Les Westerns 2ème partie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Très alléchant tout ça : les comédiens, l'intrigue, le compositeur (Hans J. Salter est un des grands oubliés de la musique de film hollywoodienne ; je ne me lasse pas du thème principal -et de son orchestration- de Bend of the River, le thème le plus emblématique du genre à mon avis), et tout le reste. Espérons que Sidonis arrive à négocier une sortie.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Jeremy Fox a écrit :Très alléchant tout ça : les comédiens, l'intrigue, le compositeur (Hans J. Salter est un des grands oubliés de la musique de film hollywoodienne ; je ne me lasse pas du thème principal -et de son orchestration- de Bend of the River, le thème le plus emblématique du genre à mon avis), et tout le reste. Espérons que Sidonis arrive à négocier une sortie.
Je n'ai pas gardé dans l'oreille la musique de ce chef d'oeuvre mais bon, à lire tes textes il est évident que c'est un élément important pour toi alors que je ne glisse même pas systématiquement la petite phrase sur le sujet. Ce manque d'intérêt pour la musique de films sidère d'ailleurs quelques amis cinéphiles :?

Au sujet de Showdown, je pense qu'il va te plaire ; mais moins la copie visible pour le moment dont mes captures ne rendent que partiellement compte. Il est d'ailleurs possible que le mauvais état du matériel disponible soit la vraie raison du blocage par Universal, si blocage il y a (Sidonis l'affirme). Pour la suite, toujours Audie Murphy à l'affiche : Le révolté (Cast A Long Shadow) de Thomas Carr…Intéressant mais moins bon.
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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

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kiemavel a écrit : Ce manque d'intérêt pour la musique de films sidère d'ailleurs quelques amis cinéphiles :?

C'est justement pour ça que le fait que tu aies remarqué celle du collier de fer me fait penser que ce doit être une belle réussite aussi.
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Jeremy Fox a écrit :
kiemavel a écrit : Ce manque d'intérêt pour la musique de films sidère d'ailleurs quelques amis cinéphiles :?

C'est justement pour ça que le fait que tu aies remarqué celle du collier de fer me fait penser que ce doit être une belle réussite aussi.
:lol: Bien vu
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Re: Cast a Long Shadow

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Cast a Long Shadow (1959)
Réalisation : Thomas Carr / Production : Walter M. Mirisch / Distribution : UA / Scénario : Martin M. Goldsmith et John McGreevey d'après le roman de Wayne D. Overholser / Directeur de la photographie : Wilfrid M. Cline / Musique : Gerard Fried

Avec Audie Murphy (Matt Brown), Terry Moore (Janet Calvert), John Dehner (Chip Donohue), James Best (Sam Mullen), Rita Lynn (Hortensia), Denver Pyle (Preacher Harrison), Ann Doran (Charlotte ‘Ma’ Calvert).

Après une longue recherche, Chip Donohue retrouve dans un bar du Mexique, Matt Brown, le fils illégitime de son employeur récemment décédé. Lorsque Matt apprend du contremaitre du domaine qu'il a été désigné comme seul héritier de l'immense ranch de 87 000 acres de Jake Keenan, le jeune homme désœuvré, alcoolique et joueur qui avait fuit la ville 4 ans plus tôt et qui n'a aucunement l'intention d'y retourner, pense immédiatement le vendre au plus vite et vivre de cette fortune tombée du ciel. Chip Donohue se propose d'ailleurs comme acheteur ce qui oblige Matt à l'accompagner au ranch pour y finaliser la vente. En réalité, Donohue n'a pas assez d'argent pour acheter le ranch lui-même, de sorte qu'il entraine les autres employés à prendre des actions dans la propriété. Cela entraine un changement d'attitude des habitants à l'égard de Matt mais il sent bien que l'hostilité pour le bâtard est encore profonde. Ceci, conjugué à ses retrouvailles avec Janet, son ex fiancée toujours amoureuse de lui, entraine Matt a renoncer à la vente au grand désarroi des habitants. Mais Donohue découvre bientôt que Keenan était lourdement endetté et qu'un prêt doit être très rapidement remboursé sans quoi le ranch reviendra à la banque. Le seul moyen de le sauver serait de convoyer la totalité du troupeau à Santa Fe et le vendre…
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Ce petit western en N&B assez fauché produit par Walter Mirisch et distribué par United Artists s'inscrit dans la longue lignée des westerns psychologiques des années 50. Le père décédé ressemble, par le portrait qu'en font les gens qui l'ont connu, au "despote", le grand propriétaire terrien du film The Halliday Brand réalisé par Joseph H. Lewis (présenté quelques pages en arrière dans ce sujet) mais ici l'action débute à la mort du père détesté. Le portrait du jeune homme plein d'amertume et écrasé par l'ombre de son père (c'est le sens du titre original) commence bien…Sa (première) métamorphose passe assez bien également…Ce que font scénaristes et metteur en scène de son entourage proche : sa petite amie et le contremaitre/mentor est tout aussi intéressant et les deux comédiens sont irréprochables…La complexité des sentiments éprouvés par les villageois et employés du ranch est assez bien illustrée et surtout quelques personnages franchement hostiles semblent à même de constituer une opposition solide contre les ambitions nouvelles du jeune homme…Et puis plus rien ou presque. On s'attend à ce que les lignes bougent "en action", au cours du fameux Cattle Drive mais on ne voit pas grand chose…avant que tout à coup l'action ne s'accélère brutalement comme s'il avait fallu achever le tournage au plus vite ; avec dans la précipitation, la révélation…le très gros twist que je n'ai pas du tout senti venir et qui éclaire après coup d'un jour nouveau tous les évènements que l'on aura vu ou qui auront été raconté sur le passé des personnages. Très bien...mais un peu tard. Bilan : une situation de départ intéressante mais seulement exploitée à 40 % de son potentiel. Dommage.
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Lorsque Donohue le retrouve, le jeune Matt est, après 4 ans d'errance, devenu un vagabond dépenaillé trainant son mal-être de ville en ville et de bar en bar. Joueur, buveur, bagarreur, c'est une jeune épave…Né hors mariage d'une femme employée sur le ranch de Jake Keenan, l'enfant illégitime s'est toujours senti rejeté et humilié par ce père détesté qui le maltraitait autant qu'il maltraitait sa mère (il est même suggéré que le père a indirectement causé la mort de la mère de Matt) et il avait fini par s'enfuir pensant bien ne jamais remettre les pieds au ranch. C'est encore l'amertume qui domine lorsqu'il est de retour "chez lui". Malgré qu'il soit contraint par les circonstances de séjourner plus longtemps qu'il n'aurait voulu sur les lieux de son enfance, rien ne semble pouvoir apaiser les ressentiments du jeune homme ; évidemment pas la redécouverte de l'univers de son père ni l'hostilité d'une partie de la population et pas même les retrouvailles avec Janet, son ancienne fiancée qu'il accuse injustement de l'avoir trahi. Tout change assez brutalement quand celui qui se retrouve héritier du ranch le plus important de la région est contraint de se battre pour sauver la fortune inespérée qui lui est tombée dessus. C'est sans doute sa motivation première mais bientôt on croit percevoir des raisons plus profondes et personnelles, notamment la tentative de reconquête de Janet qui ne doit pas être pour rien dans son redressement.
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Quoi qu'il en soit, pour mener à bien le sauvetage du ranch, le jeune homme faible va devoir se hisser au niveau d'un être à la fois admiré et craint, un self made man, riche propriétaire terrien et éleveur que lui même détestait et il va être contraint de se mesurer à ce père dont l'ombre plane toujours sur lui. Mais le jeune homme apparemment détruit se glisse inconsciemment bien trop vite dans les bottes du père honnis et croyant qu'il n'a pas l'envergure du grand homme ou par crainte de l'échec en raison de son inexpérience dans le convoyage de troupeaux ; ou bien tout simplement en découvrant le sens des responsabilités, il va se mettre à faire de l'excès d'autoritarisme ; aboyant ses ordres et usant parfois de violence envers les employés prêt à se mettre à son service. Il commence donc par s'aliéner certains de ceux dont il a le plus besoin, les convoyeurs de bétail et même Donohue. Il acquière donc très vite les pires excès de son père mais au moins ce dernier était aussi craint que respecté pour sa compétence et ses qualités de meneur d'hommes. Matt se retrouve donc contesté par tous…
Par Janet. Car après des retrouvailles difficiles où elle se verra reprocher un rejet 4 ans plus tôt qui ne s'explique que par son jeune âge et l'hostilité de ses frères à l'égard de Matt, si les jeunes gens vont à nouveau se rapprocher, ils vont de nouveau s'éloigner l'un de l'autre quand le nouveau pouvoir de Matt et sa manière de l'exercer vont être un repoussoir pour la jeune femme…Chip Donohue (campé par l'excellent John Denher) est lui tiraillé entre plusieurs sentiments : laisser Matt échouer ou bien l'aider à mener le bétail jusqu'à Santa Fe malgré que cela signifierait la fin de son rêve : posséder le ranch dont il pensait hériter et qu'il pensait mériter pour ses 30 ans au service du père de Matt. C'est un peu la même chose pour les autres employés du ranch qui se seraient bien vus co-propriétaires et qui étaient impatients de travailler enfin pour leur propre compte. Alors qu'ils n'attendaient qu'un chose, que la transaction se fasse et que le bâtard disparaisse, le fait qu'il s'impose de plus en plus comme un successeur du despote local ne les réjouit pas.
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D'autres sont encore plus franchement hostiles : les frères de Janet et surtout 4 hommes qui se liguent pour empêcher le troupeau d'atteindre Santa Fe. Les péripéties occasionnées par les actions des 4 méchants de l'histoire (dirigés par James Best) sont sans intérêts. On a déjà vu des saboteurs et des "empêcheurs" plus malins (leur fin est totalement ratée) et surtout, plus largement -comme je l'ai déjà dit en préambule- malheureusement il ne se passe plus grand chose à partir du moment où le troupeau se met en route ; ou pour le moins, ce qui se passe dans la seconde partie est décevant compte tenu des bases qui avaient été posées. La mise en scène totalement anonyme de Thomas Carr n'aide pas tout comme les plans serrés montrant nos héros entourés de quelques bovins intercalés entre des plans larges montrant de vastes troupeaux de bétail et des cow-boys non identifiables qui proviennent manifestement de stock-shots. Je confirme que la fin donne l'impression d'être bâclée et d'autre part, on y voit une ultime métamorphose de Matt peu crédible en raison de la précipitation des évènements. Sorti en Belgique sous le titre : Le révolté. DVD gravé (vost)
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Apache territory

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Apache territory - Ray Nazarro - 1958
Réalisation : Ray Nazarro / Production : Rory Calhoun et Victor M. Orsatti / Distribution : Columbia / Scénario : Charles R. Marion et George W. George d'après un roman de Louis L'amour / Photographie : Irving Lippman / Musique : Mischa Bakaleinikov

Avec Rory Calhoun (Logan Cates), Barbara Bates (Jennifer Fair), John Dehner (Grant Kimbrough), Carolyn Craig (Junie Hatchett), Tom Pittman (Lonnie Foreman), Leo Gordon (Zimmerman), Myron Healey (Webb), Francis De Sales (le Sgt. Sheehan), Frank DeKova (Lugo)

Alors que Logan Cates, un aventurier sans attaches, traverse le territoire apache espérant rejoindre Yuma, il aperçoit de loin une bande d'indiens s'apprêtant à attaquer 3 cavaliers. Tirant des coups de feu en l'air, il les averti ainsi du danger mais les 3 hommes sont néanmoins poursuivis par la bande de guerriers. Poursuivant son chemin, Logan tombent sur 2 cadavres ; il est à son tour attaqué mais il parvient à abattre les quelques apaches qui avaient dissimulé dans des fourrées la jeune fille qu'ils avaient enlevées après avoir massacrés ses parents. Logan prend la jeune fille avec lui. Plus loin, ils tombent sur un jeune homme, Lonnie Foreman, qui est le seul survivant des 3 cavaliers attaqués un peu plus tôt. Le court canyon protégé par des rochers et doté d'un point d'eau où il a trouvé refuge attire bientôt d'autres cavaliers. Le lendemain, le trio est rejoint par un couple fuyant les indiens ; avant qu'un petit groupe de soldats rescapés d'une patrouille y arrive à leur tour. Assiégés par les apaches, le petit groupe se retrouve prisonnier de son refuge…
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Embouteillage dans le désert…L'aventurier solitaire Logan Cates (Rory Calhoun) est contraint de prendre en main la résistance contre les agresseurs apaches. Logan sauve une jeune femme, Junie Hatchett (Carolyn Craig) ; retrouve le jeune homme, Lonnie Foreman (Tom Pittman) dont il avait sauvé la vie un peu plus tôt. Poursuivis par les indiens, un homme et une femme sur le point de marier, Grant Kimbrough (John Dehner) et Jennifer Fair (Barbara Bates) parviennent à rejoindre leur refuge…suivis aussitôt par la patrouille de cavalerie menée par l'inexpérimenté sergent Sheehan (François de Sales)…avant enfin qu'un indien du nom de Lugo (Frank DeKova) ne les rejoigne. Comment ? Un indien ? Panique ! nan, nan, celui là c'est un bon indien, un Pima qui a autant les foies devant les apaches que ses compagnons visages pales (mais sa présence va être difficile à faire accepter).
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Subissant les attaques incessantes des apaches, le groupe se réduit lentement mais surement. La situation s'aggrave encore quand "l'oasis" s'épuise : la nourriture commence à manquer et le point d'eau se tarie…mais il y a pire, ce sont les tensions qui apparaissent très vite au sein du groupe entrainant une division dangereuse chez les rescapés retranchés dans leur abri précaire. Car tout le monde n'a pas l'intention de s'en remettre à l'expérimenté Logan pour se tirer d'affaire. Le Sgt. Sheehan a en effet beaucoup de mal à tenir ses hommes, notamment le soldat Zimmerman (Leo Gordon), violent et raciste, qui ne veut pas d'un ennemi (Lugo) dans la place. Mais le plus grand ennemi interne, c'est encore le lâche Kimbrough (Dehner) qui a un "bon" motif pour se dresser contre l'autorité de Logan…étant donné que sa fiancée Jennifer se trouve être l'ex-petite amie de Logan que celui ci avait abandonné pour vivre sa vie d'aventurier. Coïncidence incroyable, hein ? L'un éprouve un sentiment de culpabilité, l'autre du ressentiment mais l'ex couple se rapproche inexorablement...et celui qui tient la chandelle est forcément jaloux. À coté de ce trio adulte, une histoire d'amour prend naissance entre le jeune Lonnie et la jeune Junie, traumatisée par la mort de ses parents et son enlèvement par les apaches.
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Cette galerie de portraits n'est pas mal fichue mais on a vu 50 fois ce groupe constitué du héros, du lâche, des faibles (l'un est pris d'un coup de folie), du violent … mais l'action ne mollit pas ; on se donne quelques coups de poing ; on se bât aussi au couteau et surtout les coups de feu pleuvent. Les indiens sont belliqueux, les paysages semi-désertiques sont superbes…et on en demande parfois pas plus. Quelques originalités : le monstre de Gila qui manque de faire échouer une incursion chez les ennemis. Les grenades artisanales (volontairement énigmatique) et enfin l'or que possède l'indien Lugo, qui a trouvé une mine, est utilisé, là encore sans surprises, mais plaisamment. Co-produit par Rory Calhoun mais le budget de ce court western (77 min) devait être réduit étant donné que les 9/10ème du film se déroule dans et autour du cul-de-sac où est retranché le petit groupe. Sorti en Belgique sous le titre : La chasse aux visages pales (pas terrible mais pas mensonger). DVD gravé (vost)
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Vu seulement sur youtube, donc en vo sans s/t et sur un écran minuscule. C'est l'avant dernier film de Ray Nazarro et son dernier western, réalisateur sous-estimé , sinon méprisé, Nazarro savait filmer les scènes d'action comme le montre certains passages de " the hired gun" (la veuve et le tueur), voire le début de " apache territory". Une surprise est possible parmi la soixantaine de westerns tournés, Sidonis a à son catalogue " Cripple creek" (la folie de l'or) et " indian uprising" (les derniers jours de la nation apache) les deux de 1952 avec George Montgomery en vedette, attendons...
" Apache territory " présente quelques similitudes dans sa seconde partie avec " Dakota incident" ( guet-apens chez les sioux) (1956) de Lewis R.Foster. A signaler aussi la présence de Tom Pittman( 1932-1958) décédé dans un accident de voiture, deux mois après la sortie du film, Samuel Fuller qui l'avait employé dans " Verboten !" en dit le plus grand bien dans un entretien avec Jean Narboni et Noël Simsolo. On a pu voir Pittman dans " Black patch" (l'homme au bandeau noir)(1957) bon western d' Allen H. Miner et " the proud rebel" (le fier rebelle)(1958) de Michael Curtiz.
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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Chip a écrit :Vu seulement sur youtube, donc en vo sans s/t et sur un écran minuscule. C'est l'avant dernier film de Ray Nazarro et son dernier western, réalisateur sous-estimé , sinon méprisé
Au vu de Top Gun, le seul western que j'ai pu voir de ce cinéaste, il me semblerait aussi qu'on puisse penser qu'il est mésestimé.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :Vu seulement sur youtube, donc en vo sans s/t et sur un écran minuscule. C'est l'avant dernier film de Ray Nazarro et son dernier western, réalisateur sous-estimé , sinon méprisé, Nazarro savait filmer les scènes d'action comme le montre certains passages de " the hired gun" (la veuve et le tueur), voire le début de " apache territory". Une surprise est possible parmi la soixantaine de westerns tournés, Sidonis a à son catalogue " Cripple creek" (la folie de l'or) et " indian uprising" (les derniers jours de la nation apache) les deux de 1952 avec George Montgomery en vedette, attendons...
" Apache territory " présente quelques similitudes dans sa seconde partie avec " Dakota incident" ( guet-apens chez les sioux) (1956) de Lewis R.Foster. A signaler aussi la présence de Tom Pittman( 1932-1958) décédé dans un accident de voiture, deux mois après la sortie du film, Samuel Fuller qui l'avait employé dans " Verboten !" en dit le plus grand bien dans un entretien avec Jean Narboni et Noël Simsolo. On a pu voir Pittman dans " Black patch" (l'homme au bandeau noir)(1957) bon western d' Allen H. Miner et " the proud rebel" (le fier rebelle)(1958) de Michael Curtiz.
Salut Chip (y'avait longtemps…). Je n'avais pas fait attention à ce que tu relèves concernant la carrière de Nazarro. En allant voir sur IMDB, je me suis aperçu que la totalité des films que je connais appartiennent à la toute dernière partie de sa carrière : Domino Kid ; Les brigands de l'Arizona (The Lone Gun) ; La caravane du désert (Southwest Passage) ; Tempête sur le texas (Gun Belt) ; Kansas Pacific + un swashbuckler : Le retour des frères corses (Bandits of Corsica)…Et à vrai dire, je n'ai beaucoup de souvenirs de tout ça, même de Top Gun cité par Jeremy. Pas vu certains de ceux que tu cites : Cripple Creek ni Les derniers jours de la nation apache.

Le début de Apache territory est effectivement habilement mis en scène mais en revanche je n'en dirais pas autant de la partie finale qui est assez maladroite. Mais de ce point de vue là, je viens de voir pire Ambush at Tomahawk Gap (dont le final
Spoiler (cliquez pour afficher)
explosif
est similaire…)

Pour Tom Pittman, oui, je connaissais un peu son histoire. En bon admirateur de James Dean, il est mort au volant de la même bagnole :? (Je n'y connais rien mais c'est une Porsche). D'autre part, les deux têtes d'affiche féminines sont elles aussi décédées prématurément puisque Barbara Bates et Carolyn Craig se sont suicidées autour de la quarantaine. re :?
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Re: Dakota Incident

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Dakota Incident / Guet-apens chez les sioux Lewis R. Foster. 1956
Réalisation : Lewis R. Foster / Production : (Republic Pictures) / Scénario : Frederick Louis Fox / Photographie : Ernest Haller / Musique : R. Dale Butts
Avec Dale Robertson (John Banner), Linda Darnell (Amy Clarke), John Lund (John Carter/Hamilton), Ward Bond (Le sénateur Blakely), Regis Toomey (Minstrel) et dans des petits rôles Skip Homeier (Frank Banner), John Doucette (Largo) et Whit Bissell (Mark Chester)
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3 hommes en fuite qui viennent de dévaliser une banque chevauchent dans le désert. Leur chef, John Banner, ouvre le chemin et soudain ses complices qui avaient prémédité leur coup se concertent pour décider du moment propice pour l'abattre. Le premier hésite, finalement se ravise et tire en l'air pour avertir Banner mais le second, Largo, l'abat avant de s'emparer du butin. Cependant, Banner qui n'était que blessé, reprend ses esprits et réussit à rejoindre à pied la ville la plus proche. Après quelques péripéties, il parvient à récupérer le produit du hold-up et décide d'attendre l'arrivée de la diligence pour Laramie qui doit lui permettre de quitter ce territoire infesté d'indiens. Dans l'hôtel de la ville, d'autres personnages attendent eux aussi la diligence. Il y a là :

-Amy Clarke (Linda Darnell), une artiste et son entourage. Son secrétaire (Regis Toomey) et son habilleuse française. Elle souhaite rejoindre Laramie pour retrouver son impresario qui s'est enfuit avec ses cachets.
-John Hamilton (John Lund), un personnage énigmatique qui ne lâche pas Banner.
-Le sénateur Blakely (Ward Bond), un New-Yorkais envoyé par le gouvernement pour tenter de raisonner les colons et les persuader qu'une coexistence pacifique avec les indiens est possible.
-Tully Morgan (Whit Bissell), un chercheur d'or qui croit avoir trouvé un filon important.

La diligence arrive enfin mais elle a été attaqué et tous ses occupants ont été massacrés. Malgré tout, presque tous les passagers prévus décident de tenter leur chance. Banner, qui a pris avec Hamilton la conduite de la diligence, s'aperçoit bientôt qu'ils sont épiés par les indiens. Au cours de leur fuite, une roue se brise et ils sont contraints de se réfugier dans un petit canyon et sont immédiatement assiégés par les indiens...

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Un western construit en 2 parties bien distinctes : la première pour présenter les personnages ; puis, après un court intermède "Stagecoach" (la poursuite de la diligence par un groupe d'indiens) qui sert de lien entre ces deux parties, toute l'action se déroule dans un minuscule canyon asséché qui rappelle le cul de sac où sont acculés les voyageurs de Apache Territory et surtout la faille qui sert de refuge aux personnages du Fort Bravo de John Sturges qui se retrouvaient dans la même situation critique. L'ennemi commun, aplanissant les conflits et obligeant des gens qui ne s'aiment pas à interagir contre les ennemis de l'extérieur, est un lieu commun du western. Dans le film de Foster, les scénaristes n'ont pas exploité toutes les possibilités entrevues dans la longue introduction et elles ne trouveront pas ou peu de développements dans la seconde partie puisque, notamment, les antagonismes entre blancs passent au second plan à partir du moment où les passagers de la diligence se retrouvent piégés dans leur trou. Je commence donc par ce qui n'est qu'esquissé et trop peu exploité ; maladroitement ou non, volontairement ou non. La présence féminine, assurée par Amy Clarke (Linda Darnell) - une artiste de renom plus ou moins entraineuse, ou qui l'a été - ne donne pas grand chose. Elle est évidemment au centre de l'attention de plusieurs hommes ; courtisée mollement par Carter (John Lund) ; maladroitement - voir de manière ridicule - par le sénateur Blakely et beaucoup plus assidûment par Banner (Dale Robertson) ; mais en dehors des plaisantes chamailleries entre Banner et Amy, cette présence féminine n'a pas beaucoup stimulé l'imagination des scénaristes alors que la jeune femme est censée être l'objet d'un conflit entre plusieurs hommes qui auraient tout intérêt à rester soudés.
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Autre petit raté, tout ce qui tourne autour du personnage de Carter (interprété par le très bon John Lund). On le découvre dans la rue principale de la ville que Banner parvient péniblement à rejoindre après la trahison de ses complices, semblant l'attendre puis lançant de vagues menaces. Je ne trahis pas un grand secret en révélant sa double identité puisque ce fait est très vite révélé. L'homme a de très bonnes raisons de détester Banner dans la mesure où, en tant que caissier de la banque que Banner et sa bande avait attaqué, il s'est retrouvé injustement soupçonné, accusé d'avoir été le complice des braqueurs. Obligé de s'enfuir, il compte bien ramener le véritable coupable en ville pour prouver son innocence. Par la suite, c'est encore à cause de Banner qu'il se retrouve coincé au milieu du désert et en très mauvaise posture. Malgré ce passif, les scénaristes trouvent le moyen de manière un peu artificielle - et surtout un peu rapidement - d'en faire des alliés de circonstance, se reconnaissant mutuellement comme les deux hommes les plus susceptibles de pouvoir sauver le groupe. Ils vont apprendre à se connaitre et vont finir par se traiter avec respect. Pourquoi pas mais malgré tout, la double identité de cet homme (Carter = Hamilton) aurait pu être sans doute un peu mieux exploitée.
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Ce que j'identifie comme de petits ratés dramaturgiques était d'ailleurs plus probablement une volonté de rester vrai, en voulant montrer que confrontés à une mort qu'ils pensent imminentes, les plus forts de ces personnages montrent leur véritable caractère alors qu'il n'avait été que superficiellement exploré dans la phase initiale de l'histoire. C'est le cas du sénateur New-Yorkais Blakely (interprété par un Ward Bond à contre emploi) qui est lui, en tant que personnage, exploité au maximum de ses possibilités. Mais surtout, les idées qu'il défend (c'est un humaniste, convaincu qu'une coexistence pacifique avec les indiens est possible) collent parfaitement au sujet et permettent de débattre tout à fait concrètement de cette possibilité de paix , sur le terrain et dans la pire des situations. Ce personnage est longtemps moqué voir ridiculisé par presque tous les personnages. En ville, on le traite de citadins ignorant tout de la situation à l'ouest et de la réalité du danger représenté par les indiens. Plus tard, il est rabroué par presque tous ses compagnons d'infortune, y compris par Amy avec laquelle il se comporte en vieux beau ridicule. Le temps passant, en raison des premiers blessés et des premiers morts, son discours exprimant de la compréhension pour le point de vue des indiens devient encore plus inaudible pour ses compagnons et il s'attire ainsi une hostilité de plus en plus marquée et unanime à mesure que le danger grandit. Même si une partie des spectateurs sera "avec lui", rien n'est fait pour que le personnage attire la sympathie, surtout qu'à ses discours répondent les actes parfois cruels des indiens (ils utilisent le manque d'eau des assiégés). On pourrait penser que le scénariste a délibérément voulu montrer un personnage qui se trompe, donc au service lui aussi d'un propos apparemment anti indiens. Ce n'est selon moi qu'en apparence, mais encore une fois il s'en faut de peu pour que le film rate sa cible. La suite comporte des spoilers gênants pour les futurs spectateurs…
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Blakely finit par mettre en pratique sa foi en les indiens … et il le paye de sa vie mais le final prouve qu'il avait raison. Une entente est finalement possible ; et si ce final est inattendu, il ne propose pas une volte face invraisemblable pouvant passer pour un rattrapage idéologique de circonstance ou greffant un happy end artificiel a un récit globalement très sombre. Cette fin est convaincante et surtout absolument réussie. La pluie attendue depuis longtemps s'abat sur la région, trop loin semble t'il pour permettre à l'eau d'arriver jusqu'aux rescapés. Mais elle se met finalement à couler jusqu'au canyon, obligeant les derniers assaillants indiens à se découvrir à leur tour. Le salut vient de l'attitude de l'homme au passé le plus sombre, le hors-la-loi qui évidement aura auparavant su faire la preuve de son efficacité dans le combat. Il était aussi sans doute un des plus virulents envers les indiens mais après tous ces morts, il se montre de manière inattendue - mais pas invraisemblable - incapable de tuer un homme de plus ce qui permet à tous les rescapés de chaque camp de survivre au terme de magnifiques séquences finales. En dehors du personnage interprété par Ward Bond, c'est donc le rôle tenu par Dale Robertson qui s'avère le plus intéressant. C'est le plus ambiguë et l'acteur se montre très convaincant en bandit sympathique, provocateur et désinvolte mais qui se montre bien entendu courageux et indispensable dans la situation critique des assiégés. Les deux complices de Banner sont interprétés par John Doucette (bon petit duel dans la Main Street) et l'excellent Skip Homeier, qui disparait trop vite (de plus, sur ce personnage aussi, un petit effet de surprise aurait pu être un peu mieux exploité). Malgré quelques défauts et le manque de moyens (il y a plus d'indiens sur l'affiche que dans le canyon :mrgreen: ), l'un des 3 bons westerns de Lewis R. Foster avec L'aigle et le vautour et La caravane des évadés. DVD gravé (vost)
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Dernière modification par kiemavel le 29 juin 16, 01:14, modifié 2 fois.
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Le réalisateur, les acteurs, le studio, le Technicolor, le souvenir de l'excellent L'aigle et le vautour... Très alléchant.
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Re: Fury at Showdown

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Fury at Showdown (1957)
Réalisation : Gerd Oswald / Production : John Beck / Distribution : United Artists / Scénario : Jason James d'apres un roman de Lucas Todd / Photographie : Joseph LaShelle / Musique : Harry Sukman
avec John Derek (Brock Mitchell), Nick Adams (Tracy Mitchell), John Smith (Miley Sutton), Carolyn Craig (Ginny Clay), Gage Clarke (Chad Deasy), Robert Griffin (le shérif Clay)
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Brock Mitchell est libéré de prison après avoir purgé une peine d'un an pour avoir tué un homme en état de légitime défense. A sa sortie, il est attendu par les amis de sa victime qui semblent prêt à l'abattre sous les yeux de son jeune frère Tracy venu pour le ramener chez eux mais le shérif intervient et permet leur départ vers Showdown Creek, la petite ville située à proximité de leur ranch. En son absence, le frère de sa victime, l'avocat Chad Deasey, a ruiné sa réputation et il est maintenant considéré comme un dangereux tueur. Les frères Mitchell sont donc accueillis fraichement par la population, y compris par le shérif qui lui aussi semble penser que Brock avait abattu Sim Deasy parce qu'il le considérait comme un rival amoureux, sa propre fille étant au centre du conflit entre les deux hommes. Se sentant protégé par le tueur engagé pour soi disant le protéger, Chad Deasy ne cesse de provoquer Brock Mitchell et cherche l'affrontement. Parallèlement, un contre la montre commence pour les deux frères car pour rembourser un emprunt contracté par Tracy auprès de la banque locale, ils attendent fébrilement l'arrivée en ville d'un employé de la compagnie de chemin de fer qui va construire une ligne à proximité de leur ferme, les deux frères s'étant associés à deux éleveurs voisins pour fournir en viande les employés. Mais l'agent de la compagnie - et l'avance qui l'accompagne -se fait attendre...
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D'emblée je précise que si j'avais déjà beaucoup aimé ce western il y a quelques années, je l'ai encore revu à la hausse cette fois ci même si je ne le vois tout de même pas aussi haut que le critique anglais Phil Hardy - auteur d'une des bibles du genre - qui le place (ou le plaçait, car la dernière édition commence à dater) carrément dans son top 10 ! Mais c'est un remarquable western dont on a du mal à croire qu'il fut tourné en 5 jours ! Gerd Oswald a témoigné des conditions de tournage (je reprends ses propos en annexe 1) mais on peut affirmer que les contraintes - comme parfois la censure - a du stimuler tous ses collaborateurs car rien n'est seulement moyen dans ce film et s'il est bien sûr de meilleurs westerns, on ne voit pas comment celui ci aurait pu être meilleur qu'il n'est. On perçoit le budget serré à tous les niveaux mais Oswald tire partie de tout :

- Du petit nombre de décors et du peu de séquences en extérieur : une courte scène au "ranch" des frères Mitchell (que l'on ne voit pas), une autre courte scène bucolique (mais inhabituelle car plus sombre qu'à l'accoutumée) et surtout une longue séquence remarquable de poursuite en deux parties entrecoupée par une séquence se déroulant en ville. A ces quelques exceptions près, ce western est presque exclusivement urbain et son action se concentre dans quelques lieux : la rue principale de Showdown Creek, le bureau du shérif, le saloon, la banque et la chambre des frères Mitchell, ceci renforçant le sentiment d'oppression et d'enfermement ressenti par Brock.

- De la faible figuration … que le metteur en scène masque en filmant dans le dos d'une "foule" prête à lyncher, occupant l'espace avec quelques personnages. En ville, en arrière plan des déambulations de Brock et de son jeune frère, Oswald fait rentrer dans le champ, au premier plan, des anonymes qui semblent le surveiller. D'une manière générale, le metteur en scène sait trouver des cadres parfaits pour montrer la situation de Brock vis à vis d'une population hostile : sa lente arrivée dans la rue principale sous le regard d'une population qui se fige. Les brèves et furtives conversations dans son dos. Celles qui s'interrompent quand il parait au saloon, etc...
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- De sa distribution … Car si Gerd Oswald est remarquable pour la précision de ses cadres et pour son habilité à mettre en scène les tensions, sa direction d'acteurs l'est aussi. Il tire le meilleur de 3ème couteaux et d'acteurs essentiellement de télévision (notamment les deux méchants : John Smith joue le tueur engagé par l'avocat interprété par Gage Clarke, même si on pourra peut-être trouver ce dernier un peu trop gluant). Et surtout il tire le meilleur de ses têtes d'affiche : Nick Adams est remarquable de justesse et surtout de sobriété dans un rôle pourtant effacé de jeune homme responsable qui agit en protecteur d'un ainé "perturbé". Et surtout John Derek - qui est parmi les stars masculines l'un de ceux que j'aime le moins avec Robert Stack - est lui aussi quasiment irréprochable dans un rôle pourtant difficile même s'il est tout de même un peu limité dans les séquences où il doit exprimer ses tourments intérieurs (à plusieurs reprises, il se contente de se figer et d'écarquiller grand les yeux). Enfin, même si on pourra trouver la jeune Carolyn Craig (Ginny) parfois un peu insipide, le personnage qu'elle interprète ne l'est pas et de toute manière, la romance quasiment obligatoire reste en arrière plan et elle a été habilement intégrée à l'intrigue principale. Au nombre des enjeux, on s'interroge sur l'attitude à venir d'un personnage subissant l'autorité d'un père qui lui interdit de revoir Brock et d'autre part on se demande si cet aspect privé ne va pas influencer le shérif dans le conflit qui oppose Brock et son jeune frère à Deasy et son tueur. Mais surtout, le personnage réserve une surprise de taille dans un final en tous points remarquable.

- Du noir et blanc … car les images de Joseph LaShelle sont non seulement superbes mais le N&B colle parfaitement à ce western lorgnant vers le film noir. Il éclaire superbement les intérieurs, notamment la chambre en ville des frères Mitchell puis le cabinet du médecin lors d'une "veillée funèbre".

- Et enfin d'une musique … parcimonieuse, minimaliste et grave essentiellement jouée à la guitare et à l'harmonica qui colle parfaitement au dépouillement du reste et apporte le contrepoint idéal à la tension qui règne.
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Pour remettre ce film dans son contexte, on peut rapprocher Fury at Showdown des westerns qui à partir de 1955 ont rajeuni leurs héros et amenés sur le devant de la scène une nouvelle génération d'acteurs aussi beaux gosses que tourmentés : Tab Hunter, Robert Wagner, Jeffrey Hunter, Paul Newman … dans The Burning Hills (1956), The True Story of Jesse James (1957), The Left Handed Gun (1958), etc… qui ont souvent interprété des héros plus fragiles que leurs ainés et qui ne pouvaient plus faire face à la violence d'une époque héroïque avec courage, avec la facilité de leurs prédécesseurs et surtout sans états âme. Surtout que contrairement à certains des acteurs cités qui ont été parfois aidés par un adulte quitte à ce que celui ci soit quelquefois finalement montré comme un anti modèle (y compris lui même dans Run for Cover dans lequel il partageait l'affiche avec le vieux Cagney) ici, John Derek ne pouvait pas compter sur un adulte protecteur et formateur (Man Without a Star, The Tin Star, The Proud Ones, etc…). Au contraire, les deux jeunes frères Mitchell sont quasiment seuls face à des adultes menaçants : l'avocat Chad Deasy qui a entrainé l'enfermement de Brock suite à un faux témoignage ; le shérif qui estime que la seule menace qui pèse sur la tranquillité de la ville est représentée par Brock, "le tueur" ; avec en arrière plan, mais c'est ce qui donne la trame factuelle du film, la dette a rembourser sans quoi la propriété de leur ranch sera retirée aux frères Mitchell.

En dehors de ces personnages principaux, le reste de la population restera anonyme et silencieuse et semblera au mieux indifférente au sort de Brock et Tracy, c'est à dire complice par passivité ; ou bien craintive et surveillant simplement du coin de l'oeil le jeune homme de retour de prison par refus de rentrer en contact avec le pestiféré ou plus probablement de peur de prendre une balle perdue et / ou par crainte de celui à qui on prête une réputation de tireur redoutable. Les seules manipulations de Deasy n'explique d'ailleurs pas l'attitude de la population et on pourra - au moins au début du récit - s'interroger sur ce qui chez Brock a pu provoquer cette situation. Car malgré l'omniprésence de son jeune frère qui tente de calmer et de rassurer son ainé de quelques années - un rôle qu'il assumera jusqu'au bout en tentant d'empêcher que la violence latente de son frère n'explose - on sent cette violence bien là chez lui quand bien même il affirme ne plus jamais vouloir avoir recours aux armes (d'ailleurs il n'en porte plus).
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Ce qui transparait de la personnalité de Brock amène en tout cas beaucoup d'interrogations et on a même parfois l'impression que Brock aurait pu être par le passé le personnage décrié par Deasy car très vite il va montrer des signes de fébrilité et avec lui chaque contrariété, chaque humiliation, chaque provocation peut vite tourner à l'aigre. À plusieurs reprises on le sent au bord de l'explosion et il semble capable de perdre totalement la maitrise de lui même. Du coup, malgré ses affirmations, on doute de lui, on s'interroge sur sa dangerosité, sur les éventuelles erreurs de jeunesse qui expliqueraient sa situation quand bien même on sait d'emblée que sa réputation désastreuse a été faite avant son retour par Deasy. Bien sur, au retour de Brock, l'avocat poursuit son oeuvre en ruinant encore un peu plus sa réputation, en le provoquant et en tentant diverses manipulations avec l'aide de son "garde du corps" engagé pour le protéger de celui qui prétendument en veut à sa vie après avoir déjà abattu son frère. Et bien sûr, ce qui n'était qu'affabulations finira par arriver … Dans ce film aux scènes d'action rares mais intenses, la violence longtemps retenues finira par exploser (d'ailleurs la bagarre qui éclate entre Brock et le tueur de Deasy est sans doute une des plus violentes que l'on aura pu voir dans un western de cette époque)

Mais comme on l'espérait :wink: , au final, on comprend que Brock est surtout, non pas prisonnier du passé, pas plus des actes qu'il avait pu commettre mais surtout victime des préjugés et d'une réputation désastreuse et que sa violence n'était qu'une réponse maladroite au sentiment d'impuissance éprouvé devant le traitement injuste qui lui était fait. C'est d'ailleurs cette réputation injustifiée qui avait parfois rendu fou le jeune homme sincèrement désireux de réintégrer sa communauté et qui avait entrainé des réactions incontrôlées et violentes que seul son jeune frère avait pu arrêter. Gerd Oswald met en scène l'ambiguité de cette personnalité et de sa situation dans une séquence remarquable. En ville, Brock croise par hasard son ex petite amie Ginny qui s'y promène en compagnie d'un jeune homme. Lorsqu'il comprend à qui il a affaire, ce jeune homme semble gêné. Puis, plus tard dans la journée, il se présente au saloon apeuré, s'excuse auprès de Brock et lui assure qu'il n'y a rien entre lui et la jeune fille. C'est parce que le jeune homme semble au bord de la panique que Brock s'emporte contre lui ne supportant pas l'idée qu'il ai pu croire devoir craindre pour sa vie pour simplement avoir été vu en compagnie de son ex fiancée. Il devient donc violent en raison même de la violence "injustifiée" qu'on lui prête mais sa part de violence bien réelle on ne l'a connaitra réellement qu'à la fin, dans un final remarquable où Oswald trouve encore le moyen d'innover car chaque scène nous prend par surprise (mais je n'en dis pas plus).
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Pour finir, un tout petit mot sur les rares seconds rôles qui s'expriment. Le plus intéressant est l'employé de banque qui sera le seul allié des frères Mitchell mais son pouvoir d'intervention est limité par un directeur d'établissement (invisible) proche de l'avocat véreux. L'attitude des deux éleveurs associés des frères Mitchell est elle aussi intéressante car s'ils font confiance à Tracy, ils se méfient eux aussi de Brock et l'humilient sans même le vouloir.

Des trois westerns réalisés par Gerd Oswald, celui ci est sans doute le meilleur mais son premier : The Brass Legend (1955) est lui aussi très réussi. Je n'ai pas revu son dernier, Valerie, depuis longtemps mais il a bénéficié récemment d'un passage TV puis d'une édition DVD chez Sidonis. Je ne me souviens que d'une bizarrerie un peu factice et de scènes de tribunal assommantes (et presque aussi lourdes que l'interprète du rôle titre. Oui, je confirme que je ne suis pas fan d'Anita Ekberg, en tout cas dans ce cinéma là :oops: ). Il a quelques admirateurs (sur Western Movies) mais ici Jeremy Fox l'a bien esquinté. À revoir ...
DVD gravé (vost)

(1). Gerd Oswald parlait ainsi des aléas du tournage : That was one of my six or seven day epics… The line producer, John Brett, said, ‘You are only allowed so much money for this picture and tomorrow we’ve got a big lynch scene. We’re supposed to have 50 extras, and I can only give you 12. That’s all — we just don’t have any more money.’ So by necessity I was forced to do certain set-ups that I normally wouldn’t have done. I filled half the screen with the profile of one man, then filled the background. I created a mob scene with just 12 people. The film got tremendous reviews in New York; they praised the inventiveness of the shots — truth was I was forced into it.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Un western que j'aime beaucoup, j'en avais parlé ( un peu) en 2008 sur WM. A Kiemavel, je ne dirais pas que je trouve la jeune Carolyn Craig insipide, je l'avais même trouvée tout à fait bien dans "Gunsight ridge "(1957) notamment dans la scène où elle tombe sous le charme du hors-la-loi incarné par Mark Stevens ( scène du piano).
Quant à " Valerie " c'est à mon avis le moins abouti des westerns de Gerd Oswald, ennuyeux en effet les scènes de tribunal et les flashback. Ce film n'a pas été édité par Sidonis, qui serait bien avisé de nous sortir les deux autres westerns du réalisateur ainsi que l'intéressant noir " Crime of passion " (1957) qui réunissaient Barbara Stanwyck, Sterling Hayden, et Raymond Burr.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :Un western que j'aime beaucoup, j'en avais parlé ( un peu) en 2008 sur WM. A Kiemavel, je ne dirais pas que je trouve la jeune Carolyn Craig insipide, je l'avais même trouvée tout à fait bien dans "Gunsight ridge "(1957) notamment dans la scène où elle tombe sous le charme du hors-la-loi incarné par Mark Stevens ( scène du piano).
Quant à " Valerie " c'est à mon avis le moins abouti des westerns de Gerd Oswald, ennuyeux en effet les scènes de tribunal et les flashback. Ce film n'a pas été édité par Sidonis, qui serait bien avisé de nous sortir les deux autres westerns du réalisateur ainsi que l'intéressant noir " Crime of passion " (1957) qui réunissaient Barbara Stanwyck, Sterling Hayden, et Raymond Burr.
Oui, je sais que c'est toi qui avais ouvert un sujet sur ce western incroyablement méconnu (mais il y en a bien d'autres). En ce qui concerne Carolyn Craig, j'ai écrit "parfois un peu insipide" car je pensais surtout à la première impression que donne son personnage et elle même dans le rôle. Je l'ai dit, elle finit par surprendre agréablement mais ça tient aussi au personnage qui se comporte de manière étonnante dans le final. Dans Apache Territory, que j'ai aussi évoqué sur cette page, elle a un rôle vraiment ingrat de jeune fille traumatisée par la mort de ses parents et sa captivité chez les Apaches mais le jeune Tom Pittman parvenait non sans mal à la décoincer (quelquefois j'ai honte de poster). Dans Gunsight Ridge, la séquence est délirante mais Mark Stevens et CG n'y peuvent rien ; mais sinon sa "partie" à elle est amusante - et volontairement - car elle se meurt sans doute tellement d'ennui dans la ferme familiale isolée du monde, qu'elle ne rêve que de se faire enlever, quitte à ce que ce soit par un bad boy. Elle le dit d'ailleurs il me semble. Même la séquence qui suit, cette fois avec McCrea est amusante. D'ailleurs il se marre tellement elle ment maladroitement.

En ce qui concerne Gerd Oswald, j'aime bien deux de ses films criminels : A Kiss Before Dying (DVD zone 2) et Crime of Passion (DVD zone 1 avec vost) … et donc beaucoup, au moins 2 de ses 3 westerns ; en attendant de voir ou revoir le reste. Sinon, il est aussi le réalisateur de quelques uns des meilleurs épisodes de Au-delà du réel (vieux souvenir d'enfance car la série nous faisaient bien flipper moi et mon frère)
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Vieux souvenir d'adolescence, un merveilleux épisode de la très populaire (au début des années 60) série TV " AVENTURES DANS LES ILES "( adventures in paradise ) : "Eden" (Isle of Eden)(1959) réalisé par Gerd Oswald avec Yvonne De Carlo et Hugo Haas. Une série qui attend encore son dvd.
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