuse, on trouve du grand Fleischer. Le noir, j'en ai parlé plus haut, le western avec Duel dans la Boue, le film de guerre avec Le Temps de la Colère, l'anticipation avec Soleil Vert... Il n'a pas le profil de l'auteur classique, et à don été un peu mis de côté par la critique a une époque. Pour moi c'est une erreur, on n'a pas un tel taux de réussite dans une filmographie par le simple fait du hasard. Fleischer est un immense cinéaste, un trait d'union entre le Hollywood classique et le Hollywood moderne. Un homme à la filmographie riche constitué de film souvent originaux par leur point de vue, toujours remarquable dans leur forme et leur narration. Je l'admire énormément, c'est un des plus grands pour moi. :wink:
je signe tout ce que dit Rick :)
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Re: Richard Fleischer (1916-2006)

Message par Julien Léonard »

Voilà, c'est net, c'est beau, c'est juste. C'est parfait Rick ! :wink: Un véritable plaidoyer pour l'amour du travail bien fait et du savoir-faire efficace, tout en étant mâtiné de quelques obsessions qui rendent son travail tout à fait foisonnant.
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