Les Westerns 2ème partie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Rick Blaine »

Dans cette collection aucun ST effectivement.
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Jeremy Fox
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Jeremy Fox »

Merci et tant pis pour moi.
kiemavel
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Ce n'est pas ce DVD que je connais mais l'édition espagnole mais contrairement à d'autres westerns édités en Espagne, il n'y a pas de français (Par contre, je dis ça pis je dis rien mais je sais qu'un amateur a ajouté des sous titres français sur cette copie alors il faut peut-être simplement être patient et observateur. Un copain vient de me signaler que Red Mountain est déjà devenu plus facilement visible qu'il ne l'était jusque là :fiou: )
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

A propos de "RED MOUNTAIN, une anecdote. Je n'ai jamais vu ce film en couleurs, la première fois, j'étais pré-ado (années 50), le cinéma de quartier où je l'ai découvert l'a projeté en N et B, cette salle était coutumière de cet état de chose (copies 16mn ?), j'ai ainsi pu voir à la même époque et dans les mêmes conditions: WESTERN-UNION, JOHNNY GUITAR, DRUMS ALONG THE MOHAWKS, ces trois titres vus depuis en couleurs.
Mon souvenir de RED MOUNTAIN est vague, j'attends toujours une édition dvd s/t. Etonnant, le manque d'alchimie noté par Kiemavel car dans " the films of Alan Ladd" de Marilyn Henry et Ron De Sourdis ( édition Citadel press, 1981) cette déclaration de Lizabeth Scott à la page 156 :
" I was an admirer of Alan Ladd. I remember him as an intelligent, gentle, sensitive, shy, and considerate man. As an actor, I found him quite involved with his craft. His intense concentration was impressive. Scènes were never done for hisown self-aggrandizment. They were done with perspective. "
Plus loin dans le livre, on peut lire une déclaration , toute aussi élogieuse de Virginia Mayo.
Quant à " Little big horn", je partage en tous points, sa critique, mon seul regret est de l'avoir découvert , hélas sans s/t. Le film est sorti en region : all zone chez VCI Entertainment, couplé avec une autre rareté assez intéressante RIMFIRE (1949), petit western qui offrait pour la seule unique fois la vedette, à un visage bien connu des amateurs du genre : James Millican.
kiemavel
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :A propos de "RED MOUNTAIN, une anecdote. Je n'ai jamais vu ce film en couleurs, la première fois, j'étais pré-ado (années 50), le cinéma de quartier où je l'ai découvert l'a projeté en N et B, cette salle était coutumière de cet état de chose (copies 16mn ?), j'ai ainsi pu voir à la même époque et dans les mêmes conditions: WESTERN-UNION, JOHNNY GUITAR, DRUMS ALONG THE MOHAWKS, ces trois titres vus depuis en couleurs.
Mon souvenir de RED MOUNTAIN est vague, j'attends toujours une édition dvd s/t. Etonnant, le manque d'alchimie noté par Kiemavel car dans " the films of Alan Ladd" de Marilyn Henry et Ron De Sourdis ( édition Citadel press, 1981) cette déclaration de Lizabeth Scott à la page 156 :
" I was an admirer of Alan Ladd. I remember him as an intelligent, gentle, sensitive, shy, and considerate man. As an actor, I found him quite involved with his craft. His intense concentration was impressive. Scènes were never done for hisown self-aggrandizment. They were done with perspective. "
Plus loin dans le livre, on peut lire une déclaration , toute aussi élogieuse de Virginia Mayo.
Quant à " Little big horn", je partage en tous points, sa critique, mon seul regret est de l'avoir découvert , hélas sans s/t. Le film est sorti en region : all zone chez VCI Entertainment, couplé avec une autre rareté assez intéressante RIMFIRE (1949), petit western qui offrait pour la seule unique fois la vedette, à un visage bien connu des amateurs du genre : James Millican.
Pour ce qui est du manque d'alchimie dans le (second) couple de Red Mountain, il ne s'agit que de ma perception et je disais croire que le manque d'alchimie venait d'elle. Lizabeth Scott témoigne comme d'autres de la gentillesse et de la bienveillance de Ladd en tant qu'homme et de son implication et de son sérieux comme acteur mais c'est aussi sa perception. Ça n'implique pas qu'il ai été bon dans ce rôle, qu'elle l'ai été et que le couple ai fonctionné. Elle exprime juste le plaisir qu'elle avait éprouvé de jouer avec lui. Je trouve que Ladd est bon...dans certaines limites (qui sont d'ailleurs surtout liées à son rôle plutôt qu'à ses qualités d'acteur). Il n'était pas si courant à l'époque que la star soit au départ le "mauvais", probablement un assassin et du mauvais coté (plutôt que vraiment mauvais lui-même) une impression qui tient en partie à nos préjugés éventuels contre le "sud" surtout si on a déjà vu quelques westerns sur le sujet (Quantrill). Mais il y a un décalage entre ce que l'on sait du personnage (ou que l'on anticipe…) et le jeu de Ladd qui n'est jamais aussi "méchant" mais parce qu'il était la star du film et que le studio ne pouvait ou ne voulait pas trop noircir le personnage. Le personnage positif au tout début était sans ambiguité celui interprété par Arthur Kennedy et à un moment donné, mais finalement très tôt dans le récit, ils se croisent…J'ai déjà expliqué brièvement comment évoluait ce personnage dans le texte. Quant à celui interprété par Lizabeth Scott, il n'est surtout pas très bien écrit. C'est une femme tourmentée qui a vu sa famille massacrée par les sudistes et qui est habitée par une haine du sud qui va rejaillir dans sa relation avec le personnage interprété par A. Ladd. Bien qu'elle soit à l'évidence attirée par lui, elle va éprouver bien des tourments intérieurs pour être tiraillée entre deux hommes…Alors forcément avec un tel personnage L. Scott a été tenté d'en mettre beaucoup mais entre les regards fiévreux et l'expression passionnée des sentiments, c'est trop (mais comme je l'ai dit précédemment le fait de devoir en plus supporter sa voix française n'aide pas. C'est à la limite du supportable).
Pour Little Big Horn, puisque tu l'as beaucoup aimé, il faudrait absolument que tu le vois en vost parce que pour ce que tu m'as déjà expliqué de tes manques en anglais, tu as forcément raté des choses même si le dialogue n'est pas très dense dans ce western là.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

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Tête d'or et tête de bois puis L'homme du Missouri (1951)

Réalisation : Leslie Fenton
Production : Irving Asher (Paramount)
Scénario : Jonathan Latimer et Liam O'Brien
d'après une histoire de Charles Marquis Warren

Avec : Glenn Ford (Gil Kyle), Rhonda Fleming (Candace), Edmond O'Brien (Jeffers), Alan Reed (Le colonel Lamartine)

A la fin de la guerre de Sécession, un cow-boy sans emploi arrive dans une petite ville du Nouveau-Mexique après avoir échappé à une embuscade qu'on lui avait tendu sur le chemin. Arrivé au saloon de la ville, refusant de trinquer avec des hommes voulant célébrer les dernières victoires nordistes, il est pris à parti mais le shérif intervient pour mettre fin au début d'échauffourée. Son attitude lui a aussi attiré la sympathie d'un inconnu qui se joint à lui au bar puis il est abordé par une hôtesse du saloon qu'il avait croisé en arrivant et qu'il avait manifestement trouvé à son gout. En réalité, la belle rousse, une messagère travaillant pour un réseau de sudistes continuant de se battre, à la suite d'une méprise, l'a pris pour le messager qu'elle attend. Elle comprend rapidement son erreur et découvre dans une arrière salle le véritable messager qui mortellement blessé à le temps de lui transmettre son message. Puis elle disparait, laissant croire au shérif et à l'inconnu du bar que Gil Kyle est le tueur. Ce dernier réussit à prendre la fuite et se lance à la poursuite de la fille...
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La encore, un court texte pour rendre compte brièvement d'un autre film assez mineur de l'année 1951. Tout comme Red Mountain, ce western de Leslie Fenton se déroule durant la période troublée de la fin de la guerre de Sécession. Le texte apparaissant à la fin du générique expose parfaitement le contexte : " Territoire du Nouveau-Mexique 1865. La guerre entre les états en est à ses dernières étapes. Les quelques sympathisants confédérés restants, appelés "Copperheads" poursuivent une lutte secrète autant que désespérée. Renégats, hors-la-loi, déserteurs des deux armées pratiquent le pillage, multiplient les embuscades et les meurtres ; brulent les ranchs et pillent les trains sans qu'aucun homme sur ce territoire ne puisse se mettre à l'abri de la montée de la violence".

Et c'est l'un de ces Suisses, un homme qui voudrait se tenir hors de portée des conflits qu'interprète Glenn Ford. On ne sait pas ce qu'il a fait durant la guerre qui touche à sa fin. On sait juste, comme le disait le titre de ressortie, L'homme du Missouri, qu'il est du sud mais s'il refuse au tout début du film de trinquer avec les vainqueurs, c'est sans doute plus par refus de répondre aux injonctions des piliers de bar au ton inquisiteur et en raison d'un coté bravache ou simplement par indépendance d'esprit, que pour marquer son opposition et prendre position. Mais il n'est pas aisé de rester neutre en temps de guerre (ma famille s'est même carrément enrichie pendant la dernière), le personnage interprété par Glenn Ford va l'apprendre à ses dépends et il sera impliqué contre sa volonté, contraint de se joindre à Rhonda Fleming, la belle espionne sudiste, sans se joindre pour autant à son "combat" ou seulement accidentellement, pour la protéger, car s'il ne la lâche pas, c'est d'abord parce qu'elle est la seule qui peut l'innocenter…(et ensuite progressivement pour de basses raisons sexuelles).
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Il accompagne donc la mission de Candace qui doit transmettre son message secret : "Hey ! Psss ; Combien y a t'il de lundis dans un jeudi ? Heinnnnn ?" à un 1er intermédiaire mais elle se complique quand ils découvrent ce 1er relai assassiné et après de nombreuses péripéties, ils vont même se retrouver face au big boss de l'opération secrète fomentée par les sudistes, le colonel Lamartine. En chemin, ils avaient été très rapidement rejoint par le mystérieux Jeffers, le copain de bar de Kyle, qui dans le dos des deux autres multiplie les actes énigmatiques montrant, au spectateur seulement, qu'il a quelque chose à cacher. Malgré le casting, ce western est assez facultatif. Glenn Ford est très bien inspiré, Rhonda Fleming aussi et même Edmond O'Brien, que je n'ai jamais vu très bon dans un western (mais ça tient surtout aux films concernés plutôt qu'à ses propres performances) trouve surement dans le genre son personnage le plus intéressant, mais si dans ces 3 personnages principaux il y avait du potentiel tout comme dans le sujet, il faut aussi un scénario solide et un réalisateur concerné pour faire un bon film. Or, dans les deux cas, on est plutôt déçu. Les interrogations sur les uns et les autres sont mal exploitées dans cette histoire qui multiplie simplement les embuches et aligne une suite de péripéties sans enjeux humains. Le pompon est atteint avec le personnage du colonel Lamartine qui est carrément grotesque…et évidemment, mais ça c'est un classique du genre, qui est plus pourri que réellement concerné par la lutte pour le sud. Le numéro d'Alan Reed pourrait être amusant car son personnage s'efforce de paraitre idiot pour s'attirer la confiance de personnages gênants pour ses projets mais c'est plus gênant justement que drôle.

Du coté de la mise en scène, je signale que j'ai vu dans ce film quelques unes des plus immondes transparences vues jusque là dans le western dans des scènes de cavalcade et de poursuite à cheval. Leslie Fenton, qui avait commencé dans le cinéma comme acteur, a réalisé quelques films visibles. Des comédies sympathiques (La folle enquête et Pardon my Past) ; un film noir pas terrible Traffic à Saïgon, le dernier Ladd + Lake et à la fin de sa carrière, 3 westerns, les deux autres étant, je trouve, assez nettement meilleurs que le dernier. Le film était donc ressorti sous un autre titre en France et en Belgique dans les années 60, il faut dire que L'homme du Missouri, c'était mieux que le 1er qui était stupide. Le 1er titre de sortie en Belgique était meilleur que le français : La belle aux cheveux roux…mais étant donné que le film est en noir et blanc, on ne peut pas trop profiter de la fameuse redhead du titre. Diffusé à la télévision.
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Supfiction
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Supfiction »

Toujours à propos de Red Mountain :
kiemavel a écrit : Il aurait fallu un meilleur directeur d'acteurs pour lui faire donner plus de mesure à ce personnage (cela dit, il faudrait aussi découvrir ce film en vo car la voix française de L. Scott est insupportable ce qui n'aide pas…).
J'ai vu le film en vo et je pense effectivement que ton jugement est un peu biaisée par une mauvaise VF.
Lizabeth Scott m'a semblé bien, même si son rôle est assez limité. Peu de place à la romance dans ce western, mais avec le peu de temps à sa disposition, Lizabeth Scott et un charismatique (et svelte à cette époque) Alan Ladd arrivent à faire passer ce qu'il faut de sentiments pour rendre crédible leur histoire. C'est pas nunuche mais sobre, même pas de baiser final, et c'est tant mieux dans ces conditions.
Quand on sait que le général Quantrill est mort emprisonné à Louisville, la fin du film fait sourire, surtout avec ce face à face à cheval entre Alan Ladd et John Ireland qui semble tout droit sorti d'Ivanhoe. De même, je n'ai pas bien compris pourquoi cette armée rebelle se mettait en danger de la sorte pour la vague promesse de trouver un filon d'or.

En dépit de ces réserves, j'ai trouvé ce western plaisant. Loin d'être mémorable mais le trio d'acteurs Lizabeth Scott/Alan Ladd/Arthur Kennedy
est très solide et permet au film de se regarder avec plaisir.

Sur le même sujet, il y a eu en 2001 l'excellentissime Chevauchée avec le diable (Ride with the devil) , réalisé par Ang Lee, avec Skeet Ulrich et Tobey Maguire.
kiemavel
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Caravane vers le soleil - Thunder in the Sun

Message par kiemavel »

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Caravane vers le soleil - Thunder in the Sun (1959)
Réalisation : Russell Rouse
Production : Clarence Greene (Seven Arts Productions) Distribution : Paramount
Scénario : Russell Rouse Adapt. Stewart Stern d'après une histoire de Guy Trosper et James Hill
Photographie : Stanley Cortez

Avec : Susan Hayward (Gabrielle Dauphin), Jeff Chandler (Lon Bennett), Jacques Bergerac (Pepe Dauphin), Blanche Yurka (Louise Dauphin), Carl Esmond (André Dauphin)

En 1847, un groupe d'une cinquantaine d'immigrants basques en route pour la Californie arrive à Independance dans le Missouri ou ils doivent retrouver Lon Bennett, l'homme qui doit les guider. Mais au bout d'une semaine, Bennett qui avait été payé d'avance ne se montre toujours pas, occupé à dépenser l'argent dans un bordel de la ville. Il accepte finalement à contrecoeur de mener ce convoi de 7 chariots qu'il estime insuffisant pour espérer rejoindre la Californie, jusqu'à ce qu'il voit Gabrielle, la femme du chef de l'expédition, qui l'attire immédiatement. Bien que celle ci, mariée très jeune à un homme plus âgé ne se sent pas de passion pour son mari, elle repousse Bennett…La caravane progresse en dépit des difficultés.

Deux cavaliers traversent une prairie puis s'arrêtent. L'un des deux se redresse un peu et commence à crier :
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AiiieeeeeeaiiiiiiiaajajajajajaijiiiiiiiiiiiiiiiiyaahaaaaarrroooooOOO

A distance de là, le conducteur d'un chariot a tout compris et traduit : "Pepe signale que le Missouri se trouve tout droit devant nous. Réponds lui. Dis lui que je pense que nous camperons ce soir à Independance". Et l'autre "envoie" le message : " YiiiiiyjiiiiiiiiiyyiiiiiiouwouyouuouuuuUUUU" :shock: . A la suite de quoi le générique commence. Cette utilisation du cri des éleveurs basques, l'Irrintzina surprend ! C'est mieux que le télégraphe ce truc là ! La suite est à peu près aussi stupéfiante et ce western est à coup sûr un des plus insolites jamais réalisé. Dans la distribution, on trouve un peu de tout : des autrichiens, des italiens, des espagnols, un suisse, un québécois (Albert Carrier), quelques français dont un basque, Jacques Bergerac, né à Biarritz (enfin Basque, avec un nom pareil, je suis sûr qu'il s'en trouverait quelques uns pour lui contester le droit d'user de ce qualificatif). Ils s'expriment tous en anglais même quand ils parlent entre eux (avec des bouts de français dedans), presque tous sans accent français sauf Jacques Bergerac et surtout, sans surprise, Susan Hayward, car la reine des rôles de composition semble plus française que le grand Maurice.
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Alors certes, c'est Hollywood, on a l'habitude et il n'est d'autre part pas indispensable d'être du pays pour très bien réussir les pâtes mais étant donné que durant une heure il ne se passe pas grand chose à part une série de mini évènements liés aux us et coutumes des basques français, il aurait quand même fallu se documenter un peu plus. Car ça continu. La musique est plutôt gitane. Le chorégraphe Pedro De Cordoba s'y connaissait plus en flamenco qu'en danses folkloriques basques mais ne dédaigne pas non plus les claquettes. D'autre part, on voit de cet peuplade étrange, des pratiques -semble t'il- toutes droits sorties de l'imagination des scénaristes. Les basques ne laissent jamais leurs feux s'éteindre. Par superstition et pour garder une attache avec le pays d'origine, nos pionniers transportent donc les braises dans des chaudrons. Encore plus important à leurs yeux, le vin. Les centaines de plans de vigne qu'ils transportent dans l'un des 7 chariots est leur bien le plus précieux ce qui provoquera jusqu'au bout bien des conflits. Du coté des moeurs, les basques sont très très archaïques et trèèès attachés au respect des traditions. Ils sont mariés dès l'enfance, ou plutôt promis en mariage dès leur enfance (une cérémonie choque ainsi le pourtant peu prude Bennett à qui on explique que ce mariage est symbolique. Le vrai, avec toutes les positions du kamasoutra, c'est seulement quand la fille atteint ses 18 ans)…et lorsqu'un homme marié meurt, sa veuve est censé épouser l'homme célibataire qui est le plus proche parent du défunt, une coutume qui va désespérer Bennett.
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Car notre homme ne veut qu'une chose : Gabrielllllllle. Et Bennett est lui trèèèèès américain mais alors parmi les premiers arrivés…à l'époque néandertalienne (pour les plaintes, faut écrire à Yves Coppens). Bennett, c'est le genre rustique. Gros buveur et coureur de jupons, on le découvre dans le bordel qu'il a saccagé. Sortant de la chambre d'une fille, il passe devant une autre qui se plaint de ne pas avoir reçu sa visite la nuit précédente. Il lui met alors une main aux fesses en lui disant "à ce soir" (je suis tout à fait sérieux là). Alors d'emblée, le chaud lapin n'a qu'une idée en tête pas deux (comme disait Camille Bliss au sujet de Clovis dans Une belle fille comme moi) : se faire Gabrielle (je n'en connais qu'un autre comme ça, c'est supfiction). Or, si on a déjà vu des méchants au comportement aussi sexuellement agressif dans le western, je ne me souviens pas l'avoir vu chez la tête d'affiche. A plusieurs reprises, elle subit ses avances pressantes et le repousse systématiquement pendant une heure même quand son mari est abattu accidentellement par un homme qui montait la garde. L'extraordinaire pauvreté du personnage de Bennett plombe le film dans ce qui était essentiel en ce qui concerne les personnages, l'intrigue amoureuse entre Bennett, Gabrielle et son époux, avant que celui ci ne soit remplacé par son frère Pepe.
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Certes, sur le tard, le personnage s'enrichie beaucoup. On "découvre" que ce qui le révoltait ce sont les vieilles traditions basques, les mariages forcés ; ces devoirs de la bonne épouse qui bridait le désir de Gabrielle…Le feu sous la glace, tout ça…On a déjà vu ça 100 fois mais ici ça ne fonctionne pas ou plutôt ça devient un peu intéressant trop tard. En dehors des essais d'accouplement peu fructueux entre le ricain et la française, ce qui aurait été une façon primitive -mais au combien plaisante- pour des étrangers de faire connaissance, ce film aurait surtout pu donner l'occasion aux scénaristes de causer un peu des difficultés d'adaptations des immigrants à un nouveau pays, à une autre culture en nous montrant le lent éveil à la culture de l'autre entre Bennett, l'américain et les basques français (voir avec les indiens) et c'est d'ailleurs ce qui se passe dans les ultimes prolongements du récit mais même si c'est plutôt bien fait, ça vient très tard car très longtemps le choc des cultures inspire peu les scénaristes surtout à cause du personnage incarné par Jeff Chandler.
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Ce feuilleton, Gabrielle et ses deux prétendants tient jusqu'au bout…mais Pepe n'est rien au yeux de Gabrielle, rien d'autre que le gardien des traditions basques. Et la caravane dans tout ça ? La 1ère partie au cours de laquelle il ne se passe pas grand chose en dehors de la plongée ethnologique chez les basques vus par des gens qui avaient perdu la documentation est assez longuette. Heureusement que les paysages très divers que nous traversons sont superbes et magnifiquement photographiés par Stanley Cortez. Ensuite, la caravane traverse bien des épreuves. On a droit à une partie des 10 plaies du pionnier en route pour la terre promise : la traversée du désert (superbe), le feu de prairie (les trucages sont assez mal fichus), la naissance au mauvais moment…pour en arriver au clou du spectacle, les indiens. Entre temps, on aura quand même vu une très originale bagarre dans les dunes du désert, Jacques Bergerac se servant surtout de ses pieds, surprenant ainsi l'américain qui avait déjà pourtant éprouvé cette façon singulière de se battre avec Gabrielle qui elle aussi s'était défendue contre une des "attaques" de Bennett en lui assenant des coups de pied, dont un qui fera mouche et l'atteindra aux…( :shock: . si, si, c'est vrai. Bertrand Tavernier écrivait que c'est bien que l'héroïne avait l'excuse d'être étrangère pour que l'on puisse permettre de lui voir perpétrer un tel coup bas)

Le final, la confrontation avec les indiens est inédit et très spectaculaire. On peut tout éprouver et je ne vois personne regarder le show des basques bondissants sans rire. Le défilé dans la montagne ou les indiens attendent la caravane est le passage obligé pour atteindre les vallées de Californie, le but du voyage. Alors que Bennett veut passer en force, à l'américaine : " On fonce dans le tas le plus vite possible et de l'autre coté on comptera les morts", les basques lui proposent de les laisser faire la guerre à leur façon : attaquer par surprise et tendre une embuscade…à ceux qui vous attendent au tournant (Roland, Roncevaux, voyez le topo). L'acceptation de Bennett marque la fin du long apprivoisement mutuel. A partir de là, c'est sublime. Les basques qui utilisent leurs cris (renvoyant évidemment aux cris des indiens) pour leur faire peur. L'utilisation de la pelote basque comme d'une arme. Les basques montés sur ressorts qui sautent comme des kangourous de rochers en rochers ou tombant de la cime des arbres en poussant des cris…C'est sublime et évidemment extrêmement spectaculaire mais comment dire…c'est original. Pour l'anecdote, les producteurs auraient tenté d'engager Jean Gabin pour le rôle de André Dauphin, le mari de Gabrielle…mais bon, vu que le vieux n'aimait déjà pas être trop loin de la Normandie ou de Paris pour tourner…Une curiosité (c'était d'ailleurs une habitude chez Russell Rouse…sauf dans son précédent western). Vu jadis en vo puis récemment en vf. Le travail de restauration à faire sur celui ci est minime alors un éditeur pourrait s'y coller sans avoir trop de sous à dépenser.
Dernière modification par kiemavel le 8 janv. 15, 00:53, modifié 3 fois.
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

kiemavel a écrit : En 1847, un groupe d'une cinquantaine d'immigrants basques en route pour la Californie...
kiemavel a écrit : Les basques qui utilisent leurs cris (renvoyant évidemment aux cris des indiens) pour leur faire peur. L'utilisation de la pelote basque comme d'une arme. Les basques montés sur ressorts qui sautent comme des kangourous de rochers en rochers ou tombant de la cime des arbres en poussant des cris…C'est sublime et évidemment extrêmement spectaculaire mais comment dire…c'est original...

:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Et il n'y a même pas Luis Mariano ? :o

J'attends le ouestern avec des immigrants marseillais. :lol: Mais que je suis bête, ça a déjà été fait ! Il y a Dynamite Jack ! :uhuh:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Caravane vers le soleil - Thunder in the Sun

Message par kiemavel »

Commissaire Juve a écrit :
kiemavel a écrit : En 1847, un groupe d'une cinquantaine d'immigrants basques en route pour la Californie...
kiemavel a écrit : Les basques qui utilisent leurs cris (renvoyant évidemment aux cris des indiens) pour leur faire peur. L'utilisation de la pelote basque comme d'une arme. Les basques montés sur ressorts qui sautent comme des kangourous de rochers en rochers ou tombant de la cime des arbres en poussant des cris…C'est sublime et évidemment extrêmement spectaculaire mais comment dire…c'est original...

:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Et il n'y a même pas Luis Mariano ? :o

J'attends le ouestern avec des immigrants marseillais. :lol: Mais que je suis bête, ça a déjà été fait ! Il y a Dynamite Jack ! :uhuh:
:mrgreen: Non, pas de Luis Mariano ni de Georges Guétary (qui d'ailleurs n'avait rien de basque contrairement à une idée reçue).
C'est ça qui manque d'ailleurs la musique de Francis Lopez !

Si tu veux découvrir le film, il faut éviter de le faire mais sur youtube on peut voir la bande annonce du film. Du concentré de :shock: et autre :lol:
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Dragoon Wells Massacre

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La poursuite fantastique - Dragoon Wells Massacre (1957)
Réalisation : Harold D. Schuster
Production : Lindsley Parsons (Allied Artists)
Scénario : Warren Douglas d'après une histoire de Oliver Drake
Photographie : William Clothier - Musique : Paul Dunlap

Avec : Barry Sullivan (Link Ferris), Dennis O'Keefe (le Cpt. Matt Riordan), Mona Freeman (Ann Bradley), Katy Jurado (Mara Fay), Jack Elam (Tioga), Sebastian Cabot (Jonah, Casey Adams (Philip Scott)

Le Marshall Bill Haney et ses assistants escortent à travers le territoire Apache un fourgon cellulaire transportant leurs prisonniers Link Ferris et Tioga à destination de Fort Smith dans Arkansas ou les deux hommes doivent être jugés et exécutés. Tout près de là, Jonah McAdam, un marchand faisant du commerce avec les indiens tombe sur un détachement de cavalerie massacré quelques heures plus tôt par les Apaches. Ils n'ont épargné que le capitaine Riordan lequel ordonne au trafiquant de se détourner pour le ramener à Fort Dragoon Wells. Avant même d'avoir pu reprendre la route, ils sont rejoint par le fourgon cellulaire puis aussitôt après c'est une diligence qui arrive à son tour avec à son bord Mara Fay, une entraineuse mexicaine et Ann Bradley, l'ex fiancée du Capitaine Riodan qui sans l'avertir a décidé de repartir vers l'est avec son nouveau fiancé Phillip Scott, un riche homme d'affaires. En raison de la proximité des indiens tout prêt d'attaquer, Riordan ordonne à tout le monde de se regrouper pour faire face et ils se mettent en route pour le fort…
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Une nouvelle histoire contant la traversée d'un territoire hostile par une troupe hétéroclite contrainte de s'épauler malgré les antagonismes. Les épreuves traversées sont à peu près toujours les mêmes, bien que pas toujours racontées par des gens ayant le talent de John Ford. Atout non négligeable, ce film bénéficie de la présence d'un de ses plus talentueux collaborateurs, le directeur de la photographie William Clothier qui tire admirablement parti des magnifiques paysages de la région de Kanab dans l'Utah ou furent tourné nombre de westerns. Harold Schuster à la mise en scène est parfois bien inspiré. Les plans sur la caravane hétéroclite qui se retrouve de plus en plus démunie au fur et à mesure du périple sont souvent très beaux. Ça commence très vite car au sortir de la première attaque indienne, la caravane se retrouvera privé de deux de ses véhicules…et au bout du parcours les survivants finiront à pied.

Mais si les éléments naturels et les indiens sont des périls redoutables, les pires ennemis sont parfois ceux de l'intérieur. Les apparences sont d'ailleurs parfois trompeuses car les plus méchants en apparence ne se révèlent pas si terribles que ça. Ce sont les personnages les plus intéressants et les portraits de ces personnalités complexes sont assez finement tracés. D'autres personnages sont un peu plus ternes et un personnage féminin (interprété par Mona Freeman) est même selon moi carrément raté ce qui plombe tout de même un peu un film intéressant mais rendu bancal par ce seul personnage désagréable -ça c'est l'effet primaire- et surtout impliqué dans des intrigues amoureuses qui aboutiront laborieusement à la formation de deux couples. Or, la maladresse dans le traitement de ce personnage entraine le manque de crédibilité et d'intérêt d'une bonne partie des scènes sentimentales. Heureusement, le reste est bien meilleur.
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Dans le rôle de Link Ferris, qui est de loin le personnage le plus intéressant, Barry Sullivan est absolument formidable en méchant sympathique. Très vite libéré de ses chaines et armé par l'avisé Riordan pour que le tueur puisse aider à la défense contre les indiens, c'est sans surprise en raison de son passé, l'un des combattants les plus efficace. C'est aussi celui qui sent les mauvais coups, notamment ceux de Jonah et qui est le plus prompt à les déjouer. Connaissant le mal, il est aussi le mieux à même de le révéler chez les autres. L'expert aux jeux de cartes va révéler l'obsession du jeu du Marshall Haney (un feuilleton qui donne de bonnes scènes et même une très bonne quand finalement Ferris va se montrer beau joueur en permettant au représentant de la loi qui s'était montré capable de mépriser sa fonction pour satisfaire à sa passion du jeu de retrouver sa dignité). Il est aussi le révélateur de la nature superficielle et manipulatrice de Ann Bradley. A la suite de la conversation entre Ann et son ex fiancé qui marque la véritable rupture qui tourmente tant Riordan, alors que celui ci pourrait culpabiliser (elle invoque l'ingratitude de la vie de soldat…et de femme de soldat pour justifier la rupture et l'aisance financière de son nouveau fiancé pour justifier son choix), Ferris va vouloir démontrer la fausseté des regrets exprimés à demi mots en embrassant Ann, sans qu'elle le repousse, presque sous le nez de Riordan.

On voit d'autres aspects plus sombre du personnage quand, par exemple, il veut abattre Jonah tandis que du coté de la loi, on veut -à lui aussi- accorder un procès équitable et il va même se montrer sadique quand il va à plusieurs reprises interdire l'accès à l'eau au trafiquant meurtrier et le forcer à ne boire, jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, que le whisky que Jonah vendait aux Apaches. Malheureusement on apprend très vite, trop vite que Ferris, bien qu'il ai 8 encoches sur son colt, n'est pas un vrai méchant et qu'il a des circonstances atténuantes. Or, je sens que c'était pour les scénaristes une façon de préparer et de justifier leurs bienveillances à son égard. Quoiqu'il en soit, Ferris est aussi capable de compassion. Il est le seul véritable soutien de Tioga, le second personnage le plus intéressant de notre histoire.
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Même si le traitement du personnage n'est pas exempt de naïveté, ce film donne l'occasion à l'excellent Jack Elam de camper un rôle sympathique et touchant pour une des rares fois de sa carrière. C'est un homme que sa laideur a transformé en paria et qui a fini par abattre le shérif qui une nouvelle fois voulait le chasser de sa ville sans raison. Rejeté jadis par maman :wink: , il va encore une fois l'être par la jolie Ann qui va refuser son offrande innocente… L'innocence va venir pourtant car quand la troupe va tomber sur un relai dont tous les habitants ont été massacré à l'exception d'une petite fille, celle ci va se prendre d'affection pour Tioga…et il faut avoir un coeur de pierre pour rester insensible aux belles scènes que cette relation occasionne. Il n'y a en fait qu'un vrai méchant, c'est Jonah et on le sait immédiatement (ce qui n'était pas très malin de la part des scénaristes). On le découvre s'approchant des cadavres des soldats, s'accroupir devant un mort, tenter de lui arracher sa chevalière, échouer puis s'armer de son couteau et s'apprêter à couper le doigt avant de s'apercevoir que Riordan est vivant et donc de s'interrompre. Puis, après un court dialogue au cours duquel l'officier lui ordonne de se mettre à son service, Jonah est tout près de le poignarder dans le dos quand il est à nouveau arrêté, cette fois par l'arrivée du fourgon cellulaire. En 2 scènes, le personnage est posé.

Du bon coté de la loi ou chez les dépositaires de l'autorité, pas grand chose à signaler. Celui qui a le plus de travail, c'est Dennis O'Keefe. Il fait ce qu'il peut avec son personnage mais il est au centre de l'attention des deux femmes de la caravane et là ça se gâte. Car du coté des filles, on a l'opposition classique entre la jolie fleur dans une peau de vache (Mona Freeman) et la "prostituée" au grand coeur (Katy Jurado). Or si cette dernière dans un rôle malheureusement limité est très bien en femme franche, loyale, simple, courageuse et passionnée, Mona Freeman n'est pas gâtée par un personnage désagréable de jeune femme hautaine et fausse. La jolie fille sans coeur est pourtant plus ou moins convoitée par 3 hommes et est donc le personnage central de l'essentiel des intrigues amoureuses dont une, la dernière, mal amenée et selon moi ratée car on ne croit pas à l'idylle improbable qui bouleverse cette jeune femme au point de la transformer soudainement en femme aimante. D'autre part, une scène de crêpage de chignons est plus que superflue. Ces quelques faiblesses dues à la maladresse ou à la paresse des scénaristes, on les avaient déjà entrevues dès le préambule avec le procédé un peu facile employé pour faire se rencontrer autant de gens dans un endroit aussi accueillant que mettons, Fleury Mérogis, parce que dans le coin le menu c'est, Apache le matin, Apache le soir depuis que le chef Yellow Claw s'est laissé convaincre par Geronimo qu'aucun blanc ne devait traverser son territoire en conservant ses cheveux sur la tête. Et pourtant c'est un peu l'A7 au moment des chassés croisés, la piste fatale…Mais passons sur ce détail. Un film intéressant mais imparfait. vu en vost.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Critique un peu sévère, pour un western que j'aime beaucoup, d'accord en ce qui concerne Barry Sullivan, grandiose en séduisante canaille, trois ans plus tard, il renouvellera cet exploit pour " les 7 chemins du couchant . Petite anecdote personnelle extra-cinémathographique, en sortant après la projection de 14h, à cent mètres du cinéma , une foule immense regardait un grand type qui sous une pluie battante prononcer un discours, l'homme s'appelait Charles De Gaulle, c'était en 1958.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :Critique un peu sévère, pour un western que j'aime beaucoup, d'accord en ce qui concerne Barry Sullivan, grandiose en séduisante canaille, trois ans plus tard, il renouvellera cet exploit pour " les 7 chemins du couchant . Petite anecdote personnelle extra-cinémathographique, en sortant après la projection de 14h, à cent mètres du cinéma , une foule immense regardait un grand type qui sous une pluie battante prononcer un discours, l'homme s'appelait Charles De Gaulle, c'était en 1958.
J'ai bien aimé le film. La plupart de mes réserves portent sur des détails. La paresse des scénaristes qui auraient pu se creuser un peu plus la tête pour arriver à constituer cette caravane hétéroclite et je trouve qu'ils vont trop vite pour fixer certains personnages (surtout Jonah). La seule chose qui me gêne vraiment, c'est le personnage interprété par Mona Freeman qui est clairement le 1er rôle féminin. Elle est au centre de l'attention de 3 hommes. Son ex qui apprend son infortune fortuitement puisque la diligence transportant sa belle croise sa route par hasard. Elle lui explique qu'elle n'en veut plus et lui explique pourquoi…ce qui ne l'empêche pourtant pas d'être maladivement jalouse et jusqu'au bout (c'est d'ailleurs ce qui provoque la fameuse scène de crêpage de chignons avec Katy Jurado). Alors certes, pourquoi pas "Je ne te veux plus mais je ne veux pas que tu sois à une autre". D'ailleurs, ce personnage sans scrupules reste dans cette logique là vis à vis de son nouveau fiancé interprété par Casey Adams (qu'on connait aussi sous le nom de Max Showalter). Elle est honnête d'une certaine manière et ne joue pas la passion. Elle a juste investi sur lui…Là ou je suis beaucoup plus sceptique, c'est dans ses relations avec le 3ème pers. masculin. Un feuilleton qui dure tout au long du film. Je trouve les scènes qui impliquent ces deux personnages mal fichues et surtout que le processus qui transforme la harpie en femme aimante est un peu dur à avaler. C'est même pour moi carrément bâclé et maladroit. Or, cela concerne tout de même le 1er personnage féminin (mais je dois être un peu misogyne. Elle a trouvé le bon et pis c'est tout :wink: ).
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

C'est un avis ! Ce que je retiens du film , c'est surtout la prestation de Barry Sullivan, un acteur que j'ai apprécié dans moult films, et la photo de Clothier, mais il me faudrait revoir ce western, lu quelque part sur le net, sa parution en dvd (allemand) pour 2015. Quant au comédien ,scénariste Warren Douglas j'ai une tendresse particulière pour lui, et cela pour son scénario pour un autre film de Schuster " Jack Slade" dont on a déjà beaucoup parlé. Oliver Drake (1903-1991) auteur de l'histoire, spécialiste du western B(ou Z , c'est selon ) a réalisé, un très curieux et étrange western fauché, que je me permets de te conseiller " Lust to kill" , tourné en 1957 et distribué en 1960, c'est joué par Jim Davis, Don Megowan, Allison Hayes et Gerald Milton. Un dvd U.S.( weird video) existe, tiré d'une copie 16mm.
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The Lone Hand - Saddle Tramp

Message par kiemavel »

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The Lone Hand (1953)
Réalisation : George Sherman
Production : Howard Christie (Universal)
Scénario : Joseph Hoffman d'après une histoire de Irving Ravetch

Avec Joel McCrea (Zack Hallock), Barbara Hale (Sarah Jane), Charles Drake (George Hadley), Alex Nicol (Jonah), James Arness (Gus), Jimmy Hunt (Joshua)
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A la recherche d'un nouvel endroit ou s'installer, Zack Hallock, veuf depuis peu, a pris la route avec son fils Joshua, leur chien et leurs quelques biens. S'arrêtant dans la petite ville de Timberline, il y trouve une petite ferme délabrée à vendre à proximité de la ville et décide de s'y installer. Avec l'aide de Joshua, Zack retape la ferme, prépare les terres et sème. La récolte qui s'annonce bonne laisse espérer une installation réussie même si l'argent commence à manquer. D'autant plus que les relations des nouveaux arrivants avec le voisinage sont excellentes. Bientôt Zack envisage même son remariage avec Sarah Jane, une jeune femme de Timberline qui l'introduit auprès de son voisin éleveur, George Hadley qui lui cède deux chevaux avant même de pourvoir être payé. Hadley est également le chef de la milice locale qui supplée l'absence de shérif depuis que celui ci a été abattu le jour de l'arrivée de Zack par la bande de hors-la-loi qui attaque banques, trains et diligences dans toute la région. Il sollicite Zack mais celui ci décline l'offre même quand un détective de l'agence Pinkerton qui enquêtait sur les voleurs est abattu près de sa ferme sous les yeux de Joshua. Ne voulant pas d'ennuis, Zack ordonne au jeune garçon de garder le silence sur cet évènement. Dans les jours suivants, deux des hors-la-loi, qui avaient compris que leurs actes n'étaient pas passés inaperçus, surveillent la famille Hallock et provoquent sans être vu la perte d'une bonne partie de la récolte que Joshua transportait. Sachant que la famille se retrouve sans argent à la veille du mariage auquel Zack est prêt à renoncer, les deux hommes se présentent à la ferme et le sollicitent pour qu'il se joigne à la bande lors de leur prochain coup…ce qu'il accepte.
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Après Saddle Tramp (1950) et Cattle Drive (1951), Joel McCrea enchaîna donc en 1953 avec un 3ème film ou il partageait la vedette avec un ou des enfants. Il y retrouvait d'ailleurs Jimmy Hunt (Joshua) qui faisait déjà partie de ses fils adoptifs dans le film de Hugo Fregonese. Malgré les apparences ce n'est pas un western familial tout plein de bons sentiments à la Disney ou dans l'esprit des deux films précédents. C'est même le coté non conventionnel du récit qui fait l'un des intérêts de ce film assez mineur. On s'attend à reprendre une tranche d'Americana. Le coin est superbe. La ferme est dans un piteux état mais papa se retrousse les manches et le gamin remplace la maman disparue prématurément dans les taches ménagères. La vie s'organise parfaitement avec les voisins accueillants et Zack est même sur le point de se remarier malgré les réticences de son fils. Certes, un premier évènement inquiétant aurait pu nous mettre la puce à l'oreille. Le hold-up de la banque de Timberline, dévalisée le jour même de leur arrivée et le shérif abattu sous leurs yeux auraient pu les refroidir mais il n'en est rien. Ah qu'est ce qu'on va être bien ici ! :D Ça se gâte encore un peu plus quand l'agent de Pinkerton, infiltré chez les hors-la-loi est démasqué et aussitôt abattu par deux des membres de la bande sous les yeux de Joshua mais ce n'est rien à coté de la consternation du gamin en adoration devant son père quand tout d'abord celui ci se montrera assez lâche durant et après cet évènement…et pire encore quand il comprendra que son père se trouve mêlé à la bande ! Le rêve du gamin tourne au cauchemar.
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Ce sont ses émotions face aux évènements qui se produisent qui donne au film sa pulsation car une bonne partie de cette histoire est racontée du point de vue du gamin. C'est le hasard qui l'a mis en présence des tueurs par deux fois et son sens de l'observation qui lui a fait comprendre que les tueurs sont aussi les pilleurs de banque masqués que lui et son père avaient vu le jour de leur arrivée mais par la suite, c'est en fouinant partout et en suivant notamment son père à distance qu'il va prendre conscience que l'être vénéré est en train de mal tourner. C'est donc un gamin de plus en plus seul et désemparé qui, n'ayant personne à qui se confier, commente en voix off une partie des évènements et confie les pensées qui le tourmentent depuis qu'il a pris conscience que son père est devenu un criminel. Un choix audacieux et casse croute mais finement pas si maladroit. Par contre, Sherman et son scénariste auraient pu se passer d'user de ce procédé dès le début. Car je viens de faire comme si on ne nous avait pas prévenu de la tournure des évènements mais il n'en est rien. Le film s'ouvre sur les images idylliques de l'arrivée à Timberline…mais avec le commentaire en voix off de Joshua, qui commentant les évènements à postériori, prévient le spectateur de la tournure cauchemardesque des évènements. Du coup, le film passe à coté d'un premier effet de surprise. Le second effet raté concerne l'identité du cerveau de la bande de voleurs dont il est question à de nombreuses reprises car on devine immédiatement de qui il s'agit. Le 3ème effet de surprise peut en revanche fonctionner aussi je poursuis partiellement en spoiler...
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Spoiler (cliquez pour afficher)
En plus de l'identité du narrateur, l'audace venait aussi du rôle pour le moins peu sympathique endossé par Joel McCrea, celui d'un honnête homme qui tournait très mal. Au fur et à mesure, on s'interroge, on s'indigne même. Mais non, Joel ne peut pas être aussi mauvais :o . Et non, effectivement Zack Hallock n'a même pas seulement été tenté par le mal avant de se racheter, c'était juste un poulet infiltré ! Le petit souci, c'est que si on remonte la bande, on va s'apercevoir que le scénariste nous avait un peu maladroitement orienté dans une mauvaise direction car l'infiltration va tout de même très loin. Pour mener à bien sa mission, démasquer le chef de la bande de hors-la-loi (et accessoirement pour ménager le suspense et tenir les 80 min), McCrea joue au fermier durant des mois et c'est au bout de 6 attaques de banque, de train ou de diligence au cours desquels des meurtres sont commis (on lui voit même fracasser le crâne d'un conducteur de diligence) qu'enfin il aura l'occasion de rencontrer le cerveau si bien renseigné sur les transferts d'argent qui s'opèrent dans la région…Tandis que la plupart d'entre nous l'aurons identifié dès sa première apparition ou presque. Certes, c'est de bonne guerre…
Il y a aussi quelques bricoles à redire sur d'autres points du scénario, par exemple sur le processus qui amène les bandits a recruter Zack après qu'ils les ai, lui et son fils, laissés en vie malgré qu'ils avaient été les témoins d'un meurtre. Bref, l'intrigue est passable mais toutes les scènes d'action ou presque (sauf dans l'épilogue ou la participation du gamin était tentante mais ne s'imposait pas) sont bonnes et souvent spectaculaires : l'attaque d'une diligence (avec le renfort de cascadeurs très efficaces). La scène ou Joshua conduisant le chariot de grain voit les chevaux s'emballer à la suite du tir des bandits. La partie de cache-cache tragique dans les falaises surplombant un torrent tumultueux, etc…Bon point aussi pour les superbes paysages de la région de Durango dans le Colorado ou fut tourné le film ou le choix heureux fait par Sherman de laisser la caméra tourner même quand l'orage menaçait car les ciels chargés sont parfois très beaux. Barbara Hale est bien jolie et elle tient un vrai rôle adulte, complexe et s'en sort très bien. Elle est aussi impliquée dans la seule séquence drôle quand à l'issu du mariage, alors que Joshua pense rentrer à la maison avec ses parents, pas moins de 4 personnages hésitants et gênés vont être nécessaire pour faire comprendre au gamin que "Non, vois-tu, comment te dire, ton papa et ta nouvelle maman ont besoin de se retrouver seulement tous les deux pendant quelques jours :mrgreen: :oops: ". On remarque aussi quelques solides seconds rôles : Frank Ferguson, Roy Roberts, Charles Drake et surtout Alex Nicol et James Arness.

Je ne m'amuse pas à retracer la carrière westernienne de George Sherman, même à grands traits. Il doit bien y avoir une dizaine de ses westerns dans les différents parcours de Jeremy Fox, l'amateur pourra s'y reporter. J'évoquais les 3 films avec des gamins tournés à cette époque là par Joel McCrea. Le texte sur Cattle Drive se trouve sur la page précédente et je rapatrie un vieux texte portant sur Saddle Tramp qui avait été posté dans le topic consacré à Hugo Fregonese en y ajoutant des photos. vu en vost.
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Saddle Tramp (1950)
Réalisation : Hugo Fregonese / Production : Leonard Goldstein (Universal) / Scénario : Harold Shumate / Photographie : Charles P. Boyle

Avec Joel McCrea (Chuck Conner), Wanda Hendrix (Della), John Russell (Rocky), John McIntire (Jess Higgins), Jeannette Nolan (Ma Higgins), Russell Simpson (Pop) et Ed Begley (August Hartnagle)
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Chuck Conner, un aventurier épris de liberté voyage vers la Californie et s'arrête en chemin visiter Slim, un vieil ami fermier. L'homme lui apprend la disparition de sa femme et qu'il vit désormais seul avec ses 4 fils. Le soir venu, alors que Conner et les enfants se sont endormis, Slim ayant entendu un coyote roder autour de la ferme, il prend le cheval de Conner et armé d'un fusil il part en chasse. Conner se réveille en pleine nuit et constatant l'absence de son ami, il part à sa recherche et découvre son corps à proximité de la ferme. Il en conclut que son ami a du être désarçonné par son cheval qui ne supporte pas les coups de feu. Il se sent responsable de sa mort et se retrouve contraint et forcé d'emmener avec lui les jeunes garçons de Slim. Lui, le "Saddle tramp" sans attaches se retrouve avec 4 enfants à charge ! Il trouve du travail dans un ranch mais il est contraint de dissimuler l'existence des enfants car Jess Higgins, le propriétaire des lieux ne veut plus entendre parler d'enfants depuis que son fils a fuit la maison à l'âge de 16 ans, laissant ses parents sans nouvelles. Les enfants vivent donc dans un campement précaire à proximité de la ferme. Conner vole de la nourriture pour eux et les visite régulièrement. Bientôt, une nouvelle venue se joint au groupe ; Della, une jeune fille qui a fuit sa famille. Elle est imposée par les enfants qui dissimule d'abord son existence et elle s'installe au camp malgré l'hostilité initiale de Conner qui voit encore ses responsabilités grandir.

En tant qu'employé du ranch Higgins, Conner se retrouve aussi impliqué dans leur querelles avec le ranch voisin, celui des Martinez. Les deux camps s'accusent mutuellement de vols de bétail. Un jour, les enfants signalent que du bétail a été déplacé à proximité du campement de fortune…

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Un formidable western, bourré d'humour mais un vrai western, pas une comédie. A priori, on pourrait craindre le pire. Un film pleurnichard avec des gosses orphelins, un petit peu de morale, etc … et bien pas du tout. Cet aventurier qui voudrait vivre sans entraves et qui se retrouve, ironiquement, tout au contraire "débordé" par des responsabilités capitales est tout d'abord joué par un grand Joel McCrea. Il est absolument formidable la dedans. Il joue ça avec beaucoup de malice mais aussi une certaine sensibilité. Les seconds rôles sont eux aussi assez savoureux. Tout d'abord, Pop, joué par Russell Simpson, une vieille ganache de la bande à Ford. Ensuite Ed Begley, un pantin ridicule qui recherche sa nièce ; la jeune Della que McCrea a recueilli. On comprend rapidement que si la jeune fille a quitté la maison c'est que le tonton commençait à la regarder bizarrement (donc pour le récit édifiant, on repassera …)
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Et enfin Jeannette Nolan qui joue la femme de McIntire. Elle est d'origine irlandaise et croit aux contes et légendes de son pays d'origine. Alors lorsque McCrea, pour justifier la rapidité de son travail, bredouille quelques mots à propos des êtres sur lesquels on ne compte pas et qui vous aident (les enfants l'avait aidé à accomplir son travail), elle interprète ça en pensant que des elfes et des lutins lui sont venus en aide et elle brode la dessus à l'infini. Dis comme çà, on peut avoir peur...Heu, c'est bien un western ton truc ? Enfin bref, en visionnant ce film, on ne peut, il me semble, qu'être charmé par le ton poétique et amusant du film de Fregonese, sur une trame qui malgré les apparences reste fondamentalement grave et dramatique.
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Voilà pour l'atmosphère singulière, la touche personnelle amenée par un metteur en scène qui, dans ses meilleurs jours, montrait qu'il savait mettre en image son gout pour les sujets originaux. Ses films noirs sont très personnels, le très réussi One Way Street (L'impasse maudite), tout comme le moins passionnant Black Tuesday (Mardi, ça saignera) malgré la singularité du traitement et les quelques coups d'éclat en terme de mise en scène. On peut dire la même chose de ses westerns ; qu'ils soient réussis (Apache Drums) ou qu'ils le soient moins, ils portent souvent la marque de leur réalisateur à forte personnalité.

Je n'ai pas dit grand chose de l'intrigue qui sert de prétexte au film. On peut s'intéresser surtout à cet aspect là mais je trouve que ce n'est pas ce qui le rend singulier. Je signale quand même qu'on y verra aussi les ingrédients d'un western "classique". Deux clans rivaux qui se détestent. Un vol de bétail. Des coupables à démasquer. Des coups de poings et de révolvers. Mais encore une fois, selon moi l'essentiel n'est pas là…mais il est possible que ce qui fait la singularité de ce film, laisse de nombreux amateurs de marbre ; voire agace. C'est le pari de l'originalité. J'ajoute que le film est visuellement une splendeur : un superbe technicolor aux couleurs sublimes. Parmi les 3 westerns avec enfants de Joel, c'est mon préféré. The Lone Hand, malgré quelques développements scénaristiques un peu douteux (et même quelques incohérences), quelques soucis de construction et un final un peu raté, développait lui aussi une histoire originale mise en scène avec beaucoup de savoir faire par un bon George Sherman. Le dernier, Cattle Drive, est beaucoup plus routinier et assez édifiant malgré les intentions sympathiques. DVD gravé (vost)
Dernière modification par kiemavel le 30 oct. 16, 14:42, modifié 1 fois.
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