Vu
Sous les yeux d'Occident (1936) d'après le roman éponyme de Joseph Conrad, un film qui à la manière de
Les Bas-fonds (1936) de Jean Renoir met en scène une Russie qui ne porte pas son nom mais que l'on reconnaît bien aisément puisqu'il est question des prémisses d'une révolution et que les protagonistes s'appellent Serge, Nikita, Razumov. Bien que toute idéologie politique ait été mise en sourdine (on est en 1936), on imagine donc des événements précédents la Révolution russe : un jeune homme (Fresnay) ne s'occupant de politique et se consacrant à sa réussite par les études, se retrouve rattrapé par la politique lorsqu'une connaissance d'école, Heldin (Barrault), terroriste révolutionnaire venant d'assassiner le premier ministre, se réfugie chez lui. Suite à un malentendu, Razumov/Fresnay croit que Heldin a été arrêté dans son appartement et dénonce sans le vouloir ce dernier à la police..
En dépit d'une interprétation un peu trop appuyée (Barrault une nouvelle fois exalté, mais aussi Fresnay qui doit jouer l'homme déstabilisé, tourmenté et épuisé), le film s'avère un moment passionnant (comment la police crée elle-même parfois les terroristes, l'impossibilité de la neutralité, ..) et agréable à suivre. Le scénario offre alors de nombreuses possibilités et on s'imagine une fin grandiose et ironique. Malheureusement, comme souvent à cette époque dans le cinéma français, le scénario privilégie le drame fataliste et la culpabilité à l'ironie et l'espoir (comme savait si bien en user Capra dans ses films politiques à la même époque). En outre, on sent que la réalisation manque de moyens. Dommage.