Nashville (Robert Altman - 1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Tancrède
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par Tancrède »

J'irais bien du côté du z1 mais il suffira que je l'achète pour qu'il débarque en z2 avec ssfr!
je te le revends 5 euros si tu veux.
The_Thing
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par The_Thing »

Il faut que je découvre ce film un des rares de Robert Altman que je n'ai pas encore visionné.Récemment j'ai pu voir Gosford Park,on peut dire que notre ami du Kansas à la patate(il avait 76 ans),même si je ne l'ai pas trouvé aussi important que Trois Femmes(génial Shelley Duval )avec sa mise en scène qui me fait placer ce titre parmi les meilleurs films jamais réalisés . :)
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odelay
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par odelay »

Je viens de voir le film et je dois admettre que tout ce qui a été dit plus haut est exact. Ce film n'a pas usurpé sa réputation de classique avec sa construction très ambitieuse et extrêmement maîtrisée (le montage n'a pas dû être un mince affaire). Altman dit qu'à sa sortie le milieu "Nashvillien" n'a pas du tout apprécié le film. Il suppose que la raison était qu'il n'avait pas utilisé leurs chansons et avait préféré en demander de nouvelles à d'autres artiste non réputés. Ce qui est étonnant, c'est qu'il parvient à faire exister chacun de ces très nombreux personnages, on le survole pas, ils arrivent tous à avoir du relief malgré un temps de présence forcément réduit dans ce type de film choral. Chacun pourra choisir ses préférés, pour ma part ce sera le personnage de Géraldine Chaplin, journaliste à la BBC, à côté de la plaque, aux réflexions "autres", qui veut se méler et faire partie de cette foule, mais qui fait vraiment tache dans cet univers, ainsi que celui de Shelley Duvall, écervelée involontairement cruelle et ingrate aux tenues les plus insensées les unes que les autres.
On pense bien sûr en voyant le film, au dernier essai d'Altman, A Prairie Home Compagnon, qui aurait carrément pu être inclus au milieu de Nashville quand une grande partie se déroule lors d'un show country à la radio. La fin, très réussie, laisse un sentiment de malaise et annonce bizarrement un célèbre et terrible fait divers qui se déroulera en 1980, soit 5 ans plus tard.

A noter aussi la présence d'Elliot Gould et de Julie Christie dans leur propre rôle. Il est amusant de noter que quand cette dernière apparait dans une boîte, qq'un lui parle du Docteur Jivago à quelques mètres de Géraldine Chaplin qui elle joue un personnge de fiction. Si les deux s'étaient parlées dans le film (ce qui n'arrive pas), on aurait eu une sorte de clash entre la fiction et la réalité.
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Jack Carter
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par Jack Carter »

Le film ressort en copies neuves en France le 6 juillet 2011 :D

esperons que ça annoncera un dvd quelques mois plus tard !
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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gnome
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par gnome »

Ça serait pas trop tôt...
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Nestor Almendros
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par Nestor Almendros »

Ressorti la semaine dernière en salle, c'était pour moi l'occasion de revenir vers Robert Altman après la redécouverte récente de M.A.S.H. en blu-ray.

NASHVILLE adopte cette forme chorale que le cinéaste s'est appliqué à développer et affiner avec les années jusqu'à devenir une marque de fabrique dont on peut constater ici à quel point elle n'est pas usurpée. Pendant une grosse partie du film (le premier tiers et la dernière demi-heure, disons) le récit épate par sa maîtrise et son rythme. Plus de vingt personnages se rencontrent, se croisent, se dispersent devant la caméra d'un Altman très inspiré qui ne perd ni le spectateur ni le rythme de son oeuvre. Très musical (la musique country est omniprésente, les chansons se succèdent) le film est également une observation lucide de la société de l'époque (mais a-t-elle beaucoup changée depuis ?). Des personnages de tous bords, de tous horizons, de toutes classes s'y croisent sans jamais vraiment créer un contact. La société a beau être cosmopolite et offrir des opportunités de mixité (le simple soldat ou la hippie croisent des stars de la chanson, une serveuse est engagée par un conseiller politique, etc.), le mélange n'aboutit pourtant pas à créer une véritable communauté. Il y a trop de d'individualités, de fermeture sur soi, pas assez d'attention et de coeur (cf. l'oncle qui souffre en silence, seul dans son chagrin). Formellement réussie, cette narration éclatée donne un style singulier au film tout en illustrant pertinement son discours. Si ça couche ensemble c'est pour une nuit, si ça appartient à la famille du show-business ça n'en déteste pas moins ses concurrents (les deux chanteuses qui n'apparaissent jamais sur la même scène), si les textes des chansons prônent des valeurs simples et justes, les égos finissent par dévoiler l'intérêt personnel (Haven Hamilton qui ne supporte pas d'être moins entendu que ses choristes, dans le studio d'enregistrement), etc.

Altman ajoute un élément politique explicite en reproduisant ici un leit motiv croisé dans M.A.S.H: les annonces du dj dans les haut-parleurs du camp militaire on fait place aux arguments à charge contre le système politique US scandés depuis une fourgonnette qui traverse la ville au gré des scènes. Ils sont scandés pour louer ce mystérieux candidat (que nous ne verrons jamais) qui semble alors être l'élu dont le pays a besoin: mais là encore le peuple ne semble pas (vouloir ?) entendre malgré l'évidence du discours et la tenacité du speaker (au moins pendant deux tiers, on le perd de vue par la suite). Par ces commentaires acerbes sur les représentants politiques, Altman ajoute une pique intéressante et très subjective à cette description sur l'Amérique. Si, par exemple, l'acharnement contre les avocats qui pullulent au Congrès peut faire sourire, la pertinence de ces critiques renforce l'honnêteté de la démarche.

NASHVILLE montre derrière ses images, ses personnages, ses situations, une célébrité trompeuse qui cache une réalité moins lisse qui appelle des comportements plus discutables (Opal qui ne s'intéresse pas « aux employés »). Le film décrit un cirque médiatique auquel nous sommes désormais habitués. Ces apprentis stars, certains sont d'ailleurs seuls à croire à leur talent, ces doux rêveurs d'un lendemain sous spotlights, nous rappellent les candidats de ces nombreux radio-crochets télévisés qui innondent nos ondes aujourd'hui.
Dans ce brouhaha de personnages et de destins qui se jouent, le film tisse un lien toujours d'actualité entre le spectacle et la politique, entre la communication et la manipulation subtile et sous-jacente. En montrant les coulisses d'un meeting électoral qui joue sur l'attraction populaire de stars locales (« musique de red-necks ») pour attirer le votant potentiel, le film montre aussi une récupération qui va dans les deux sens: utile pour le succès de l'évènement, bénéfique pour ces artistes en mal de notoriété. Tous participent à ce barnum géant (des bribes de « réalité » réunies en image par le talent d'Altman) où l'apparence est reine.

Comme on l'a justement souligné le film n'a pas de trame ou d'intrigue réellement assumée. Ainsi, malgré une maestria réjouissante quant au brassage des foules et de la gestion narrative, une ambiance étonnante qui lorgne effectivement vers le documentaire (les chansons sont crédibles, les scènes de concert également, avec ces spectateurs qui s'avancent pour prendre en photo leurs idoles) je suis pourtant resté assez distant vis à vis du film. Dès qu'on s'éloigne des mélanges pour se concentrer sur des scènes plus intimes entre certains personnages, j'ai senti que cela avançait beaucoup moins vite, que du flottement se faisait sentir. Et l'accumulation de chansons finit peut-être par paraître un peu monotone (pour ceux , comme moi, qui goûtent modérément à ce style de musique...).
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odelay
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par odelay »

Peut être la plus belle scène du film : Keith Caradine chante LA chanson du film, le superbe "I'm easy", et 4 femmes parmi le public croient que c'est pour specialement pour elles. Lily Tomlin, qui joue la femme au foyer qui finira par céder aux avances du folkeux après avoir refusé maintes et maintes fois, est juste bouleversante. L'une des performances muettes et immobiles les plus marquantes de l'histoire du cinéma.


Nestor Almendros
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par Nestor Almendros »

Très belle scène et très belle chanson: je suis d'accord.
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gnome
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par gnome »

Cette scène prouve qu'Altman était un très grand !!!
Et me donne méchamment envie une fois de plus de découvrir ce chef d'oeuvre. A quand une édition Z2 de ce film. Je pourrais me rabattre sur la Z1, mais mon épouse ne pourrait en profiter... :|
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odelay
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par odelay »

Je viens de me rendre compte que l'actrice/chanteuse de country Ronee Blakley, celle qui joue la star de country qui pète un plomb et qui...
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se fait tuer à la fin
, jouait la femme de John Saxon et donc la mère de Heather Langenkamp dans les griffes de la nuit de Craven. Il me semblait bien que je l'avais vue qq part!
stevenn33
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par stevenn33 »

Vos critiques font plaisir, Nashville est pour moi le film le plus abouti d'Altman ( même si son ultime chef-d'oeuvre restera Trois Femmes ), et sans aucun doute un de mes films préférés de tout les temps. J'en ai rédigé une critique :

24 acteurs, 24 personnages ( et quelques autres en plus même ). Nashville est un film choral, et il est juste parfait. En quoi est-il plus réussi que les autres ? Raisons multiples : Excellents acteurs dans des personnages géniaux, travaillé pour tous et auxquels on s'attache, une excellente utilisation de l'espace dans cette ville de Nashville ainsi que du temps concentré sur cinq jours. Enchaînement de scènes plus qu'impeccable, on passe de tel à tel personnage, de connexions entre-eux, c'est juste trop génial et parfaitement manié. Je vois pas comment on peut s'ennuyer devant un tel film surtout que des chansons arrivent de temps en temps pour remettre dans l'ambiance, elles sont très bien placées.
Les chansons justement j y viens. Comme c'est un film musical avant tout ( pour ceux qui ne savent pas Nashville est la capitale de la musique country ) il faut qu'elles en jettent. Et c'est merveilleux. C'est l'une des meilleures bande-son qu'il m'ai été d'entendre dans un film. Les acteurs ont eux-même composé leurs chansons et ils y ont mis beaucoup du leur dedans. On ressent une passion tellement forte quand on les entend chanter, la palme revenant à Ronee Blakley jouant Barbara Jean, la grande dame du country, qui met absolument tout son coeur quand elle chante ( écouter Dues elle est impressionnante ), une voix d'une telle puissance, c'est juste incroyable ! Et les autres ne sont pas en reste, on oubliera évidemment pas les chansons patriotiques d'Henry Gibson, la magnifique sérénade de Keith Carradine qui remporta l'oscar et le golden globe de la meilleure chanson, ou encore ma préféré, Since you've gone du trio ou à chaque fois que je l'entend j'ai envie de crier comme Robert DoQui le refrain. C'est ça la force principale de ce film.
Les paroles toujours portés sur cette Amérique et ces bonnes vieilles valeurs, parfois attaché à un personnage. Ainsi For the Sake of the Children est lié à cette mère jouée par Lily Tomlin ou Dues à Barnett, le mari de Barbara.

Ca ne s'arrête pas là. Nashville c'est une satire sociale super réussi sur le monde du show-bizz, de la réussite dans le monde de la musique.
On a ces deux star, Barbara Jean et Haven Hamilton qui sont une caricature totale de Loretta Lynn et Conway Twitty. La première magnifique et si gentille mais légèrement décalée sur la réalité, qui se fait dominer par son mari et qui va être l'injuste bouc émissaire de tout ça, c'est dégueulasse. Le second qui sous ses airs sympathiques n'est en réalité qu'un enfoiré qui ne cracherais pas sur une place de gouverneur en échange d'un peu de soutien au parti républicain...
On a ce chanteur noir qui ne réussira jamais à se débarrasser de sa couleur. Le fils d'Haven hyper cool et bon chanteur mais qui vivra à jamais dans l'ombre de son père. Ce chauffeur qui sera toujours considéré pour sa place.
On a ces fans ingrats, Shelley Duvall qui représente la parfaite groupie, ou encore cette chanteuse qui chante ultra faux mais qui veut tant connaître le succès ce que l'on peut vraiment comprendre dans un désir de vouloir ressembler à ses idoles, quitte a être obligé de faire un honteux strip-tease devant tout le monde. Horrible, comment faire écrouler les rêves en une seule scène.
On a l'avenir de cette musique avec cette très médiocre Connie White, remplaçante de Barbara, qui représente à elle-seule la chute de la musique country. On a cette gentille mais finalement méprisable journaliste remplie de clichés symbole de la vieille Europe qui joue la groupie pour s'introduire auprès des stars.
Ma préférée de tout ces personnages géniaux c'est cette très bonne chanteuse, Winifred, qui durant tout le long du film va essayer de chanter sur scène sans jamais y arriver. Tellement de grands talents broyés car on ne leur a jamais donné leur chance.
On a ce trio qui représente la liberté et décadence que prend la musique aujourd'hui, et cette Lily Tomlin qui est attirée comme beaucoup d'autres gens j'en suis sur mais qui est prit par les obligation de sa vie sans passion.
On a le plus gros enfoiré de tous, le malicieux John Triplette, le représentant du très mystérieux candidat républicain dont on ne cesse d'entendre les prêches par ce camion qui circule dans la ville. Celui-ci passe son temps à harceler les personnages pour faire de la country une musique politiquement engagé dans cette campagne.
Enfin on a Kenny, victime de tout cela qui finira par éclater.
Il y a encore d'autres personnages, mais vous l'aurez compris, ils sont tous superbes, tous ont leur part dans cette satire. On nous présente si bien l'envers du décor, ces rêves que tout le monde peut avoir mais qui s'écroulent face à la réalité des choses, l'idiotie du succès.

Et puis il y a ce final grandiose qui réunit tout les personnages pour finir sur un ironique et magnifique It don't Worry Me. Du gospel pour finir, annoncerait-on la fin de la country ? J'en ai l'impression, après avoir vu ce film difficile d'imaginer encore un avenir glorieux à un style totalement vendu.
Nashville est donc un très grand film. Un exploit de la part d'Altman qu'il réitérera 20 ans plus tard avec Short Cuts.


Pour ceux qui voudraient le voir, il est dispo sur le net avec des sous-titres anglais. Ne faites pas vos fainéants, ce n'est vraiment pas compliqué à comprendre même s'il y a beaucoup de dialogues, l'essentiel est saisi.
Il m'a fallu enchaîner direct un second visionnage pour réussir à tout comprendre et surtout me retrouver dans tout ces personnages.
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gnome
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par gnome »

Tiens, je ne sais pas si ça a été dit, mais j'ai lu hier dans un bouqun que je feuilletais que Nashville avait été le premier film dont la musique ait été jouée live pendant le tournage...
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Demi-Lune
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par Demi-Lune »

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Même si je goûte moyennement à la country (je la préfère quand je vais manger à Buffalo Grill :mrgreen: ), Nashville est un de ces films oubliés du Nouvel Hollywood que je fantasmais depuis avoir lu le bouquin de Biskind. La découverte est heureusement à la hauteur de l'attente, même si je n'en ferai pas pour autant le film le plus accompli d'Altman: le lynchien 3 femmes ou, pour en rester sur le registre choral, Shorts cuts, me paraissent être des travaux encore plus aboutis. Mais il faut reconnaître que le foisonnement de Nashville (et ce, dès son générique génial) est véritablement impressionnant et matriciel par rapport aux polyphonies plus tardives du réalisateur. Par son ampleur, ses caractérisations et son état d'esprit ambiant, on a l'impression de voir une sorte de film-somme des années 70, qui englobe et télescope dans un même geste toutes sortes d'existences modestes et de doutes. Desperate housewife, vétéran du Vietnam, hippies, politique post-Watergate, combinards, stars névrosées et étoiles dans les yeux: le tableau est presque exhaustif. On se prend naturellement à avoir des favoris parmi cette galerie (mention spéciale aux looks totalement surréalistes de Shelley Duvall, ou encore à cette pauvre Sueleen Gay, sans talent autre qu'anatomique).
La différence pour moi par rapport à Shorts cuts, auquel on pense forcément, c'est l'aspect plus lâche des enjeux à l'échelle individuelle. Il y avait progressivement un vrai "suspense" là où la dramaturgie de Nashville est très minimaliste. Il y a bien sûr tous ces entrecroisements des personnages et des lignes de fuite mais l'histoire donne le sentiment de flotter, d'être en impro, de prendre son temps en permanence pour être au plus près des personnages et du "mood" de la musique country. Chapeau à qui saura résumer Nashville. En un sens, c'est un film choral exemplaire parce qu'on n'y sent justement pas tellement la plume du scénariste-démiurge, même lors du final qui rassemble tout le monde. J'avoue être plus sensible à l’implacabilité dramatique de Short cuts, plus émouvant et plus intéressant à suivre par sa manière de tenir tous les fils et de faire monter la mayonnaise. Nashville exige sans doute plus de patience afin que sa petite musique finisse par cueillir. En l'état, c'est quand même un grand film caustique et pessimiste (ce Show must go on final !).
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ed
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par ed »

Ton texte m'a donné envie de revoir les 10 dernières minutes ; elles sont tout bonnement incroyables. J'en ai des frissons. Une de mes fins préférées, assurément, en restant pourtant d'une simplicité confondante.
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Joshua Baskin
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Re: Nashville (Robert Altman - 1975)

Message par Joshua Baskin »

Vu hier,
Il rejoint directement mon palmares 2015.
Un film énorme de 2h40 qui ne raconte rien mais qui en somme raconte tout le sud des Etats-Unis.
Altman traite de la même façon l'evenement le plus anecdotique comme l'evenement le plus tragique de la meme facon, sans emphase mais toujours avec justesse.

Chef d'oeuvre.
Intersections Global Corp.
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