Quand les aigles attaquent (Brian G. Hutton - 1969)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Julien Léonard
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Quand les aigles attaquent (Brian G. Hutton - 1969)

Message par Julien Léonard »

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Le sujet : En 1943, un commando anglais mené par John Smith doit aller délivrer un général américain tenu prisonnier par les allemands en Autriche. L’opération, délicate, consiste à aller le secourir en haut du château dit « Le Nid D’aigle », mais la mission s’avère plus compliquée que prévue…

En 1969, Clint Eastwood est déjà une star mondiale qui monte de plus en plus. Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, et Le bon, la brute et le truand l’ont assis sur une notoriété stable, faisant de lui un acteur très en vue. N’en restant pas là, Eastwood tourne s’en retourne aux USA et y fait un bon western en 1967, Pendez-les hauts et courts, qui aura une certaine renommée, et un bon polar préfigurant l’inspecteur Harry en 1968, Un shérif à New York. Tout marche plutôt bien pour l’acteur devenu également producteur. C’est alors qu’on lui propose un rôle dans ce qui sera sa première superproduction d’envergure : le personnage de Shaffer dans Quand les aigles attaquent. Le film, produit par la MGM, est censé re-booster la carrière défaillante de Richard Burton : celui-ci, habitué aux films de guerre (on l’y retrouvera dans Le cinquième commando, Les rats du désert ou encore le très réussit Les oies sauvages), est à l’aise dans ce rôle sur mesure. Tournage très difficile, cascades et pyrotechnie en pagaille, conditions ardues… Rien n’est épargné aux participants du films, mais le résultat est là : c’est une incontestable réussite artistique et financière.

En effet, je classe le film dans les meilleurs films de guerre qu’ait tourné Hollywood dans les années 60. Le scénario, abominablement bien ficelé, ménage le suspense et les rebondissements comme rarement il m’a été donné de le voir dans ce genre de films. La mise en scène maximalise le tout, donnant de la pèche et de la maestria à un ensemble extrêmement réussit : la photographie est magnifique (l’ambiance nocturne en haute montagne qui s’en dégage est encore aujourd’hui inégalée au cinéma), la musique est signée par un Ron Goodwin visiblement inspiré (thèmes héroïques rabâchés, rythme entraînant des partitions, rien ne manque), le montage alterne entre prises de vues somptueuses et moments de rythmes purs… Bref, cela fonctionne parfaitement, également mené par un casting sans faute : Clint Eastwood s’avère très bon en « Mister Action » quasi-muet (le coup des mitrailleuses dans chaque main préfigure les films d’action 80’s), Mary Ure suit la troupe sans broncher et avec flegme, et… surtout un Richard Burton parfait en leader intransigeant, intelligent, et redoutablement efficace dans les situations périlleuses. C’est simple, du début à la fin, il prend la méchante habitude de bouffer littéralement l’écran, conduisant sa mission avec force et détermination. Séduisant, manipulateur, coriace et fin stratège, il parcourt le film tel un fauve de grande classe. Pour finir, on peut dire que Quand les aigles attaquent est un film de guerre puissamment destructeur, extrêmement bien fait, doté d’un scénario millimétré, visuellement minutieusement orchestré et proposant un sens du détail et de la précision comme rarement, bref, emballé dans du papier doré et qui saura séduire même les plus récalcitrants au genre que représente le film de guerre.

En deux mots : Richard Burton et son commando de choc crèvent l’écran dans ce film d’action guerrier au scénario infaillible ménageant coups de théâtres et suspenses à répétitions pour le plus grand bonheur des amateurs de divertissements de qualité que sont les cinéphiles.
Dernière modification par Julien Léonard le 13 juin 10, 16:23, modifié 1 fois.
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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

J'avais pour ma part trouvé ça un peu plan-plan (=mou) dans ses scènes d'action malgré la variété des situations proposées (pas mal de véhicules notamment, entre téléphérique et autocar). Cela dit, je n'ai pas boudé mon plaisir devant ce divertissement qui a plutôt bien vieilli dans ma mémoire.

Et puis c'est vrai que la scène centrale dans la salle à manger avec ses retournements de situations est aussi surprenante que jubilatoire. Et c'est pas inintéressant de voir Eastwood en second rôle.
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Message par Julien Léonard »

C'est vrai que le seul défaut que je peux trouver à ce film, ce sont les effets spéciaux qui ont un peu vieilli parfois : notamment au niveau des transparences... Mais à part ça je le trouve vraiment jubilatoire, oui c'est le mot.
Dernière modification par Julien Léonard le 13 juin 10, 16:24, modifié 1 fois.
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

Un film de guerre assez fun et ... jubilatoire, où Eastwood bouffe littéralement l'écran en soldat silencieux et peu expressif (variation de l'homme sans nom de chez Leone) loin devant un Burton qui semble en faire des tonnes pour se la jouer héros téméraire sans peur et sans reproches !
Le film semble un peu long (les scènes ne sont pas toutes du même niveau) et le ton sérieux au possible, peut sembler lourd, mais il en résulte un bon film et reste comme l'une des réussites du genre dans les 60's, avant que MASH vienne se foutre de la gueule de ce bon monde.

A noter que Hutton et Eastwood se retrouveront l'année d'après avec le délirant De l'or pour les braves, autre film de guerre, mais très loin de Quand les aigles attaquent.
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Message par Julien Léonard »

Kevin95 a écrit :A noter que Hutton et Eastwood se retrouveront l'année d'après avec le délirant De l'or pour les braves, autre film de guerre, mais très loin de Quand les aigles attaquent.
Excellent film aussi que celui-là. Drôle et fun. :wink:
Dernière modification par Julien Léonard le 13 juin 10, 16:24, modifié 1 fois.
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blaisdell
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Message par blaisdell »

Un film jubilatoire avec un vrai souffle et un scènario rocambolesque. Un duo Eastwood (le "muet") et Burton (plus loquace) parfait. Une action bien menée et de bons effets (si les transparences vous font rire, regardez donc le KING KONG de Guillermin). Un film dans le grand courant de l'aventurière guerrière qui fit florès après LES DOUZE SALOPARDS.

Pour mesurer cette réussite, comparez donc avec les très médiocres CANONS DE NAVARONE.
En tous cas un film de plus en plus "culte" pour Dionnet, Tarentino et bien d'autres ?
Mais est-ce un film qui supporte plusieurs visions et ses nombreuses rediffusions?
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Pour mesurer cette réussite, comparez donc avec les très médiocres CANONS DE NAVARONE.
Entièrement d'accord

Mais est-ce un film qui supporte plusieurs visions et ses nombreuses rediffusions ?
Ce n'a pas été le cas pour moi contrairement à De l'or pour les braves Jouissif la première fois mais trop mécanique à mon goût pour me procurer du plaisir une seconde fois :(
Lord Henry
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Message par Lord Henry »

Quand les Aigles Attaquent creuse le sillon tracé par Canon.. plus qu'il ne marche sur les brisées des Douze Salopards.

Le film d'Aldrich reste dans le genre une oeuvre à part, sans descendance qui lui fût digne, mais en revanche avec une généalogie qui mériterait d'être à nouveau visitée.

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Alcatel
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Message par Alcatel »

Ce qui m'a paru un petit peu décalé, c'est Eastwood dans ce film comme Stallone chez John Huston quinze ans plus tard: un acteur contemporain dans un film à l'aspect super-classique. ;) Comme si on mettait Montgomery Clift et Al Pacino ensemble sous la caméra de Billy Wilder.
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Julien Léonard
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Message par Julien Léonard »

Bah mince alors, je suis le seul à avoir adoré.:oops:

J'ai toujours aimé le style "film de commando", c'est aussi peut-être pour ça que j'aime autant ce film. J'adore Les canons de Navarone, mais je sais ce que tu en pense Jeremy, si je m'en souviens bien.:mrgreen:
Dernière modification par Julien Léonard le 13 juin 10, 16:26, modifié 1 fois.
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harry callahan
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Message par harry callahan »

Sans aller jusqu'à adorer, je trouve que c'est un excellent film d'aventures / espionnage, parfaitement rythmé, avec de très bons moments, de très beaux décors naturels, bref tout ce qu'il faut pour passer un moment des plus agréables.

Dans l'association Hutton / Eastwood, j'ai une préférence pour De l'or pour les braves, le casting étant plus riche, avec quelques scènes jubilatoires et nombre de moments où la guerre et l'armée sont très joyeusement tournés en dérision.
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Message par mynameisfedo »

le seul défaut que je trouve à ce film, c'est que tous les bons s'en sortent haut la main, alors que tous les allemands s'en prennent plein la gueule.
bref, quand je regarde ce film, j'en arrive à me demander comment les allemands ont pû être à 2 doigts d'être les maîtres du monde... :roll:
la guerre, c'était tout sauf une partie de rigolade, et 99% des films de guerre le montrent bien avec un quota de morts respectés dans les 2 camps.
dommage, cette "happy end" gâche un peu le spectacle.
par contre, j'apprécie le côté "wolfenstein" du film... 8)

maintenant, si je me souviens bien ce que j'avais lû quelquepart à propos de ce film, c'est richard burton lui-même qui avait demandé/commandé un film d'aventure pour faire plaisir à son jeune fils, et dans lequel il serait le héros. ceci explique peut-être mieux la happy end...
Julien Léonard
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Message par Julien Léonard »

mynameisfedo a écrit :le seul défaut que je trouve à ce film, c'est que tous les bons s'en sortent haut la main, alors que tous les allemands s'en prennent plein la gueule.

Et bien c'est justement l'un des aspects que j'aime avec ce film. Pour une fois (et c'est assez rare pour être souligné), les héros s'en sortent tous.:wink: D'habitude, que ce soit dans Les 12 salopards ou Les oies sauvages dans un autre style, y'en a toujours un gros paquet qui y laissent leur peau : ça me va, d'autant que ça donne une pèche plus réaliste à l'ensemble, là je trouve ça cool qu'on se dise "Ouais ils s'en sortent tous".
Dernière modification par Julien Léonard le 13 juin 10, 16:27, modifié 1 fois.
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mynameisfedo
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Message par mynameisfedo »

Julien Léonard a écrit :
mynameisfedo a écrit :le seul défaut que je trouve à ce film, c'est que tous les bons s'en sortent haut la main, alors que tous les allemands s'en prennent plein la gueule.

Et bien c'est justement l'un des aspects que j'aime avec ce film... Pour une fois (et c'est assez rare pour être souligné), les héros s'en sortent tous !! :wink: D'habitude, que ce soit dans "Les 12 salopard" ou "Les oies sauvages" dans un autre style, y'en a toujours un gros paquet qui y laissent leur peau : ça me va, d'autant que ça donne une pèche plus réaliste à l'ensemble, mais une fois comme ça je trouve ça cool qu'on se dise "Ouais ils s'en sortent tous". :wink:
ben ouais, mais à la base, c'est un film de guerre ou une blague? :wink:

mais bon, effectivement, tout dépend de ce qu'on recherche au ciné.

reste que ce qui fait la force d'une "dirty dozen", c'est justement la crédibilité absolue de l'ensemble. => on y croit dur comme fer. alors que dans le film de burton, une telel opération n'aurait jamais pû se dérouler ainsi.

mais comme je l'ai dit, c'est burton qui voulait faire plaisir à son jeune fils. alors, évidemment.. il vaut mieux voir le film comme un simple film d'aventures... n'empêche, j'aurais préféré que le film se termine avec un seul survivant: clint eastwood: le seul à n'être au courant de rien... :mrgreen:
mynameisfedo
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Message par mynameisfedo »

dans le genre, je préfère "kelly's heroes" toujours avec clint eastwood, mais également avec d'autres acteurs au charisme nettement plus appuyé que celui de richard burton: telly savalas et donald sutherland entre autres.

même si là également les producteurs ont saboté quelque peu la fin avec cette happy end inerte...
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