Les Westerns 2ème partie

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Peu de choses, voire rien, sur la genèse du film. Je m'étonne d'ailleurs qu'il soit inédit chez nous, peut-être le fait qu'il soit en N et B ? Le pressbook U.S. nous apprend peu, si ce n'est que la locomotive du film coûta 2000 dollars par jour à la production, que Joan Weldon était une chanteuse d'opéra, que Stevens à l'instar de Burt Lancaster débuta comme acrobate et " tumbler" (?) (savais-pas !), que la diligence menait par Slim Pickens avait 80 ans, que le tournage eut lieu près de Tucson (AZ), plus deux ou trois choses sans grand intérêt, à cela, comme dans tout pressbook, s'ajoute des reproduction de photos de plateau :
-Mark Stevens et Mark son fils de 11 ans , tenant une réplique jouet de la loco du film.
-Mark Stevens se faisant raser par Joan Weldon.
- Joel Mc Crea et son fils Jody.
+ de nombreux pavés -presse, affiches et lobby cards.
Les motivations de Mark Stevens, pour ce film ? je ne sais pas, peut-être a-t-il vu là, une opportunité à jouer un bad guy, et sortir des rôles de héros? Il venait de finir la série télé " Big town "( 1954-1956) dont il était le producteur, l'acteur, et le scénariste-réalisateur de nombreux épisodes. C'est juste, son Velvet Clark dans le film semble suivre les précédents rôles où il jouait (bien) les personnages amers , déçus par la vie, mutiques, murés dans leurs obsessions : " cry vengeance", " timetable", "Jack Slade", le très fauché et méconnu "Gun fever", dont Sidonis aurait pu se rendre acquéreur, mais n'a pas fait ce choix car, pas de "vedette connue", donc ventes faibles, et aussi dans une moindre mesure " Gunsmoke in Tucson" (fusillade à Tucson), récemment sorti en dvd, Archive WB collection ( all zone sans s/t).
C'est vrai , Mc Crea jouera dans les années 50, essentiellement des westerns. Il avait pris cette décision après avoir fait " the virginian" (le traître du far-west)(1946), s'estimant trop âgé pour jouer dans des comédies et se sentant désormais bien plus à l'aise dans le genre qui allait l'immortaliser, " dès que je monte à cheval, porte un chapeau, enfile une paire de bottes, je me sens bien".
Mc Crea vivait dans un ranch, près de Camarillo (CA) et arrivait sur le tournage vêtu en cowboy. Son concurrent dans le genre, Randolph Scott, vivait lui, à Beverly hills, et rien chez lui ne rappelait l'ouest, Scott tournait des westerns parce qu'il estimait que le genre lui convenait et que ses films faisaient de l'argent.
En ce qui concerne Gloria Talbott (1931-2000), il me semble avoir lu quelque part qu'elle trouvait Mc Crea " very sexy"... encore une actrice vouée aux rôles ethniques.

Sur JOEL Mc Crea :
- Focus on film . N° 30 (juin 1978)
interview et filmo
- a film history : Joel Mc Crea riding the high country. de Tony Thomas
editeur : Riverwood press -1992-
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Retrouvé ce que disait Gloria Talbott concernant Joel Mc Crea :
" he wasn't just a western star, he was a wonderful actor and a very sexy man. The sex appeal came out of his pores. He was this big, true sort of underestimated manliness, a real gentle giant. You just feel in love with him. He was a decent man, a truly decent man, and I think that's uncommon".
page 61: " the last of the cowboy heroes" (the westerns of Randolph Scott, Joel Mc Crea and Audie Murphy) de Robert Nott
préface de Budd Boetticher qui parle des trois acteurs, surtout de Murphy et Scott avec qui il a travaillé, un peu moins de Mc Crea qu'il a rencontré lorsqu'il était second assistant de George Stevens.

Bel hommage d'une actrice sous le charme.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

C'est sûr qu'avec une affiche pareille, il est curieux que Gunsight Ridge soit resté inédit. Je crois cependant me rappeler que d'autres westerns tels Cattle Empire et Trooper Hook qui datent de la même époque n'avaient pas non plus été distribués en France.

Sympas tous ces renseignements. J'ignorais presque tout de ce que tu rapportes en dehors de ce que tu dis de McCrea dont je connaissais un peu la personnalité et le gout pour la vie au grand air. Sur les photos de lui "en civil", il est effectivement bien souvent habillé en cow-boy. Dans la dernière partie de sa carrière, l'un de ses rares films qui ne soit pas un western, c'est un film assez médiocre (dans mon souvenir), Coup de feu au matin pourtant réalisé par Robert Parrish.

Pour ce qui est des propos de Gloria Talbott, et bien oui, je ne suis pas étonné : grand, baraqué et dégageant en même temps une certaine douceur…normal qu'il lui ai plu. Je ne vois pas trop d'équivalent à ce type d'acteurs aujourd'hui, en dehors peut-être de Kevin Costner dont la présence peut vaguement le rappeler. A propos de Mark Stevens, je n'ai toujours pas vu le fameux Gun Fever et pas revu depuis très longtemps Jack Slade. Je voulais en revanche évoquer en deux mots Sand dans ce topic mais ce n'est pas vraiment un western, alors on verra. Je ne sais pas ce que tu en penses mais même dans le sous genre "course à l'étalon sauvage", ce n'est pas terrible.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

SAND (1949), inédit en France sur grand écran, a été diffusé en 1986 sur une de nos chaînes TV( la 2, je crois) en VF. j'ai un enregistrement VHS. Pas grand souvenir du film, si ce n'est un beau technicolor (photo Charles G. Clarke) et une bagarre entre Rory Calhoun et Mark Stevens. Coleen Gray déclare n'avoir pas été impressionnée par le film, ni par son personnage. Elle se souvient de Stevens comme quelqu'un d'assez amer, estimant qu'il valait mieux que les rôles qu'on lui faisait jouer, elle se rappelle aussi son caractère coléreux, mais dit ne pas en avoir pâti. GUN FEVER (1958) est un des films les plus fauchés que j'ai vus, et c'est dommage car les idées foisonnent. Pas un grand film, mais un western intéressant, différent. On y retrouve le côté noir et sordide de " Jack Slade" et une galerie de psychopathes rarement vus dans le genre.
J'ai vu CATTLE EMPIRE et TROOPER HOOK, ce dernier titre supérieur à GUNSIGHT RIDGE. Joel Mc Crea et Barbara Stanwyck y étaient partenaires pour la sixième et dernières fois. Mc Crea adorait Stanwyck et estimait qu'elle aurait dû avoir le rôle échu à Veronica Lake dans " Ramrod", mais Lake était à l'époque la femme du réalisateur.
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Bien vu ! à propos de Kevin Costner que tu mentionnes. Joel Mc Crea posa avec lui dans les années 80 pour le magazine LIFE, et déclara voir en lui, un successeur. Hélas, Hollywood ne semble plus croire au genre.
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Re: The First Texan

Message par kiemavel »

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Attaque à l'aube - The First Texan (1956)
Réalisation : Byron Haskin
Production : Walter Mirisch (Allied Artists)
Scénario : Daniel B. Ullman
Photographie : Wilfred Cline
Musique : Roy Webb
Avec : Joel McCrea (Sam Houston), Felicia Farr (Katherine Delaney), Jeff Morrow (Jim Bowie), Wallace Ford (Henry Delaney), Jody McCrea (Lt. Baker), Chubby Johnson (Deaf Smith), James Griffith (Davy Crockett)

Contraint de quitter le Tennessee à la suite d'un scandale qui a ruiné sa réputation, Sam Houston, l'ancien gouverneur de l'état, part pour le Texas en vue de s'y installer comme avocat. Alors qu'il est bien décidé à ne plus prendre part aux évènements politiques de son temps, à peine arrivé à San Antonio, il se trouve mêlé aux insurgés luttant pour l'indépendance du Texas. Lorsqu'un détachement de l'armée mexicaine fait irruption à son hôtel dans l'arrière salle duquel les insurgés se réunissent, Houston intervient pour éviter un massacre. Il neutralise plusieurs soldats mais bien qu'en position de force, il incite Jim Bowie et son camarade a se rendre contre la promesse de l'officier mexicain que les texans auront un procès équitable. C'est avec ce même sens de la diplomatie et son habilité de juriste que lors du procès, il parvient à faire libérer les deux hommes. Il installe son cabinet d'avocat à San Antonio et durant les années qui suivent, il est le témoin des troubles qui secouent la région mais bien que lié aux leaders des insurgés, il refuse de prend part aux heurts. Ce n'est que lorsque le président des États-Unis lui demande de se rendre à Washington qu'il finit par accepter de prendre la tête de l'insurrection...
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Pas du tout dans la forme mais dans l'esprit et par ses intentions, ce western est à rapprocher de Little Big Horn que j'avais évoqué il y a quelques mois. Le film de Byron Haskin, comme celui de Charles Marquis Warren, se penche sur un grand évènement historique, ici la conquête du Texas, en "oubliant" lui aussi volontairement, sans doute aussi par manque de moyens, le grand évènement plusieurs fois évoqué au cinéma, le siège du Fort Alamo, pour montrer les évènements en marge de la grande histoire, à commencer par la montée de la volonté d'émancipation des colons américains vis à vis de la nation dominante. On est censé suivre sur plusieurs années les évènements qui se déroulent à partir de l'arrivée de Sam Houston à San Antonio à la fin de l'année 1832 mais s'ils sont vus à travers le regard d'une personnalité populaire de son temps, ce qui l'amène à côtoyer les leaders texans, étant donné que Houston tient à rester à l'écart de l'insurrection, on ne perçoit pendant une grosse moitié du métrage que l'écho des conflits.
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En réalité, le véritable Sam Houston s'était immédiatement imposé comme un leader politique alors on peut penser que cette déformation de la vérité historique arrangeait les scénaristes car en faire pendant si longtemps un observateur neutre opposé aux intentions guerrières des leaders de l'insurrection permettait de justifier la distance vis à vis des conflits. En tout cas, si on parle beaucoup de révolution, pendant longtemps on n'en voit pas grand chose. Les longs dialogues coutant moins chers que les scènes d'action, c'est donc essentiellement dans des scènes de "salon" que l'on croise les personnages historiques attendus : Davy Crockett (interprété par James Griffith), Jim Bowie (Jeff Morrow), Stephen Austin, William Barrett Travis et plus tard Deaf Smith.
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En partie faute de moyens, le film est donc centré sur la personnalité de Sam Houston, heureusement excellemment campé par Joel McCrea dans une des meilleurs interprétations de sa fin de carrière. Il fait de Houston un homme ordinaire et simple, aspirant à la tranquillité à la suite d'un scandale lié à sa vie privée qui n'est jamais explicité véritablement mais c'est à la suite de ce scandale qu'il avait mis un terme à sa première carrière politique. Cela ne l'empêche pas de succomber au charme de la nièce de son logeur, Henry Delaney (Wallace Ford) qui est -opportunément- un des leaders des insurgés contrairement à Katherine (Felicia Farr) qui partage la volonté de Sam de rester à l'écart des évènements politiques du temps et des violences qui se multiplient. L'histoire d'amour entre Joel McCrea et Felicia Farr se traine un peu et n'est guère passionnante. Bien qu'entourés par des révolutionnaires, ils n'aspirent qu'à vivre leur histoire d'amour mais lorsque Sam va commencer à s'interroger, comme une femme ordinaire ne comprenant rien aux grandes destinées et à la politique, elle va se fâcher et le mettre en garde : Attention Joel, c'est moi ou la revolución ! avant finalement de se laisser convaincre : Vas-y mon chérie, va massacrer les mexicains !
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D'emblée, on avait évidemment anticipé le virage radical opéré par Sam Houston mais c'est un personnage qui est suffisamment bien défini et McCrea y est suffisamment crédible en leader naturel pour que l'on puisse croire à la volte face de cet homme hors-du-commun rattrapé par son destin. On l'avait découvert en homme de loi intelligent, pragmatique et habile négociateur (c'est bien montré dans une bonne scène de tribunal) puis il s'impose sans le vouloir comme la seule personnalité suffisamment populaire et charismatique pour fédérer les énergies disparates des milices texanes divisées et éparpillées mais il faudra l'intervention du président des États-Unis pour qu'enfin l'homme de loi devienne presque contre son gré un leader militaire et politique.
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Ce sera chose faite quand les tensions vont s'aggraver entre les Texans et le gouvernement mexicain, ce qui va inciter le général Santa Anna (David Silva) à diriger son armée vers le Texas. Quelques jours après la déclaration d'indépendance du Texas, l'armée mexicaine vient à bout du fort Alamo. Comme je l'expliquais au début du texte, on ne voit pas ces évènements mais contrairement au film de Warren évoqué plus haut dans lequel on ne voyait jamais la bataille du titre, le film d'Haskin s'anime très nettement dans sa partie finale. À partir de l'annonce de la chute du fort, Attaque à l'aube relate de manière assez fidèle à la vérité historique les évènements qui se sont déroulés jusqu'à la bataille de San Jacinto marquant la défaite de l'armée mexicaine à la fin de laquelle on voit Sam Houston annoncer la prochaine constitution de la république du Texas.
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Ce final peut-être vu comme une suite du fameux Alamo tourné quelques années plus tard. Bien que beaucoup plus animé que le reste, il va peut-être toutefois frustrer quelques amateurs du genre car pendant un gros quart d'heure, on suit la fuite de la maigre armée de Houston qui semble battre en retraite devant l'armée du général Santa Anna mais c'était bien la stratégie qu'il employa pour gagner du temps et piéger l'armée mexicaine. Le film se termine sur l'assez longue bataille de San Jacinto, pas très spectaculaire (toujours sans doute faute de gros moyens) mais plus que la vraie bataille qui avait été facilement remportée par les Texans. Dans cette partie finale, on remarque plus particulièrement Jody McCrea, le fils de Joel, qui joue le lieutenant Baker, un des assistants de Sam Houston. Moins mauvais qu'annoncé mais pas un indispensable du genre non plus. vu en vost.
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La bataille de San Jacinto :
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Re: The plunderers

Message par kiemavel »

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La rançon de la peur - The Plunderers (1960)
Produit et réalisé par Joseph Pevney
Production : August Productions/Distribution : Allied Artists
Scénario : Bob Barbash
Photographie : Gene Polito
Musique : Leonard Rosenman

Avec Jeff Chandler (Sam Christy), John Saxon (Rondo), Dolores Hart (Ellie Walters), Marsha Hunt (Kate Miller), Jay C. Flippen (Le shérif McCauley), James Westerfield (Mike Baron), Vaughn Taylor (Jess Walters)
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4 jeunes hommes arrivent à Trail City, une toute petite ville de l'ouest, bien décidés à y prendre du bon temps. Peu auparavant, leur dernière sortie en ville s'était mal terminée. Ils avaient été chassé de Dodge City par ses habitants en ayant le sentiment d'avoir été injustement maltraités alors ils arrivent en ville avec un esprit revanchard et bien décidés à ne plus se laisser faire. Au bar de la ville, ils se montrent provoquant et refusent de payer leurs consommations. En réalité, ils sont incapables de payer ce qui amène le propriétaire du bar a en appeler au vieux shérif qui, hésitant, se décide à les enfermer pour la nuit et obtient la promesse que les jeunes gens quitteront la ville dès le lendemain matin. Mais aussitôt libérés, loin de partir, ils se rendent au magasin général, en repartent avec des vêtements qu'ils refusent de payer puis s'installent à l'hôtel. Constatant que la population de Trail City est essentiellement constitué d'hommes âgés, de femmes et d'enfants, profitant de l'apathie des habitants, les jeunes vont s'enhardir et multiplier les exactions. Le seul qui pourrait s'interposer semble être Sam Christie, un fermier revenu handicapé de la guerre mais l'ancien officier refuse d'intervenir…
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Un bon western psychologique, selon moi le meilleur des quelques films du genre réalisés par Joseph Pevney et le dernier tourné par Jeff Chandler, décédé à l'âge de 42 ans un an après le tournage. Ce western exclusivement urbain a sans doute été tourné avec très peu de moyens. Toute l'action se déroule dans une petite ville de l'ouest dont on ne voit pas plus de 20 habitants mais, s'il s'appuie sur un scénario certes prévisible, il parvient à créer progressivement une vraie tension malgré ou plutôt grâce au refus du scénariste d'avoir recours à des effets dramatiques spectaculaires. C'est en faisant preuve de beaucoup de justesse psychologique que Pevney et son scénariste décrivent l'atmosphère de cette petite ville dans laquelle la tension va aller crescendo, y compris entre des habitants en désaccord à propos de l'attitude à adopter vis à vis des "envahisseurs", certains commerçants réclamant la plus grande fermeté, d'autres habitants refusant dans un premier temps de prendre trop au sérieux ces très jeunes hommes dont les délits sont d'abord mineurs.
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Car ce sont 4 garçons immatures, des presque adolescents effrayés malgré leur fausse assurance, que nous voyons arriver en ville, leurs personnalités que l'on découvrira progressivement en apportera plus tard la preuve. En dehors de leur leader secret, c'est à dire celui qui ne se présente pas comme tel, Ils ne sont pas fondamentalement mauvais mais ils vont s'enhardir progressivement en constatant qu'il semble facile de prendre possession de la ville. Le film montre de manière assez subtile cette dérive d'une bande de garçons qui, prenant conscience de la peur qu'ils inspirent, de la faiblesse des habitants et de la passivité de ceux qui pourraient s'interposer, vont progressivement prendre la ville en otage et terroriser ses habitants.
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Ces garçons, les voici, tout au moins tels qu'ils apparaissent car en raison de la gravité des évènements qui vont suivre, leurs personnalités va se révéler et, y compris entre eux, des divergences vont apparaitre. D'abord Jeb (Ray Stricklyn), le soi disant leader (en réalité faible et lâche) ; celui que les autres surnomment Mule (Roger Torrey), c'est la bonne grosse brute ; Davy (Dee Pollock), un très jeune homme qui se présente comme un as de la gâchette et enfin Rondo (John Saxon), un mexicain en apparence plus mature et réfléchi. Face à eux, la population de Trail City. Elle est constitué de quelques commerçants plus très jeunes dont les principaux sont Jess Walters, le propriétaire du magasin général (Vaughn Taylor) et sa fille Ellie (Dolores Hart) ; Mike Baron, le propriétaire du bar (James Westerfield) ; McCauley, le shérif vieillissant (Jay C. Flippen) dont on sent bien qu'il n'est plus en mesure de tenir tête aux 4 garçons ; Kate Miller, la propriétaire du seul hôtel de la ville (Marsha Hunt) qui élève seule son jeune garçon.
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Tout ces gens attendent en vain que la célébrité du coin, le fermier Sam Christie (Jeff Chandler), ancien héros de la guerre civile mais qui en est revenu estropié -ayant perdu l'usage de son bras droit- prenne position mais non seulement il n'intervient pas alors que malgré son handicap il serait le seul à être en mesure de le faire, mais il refuse de prendre position ou même d'exprimer un quelconque avis sur la situation, préférant se réfugier dans sa ferme isolée à l'écart de la ville. Jeff Chandler n'est pas un acteur que j'admire particulièrement mais il est tout à fait remarquable dans ce personnage d'homme fort hanté par le traumatisme de la guerre. Il en est revenu affaibli, diminué et sans doute dégouté de lui-même ou au moins semblant incapable d'accepter l'homme qu'il est devenu et il s'est, pour cette raison, mis à l'écart de sa communauté.
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Ce n'est pas seulement un combattant qui a peur de se battre car, Hollywood oblige, c'est aussi un amant qui a peur d'aimer. Même si, sur ce point là aussi, le film est assez discret sur ses moyens, deux femmes sont attirés par Sam. D'abord Kate Miller, sans doute une veuve de guerre (ce n'est jamais dit) et surtout la jeune Ellie, visiblement fascinée par Sam. Ces deux interprètes féminines sont parfaites, Marsha Hunt (qui va sur ses 98 ans) et surtout la très jolie et très expressive Dolores Hart qu'on n'aura malheureusement vu que dans une poignée de films (dont 2 Elvis). Parmi les "petits vieux" de Trail City, on remarque aussi quelques bons petits seconds rôles maintes fois entrevus mais aussi et surtout John Saxon, lui aussi excellent (mais je ne dis rien de plus sur son personnage).
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Dans un western dont l'atmosphère s'apparente parfois celle d'un film noir, en dehors de la tension constante qui va crescendo, Pevney réussit de très belles séquences nocturnes, notamment une séquence de "viol" éclairée par un plafonnier mis en mouvement par l'agresseur. Cet assez bon western traite honnêtement son sujet et jusque dans l'épilogue un peu redouté, on ne déplore pas de morale douteuse sur la jeunesse délinquante. Malgré la violence de la seconde partie, la morale du film n'est pas "méfiez vous de votre jeunesse et/ou des étrangers" mais au pire il préconise qu'une bonne paire de claques, voir un bon coup de tronche, assénés suffisamment tôt peuvent permettre d'éviter d'avoir plus tard recours aux armes lourdes. Un traitement viril mais correct de la délinquance. J'en enverrais bien une copie à Christiane Taubira. Avec Le pays de la haine, l'un des deux films co-produits par Jeff Chandler. vu en vost.
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Les jeunes :
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Les vieux :
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Qui a dit : Tiens, v'là l'manchot ?
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La "même" aujourd'hui :mrgreen: . En 1963, Dolores hart a abandonné sa carrière pour devenir nonne dans un monastère de l'ordre des Bénédictins. Elle en est devenue la mère supérieure :shock:

Un entretien récent accordé par Mother Dolores :
http://romancatholicvocations.blogspot. ... -hart.html

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Re: The plunderers

Message par Commissaire Juve »

kiemavel a écrit :
Dolores Hart :oops:
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La "même" aujourd'hui :mrgreen: . En 1963, Dolores hart a abandonné sa carrière pour devenir nonne dans un monastère de l'ordre des Bénédictins. Elle en est devenue la mère supérieure :shock:

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J'allais le dire !

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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Kevin95 »

Pardon commissaire mais à l'écran le Loup est associé à la dernière image (la nonne et son sourire diabolique) et c'est comment dire... flippant. :uhuh:
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Message par Commissaire Juve »

Image Mon loup s'adresse aux deux premières captures !
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

C'est vrai qu'elle est un peu inquiétante en nonne :D . Elle n'est pas la seule starlette a s'être engagée auprès de notre seigneur (Non, pas le King, je ne parle pas d'Elvis là :twisted: ) . Faudrait savoir si c'est vraiment par vocation ou à la suite d'un traumatisme lié à la fréquentation précoce de la PPP Association (la Pervers Pèpères Prods Association) :arrow:
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Bullwhip

Message par kiemavel »

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La femme au fouet - Bullwhip (1958)
Réalisation : Harmon Jones - Production : Helen Ainsworth (Romson-Broidy) - Dist : Allied Artists - Scénario : Adele Buffington - Photographie : John J. Martin - Musique : Leith Stevens
Avec : Guy Madison (Steve Daley), Rhonda Fleming (Cheyenne Julia O'Malley), James Griffith (Karp), Don Beddoe (Le juge Carr), Peter Adams (John Parnell), Dan Sheridan (Podo)

Pour répondre à une obligation imposée par son père qui dans ses dernières volontés l'obligeait à se marier pour prétendre toucher son héritage et lui succéder à la tête de l'entreprise familiale, une jeune femme désirant garder son identité secrète et conserver son indépendance charge le juge Carr d'Abilene, qui est aussi son employé, de lui trouver un mari qui devra s'éclipser sitôt le mariage conclu. Le juge trouve le candidat idéal. Il parvient à faire condamner à mort Steve Daley, un homme qui avait tué en état de légitime défense et, à la veille de l'exécution, lui propose l'étrange marché qu'il accepte contre sa grâce et un contrat de mariage l'innocentant du crime dont on l'accusait à tord. La cérémonie est vite expédiée et Daley est libéré mais devant la prison quelqu'un tente de l'abattre. À l'issu de l'héritière, le juge Carr avait engagé un tueur à gages pour supprimer Daley afin de récupérer le document compromettant prouvant la falsification du juge et par crainte de voir l'inconnu tenter de s'imposer auprès de sa patronne. Avec l'aide de son ami Podo, Daley parvient à s'enfuir. Les deux hommes cherchent à rejoindre le convoi dirigé par la mystérieuse inconnue, poursuivis par Karp, le tueur à gages à la solde du juge…
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Un western mouvementé mais bourré de défauts car si on ne s'ennuie pas, rien ne fonctionne vraiment à commencer par la variation sur La mégère apprivoisée. Rhonda Fleming interprète une métisse indienne, fille d'un homme d'affaires d'origine irlandaise et d'une princesse Cheyenne. C'est en raison de cette proximité avec la tribu dominante de la région que ce négociant en peaux avait fait fortune, ses convois étant les seuls à ne pas être attaqués par les indiens. A sa mort, pour forcer la main d'une fille dont le caractère est épouvantable, son père avait posé la fameuse condition qui contraint sa fille à ce mariage forcée. Mais si elle se plie à contrecoeur à l'injonction paternelle pour prendre les commandes de l'entreprise familiale, elle n'a aucunement l'intention de laisser un homme entrer dans sa vie et surtout avoir la moindre autorité sur elle. Harmon Jones aurait pu nous dresser le portrait intéressant d'une femme indépendante mais on est loin de Joan Crawford (Johnny Guitar) ou Barbara Stanwyck (40 tueurs) pour prendre deux exemples de personnages féminins forts vus dans le western. De toute façon, Cheyennne Julia O'Malley rentre vite dans le rang et est très vite ramené à sa condition de femme soumise dans un monde d'hommes. Elle est même bien souvent humiliée, à tel point que ça en devient comique par rapport à ce qui était posé sur le personnage au départ. Je me suis parfois demandé si l'humour était toujours volontaire mais étant donné que le scénariste était une femme - c'était le dernier scénario écrit par Adele Buffington qui signa de nombreux scénario de westerns- on peut penser que le ton semi parodique était délibéré…en tout cas je l'espère.
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D'emblée on ricane un peu en entendant les hommes de son convoi se plaindre d'être dirigés par une femme ! Mais au moins dans un premier temps, elle parvient à assoir son autorité avec pour symbole de sa dureté ce fameux fouet qu'elle ne lâche jamais mais la "femme au fouet", on ne l'a voit à l'oeuvre que dans le premier quart d'heure car elle a beau avoir du caractère et savoir manier le fouet avec dextérité, dès que Daley rejoint le convoi, il a vite fait de la mater ! Non mais !!! Vaincue et humiliée, elle est bien défendue ensuite par son garde du corps, un géant indien, mais comme lui aussi est battu à plate couture, il ne va bientôt plus rester que la ruse et la sournoiserie -l'arme favorite des femmes- à l'infortunée épouse pour tenter de reprendre le dessus. Car elle est lâchée par ses plus fidèles alliés. Le fameux garde du corps va servir les intérêts de Daley plus que le sien et elle va même être trahie par le reste de sa famille indienne. Alors qu'elle croit trouver un appui auprès des Cheyennes, au milieu d'une réunion entre les chefs et Julia, lorsqu'il apprend qu'elle vient de se marier, elle se fait réprimander par l'un d'eux et est enjointe de regagner son charriot : Tu dois obéir à ton mari et c'est avec lui que l'on va désormais traiter ! :shock: Voilà un point sur lequel blancs et indiens pouvaient s'entendre : tu causeras quand t'auras fini la vaisselle !
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Alors, évidemment, la situation entre Daley et Julia évolue, et heureusement car au début on a un peu de mal à accepter la sensuelle et sexy Rhonda en amazone craignant les hommes. Il faut la voir craintive et protestante quand Daley s'impose le premier soir dans son charriot. Lâchée par les siens et constatant que la force ne fonctionne pas, elle va tenter de ruser en cherchant à récupérer le document qui innocentait Daley. C'est ce même document qui est convoité par d'autres dans des intrigues secondaires trop compliquées et embrouillées. Avant de rejoindre le convoi, Daley avait été amené par les hommes travaillant à son service chez John Parnell, un concurrent de Julia O'Malley. Il l'assure de son soutien et compte sur Daley pour que celui ci, dès qu'il aura repris en main les affaires dirigées jusque là par Julia, lui permette de convoyer ses peaux et ses fourrures sans crainte d'être attaqué par les Cheyennes. Pour s'assurer de la loyauté de Daley, il le fait suivre et surveiller par 'Slow' Karp, le tueur à gages…qui n'est autre que celui qui a été chargé par le juge Carr de récupérer le document compromettant -décidément très convoité- et accessoirement de supprimer Daley. Le seul intérêt de ces sous intrigues réside dans le personnage du tueur énigmatique et flegmatique (interprété par James Griffith) dont on se demande (un peu) quel(s) contrat(s) il va honorer…
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Un mot sur les interprètes. Rhonda n'était pas la meilleure actrice du monde mais j'ai un faible pour la pulpeuse rousse -et plus largement pour (presque) toutes les rousses- :oops: de Hollywood et d'ailleurs. Si vous ètes comme ça, écrivez moi ! Dans Bullwhip, elle n'était pas particulièrement bien servie par un rôle mal écrit et surtout le couple qu'elle forme avec le terne Guy Madison ne fonctionne pas. Ce mou même pas particulièrement imposant aussi bien physiquement que par sa personnalité, vient beaucoup trop facilement à bout de Rhonda à mon gout et par la suite aucune alchimie ne passe entre les deux comédiens. Reste la beauté et la sensualité de Rhonda. La tunique en daim blanche qu'elle revêt (son nom indien américanisé est White Deer) pour les retrouvailles avec sa tribu a l'authenticité de celles que les indiens pourraient revêtir aujourd'hui pour exécuter une danse de la pluie pour les touristes mais c'est pas grave. Malgré ces menus plaisirs disparates et le fait qu'on ne s'ennuie pas devant le spectacle, ce western là n'est quand même pas selon moi un prioritaire. vu en vost.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Même goût pour les rousses :wink: Un western que j'avais vu ado à sa sortie en fantasmant pas mal sur les rondeurs de Rhonda, revu aujourd'hui, l'intérêt est moindre, mais j'aime bien le personnage de Karp et son interprète.
Chip
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par Chip »

Je ne sais pas si tu as le dvd de " Bad men of Tombstone" (j'ai époué un hors-la-loi)(1949) de Kurt Neumann avec Barry Sullivan et Broderick Crawford , récemment paru chez Archive WB collection, ton avis sur ce petit western noir, m'intéresse, j'ai enfin pu le revoir dans cette copie correcte de l'éditeur, et le film mériterait bien une analyse dans cette rubrique.
kiemavel
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Re: Les Westerns 2ème partie

Message par kiemavel »

Chip a écrit :Même goût pour les rousses :wink:
:D
Un western que j'avais vu ado à sa sortie en fantasmant pas mal sur les rondeurs de Rhonda, revu aujourd'hui, l'intérêt est moindre, mais j'aime bien le personnage de Karp et son interprète.
James Griffith. Il a tourné dans une multitude de westerns celui là, souvent dans des rôles plus réduits comme dans Attaque à l'aube que j'ai évoqué juste avant dans lequel on le voit dans deux ou trois scènes seulement, composant un surprenant Davy Crockett. Il est 'physiquement' un peu surprenant car on a forcément dans un coin de la tête l'image de Wayne.

Dans La femme au fouet, j'aime bien l'idée de ce tueur énigmatique et cool mais moins ce que scénariste et metteur en scène en ont fait. L'American Film Institute le crédite aussi pour les paroles et musique de la chanson du générique Bullwhip chanté par Frankie Laine. Surprenant car c'est la seule chanson qu'il aurait composé (en tout cas la seule qui est parvenue jusqu'au public) mais comme son co-auteur n'a pas été plus prolifique, je pense qu'on peut faire confiance à l'afi. Assez bonne chanson…et puis Frankie…

Des 3 films dont je viens de causer, c'est quand même La rançon de la peur que je conseillerais.
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