Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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francesco
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sonja Ziemann)

Message par francesco »

Excellent souvenir du Bal de l'opéra (vu grâce à MusicMan d'ailleurs) qui est l'adaptation d'une opérette célèbre (encore connue pour le merveilleux "Im chambre separée") : on est pas loin de la gaudriole la plus complète (tout le monde veut cocufier tout le monde) mais la partition et surtout le côté crème fouettée à la viennoise dans les costumes, les décors et la photo rendent le film particulièrement savoureux. Pour les amateurs on retrouvent le valet de chambre de Sissi impératrice dans un rôle plus important (ou du moins je crois l'avoir reconnu.)
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sonja Ziemann)

Message par Music Man »

Le valet de chambre de Sissi...étant donné que les 2 films (bal à l'opéra et Sissi) datent de la même année et sont du même réalisateur, ce serait bien possible.
en tous les cas Josef Meinrad joue dans les 2.(mais dans Sissi, il est colonel)
Hans Moser, second rôle hyper connu du cinéma viennois (ce brave petit père avait une façon de bafouiller qui faisait de lui une cible de choix des immitateurs), abonné aux rôles de valet ne jouait pas dans Sissi sauf erreur
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sonja Ziemann)

Message par francesco »

Zut ! Il était le valet de chambre dans les Jeunes années d'une reine alors ? (Celui qui allume le feu à la fin ?)

Marceline nous avons besoin de toi !
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sonja Ziemann)

Message par Cathy »

Non Joseph Meinrad c'est celui qui est doublé par Michel Roux dans les Sissi, le colonel Bockl, il jouait dans de nombreux films avec Magda et Romy Schneider, il joue même son père dans ce très mauvais film "Die Hallbzarte" dont je ne retrouve pas le titre français.

C'est Rudolf Vogel qui joue le rôle du valet qui fait du feu dans Les jeunes années d'une reine mais également l'oncle de Romy Schneider dans Feu d'artifice :) !
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sonja Ziemann)

Message par Music Man »

Ah oui, Rudolf Vogel (1900-1967) avec son long nez. En plus, il était très drôle dans bal à l'opéra. En 2000, pour le centennaire de sa naissance, il avait eu droit à un hommage à la télé allemande avec diffusion d'un film, comme quoi, soit il a gardé une certaine renommée outre-rhin, soit les télés allemandes sont plus respectueuses des anciens artistes.
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sonja Ziemann)

Message par francesco »

Music Man a écrit :Ah oui, Rudolf Vogel (1900-1967) avec son long nez. En plus, il était très drôle dans bal à l'opéra. En 2000, pour le centennaire de sa naissance, il avait eu droit à un hommage à la télé allemande avec diffusion d'un film, comme quoi, soit il a gardé une certaine renommée outre-rhin, soit les télés allemandes sont plus respectueuses des anciens artistes.
Il porte une grande partie de la charge comique du film sur ses épaules, et c'est vrai qu'il s'en sort très bien .... mais presque toutes les scènes sont hilarantes en même temps, si on aime cet humour !
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Marujita Diaz)

Message par Music Man »

Si le nom de la pétulante chanteuse des années 50 Marujita Diaz est toujours très populaire en Espagne, ce n'est plus à cause de ses disques ou de ses comédies musicales mais des frasques de l'excentrique vedette qui alimentent régulièrement les nombreux journaux à cancan qui pullulent dans ce pays.
En multipliant les scandales, cette mangeuse d'hommes est parvenue à rester constamment sous les feux de l'actualité, sans que son activité artistique y soit pour quelque chose.
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Née en 1932, Marujita Diaz a entamé toute petite une carrière artistique au théâtre avant d'obtenir de petits rôles au cinéma. On l'aperçoit notamment dans Andalousie (1950), populaire adaptation d'une opérette de Francis Lopez et l'un des plus gros succès du duo Luis Mariano / Carmen Sevilla.
Sa vivacité et son sens de la fantaisie, ainsi que sa voix perçante (un peu trop vibrante à mon goût) la distinguent des nombreuses autres chanteuses du moment. Elle donne deux fois la réplique au merveilleux chanteur Antonio Molina (le père d'Angéla), probablement une des voix les plus extraordinaires de par le monde. De fil en aiguille, Marujita gagne le statut de vedette à une époque où le cinéma musical espagnol triomphe et s'exporte , grâce au petit Josélito et à la troublante Sara Montiel dont la notoriété dépasse de loin les frontières espagnoles. C'est la grande vogue du films de " couplets ", romances sentimentales rétro parsemées de vieilles rengaines de la belle époque et situés invariablement au début du 20ème siècle ou "au temps du charleston" pour reprendre le titre français d'un de ses rares films exploités chez nous. L'apanage nostalgique et suranné d'un cinéma corseté par le franquisme.
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Comme Sara Montiel, Silvia Pinal et Lilian de Celis, Marujita Diaz se fond sans se faire prier dans ces films musicaux à l'eau de rose, d'intérêt fort limité, il faut bien l'avouer.
Cependant, on aurait tort de réduire Marujita à un clone de la belle Sara tant leurs personnalités sont différentes.
Petite et bouillonnante, Marujita est un vrai tourbillon de fantaisie et d'espièglerie par rapport à la placide diva Sara Montiel, juchée sur son pied d'Estale et abonnée aux amours impossibles ;
Dans son film le plus connu ¨Pelusa (1960), elle incarne une jeune artiste de cirque amoureuse d'un trapéziste (Espartaco Santoni).
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Jusqu'au happy end, un véritable assemblage de clichés entre rire et larme dans lequel figure aussi la star française Vivianne Romance dans le rôle de la maman cachée de Pelusa. Au passage Marujita nous gratifie de la petite tonkinoise, de mon homme et d'autres succès du passé ainsi que du soldato espagnol, qui sera son plus gros succès discographique.
Le mariage de la jeune actrice avec son partenaire à l'écran, Espartaco Santoni fera la une des journaux. Place qu'elle continuera longtemps à occuper compte tenu d'une vie sentimentale très agitée car leur union sera de très courte durée. Véritable bourreau des cœurs, Santoni enchaînera les liaisons avec des personnalités aussi connues qu'Ursula Andress ou Caroline de Monaco. De son coté, Marujita épousera le fabuleux danseur de flamenco Antonio Gades (dont on a pu admirer le talent dans Carmen de Carlos Saura). Leur histoire d'amour durera 20 mois pas un de plus (par la suite Gades épousera Marisol , l'ex enfant star d'Andalousie).
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Toujours dans la veine nostalgique, l'énième adaptation de la Chaste Suzanne, réalisée par Luis Cesar Amadori, metteur en scène argentin très populaire sous l'ère Peron. Dans cette opérette très colorée, production franco-espagnol, Marujita donne la réplique à Noël Roquevert et danse le cancan (elle est visiblement doublée pour les acrobaties) parmi une nuée de danseuses très expérimentées. Dans la version française, elle est doublée pour le chant par la voix haut perchée et assez différente de Mathé Althéry. En 1965, la trépidante artiste trouve un rôle à la hauteur de sa fantaisie dans un musical argentin à grand spectacle " la pergola de las flores ", avec Antonio Prieto, chanteur chilien fort populaire en son temps. Spectacle à gros budget, bien troussé avec des ballets de qualité, il s'agit probablement du meilleur film de la star.
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Le déclin du film musical ne va pas vraiment nuire à la carrière de la chanteuse, qui a toujours poursuivi parallèlement sa carrière au théâtre, au petit écran et sur disque. De la revue à la zarzuela (opérette typique espagnole) en passant par la variété et le passo doble, il est peu de genres que Marujita n'ait pas abordés.
En 1972, on la retrouve en guest star pour les passages musicaux d'une affligeante comédie la Bourse ou la vie. Telle une Mireille Matthieu ibérique, elle y détaille de sa voix très tremblée, une série d'airs célèbres espagnols dans des décors de carton pâte.
Si le répertoire et les films de Marujita Diaz font désormais partis du passé et sont liés à l'époque franquiste (on remarquera qu'elle a interprété un grand nombre de chansons patriotiques qui ont marqué cette période de dictature), l'artiste n'a jamais voulu se résoudre à l'oubli et à l'anonymat.
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Ses amours tapageuses et ses excentricités n'ont jamais lassé un certain public avide de potins plus ou moins trash. Toujours très fortunée, la star espagnole ne paraît pas du tout ses 77 ans et fréquente assidument la jet set internationale. Après sa liaison avec un acteur de porno (Dinio Garcia) qui aurait pu largement être son petit fils et qui grâce à son soutien a pu enregister un disque à succès, l'extravagante star septuagénaire aurait eu une liaison (bidon) avec Daniel Ducruet, ex mari de Stéphanie de Monaco. Invitée de l'émission de télé Ciné de Barrio, présentée par José Manuel Parrada sorte de Pascal Sevran local, la star s'est si mal comportée (en déshabillant et en papouillant le présentateur, avant de lui verser un verre de champagne dans le caleçon, tout en s'exhibant nue sur son yacht), que le présentateur vedette a été remercié (et remplacé par Carmen Sevilla, l'ex collègue de Marujita). On n'imaginait pas la télé espagnole si puritaine, mais il est vrai qu'il s'agissait à l'origine d'un spectacle destiné à un public très familial.
Gageons que Marujita n'a pas fini de faire parler d'elle et qu'elle a toujours un tour dans son sac poubelle pour relancer l'attention des médias en lançant quelques piques sur ses vieilles concurrentes Sara Montiel et Carmen Sevilla, en s'exhibant sans sous-vêtements ou en donnant des conseils en matière de sexualité.
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Dany Dauberson

Message par Music Man »

Regard triste, silhouette élancée, moulée dans un fourreau noir ou pailleté, telle apparaissait dans les années 50, Dany Dauberson, dans son cabaret parisien le Caroll’s ( dont elle partageait la direction avec la sulfureuse Frédé) où elle enchantait de sa voix profonde aux accents parfois déchirants, un public essentiellement féminin.
Une artiste racée, qui n’a fait à l’écran que de furtives apparitions. Son exigence, sa forte personnalité et quelques scandales l’ont certainement privée des faveurs du grand public. Celle que Suzy Solidor considérait comme « sa filleule » mérite néanmoins d’être redécouverte, du moins par le biais de quelques rééditions en CD de ses principaux succès.
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Née en 1925 au Creusot, Dany, jeune femme un peu sauvage rencontre à Lyon, l’actrice Carmen Torres (qui fut la vedette du film Solita de Cordoue de Willy Rozier). Leur amitié un peu trop passionnelle va provoquer un scandale, et contraindre Dany, à bout de nerfs, de monter à Paris où elle débarque un 14 juillet. Le soir même, elle rencontre Suzy Solidor, une des reines de la nuit, célèbre chanteuse à la voix grave (Lili Marlène, escale…), égérie des peintres et des photographes et icône du mouvement lesbien. Elle lance Dany qui très vite, part en tournée à travers l’Europe. Après s’être engagée dans l’armée américaine, elle commande en Allemagne le service des spectacles. On la retrouve ensuite en Egypte, au Caire et en Italie, où elle exporte la chanson française . De retour à Paris, en 1949, elle grave ses premiers 78 Tours. Si sa voix étonnamment grave, « une voix de velours dans une poitrine de fer », n’est pas encore parfaitement maîtrisée, on la remarque : mélancolie de pierre du dan est son premier tube. Sa personnalité peu banale et son physique (1 m 75, une taille de guêpe - peut -être retouchée sur les photos) intéressent le monde du cinéma. On annonce qu’elle jouera dans le secret de Mayerling de Jean Delannoy aux cotés de Jean Marais. Pourtant, ses débuts à l’écran sont ajournés. La vedette préfère se consacrer à sa carrière internationale : elle triomphe à Londres, passe à la télévision américaine et grâce plusieurs titres en anglais dont l’air du film « la fille du bois maudit » ou temptation de « Going Hollywood ».
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En dépit de la qualité croissante de ses interprétations, et de sa notoriété certaine, Dany Dauberson n’est jamais parvenue à trouver sa place parmi les chanteuses françaises les plus aimées du public (elle ne figure pas dans les classements de la revue Music hall). Est-ce imputable à un manque de répertoire personnel (elle reprend beaucoup de titres crées par Piaf (Padam), Mick Micheyl (les bourgeois de Calais), Bécaud( si je pouvais revivre ma vie, l’absent)) ou à une vie privée considérée à l’époque comme hors norme, qui la confine à un public restreint? Si les journaux ne se privent pas de semer certaines insinuations dans leurs chroniques mondaines (en insistant sur le fait qu’elle compte moult admiratrices), son répertoire est très conventionnel (à peine peut-on discerner un message dans le célèbre « ni toi ni moi » de Mick Micheyl, une de ses plus belles interprétations). C’est bien dommage, car à la fin des années 50, la chanteuse maîtrise parfaitement son art et ses disques gravés pour Pathé et Odéon absolument superbes.
Au cinéma, on découvre d’abord Dany dans l’inconnue des 5 cités , co-production internationale et film à sketchs assez inégal, puis Soirs de Paris, une comédie musicale sans lustre destinée à l’exportation, avec Rita Cadillac, star du Crazy horse et le comique Henri Genes.
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En 1957, Dany fait une courte apparition en guest star dans c’est arrivé à 36 chandelles, hommage à la fameuse émission de télé, où Dany reprend fort bien le tube de Mouloudji, un jour tu verras. La même année, on la retrouve dans un polar bas de gamme « par ici la sortie » avec Tony Wright, sorte de réplique d’Eddie Constantine. Toujours moulée dans un fourreau, la sirène de la chanson chante une romance quelconque dans un cabaret louche. En somme, rien de bien fameux.
Alors que le monde de la variété connaît des changements sans précédents, la liaison de Dany avec une princesse italienne, qui a quitté mari et enfants pour la vedette française, alimente la presse à scandale, surtout à l’étranger. Moins demandée chez nous, la chanteuse se produit encore dans le cabaret de sa vieille copine Suzy Solidor et grave son dernier 45 T (la rue sans issue) en 1965. Elle trouve un rôle secondaire de barmaid dans du Rififi à Paname, un polar de Denys de la Patellière avec Jean Gabin, où hélas, elle ne chante pas. En 1967, elle est victime d’un très grave accident de voiture avec sa compagne l’actrice Nicole Berger (tirez sur le pianiste, Noëlle aux 4 vents) qui trouve la mort.
Très affectée par cet évènement tragique, la chanteuse va abandonner son métier après quelques ultimes tournées en Israël et en Grèce. Déçue par le nouveau monde de la chanson (je reviendrai dans le métier, quand je serai aphone), elle dirige un restaurant à Antibes avant de nous quitter, emportée par un cancer, à 54 ans seulement.
La nuit sirène des cabarets chics, le jour fille de la nature et amie des animaux, Dany Dauberson n'a curieusement pas trouvé la voie qu'elle aurait mérité sur grand écran, mais laissé quelques beaux disques dont certains sont déjà réédités en CD.
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Grace Chang)

Message par Music Man »

A la fin des années 50, alors que la Chine populaire ne proposait qu’un cinéma directement contrôlé par l’État (et par l’épouse de Mao Tsé-Toung), exaltant le patriotisme, les combats de l’armée rouge ou la résistance anti-coloniale, l’île de Hong-Kong, sous contrôle britannique concoctait une production très influencée par le cinéma occidental, et notamment des films de divertissement et de charmantes comédies romantiques honnies par le régime communiste.
Dotée d’une voix de rossignol et de réels talents de comédienne, la jolie Grace Chang (ou Ge Lan pour le public chinois) fut la première star du cinéma musical de Hong-Kong, frais et exubérant, qui conserve encore beaucoup d’amateurs en Chine et par le monde.
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Née en 1934 à Nanjing, douzième enfant d’un professeur d’université, la petite Grace passe son enfance à Shanghai où elle prend des cours de chant lyrique avant de suivre sa famille pour Hong-Kong. Dès 1952, la jeune actrice obtient de petits rôles au cinéma, avant de signer en 1954 un contrat avec la firme MP&GI (Cathay) qui va faire d’elle, en quelques années, une étoile de première grandeur.
Si l’actrice parait très furtivement (dans un rôle de prostituée) dans le film américain d’Edward Dmytryck , le rendez-vous de Hong Kong avec Clark Gable (sa présence n’est même pas créditée au générique), dont certains passages sont tournés en Chine, elle est en revanche la star de Mambo girl (1957), qui va changer sa carrière et faire la fortune de son studio.
Cette adorable comédie romantique avec Peter Chan Ho (le Cary Grant chinois) va en effet enthousiasmer les spectateurs de classe moyenne, ravis par la fraîcheur et l’innocence de cette histoire d’orpheline en quête de sa vraie maman. Le film est tout simplement adorable, et notamment le personnage du papa adoptif, marchand de jouet, si attentionné pour sa fille. Il règne en outre un esprit très fifties dans cette comédie : les filles portent des pantalons, et s’éclatent en dansant le mambo et le rock lors de soirées d’anniversaire. Dès les premières secondes, Grace Chang se met remarquer en dansant sur un joli damier, avec un pantalon en vichy, tout en scandant magnifiquement un air qu’Yma Sumac n’aurait pas renié. On est immédiatement séduit par cet univers musical qui emprunte beaucoup aux rythmes latins, au jazz et au rock n’roll tout récent, tout en conservant quelques adorables ballades asiatiques.
Le triomphe du film est tel que la chanteuse fait parler d’elle à Hollywood. Elle s’y rend pour participer au fameux show télévisé de Dinah Shore, dont elle est la première invitée chinoise. Sa prestation sera suivi d’un 33 tours édité aux USA sous le libellé : « le rossignol de l’orient ».
Devenue la jeune fille idéale, Grace Chang va tourner pendant les années d’autre comédies charmantes, d’une innocence presque touchante, qui ravissent autant par leur tendresse que par leur ambiance lounge. On y aborde des thèmes du quotidien comme l’achat d’une voiture à crédit dans « la voiture de mes rêves « (1958) ou la quête du mari idéal (June bride 1960), en y insufflant toujours une bonne dose d’ironie et de musique.
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Si Grace Chang est toujours parfaite dans cette production plutôt inoffensive, sa plus mémorable et étonnante prestation demeure celle de la rose sauvage (1961) adaptation de Carmen de Mérimée à la sauce chinoise. Loin de ses rôles habituels de jeunes filles sages, l’actrice irradie littéralement dans son personnage d’entraîneuse de cabaret qui jette son dévolu sur un pianiste déjà fiancé qui cède inévitablement à la tentation. Au fil du film, on comprend que la personnalité de l’artiste est plus nuancée : ce n‘est pas qu‘une femme volage et cynique, mais un être généreux qui aide en cachette la famille d’un ancien musicien. Si certains passages mélodramatiques sont sur joués et presque risibles (notamment celui où le vieux musicien dispute sa femme pour la forcer à prendre ses médicaments pendant que les enfants pleurent), d’autres sont fascinants (comme la scène de séduction où grâce Chang parvient à conduire le pianiste dans son lit. Quelle sensualité! Coté musique, on nous offre une mixture d’airs d’opéra occidentaux (Carmen bien sûr, la veuve joyeuse…) à la sauce mambo, jazz ou blues : c’est souvent très réussi, grâce à la voix ensorcelante et à l’éclectisme de Grâce Chang.
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Après ce triomphe, Grace Chang se marie et part en lune de miel autour du monde. Elle se lasse très vite de sa carrière au cinéma, qu’elle abandonne dès 1964. C’est vraiment dommage car une artiste aussi douée aurait certainement pu explorer encore d’autres horizons, notamment quand on regarde un de ses derniers films Par sa faute (1964), en scope et en couleurs, mis en scène par Wang Tialin auquel on doit déjà la rose sauvage. La variété des numéros musicaux y est impressionnante.
Si Grace Chang a déserté les écrans depuis 45 ans, son souvenir est resté vivace et elle ne cesse de gagner de nouveaux admirateurs qui redécouvrent ses films via les DVD. Ses chansons sont reprises dans des films récents (notamment the hole the Tsai Ming Liang en 1997). Invitée en 2004 par la cinémathèque française, l’artiste a du renoncer à son voyage, comme suite au décès de son époux.
Elle a toutefois accepté de paraître aux festivités organisées pour les 5 ans de la rétrocession de Hong Kong à la Chine.
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Mervat Amin)

Message par Music Man »

Après avoir débuté aux cotés des deux plus fameuses étoiles du cinéma musical égyptien, Abdel Halim Hafez et Farid El Atrache, la ravissante Mervat Amine s’est rapidement imposée comme une des principales étoiles du cinéma égyptien des années 70 et 80, établissant la jonction entre un cinéma populaire et sentimental, et des films davantage encrés dans la réalité quotidienne. Son visage tranquille, sa grâce et sa douceur, et sa voix un peu cassée la démarquent d’emblée des vamps un peu vulgaires du cinéma égyptien de cette époque, et ses qualités de comédienne n’ont cessé de s’affirmer au cours de sa longue carrière dans des rôles plus nuancés, même si son coté trop limpide et son jeu intériorisé n’ont pas toujours été bien exploités.
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Née en 1948 en Haute-Egypte, Mervat Amine est la fille d’un ophtalmologiste. Fascinée par les films américains qu’elle découvre à la télévision, le jeune fille rêve du monde du cinéma tout en poursuivant à la faculté des études d’anglais qui ne la passionnent guère. C’est finalement par hasard qu’elle débute dans Ames perdues d’Ahmed Mazhar, en accompagnant une amie sur les plateaux de tournage. Il est probable que look très occidental (sa maman est écossaise) lui a été d’un grand secours (le public arabe étant fasciné par les actrices « exotiques » comme Myriam Fakhr el Dine qui ressemblait un peu à Grace Kelly). Son élégance et sa douceur sont d’emblée remarqués. Elle participe ensuite au Procès 68 (1968) de Salah Abouh Seif, précurseur du cinéma réaliste égyptien , qui a souvent travaillé avec le grand romancier Naguib Mahfouz. En évoquant des querelles d’un quartier du Caire, résultant de la vétusté de certains appartements, le film prend partie pour la jeunesse et les classes défavorisées en offrant une image réaliste de la capitale égyptienne.
Le mythique chanteur Abdel Halim Hafez, au sommet de sa gloire, remarque la douce Mervat dans un film d’Hussein Kamal et l’engage illico pour son nouveau film Mon père sur l’arbre. Cette comédie musicale résolument moderne, qui aborde avec une certaine audace des thèmes comme le sexe avant le mariage, et dans laquelle les principaux protagonistes chantent sur la plage en maillot de bain, attirera la foudre des conservateurs mais remportera un succès sans précédent (le film demeure un des plus gros succès commercial de l’histoire du film égyptien). Abdel Halim y incarne un étudiant (dont il n’a plus l’âge) en pleine santé, épris de la jeune et prude Mervat, qui se laisse prendre dans les filets de la voluptueuse et vénale Nadia Lotfi. Les passages chantés par le chanteur sont superbes et Mirvat, délicieuse dans son rôle de jeune fille fraîche et raisonnable. L’immense succès du film va cantonner pendant plusieurs années Mirvat dans ce genre de personnage.
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Elle alterne alors des films ambitieux comme Conflit sur le Nil de Hussein Kamal (1972) qui dépeint la décadence de la société égyptienne sous Nasser (il évoque l’usage de la drogue dans la haute société cairote et sera d’ailleurs interdit dans de nombreux endroits, y compris en Europe!) avec des romances commerciales plus faciles comme les mélodies de ma vie (1974) qui sera le dernier film du légendaire Farid el Atrache, et dans lequel elle donne aussi la réplique au populaire comédien Hussein Fahmy , son futur mari. Elle y fait montre non seulement de son charme habituel mais aussi d’un joli talent pour la danse en participant à quelque ballets avec infiniment de grâce, de sensualité et de distinction.
On la retrouve aussi dans les farces populistes et franchement pas subtiles interprétées par Adel Iman, acteur comique très aimé du public qui se retrouve dans ses personnages de petit homme pris dans les rouages de la société moderne.
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Petit à petit, la star va faire évoluer son personnage en abordant le plus souvent aux cotés de son mari Husein Fahmy, des rôles plus sexy et provocants, mais tout en gardant une touche de classe et de sophistication que pourraient lui envier Nadia el Gindi et d’autres vedettes du moment, qui confondent souvent sensualité et vulgarité. Elle effectue un strip tease presque intégral pour Rushdy Abaza dans une scène particulièrement osée dans d’un derniers films du fameux séducteur.

Sans avoir la technique de pro de la danse comme Samia Gamal ou Naima Akef, elle sait onduler à l’occasion avec infiniment de séduction.
Dans les années 80, sa rencontre avec le réalisateur Atef el Tayeb, lui permet de changer radicalement d’univers après les comédies coquines aux clins d’œil un peu trop convenus. Dans le chauffeur d’autobus (1980), Mirvat lutte avec son mari pour sauver la petite entreprise de ce dernier.
En 1988, Mervat trouve son meilleur rôle dans l’épouse d’un homme influent, un drame réalisé par Mohamed Khan, réalisateur de la nouvelle vague, très intéressé par l’influence du milieu social et de l’environnement sur l’être humain. Elle est juste et touchante en épouse d’un autoritaire et irascible commissaire de police, qui se réfugie dans l‘écoute des chansons de sa jeunesse.
L’année suivante , elle est la partenaire d’Omar Sharif dans le marionnettiste, un film engagé sur les dus fonctionnements de l’État.
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En 2001, l’actrice a joué le rôle de l’épouse du président Sadate dans une biographie dominée par une excellente interprétation d’Ahmed Zanki (même si la plupart de ses cènes ont été coupées lors des rediffusions télévisées).
Mariée et divorcée 4 fois, Mirvat Amin n’a rien perdu de sa séduction, même si on la voit désormais davantage à la télévision (feuilleton le cerf-volant) qu’au cinéma. Une belle artiste, qui a su prendre les virages d’un cinéma et d’une société en pleine mutation, même si on peut regretter que son talent n’est pas été davantage exploité. Comme beaucoup d’autres stars du cinéma, du sport et de la politique en gypse elle a été récemment la victime d’une gigantesque escroquerie organisé par un investisseur surnommé le Bernard Madoff égyptien.

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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Major Dundee »

Music Man a écrit :Et si on faisait à présent un petit passage à basse altitude sur le « cinéma de papa » des années 50 et ses nanars quasiment invisibles de nos jours en évoquant la troublante actrice argentine Tilda Thamar, la reine du navet, « la bombe atomique argentine », qui a aligné avec constance les polars sans âme et les musicals pâlichons : une vedette très médiatique, mais qui faisait beaucoup plus parler d’elle dans les cocktails mondains et dans les journaux à cancan que dans les revues sérieuses de cinéma.

L’autre spécialité de Tilda reste le polar, bas de gamme le plus souvent comme l’assommante femme à l’orchidée, lourdement mise en scène par Raymond Leboursier : ennui garanti, ou la suite des pépées font la loi (les pépées au service secret) avec Louise Carletti, autre star des polars de série Z (la maman d’Ariane du club Dorothée).
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Juste pour signaler aux amateurs que "La femme à l'orchidée" passe en ce moment sur Ciné Polar.
Et je confirme à Music Man que ce n'est pas elle qui est assommante, c'est carrément le film :wink:
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Mervat Amine)

Message par Music Man »

C'est vrai, c'est un sacré navet.
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Lizzy Waldmüller)

Message par Music Man »

Pendant la guerre, le public allemand avait besoin d’évasion et de divertissement. Nombreuses opérettes filmées furent ainsi mises en chantier pour distraire les spectateurs qui le temps de quelques roucoulades pouvait ainsi s’échapper de leur sombre quotidien. La piquante brunette Lizzi Waldmüller fut la vedette principale de ces viennoiseries légères : des films, souvent très datés sont enfouis dans les mémoires, mais qui ne déplairaient pas aux amateurs du genre.

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Née en 1901, Lizzi Wald Müller toujours baigné dans le monde du spectacle : sa mère était chanteuse et son père, directeur d’une compagnie théâtrale. Aussi la gamine débutera très tôt sur les scènes viennoises. Après avoir pris des cours de chant, la jeune artiste joue les soubrettes dans de nombreuses opérettes à Innsbruck, Vienne et Berlin.
Elle obtient notamment un succès notable dans l’opérette de Paul Abraham « Viktoria et son hussard », qui sera porté à l’écran en 1932 puis 1954. A l’arrivée du cinéma parlant, les producteurs sont plus que jamais à l’affût des jolies artistes des scènes théâtrales. Lizzi est engagée comme vedette de « la mouche espagnole », une farce mise en scène par Georg Jacoby, un vieux routier du muet plus connus pour ses films ultérieurs avec Marika Rökk. Néanmoins, ni ce film ni les suivants (dont lachenden erben de Max Ophuls une comédie bien enlevée mais totalement étrangère à l’univers de ce cinéaste) ne vont permette à la chanteuse de s’imposer. Un peu déconfite, Lizzi préfère se tourner vers la chaleur des applaudissements : elle rencontre et épouse Max Hansen célèbre cabarettiste à l’humour coriace, créateur à la scène du rôle principal de l’auberge du cheval blanc. L’artiste juif, attaqué par les nazis (qui lui avaient lancé des tomates lors d’un spectacle), est contraint de quitter l’Allemagne pour l’Autriche puis la Suède (ensemble ils tourneront un film là bas en 1936).
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Après leur séparation, l’actrice revient en Allemagne où elle doit repartir à zéro : Willi Forst, probablement le plus talentueux confectionneur de viennoiseries filmées, l’engage pour un court rôle de soubrette dans l’adaptation de Bel ami de Maupassant. Dans le petit rôle d’une ex du fameux séducteur, Lizzi n’a pas beaucoup de scènes mais une chanson magique , l’entraînante « bel ami » qui remporte un triomphe aussi bien en Allemagne que chez nous (par Tino Rossi et Eva Busch).
Portée par cette mélodie triomphale, Lizzi devient enfin à près de 40 ans une grande vedette du film musical et va tourner sans discontinuer jusqu’à la fin de la guerre.
Parmi ses apparitions les plus remarquées, musique de rêve, un film revue avec le célèbre chanteur d’opéra Benjamino Gigli. Dans un passage très inspiré de Busby Berkeley (et copié plus tard par Ken Russell dans th boy friend), Lizzi monte sur un gramophone géant et danse sur un disque 78 tours tandis que les silhouettes des girls se reflètent sur les murs. Comme souvent dans les films allemands de l’époque, les décors sont hideux mais les chansons de 1er ordre. Lizzi tourne également dans la version italienne de ce film où Rossano Brazzi tient le rôle principal.
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Dans une nuit à Venise qui reprend les motifs d’une fameuse opérette de Strauss, Lizzi donne la réplique à Heidemarie Hatheyer, actrice dramatique fort talentueuse.
La comédienne viennoise remporte son plus grand succès dans folies nocturnes (1941) , opérette de la fin du 19ème siècle, une pièce montée plutôt réussie si on se réfère aux critiques (très contrôlées) de l’époque. Elle y livre un très emballant « berliner luft" qui sera repris par Zarah Leander et même plus récemment par des patineurs allemands pour accompagner leur prestation.
La voix et l’entrain de Lizzi sont bien utilisés dans Es leben die liebe, musical de bon aloi, avec Johannes esters le « grand seigneur du film viennois ». Les mélodies romantiques sont superbes et placent cette opérette parmi les meilleures de cette sombre époque.

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Réputée pour ses qualités de cuisinière, la vedette était connue pour mitonner pour ses collègues des bons petits plats dans ses chambres d’hôtels avec des produits achetés au marché noir. En pleine alerte à la bombe, pendant les bombardements viennois d‘avril 1945, la star se hasardera à quitter sa cave pour faire la cuisine. Elle sera tuée instantanément par une explosion. Compte tenu des circonstances tragiques, son compagnon, l’acteur du muet Egon Von Jordan sera obligé de l’enterrer lui même dans un bois voisin en recouvrant son corps de papiers d’emballage.
Une triste fin pour une artiste si souriante à la voix radieuse, fantôme d’un cinéma endormi sous les décombres.

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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sheree North)

Message par Music Man »

Lancée à la fin des années 50 par la 20th Century Fox pour remplacer la capricieuse Marilyn Monroe, Sheree North était bien plus qu’une copie carbone aux cheveux peroxydés. Cette excellente danseuse n’a pas vraiment eu l’occasion de faire valoir son talent dans les comédies frivoles qu’on lui a proposé et que Marilyn, pas folle, avait refusé. Parallèlement, le musical hollywoodien brillait alors de ses derniers feux, et la vedette n’a pas eu le temps de s’imposer sur grand écran.
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Née en 1933 à Hollywood, Sheree North a passé son enfance à deux pas des grands studios de cinéma. Orpheline de père, elle travaille très tôt dans différentes troupes de danse après avoir falsifié son âge . Mariée à 15 ans, mère à 16, divorcée à 17, ses débuts sont difficiles. Après avoir dansé dans des cabarets mal famés, la jeune femme est contrainte de tourner dans des courts métrages sexy, diffusés dans les peep shows, pour arrondir les fins de mois., dans lesquelles elle se livre à des danses lascives en petite tenue. Entre deux spectacles de night club, la danseuse parvient à s’infiltrer dans les studios de cinéma, comme doublure pour des scènes de danse ou de la simple figuration. Grace au soutien du chorégraphe Robert Alton, son nom apparaît enfin au générique de Il y aura toujours des femmes, amusante farce sur Jack l’éventreur avec Bob Hope et Rosemary Clooney, où la plupart de ses scènes seront coupées. Finalement engagée à Broadway, pour une adaptation musicale de la joyeuse suicidée (une screwball comédie ), la jeune actrice décolorée en blond platine comme Carole Lombard, la star du film d’origine est remarquée pour sa prestation très sexy.
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Fini le temps des vaches maigres : la coqueluche de Broadway qu’on compare déjà à Marilyn, se voit logiquement proposer un rôle dans l’adaptation filmée du spectacle « C’est pas une vie Jerry » avec Jerry Lewis. Son numéro complètement survolté de charleston avec un Lewis délirant (et très à l’aise) est très remarqué. Alors qu’à la même époque, on surnommait en France Gilbert Bécaud Monsieur 100 000 volts, cette appellation n’aurait pas été usurpée par la belle Sheree! Après l’avoir vu danser de façon effréné un rock dans un show TV(jugé trop torride par le sponsor du show ) , Daryl Zanuck, le patron de la Fox, emballé, lui signe un contrat, avec une curieuse idée derrière le crâne.
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La vedette principale du studio, Marilyn Monroe s’averrant de plus en plus difficile à gérer , Zanuck menace de confier tous les rôles qu’elle refuse à Sheree ( il avait fait la même chose autrefois en intimidant Alice Faye avec Betty Grable, puis Grable avec June Haver, puis Haver avec Mitzi Gaynor). Chose facile car elles ont les mêmes mensurations et peuvent donc échanger leurs costumes! L‘agent de Sheree claironne déjà que sa protégée va jouer dans la joyeuse parade, quand finalement Monroe, inquiète se ravise et finit par accepter un rôle qu‘elle jugeait trop court à l‘origine. De même, la presse est largement conviée à suivre les séances photos de Sheree pour une comédie refusée par Marilyn qui finalement ne verra jamais vu le jour. La blonde fantôme, autre projet rejeté par Marilyn, se concrétisera en revanche sur grand écran avec Sheree : le médiocre résultat , du à un scénario stupide, montre que Marilyn avait du discernement.
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Sheree tire néanmoins son épingle du jeu avec un rock endiablé dont elle a le secret (le premier rock de l‘écran américain si on en croit les journaux de l‘époque) et éclipse sans mal une Betty Grable en fin de course (ce sera son dernier film). Alors que le film disparaît vite des écrans, la jeune vedette est rattrapée par les films coquins qu’elle avait tourné en période de disette (comme Marilyn l’avait été avec son calendrier). Finalement, le mini scandale lancé par des journalistes mal intentionnés ne lui sera pas nuisible et ne fera qu’asseoir l‘image de vamp exagérément sexy que la Fox lui façonnait .
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Alors que le magazine Life titre imprudemment « Sheree North supplante Marilyn Monroe », la jolie blonde joue avec Tom Ewell dans Chéri, ne fais pas le zouave de Frank Tashlin, une comédie dans la lignée de 7 ans de réflexion, en beaucoup moins réussi. Dommage,car l’actrice y fait preuve de beaucoup de naturel et de chaleur humaine, loin de l’image de sex symbol que la Fox tentait d’imposer de façon insistante. Dans le musical « les rois du jazz », biopic très hollywoodien, avec Gordon MacRae, la comédienne donne encore une prestation explosive dans le meilleur numéro du film : un charleston rappelant un peu la prestation d’Ann Miller dans au fond de mon cœur, mais auquel elle apporte sa sensualité et son effervescence avec brio. Loyale, elle avouera avoir été doublée pour le chant. Alors que l’imposante Jayne Mansfield s’impose comme la nouvelle concurrente de Marilyn, Sherree, contente d’échapper à cette compétition tourne dans un western puis un film de gangster à petit budget, où les critiques distinguent sa prestation, tout comme pour les sensuels un drame psychologique
de Martin Ritt. Néanmoins, la Fox toujours en quête de nouveaux sex symbols, n’a plus envie de miser sur elle, et la congédie après Mardi gras un musical pâlichon avec le gentil Pat Boone, rocker de bonne famille. On peut d’ailleurs se demander si son agent Henry Wilson, connu pour avoir promu la carrière de jeunes éphèbes comme Rock Hudson, Tab Hunter ou Troy Donahue était vraiment l’homme de la situation pour mener la carrière de la nouvelle Marilyn.
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Meurtrie par cette mise à l’index, l’étoile filante consulte un psy qui devient son troisième mari. Après une longue période d’inactivité, elle part en tournée avec les spectacles Can Can ou Irma la Douce. Finalement, elle fait son come-back à l’écran dans un ridicule nanar de science fiction avec un vilain monstre marin en caoutchouc, à bord d’un objet flottant non identifié. Heureusement, l’actrice a enfin la possibilité de faire preuve d’un réel talent de comédienne dans des films plus prestigieux comme Terreur sur la ville (Madigan), un polar nerveux de Don Siegel ou les parachutistes arrivent de Frankenheimer (1969) dont elle se tire avec les honneurs. Son numéro de danseuse topless, très osé pour l’époque et la plupart des scènes de l’actrice seront d’ailleurs coupés dans de nombreux état (comme les scènes de nu de Deborah Kerr). On la retrouve ensuite dans un des derniers musicals d’Elvis Presley « filles et show business », où elle danse une dernière fois à l’écran.
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Dans les années 70 et 80, on a beaucoup vu Sheree North dans des séries télé comme Kojak, Magnum ou Dr Malcus Welby et d’autres encore qui n’ont jamais été diffusées en France . Beauté fanée et moue désabusée, la vamp lumineuse des années 50 avait laissé la place à une comédienne au talent affirmé. Pourtant, encore en 1983, l’actrice avouait qu’elle demeurait pour les producteurs la blonde qui a failli remplacer Marilyn Monroe (et j’imagine que c‘était aussi le cas pour un grand nombre de spectateurs), et qu’on lui refusait encore de nombreux rôles dramatiques.
Sheree North est décédée d’un cancer, durant une intervention chirurgicale, en 2005. Bien plus qu’un clone de Marilyn , on retiendra l’image d’une comédienne de talent et d’une danseuse à l’énergie incroyable dont on aurait aimé davantage pouvoir apprécier la virtuosité.
Dernière modification par Music Man le 18 oct. 09, 22:10, modifié 1 fois.
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Major Dundee
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sheree North)

Message par Major Dundee »

Music Man a écrit :Heureusement, l’actrice a enfin la possibilité de faire preuve d’un réel talent de comédienne dans des films plus prestigieux comme Terreur sur la ville (Madigan), un polar nerveux de Don Siegel ou les parachutistes arrivent de Frankenstein (1969) dont elle se tire avec les honneurs.
:uhuh: :uhuh: Tu en veux tellement à ce pauvre Frankenheimer ou bien est-ce que c'est parce que on a l'habitude de mettre Frankenstein à toute les sauces ? :uhuh: :uhuh:
Ne crois surtout pas que je me moque mais çà m'a fait beaucoup rire. Ca prouve au moins que je te lis attentivement. 8)
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
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