Les Westerns 2ème partie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Une atmosphère étrange, certains détails curieux, et la forte présence d'Audrey Totter, sont les raisons qui me font aimer ce film, dont le scénario d'Alan Le May,est tiré d'un roman de Zane Grey qui fut déjà adapté en version muette, avec Richard Dix en vedette. Vu " Toutes voiles sur Java" à la télévision, découpé en tranches de 15mn , ce devait être au début des années 60, en N et B donc. Les plus fauchés des westerns des westerns de Kane sont certainement " Last stagecoach west" (1957) où Jim Davis et Mary Castle retrouvaient leurs personnages de Matt Clark et Frankie Adams, tenus ,dans la série TV " Stories of the century" (histoires du siècle) et " Gunfire at indian gap" ((1957) avec l'incontournable Vera Ralston et Anthony George, vus ces deux films sur des enregistrements fait à la TV allemande.
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Re: The Vanishing American

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Courage indien - The Vanishing American (1955)
Réalisation : Joseph Kane / Production : Herbert J. Yates ( Republic Pictures) / Scénario : Alan Le May d'après un roman de Zane Grey) / Photographie : John L. Russell / Musique : R. Dale Butts

Avec Audrey Totter (Marion Warner), Scott Brady (Blandy), Forrest Tucker (Morgan), Gene Lockhart (Blucher), Jim Davis (Glendon), John Dierkes (Freil), Gloria Castillo (Yashi), Julian Rivero (Etenia), Lee Van Cleef (Jay Lord)

Marion Warner arrive à Oljato, une petite ville du Nouveau Mexique pour prendre possession des terres que son oncle lui a légué. Dès son arrivée, elle se heurte à Blandy, un indien Navajo qui lui conteste le droit de s'installer sur des terres appartenant aux indiens, puis ce sont Morgan, le propriétaire du magasin général de la ville et Blucher, l'agent aux affaires indiennes qui lui est totalement soumis, qui semblent pressés de voir partir l'étrangère, tentant de lui forcer la main pour qu'elle cède ses terres à Freil, un de ses voisins rancher. Connaissant la valeur d'une terre sur laquelle coule la Red Dusty, une des rares sources intarissables de la région, Marion ne cède rien à Morgan mais elle se montre tout aussi intraitable avec les Navajos qu'elle veut chasser de ses terres…
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Le meilleur western de Joseph (ou Joe) Kane que j'ai vu à ce jour, une deuxième vision toute récente n'a fait que renforcer mon admiration pour ce petit western fauché. L'action se déroule au tout début du 20ème siècle, à une époque où la plupart des tribus indiennes étaient vaincues et soumises ce qui facilitait la tache des aventuriers sans scrupules, tel ce Morgan (Forest Tucker), qui est un modèle assez commun dans le western de petit potentat local qui cherche à s'accaparer par la force les terres de ses voisins, ici celles des Navajos qui survivent dans des conditions misérables à proximité de la ville et celles de la gêneuse Marian Warner, débarquée à Oljato à la surprise générale. Morgan parvient à faire régner sa loi sur la région avec la complicité de Blucher, l'agent aux affaires indiennes qui lui obéit au doigt et à l'oeil et qui falsifie les documents officiels et les titres de propriété ; avec ses hommes de main Glendon (Jim Davis) et Jay Lord (Lee Van Cleef) et une poignée d'apaches qui se sont mis à son service ce qui ne les empêchent pas d'être humiliés par leur "maitre". Quant aux Navajos, à l'exception du rebelle Blandy, ils semblent totalement soumis ; ces éleveurs pacifiques survivant sur des terres arides sont maintenus dans un état de misère et sont opprimés par Morgan et ses hommes, quand ils ne sont pas réduits en esclavage, y compris les jeunes filles que Morgan appellent ses "partridge" (perdrix). C'est ainsi qu'il appelle les jeunes indiennes qui doivent être conduites le soir dans ses quartiers.
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C'est par l'une d'elle, Yashi (Gloria Castillo), que Marion va commencer à s'intéresser au sort réservé aux indiens, permettant bientôt à la jeune fille d'échapper à l'emprise de Morgan et de rejoindre son père Etenia (Julian Rivero), le vieux chef des Navajos avec lequel elle va trouver refuge dans une zone montagneuse appelé les Spirit Rocks. C'est en raison de cet intérêt inattendu pour le sort réservé aux indiens que Blandy va progressivement accepter de s'allier à Marion…et plus si affinités. Amour interracial ? Non. Sans doute échaudés par le sort réservé au roman de Zane Grey, les initiateurs du film ont trouvé une parade : Blandy était un blanc qui avait été enlevé enfant par des indiens Shoshones. Il faut dire qu'avant d'être publié en roman en 1925, The Vanishing américain l'avait été en feuilleton et en raison de son histoire d'amour interraciale et de la représentation négative d'un missionnaire chrétien, le journal avait reçu des milliers de lettres de protestation, incitant l'éditeur de Zane Grey a faire pression sur lui pour qu'il modifie son texte…ce qu'il fit. Les adaptateurs du roman ne sont pas allé aussi loin que lui (Il faisait mourir le guerrier Navajo à fin du roman alors qu'il n'est que blessé dans l'adaptation et le couple pouvait repartir main dans la main -pour commencer- vers de nouvelles aventures). Malgré ces concessions, le livre et surtout sa première adaptation au cinéma par Georges B. Seitz (1925), traduits en français par le titre La race qui meurt marquaient une étape importante dans la représentation de l'indien. Le titre original est plus précis car "The Vanishing american" (qu'on peut traduire par "l'américain qui disparait") soulignait le fait que depuis 1924, les indiens avaient acquis la citoyenneté américaine mais que cette "race" continuait à mourir en dépit de l'abandon apparent de la tentation génocidaire.
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La révolte "individualiste" du guerrier Navajo était motivé par un sentiment de trahison car après s'être comporté en héros durant la guerre menée par les USA aux Philippines, à son retour il faisait le constat qu'il était toujours considéré avec mépris et toujours rejeté de l'espace des blancs. Il avait d'autre part retrouvé les siens dépouillés de tous leurs biens et repoussés dans des zones invivables où ils disparaissent à petit feu….comme avant. Ce qui était neuf dans le film de 1925, l'était évidemment beaucoup moins en 1955 mais la version de Joe Kane, si elle met aussi l'accent sur ce passé de Blandy et sur la situation désespérée des Navajos, se rattrape dans la finesse de sa description des relations entre Blandy et Marion qui est au coeur du film. Le rapprochement ne nait pas avant tout d'un désir mais il résulte d'un lent éveil à l'autre, la compréhension mutuelle permettant de passer par dessus leurs antagonismes et leurs préjugés initiaux. L'histoire d'amour n'a donc rien de gratuite et elle est amenée de manière habile, les dialogues simples mais assez joliment écrits permettant de montrer les différentes étapes du rapprochement, le cap décisif étant franchi quand un premier éclat de rire merveilleux de Audrey Totter va répondre aux révélations que va faire Blandy sur certaines de ses frasques passées. Une réaction inattendue à laquelle le fier et glacial indien va répondre par un discret sourire qui marque le changement définitif de leur relation même si lui même reste jusqu'au bout pessimiste sur l'avenir de cette relation.
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Par le suite, Kane continue à suivre le couple notamment dans de très belles séquences nocturnes superbement photographiées par John L. Russell (Macbeth, version Orson Welles ; Psychose, etc…) mais je ne retrouve pas toujours cette beauté dans les plans de jour. Russell ne se sert pas toujours au mieux du noir et blanc notamment dans la partie finale se déroulant en partie dans des décors naturels désertiques assez spectaculaires car dans ce cadre minéral, le gris du ciel se confond avec les nuances de gris infinies des paysages, écrasant un peu et aplanissant les perspectives extraordinaires sur les montagnes et les canyons de l'Utah où fut tourné le film. Il s'agissait peut-être d'une volonté délibérée de boucher les perspectives justement mais je trouve que ce choix esthétique, si choix il y a eu, n'est pas payant. C'est d'autant plus dommage que Joe Kane était de son coté bien plus inspiré que d'habitude (mais sans doute que Russell n'y est pas pour rien). Dans les séquences d'action dans lesquelles bien souvent il montre ses limites, il se montre sans faille et se distingue par un choix intelligent des angles et des cadres. Je ne rend compte que d'une séquence inhabituellement inventive : la course poursuite entre le vieux chef Etenia et 3 Apaches (on pense forcément aux 3 Mohawks lancés à la poursuite de Fonda…). Marion remet au vieil homme un document compromettant prouvant la falsification de documents officiels par la bande de Morgan, à charge pour lui de se présenter sur la piste où doit passer la prochaine diligence et remettre le message. Un plan nous le montre courir en haut d'une crête où l'aperçoivent les conducteurs de la diligence. Il parvient à remettre son message sous les regards impuissants des Apaches qui n'osent pas intervenir. Ceci fait, le vieil homme aperçoit ses poursuivants dissimulés en partie derrière des buissons. Il s'avance au devant d'eux. L'un des Apaches s'approche et l'on entend hors champ le coup de carabine qui abat le vieux chef.
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Je passe sur les nombreuses péripéties (un gunfight, deux incendies, des embuscades, un petit peu d'escalade, une séance de torture, une évasion, etc…sans compter les rebondissements d'un final spectaculaire) car il en faudra beaucoup pour que Morgan s'incline : L'alliance entre Marion et Blandy…et dans le final
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la révolte des Navajos et l'intervention du marshal sollicité par Marion (dans un final un peu confus qui est moins convaincant que le reste).
Kane réussit même presque constamment à dissimuler sa pauvreté, à une exception près, car du ranch dont est censé hériter Marion, on ne voit qu'une barrière…et beaucoup de poussière mais il avait à contrario réussit à soigner l'unique grand décor indoor que l'on retrouve à plusieurs reprises, celui du magasin de Morgan qui est assez luxueux. Un mot sur les interprètes. Pas grand chose à dire des affreux, sinon que Forrest Tucker a déjà été plus méchant et que Lee Van Cleef se prend une balle très vite puis reçoit un coup sur la cafetière avant de se retrouver en caleçon :mrgreen: (qui dira le martyr subi pas cet homme, obligé de rejoindre l'autre pays du western :twisted: Un choix forcément par défaut…Pas taper ! ). Certains rôles d'indiens étaient intéressants (bien aimé notamment le personnage d'Etenia, un peu moins le chef Navajo interprété par Glenn Strange). Quant à Scott Brady, pour faire simple, je l'ai rarement vu aussi convaincant dans un rôle qui n'était pas gagné d'avance, en tout cas à mes yeux car j'ai légèrement frémi en le découvrant en indien (plus haut, j'ai dit ce qu'il en est vraiment )

Mais le personnage central de ce western est une femme. Marion Warner débarque dans la petite ville en habit de ville et on est surpris de la découvrir au matin suivant avec chapeau de cow-boy et colt au coté mais ce n'est pas comme les panoplies de cow-boy d'antant car elle sait se servir d'une arme (mais elle n'en abuse pas car ça aurait pu être grotesque et ça ne l'est jamais). Je ne suis pas toujours son grand fan (ma réserve porte sur quelques unes de ses prestations "extrêmes" dans le film noir : Tension et La dame du lac, notamment) mais Audrey Totter est ici absolument formidable, à la fois dure car elle va sembler d'abord intraitable puis s'adoucissant au fur et à mesure (et absolument irrésistible quand elle rit aux éclats). RIP Audrey et merci pour tout. vu en vost. (Je vais essayer de revenir rapidement pour évoquer la version de 1925)
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Dernière modification par kiemavel le 9 mai 15, 23:30, modifié 1 fois.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Revu, COURAGE INDIEN, c'est bien le meilleur western de Joe Kane, en tout cas, celui que je préfère , parmi les 22 que j'ai pu voir. Voici ce que dit Audrey Totter du film dans " Western women" de Boyd Magers et Michael G. Fitzgerald :
" Vanishing american(1955) was a good remake of the silent. the only thing I found wrong was Scott Brady didn't really look indian. He was very cute. We were in St George, Utah. Scott took out a mormon girl and kept her out, very, very late. The father had a shrieking fit. Scott was going to marry her,, by God ! They went to court and Scott said " I swear to you on a bible, I didn't touch that girl". She said the same. Scott said " I will do anything to apologize but I don't think it's fair to her or to me us to marry. She 's a Virgin" . And they believed him. He said it was true, he just kept her out late.
Totter à propos du look peu indien de Scott, a dû oublier que Blandy était un blanc, quant aux mormons le badinage n'est apparemment pas dans leurs moeurs :?
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :Revu, COURAGE INDIEN, c'est bien le meilleur western de Joe Kane, en tout cas, celui que je préfère , parmi les 22 que j'ai pu voir. Voici ce que dit Audrey Totter du film dans " Western women" de Boyd Magers et Michael G. Fitzgerald :
" Vanishing american(1955) was a good remake of the silent. the only thing I found wrong was Scott Brady didn't really look indian. He was very cute. We were in St George, Utah. Scott took out a mormon girl and kept her out, very, very late. The father had a shrieking fit. Scott was going to marry her,, by God ! They went to court and Scott said " I swear to you on a bible, I didn't touch that girl". She said the same. Scott said " I will do anything to apologize but I don't think it's fair to her or to me us to marry. She 's a Virgin" . And they believed him. He said it was true, he just kept her out late.
Totter à propos du look peu indien de Scott, a dû oublier que Blandy était un blanc, quant aux mormons le badinage n'est apparemment pas dans leurs moeurs :?
Ce qu'elle dit de Brady n'est quand même pas très classe mais malgré ses affirmations de l'époque, on peut penser que lui non plus ne l'était pas. Bref, tout ceci ne nous regarde pas (plus). Je suis sidéré par ton "score" : 22 westerns de Joe Kane ! Sur ce nombre, combien y a t'il de films que tu as pu voir à leurs sorties en France et qui n'ont plus été vus par la suite, notamment à la télévision ? Je te pose la question parce que dans mon entourage cinéphile dont plusieurs ont pourtant de très belles collections, je ne connais personne qui en ai vu autant. Je pense même qu'on est loin du compte. En tout cas, la réussite de The Vanishing American, même si tu dis qu'il s'agit de son sommet, donne quand même envie de fouiner un peu, surtout dans les plus prometteurs -sur le papier- de ses films des années 50.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

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titres de Kane que j'ai vus :

TV:
- la loi du plus fort (timberjack) (1955)
- Colorado saloon (the road to Denver) (1955) youtube
- Mississipi express( rock island trail)(1950)
- la revanche des sioux ( Oh! Suzanna)(1950)
- toutes voiles sur Java ( fair Wind to Java)(1953)
- la belle de San Francisco (flame of the Barbary coast)(1945)
- -ruée vers la Californie (California passage)(1953)

DVD et enregistrements TV U.S et autres :

- Wyoming (1947)
- courage indien (the vanishing american)(1955)
- in old Los Angeles (1948)
- the gallant legion (1948)
- the savage horde(1950)
- la grande caravane (Jubilee trail)(1954)
- la horde sauvage (the maverick queen)(1955)
-à la poursuite de Jesse James (days of Jesse James )(1939)
- le retour de Billy le kid (Billy the kid returns)(1938)
( 2 dvd Bach films avec Roy Rogers)
- the last stagecoach west (1957)
- gunfire at indian gap (1957)-
- le cavalier fantôme (Brimstone)(1949)

en salles :

- tonnerre sur l'Arizona (thunder over Arizona)(1956) + dvd
- capturez cet homme (ride the man down)(1953)
- bagarre à Apache wells (duel at Apache wells)(1957)
-hell's outpost (le carrefour de l'enfer)(1954)
-la horde sauvage(the maverick queen)(1955)+ dvd
kiemavel
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The Maverick Queen (La horde sauvage)

Message par kiemavel »

Juste après la guerre de sécession, Lucy Lee, la jeune propriétaire d'un ranch, convoie avec ses cow-boys du bétail à destination de Rock Springs dans le Wyoming où elle compte vendre tout son troupeau. Elle redoute d'être attaquée par une des bandes de hors-la-loi qui multiplient les vols dans la région, notamment celle dirigée par Butch Cassidy et le Sundance Kid qui est surnommée la horde sauvage. Ils s'attaquent aux trains et aux banques mais ne négligent pas le vols de bétail. Or le vol de son troupeau signifierait sa ruine et c'est pourquoi elle accueille avec énormément de méfiance un inconnu prétendant s'appeler Jeff Young lorsqu'il se présente un soir au campement. Au cours de la nuit, c'est pourtant lui qui intervient et met en fuite la bande en ayant pris soin de dissimuler son visage avec un foulard, stoppant notamment Sundance qui voulait agresser la jeune femme. Jeff accompagne le convoi jusqu'à Rock Springs mais refuse cependant l'emploi proposé par Lucy. En ville, Il se présente au Maverick Queen, le grand et luxueux saloon dirigé par Kit Banion, une femme qui a aussi le quasi monopole sur le commerce du bétail. Son enrichissement a été grandement facilité par ses liens avec la horde sauvage dont elle est la complice. Elle est même la maitresse de Sundance, même si elle semble se lasser de cette relation. Jeff se fait remarquer par Kit et il est immédiatement recruté pour travailler comme croupier dans la salle de jeu. Comme il prétend sortir de prison, s'appeler Jeff Younger, et être le neveu de Cole et Jim de la bande des frères James, cela fait de lui un candidat idéal pour des missions moins légales d'autant plus qu'il devient le protégé de Kit Banion. Humilié par Jeff puis par Kit, Sundance voit d'un très mauvais oeil l'arrivée de ce rival…
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Un an après Courage indien (The Vanishing American), Joseph Kane signait un autre western dominé par un autre personnage fort de femme que l'on peut voir dans la carrière de Barbara Stanwyck -au moins pour sa première partie- comme un précurseur de Quarante tueurs (40 Guns) de Samuel Fuller qui sortira un peu plus d'un an plus tard, un film dans lequel elle partagera à nouveau l'affiche avec Barry Sullivan. Si dans le film de Joe Kane, ce personnage féminin était moins dominateur, c'était déjà une femme de tête et l'éminence grise voir l'égérie d'un groupe d'hommes, ici des célébrités de l'ouest vues à diverses reprises dans le genre : la horde sauvage de Butch Cassidy et le Sundance Kid. Plus de 10 ans plus tard, George Roy Hill en fera deux rebelles bien de leur époque (fin des années 60) mais en ce milieu de la décennie précédente, on les montrait encore comme des bandits sans options : ni Robin des bois, ni rebelles à l'autorité. Dans le film de Kane, ils sont mal fagotés, mal rasés et sales (c'est pas pour dire du mal mais on croirait qu'ils sortent d'un western italien) ; ils volent et tuent et ne sont en rien les sympathiques bandits interprétés par Newman et Redford. De toute façon, ces deux personnages ne sont pas au centre du film. Ce centre, c'est bien Kit Banion même si nous ne voyons pas seulement un personnage féminin peu commun mais plutôt deux dans ce western dans lequel le pouvoir et l'autorité sont exercés par deux femmes fortes -mais de manière différente- ce qui n'était pas si courant dans ces très conservatrices années 50.
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D'abord Kit Banion. Elle est issue d'un riche famille de Virginie ruinée par la guerre et, en opportuniste, elle s'est adaptée à cette époque troublée. Elle s'est enrichie dans le commerce de bétail, expédiant vers les grandes villes de l'est des troupeaux entiers et c'est sans doute comme cela qu'elle a été amenée à connaitre la horde sauvage dont elle écoule le bétail volé. Sa façade respectable, c'est le grand hôtel et saloon de Spring Rocks mais c'est toujours elle qui organise en partie les activités de la bande, planifiant les vols de train grâce à ses connections en ville et les vols de bétail selon ses besoins. Elle n'est pas ici à la tête d'un harem d'hommes et elle est moins une figure dominante que chez Fuller car Butch Cassidy (Howard Petrie), le véritable chef de la bande (qu'on voit très peu) se méfie d'elle mais elle reste leur éminence grise et elle est assurée d'avoir de l'influence sur les décisions de la bande via son favori Sundance dont elle commence cependant à se lasser, qu'elle humilie et qui est même assez vite évincé même si lui même ne se doute pas à quel point il l'est. Le contraste entre l'élégante Maverick Queen et son amant pouilleux est d'ailleurs assez amusant. Lorsque Sundance arrive en ville, il se précipite pour voir sa maitresse mais elle le repousse dégoutée : "Pitié ! Vas prendre un bain !" Quand on voit l'allure quasi bestiale de Sundance, sa manière de se bâfrer, ses vêtements de peau, on se dit quel homme ! et on ne comprend pas pourquoi Kit se languit d'un homme, un vrai ! (C'est elle qui le dit) mais c'est que Sundance, c'est surtout une allure mais il ne pèse pas bien lourd face à son rival contre lequel il s'incline très vite à deux reprises, la 1ère fois en ignorant qui se cache derrière un foulard. Jeff se montre donc plus fort et plus habile que lui mais ce qui fait son charme, c'est surtout que derrière l'homme fort se cache un homme raffiné et beau parleur qui séduit assez vite Kit Banion qui est au fond une sentimentale…et évidemment pour ce genre de personnages, ces virages là signifie bien souvent le début des problèmes.
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La jeune Lucy Lee (Mary Murphy) a un rôle plus limité mais, si elle est par la suite plutôt la victime des évènements, on la découvre en chef d'entreprise ayant été obligée de succéder très jeune à son père assassiné deux ans plus tôt par la horde sauvage. Elle est manifestement elle aussi tombée sous le charme de Jeff mais ne comprend pas son choix de travailler pour Kit Banion avec laquelle la jeune femme est en affaires. Elle est sans doute troublée par l'ambiguité du personnage…une ambiguité que les scénaristes auraient été bien avisés de conserver aussi chez le public, or ils vendent la mèche beaucoup trop vite. Il a beau se faire appeler tour à tour Young (chez les bons) et Younger (chez les méchants), ce qui soulève quelques interrogations, elles sont très vite levées. Même si on a pas été très attentif aux propos tenus par deux représentants de la loi dans une sorte de préambule, on saisit de toute façon assez vite le manège de Jeff et le but recherché. Il n'en reste pas moins que la suite est très mouvementée. Les très nombreuses péripéties débutent lorsque Kit, déjà éprise de Jeff, l'invite à participer à la prochaine attaque de train de la bande, lui dévoilant par la même son appartenance à la horde sauvage. L'attaque en elle même est assez spectaculaire, tout comme par la suite une spectaculaire poursuite à cheval au bord d'une falaise. Une partie de l'action se déroule dans et autour de la cachette secrète des bandits, un endroit appelé The Hole-in-the-Wall ainsi que dans le ranch de Lucy Lee. Dans cette seconde partie, on remarque plus particulièrement quelques bons seconds rôles : Jamie (Wallace Ford), le cuisinier de Lucy (…et un espion du gang) ; Leo Malone (Emile Meyer) en chef de l'agence de détectives Pinkerton accompagnée par un shérif interprété par Walter Sande…et l'action se complique encore un peu quand un second Jeff Younger arrive en ville (Jim Davis). L'un des assez bons films de Joe Kane que j'ai vu jusque là mais je préfère le plus modeste mais plus original Courage indien (The Vanishing American)
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Ces deux films étaient des adaptations de romans de Zane Grey mais il est probable que pour The Maverick Queen, le roman ai été complété par son fils ainé Romer. Au sujet de ce film qui restera le dernier film à "gros" budget tourné par Joseph Kane pour le studio Republic, il déclara : le studio raclait les fonds de tiroir pour obtenir une grosse tête d'affiche et finalement ils m'ont laisser avoir la couleur, le Naturama et Barbara Stanwyck. Ce fut un réel plaisir de travailler avec une grande actrice comme Missy. Elle voulait tout faire et vous deviez la surveiller de près pour l'empêcher de se briser le cou dans des cascades dangereuses. Et de fait, elle a beaucoup aimé un genre auquel elle s'est vraiment consacrée à partir de la quarantaine bien tassée, y revenant régulièrement entre 1947 (Californie terre promise) et 1957 (Quarante tueurs) avant d'enchainer avec les séries Western, notamment La grande vallée. Si Barry Sullivan et Scott Brady ont déjà été meilleurs, Barbara est comme d'habitude remarquable même si elle a eu des rôles plus forts dans le genre. Le procédé Naturama auquel fait allusion Kane était l'équivalent du CinémaScope et c'était le premier film dans ce format large développé par le studio Republic. Vu en VF … et survolé en VO :wink: (à cause du recadrage)

Produit et réalisé par Joseph Kane / Production : Herbert J. Yates (Republic Pictures) / Scénario : Kenneth Gamet et DeVallon Scott d'après un roman de Zane Grey / Photographie : Jack A. Marta / Musique : Victor Young

Avec Barbara Stanwyck (Kit Banion), Barry Sullivan (Jeff Younger), Scott Brady (The Sundance Kid), Mary Murphy (Lucy Lee), Wallace Ford (Jamie), Howard Petrie (Butch Cassidy), Jim Davis (Jeff Younger), Emile Meyer (Malone)
Dernière modification par kiemavel le 5 janv. 17, 22:51, modifié 2 fois.
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Re: Les Westerns 2ème partie

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Chip a écrit :titres de Kane que j'ai vus :

TV:
- la loi du plus fort (timberjack) (1955)
- Colorado saloon (the road to Denver) (1955) youtube
- Mississipi express( rock island trail)(1950)
- la revanche des sioux ( Oh! Suzanna)(1950)
- toutes voiles sur Java ( fair Wind to Java)(1953)
- la belle de San Francisco (flame of the Barbary coast)(1945)
- -ruée vers la Californie (California passage)(1953)

DVD et enregistrements TV U.S et autres :

- Wyoming (1947)
- courage indien (the vanishing american)(1955)
- in old Los Angeles (1948)
- the gallant legion (1948)
- the savage horde(1950)
- la grande caravane (Jubilee trail)(1954)
- la horde sauvage (the maverick queen)(1955)
-à la poursuite de Jesse James (days of Jesse James )(1939)
- le retour de Billy le kid (Billy the kid returns)(1938)
( 2 dvd Bach films avec Roy Rogers)
- the last stagecoach west (1957)
- gunfire at indian gap (1957)-
- le cavalier fantôme (Brimstone)(1949)

en salles :

- tonnerre sur l'Arizona (thunder over Arizona)(1956) + dvd
- capturez cet homme (ride the man down)(1953)
- bagarre à Apache wells (duel at Apache wells)(1957)
-hell's outpost (le carrefour de l'enfer)(1954)
-la horde sauvage(the maverick queen)(1955)+ dvd
ça y est, je me réveille…C'était d'ailleurs prémédité car je préfère répondre quand j'ai aussi du concret à proposer à travers une nouvelle chronique. Comme je le disais plus haut, je suis loin du compte mais je vais essayer de revenir à ce metteur en scène très négligé assez vite. Depuis ton message, j'ai récupéré Ride The Man Down chez un copain (pas encore regardé). La prescription, c'est toujours délicat mais puisqu'on s'est parfois rejoint sur certains westerns essentiels (Little Big Horn, War Paint, etc…) ou récemment mis d'accord sur le meilleur de Joe Kane (Courage indien), ton avis va m'aider à distinguer les plus intéressants westerns de ce grand nombre de titres. Qu'est ce que tu me conseilles plus particulièrement dans cette liste ?
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Plus de souvenir précis de " Capturez, cet homme ! ", vu à l'adolescence et jamais revu depuis. Perso j'aime bien "The savage horde" (1950) avec William Elliott, qui me fait penser (un peu) à " Shane"(1953) de George Stevens, un inconnu, as du revolver, prend la défense de petits éleveurs, en butte à l'avidité d'un cattle baron (Grant Withers), " the gallant legion" (1948) conte la lutte des Texas rangers contre une bande de malfrats dirigés par Bruce Cabot et Joseph Shildkraut, qui voudraient faire du Texas un état indépendant, encore une fois Elliott est le héros de l'histoire de ce western assez mouvementé. " Wyoming" (1947) où l'on retrouve Elliott et John Carroll est intéressant, malgré la présence de l'inévitable et encombrante Vera Ralston
il faudrait que je revois " Tonnerre sur l' Arizona", vu une seule fois sur grand écran, lors de sa sortie, et dont je possède un enregistrement en VO non s/t, j'aime bien Skip Homeier( le Lee Marvin du pauvre, comme certains l'avaient baptisé ). Le souvenir de "Bagarre à Apache wells" m'est plus en mémoire, je me demande bien pourquoi, c'est assez misérable. Tous ces titres ne révolutionnent pas le genre, et " Courage indien", " la horde sauvage" et " Colorado saloon" restent à mon sens, un cran au-dessus.
PS:
"the last bandit" doit être à voir, sa vedette Adrian Booth, dit l'adorer, y avoir porté de belles robes et avoir une scène dans une baignoire qui aurait ravi l'équipe du film.
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Re: Bugles in the Afternoon

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Les clairons sonnent la charge - Bugles in the Afternoon (1952)
Réalisation : Roy Rowland / Production : William Cagney / Distribution : Warner Bros. / Scénario : Daniel Mainwaring et Harry Brown d'après un roman de Ernest Haycox / Photographie : Wilfred M. Cline / Musique : Dimitri Tiomkin

Avec Ray Milland (Kern Shafter), Helena Carter (Josephine Russell), Hugh Marlowe (Le capitaine Edward Garnett), Forrest Tucker ( Donavan), Barton MacLane (Le Capitaine Moylan)

Pour avoir agressé et blessé avec son sable le capitaine Garnett, le capitaine Shafter est humilié devant ses hommes, dégradé et renvoyé de l'armée. Apres une période incertaine durant laquelle Shafter ne sait pas comment faire prendre une nouvelle tournure à sa vie, il se rengage comme simple soldat. À fort Lincoln, il retrouve un de ses sous officiers qui très vite le fait monter en grade mais aussi Garnett, lui aussi affecté sur ce fort en première ligne face aux Sioux qui se sont soulevés. Le conflit reprend de plus belle entre les deux hommes…
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Comme Little Big Horn (1951) que j'avais évoqué quelques pages en arrière, Bugles in the Afternoon, nous raconte une petite histoire dans la grande…et d'ailleurs le grand évènement que l'on suit en toile de fond, c'est le même puisque les protagonistes du film de Roy Rowland vont se retrouver eux aussi à proximité de la grande bataille mais s'ils vont même devoir combattre, c'est à des combats secondaires qu'ils vont participer et ils ne vont pouvoir qu'assister impuissants au massacre de Custer et de son détachement car c'est à distance, depuis les collines environnant la plaine de Little Big Horn et à travers les jumelles du personnage interprété par Ray Milland, que nous voyons la fin de Custer (…les images de la bataille proviennent du film de Raoul Walsh, La charge fantastique). La comparaison avec le film de Charles Marquis Warren ne s'arrête pas là puisqu'au centre du film, il y a également un triangle amoureux et c'est la rivalité exacerbée entre deux hommes qui entraine la plupart des événements auxquels nous assistons. Dans Little Big Horn, la jeune femme au coeur de la rivalité entre deux officiers n'apparaissait que dans le prologue puis l'on suivait une patrouille isolée commandée par un officier, le mari (interprété par Lloyd Bridges), secondé par son rival (John Ireland) et une relation complexe -et surtout en constante évolution- s'installait entre les deux hommes et Warren jouait habilement de l'ambiguité de l'attitude de Bridges dont on se demandait s'il n'était qu'un officier obstiné ou si ses actes ne s'expliquaient pas aussi par une volonté de se débarrasser de son rival, quitte à y laisser aussi sa peau et celle de tous ses hommes.
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On ne voit nulle ambiguité ou subtilité de ce genre dans le film de Rowland et la situation est différente ce qui entraine le film dans une voie qui l'est tout autant. 1ère différence, la rivalité amoureuse qui est au coeur du film ne fait que répéter des événements similaires qui avaient conduit à la dégradation de Shafter et à son éviction de l'armée. Cela n'amène rien de très intéressant en dehors du fait que cela explique la profondeur de la haine entre les deux rivaux. Ensuite, il n'y a cette fois pas de mari et d'amant mais deux rivaux amoureux et une jeune femme, Josephine, dont le coeur balance entre deux hommes qui se détestent. L'attitude de la jeune femme à leur égard est le seul point vraiment intéressant qui découle de ce trio. Josephine regarde ses deux prétendants qui se comportent comme deux coqs se tenant sur leurs ergots comme s'ils étaient les représentants d'une espèce encore en train d'évoluer, avec un mélange d'incompréhension et de crainte mais aussi parfois avec une pointe d'amusement. C'est plutôt bien joué par Helena Carter qui semble parfois s'amuser de ces étranges créatures très énervées. Elle va même laisser s'installer une certaine ambiguïté dans ses relations avec les deux hommes qui se suivent auprès d'elle et qu'elle reçoit même parfois l'un derrière l'autre ce qui les révulsent tout deux. Puis elle va sembler pencher vers l'un ou l'autre de ses prétendants quand par exemple le rusé Garnett va s'arranger pour apparaître comme la victime de la haine de Shafter mais cela sonne un peu faux et les hésitations de Josephine paraissent commodes et sont surtout là pour faire durer un semblant de suspense. Si Shafter, en quête de réhabilitation (une thématique pas très bien exploitée) a toutes les peines du monde à passer aux yeux de sa bien aimée comme le seul digne d'intérêt parmi ses deux prétendants, nous avons de notre coté identifié trop vite le bon et le méchant car Rowland et ses scénaristes ont commis l'erreur d'avoir posé d'emblée les personnages sans ambiguité, tout au moins pour le méchant (Garnett) alors que son adversaire est lui un peu plus subtilement dessiné tant Shafter va, par son comportement, par moments ressembler au précédent.
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Contrairement au film de Warren qui se déroulait presque entièrement à l'extérieur du fort, on a donc ici une alternance de scènes de fort -essentiellement des scènes sentimentales- et des scènes d'action. La répartition parfaite des rôles se poursuit dans celles ci puisqu'il n'y a pas non plus de ce coté là la moindre ambiguité, et plus grave pas d'évolution. En effet, tout du long, Garnett ne fait rien d'autre que tenter de tendre des pièges à son rival pour qu'il tombe sous les coups des indiens très présents autour de Fort Lincoln à l'approche de la grande bataille. Heureusement, comme il le prouvera dans d'autres westerns -je pense notamment à l'un de ses meilleurs, Le convoi maudit- Roy Rowland sait filmer ces scènes là. On sent le bon professionnel sûr de lui. Il est certes sans génie mais il sait parfaitement les rendre dynamiques : elles sont très bien mises en scène, bien découpées, bien montées…et les cascadeurs tombent où il faut…c'est très pro. On est loin des petites maladresses à répétition qui gâchent parfois un peu le plaisir dans ce type de production, y compris dans des films intéressants et y compris d'ailleurs chez Charles Marquis Warren même dans ses meilleurs jours.
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Rowland est même un cran au dessus du bon dans certaines séquences. Lorsqu'un détachement de soldats tombent nez à nez avec un groupe d'indiens (commandé par un chef interprété par John War Eagle), Garnett, espérant bien qu'il n'en reviendra pas, intime l'ordre à Shafter d'identifier des indiens tueurs parmi les guerriers. Rowland filme l'avancée prudente et attentive de Milland au plus près de guerriers que l'on sent prêt à frapper, rasant les chevaux des indiens hostiles ; puis il filme par le travers et en légère contre plongée le chef au moment ou celui ci va ordonner à ses guerriers de tuer Shafter, avant qu'il ne se ravise tout à coup quand apparait une seconde colonne de soldats au sommet de la crête qui domine cette vallée. Plus tard, un court plan sur le chef indien permet d'entrevoir la stratégie assez sophistiquée mise en place par les indiens qui attaque un convoi qui s'est mis en cercle. Plus tard encore, Shafter et son ami Donavan, poursuivis par un groupe d'indiens, vont se retrouver acculés à une montagne. Rowland se montre très habile pour filmer la fin de Donovan qui agonisant se sacrifie pour permettre à son ami de s'enfuir avant d'être submergé par le nombre tandis que l'on voit Shafter s'échapper à pied par un petit canyon très photogénique au fond duquel coule un petit court d'eau. Un dernier mot sur les comédiens. On reconnaît Barton Mclane dans le rôle de Moylan, un ancien sous officier de Shafter, devenu son supérieur et allié. C'est lui qui le fait sergent et le met en garde contre Garnett dont il a compris les intentions. Forrest Tucker est parfait dans le rôle du rude irlandais bagarreur mais au fond brave type, assez drôle et loyal. Hugh Marlowe n'a rien à se reprocher dans le rôle du méchant mais son personnage est sans nuances. Quant à Ray Milland, qui n'était pas spécialement un acteur de western intrépide, il donnait pour le genre sa performance la plus physique. Rowland le montre souvent en mouvement, le filmant tirant des coups de feu tout en courant au milieu de ses soldats durant une charge à pied par exemple. Un western sympathique et plein d'action, le bon petit western du samedi soir d'antan. Vu en VF.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :Plus de souvenir précis de " Capturez, cet homme ! ", vu à l'adolescence et jamais revu depuis. Perso j'aime bien "The savage horde" (1950) avec William Elliott, qui me fait penser (un peu) à " Shane"(1953) de George Stevens, un inconnu, as du revolver, prend la défense de petits éleveurs, en butte à l'avidité d'un cattle baron (Grant Withers), " the gallant legion" (1948) conte la lutte des Texas rangers contre une bande de malfrats dirigés par Bruce Cabot et Joseph Shildkraut, qui voudraient faire du Texas un état indépendant, encore une fois Elliott est le héros de l'histoire de ce western assez mouvementé. " Wyoming" (1947) où l'on retrouve Elliott et John Carroll est intéressant, malgré la présence de l'inévitable et encombrante Vera Ralston
il faudrait que je revois " Tonnerre sur l' Arizona", vu une seule fois sur grand écran, lors de sa sortie, et dont je possède un enregistrement en VO non s/t, j'aime bien Skip Homeier( le Lee Marvin du pauvre, comme certains l'avaient baptisé ). Le souvenir de "Bagarre à Apache wells" m'est plus en mémoire, je me demande bien pourquoi, c'est assez misérable. Tous ces titres ne révolutionnent pas le genre, et " Courage indien", " la horde sauvage" et " Colorado saloon" restent à mon sens, un cran au-dessus.
PS:
"the last bandit" doit être à voir, sa vedette Adrian Booth, dit l'adorer, y avoir porté de belles robes et avoir une scène dans une baignoire qui aurait ravi l'équipe du film.
Ce sont parfois les sorties du bain qui sont encore meilleures, comme la sortie de l'eau de Sophia Loren dans Ombres sous la mer :shock: Pour le reste, voici encore un bon nombre de titres à ajouter à la longue liste des "films recherchés". Tu ne cites d'ailleurs pas forcément ceux dont le casting est à priori le plus attirant. Je ne suis pas en train de dire que le casting détermine la qualité d'un film mais les titres que tu as cité ne sont pas ceux vers lesquels je serais allé spontanément. De toute façon, ces films vont être pour certain compliqués à trouver. Je comptais un peu sur l'Espagne mais pour ce qui est des films que je ne possède pas et que tu citais dans ta 1ère liste, seul Jubilee Trail (et des Wayne des années 30) sont sortis la bas.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Un membre de Westernmovies, basé au Québec, possède ces titres... :wink: J'aime assez William Elliott ( ex. Wild Bill Elliott) qui terminera sa carrière sous le nom de Bill Elliott avec 5 petit polars, récemment sortis en dvd chez Archive WB collection, et que je n'ai pas vus.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Les Comanches passent à l'attaque - The Oregon Trail (1959)

de Gene Fowler Jr. avec Fred MacMurray (Neal Harris), William Bishop (Capt. George Wayne), Nina Shipman (Prudence Cooper), Gloria Talbott (Shona Hastings), Henry Hull ( George Seton), John Caradine (Zachariah Garrison), John Dierkes (Gabe Hastings

Sur ordre de son employeur, le directeur du New-York Herald, le journaliste Neal Harris se voit confier pour mission d'accompagner vers l'Oregon une caravane de pionniers afin qu'il enquête sur les rumeurs laissant entendre que des soldats de l'armée américaine auraient secrètement infiltrés les caravanes de pionniers ...


En voilà un de westerns avec des indiens sanguinaires...Le film s'ouvre sur les images d'une caravane décimée par les indiens et on nous dit qu'inspirés par un livre à succès relatant l'expédition d'une caravane de colons vers l'Oregon, des dizaines de caravanes se sont lancés à leur tour sur la piste. La solution préconisée par le président américain (l'infiltration des caravanes par des soldats en civil) est très fantaisiste et entraine la plus grande confusion dans les développements du scénario. On croit comprendre que les soldats sont là pour protéger les colons mais le but affiché précédemment était plutôt de dissuader les plus téméraires et même de faire échouer les expéditions pour empêcher les carnages...Tout ceci dans un contexte de contestation de ce territoire entre les USA et la Grande-Bretagne. Un entretien entre le président des États-Unis et l'ambassadeur de Grande-Bretagne au tout début nous permet de comprendre que les deux pays convoitent l'Oregon mais ensuite il n'est presque plus question de ce conflit, en dehors du fait que les soldats secrètement envoyés pourraient être amenés à pouvoir combattre rapidement en cas de nécessité. On s'attend à ce que ces soldats infiltrés servent de tête de pont à l'armée américaine et éventuellement qu'il y ai affrontement puisque plusieurs séquences d'ouverture laissait entrevoir qu'on allait nous entrainer de ce coté là. Il n'en est rien.

On nous montre la progression d'une caravane de colons non seulement sans la moindre imagination mais, sans aucun doute en raison du budget dérisoire, en faisant progresser la caravane devant une des toiles peintes les plus infâmes que j'ai jamais vu et on va retrouver ces séquences tournées dans un recoin de studio au moins à 7 ou 8 reprises...Entre temps, un triangle amoureux se met en place : une jeune femme charmante et pleine d'espérance se retrouve (en tout bien tout honneur) entre l'officier commandant les soldats infiltrés...et évidemment notre bon Fred. Les deux premiers personnages interprétés respectivement par les obscurs Nina Shipman et William Bishop ne présentent que peu d'intérêt ; en revanche, l'un des assez rares points positifs de ce film, c'est le rôle tenu par MacMurray et son interprétation. Je ne le considère pas comme un grand acteur de western mais dans des rôles bien particulier (j'avais déjà loué ici son rôle d'épicier justicier malgré lui dans Le doigt sur la gachette ) il pouvait être crédible en "cow-boy". Ici, il interprète un citadin presque dandy qui se retrouve confronté à un milieu et des périls pour lesquels il semble peu fait. cela entraine quelques séquences (un peu) amusantes...puis l'acteur se montre convaincant dans les séquences d'action.

Le deuxième point positif, c'est qu'assez vite il n'y a plus de bla-bla : Fowler passe à l'action et l'inévitable confrontation avec les indiens donnent quelques bonnes petites scènes moins médiocrement réalisées que le reste et avec un peu plus de moyens, notamment une attaque de fort pas trop mal réglée. Derniers points positifs, les seconds rôles. John Carradine, Henry Hull et John Dierkes en font des caisses mais ça sauve en partie le film. On découvre le premier dans une scène amusante qui se déroule dans le magasin général de la ville de départ de la caravane où il essaie de voler tout ce qu'il peut...et où il se fait prendre. Par la suite, on le retrouve régulièrement car il veille scrupuleusement sur les plants de pommiers qu'il transporte dans son charriot. Par la suite, on va d'ailleurs retrouver des scènes quasiment analogues à celles que l'on pouvait voir dans Caravane vers le soleil de Russel Rouse, mais il s'agissait de plants de vigne (Basques français oblige...). Henry Hull est le guide de l'expédition. Quant à John Dierkes, il interprète le genre de personnages ambigus qui ramène vers ce fameux sujet du racisme dans le western qui nous occupe actuellement. C'est un blanc qui vit avec les indiens et qui a épousé leur cause. C'est un "squaw-man", l'appellation péjorative désignant les blancs ayant épousés des indiennes. Sa fille (incarnée par la délicieuse Gloria Talbott) , repoussant la cruauté des indiens (mais c'est ambigu car le plus violent des "indiens", c'est son propre père, donc un blanc et surtout on comprend à demi mot qu'il se montre "violent" avec elle...) elle les trahit par amour pour notre bon Fred. Un western médiocre et par conséquent selon moi facultatif. Vu en vost.
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Re: The Vanishing American

Message par Supfiction »

kiemavel a écrit :traduit en français par le titre La race qui meurt marquaient une étape importante dans la représentation de l'indien. Le titre original est plus précis car "The Vanishing american" (qu'on peut traduire par "l'américain qui disparait") soulignait le fait que depuis 1924, les indiens avaient acquis la citoyenneté américaine mais que cette "race" continuait à mourir en dépit de l'abandon apparent de la tentation génocidaire.
La révolte "individualiste" du guerrier Navajo était motivé par un sentiment de trahison car après s'être comporté en héros durant la guerre menée par les USA aux Philippines, à son retour il faisait le constat qu'il était toujours considéré avec mépris et toujours rejeté de l'espace des blancs.
tiens.. "mépris" et "rejet", on est plein dans le débat sémantique.
J'aimerai bien le voir ce The Vanishing american, ne serait-ce que pour ma reine du film noir, Audrey Totter.
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Re: The Vanishing American

Message par kiemavel »

Supfiction a écrit :
kiemavel a écrit :traduit en français par le titre La race qui meurt marquaient une étape importante dans la représentation de l'indien. Le titre original est plus précis car "The Vanishing american" (qu'on peut traduire par "l'américain qui disparait") soulignait le fait que depuis 1924, les indiens avaient acquis la citoyenneté américaine mais que cette "race" continuait à mourir en dépit de l'abandon apparent de la tentation génocidaire.
La révolte "individualiste" du guerrier Navajo était motivé par un sentiment de trahison car après s'être comporté en héros durant la guerre menée par les USA aux Philippines, à son retour il faisait le constat qu'il était toujours considéré avec mépris et toujours rejeté de l'espace des blancs.
tiens.. "mépris" et "rejet", on est plein dans le débat sémantique.
J'aimerai bien le voir ce The Vanishing american, ne serait-ce que pour ma reine du film noir, Audrey Totter.
Le film n'est pas mal. C'est un petit film de série B traitait superbement un grand sujet. C'est bien vu de ressortir ces extraits maintenant :wink: Mais ce film est clairement pro indien pour le coup. La première version muette est même encore meilleure...Quant à Audrey Totter, elle est absolument formidable dans ce film. et c'est un non fan absolu qui le dit
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

" Les comanches passent à l'attaque" ? on en parle sur Westernmovies... Je crois savoir que le film devrait sortir chez Sidonis-Calysta. Vu cette série B lors de sa sortie, jamais revu, un western qui ne m'a pas marqué, j'attends le dvd, Mac Murray a fait mieux dans le genre (Face of a fugitive, Quantez). Dans " Série B " de Pascal Merigeau et Stéphane Bouroin, Gene Fowler, jr, regrette ce film " ....Nous avons tourné dans le hangar à chariots de la Fox, devant un immense cyclorama. Tout paraissait débile.... "
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