Henri Verneuil (1920-2002)

[Père Jules]

En général, c'est le film que les détracteurs de Verneuil sauvent dans sa filmographie.

Parce qu'il y a des gens qui n'aiment pas Un singe en hiver ?

[Jeremy Fox]

En général, c'est le film que les détracteurs de Verneuil sauvent dans sa filmographie.

Parce qu'il y a des gens qui n'aiment pas Un singe en hiver ?

présent

[jacques 2]

En général, c'est le film que les détracteurs de Verneuil sauvent dans sa filmographie.

Je ne suis pas "fan" mais je sauve aussi "cent mille dollars au soleil" et, par dessus tout, "week end à zuydcoote": à mes yeux, un vrai chef d'oeuvre ...

Par contre, quand il a voulu trop se la jouer à l'américaine (style "le clan des siciliens") et servir la soupe à un Belmondo en roue libre ("Peur sur la ville"), je passe mon tour ...

[onvaalapub]

Vos avis me donnent envie de réviser mon jugement. Mais j'ai du mal à croire qu'on puisse préférer Des Gens à Un Singe ou Week-End à...

[Rick Blaine]

Mais j'ai du mal à croire qu'on puisse préférer Des Gens à Un Singe

J'aime beaucoup Verneuil, donc j'aime beaucoup ces deux films et plusieurs autres, mais pour ma part je comprends.
J'imagine, et même je suis certain, que Jeremy n'est pas très client des excès Audiardiens du Singe et se sent plus à l'aise devant la douceur et la retenue Des Gens.
De tous les Verneuil que j'ai vu, c'est celui qui est le plus nettement dans cette veine. Je pourrais peut-être suggérer également La Table aux Crevés, film également prenant et touchant qui ne propose pas les excès des grosses machines des années 60 (que j'adore par ailleurs).

[Jeremy Fox]

J'imagine, et même je suis certain, que Jeremy n'est pas très client des excès Audiardiens du Singe et se sent plus à l'aise devant la douceur et la retenue Des Gens.

Tout à fait ; j'ai d'ailleurs toujours eu beaucoup de mal avec Audiard (et bien plus encore dans les films qu'il a dialogué dans les années 80 où je ne le supportais plus). La Table aux crevés, je note car je ne connais pas

Par ailleurs, je ne déteste pas Verneuil et aime beaucoup Week-end à Zuydcotte par exemple aussi.

[onvaalapub]

J'imagine, et même je suis certain, que Jeremy n'est pas très client des excès Audiardiens du Singe et se sent plus à l'aise devant la douceur et la retenue Des Gens.

Tout à fait ; j'ai d'ailleurs toujours eu beaucoup de mal avec Audiard (et bien plus encore dans les films qu'il a dialogué dans les années 80 où je ne le supportais plus). La Table aux crevés, je note car je ne connais pas

Par ailleurs, je ne déteste pas Verneuil et aime beaucoup Week-end à Zuydcotte par exemple aussi.

ça s'explique mieux alors . Étant très client d'Audiard des années 50-60, moins après, j'adore un Singe en Hiver et particulièrement la performance de Gabin, magistral. Mais je comprends très bien qu'on puisse ne pas aimer la truculence des personnages.

[jacques 2]

Fan inconditionnel de Gabin, je n'ai pas du tout accroché à ce film . Pour moi c'est justement beaucoup trop larmoyant et mélodramatique : elle est pauvre, il est malheureux, ils se rencontrent, ils sont heureux mais surtout pas longtemps et après on plonge dans le glauque... Gabin et Arnoul sont très bons mais ce scénario est vraiment too much, enfin je trouve.

Oui mais non ...
Comprends moi : l'histoire pourrait se prêter aux pires excès formels et Verneuil ne tombe à mon sens dans aucun ...
Le sujet parle de personnes de condition sociale (très) modeste et de l'impossibilité de vivre cet amour, notamment à cause de problèmes matériels et qu'ai je vu ?
Pas de violons, de crises de larmes, de séparations déchirantes, de grands (?) numéros de cabotinage ...

Que nenni : tout au contraire, sobriété, dignité, retenue (le personnage de Françoise Arnoul toute en tristesse intérieure et sourires éteints).
Bref, de la pudeur et c'est pour cela que le film m'a d'autant plus touché ...
Bien plus que des mélos avec personnages riches et violons pleins d'emphase.
Ici, on a affaire à des personnages qui sonnent vrai, sans apprêt ...

C'est bien pour cela que je n'aime guère le terme de "misérabiliste" qui sonne vraiment "too much" pour un métrage aussi plein de retenue ...
Enfin, voilà quoi, j'ai aussi un petit coeur très sensible (surtout quand on ne me tire pas par la manche pour m'émouvoir à tout prix ...) même si je grogne à l'occasion ...

[Federico]

Je ferai une petite réserve sur ses films à partir de 1969: il réunit souvent tout ce qu'il faut: sujet, acteurs, musiques de Morricone, morceaux de bravoure parfaits (la poursuite centrale de Peur sur la ville), et même satyre dans Le corps de mon ennemi, I comme Icare- peut-être l'un des films les plus ambitieux jamais produits en France- Mille milliards de dollars, ce dernier donnant presque l'impression d'avoir été tourné hier.
Mais ces films sont plombées par des maladresses ou des imperfections (notamment dans I comme Icare) et on est frustré car on passe souvent pas loin du grand film.

I comme Icare (que j'aime beaucoup) est effectivement un catalogue d'erreurs flagrantes... mais que commirent aussi les plus grands cinéastes (Lang et Hitchcock en premier lieu).
Sinon, oui, Verneuil savait prendre le meilleur des techniciens disponibles, d'excellents scénaristes et dialoguistes et des comédiens fameux, en France comme ailleurs (l'ailleurs étant souvent américain). Pour proposer un cinéma grand public de qualité même si il s'est parfois égaré dans des productions oubliables (certains Fernandel, Les Morfaloux...).
Pour revenir à ses films post-1969, Le Serpent se revoit toujours avec grand plaisir. Enfin, je parle pour moi qui le préfère à bon nombre de films d'espionnage +/- réputés.

[Rick Blaine]

Pour revenir à ses films post-1969, Le Serpent se revoit toujours avec grand plaisir. Enfin, je parle pour moi qui le préfère à bon nombre de films d'espionnage +/- réputés.

Découvert il y a peu, je confirme, ça se voit avec grand plaisir même si ce n'est pas un chef d'œuvre du genre. Et le casting est exceptionnel.
En fait j'aime bien ses années 70, j'ai revu récemment Peur sur la Ville et il m'a parru bien moins daté que mon souvenir me faisait craindre, un film très efficace, et Le Corps de mon Ennemi est un des Belmondo que je vois avec le plus de plaisir. Il n'y a que Le Casse qui a mal vieilli je trouve. Pas encore vu I Comme Icare.

[onvaalapub]

Oui mais non ...
Comprends moi : l'histoire pourrait se prêter aux pires excès formels et Verneuil ne tombe à mon sens dans aucun ...
Le sujet parle de personnes de condition sociale (très) modeste et de l'impossibilité de vivre cet amour, notamment à cause de problèmes matériels et qu'ai je vu ?
Pas de violons, de crises de larmes, de séparations déchirantes, de grands (?) numéros de cabotinage ...

Que nenni : tout au contraire, sobriété, dignité, retenue (le personnage de Françoise Arnoul toute en tristesse intérieure et sourires éteints).
Bref, de la pudeur et c'est pour cela que le film m'a d'autant plus touché ...
Bien plus que des mélos avec personnages riches et violons pleins d'emphase.
Ici, on a affaire à des personnages qui sonnent vrai, sans apprêt ...

C'est bien pour cela que je n'aime guère le terme de "misérabiliste" qui sonne vraiment "too much" pour un métrage aussi plein de retenue ...
Enfin, voilà quoi, j'ai aussi un petit coeur très sensible (surtout quand on ne me tire pas par la manche pour m'émouvoir à tout prix ...) même si je grogne à l'occasion ...

Dans la forme je suis parfaitement d'accord : pas de crises de larmes ou de violons. C'est le scénario qui me dérange : la descente aux enfers est sans fin et pas une petite lueur d'espoir pour ces deux êtres. Le "too much" s'adresse au scénario, je me suis mal exprimé. Je comprends bien que c'est la volonté du film et je n'ai pas dit que c'est un mauvais film. Disons que ce n'est pas mes goûts et que, à mon sens, il y a dans la réalité une part d'espoir dans chaque situation. Et ici je ne le vois jamais...

Quant au Serpent, je l'ai découvert avec un grand plaisir récemment tout comme Peur sur la Ville (copie HD sur Arte je crois). A mon sens, ça tient très bine la route et ça n'a pas tant vieillit que ça.

[jacques 2]

à mon sens, il y a dans la réalité une part d'espoir dans chaque situation.

Tu es un grand optimiste, toi ...

[onvaalapub]

à mon sens, il y a dans la réalité une part d'espoir dans chaque situation.

Tu es un grand optimiste, toi ...

Always

[Mr-Orange]

I comme Icare, un des films les plus ambitieux, je ne sais pas, mais clairement une référence dans le cinéma français de suspense !

I comme Icare est, avec Ensayo de Un Crimen de Bunuel, ma grosse claque de 2013 actuellement. J'ai toujours gardé une image sympathique de Verneuil, avec des films plutôt bons comme Le Clan des Siciliens ou encore La Vache et le Prisonnier qui est un souvenir d'enfance, mais jamais je ne me serais attendu à ce qu'il fasse un film si puissant. I comme Icare est passionnant à tous les points : que ce soit la tension omniprésente de l'intrigue, l'expérience de Milgram absolument marquante qui renforce l'idée que ce film est bien plus qu'un polar politique. Montand (je serais curieux de voir le même film mais avec un Lino Ventura à la place d'Yves Montand), lors de la nuit fatidique, qui est à deux doigts de percer le mystère, bercé par une magnifique musique, ou encore Jean Lescot, le dernier témoin, qui, l'expression figée d'effroi, voit s'avancer vers lui une voiture noire mystérieuse sont deux des scènes absolument inoubliables de ce grand film, inspiré par l'assassinat de JFK, à la tension digne d'un Hitchcock, qu'on oublie bien souvent de citer comme référence du suspense au côté d'un Seven ou Sueurs Froides. Coup de maître.

[jacques 2]

à la tension digne d'un Hitchcock, qu'on oublie bien souvent de citer comme référence du suspense au côté d'un Seven ou Sueurs Froides. Coup de maître.

Ce n'est pas un oubli pour ma part : pas grand chose à sauver dans ce film lourdement démonstratif qu'est "Icare", mise à part la scène de l'expérience de Milgram (dont tout le monde se souvient et qui tombe un peu quand même comme un cheveu dans la soupe).
Sinon, c'est filmé très platement et sans relief aucun : même pas envie de le revoir donc tu me permettras d'être voire de comparer ce petit film à "Vertigo" ou "Seven" (deux chefs d'oeuvre certes mais qui n'entretiennent guère non plus de rapports entre eux)
Sinon, bienvenue sur ce forum ...