Henry Hathaway (1898-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Rick Blaine »

Cathy a écrit :
Rick Blaine a écrit :Il existe en Z1 VOSTA.

Et je rejoint Cathy, c'est un film remarquable!
J'ai vu qu'en plus dans ton commentaire, tu avais été conquis par Paul Douglas ! C'est un acteur que j'adore, même s'il a un côté anti-héros, il est attachant dans tous ses rôles.
Je ne l'ai pas vu souvent d'ailleurs cet acteur. Mais il est vrai qu'ici, il est remarquable.
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Cathy
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Cathy »

Il joue notamment dans une Cadillac en Or massif avec Judy Holliday, Chaines conjugales naturellement... et aussi dans Si ma moitié savait ça encore avec Linda Darnell !
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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

Le western du Week-End : La fureur des hommes
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Profondo Rosso
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Profondo Rosso »

La Fille du bois maudit (1936)

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Lonesome Pine. Un coin perdu de l'Amérique sauvage où deux familles, les Tolliver et les Falin, se livrent un combat ancestral. Cette haine a été jalonnée de nombreuses morts, de part et d'autre. Un jour, Jack Hale, un ingénieur, vient construire une voie ferrée à travers le pays. Il trouve une conciliation avec les deux clans, qui lui permettent de traverser leur territoire respectif afin d'y poser les rails du futur chemin de fer. Mais Hale est un homme instruit qui amène avec lui les mœurs de la ville dans cette région où les hommes sont restés sauvages et illettrés et où le progrès n'a pas pénétré. Des tensions se font bientôt jour au sein de chaque famille, tensions qui vont les précipiter dans une tragédie dont chacun sortira anéanti.

La Fille du bois maudit est une des réussites méconnue de la prolifique carrière d'Henry Hathaway. Le film est la quatrième adaptation du roman The Trail of the Lonesome Pine de John Fox Jr. (paru en 1908) après celles muettes de 1914, 1916 (signée Cecil B. DeMille) et 1923) et sera une des premières productions hollywoodienne en Technicolor. Le film traite d'un des thèmes emblématiques du western, celle de la fin de l'ère des pionniers pour une bascule vers la modernité représentée ici par l'arrivée du chemin de fer. La tradition est ici synonyme de proximité et d'amour familial dans la description chaleureuse de la famille Tolliver mais aussi d'une perpétuation de la justice armée à travers le conflit ancestral qui les oppose à leur voisin les Falin. Le film s'ouvre sur une fusillade opposant les deux familles et le scénario ne cherche pas à expliquer l'origine de l'antagonisme tant les deux parties semblent mutuellement fautive sur la longueur. Les hommes semblent être les moteurs de ce cycle de la violence quand les femmes doivent en souffrir, que ce soit la matriarche aux traits usés incarnée par Beulah Bondi et bien sûr la jeune fille impétueuse et sauvage jouée par Sylvia Sidney. Les premiers se complaisent dans leur démonstration de force à l'image d'un Henry Fonda aux traits durs et au regard glacial quand les femmes sont condamnées à ne jamais dépasser leur condition.

Les magnifiques extérieurs et la profondeur de champ filmée par Hathaway dès les premières minutes semblent pourtant nous dire qu'il y a plus à vivre, que notre regard et connaissance peuvent nous porter plus loin que cet insignifiant conflit local. Cet ailleurs sera représenté par Jack Hale (Fred MacMurray), un ingénieur venu apporter le chemin de fer dans la région et qui devra concilier avec la haine des deux familles. Pour le benjamin des Tolliver Buddie (Spanky McFarland) il représente un monde inconnu fait de machines et d'invention qui élève son regard et l'incite à se cultiver, de même pour June auquel s'ajoute un désir pour cet homme élégant et cultivé bien loin des rustres qui l'entoure. Cette confrontation avec l'extérieur fera comprendre aux locaux leur ignorance (l'épisode du chèque que personne ne sait lire) et d'un côté les incitera à s'élever quand de l'autre il renforcera le repli sur soi. Ce sera le cas pour Dave (Henry Fonda) dont ce refus se mêle à la jalousie qu'il éprouve pour Hale dont l'aura éloigné June de lui. Il n'en faudra pas moins pour que la guerre recommence et menace les progrès à venir.

Le film est visuellement somptueux, Hathaway multipliant les vues majestueuses de cette contrée sauvage dont le Technicolor donne des allures féériques. Les teintes pastels et automnales sont assez éloignées de l'usage plus agressif du Technicolor qu'on verra à Hollywood à l'époque (le pétaradant Robin des Bois (1938) de Michael Curtiz en tête et sur lequel officie aussi le directeur photo W. Howard Greene présent ici, son travail sur le Hathaway se rapprochant du Brigand bien-aimé (1939) de Henry King) et évoquerait plus l'usage qui en sera fait dans le cinéma anglais. L'environnement prend ainsi un tour à la fois sauvage et stylisé, représentant parfaitement les hésitations de Sylvia Sidney entre nature et culture. Elle dégage une érotisme et une sensualité palpable qui annonce la Jennifer Jones de La Renarde mais exprimant plus la candeur que la provocation dans l'expression de son désir. Fred MacMurray en amoureux qui s'ignore sous couvert d'éducateur offre une prestation subtile dont il a le secret et Henry Fonda en laissant progressivement son armure guerrière s'effriter est formidable. La dernière partie exacerbe ainsi les passions et les haines, la paix ne pouvant être rendue possible que par des pertes tragiques et absurdes faisant enfin prendre conscience au protagoniste e l'impasse où ils se trouvent. Les deux magnifiques chansons et leitmotiv du film Twilight on the Trail et The Trail of the Lonesome Pine (la première fut même nommée à l'Oscar) font ainsi autant office de renouveau que de nostalgie d'un monde amené à disparaitre. 5/6
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John Holden
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par John Holden »

Geoffrey Firmin a écrit :Quelqu'un a vu Le fond de la bouteille de Henry Hataway (j'aime bien ce titre,the bottom of the bottle), c'est avec Joseph Cotten et c'est une adaptation d'un roman de Simenon sur l'alcoolisme.
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Un petit up pour répondre avec un peu de retard (11 ans plus tard, tout vient à point...) à Geoffrey. :mrgreen:
Après la découverte de cet Hathaway, force est de constater que la somme de talents réunis ici (Lee Garmes à la photo (Coeurs brûlés, Les carrefours de la ville, Scarface, None shall escape, Le portrait de Jennie...), Sydney Boehm au scénario (La rue de la mort, Règlement de comptes, Les inconnus dans la ville...) pour cette variation sur le thème de Caïn et Abel est très adroitement orchestrée par le réalisateur notamment via une science solide du Cinémascope. Les premières scènes sous l'orage et cette traversée du torrent en voiture sont saisissantes.
Je ne connais pas le roman de Simenon mais on peut supposer qu'il ne reste plus grand chose du thème de l'alcoolisme dans le film, exceptée peut être la rechute de Van Johnson, après cinq ans d'abstinence, mais elle sert davantage à expliquer l'enchaînement des faits et entraîner une métamorphose inespérée chez son frêre (Joseph Cotten brillant dans la peau de cet avocat dont le caractère monolithique va se fissurer devant l'imminence de la désagrégation du couple qu'il forme avec Ruth Roman) jusqu'à cette fin presque idéale que certains trouveront peut être trop heureuse.
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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

Le western du WE : Les 4 fils de Katie Elder
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Julien Léonard »

Excellent western. Et beau papier encore une fois, shérif !
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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

Julien Léonard a écrit :Excellent western. Et beau papier encore une fois, shérif !
Merci :)
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par xave44 »

Jeremy Fox a écrit :Le western du WE : Les 4 fils du Katie Elder
Les 4 fils du Katie Elder ? Vraiment ? :fiou:
villag
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Message par villag »

Jeremy Fox a écrit :
O'Malley a écrit :quant à Hathaway, il a réalisé deux grand exercices de style coup sur coup: Niagara et Le Jardin du diable...
Exact

Pour en revenir au western et son aspect 'fantastique', outre la musique inquiétante et mystérieuse, il ne faut pas oublier ces silhouettes d'indiens, sorte de gardiens du jardin duquel personne ne doit sortir et qui fondent littéralement sur les fuyards dans un immense et impressionnant plan d'ensemble vu du ciel, les toiles peintes représentant la falaise et ses alentours totalement irréels.... Une atmosphère unique !

J'ai déjà envie de le revoir.
Je ne me lasse pas de revoir ce film .....!
Signalons aussi que le blu ray est excellent....
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Kevin95
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Kevin95 »

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PETER IBBETSON (Henry Hathaway, 1935) découverte

Un film adoré par les surréalistes car un film habité, fiévreux, amoureux et quelque peu délirant. Ode à l'amour fou, de celui qui traverse l'espace, le temps et même l'existence. Peter Ibbetson est un poème romantique qui peut en laisser sur le carreau (lesquels trouveront le procédé kitsch, les pauvres !) mais qui envoute quiconque mettant la tête dedans. Étonnant de voir Henry Hathaway à la tête de l'entreprise, lui si vif, violent et réaliste. Le réalisateur ici ne touche plus sol, trouve le lyrisme débordant d'un Borzage marié à l'élégance à toute épreuve d'un Albert Lewin. Cooper (punaise, que cet homme est immense et pas seulement de taille) est hanté par un amour de jeunesse, va essayer de vivre sans, avant de s'y résigner et d'en perdre la raison. Le film passe comme un souffle, le romantisme transpire de partout, l'émotion vous prend à la gorge à peine cinq minutes après le générique d'introduction. En parlant de Borzage, le plan final de Peter Ibbetson rappelle fortement celui de son adaptation de A Farewell to Arms. Même acteur (Cooper), même situation, même lyrisme décomplexé. Mais chez Borzage, l'acteur est de dos, les cloches sonnent, la musique sature, le mysticisme est à son comble. Chez Hathaway, tout y est, ou presque. Cooper est face à nous, dans le noir, tout juste éclairé, le visage meurtri et la main tendu, la musique se fait rapide avant un arrêt brutal laissant le spectateur dans un silence glaçant. Car malgré toute sa rêverie, le film dégage un parfum qui vire à la mélancolie, à une petite tristesse qui nous souffle à l'oreille que peut-être, sans doute, on ne sait jamais, tout ceci n'est QUE de l’imaginaire, que ces amants sont maudits, perdus. Wo la vache, c'est beau.
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Profondo Rosso »

Kevin95 a écrit : Le film passe comme un souffle, le romantisme transpire de partout, l'émotion vous prend à la gorge à peine cinq minutes après le générique d'introduction.
Mais grave, tout le film est somptueux mais je crois que c'est l'ouverture avec les personnages enfants qui m'a le plus touché, sacré entrée en matière !
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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

Notre western du WE est Nevada Smith.
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Profondo Rosso »

Appelez nord 777 (1948)

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En 1932 à Chicago, un policier est tué lors d'un cambriolage d'une épicerie. Frank Wiecek et Tomek Zaleska sont arrêtés et la justice prononce à leur encontre une peine à perpétuité. Onze ans plus tard, la mère de Frank, convaincue de l'innocence de son fils, lequel n'a jamais cessé de la clamer, passe une annonce dans le Chicago Times, demandant que des éléments nouveaux soient communiqués et offrant 5 000 dollars de récompense. Le rédacteur en chef du journal demande au reporter P.J. McNeal de mener sa propre enquête sur cette affaire...

Appelez nord 777 s'inscrit dans le courant réaliste du film noir ayant alors cours à la Fox et pousse même le bouchon plus loin en transposant un réel faits divers et ses conséquences. En 1932 en pleine prohibition la bataille entre la police et le crime organisé est à vif, engendrant la mort de nombreux policier. Lorsqu'à Chicago un policier est abattu lors du cambriolage d'une épicerie, il s'agit de rapidement faire justice et trouver un coupable, ce dont sera victime Joseph Majczek et son supposé complice Theodore Marcinkiewicz. Ce n'est qu'après 11 ans de détention et une enquête du Chicago Times qu'ils seront innocentés et libérés sans que les vrais coupables n'aient été retrouvés.

Henry Hathaway maître de cette approche réaliste (notamment avec le précédent et excellent Le Carrefour de la mort (1947)) suit l'ensemble avec un sérieux de tous les instants. L'absence de musique, la voix-off façon bulletin d'information et le montage rigoureux dresse donc le contexte initial et saisi la manière dont la machine judiciaire va broyer l'innocent Frank Wiecek (Richard Conte). La plus insignifiante contradiction dans la déposition suffira à donner à l'opinion le coupable qu'elle attend. Onze ans plus tard le journaliste McNeal (James Stewart) fleure l'article lucratif en remontant la piste d'une petite annonce de la mère (Kasia Orzazewski) de Wiecek, convaincue de l'innocence de son fils et cherchant des témoins pouvant l'innocenter. McNeal aborde d'abord le sujet avec détachement et dans un traitement sensationnaliste, avant de réellement s'impliquer quand il sera convaincu à son tour de l'injustice. Henry Hathaway annonce les films-enquêtes à la manière du récent Spotlight avec une narration sèche et dénuée du moindre effet de dramatisation. L'émotion ne se manifeste que dans une même expression d'authenticité, que ce soit la poignante première rencontre avec la mère s'épuisant en ménage ou la réaction sobre et cinglante de Wiecek face au traitement de l'information de McNeal qui expose sa famille. Hormis cela le récit déroule méticuleusement tous les hauts et les bas de l'investigation traversée de tâtonnement et quête d'indice laborieuse. Les environnements parcourus par McNeal participent également à cette volonté de réalisme, avec pour certains les lieux du fait divers d'origine à Chicago. On pense notamment aux scènes dans le vrai pénitencier de Joliet et surtout aux séquences urbaines quasi documentaires pénétrant dans les bars tenus et remplies par la communauté émigrantes polonaise.

La probable manipulation policière et les obstacles rencontrés par McNeal ne feront pas l'objet d'une menace et suspense malvenus, servant essentiellement à souligner l'acharnement de McNeal magistralement interprété par James Stewart. Henry Hathaway s'efface au service de son sujet, la vraie tension ne se ressentant que dans le final où l'on touche au but et qui ne rend l'exploit que plus fort par l'audace technique amenant la preuve espérée. Une œuvre qui engendrera une grande descendance dans sa célébration de l'exaltation journalistique dans ce qu'elle a de meilleur. 5/6
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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

Le Renard du désert (The Desert Fox : the Story of Rommel) - 1951

L'idée de tracer un portrait de Rommel dans les derniers jours de sa vie était intéressante -surtout vu de Hollywood-, James Mason n'a à souffrir d'aucuns reproches mais je dois avouer n'avoir pas trouvé ça très captivant ni forcément bien construit. A la limite ce que j'ai préféré ce sont les images d'archives et les séquences 'film noir' -la filature du docteur soupçonné de défaitisme-, genre pour lequel Hathaway avait fait ses preuves. Pas inintéressant mais j'ai plus souvent penché du côté de l'ennui poli malgré aussi un émouvant final jusqu'à cet hommage de Churchill.
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