Les Westerns 2ème partie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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kiemavel
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Re: The Halliday Brand

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Le despote - The Halliday Brand (1957)
Réalisation : Joseph H. Lewis
Production : Collier Young (United Artists)
Scénario : George W. George et George F. Slavin
Photographie : Ray Rennahan - Musique : Stanley Wilson

Avec : Joseph Cotten (Daniel Halliday), Viveca Lindfors (Aleta), Betsy Blair (Martha Halliday), Ward Bond (Big Dan), Bill Williams (Clay Halliday)
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Le vieux Big Dan est en train de mourir. Alors le pionnier qui avait jadis repoussé les indiens et pacifié la région ; l'un des fondateurs de sa ville et qui en est toujours le shérif ; qui avait crée de toute pièce son immense ranch, le Halliday Brand et qui a toujours régné en maitre absolu sur sa famille, attend le retour de son fils ainé Daniel qui s'est éloigné de la famille, banni pour une raison inconnue alors qu'il avait été le fils préféré et celui en qui Big Dan voyait son successeur, comme shérif et comme chef de famille. Cloué sur son lit, veillé par Martha, sa fille, entouré aussi par Aleta, la jeune femme métisse dont son fils cadet Clay est épris, il envoie ce dernier à la recherche de son frère. Il le retrouve enfin et parvient à le convaincre de rentrer malgré son refus initial, surpris et semblant rassuré que son père ai accepté le prochain mariage de Clay et Aleta. Parvenu devant la porte de la chambre de son père, Daniel se rappelle les évènements qui avait conduit à la division de la famille…
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Western presque sans action ; western psychologique ; tragédie familiale dont on trouve l'origine sans doute chez Cellophane ou un autre tragédien grec, ce film est sans doute handicapé par un budget dérisoire et quelques interprètes mal distribués mais il reste passionnant de bout en bout même si j'avoue mon agacement pour les défauts de ces projets ultra ambitieux, peut-être démesurés par rapport soit au talent des participants (ça peut concerner le projet à tous ses stades. Ici, le seul étage vraiment problématique est selon moi l'interprétation) soit handicapé dès le départ par des budgets insuffisants. Issu moitié du bâtiment, moitié de la terre et ayant encore les pieds dedans, j'ai plus d'admiration pour les petits artisans qui rendent un travail soigné que pour les prétentieux pas tout à fait à la hauteur de leurs ambitions (Ohhhhhh). Le film est centré sur la personnalité du patriarche et sur la relation entre ce père tyrannique et le successeur tout désigné qui l'a rejeté. Ward Bond est parfait dans ce rôle semblant écrit sur mesure pour lui et il a rarement été à pareille fête. Gueulard, hargneux, tyrannique, ultra-conservateur, raciste, il devait se rendre de bonne humeur sur le plateau. Il a construit la ville et trouve légitime de faire régner l'ordre comme il l'entend, obtenant des aveux en maltraitant des suspects et justifiant les erreurs judiciaires éventuelles en estimant qu'elles sont le prix à payer pour maintenir l'ordre. Les méthodes employées par son père sont désapprouvées par Daniel mais la rupture viendra de l'attitude de Big Dan vis à vis de sa fille lorsqu'elle voudra épouser le "mauvais" homme, un métis indien.

Les indiens de la région ayant été soumis jadis par les pionniers comme Big Dan, certains vivent encore au voisinage des blancs. Le patriarche en compte même parmi ses voisins et employés. L'un d'eux, Chad Burris (Jay C. Flippen) a eu deux enfants avec une indienne : Aleta, qui sera la petite amie de Daniel et qui deviendra plus tard celle de Clay après l'exil de l'ainé des deux frères et Jivaro qui va provoquer l'explosion de la famille quand Big Dan va découvrir sa liaison secrète avec sa fille Martha que Jivaro à l'intention d'épouser malgré la certitude des deux amants que le patriarche s'opposera à cet alliance…Et de fait, furieux, Big Dan décrète qu'il n'y aura pas de sang mêlé chez lui. Il va même plus loin. Prenant pour prétexte un vol de bétail que Jivaro avait tenté d'empêcher, il fait semblant de croire que Jivaro faisait en réalité partie des voleurs, l'arrête puis, prenant pour prétexte de devoir partir à la recherche des complices, il abandonne la surveillance de la prison alors que la colère de la population laisse augurer le pire, laissant les habitants de la ville lyncher Jivaro à sa place.
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A partir de là, Daniel, le fils préféré, révolté par ces méthodes barbares et dépassées, va rejeter la succession de ce père tyrannique, quitter le domicile familial et passer dans la clandestinité. Puisqu'en raison de la popularité et du pouvoir de son père, justice ne peut être rendue, il va l'affronter en multipliant les provocations et les exactions pour briser sa réputation. Cela fonctionnera car Big Dan, incapable d'arrêter son fils, va voir finalement son autorité contestée et sa position au sein de la communauté compromise. Durant toute cette période, la haine réciproque entre le "progressiste" jeune Dan et son père va grandir, le fils devenant pour ainsi dire aussi buté que le père. Je ne suis pas suffisamment compétent pour évoquer la dimension oedipienne du duel mais il est évident que les scénaristes devait avoir lu un peu Sigmund (alors que moi, même pas la psychanalyse pour les nuls, je m'abstiens donc de développer cet aspect). L'obsession de Daniel, la haine qu'il voue à son père vont le faire passer à coté d'une histoire d'amour car c'est durant cette période qu'il va se rapprocher de Aleta, la soeur de Jivaro mais il va finir par s'éloigner d'elle tant il est obsédé par sa vengeance.

J'en arrive maintenant aux points faibles. Le fils cadet Clay (Bill Williams) est un personnage sacrifié car il n'est pratiquement pas exploité. Daniel était le fils adoré et le successeur désigné alors les scénaristes auraient pu exploiter cet aspect, montrer un positionnement, même éventuellement sa passivité et sa soumission face à son père ou son frère, ce qui aurait de toute façon limité l'intérêt du personnage…mais de ce coté là on ne voit presque rien. Il n'y a pas non plus de rivalité amoureuse ou elle est tout juste esquissée. Je peux la résumer schématiquement ainsi : Aleta aime Daniel ; Clay aime Aleta ; Daniel est trop occupé à combattre son père. Mais entre les deux frères, il y a tout de même (un peu) Aleta (Viveca Lindfors). Une suédoise pour interpréter une métisse, pourquoi pas mais je ne comprend pas son interprétation qui est pour moi le gros point noir de ce film. Son jeu est très souvent totalement en décalage par rapport aux situations et encore plus par rapport à l'interprétation très grave de Joseph Cotten, celui avec lequel elle a, et de très loin, le plus de scènes. Le parti pris de la montrer très sereine, très calme, pleine de dignité face à son fébrile et soucieux compagnon pouvait se tenir mais en dehors d'une posture fière, menton saillant relevé qui lui donne un air de noblesse, de dignité voir de mépris (face à Big Dan), elle affiche toutes les 30 secondes de petits sourires sereins mais résignés ou carrément de larges sourires toutes dents dehors malgré les mauvaises nouvelles qui s'accumulent. Avec Aleta, on est au comble du fatalisme. Elle doit porter en elle tout le destin du peuple indien...mais ça m'a paru démesuré. J'ai même trouvé cette interprétation par moments agaçante, voir grotesque mais il est possible qu'on puisse la trouver sublime. Il est possible que cet posture ai été voulu par le metteur en scène car la seconde indienne est sur la même ligne. C'est la mère d'Aleta qui est interprétée par une Jeanette Nolan méconnaissable…à tous les sens du terme.
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Joseph Cotten est lui en revanche excellent mais il était tout de même un peu trop vieux et marqué pour interpréter le fils de Ward Bond (52 ans…face à son père de 55 ans). C'est pour le coup du pinaillage car le face à face entre les deux acteurs tient toutes ses promesses. Joseph Lewis se montre réellement inspiré pour montrer par sa mise en scène la nature des personnages et leurs relations. Lorsque le jeune Daniel va tenter de persuader le vieux Dan de laisser sa soeur épouser Jivaro, Joseph Cotten fait face à son père, adossé contre un poteau, argumentant calmement face à un père arpentant le couloir, incapable de se poser, de penser autrement qu'en mouvement et incapable de reconsidérer sa position. La dernière interprète remarquable est Betsy Blair qui est excellente dans le rôle de la vieille fille au physique un peu ingrat qui trouve enfin le grand amour. La seule mais longue scène entre Martha et Jivaro est très belle et touchante et elle est beaucoup plus réussie que n'importe quelle séquence impliquant Aleta. Après le lynchage de son fiancé, elle va continuer à servir son père malgré la haine qui couve en elle mais derrière son dévouement apparent, on perçoit la multiplicité des sentiments qu'elle éprouve pour son père. Le jeu et les regards de Betsy Blair font passer le désespoir, la soumission, la lassitude, le sentiment de révolte réprimé, la haine et peut-être quand même l'admiration.

Je ne dit rien des évènements qui se produisent à partir du moment ou Daniel va rentrer dans l'antre du vieux lion mourrant, à la suite du très long flashback racontant les évènements qui avaient conduit à la division de la famille. Un mot sur la mise en scène de Joseph H. Lewis qui est constamment inventive, avec au moins deux séquences anthologiques. D'abord le lynchage de Jivaro. C'est du grand art, Lewis parvenant à nous faire ressentir la violence de l'instant, la fureur de la foule en ne nous montrant presque rien. Abandonné par Big Dan et ses hommes, le bureau du shérif est laissé sous la seule surveillance des deux frères Halliday. Pour la 1ère fois (et la seule), l'opposition entre les deux frères est manifeste, le cadet Clay étant sur la même ligne que son père, tandis que Daniel est déjà dans l'opposition face à son autorité. Les bruits du dehors, la foule qui murmure et qui menace de rentrer dans la prison convainc Clay qu'il doit désobéir à son père et fuir avec le prisonnier. Mais trop tard. Il se décide alors que la foule force la porte. On n'avait d'abord perçu que les lueurs des torches qui éclairaient la rue devant la prison puis le brouhaha de la foule. La porte du RDC s'ouvre, projetant un très court instant les ombres de quelques hommes sur le mur de la cage d'escalier en même temps que le brouhaha devient vacarme. Puis la porte est forcée. Des hommes se précipitent dans l'escalier. On ne voit que des dizaines de jambes anonymes défiler. Daniel et Clay sont attrapés avec une corde par des hommes invisibles et sont écartés de la cellule puis Lewis cadre cette cellule ou est enfermé Jivaro, les ombres des hommes qui assombrissent les murs avant que l'ombre d'une corde ne se dessine sur le mur du fond. Fin. ça dure 1m30 et c'est génial. La scène suivante nous montre la marche de Martha vers un arbre isolé. Puis la caméra se tourne légèrement vers la droite et cadre les jambes du pendu. La seconde scène mémorable est une bagarre d'une intensité rare mais je n'en dit pas plus.
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A l'initiative du film, il y avait semble t'il le clan Collier Young. S'il fut bien le producteur du film, la distribution prévue jusqu'en 1956 a bien changé par la suite car Ida Lupino devait tenir le rôle attribué finalement à Betsy Blair et aucun des autres comédiens envisagés n'ont été finalement retenus : Howard Duff (Joseph Cotten), Charles Bickford (Ward Bond) et Debra Paget (Viveca Lindfors).

A priori, on peut penser que les concepteurs du projet avaient un message politique à faire passer, ce film venant à la fin d'une période sombre pour le pays...et pour le milieu du cinéma dont on avait tenté d'extraire la racaille rouge qui s'était infiltrée. Le choix de prendre Betsy Blair, une actrice blacklistée et Ward Bond, l'un des grands réacs d'Hollywood, était délibéré de la part de Joseph Lewis. Dans son autobiographie The memory of All That, l'actrice raconte que Lew(is) lui avait dit avoir sciemment choisi Ward Bond pour jouer face à elle car cela contribuerait à la réhabiliter aux yeux de l'industrie et qu'elle pourrait espérer voir son nom retirer de la liste noire :o . Elle raconte aussi qu'elle s'attendait au pire avant de rencontrer Ward Bond mais que ce dernier bien que connaissant ses sympathies politiques, avait été un partenaire idéal et un type plutôt charmant tout au long du tournage. Vu en vost.
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Re: Red Canyon

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Le mustang noir - Red Canyon ( 1949)
Réalisation : George Sherman
Production : Leonard Goldstein (Universal)
Scénario : Maurice Geraghty d'après un roman de Zane Grey
Photographie : Irving Glassberg - Musique : Walter Scharf

Avec Ann Blyth (Lucy Bostel), Howard Duff (Lin Sloane), George Brent (Mr. Bostel), Edgar Buchanan (Jonah), John McIntire (Floyd Cordt), Chill Wills (Le shérif), Jane Darwell (la tante Jane), Lloyd Bridges (Virgil Cordt)
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Le jour de son anniversaire, Lucy, la fille de Mathew Bostel, un riche propriétaire terrien également éleveur de chevaux, s'enfuit malgré l'interdiction paternelle avec son meilleur cheval, un étalon blanc difficile à monter. Dans la sierra, elle rencontre Lin, un inconnu à pied et portant sa selle qui demeure évasif sur ce qui lui est arrivé. Après qu'il ai choisi un cheval parmi ceux appartenant à son père, Lucy lui joue un tour ce qui le contraint à regagner la ville à pied et à peu près nu. Aussitôt rhabillé, il se présente au ranch des Bostel pour reprendre le cheval qu'il avait acheté à Lucy et rentre en conflit avec Bostel quand il prétend vouloir capturer Black Velvet, l'étalon noir à la tête des chevaux sauvages de la vallée qui fait rêver les amoureux des chevaux autant qu'il suscite la crainte. Lin se lance à la poursuite de l'étalon noir tandis que, Lucy, elle aussi obsédé par ce cheval qui pourrait lui offrir la possibilité de prouver ses qualités de cavalière et de défier son père, s'enquiert de l'évolution des recherches. Ils vont bientôt conjuguer leurs efforts pour le capturer…
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Une variation sur le thème de la seconde chance mais à destination des tous petits…ou des grands enfants. Le mystérieux étranger que rencontre Lucy dans la sierra est un membre du clan Cordt qui sème la terreur dans la région. Ce sont eux qui des années plus tôt avaient mené un raid sur le ranch des Bostel et avaient tué la mère de Lucy. Il n'y a aucune ambiguité quand à la moralité du personnage car Lin a rejeté cette famille dès la sortie de l'adolescence mais il est bien l'un des fils de Floyd Cordt (John McIntire) et le frère de Virgil (Lloyd Bridges) deux des méchants les plus caricaturaux qu'il m'ai été donné de voir dans un western. Leur présence, surtout celle de John McIntire pourrait attirer l'amateur mais il apparait pour la première fois au bout de 45 min et son personnage de crapule est digne d'une bande dessinée. A son fils qui lui reproche son mode de vie, Floyd répond : "tous les hommes sont tricheurs, voleurs et assassins, la seule différence c'est que nous sommes honnêtes la dessus ! ". Si ça c'est pas une excuse à la noix ! Juste après, une polémique éclate dans le clan au sujet de la manière de bien maquiller les chevaux volés que Floyd veut échanger contre le fameux étalon sauvage qui semble faire fantasmer toute la région et que son fils vient tout juste de capturer. On comprend pourquoi il s'est éloigné de cette famille ! Néanmoins, en raison de ce pedigree, Lin dissimule sa véritable identité mais saura prouver à tout le monde, y compris bien sûr au clan Bostel, de quel coté il est dans un final aussi mal fichu que moralement douteux.
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Car évidemment entre temps les événements auront rapproché deux membres de chaque clan, Lin et Lucy, réunis au départ par leur obsession pour le fameux Black Velvet, l'étalon noir à la tête du troupeau de chevaux sauvages, le "diable qui terrorise la région" dit le préambule. Le personnage interprété par Ann Blyth n'est pas inintéressant. C'est un garçon manqué que sa famille veut formater pour qu'elle devienne une fille bien comme il faut mais le garçon manqué -avec quand même tout ce qu'il faut d'attraits féminins, c'est Ann Blyth quand même- fuit d'originaire tous les machins de filles. Le film s'ouvre toutefois sur les prémices de la grande fête qui va être donnée pour l'anniversaire de ses 18 ans pour laquelle, malgré son peu de gout pour les robes et les dentelles, Lucy accepte pour une fois de faire la belle. Et ça marche ! L'un de ses prétendants qui sait parler aux femmes lui dira admiratif : "Tu est plus belle qu'une truite arc-en-ciel" (et pour le parfum ?). Alors on comprend dès lors pourquoi, à la moindre occasion, elle s'enfuit par la fenêtre, brave l'interdiction paternelle et part pour de longues balades à cheval. Sa passion est un héritage familial car son père, éleveur de chevaux, possède un étalon blanc difficile à monter qui fait sa fierté et qui est aussi sa meilleure chance pour la course qui doit avoir lieu quelques semaines plus tard. Malgré l'interdiction formelle de son père, Lucy veut prouver qu'elle est capable de le monter et c'est en raison de l'interdiction paternelle qu'elle va s'allier avec le cow-boy inconnu et l'aider à dresser Black Velvet puis le préparer en secret pour la prochaine grande course annuelle qui attire les meilleurs chevaux et cavaliers de la région.
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Red Canyon est l'un des moins bons westerns de George Sherman que j'ai vu jusqu'ici et aussi l'un des moins bons du sous-genre "cheval sauvage". Du coté des petits plaisirs périphériques, je peux signaler les pitreries de Edgar Buchanan (le brave type, habituellement conducteur de diligences, qui accompagne Howard Duff à la chasse à l'étalon sauvage), de Chill Wills (le shérif) ou de Jane Darwell, l'excentrique tante Ann qui tente de rendre sa nièce plus féminine. Mais si elles peuvent faire un peu sourire, elles ne constituent pas un motif justifiant un visionnage. La rencontre entre Lucy et Lin au milieu de la sierra est un peu plus amusante, donnant l'occasion à la gamine facétieuse de jouer un mauvais tour à Lin mais là non plus…George Brent, avec sa verve habituelle et la flamme qui l'habite :mrgreen: interprète le père de Lucy. Red Canyon était le 1er western de Howard Duff qui avait débuté deux ans plus tôt (on le retrouvera dans le rôle de Sam Brass dans un Sherman ultérieur) et aussi le 1er de "la fille aux 1000 dents", autrement dit Ann Blyth, le seul qu'elle tourna pour le cinéma et c'était aussi son 1er film en Technicolor. Elle y est charmante et pleine de fraicheur. Passionnée de chevaux, surtout les étalons, on lui en voit monter trois : l'étalon blanc de son père ; l'étalon noir qu'elle va mater en douceur ; quant au 3ème, je cache son identité même s'il est clair qu'au cours de cette histoire de passage à l'âge adulte et d'éveil à la féminité, elle trouvera aussi l'amour. La longue traque à l'étalon sauvage permet de mettre en valeur les beaux paysages de la région de Kanab dans l'Utah magnifiés par le Technicolor. Décevant et facultatif malgré un casting prometteur. vu en vost.
Dernière modification par kiemavel le 14 janv. 15, 12:16, modifié 1 fois.
Geoffrey Carter
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Re: Red Canyon

Message par Geoffrey Carter »

kiemavel a écrit : Red Canyon est l'un des moins bons westerns de George Sherman que j'ai vu jusqu'ici
D'accord avec ça. Un petit western familial à voir avec des enfants, qu'on peut apprécier pour le casting et quelques bons moments, mais qui supporte difficilement un revisionnage.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Jamais vu RED CANYON. Ann Blyth a tourné un autre western ROSE MARIE (1954) ( vu, celui-là) de Mervyn Le Roy, remake du western opérette avec Jeannette Mac Donald, Howard Keel et Fernando Lamas, reprenaient les rôles de Nelson Eddy et Allan Jones. Bien qu'opérette, ce film est souvent mentionné dans les ouvrages sur le western.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :C'est un avis ! Ce que je retiens du film , c'est surtout la prestation de Barry Sullivan, un acteur que j'ai apprécié dans moult films, et la photo de Clothier, mais il me faudrait revoir ce western, lu quelque part sur le net, sa parution en dvd (allemand) pour 2015. Quant au comédien ,scénariste Warren Douglas j'ai une tendresse particulière pour lui, et cela pour son scénario pour un autre film de Schuster " Jack Slade" dont on a déjà beaucoup parlé. Oliver Drake (1903-1991) auteur de l'histoire, spécialiste du western B(ou Z , c'est selon ) a réalisé, un très curieux et étrange western fauché, que je me permets de te conseiller " Lust to kill" , tourné en 1957 et distribué en 1960, c'est joué par Jim Davis, Don Megowan, Allison Hayes et Gerald Milton. Un dvd U.S.( weird video) existe, tiré d'une copie 16mm.
Barry Sullivan est excellent dans un rôle ambigu en or, le type de rôle dans lequel quelqu'un comme Arthur Kennedy excellait aussi. Il n'y a rien à redire sur les personnages interprétés par Trevor Bardette (le Marshall joueur), Sebastian Cabot (Jonah, le trafiquant), Katy Jurado (magnifique d'emblée lorsqu'elle va s'occuper des blessures de O'Keefe après la 1ère attaque indienne)…En revanche, même si lui même est excellent, j'ai une petite réserve sur le personnage interprété par Jack Elam car tout ce qu'il fait ou exprime n'est pas toujours très cohérent. Il agit presque comme un simplet lorsqu'il offre un cadeau à Ann Bradley/Mona Freeman par ex. (qui le repousse violemment) mais lorsqu'il se confie plus tard à B. Sullivan, si le dialogue est très bien écrit, ce n'est plus le même homme qui s'exprime avec intelligence et livre avec lucidité son histoire de paria rejeté de partout et de surcroit je trouve que l'homme que l'on voit ne correspond pas trop à l'histoire qu'il raconte. Alors certes, je chipote une peu car ce sont des détails mais ce sont ces détails là qui font, en tout cas à mes yeux, la différence entre un bon western et un excellent. Ici cela concerne les personnages (j'avoue être "obsédé" par la justesse des personnages) mais les réserves peuvent évidemment concerner d'autres aspects. J'ajoute qu'exprimer ces quelques réserves ne signifie pas que je n'ai pas aimé ce film.

Pour en remettre une couche sur le seul personnage problématique et aussi important que "raté" (à mes yeux), cad Mona Freeman, j'ajoute que malgré le fait qu'elle manipule les deux hommes tournant autour d'elle : l'ex souffrant de la rupture et l'aimant toujours, au moins dans la 1ère partie (O'Keefe) et le nouveau qu'elle n'aime pas (Casey Adams) elle se pose en femme respectable…et elle est même la seule à afficher du mépris pour les meurtriers, avec en plus du dégout et de la peur pour Tioga/Elam. C'est d'ailleurs pourquoi Barry Sullivan la "harcèle", son comportement avec elle pouvant se résumer ainsi : "fais pas ta bêcheuse car au fond tu es comme nous !". Mais c'est en réalité surtout ce qui se passe par la suite qui me gêne un peu plus.

Je ne connais pas Lust to Kill, merci du conseil ! En revanche, je connais Warren Douglas. Dans "Dragoon", Il se fait descendre très vite par les indiens (je ne me souviens déjà plus s'il est assistant du Marshall ou conducteur de la diligence). On le voyait aussi comme shérif dans La vengeance de Scarface qu'il avait aussi co-écrit (mais ça, quelque chose me dit que tu le sais :D ). Il avait aussi écrit le scénario d'un autre bon film de Schuster, Loophole. Je ne sais pas si Warren Douglas, Schuster, Mark Stevens et Barry Sullivan était proches mais ils ont en tout cas souvent collaborés ensemble. Douglas avait aussi écrit le scénario de Le sillage de la mort (Torpedo Alley) de Lew landers, un film que j'ai en rayon mais que je n'ai pas encore regardé et dans lequel on retrouve un acteur pas terrible qu'inexplicablement tu aimes bien (Comment ? qui ça ? :wink: )
Chip a écrit :Jamais vu RED CANYON. Ann Blyth a tourné un autre western ROSE MARIE (1954) ( vu, celui-là) de Mervyn Le Roy, remake du western opérette avec Jeannette Mac Donald, Howard Keel et Fernando Lamas, reprenaient les rôles de Nelson Eddy et Allan Jones. Bien qu'opérette, ce film est souvent mentionné dans les ouvrages sur le western.
Ah oui, j'ai oublié celui là. Je ne connais d'ailleurs pas ce film de LeRoy pas plus que celui de Van Dyke que j'ai depuis bien 15 ans mais que je ne l'ai jamais regardé.
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Geoffrey Carter a écrit :
kiemavel a écrit : Red Canyon est l'un des moins bons westerns de George Sherman que j'ai vu jusqu'ici
D'accord avec ça. Un petit western familial à voir avec des enfants, qu'on peut apprécier pour le casting et quelques bons moments, mais qui supporte difficilement un revisionnage.
Oui, c'est un western qui pourrait plaire plus particulièrement aux jeunes filles en raison de la forte personnalité de Lucy qui résiste bien à son père. Pffff... Faut dire que c'est facile, c'est George Brent :mrgreen:
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Re: South of St. Louis

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Les chevaliers du Texas - South of St. Louis (1949)
Réalisation : Ray Enright
Production : Milton Sperling - Distribution : Warner
Scénario : Zachary Gold et James R. Webb
Photographie : Karl Freund - Musique : Max Steiner

Avec Joel McCrea (Kip), Alexis Smith (Rouge de Lisle), Zachary Scott (Charlie), Dorothy Malone (Deborah), Douglas Kennedy (Lee), Alan Hale (Jake Evarts), Victor Jory (Luke Cottrell) et Bob Steele (Slim)

Durant la guerre de sécession, une bande de pillards agissant au nom de l'Union, menés par Luc Cottrell sèment la terreur parmi les populations civiles provoquant l'exode de nombreux fermiers. Suivant l'avancée de l'armée nordiste, ils se retrouvent au Texas ou ils pillent et incendient les ranchs isolés dont celui de trois amis, Kip, Charlie et Lee qui exploitent ensemble le ranch des trois cloches du nom de celles qu'ils portent à leurs éperons. Ruinés, ils décident de se venger de Cottrell malgré les suppliques de Deb, la fiancée de Kip, et de se rendre à Brownsville, le dernier fief connu de Cottrell pour s'en débarrasser. Ils le défient lui et ses hommes mais se sachant protégé par les témoins présents et la présence des troupes nordistes qui occupent la ville, Cottrell refuse le combat mais Kip le force à se battre à mains nues et l'emporte. A l'issu du combat, c'est tout de même la frustration qui l'emporte chez les 3 amis. Frustrés et lassés des provocations des nordistes qui occupent déjà la région, Lee décide de quitter ses 2 compagnons et de s'engager dans l'armée car les sudistes se battent encore, plus au sud. De son coté, Kip accepte de convoyer des marchandises vers une ville encore en possession des sudistes pour le compte de Rouge de Lisle, une chanteuse de saloon mais alors que Kip traverse la ville un autre charriot rentre en collision avec le sien et révèle le véritable contenu de son chargement, des armes pour les confédérés. C'est ainsi que par accident Kip se retrouve contrebandiers au service du sud, très vite rejoint par Charlie…
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On retrouve dans ce western de Ray Enright ce qui fait sa qualité première quand il est un peu inspiré, il est assez mouvementé. Les meilleurs qu'il a réalisé emportent l'adhésion pour cette raison car dans ses bons jours on ne s'ennuie pas avec lui. A cela s'ajoute un casting haut de gamme dans lequel se distingue surtout Zachary Scott (mais c'est surtout parce qu'il interprète le personnage le plus complexe et celui qui change le plus en cours de route). Des méchants de western excellents : Victor Jory, qu'on ne voit toutefois pas assez dans le rôle de Luke Cottrell, une sorte de Quantrill look-alike et surtout Bob Steele (Slim), qui est moins spectaculairement méchant que le précédent mais qui fait un fourbe et un traitre parfait. Du coté des filles, on retrouve deux des plus jolies plantes de la Warner : Dorothy Malone et surtout Alexis Smith qui a un rôle beaucoup plus important et intéressant que la première. Par contre, on retrouve aussi certaines caractéristiques dont Enright n'a pas l'exclusivité mais ce sont tout de même des défauts récurrents chez lui. Il va vite et la finesse n'est pas son fort, du coup : les dialogues sont réduits et assez pauvres ; les personnages sont assez schématiques et le scénario leur fait accomplir des choses parfois incohérentes par rapport aux personnages que l'on a eu à connaitre. Cela concerne essentiellement celui interprété par Joel McCrea. Je ne sais pas si c'est la raison qui explique son relatif effacement mais je constate qu'il a déjà été mieux inspiré. Il faut donc se laisser porter par le mouvement sans trop chercher la petite bête car sinon on perçoit même quelques trous dans le scénario. Cela concerne cette fois surtout le personnage de Deb qui se trouve être la fiancée du précédent. Ce couple est donc l'un des points faibles d'un scénario pas exempt de reproches non plus dans le final qui, pour être honnête, satisfera la plupart des amateurs mais les événements qui se produisent ne sont pas tout de même pas amenés avec la plus grande finesse.
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Le sujet est "vieux". Ce film nous montre le long processus qui va entraîner trois amis qui étaient comme des frères à progressivement s'éloigner au point de devenir des ennemis mortels. La guerre en elle-même n'est presque pour rien dans les divisions qui vont apparaitre, tout juste l'éloignement de ceux qui y participent, Lee et Deb va favoriser les divergences mais guère plus car pour la plupart des protagonistes, la guerre est assez loin et on ne la voit d'ailleurs jamais. On demeure en marge des grands évènements, dans le petit monde des profiteurs de guerre que les uns vont vouloir quitter, qui va être pour les autres une façon de servir son camp tout en s'enrichissant mais l'appétit venant en mangeant, la cupidité poussera certains à tirer contre leur propre camp lorsqu'ils y auront intérêt. Je vais m'efforcer d'en dire le moins possible sur les personnages, leurs évolutions et les multiples rebondissements que cela entraine. Je me contente de définir un minimum les principaux, tout au moins pour ce qu'ils sont au démarrage de l'histoire, en commençant par ceux des personnages importants que l'on verra le moins.
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D'abord Deb (Dorothy Malone, qui avait été magnifiquement baptisé Raymonde dans la VF). Elle voulait se tenir éloignée de la guerre et avait pris peur lorsque son fiancé Kip avait voulu affronter Cottrell mais elle avait suivi de loin le mouvement qui avait fait que le clan des 3 cloches s'était rapproché de la guerre. Plus tard, on l'a retrouve engagé comme infirmière et quand elle s'engage c'est totalement car elle ira jusqu'au bout. Elle apparait très peu et dans de courtes scènes. La seule chose qui a intéressé les scénaristes, c'est sa relation avec Kip. Il est possible que le flou à leur sujet ne soit pas du à des trous dans le scénario mais que cela ai été voulu pour ménager des effets de surprises mais je trouve que c'est un peu maladroit.

Lee (Douglas Kennedy) est le seul des trois amis texans qui est sur la même ligne que Deb : la fidélité pour le sud et l'engagement dans la guerre. Très vite, il va s'engager dans l'armée, devenir rapidement sergent puis monter en grade et se retrouver après la guerre dans les Texas Rangers. Lui aussi, on ne le voit que de loin en loin et c'est celui des trois amis qui changera le moins. Droit dans ses bottes le Lee. Un militaire quoi ! Le second, Kip (Joel McCrea), semble le plus stable (c'est le seul qui est fiancé ou marié) et le plus fidèle, non pas à un pays mais à sa condition de fermier. Lorsqu'il est embarqué, au départ sans le vouloir, dans cette vie de contrebandier, c'est avec l'idée de s'enrichir suffisamment pour pouvoir retourner chez lui au plus vite pour y reconstruire le ranch et reprendre la vie d'avant mais lorsqu'il va aller rechercher Deb et lui proposer le mariage, celle ci va se dérober et lui annoncer son intention de servir comme infirmière jusqu'à la fin de la guerre. Kip tombe des nues et c'est brutal. A partir de là, on a l'impression de voir un autre homme et c'est d'ailleurs un peu le problème tant il semble agir de manière incohérente par rapport à l'homme que l'on avait découvert. Ah les femmes !
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Car il y a une autre femme dans la vie de Kip, c'est Rouge de Lisle (c'est un surnom :wink: son vrai prénom est Charlotte), celle qui les a amené, lui et Charlie, à se lancer dans la contrebande d'armes et de coton entre le Mexique, la Louisiane et le Texas. C'est son activité principale de chanteuse de saloon (elle chante 3 ou 4 fois), qui l'a amené à sillonner la zone frontalière avec le Mexique qui lui a permis de rencontrer dans les arrières salles, les trafiquants en tous genres qui servent sans scrupules tous les camps à la fois. Elle tombe très vite amoureuse de Kip et va assez longtemps souffrir de son indifférence…Et enfin, il y a Charlie (Zachary Scott). C'est le plus ambitieux…c'est le plus cupide aussi et c'est lui qui sera le plus à l'aise dans le chaos et qui va s'y épanouir. Alors que Kip était initialement le leader moral du groupe d'amis, Charlie prendra le relai mais de manière moins morale.

Le reste, c'est à dire les virées entre le Mexique, la Louisiane et le Texas. La rivalité avec le gang Cottrell. Les circonstances qui permettent aux deux amis de retrouver leur ami militaire. Les intérêts divergents d'une armée régulière et d'une bande de trafiquants, etc…Ce sont quelques uns des arguments qui entrainent les nombreuses péripéties de ce bon gros western du samedi soir (des années 40 et 50).
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Pour les moyens engagés, les stars, celui ci mérite le classement en A mais ce n'est pour moi pas un grand western, juste un assez bon western, visuellement splendide et divertissant. Petite trouvaille originale (dans un film ou elles ne sont pas nombreuses) : les trois clochettes accrochées aux éperons des trois amis qui tintent à leur passage, un signe distinctif parfois repéré par leurs ennemis mais qui est aussi un signe ou un symbole de ralliement. vu en vf et en vo. Sorti en blu-ray aux usa.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Tout ce que tu dis sur " Dragoon wells massacre", doit quelque part être juste, moi je me contente du ressenti, il me faudrait revoir le film, je le possède seulement en version allemande non s/t, ce qui ne m'incite pas à le revisionner, j'attends une éventuelle édition dvd en VO (même sans s/t).
Un acteur pas terrible dans " Torpedo alley" ? non je ne vois pas :wink: , je n'ai pas vu cette bande du très vilipendé Lew Landers. Petite info, dans ce film un certain Charles Buchinsky (Bronson) a un caméo non crédité (un marin).
Warren Douglas, Mark Stevens, Harold Schuster et Barry Sullivan travaillaient tous à cette époque pour Allied Artists, ce qui explique que leurs noms soient souvent associés.
kiemavel
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Re: War Paint

Message par kiemavel »

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War Paint (1953)
Réalisation : Lesley Selander
Production : Howard W. Koch (Bel-Air Productions). Distribution : United Artists
Scénario : Richard Alan Simmons et Martin Berkeley
Photographie : Gordon Avil - Musique : Arthur Lange et Emil Newman

Avec Robert Stack (le Lt. Billings), Joan Taylor (Wanima), Charles McGraw (le Sgt. Clarke), Keith Larsen (Taslik), Peter Graves (le soldat Tolson), Robert Wilke (le soldat Grady), John Doucette (le soldat Charnofski), Walter Reed (le soldat Allison), Douglas Kennedy (le soldat Clancy)
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Alors que le détachement de cavalerie qu'il commande regagne le fort après une longue patrouille, le Lt. Billings reçoit l'ordre de se rendre au poste de traite le plus proche et de remettre au commissaire aux affaires indiennes Kirby un traité de paix qui doit être impérativement remis au chef indien Grey Cloud dans les 10 jours sans quoi la guerre risque de reprendre. Au comptoir de traite, on lui apprend que Kirby ne s'est pas montré depuis un mois ce qui oblige Billings malgré la fatigue de son détachement à se charger de la mission, au moins en attendant de retrouver le messager initialement prévu. Elle semble toutefois moins difficile à accomplir quand se présente au comptoir Taslik, le fils de Grey Cloud, qui accepte de les guider jusqu'à campement de son père. Le détachement se met en route…
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Malgré les moyens dérisoires ; malgré la réalisation en 10 jours par le serial tourneur Lesley Selander, spécialiste du western à la chaine (quoique cette année là il ne tourna "que" 6 films) ; malgré la monotonie d'un western tourné intégralement dans les entendues désertiques de la vallée de la mort (ce qui tourne à l'avantage du film sur sa durée) et enfin malgré la menace indienne représentée par deux indiens, un frère et une soeur (ce sont les seuls que l'on verra jamais en dehors d'une vieille indienne au comptoir de traite), ce western est remarquable, surement un des meilleurs que Lesley Selander aura réalisé, si ce n'est le meilleur. Je le voyais même encore plus haut à l'issu d'un 1er visionnage il y a des années mais bien que revu un peu à la baisse, ça reste un très bon western.

La séquence d'ouverture presque sans dialogues est d'une violence et d'une fulgurance digne de Fuller. Dans un paysage de dunes, un indien et une indienne font face à deux soldats et s'échangent des tirs. Alors qu'il est allongé derrière une dune, une balle frappe le sable devant un des soldats. Il est atteint par ricochet et aveuglé. Les yeux ensanglantés, Il sort de son abri précaire, appelle au secours le Lt. Kirby et est abattu par l'indien, avant que son officier ne le soit quelques instants plus tard. L'indien surgit, se penche sur un cadavre, empoigne la tête avant de la renverser en arrière, sort un couteau et le scalpe, la caméra fixant en gros plan le visage de l'indien tout en saisissant ses mouvements méthodiques, avant que le titre War Paint n'apparaisse en lettres de sang sur l'écran ! Cette séquence livre deux informations capitales au spectateur. Que Billings ne risque pas de retrouver Kirby, le commissaire aux affaires indiennes ; que certains indiens ne semblent pas vouloir que le traité de paix parvienne à Grey Cloud…et que Billings vient de faire rentrer le ver dans le fruit puisque évidemment l'indien tueur est Taslik (en ce qui concerne le rôle que va jouer l'indienne qui l'accompagne, je préfère rester évasif ).
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L'aspect qui m'avait plus particulièrement marqué à la 1ère vision, c'est à dire l'attention portée aux moindres personnages et leurs caractérisations m'apparait moins évident (surtout revu après Little Big Horn, plus particulièrement remarquable sur ce point là). La définition minimale de certains personnages convient bien de toute façon aux moyens limités de quelqu'un comme Robert Stack : il est obstiné et rigide mais c'est un bon chef expérimenté qui prend plutôt les bonnes décisions sauf qu'en l'occurrence son guide n'est volontairement pas d'une grande fiabilité et il va commencer à voir ses décisions discutées par ses hommes. Quand il sera un peu débordé de ce coté là, son plus proche allié sera le sergent interprété par Charles McGraw qui est sur la même ligne que lui même s'il se fait tout de même le porte parole des hommes et réclame un peu plus d'humanité, ce qui consiste essentiellement à alléger un peu les restrictions imposées par son supérieur. Du coté des soldats, on apprend relativement peu de choses mais les quelques informations sont assez fortes. On n'apprend presque rien de Tolson (Peter Graves) sinon qu'il semble être le plus frondeur du groupe mais il jouera un rôle important par la suite. Allison (Walter Reed) et Clancy (Douglas Kennedy) sont au contraire les soldats réguliers, ceux qui a on peut tout demander. Grady (Robert Wilke), le messager venu du fort qui se retrouve intégré à la patrouille, c'est le bon vivant moqueur et égrillard. Il ne parle que de femmes. Charnofski (John Doucette) évoque sa Pologne natale. Perkins (Paul Richards) dont la femme vient de mettre au monde un enfant en son absence est le plus dépité de ne pouvoir rentrer au fort, une permission qui lui est refusée par Billings. Le cartographe Hamilton (Charles Nolte) va d'ailleurs délaisser ses cartes un soir et croquer le visage d'une femme puis celui d'un enfant et le donner à son ami. Au fur et à mesure du périple, les signes d'humanité disparaissant progressivement, c'est d'abord le nécessaire à dessin qui va disparaitre puis c'est celui du bébé que l'on verra abandonné dans le sable au moment du départ d'un bivouac lorsqu'il n'y aura plus lieu de le garder.

C'est que le terrain traversé pour tenter de rejoindre le campement de Grey Cloud est l'un des plus difficiles et arides que l'on aura pu voir dans un western. Ce n'est pas un de ces parcours certes pénibles mais qui s'effectue à travers des paysages très divers ou passant par des sites spectaculaires, ces "arrêts Kodak" qui sont d'ailleurs souvent un des petits plaisirs secondaires de l'amateur de westerns. Dans ce film tourné intégralement dans la vallée de la mort, les paysages traversés sont d'un grande monotonie et sont, à tous les sens du terme, d'une grande aridité. La troupe, victime de la chaleur écrasante, va se retrouver de plus en plus démunie, privée notamment de toutes ses montures avant la mi-parcours. Et surtout, ne trouvant aucun point d'eau sur le trajet en dehors d'une source empoisonnée, les restrictions vont devenir de plus en plus sévères à mesure que la troupe va avancer. La soif va avoir des conséquences terribles, Selander filmant avec une grande crudité : les rictus de douleur d'un homme empoisonné secoué par des spasmes effroyables ; celui qui préfère la mort aux souffrances endurées ; ceux qui deviennent fous à force de privations (ce qui explique le comportement de certains des hommes de la troupe dans la partie finale).
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Mais l'aspect le plus impressionnant de ce film, c'est ce que Selander et ses scénaristes arrivent à dire sur les guerres indiennes avec une économie de moyens étonnante. Le récit permet de montrer et d'expliquer le point de vue de chaque partie de manière juste et équilibré, ceci n'empêchant nullement Selander de montrer la profondeur des antagonismes. En effet, malgré ce que pouvait laisser supposer la violence du préambule et les actes qu'on leur voit parfois accomplir, Taslik puis Wanima s'acharnant par tous les moyens à empêcher la troupe de soldats d'atteindre le campement de leur père, le film montre de manière honnête le point de vue des indiens mais sans une once d'angélisme. La violence de la scène pré-générique était surtout le fait de Taslik mais de manière beaucoup plus inhabituelle, Wanima sa soeur va aussi se révéler être une guerrière redoutable et impitoyable. Elle va, elle aussi, tuer un homme à l'issu d'une lutte d'une extrême brutalité pour une scène impliquant une femme. De l'autre coté, les soldats ne seront pas en reste lorsque, par exemple, ils vont menacer de bruler les yeux de Wanima pour la faire parler. Quant à la folie qui va s'emparer de certains hommes dans la dernière partie, je n'en dis rien…

Après les actes, les premières paroles ne seront pas plus conciliantes mais là encore, les deux cotés ne sont pas épargnés. Quand au soir de la 1ère journée de cheval, les soldats vont interroger Taslik sur la raison pour laquelle il a recouvert son visage de peintures de guerre, il va rétorquer : vous portez bien des vêtements militaires ! Puis, quand les soldats n'auront plus aucun doute sur les véritables intentions de Taslik, il s'exprimera très peu mais il dira qu'il ne veut pas d'un traité de paix qui sera trahi une fois de plus par les blancs, ce qui affaiblira encore un peu plus son peuple. Et d'ailleurs, malgré l'obstination qu'il met à accomplir sa mission, Billings ne semble lui même pas dupe si l'on en croit l'échange qu'il avait eu avec le commerçant du comptoir de traite au tout début du récit, puisque à son interrogation au sujet du nombre de traités déjà conclus avec Grey Cloud, il répondra : ce sera le 15ème ! Bien plus tard, la nuit étant propice à la confidence, Billings et Wanima vont se livrer, non sans avoir une fois de plus d'abord exprimés leur hostilité mutuelle. Wanima confie la très mauvaise expérience qu'elle avait eu enfant chez les blancs ou elle avait été scolarisé (on comprend à demi mot qu'elle a été violé)…mais d'un autre coté, elle ne cache pas le coté belliqueux de son peuple. Elle semble regretter la puissance ancienne de ces grands conquérants qui eux aussi négociaient des traités de paix avec d'autres tribus lorsqu'ils y avaient intérêt. C'est donc en parfaite connaissance de cause qu'à la suite de son frère, Wanima va à son tour affirmer que les traités de paix ne sont jamais respectés par les blancs, un argument auquel Billings ne saura pas répondre. Il va néanmoins réitérer son intention de porter son message puisque c'est sa mission et qu'elle doit être accomplie puisque c'est le seul espoir, certes fragile, de parvenir à une paix. Une parole sincère qui va convaincre peut-être provisoirement Wanima. Car malgré leurs intérêts divergents, la détermination et la fermeté de l'officier, ressemblant à sa propre détermination, va entrainer une forme de respect pour l'adversaire, voir de l'admiration pour le capitaine prêt à risquer sa vie et à s'opposer à ses propres hommes pour remplir sa mission…mais sans se faire d'illusions et d'ailleurs elle le dit.

Peut-être que les confidences nocturnes de Billings au sujet des difficultés de sa vie personnelle ont pu aussi jouer un rôle (la nuit précédente, il avait aussi évoqué ses problèmes conjugaux. Pfff…encore un militaire dont le femme se barre. Ça donne envie de s'engager !). Que ce soit avant et après cette conversation décisive, tout le final est absolument remarquable, offrant une succession de scènes d'action superbement mises en scène par Selander. L'interprétation de Robert Stack est comme d'habitude, à quelques exceptions près, assez faible ; même dans la confidence, il ne fait passer aucune émotion. Les autres sont au minimum corrects et Peter Graves, un autre acteur dont je ne suis pas fou est même plutôt convaincant. Quant aux deux indiens, si Keith Larsen est très bien, Joan Taylor est excellente (et c'est une des plus jolies indiennes que j'ai vu à ce jour). vu en vost. Le film est inédit en France mais il était sorti en Belgique sous le titre : Le loi du scalp
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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Comme je le pressentais et malgré quelques probables nombreux navets, Selander est décidément un cinéaste à réévaluer au plus vite. Hâte de le voir celui-ci. Pour moi, son meilleur western reste pour l'instant Fort Osage que j'aimerais bien revoir en DVD dans de bonnes conditions. Le cinéaste dont j'attends le plus d'autres films chez Sidonis.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Juste un mot pour dire que je partage pleinement cette critique du film, découvert , il y a déjà pas mal d'années. C'est indubitablement, le plus abouti des westerns ( que j'ai pu voir) du prolifique Selander, mais une surprise est toujours possible, sa filmo comptant pas moins de 108 westerns. A découvrir du même réalisateur " the outlaw's son" , disponible en dvd zone 1.
Chez Sidonis, on m'a affirmé que les meilleurs ventes, sont les westerns avec " indiens", " War paint " y aurait une place de choix.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Pour juger du mépris dans lequel était tenu Lesley Selander:
Dans " 30 ans de cinéma américain" de Tavernier et Coursodon :
" ....Selander s'est presque toujours consacré au western, si possible fauché, écrit le plus stupidement du monde... ses films relèvent de la mise en boîte, plus que de la mise en scène. "
Son nom est carrément absent dans " 50 ans....." des mêmes.
Dans " Série B " de Pascal Mérigeau et Stéphane Bourgoin on lit :
" .... Selander, soyons justes, tourna tout de même autre chose que des westerns (les deux auteurs manifestement ont peu de goût pour le genre), quelques films d'horreur, de guerre, et de S-F. Mais avec un égal malheur, qu'on ne compte pas sur nous en tout cas pour fouiller plus avant dans sa filmographie ."
Quant Jean Tulard, il se montre un peu plus tendre et trouve quelques qualités à " Shotgun" et " fort Algiers" avec Yvonne De Carlo. Christian Viviani dans " le western "(Henri Veyrier" se borne à citer quelques titres sans aucun commentaire.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Jeremy Fox a écrit :Comme je le pressentais et malgré quelques probables nombreux navets, Selander est décidément un cinéaste à réévaluer au plus vite. Hâte de le voir celui-ci. Pour moi, son meilleur western reste pour l'instant Fort Osage que j'aimerais bien revoir en DVD dans de bonnes conditions. Le cinéaste dont j'attends le plus d'autres films chez Sidonis.
Je me souviens avoir lu du positif aussi dans ta critique de Panhandle (Le justicier de la sierra). C'est d'ailleurs le plus ancien Selander (1948) que j'ai pu voir à ce jour. Mais oui, on peut penser que parmi les nombreux westerns d'une heure qu'il a tourné avec William Boyd, Tim Holt, Richard Dix ou Rod Cameron, il doit y avoir des nanards mais bien entouré, il pouvait très bien faire. Pour Panhandle, le scénario de Blake Edwards a du aider et on peut penser que le producteur Howard W. Koch n'est pas pour rien dans la réusssite de War Paint.
Chip a écrit :Chez Sidonis, on m'a affirmé que les meilleurs ventes, sont les westerns avec " indiens", " War paint " y aurait une place de choix.
Avec indiens, oui, mais beaucoup moins que sur l'affiche :fiou: (ce n'est pas un cas isolé de publicité mensongère). Pour le reste, oui, une édition par Sidonis serait la bienvenue. Il n'y avait pas beaucoup d'indiens non plus dans ses Fort... mais ce qui pouvait faire cheap dans ces films là tourne à l'avantage du film dans War Paint. Ce qu'il arrive à faire passer avec deux indiens !
Chip a écrit :C'est indubitablement, le plus abouti des westerns ( que j'ai pu voir) du prolifique Selander, mais une surprise est toujours possible, sa filmo comptant pas moins de 108 westerns. A découvrir du même réalisateur " the outlaw's son" , disponible en dvd zone 1.
Je ne connais pas The Outlaw's Son et sinon, je suis allé un peu vite en écrivant "le meilleur western…"...parmi la petite dizaine de films que j'ai vu pour l'instant, oui. J'ai d'ailleurs encore en rayon quelques uns de ses tous derniers westerns tournés dans les années 60. Je ne les ai jamais vu mais ce ne sont pas les plus réputés. Cela dit, on est pas à l'abri d'une bonne surprise car je viens de voir la note IMDB de War Paint et je suis un peu atterré...
Chip a écrit : Un acteur pas terrible dans " Torpedo alley" ? non je ne vois pas :wink: , je n'ai pas vu cette bande du très vilipendé Lew Landers. Petite info, dans ce film un certain Charles Buchinsky (Bronson) a un caméo non crédité (un marin).
Warren Douglas, Mark Stevens, Harold Schuster et Barry Sullivan travaillaient tous à cette époque pour Allied Artists, ce qui explique que leurs noms soient souvent associés.
De mon coté, c'est justement la présence du vilipendé Lew Landers derrière la caméra qui m'a retenu jusque là. Je n'ai vu qu'un assez bon film de Landers, c'est J'ai vécu deux fois. Il faut dire qu'avec ses 150 films tournés en 20 ans (34-54) il n'était pas non plus du genre à paufiner :wink:
===================
Joan Taylor (Wanima) a tourné une quarantaine de films dont 7 westerns, souvent dans des rôles d'indiennes notamment dans Le fils de Geronimo ou Les tambours de la guerre. Elle était charmante et touchante dans Les amours d'Omar Khayyam en esclave et compagne "par défaut" d'un Cornel Wilde amoureux déçu de Debra Paget (qui était d'ailleurs aussi l'une de ses principales rivales dans les rôles d'indienne).

Documents d'exploitation. Le dernier est une affiche alternative mettant l'accent sur le rôle singulier que tient la squaw dans ce film !
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Parmi les rares westerns que j'ai pu voir de lui, bien apprécié aussi The Raiders avec Richard Conte ainsi que Shotgun avec Sterling Hayden ; même La furieuse chevauchée avec Randolph Scott n'était pas désagréable
Frank 'Spig' Wead
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Frank 'Spig' Wead »

Question au Shérif (ou toute personne concernée) : aurais-tu par année le nombre de westerns réalisés et recensés Hollywood. J'avais ces chiffres dans un livre que j'ai perdu...
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