Baby Cart

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Anorya
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Re: Baby Cart

Message par Anorya »

Boubakar a écrit :Parce que Anorya m'a donné envie de (re)voir cette saga :
Sur Baby Cart dont il signe 4 des 6 films, Kenji Misumi a pu se lâcher carrément et donner libre cours à des excès de beauté brute déjà entraperçus dans sa trilogie du sabre. La relation du loup, ancien bourreau du shogunnat Ogami Itto et son enfant est de plus excellament bien traitée, les deux se complétant, l'un venant au secours de l'autre et réciproquement si besoin est. C'est encore plus visible dans ce second volet où le ptit Daigoro (terriblement mignon au passage) donne à manger à son père souffrant et fièvreux et que par la suite quand ce dernier vient le sauver de ses ravisseurs, juste par un dialogue et un signe, le contact s'échange, le gamin au dessus d'un puits normalement réputé sans fond, après avoir compris le message secret de son père fait mine de perdre son chausson ce qui révèle un léger "plouf" au fond du puits et permet à Ogami de pouvoir secourir son ptiot en toute sécurité, sans compter les scènes où les deux sont ensemble sur les routes, ou au bain ou pendant une traversée.
Quand à la chorégraphie des combats aux sabres, ça reste du grand art, tout dans le geste et le montage (avec une pointe de visuel bien gore quand le sang gicle, parfois de manière fort poétique, cf la mort d'un des trois frères de ce second volet...), l'ensemble étant toujours d'une virtuosité folle et jouissive.
J'ai revu le premier volet, et même si c'est une introduction, on voit déjà les germes de ce que peut être la série ; de la violence, des geishas, des combats (superbes) au sabre, et, plus que tout, la relation entre le Ogami Itto et son fils, au centre de tout le récit.
On reconnait d'ailleurs la patte de Shintaro Katsu dans le film (d'ailleurs, l'acteur principal lui ressemble) : un homme parcourant le Japon, orné d'un "handicap", à la recherche d'une certaine paix intérieure, et vivant comme un mercenaire (enfin, se vendre au plus offrant), tout ça est très proche de Zatoichi, et ça n'est pas pour me déplaire ! Et la musique de fin est dantesque (quand ils traversent le pont), il me la faut !! :P
Vu comme c'est très court (1h20), j'attaque la suite de ce pas ! :)
Boubakar a finalement recopié mon avis initialement ici. Bigre. :mrgreen:

Pour les geishas et l'aspect féminin prédominant, je renvoie à un commentaire d'un de mes profs qui m'a fait bien marrer, prononcé en plein cours : "Finalement Baby Cart c'est une série très mammaire." :mrgreen:
Blue a écrit :Alors là, je vais t'en apprendre une bonne. Il se trouve que Wakayama Tomisaburo est le frère de Katsu Shintaro ;)
En effet. Il a pas fondé sa maison de production aussi d'ailleurs Tomisaburo ? :o
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Boubakar
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Re: Baby Cart

Message par Boubakar »

L'enfant massacre (Kenji Misumi, 1972)

Suite directe du premier volet, on démarre tout de suite par une scène d'action très sanguinolente, à l'image de ce qui va se passer durant le film.
Dans les scènes gore, il y a celle où les amazones dépècent un homme en lui coutant un à un les membres de son corps (une inspiration pour les Monty Python ?), et une, sublime, dans le désert, où un pauvre homme va se voir écarteler la tête et un autre va entendre "son sang chanter" à la suite d'une blessure au cou.
D'ailleurs, le passage avec les frères Bentenrai a dû être repris par Carpenter pour une scène de Jack Burton (quand ils tiennent Ito de chaque côté, une chaine à la main), avec aussi des influences qui laissent paraître ce que seront les jeux vidéo.
Bien qu'ici, on s'intéresse un peu moins à Ito proprement dit, ainsi qu'à son fils (à une scène près), c'est un meilleur épisode que le premier, constamment bourrin, mais qui sait doser ses effets de relâche pour nous proposer quelque chose de toujours plus fort.
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gnome
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Re: Baby Cart

Message par gnome »

Boubakar a écrit :L'enfant massacre (Kenji Misumi, 1972)
Dans les scènes gore, il y a celle où les amazones dépècent un homme en lui coutant un à un les membres de son corps (une inspiration pour les Monty Python ?), et une, sublime, dans le désert, où un pauvre homme va se voir écarteler la tête et un autre va entendre "son sang chanter" à la suite d'une blessure au cou.
Deux scènes extraordinaires et ahurissantes en effet... :mrgreen:
La deuxième témoignant d'une poésie incroyable et inattendue dans ce registre... :D
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nobody smith
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Re: Baby Cart

Message par nobody smith »

Grâce à Arte, j’ai donc enfin pu goûter aux aventures d’Ogami Itto et du petit Daigoro (juste loupé l’âme d’un père, le cœur d’un fils qui est de toute façon parait-il le plus faiblard de la série). Dans l’ensemble, je suis complètement fan de la série, jubilatoire de bout en bout.

1/ le territoire des démons : j’adore la trouvaille narrative qui marque une bonne partie du film (Ogami liquide un à un les membres d'un clan qui le renseignent un peu plus à chaque fois sur sa prochaine mission). Je trouve que cette idée donne une sacrée plus-value à un film qui reste sinon un prolongement efficace de tout ce qui fait le sel de la série. Il en va de même pour cette longue séquence hors de l’histoire où Daigoro a droit à son morceau de bravoure (le gamin est d’ailleurs de plus en plus impressionnant au fur et à mesure des films). Ce genre d’éléments saupoudrant l'ensemble met cet épisode un peu au-dessus des autres pour moi.

2/ l’enfant massacré : n’étant plus nécessaire d’introduire ses personnage, ce second opus va beaucoup plus loin que son aîné et offre du free-style complet. Encore plus fort, plus radical, plus dingue et chargé de recherches visuelles stupéfiantes (le sable qui rougit) sur fond de récit pulp ultra-dynamique. Et puis bon, un film qui a influencé John Carpenter pour big trouble in little china mérite juste un respect total et inconditionnel.

3/ le sabre de la vengeance : on sent que Kenji Misumi est assez enquiquiné de devoir raconter un semblant d’intrigue pour ce premier opus. De toute évidence, ça la fait chier de se fondre dans une norme narrative et la suite de la série viendra confirmer ce manque d’intérêt pour une écriture conventionnelle. Le film accuse donc un petit coup de mou, surtout dans sa première moitié. Misumi rend toutefois le spectacle captivant grâce à une débauche graphique surpuissante et souvent bien trash. Une belle introduction aux joyeusetés qui suivront.

4/ dans la terre de l’ombre : un troisième opus qui commencent à sentir la formule. Le résultat est pourtant toujours captivant (la passionnante relation entre Ogami et un samouraï déchu) même si la série va commencer à un peu s’assagir. Continuer de surenchérir après le second épisode risquait de déboucher sur quelque chose de mauvais goût et Misumi freine un peu sur les délires trash. Cela n’empêche pas le film de se montrer toujours très soigné dans sa mise en scène et d’une dynamisme qui fait plaisir (le formidable et imposant combat final).

5/ le paradis blanc de l’enfer. Dernier épisode de la série et sans Kenji Misumi. Il faut dire que son absence se ressent pas mal. Le film montre toujours une certaine inventivité visuelle qui fait sensation (les soldats qui se planquent dans les murs du cimetière) mais c’est la première fois que j’ai l’impression que la mise en scène n’est pas à la mesure de ce qu’elle propose. J’ai notamment ressentit ça dans le baroud d’honneur final où la mise en scène rame parfois pour dépeindre les multiples attaques de l’ennemi. Egalement une certaine frustration par rapport à l’affrontement d’Ogami avec le clan des mygales. Ogami est enfin face à ennemi à sa mesure (il liquide en quelques instants toutes les personnes qui le croisent) susceptibles de modifier sa perception du monde. La rencontre donne malheureusement lieu à un dénouement assez minable. Reste donc de bonnes choses très espacés qui arrivent toutefois à en faire un spectacle honnête.
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tenia
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Re: Baby Cart

Message par tenia »

nobody smith a écrit :Grâce à Arte, j’ai donc enfin pu goûter aux aventures d’Ogami Itto et du petit Daigoro (juste loupé l’âme d’un père, le cœur d’un fils qui est de toute façon parait-il le plus faiblard de la série).
Ca tombe bien, personnellement, c'est mon préféré. :mrgreen:
Le personnage d'Oyuki apporte une poésie infinie à cet épisode, où, par ailleurs, la relation entre Itto et Daigoro est enfin approfondie, Oyuki apportant qui plus est un semblant de maternité décalé.
Le final, poignant mais logique, m'avait achevé, bien loin des délires cartoonesques habituels, où Itto se transforme en tronçonneuse façon Dynasty Warriors à 1 contre 100, ou alors se farcit un "rival" Yagyu dans un duel dont l'issue est accessoire comme pas permis.
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Kevin95
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Re: Baby Cart

Message par Kevin95 »

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BABY CART : LE SABRE DE LA VENGEANCE - Kenji Misumi (1972) révision

Premier volet d'une saga aussi essentielle que les cinq fruits et légumes par jour. Un premier opus classique au vu des épisodes suivants, qui permet de poser un personnage, un univers et un parti-pris particulier. Car tout Baby Cart va naviguer entre deux extrêmes, une pureté dans la forme et une extravagance dans la violence. Kenji Misumi est un foutu petit maitre, capable d'utiliser le scope comme un Anthony Mann ou un Richard Fleischer. Une séquence d'intro fantasmatique, un destin épique, un Ogami Itto instantanément culte et un Daigoro qu'on voudrait chez soi. La séquence de fin rejoue pour le plaisir celle de Per un pugno di dollari et laisse la porte ouverte à tous les délires. Ça tombe bien, ils attendent patiemment.
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Re: Baby Cart

Message par Kevin95 »

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BABY CART : L'ENFANT MASSACRE - Kenji Misumi (1972) révision

Le personnage est présenté, l'univers aussi, bien... on passe la deuxième avec une suite absolument délirante et géniale. Kenji Misumi part totalement en sucette et multiplie les inventions baroques voir barjots. Les trois bad guys semblent inventer le jeu vidéo de baston dix plombes avant, le père et son fils ont dynamisé le landau en y incrustant des armes cachés tandis que l'affrontement final est l'une des séquences les plus iconiques du cinéma de chambara et pour toujours. Y'a pas à tortiller, dès le deuxième film, la saga est dans la stratosphère de la pop culture et annonce la couleur d'une palanqué de films qu'on a trop vite couronné précurseurs. A un tel niveau, la suite va lutter pour soutenir la comparaison et pourtant...
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Re: Baby Cart

Message par Kevin95 »

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BABY CART : DANS LA TERRE DE L'OMBRE - Kenji Misumi (1972) révision

Acte trois. L'opus le plus âpre de la saga et le plus redevable au western italien. Il semble évident que Django de Sergio Corbucci sert d'influence principale au troisième Baby Cart, non seulement pour son massacre finale hallucinant (encore aujourd'hui culte) mais aussi dans quelques détails, de la prostituée sauvée à la chanson mélancolique. Kenji Misumi tient toujours la barre avec génie, pas effrayé pour un sou de passer après son génial deuxième opus. Une forme de spleen se dégage du film tant la violence y apparait plus sèche (voir le sbire découpé en rondelle par des femmes ninjas) et la tristesse plus prégnante notamment via le personnage de l'antagoniste désirant mourir par le sabre d'Ogami Itto. Sa réplique finale résume bien tout le pathétisme de la saga, beaucoup de fureur, de sang, de colère pour pas grand-chose si ce n'est une question d'honneur mal placé. On pourrait croire Baby Cart terminé, une boucle se ferme avec ce film et les autres films, même terriblement réussis, semblent exploiter plus que renouveler l'univers. Wait and see.
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Re: Baby Cart

Message par Kevin95 »

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BABY CART : L'ÂME D'UN PÈRE, LE CŒUR D'UN FILS (Kozure Ôkami : Oya no kokoro ko no kokoro) - Buichi Saitô (1972) révision

Que le spectacle continue. Kenji Misumi a (quasiment) tout dit avec trois films mais les producteurs japonais s'en cognent royalement et font tourner encore et toujours la machine. Le réalisateur est remplacé par un Buichi Saitô excellent mais deux étages en dessous de son prédécesseur. Si la mise en scène n'a pas l'ampleur des trois premiers Baby Cart, elle reste à mille lieux au-dessus du convenant, car même un chouïa moins parfait, le quatrième opus en a suffisamment dans le coffre pour frimer auprès des copains. Le personnage de la femme tatouée est une splendeur, le méchant hypnotisant est une idée géniale tandis que, fidèles au poste, papa Ogami et fiston Daigoro n’ont pas le temps de niaiser. On reste dans les eaux du génial mais avec la sensation que la saga vire à de l'exploitation, avec scénario en forme de bric-à-brac et quelques personnages fonctions (voir la scène de fin qui relance l'intrigue comme dans une série télé). Mais papa Misumi est dans la salle d'attente.
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Re: Baby Cart

Message par Kevin95 »

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BABY CART : LE TERRITOIRE DES DÉMONS (Kozure Ôkami : Meifumadô) - Kenji Misumi (1973) révision

Kenji Misumi revient aux affaires et fait (re)suinter la bécane Baby Cart. Moins mercantile que le quatrième film, ce cinquième opus revient à une sobriété, à une violence et à un tragique dignes des trois premiers titres. Conscient d'être allé très loin dans l'extravagance formelle et dans le délire violent, le réalisateur assèche son style, donne un rôle fort à Daigoro (vu comme un être fragile mais digne, compagnon indispensable de son père) notamment lors d'une séquence où le môme est bastonné en place publique ou filme le règlement de compte final avec une précision et un sens visuel dingues. Après le film, on se dit que Baby Cart ce sera à la vie à la mort, on appelle le tatoueur pour se faire marquer le nom des personnages sur l'épaule, on se paye les affiches des films pour la chambre du (futur) enfant, bref, on tombe raide dingue de la saga et ce, même si un dernier opus viendra faire le rigolo.
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Re: Baby Cart

Message par Kevin95 »

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BABY CART : LE PARADIS BLANC DE L'ENFER (Kozure Okami : Jigoku e ikuzo ! Daigorô) - Yoshiyuki Kuroda (1974) révision

Si on sentait que le quatrième Baby Cart tirait légèrement à la ligne, pour ce sixième opus c'est carrément la pêche au gros. Pour Kenji Misumi la fête est finie, mais Yoshiyuki Kuroda glande chez lui et se propose de le remplacer. Gros bordel, le film récupère sans complexe ce qui marchait en 1974 (fantastique, horreur, action débridé, les James Bond avec Roger Moore...) quitte à taper à coté de ce qui faisait l’essence de la saga Baby Cart. On aurait pu crier au scandale, mettre ce dernier film au pilori mais... bah on s'éclate au ski. Mal branlée mais généreuse, la dernière marche de la saga se consomme avec gourmandise, entre idées dingos lors de la partie fantastique et jouissance devant l'affrontement final délirant où Ogami Itto se fight avec le grand méchant en luge dans une lumière irréellement blanchâtre. Tout roule ma poule et le sixième film peut tenir la main des films précédents malgré son statut ingrat. La fin n'est pas conçue comme une conclusion (le septième film devait trainer dans les tiroirs) mais offre une belle image de fin à la saga, un père, un fils, full stop.
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Re: Baby Cart

Message par Anorya »

Kevin95 a écrit : Premier volet d'une saga aussi essentielle que les cinq fruits et légumes par jour.
J'approuve du fond du coeur. :D
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