La saga Mabuse de Fritz Lang (1922-1960)
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Re: La "saga" Mabuse de Fritz Lang
Merci pour cette critique
Toute cette production, qui vient à la suite des films de Fritz Lang, m'a toujours intrigué. Malheureusement, ces films sont rarement diffusés.
Tu l'as vu en DVD ?
(Je crois qu'il existe un coffret zone 1 mais uniquement non sous-titré )
Toute cette production, qui vient à la suite des films de Fritz Lang, m'a toujours intrigué. Malheureusement, ces films sont rarement diffusés.
Tu l'as vu en DVD ?
(Je crois qu'il existe un coffret zone 1 mais uniquement non sous-titré )
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Re: La "saga" Mabuse de Fritz Lang (et les autres suites)
Je crois qu'on pourrait carrément parler ici de... Mabuxploitation.hellrick a écrit :
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Et si je voulais être vache, je dirais que c'est Lang lui-même qui a commencé avec Le diabolique Dr Mabuse...
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Re: La saga Mabuse de Fritz Lang
Mabuxploitation j'aime bien ça faut déposer le terme
DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT
DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT
Huitième et dernier volet de la saga « Mabuse » (si on excepte les films de Jésus Franco et Claude Chabrol), DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT (ou, selon les pays, « Les rayons de la mort du docteur Mabuse »), s’éloigne encore davantage des racines du personnage pour plonger tête la première dans les eaux saumâtres du sous-James Bond, genre très en vogue au milieu des années ’60. Réalisé par un Hugo Fregonese en fin de carrière loin de ses formidables QUAND LES TAMBOURS S’ARRETERONT et LE RAID, le film adopte tous les poncifs attendus dans une intrigue alambiquée qui cache mal ses différents emprunts.
Peter Van Eyck, déjà présent dans deux « Mabuse » antérieurs mais dans un rôle différent, incarne ici un valeureux agent secret, le major Bob Anders, qui part pour Malte en compagnie d’une jolie fille (une « contrainte » de ses supérieurs afin qu’il passe inaperçu) afin de protéger le professeur Larson. Ce-denier a inventé une redoutable machine capable de générer un rayon de la mort (on se croirait en pleine science-fiction de l’âge « pulp ») suffisamment puissant pour désintégrer des villes entières. Cette création diabolique suscite évidemment la convoitise du docteur Mabuse, le super-criminel ayant projeté de s’en emparer pour devenir…le maître du monde (insérer ici quelques rires sardoniques !).
Emporté par sa logique purement commercial, le long-métrage joue effrontément la carte de l’espionnite à la James Bond avec ce criminel diabolique qui cherche à asseoir sa domination mondiale grâce à une invention révolutionnaire. Les prémices du récit, tout comme les bagarres sous-marines du final, rapprochent d’ailleurs immanquablement l’entreprise d’OPERATION TONNERRE, lequel date – oh surprise ! – de la même année. Les références « bondiennes » assumées incluent également une cohorte de jolies filles (dont une « agent 008 » !), des répliques humoristiques pleines de sous-entendus salaces et de double-sens et quelques séquences dignes du serial. Le héros est, par exemple, abattu par une de ses conquêtes (il porte un gilet pare-balles sous son smoking !), reçoit un bouquet de fleurs (qui dissimule une bombe !) ou se voit menacé par l’arme du super méchant (auquel il a commodément retiré le rubis permettant de l’actionner !). Malgré tous ces éléments en apparence sympathique pour les nostalgiques du « film à épisodes », DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT demeure une production faiblarde, à l’action souvent poussive et à l’érotisme désuet mais dont la franche misogynie pourra faire sourire les plus indulgents.
Les liens de cet ultime chapitre avec les précédents épisodes de la saga sont, pour leur part, ténus et Mabuse lui-même n’apparait jamais à l’écran autrement que par silhouette interposée. Interprète habituel du rôle, Wolfgrang Preiss se voit d’ailleurs crédité au générique sans, en réalité, apparaître dans le film. Une belle arnaque. De toutes manières, le criminel diabolique aurait tout aussi bien pu être rebaptisé Fu Manchu, Fantômas ou Blofeld sans que cela ne change rien à l’intrigue. Cette dernière se révèle d’ailleurs brouillonne et peu compréhensible, chaque personnage – ou presque - apparaissant comme un agent double ou étant manipulé d’une manière ou d’une autre. Pas évident de s’y retrouver et, vu le manque d’intérêt du produit, difficile de se concentrer sur un long-métrage ennuyeux. La mise en scène, elle, oublie les tentatives expressionnistes des précédents volets qui tentaient, à tout le moins, d’instaurer une atmosphère inquiétante pour privilégier une facture télévisuelle sans la moindre inspiration qui ne possède même pas le côté gentiment décalé des productions italiennes bigarrées de la même époque.
La musique jazzy typique des sixties semble, pour sa part, peu adaptée au long-métrage et n’aide guère à lui donner le rythme nécessaire à combler les nombreuses invraisemblances du scénario qui se conclut, en outre, par un climax d’une mollesse désespérante.
Décalque peu inspiré des James Bond (et d’OPERATION TONNERRE en particuliers), DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT ne mérite une vision que par les cinéphiles les plus curieux et aventureux. Les autres s’abstiendront sans regret même si les inconditionnels de l’espionnage bis des sixties pourraient, à la rigueur, y trouver leur content à condition d’être vraiment bien disposé. Il était temps que la saga se termine, dommage que ce soit sur une note aussi faible.
Peter Van Eyck, déjà présent dans deux « Mabuse » antérieurs mais dans un rôle différent, incarne ici un valeureux agent secret, le major Bob Anders, qui part pour Malte en compagnie d’une jolie fille (une « contrainte » de ses supérieurs afin qu’il passe inaperçu) afin de protéger le professeur Larson. Ce-denier a inventé une redoutable machine capable de générer un rayon de la mort (on se croirait en pleine science-fiction de l’âge « pulp ») suffisamment puissant pour désintégrer des villes entières. Cette création diabolique suscite évidemment la convoitise du docteur Mabuse, le super-criminel ayant projeté de s’en emparer pour devenir…le maître du monde (insérer ici quelques rires sardoniques !).
Emporté par sa logique purement commercial, le long-métrage joue effrontément la carte de l’espionnite à la James Bond avec ce criminel diabolique qui cherche à asseoir sa domination mondiale grâce à une invention révolutionnaire. Les prémices du récit, tout comme les bagarres sous-marines du final, rapprochent d’ailleurs immanquablement l’entreprise d’OPERATION TONNERRE, lequel date – oh surprise ! – de la même année. Les références « bondiennes » assumées incluent également une cohorte de jolies filles (dont une « agent 008 » !), des répliques humoristiques pleines de sous-entendus salaces et de double-sens et quelques séquences dignes du serial. Le héros est, par exemple, abattu par une de ses conquêtes (il porte un gilet pare-balles sous son smoking !), reçoit un bouquet de fleurs (qui dissimule une bombe !) ou se voit menacé par l’arme du super méchant (auquel il a commodément retiré le rubis permettant de l’actionner !). Malgré tous ces éléments en apparence sympathique pour les nostalgiques du « film à épisodes », DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT demeure une production faiblarde, à l’action souvent poussive et à l’érotisme désuet mais dont la franche misogynie pourra faire sourire les plus indulgents.
Les liens de cet ultime chapitre avec les précédents épisodes de la saga sont, pour leur part, ténus et Mabuse lui-même n’apparait jamais à l’écran autrement que par silhouette interposée. Interprète habituel du rôle, Wolfgrang Preiss se voit d’ailleurs crédité au générique sans, en réalité, apparaître dans le film. Une belle arnaque. De toutes manières, le criminel diabolique aurait tout aussi bien pu être rebaptisé Fu Manchu, Fantômas ou Blofeld sans que cela ne change rien à l’intrigue. Cette dernière se révèle d’ailleurs brouillonne et peu compréhensible, chaque personnage – ou presque - apparaissant comme un agent double ou étant manipulé d’une manière ou d’une autre. Pas évident de s’y retrouver et, vu le manque d’intérêt du produit, difficile de se concentrer sur un long-métrage ennuyeux. La mise en scène, elle, oublie les tentatives expressionnistes des précédents volets qui tentaient, à tout le moins, d’instaurer une atmosphère inquiétante pour privilégier une facture télévisuelle sans la moindre inspiration qui ne possède même pas le côté gentiment décalé des productions italiennes bigarrées de la même époque.
La musique jazzy typique des sixties semble, pour sa part, peu adaptée au long-métrage et n’aide guère à lui donner le rythme nécessaire à combler les nombreuses invraisemblances du scénario qui se conclut, en outre, par un climax d’une mollesse désespérante.
Décalque peu inspiré des James Bond (et d’OPERATION TONNERRE en particuliers), DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT ne mérite une vision que par les cinéphiles les plus curieux et aventureux. Les autres s’abstiendront sans regret même si les inconditionnels de l’espionnage bis des sixties pourraient, à la rigueur, y trouver leur content à condition d’être vraiment bien disposé. Il était temps que la saga se termine, dommage que ce soit sur une note aussi faible.
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Re: La saga Mabuse de Fritz Lang
Je pense que d'autres y ont pensé bien avant moi...hellrick a écrit :Mabuxploitation j'aime bien ça faut déposer le terme
Ahh... ces affiches approximatives, tout un poème...DOCTEUR MABUSE ET LE RAYON DE LA MORT
Je sais bien que cette actrice fut souvent cantonnée dans des rôles de brunes incendiaires mais la rebaptiser Yvonne Fourneaux...
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Joseph L. Mankiewicz
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Re: La saga Mabuse de Fritz Lang (1922-1960)
MABUSE ATTAQUE SCOTLAND YARD
Le cinéaste allemand Paul May prend la succession de Fritz Lang et Harald Reinl pour une nouvelle aventure (la septième déjà !) du célèbre docteur Mabuse, cette fois adaptée du roman « The Device » de Bryan Edgar Wallace.
Après la mort du docteur Mabuse, se dresse un nouveau génie du Mal, le professeur Pohland, dans lequel l’esprit démoniaque du défunt docteur continue à « vivre ». Le criminel s’empare rapidement d’une invention révolutionnaire, un gadget capable d’imposer ses volontés à n’importe quelle personne et qu’il compte utiliser pour conquérir le monde. Pohland / Mabuse en équipe un banal appareil photo puis effectue divers tests, obtenant une parfaite obéissance de pauvres hères « zombifiés », à présent entièrement sous son emprise, à l’image d’un pauvre facteur devenu assassin malgré lui. Les séides de Mabuse commettent ainsi plusieurs crimes avant que le docteur n’élabore un plan audacieux. Il désire, en effet, s’emparer d’une fortune convoyée par le train postal dans le but, à terme, d’imposer une véritable dictature en Grande-Bretagne. Mais le vaillant major Bill Tern de Scotland Yard, associé à l’inspecteur Vulpius, découvre que les sonotones ont la particularité de rendre inefficace le « contrôleur mental » de Mabuse…Une course contre la montre s’engage entre le Yard et Mabuse.
MABUSE ATTAQUE SCOTLANT YARD embrasse immédiatement sa dimension furieusement « bis » et l’intrigue, inspirée de Bryan Edgar Wallace (fils d’Edgar Wallace et grand pourvoyeur de romans policier de gare), rapproche encore davantage la saga du « policier fantaisiste », autrement dit du « krimi », alors triomphant en territoire teuton. Les producteurs se sont en effet contenté de remplacer le méchant du roman originel par le plus porteur docteur Mabuse afin de s’attirer à la fois les fans des « Edgar Wallace » et des « Mabuse. Une impression encore renforcée par la présence de Klaus Kinski, lequel joue un policier tombant, à mi-parcours, sous l’influence du maléfique docteur.
Les péripéties, elles, n’innovent pas vraiment et se résument aux tentatives de Mabuse pour diriger le monde, contrariées par un vaillant agent de Scotland Yard. Certains passages possèdent, dès lors, un côté très serial avec leurs rebondissements improbables. Un flic devant exécuté le héros est, par exemple, opportunément soustrait à l’influence pernicieuse de Mabuse grâce à… son appareil auditif. D’où un climax délirant qui voit une escadre du Yard équipée de sonotones investir le repaire du génie du crime. En dépit de ces séquences absurdes, le long-métrage traite son sujet sans sombrer dans la parodie facile et veille à préserver un climat de menace réelle, ne serait-ce que par la personnalité de l’omniscient docteur. L’humour volontaire est, toutefois, présent par l’entremise de la mère du héros, une digne vieille dame grande lectrice de romans policiers qui passe une partie de son temps à fumer le cigare et prodigue de judicieux conseils à son fiston. Son astucieuse intelligence et sa débrouillardise permettront, in fine, au Bien de triompher.
Emballé avec professionnalisme, MABUSE ATTAQUE SCOTLAND YARD ne souffre pas trop d’un budget qu’on imagine restreint et réserve quelques belles scènes, volontiers expressionnistes, comme cette surprenante pendaison qui voit le bourreau périr de sa propre main, son corps se balançant au bout d’une corde et projetant une ombre sinistre sur les murs de la prison. Ces petites notes sympathiques élèvent le résultat final au–dessus du tout-venant et le distingue des innombrables oeuvrettes d’espionnite qui pullulaient alors sur les écrans européens.
Familier de la série, Peter van Eyck joue le brave héros nonchalant et coureur de jupons, un rôle qu’il reprendra d’ailleurs dans l’épisode suivant même si son patronyme sera inexplicablement modifié. Werner Peters est, de son côté, une nouvelle fois présent, cette fois dans le rôle d’un policier hambourgeois qui prête main forte au Yard. Enfin, Wolgang Preiss effectue de la figuration en « docteur Mabuse », Walter Rilla se chargeant d’incarner, durant la quasi-totalité de la projection, le maléfique personnage « ressuscité » dans la peau d’un certain professeur Pohland. Du pur délire bis !
De son côté, l’accompagnement musical, pas toujours adapté aux images, propose un jazz enlevé, typique des séries B des années ’60, qui confère un minimum de rythme à ce récit sinon un peu trop pantouflard pour emporter l’adhésion. Le tout se révèle, en tout cas, nettement supérieur aux deux long-métrages ultérieurs de la série.
Loin d’un grand film, MABUSE ATTAQUE SCOTLAND YARD reste néanmoins plaisant et plutôt joliment troussé. Par conséquent, il se regarde sans déplaisir et saura divertir les inconditionnels du « krimi » ou de l’aventure science-fictionnelle rétro.
Après la mort du docteur Mabuse, se dresse un nouveau génie du Mal, le professeur Pohland, dans lequel l’esprit démoniaque du défunt docteur continue à « vivre ». Le criminel s’empare rapidement d’une invention révolutionnaire, un gadget capable d’imposer ses volontés à n’importe quelle personne et qu’il compte utiliser pour conquérir le monde. Pohland / Mabuse en équipe un banal appareil photo puis effectue divers tests, obtenant une parfaite obéissance de pauvres hères « zombifiés », à présent entièrement sous son emprise, à l’image d’un pauvre facteur devenu assassin malgré lui. Les séides de Mabuse commettent ainsi plusieurs crimes avant que le docteur n’élabore un plan audacieux. Il désire, en effet, s’emparer d’une fortune convoyée par le train postal dans le but, à terme, d’imposer une véritable dictature en Grande-Bretagne. Mais le vaillant major Bill Tern de Scotland Yard, associé à l’inspecteur Vulpius, découvre que les sonotones ont la particularité de rendre inefficace le « contrôleur mental » de Mabuse…Une course contre la montre s’engage entre le Yard et Mabuse.
MABUSE ATTAQUE SCOTLANT YARD embrasse immédiatement sa dimension furieusement « bis » et l’intrigue, inspirée de Bryan Edgar Wallace (fils d’Edgar Wallace et grand pourvoyeur de romans policier de gare), rapproche encore davantage la saga du « policier fantaisiste », autrement dit du « krimi », alors triomphant en territoire teuton. Les producteurs se sont en effet contenté de remplacer le méchant du roman originel par le plus porteur docteur Mabuse afin de s’attirer à la fois les fans des « Edgar Wallace » et des « Mabuse. Une impression encore renforcée par la présence de Klaus Kinski, lequel joue un policier tombant, à mi-parcours, sous l’influence du maléfique docteur.
Les péripéties, elles, n’innovent pas vraiment et se résument aux tentatives de Mabuse pour diriger le monde, contrariées par un vaillant agent de Scotland Yard. Certains passages possèdent, dès lors, un côté très serial avec leurs rebondissements improbables. Un flic devant exécuté le héros est, par exemple, opportunément soustrait à l’influence pernicieuse de Mabuse grâce à… son appareil auditif. D’où un climax délirant qui voit une escadre du Yard équipée de sonotones investir le repaire du génie du crime. En dépit de ces séquences absurdes, le long-métrage traite son sujet sans sombrer dans la parodie facile et veille à préserver un climat de menace réelle, ne serait-ce que par la personnalité de l’omniscient docteur. L’humour volontaire est, toutefois, présent par l’entremise de la mère du héros, une digne vieille dame grande lectrice de romans policiers qui passe une partie de son temps à fumer le cigare et prodigue de judicieux conseils à son fiston. Son astucieuse intelligence et sa débrouillardise permettront, in fine, au Bien de triompher.
Emballé avec professionnalisme, MABUSE ATTAQUE SCOTLAND YARD ne souffre pas trop d’un budget qu’on imagine restreint et réserve quelques belles scènes, volontiers expressionnistes, comme cette surprenante pendaison qui voit le bourreau périr de sa propre main, son corps se balançant au bout d’une corde et projetant une ombre sinistre sur les murs de la prison. Ces petites notes sympathiques élèvent le résultat final au–dessus du tout-venant et le distingue des innombrables oeuvrettes d’espionnite qui pullulaient alors sur les écrans européens.
Familier de la série, Peter van Eyck joue le brave héros nonchalant et coureur de jupons, un rôle qu’il reprendra d’ailleurs dans l’épisode suivant même si son patronyme sera inexplicablement modifié. Werner Peters est, de son côté, une nouvelle fois présent, cette fois dans le rôle d’un policier hambourgeois qui prête main forte au Yard. Enfin, Wolgang Preiss effectue de la figuration en « docteur Mabuse », Walter Rilla se chargeant d’incarner, durant la quasi-totalité de la projection, le maléfique personnage « ressuscité » dans la peau d’un certain professeur Pohland. Du pur délire bis !
De son côté, l’accompagnement musical, pas toujours adapté aux images, propose un jazz enlevé, typique des séries B des années ’60, qui confère un minimum de rythme à ce récit sinon un peu trop pantouflard pour emporter l’adhésion. Le tout se révèle, en tout cas, nettement supérieur aux deux long-métrages ultérieurs de la série.
Loin d’un grand film, MABUSE ATTAQUE SCOTLAND YARD reste néanmoins plaisant et plutôt joliment troussé. Par conséquent, il se regarde sans déplaisir et saura divertir les inconditionnels du « krimi » ou de l’aventure science-fictionnelle rétro.
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Re: La saga Mabuse de Fritz Lang (1922-1960)
LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE
Pour ce qui restera son dernier film Fritz Lang, alors âgé de 70 ans, revient au personnage qui fit sa gloire trente ans plus tôt via DOCTEUR MABUSE LE JOUEUR et LE TESTAMENT DU DOCTEUR MABUSE. Ce compromis commercial aurait dû permettre au cinéaste de diriger un projet plus personnel mais ce-dernier, consacré à un violeur en série, n’aboutit jamais. Malgré son côté bis un peu bâclé, LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE fut cependant rentable et entraîna la mise sur pied de cinq séquelles, étalées sur autant d’années, qui prirent rapidement la voie du thriller d’espionnite à l’européenne, genre alors en vogue comme allait en témoigner le triomphe de James Bond dès 1962. Le résultat, plaisant, n’en reste pas moins une déception dont le manque de budget fait peine à voir après la luxuriance exotique du diptyque formé par LE TIGRE DU BENGALE et LE TOMBEAU HINDOU.
Sur le chemin le conduisant à une chaine de télévision, le journaliste Peter Barter est assassiné. Le crime avait été prédit par le voyant Cornelius, lequel est, cependant, incapable de déterminer l’identité du meurtrier. Le commissaire Kras mène dès lors l’enquête et s’intéresse aux clients de l’hôtel Luxor, unique lien apparent entre plusieurs assassinats commis récemment. Trevor, un riche Américain, réussit dans le même temps à empêcher le suicide d’une jeune désespérée, Marion Menils, menacée par des messages envoyés par un inconnu. La piste le conduit finalement à un génie du crime, supposé décédé depuis un quart de siècle, le diabolique Docteur Mabuse.
Inutilement complexe et labyrinthique, le scénario de ce DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE prend plaisir à égarer le spectateur dans une suite de fausses-pistes et de retournements de situations plus ou moins convaincants, inspirés de la littérature de gare, ces fameux « krimi » qui récoltaient, à cette époque, un franc-succès via leurs adaptations cinématographiques. Le plan du maître du crime semble, dès lors, improbable et quelque peu nébuleux tandis que l’action se concentre, probablement pour des raisons bassement budgétaires, dans le décor quasi unique d’un hôtel de luxe dont les clients sont observés, via un ingénieux système de caméras, par Mabuse. D’où le titre original plus évocateur, d’ailleurs traduit littéralement lors de l’exploitation belge du long-métrage des « 1000 yeux du Docteur Mabuse ». Ces quelques idées sympathiques n’empêchent pas, hélas, le film d’être longuet et un brin ennuyeux, s’élevant difficilement au-dessus d’une moyenne tout juste honnête. L’interprétation pénible de Dawn Adams constitue ainsi un des nombreux bémols d’une production qui tire à la ligne pour ne s’animer véritablement que durant sa dernière demi-heure.
Si LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE gagne dès lors en rythme, il ne sort pas pour autant de la routine du « policier de série B » avec son quota de fusillades peu convaincantes, de poursuite en voiture mollassonnes et de cascades prudentes. Difficile de se sentir vraiment intéressé par cette suite de rebondissements prévisibles d’autant que les révélations « fracassantes » du final concernant Mabuse ne surprendront personne. Lors du climax pataud, on s’attend presque à voir débouler Louis de Funès pour hurler un « je t’aurais Mabuse, je t’aurais » de circonstance.
Pas désagréable mais anodin, ce DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE s’avère une série B à petit budget correcte mais dénuée du moindre éclat. Une oeuvrette dans l’ensemble, parfaitement anonyme qui ne se distingue d’ailleurs pas vraiment (en bien ou en mal) des suites ultérieurs. Décevant.
Sur le chemin le conduisant à une chaine de télévision, le journaliste Peter Barter est assassiné. Le crime avait été prédit par le voyant Cornelius, lequel est, cependant, incapable de déterminer l’identité du meurtrier. Le commissaire Kras mène dès lors l’enquête et s’intéresse aux clients de l’hôtel Luxor, unique lien apparent entre plusieurs assassinats commis récemment. Trevor, un riche Américain, réussit dans le même temps à empêcher le suicide d’une jeune désespérée, Marion Menils, menacée par des messages envoyés par un inconnu. La piste le conduit finalement à un génie du crime, supposé décédé depuis un quart de siècle, le diabolique Docteur Mabuse.
Inutilement complexe et labyrinthique, le scénario de ce DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE prend plaisir à égarer le spectateur dans une suite de fausses-pistes et de retournements de situations plus ou moins convaincants, inspirés de la littérature de gare, ces fameux « krimi » qui récoltaient, à cette époque, un franc-succès via leurs adaptations cinématographiques. Le plan du maître du crime semble, dès lors, improbable et quelque peu nébuleux tandis que l’action se concentre, probablement pour des raisons bassement budgétaires, dans le décor quasi unique d’un hôtel de luxe dont les clients sont observés, via un ingénieux système de caméras, par Mabuse. D’où le titre original plus évocateur, d’ailleurs traduit littéralement lors de l’exploitation belge du long-métrage des « 1000 yeux du Docteur Mabuse ». Ces quelques idées sympathiques n’empêchent pas, hélas, le film d’être longuet et un brin ennuyeux, s’élevant difficilement au-dessus d’une moyenne tout juste honnête. L’interprétation pénible de Dawn Adams constitue ainsi un des nombreux bémols d’une production qui tire à la ligne pour ne s’animer véritablement que durant sa dernière demi-heure.
Si LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE gagne dès lors en rythme, il ne sort pas pour autant de la routine du « policier de série B » avec son quota de fusillades peu convaincantes, de poursuite en voiture mollassonnes et de cascades prudentes. Difficile de se sentir vraiment intéressé par cette suite de rebondissements prévisibles d’autant que les révélations « fracassantes » du final concernant Mabuse ne surprendront personne. Lors du climax pataud, on s’attend presque à voir débouler Louis de Funès pour hurler un « je t’aurais Mabuse, je t’aurais » de circonstance.
Pas désagréable mais anodin, ce DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE s’avère une série B à petit budget correcte mais dénuée du moindre éclat. Une oeuvrette dans l’ensemble, parfaitement anonyme qui ne se distingue d’ailleurs pas vraiment (en bien ou en mal) des suites ultérieurs. Décevant.
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Re: La saga Mabuse de Fritz Lang (1922-1960)
Bien vu !hellrick a écrit :LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE
Lors du climax pataud, on s’attend presque à voir débouler Louis de Funès pour hurler un « je t’aurais Mabuse, je t’aurais » de circonstance.
C'est quand même désolant de réaliser que j'ai plus de plaisir à me repasser un épisode des Fantomas d'Hunebelle qu'un Lang...
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Re:
Un film cousu de fil blanc comme le dit Ouf. Sans cette narration au rasoir qui caractérise l'art de son réalisateur, on se retrouve avec un film à l'intrigue assez lâche et des petits "trucs" de réalisation en rustine. L'ensemble, c'est un crève-coeur de le dire, a durement accusé l'outrage des ans.
Mon top :
-Dr Mabuse der spieler (étonnant, et pillé sans vergogne par les réalisateurs de 007)
-Le diabolique Dr Mabuse (palpitant du début jusqu'à la fin)
Edit après avoir parcouru le topic : si j'étais un vilain garçon je dirais que le principal mérite de ce film est d'avoir suscité ce chef d'oeuvre de critique autosatisfaite :
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-Dr Mabuse der spieler (étonnant, et pillé sans vergogne par les réalisateurs de 007)
-Le diabolique Dr Mabuse (palpitant du début jusqu'à la fin)
Edit après avoir parcouru le topic : si j'étais un vilain garçon je dirais que le principal mérite de ce film est d'avoir suscité ce chef d'oeuvre de critique autosatisfaite :
Trelkovsky a écrit :Perso c'est le film de Lang qui m'impressionne le plus.
Ce que j'adore dans ce film c'est le côté selle de cheval, cheval de courses, courses à pied, pied à terre...
LU SUR FORUM A MONTRES : "(...) maintenant c'est clair que Festina c'est plus ce que c'était(...)"
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Re: La saga Mabuse de Fritz Lang (1922-1960)
Le Diabolique Dr Mabuse chroniqué par Antoine Royer et test du Bluray ESC.