Les comédies populaires françaises

[paul_mtl]

Voici une liste des comédies ayant fait le plus d'entrée entre 1945 et 1956.
1945
LE ROI DES RESQUILLEURS (Devaivre) avec Rellys
1947
PAS SI BETE (Berthomieu) Bourvil
1948
CLOCHEMERLE (Chenal) Saturnin Fabre
LES CASSE PIEDS (Dreville) Noel Noel
LES AVENTURES DES PIEDS NICKELES(Albouker) Rellys
7 ANS DE MALHEUR ?
1949
JOUR DE FETE (Tati)
LE CŒUR SUR LA MAIN(Berthomieu) Bourvil
1950
NOUS IRONS A PARIS (Boyer) Henri Genes, R Ventura
LE ROSIER DE MME HUSSON (Pagnol) Bourvil
LE ROI PANDORE(Berthomieu) Bourvil
PIGALLE ST GERMAIN DES PRES (Berthomieu) Henri Genes, J Moreau
1951
ANDALOUSIE (Vernay) Luis Mariano, C Sevilla
LE ROI DES CAMELOTS (Berthomieu) Yves Deniaud
CHACUN SON TOUR(Berthomieu) Robert Lamoureux
MA FEMME EST FORMIDABLE (Hunebelle) Fernand Gravey, S Desmarets
1952
LE PETIT MONDE DE DON CAMILLO(Duvivier) Fernandel
LE FRUIT DEFENDU Fernandel
COIFFEUR POUR DAMES Fernandel
LE TROU NORMAND (Boyer) Bourvil, Brigitte Bardot
NOUS IRONS A MONTE CARLO (Boyer) Henri Genes, R Ventura
1953
LES VACANCES DE MR HULOT (Tati)
LA BELLE DE CADIX (R Bernard) L Mariano
LE BOULANGER DE VALORGUE (Verneuil) Fernandel
1955
LE CHANTEUR DE MEXICO (Pottier) Bourvil, Mariano, A Cordy
LE COUTURIER DE SES DAMES (Boyer) Fernandel, S Delair
PAPA MAMAN MA FEMME ET MOI (Lechannois) R Lamoureux
CETTE SACREE GAMINE (M Boisrond) Brigitte Bardot

Interessante liste Music Man que j'imagine être classé par ordre chronologique.
Voici donc les succes populaires en France comme de nos jours
Les Bronzes 3 (6e plus gros succes depuis 1945).

Pour ce qui est des rediffusions TV francaises, un peu de varieté ne ferait pas de mal.

En voyant le chanteur Luis Mariano dans la liste, ca me rappelle qu'a cette epoque la TV n'etait pas encore courante et que les gens pouvaient voir leur chanteur preferé au cinema.
Les comedies italiennes de cette époque avait aussi parfois des chansons de chanteur/groupe populaire.

[fantomas 2]

La liste de Music Man me ramène dans le passé, et c'est le genre de films français que j'allais voir à cette époque, tout autant que "Les enfants du paradis" qui passait encore dans les salles... Je savais que j'avais oublié quelque chose dans ma liste, et c'était évidemment les films avec Ray Ventura et son orchestre, "Nous irons à Paris" et "Nous irons à Monte-Carlo" furent en effet des triomphes, et on y retrouvait effectivement Henri Génès et Jeannette Batti et, dans l'un d'eux, une débutante... Audrey Hepburn... Les deux films sont d'ailleurs passés sur CinéClassics voici quelques années. La présence d'Yves Deniaud dans cette liste ne m'étonne guère non plus, c'était un excellent comédien et dans tous les genres. Et Rellys ! c'était aussi un des acteurs-fétiches de Pagnol...

[Cathy]

Rellys campe notamment Ugolin, si je me souviens bien, bien avant Daniel Auteuil !
C'est dans "Nous irons à Monte Carlo" qu'Audrey Hepburn a joué une vedette américaine, dont le bébé disparait. Moi aussi j'ai totalement oublié les films de Ray Ventura, alors que ce furent de grands succès, je suis trop jeune pour avoir vécu cette époque, mais mon père oui ! Et Ray Ventura était LA vedette au niveau music hall et du coup sur grand écran !

Le Fruit défendu n'est pas vraiment une comédie, enfin je classerais plus cela en comédie dramatique, ou comédie de moeurs, mais pas en pure comédie !

[Beule]

Le fait que lorsqu'on interroge le public, il se souvienne davantage de Gabin, Raimu, Harry Baur, Darrieux, etc. que de Bach, Bussières, Saturnin Fabre, etc. n'a rien de surprenant en soi, puisqu'il s'agit d'un public contemporain, qui ne voit plus que les têtes d'affiche, tout comme le cinéma français actuel dans son ensemble.

Tss tss... Les sondages d'opinion auxquels je me référais sont des sondages d'époque relayés par Bessy et Chirat pour mettre en lumière les personnalités les plus appréciées du public en leur temps. Ces exemples ne sont sujet à caution que dans la mesure où comme je le disais je cite ces champions de mémoire (je n'ai plus cette encyclopédie sous la main, elle est restée chez mes parents. Si quelqu'un la possède qu'il ne se prive pas de préciser ). Pas impossible qu'un artiste comme Armand Bernard y ait aussi été plébiscité à la réflexion pour les années 30. Mais dans les grandes lignes ça ne change pas grand chose à l'affaire.

Par ailleurs je peux comprendre ton attachement au cinéma de ta jeunesse, mais tu auras bien du mal à me convaincre qu'entre un Costaud des Batignolles ou un Mon frangin du Sénégal et une Grande Java ou un Bidasses en folie il existe un réel différentiel qualitatif.

[Cathy]

Je me demande comment étaient faits les sondages à l'époque ! et quelle crédibilité leur accorder ! Le succès se mesure plutôt au nombre d'entrées surtout à cette époque-là !

[Beule]

Bon je renonce

C'est évidemment vrai pour tout sondage. Mais adopte ton approche purement comptable, dépouille sommairement la très instructive liste de Music Man (qui vaut ce qu'elle vaut en l'état, on n'a pas le nombre d'entrées en regard des films, on ne sait pas s'il a listé ses films à partir d'un box office récapitulatif du cinéma français ou s'il s'est borné à lister les comédies parmi les 10-15 plus gros succès année par année, etc. -bref il est impossible de se livrer à une analyse statistique digne de ce nom) et tu constateras que sur la période de douze ans extraite par ses soins, il y a 6 Fernandel, il y a 6 Bourvil (a relativiser aussi car sont pris en compte les opérettes dans lesquelles il n'est en définitive que le faire-valoir comique de Mariano et consorts - je serai donc bon prince). Et qu'en regard il y a quoi ? 3 Ray Ventura et Génès, 3 Rellys, 2 Lamoureux, aucun Couzinet, aucun Bussières. Donc, même en fonction de ces critères purement comptables et en tenant compte des limites exposées pour la pertinence de mon propos, la main-mise d'un Fernandel ou d'un Bourvil sur le box office semble s'affirmer.
Je répète que mes objections ne visent pas à nier la popularité de toutes les personnalités que vous avez listées, je crois seulement qu'il n'est pas juste de prétendre que toutes ces personnalités peuvent être placées sur un pied d'égalité. Bourvil, Fernandel, Raimu avant eux ne sont peut-être que l'arbre qui masque la forêt, ce n'est pas sans raison que cet arbre fait de l'ombre à tous ces autres talents.

[Roy Neary]

Bon je renonce

Mais non.

Je suis bien d'accord avec toi. La nostalgie de nos films de jeunesse nous joue souvent des tours. Les films des Charlots ou de Francis Perrin sont sans doute plus grossiers (voire vulgaires) que pas mal de ceux d'époque que vous avez cités, mais leur qualité cinématographique n'est pas fondamentalement inférieure et leurs ressorts narratifs partagent bien des points communs. Au fil de cet intéressant topic , un joli panorama de vedettes passés a été dressé. Mais s'il faut commencer à établir une hierarchisation basée sur l'importance sociologique et cinématographique des films et comédiens oeuvrant dans la "comédie populaire" (je n'aime pas cette expression), il est évident qu'un petit nombre d'artistes - le plus souvent les mêmes - et de films se détachent.

[Music Man]

Bon je renonce

Donc, même en fonction de ces critères purement comptables et en tenant compte des limites exposées pour la pertinence de mon propos, la main-mise d'un Fernandel ou d'un Bourvil sur le box office semble s'affirmer.
.

Tu n'as pas tort car, pour chaque année, si on descend un peu plus bas dans le Box office, qui trouve t'on entre la 10 et 20ème places? : encore beaucoup de Bourvil et de Fernandel, quelques Rellys, films musicaux avec Ray Ventura, Gisèle Pascal ou Tino Rossi.
Je remets le lien qui m'a permis de dresser cette liste. Pour avoir le détail de chaque année, il suffit de cliquer sur l'année désirée dans la première colonne. Les comédies sont indiquées "co". en vert
http://www.cbo-boxoffice.com/page000.ph ... oannu.php3

[hug]

Bonsoir,
Je suis tellement en accord avec ce qui est écrit.
je suis frustrée de ne pas voir plus souvent leurs films.
Sans aucun doute, ces acteurs avaient une personnalité, un jeu d'acteur.
Rien à voir avec les acteurs d'aujourd'hui, en tout cas, pour une grande partie. Je suis fan du cinéma rétro.
Impossible de me procurer "Les casse pieds" avec NOEL NOEL; je cherche depuis des années. Aucune cassette et encore moins de DVD.
Quelqu'un l'aura t-il enregistré lors d'un passage à la télé ? Ce serait merveilleux si je pouvais lui louer. Merci d'avance.

[Supfiction]

Eugène Ballanchon travaille sur la mise au point d'un gaz de vérité mais à cause de quelques cendres tombées dans son alambic, il découvre un gaz euphorisant, capable de neutraliser l'ennemi. Ce gaz intéresse au plus haut point le redoutable Beauchard, qui charge Régine, une séduisante espionne, de tomber dans les bras de Ballanchon...

Vu cette comédie qui a des airs de Docteur Jerry (Lefebvre) & Mister Love. J'ai de l'affection pour ces comédies franchouillardes (avec Jean Lefebvre ou Pierre Mondy qui ont repris dans les années 70 le flambeau de Bourvil) mettant en scène le français moyen confronté à des forces qui le dépassent et qui arrive à séduire accidentellement des pin-up (on retrouve cet arc plus tard avec Pierre Richard).
Le fou du Labo 4 (1967) s'avère plaisant car les situations sont plutôt mesurées (bien que l'argument de départ soit évidemment farfelu) et les monstres sacrés retenus (Serrault extrêmement sobre, Pierre Brasseur génial en père désabusé en chamaillerie quotidienne avec sa femme, Blier dans son rôle habituel de pourri).
J'avais père concernant Jean Lefebvre que je préfère en second rôle (dans la 7ème notamment) mais étonnamment il n'en fait jamais trop. Et puis il y a bien entendu dans ces comédies le plaisir de voyager dans une France du passé qui a disparu. Malheureusement il ya un peu de gras à la fin avec cet histoire de far-west de Blier alors qu'il y avait largement de quoi tenir le film à partir de l'idée de départ sous-exploitée. C'est souvent le problème des comédies françaises de bifurquer dans des sous-intrigues inintéressantes.

[Commissaire Juve]

Désolé Supfiction, je vais en remettre une couche...

J'ai relu une partie du topic. Beaucoup de citation de comédiens, peu d'évocation de séries de films estampillés "comédie". Je crois même qu'on parlait de "films gais".

Je viens de jeter un coup d'oeil à ma collec. Pour les années 30, certaines choses se détachent :

- les comédies de Fernandel (on y revient)
- les films de comique troupier + films du genre "Les gars de la marine" (où l'on retrouve souvent Fernandel)
- les comédies avec Danielle Darrieux
- les comédies "chantantes" (des trucs du genre "Prends la route" de Pils & Tabet)
- les comédies marseillaises (on commencera en 1934 avec "Tartarin de Tarascon")
- j'ajoute les "Maurice Chevalier" (mais je n'en possède pas )

Pour Danielle Darrieux, on a quand même :

- Dédé (1934) ... mélange de vaudeville / comédie romantique / comédie "chantantes" avec Albert Préjean
- Le Contrôleur des wagons-lits (1935) ... encore avec Albert Préjean
- Quelle drôle de gosse (1935)... encore avec Albert Préjean
- Un mauvais garçons (1936)... comédie romantique avec Henry Garat
- Mademoiselle ma mère (1937) ... avec Pierre Brasseur

J'hésite à ajouter Club de femmes (1936) qui est davantage un film misogyne qu'une comédie pure et dure (mais l'aspect comédie du film est assuré par Danielle Darrieux).

et il y a tout ceux qu'on ne connaît pas :

- L'Auberge du petit dragon (1934) ... avec Albert Préjean (mais la vedette est Paulette Dubost)
- L'or dans la rue (1934)... avec Albert Préjean (comédie romantique ?)
- J'aime toutes les femmes (1935)

Dans le registre comédies marseillaises / méridionales

- Tartarin de Tarascon (1934) ... Pagnol aux dialogues
- Arènes joyeuses (1935) ... parce que ça se passe à Martigues
- Cigalon (1935) ... encore Pagnol
- Au soleil de Marseille (1938) ... avec Henri Garat, Charpin, Gorlett (un humoriste marseillais pas très drôle)...
- Balthazar (1937) ... Charpin, Maupi, Delmont... même si ce ne sont pas les premiers rôles
- La Femme du boulanger (1938) ... même s'il a le cul entre deux chaises (comédie / comédie dramatique)
- Le Schpountz (1938) ... Pagnol et Fernandel et Charpin
- Berlingot & Cie (1939) ... Fernandel & Charpin (un des plus mauvais film que j'aie pu voir)
- Le Club des fadas (1939) ... Charpin, Alida Rouffe et Cie

Bref : dans les années 80, on pouvait parler des films du Splendid... Je pense que dans les années 30, on pouvait parler des Fernandel, des Danielle Darrieux / Albert Préjean, des Maurice Chevalier, des galéjades marseillaises...