Marcel Carné (1906-1996)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Message par joe-ernst »

Ce dessin est ravissant, merci !
Avatar de l’utilisateur
Major Dundee
Producteur Exécutif
Messages : 7104
Inscription : 15 mai 06, 13:32
Localisation : Bord de la piscine de "Private Property"

Message par Major Dundee »

Bravo pour le site de Vivian :o Impressionnant !!

J'ai vu tous les Carné sauf "La Bible". J'adore ce metteur en scène.
J'ai un peu de mal avec deux films :
1) "Les visiteurs du soir" que je trouve un peu ennuyeux. Je l'ai quand même visionné une dizaine de fois en espérant toujours revenir sur mon jugement. Mais non, j'aime bien Ledoux et Berry, mais Arletty et Cuny sont nettement moins bons qu'à l'habitude.
Encore que Cuny (à mon humble avis) n'a jamais fait d'étincelles au cinéma. je l'aime bien dans "La voie lactée" de Bunuel et "Notre Dame de Paris" de Delannoy, mais c'est à peu près tout.
2) "Terrain vague" (que j'aime bien pour des raisons nostalgiques, j'avais 16 ans quand le film est sorti et habitant la banlieue moi et mes copains on avait pris le train le mercredi de la sortie pour aller à Paris voir le film).
Maintenant quand je le revois je le trouve un peu naïf, les dialogues sonnent un peu faux et les jeunes paraissent par trop stéréotypés. Le bouquin qui avait servi de point de départ au film m'avait bien plus impressionné. Je préfère sur un sujet à peu près équivalent "Les coeurs verts" d'Edouard Luntz. Ceci dit ce sont juste des réserves que j'émet mais je ne trouve aucun des deux films mauvais.

Il y a deux films que je n'ai jamais revu depuis leur sortie "Du mouron pour les petits oiseaux" et "Les jeunes loups".

Pour finir je signale que sur la chaine Histoire de CanalSat, le mardi 5 septembre de 20h50 à 21h35 il y a un doc de programmé qui s'intitule :
La fleur de l'âge
Belle-Ile-en-Mer, 1934 : une révolte éclate au pénitencier pour enfants, si durement réprimée que Prévert et Carné en font un film.

Quelqu'un connaît-il ce doc et peut-on y voir des extraits du fameux film inachevé ???
Vivian peut-être ???
blaisdell
Assistant opérateur
Messages : 2285
Inscription : 2 mai 05, 16:19

Message par blaisdell »

J'ai une tendresse particulière pour un film que j'ai déjà défendu plusieurs fois sur le forum: Les assassins de l'ordre

Image

C'est du André Cayatte en BEAUCOUP MIEUX.
Ce film très rare, au thème toujours sulfureux -un juge d'instruction enquête sur une garde à vue au cours de laquelle des policiers auraient tué un suspect- et interprété par un Brel sobre est un film passionnant, qui aujourd'hui a une grande valeur documentaire sur la France post- 68 .

Un film qui s'il n'est pas un chef-d'oeuvre absolu est une oeuvre précieuse, aussi forte que les films italiens de la même époque.
Et c'est l'occasion de voir que la fin de carrière de Carné est plus intéressante que ce qu'on en dit..
J'aurais sans doute l'occasion d'en reparler..
Nestor Almendros
Déçu
Messages : 24387
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Message par Nestor Almendros »

En lisant les 2-3 messages qui précèdent je me rends compte que de Carné, la tv (en clair) diffuse toujours les mêmes films, ceux des 40's/50's. Je n'ai jamais entendu parler de TERRAIN VAGUE ou des ASSASSINS DE L'ODRE, mais ça me tenterait bien...
vivian
Assistant(e) machine à café
Messages : 245
Inscription : 4 nov. 03, 13:41
Contact :

Message par vivian »

Nestor Almendros a écrit :En lisant les 2-3 messages qui précèdent je me rends compte que de Carné, la tv (en clair) diffuse toujours les mêmes films, ceux des 40's/50's. Je n'ai jamais entendu parler de TERRAIN VAGUE ou des ASSASSINS DE L'ODRE, mais ça me tenterait bien...
C'est de la paresse journalistique Nestor je crois. Car depuis des dizaines d'années, les journalistes parlent de Carné en soulignant sa période Prévert et en dénigrant quasi-systématiquement la suite ce qui est une grosse erreur. Terrain Vague en dehors de ses faiblesses dont parle Major Dundee est l'un des tout premiers films français à mettre en avant le probleme de la jeunesse qui évolue dans les cités et l'ennui qui s'en dégage. c'est sur que ce n'est pas les cinéastes des Champs-elysées qui en auraient parlé (suivez mon regard). Alors certes c'est fait un peu naivement mais c'est touchant je trouve.
Sinon Les Assassins de l'Ordre ça me plaisir que vous en parlez car c'est un film très rare (pourtant la présence de Brel devrait aider un peu) passé quasi sous silence à l'époque de sa sortie et qui attaque frontalement les bavures policieres à une époque où la reprise en main politique après 68 nous rappelle quelque chose. Il suffit de lire les journaux depuis 2002.
un film que vous ne risquez pas de voir à la télé sur les chaines hertziennes. Certes c'est filmé classique mais le propos était de servir l'intrigue et pas d'ébahir le public avec des plans tordus filmé à la grue!
D'ailleurs blaisdell j'aimerais savoir ce que tu voudrais ajouter car tu dis que tu y reviendras...
sinon si vous avez jamais vu ces films, sur le site de Carné, j'ai mis des photographies tirés de mes copies. voir le lien dans ma signature.
à bientôt pour poursuivre le débat sur Carné.
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Message par joe-ernst »

Thérèse Raquin (1953), de Marcel Carné.

Très beau film mettant en scène une jeune femme mal mariée à une époque où la femme était la "propriété" de son mari et qui découvre l'amour sous les traits d'un beau camionneur italien.

Simone Signoret est très convaincante en Thérèse Raquin, tiraillée entre le poids des conventions et son amour, tout comme Raf Vallone, magnifique dans le rôle de l'amant. Sylvie est la mesquinerie incarnée, Roland Lesaffre en maître-chanteur amateur est parfait, mais la palme d'interprétation revient à Jacques Duby, en mari minable, lâche, égoïste et hypocondriaque.

La mise en scène de Carné recèle de véritables trésors.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
joe-ernst
Décorateur
Messages : 3820
Inscription : 20 mars 06, 15:11
Localisation :

Message par joe-ernst »

Redécouvert Le quai des brumes et ce fut un grand moment de bonheur. Carné (et Schüfftan) ont magnifiquement réussi à donner non seulement une atmosphère, mais également une âme à ce film, peuplé de personnages englués dans un destin tragique, sans aucune chance d'en réchapper, où les brumes du Havre ne seraient que les prémisses de la disparition et de l'oubli. Un film au réalisme poétique, comme cela a depuis longtemps été évoqué, mais également et véritablement romantique, c'est-à-dire noir. Les décors de Trauner et les dialogues de Prévert participent pleinement aussi à cette tragédie de gens sans existence. On ne dira rien des acteurs, ils sont parfaits.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
chrislou
Doublure lumière
Messages : 492
Inscription : 13 févr. 05, 01:07
Localisation : le manche de ma télécaster !

Message par chrislou »

Quel beau film ce 'quai des brumes" :wink:
Welcome to 'Rick's' Café américain.
vivian
Assistant(e) machine à café
Messages : 245
Inscription : 4 nov. 03, 13:41
Contact :

Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par vivian »

Comme me le proposait Nestor Almendros, je reposte ici ce que j'ai posté .

voici un long article sur la restauration des VISITEURS DU SOIR que je viens de mettre en ligne.

ça peut en intéresser quelques-uns.

http://www.marcel-carne.com/photographi ... ation.html

le film sort en DVD dans un mois, le 12 novembre 2009.

espérons qu'une version blu-ray sorte un jour quand on voit la qualité de cette restauration à priori.

à suivre...

p.s
D'ailleurs Nestor, peux-tu changer la date de naissance en tête de ce topic ? (Carné est né en 1906 et non 1909).
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Notez les films naphtas - Décembre 2009

Message par Profondo Rosso »

Le Jour se lève de Marcel Carné (1939)

Image

François vient d'assassiner Valentin. Au comble du désespoir, il s'est barricadé dans son appartement. Tandis que la police est à sa recherche, il repasse les évènements qui l'ont conduit au crime.


Tout à la fois drame et film et noir à la française, un film à l'influence considérable. Si l'explication finale s'avère assez quelconque finalement, les éléments qui l'auront amené lui apportent un puissance tragique phénoménale. Le film innove évidemment par son utilisation du flashback inédite à l'époque. Même si le procédé est courant aujourd'hui, le soin apporté pour amené les transitions fait toujours merveille avec ses fondus enchaîné transformant progressivement les lieux et les éléments du décors, même si les quelques instants qui précède chacun des passage parait assez lourdement amené désormais. C'est aussi une manière d'apporter une dimension lourde et tragique au film, dont le début est plutôt enjoué pour un bonheur que l'on sait ephémère. Aucun élément n'est laissé au hasard tel l'immeuble spécialement construit pour le film dont l'architecture et l'emplacement illustre la culpabilité et l'isolement du personnage de Gabin. L'ambiance se fait de plus en plus lourde lorsqu'on approche de la conclusion pour un récit finalement très simple mais désespéré ou l'odieux Jules Berry triomphe finalement dans la mort en brisant le bonheur des héros (tout juste ressent on l'esprit d'entraide du cinéma du Front Populaire avec la solidarité des voisins). Dialogues parfaits de Prévert, une direction artistique impressionnante tout en sachant se faire oublier et évidemment Gabin impérial tout comme Arletty. Absolument pas convaincu par Jacqueline Laurent par contre, gros point faible du film elle n'arrive pas à exprimer la pureté naïve du personnage et parait plus niaise qu'autre chose. Sinon hormis le flashback cent fois copié et l'ambiance, l'attitude résigné de gabin tout au long du film n'est pas sans rappeler celle de Lancaster au début des "Tueurs" je trouve. 4,5/6 car ce n'est pas mon Carné favoris ("Les Enfants du paradis" forever).
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18529
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Notez les films naphtas - Décembre 2009

Message par Profondo Rosso »

cinephage a écrit :C'est très bien, les enfants du Paradis, mais on peut dire aussi que Carné a réalisé plusieurs chef d'oeuvres, auquel cas Le jour se lève, pour moi, est du nombre.

Oui tout à fait là c'était juste une opinion personnelle, je n'ai pas trop adhéré au personnage de Françoise qui m'a un peu sorti du film d'où ma préférence aux "Enfans du Paradis" auquel je n'ai rien à reprocher, la perfection !
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24563
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Commissaire Juve »

Avant-propos : je suis client du travail de Marcel Carné... mais j'ai "mes" réticences.

Les Visiteurs du soir

Vu le dvd hier soir... j'ai commencé à m'endormir à la 42ème minute :uhuh: (lors de deux passages télévisés, je m'étais carrément endormi), mais je me suis forcé à rester éveillé. Et je suis allé jusqu'au bout. 8)

Finalement, sans jouer la provoc facile, c'est encore un de ces "chefs-d'oeuvre officiels" dont le réal semble avoir le secret (le premier étant "Les enfants du Paradis").

On peut voir le film au premier degré et l'apprécier... ou pas. On peut le voir au second degré, et là, on a quelques bonnes occasions de rire. A titre perso, j'ai eu le cul entre deux chaises.

Au rayon des points faibles : Cuny -- avec son mulet de footballer des années 80 -- est souvent risible (plan pathétique : son cri déchiiiiirant à l'adresse d'Aaaaaanne alors qu'il est enchaîné au mur). Passé la scène du banquet, Marie Déa ne casse pas trois pattes à un canard. Une longue première partie comateuse avant que le diable ne vienne mettre un peu d'animation.

Le diable, parlons-en : à chaque intervention de Berry, je me suis dit "C'est dingue, il imite Pierre Brasseur, mais en moins bien !" A ceci près que le père Jules est de 1883 et que grand-papa Brasseur est de 1905. Mon raisonnement ne tient donc pas... Il n'empêche, je n'ai pas cessé de faire la comparaison et je pense que Brasseur, "avec de la bouteille", aurait fait mieux.

Au bout du compte, on obtient une oeuvre inégale, vaguement rasoir*. Côté "fantastique", je trouve La belle et la bête (1946) plus convaincant.



* mais, paradoxalement, les 115 minutes passent plus vite que les 84 minutes de la version 1978 des Vacances de monsieur Hulot (pendant lesquelles -- il y a deux jours -- j'ai vraiment eu l'impression d'être prisonnier dans l'espace-temps).
Dernière modification par Commissaire Juve le 18 mai 17, 23:22, modifié 1 fois.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Bugsy Siegel
Accessoiriste
Messages : 1674
Inscription : 1 sept. 07, 17:42
Localisation : Flamingo Hotel

Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Bugsy Siegel »

Commissaire Juve a écrit : * mais, paradoxalement, les 115 minutes passent plus vite que les 84 minutes de la version 1978 des Vacances de monsieur Hulot (pendant lesquelles -- il y a deux jours -- j'ai vraiment eu l'impression d'être prisonnier dans l'espace-temps).
:lol: Bienvenue au club !
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
Avatar de l’utilisateur
Jack Carter
Certains l'aiment (So)chaud
Messages : 30343
Inscription : 31 déc. 04, 14:17
Localisation : En pause

Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Jack Carter »

de quel fim parlez-vous ?
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
Bugsy Siegel
Accessoiriste
Messages : 1674
Inscription : 1 sept. 07, 17:42
Localisation : Flamingo Hotel

Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Bugsy Siegel »

Les Visiteurs Du Soir.
Commissaire Juve a écrit :Au bout du compte, on obtient une oeuvre inégale, vaguement rasoir*. Côté "fantastique", je trouve La belle et la bête (1946) plus convaincant.
Ah, je n'ai pas trop aimé La Belle Et La Bête, beaucoup trop de magie à mon goût. Dans celui-là c'est différent ?
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
Répondre