L'insoumis (Alain Cavalier - 1964)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

Nestor Almendros a écrit :j'ai raté LE DESORDRE ET LA NUIT cet aprèm... :twisted:
:mrgreen:

...euh oups, pardon, j'ai cru que c'était Fata. :mrgreen:
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Gaston
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Message par Gaston »

Commissaire Juve a écrit : En fait, le film commence plutôt bien et se termine dans une ambiance "roman de gare" pour midinette.
Toutafé. Il commence même très bien, mais après, les dialogues sonnent très faux, et Delon ne sait pas trop comment les balancer, je lui reproche plus le son que l'image :wink:
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Pareil que beaucoup ici: les 2 premiers tiers sont sérieux, se laissent suivre sans trop d'ennui. Mais le dernier tiers glisse vers le mélodrame un peu facile (l'amourette est vraiment artificielle). Donc un peu long sur la fin quand même... Finalement ce n'est pas pour moi l'évènement annoncé, même si un film traitant de la guerre d'Algérie n'est pas inintéressant. Je trouve à ce propos qu'on ne fait qu'effleurer ce problème, l'intrigue se résumant finalement à une prise d'otages dont on ne sait que le strict minimum sur ce qui se passe autour...
Frank Jessup
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Message par Frank Jessup »

Le probléme de l'algérie n'est qu'effleurer car ce n'est pas le sujet du film.
Trés belle decouverte pour ma part.
L'histoire, et même la romance entre les 2 personnages n'ont pas particulierment retenu mon attention. J'ai par contre trouvé Delon trés bon, et surtout été étonné par la poésie, voir le quasi-surréalisme de certaines scènes. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à Carné plusieurs fois.
christian
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Message par christian »

GASTON a écrit :(Re)Vu ce soir. Marrant, Cavalier est encore le réalisateur seconde équipe d'Ascenseur pour l'échafaud dans ce film, côté ambiance et photo. Delon y est déjà mauvais car mal dirigé, il en fait des tonnes, le montage est bancal, le mélo assez navrant, malgré Garel et Massari, bref c'est sympa mais parfois assez scolaire côté réalisation. Melville aurait fait autre chose de ce sujet, en plus épuré (comme aurait dit Castel !).
je suis consterné par cette remarque... :shock:

Delon est époustouflant dans ce film et son jeu est particulièrement sensible et épuré... j'arrive pas à comprendre un tel déversoir de haine (désolé)...

(et je me suis jamais remis de la musique de Delerue dans ce film...)
O'Malley
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Message par O'Malley »

bon film, d'une forte intensité avec un très beau final...Par contre, la musique de Delerue ne m'a pas emballé plus que ça: je n'ai pas retrouvé l'émotion qui se dégage de ses plus beaux lamentos mélancoliques (ex: L'important c'est d'aimer, Un homme amoureux...)
Mais c'est une question de sensibilité :wink:
christian
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Message par christian »

O'Malley a écrit :bon film, d'une forte intensité avec un très beau final...
ah, enfin un jugement sympa et pas blasé comme certains ! :)
O'Malley a écrit :Par contre, la musique de Delerue ne m'a pas emballé plus que ça: je n'ai pas retrouvé l'émotion qui se dégage de ses plus beaux lamentos mélancoliques (ex: L'important c'est d'aimer, Un homme amoureux...)
effectivement si tu compares avec Un homme amoureux, on est très très loin du compte ;) Un homme amoureux sonne très néo-romantique alors que "L'insoumis" lorgne plus du coté de Bartok ou de Serge Nigg

la partition de l'insoumis dont je parle plus en détail ici est une partition beaucoup plus angoissée et abstraite, le bouleversant final et surtout la fantastique atmosphère tissée par le musicien quand Léa Massari parle avec Delon dans son lit à la fin du film (passage très sensible et pudique que Gaston semble comparer à "Angélique - marquise des anges"... on aura vraiment tout lu :roll:)
Mais c'est une question de sensibilité :wink:
ah, dit comme ça, nos divergences passent nettement mieux qu'avec les jugements tout de même très lapidaires de Gaston ;), tu as raison, c'est uniquement une question de sensibilité... et c'est vrai que très (trop ?) peu de personnes semble apprécier le coté plus abstrait de la musique de Delerue (Quelque part quelqu'un, l'Immortelle ou Police python 357)
JamesCicero
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Message par JamesCicero »

Excellent film du malheureusement peu prolifique Alain Cavalier. L'un des rares films français qui traite très honnêtement et même sur le mode mineur des affreux desperados de l'OAS, et donc d'une certaine ambiance déjà post-coloniale (la fin de l'Algérie française est proche !) qui n'a pas fini (comme chacun peut le constater encore aujourd'hui) d'empoisonner la mémoire à trous de nos chers compatriotes.

Un des rares films à ma connaissance avec le non moins excellent La bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo à ne pas verser systématiquement dans le manichéisme le plus imbécile, tendance comme on sait ultra-majoritaire chez bon nombre de nos chers compatriotes. Je trouve personnellement Delon dans ce film excellent, comme il l'était d'ailleurs jouant un an plus tard l'officier parachutiste intègre des Centurions (Lost Command) de Mark Robson, film traitant remarquablement l'un des épisodes les plus controversés de la guerre d'Algérie : la célèbre bataille d'Alger.
O'Malley
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Message par O'Malley »

JamesCicero a écrit :Excellent film du malheureusement peu prolifique Alain Cavalier. L'un des rares films français qui traite très honnêtement et même sur le mode mineur des affreux desperados de l'OAS, et donc d'une certaine ambiance déjà post-coloniale (la fin de l'Algérie française est proche !) qui n'a pas fini (comme chacun peut le constater encore aujourd'hui) d'empoisonner la mémoire à trous de nos chers compatriotes.
oui mais le film aurait pu très bien se passer dans les rangs des nationalistes corses...Le film ne prend pas position; il s'agit avant tout d'une histoire d'amour étrange entre deux êtres qui s'opposent par leur conviction, leur milieu culturel, leur tempérament et le portrait d'un être qui agit par pulsion!!!

et pour répondre à Christian, c vrai que j'apprécie beaucoup moins les thèmes abstraits de Delerue. Ceci expliquant cela.
JamesCicero
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Message par JamesCicero »

O'Malley a écrit :
oui mais le film aurait pu très bien se passer dans les rangs des nationalistes corses...Le film ne prend pas position; il s'agit avant tout d'une histoire d'amour étrange entre deux êtres qui s'opposent par leur conviction, leur milieu culturel, leur tempérament et le portrait d'un être qui agit par pulsion!!!
Il me semble que le sujet explicite du film consiste précisément à se demander ce qui peut rester d'essentiel dans une vie quand on a tout perdu de ses illusions politiques, ce qui dans le film de Cavalier est assez magistralement réalisé. Puisque l'insoumis comme d'ailleurs "l'insoumise" (l'avocate aimée par Delon, située "politiquement" de l'autre bord) finissent par comprendre que pour sortir de ce cauchemar qu'est l'histoire (en l'occurrence la guerre d'Algérie et ses camps bien tranchés) il est nécessaire de déserter tous les camps et donc toutes les idéologies. Question de survie ou plus simplement de vie tout court. Je trouve la fin du film de Cavalier remarquable, et j'y vois personnellement un hommage à la fin similaire pour son héros du génial The Asphalt Jungle de John Huston.
christian
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Message par christian »

et musicalement, le "requiem" de Delerue qui accompagne magistralement les derniers pas de Thomas rentrant chez lui pour retrouver sa fille sont vraiment déchirants aux larmes (en plus des images magnifiques de Cavalier)...

à écouter sur le morceau "La mort de Thomas" ici
ergoproxad
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Message par ergoproxad »

christian a écrit : (trop ?) peu de personnes semble apprécier le coté plus abstrait de la musique de Delerue (Quelque part quelqu'un, l'Immortelle ou Police python 357)
je suis completement fada du final musical de Police Python 357, sorte de cousin majestueux du theme du mepris

Image
http://www.amazon.fr/Police-Python-LImp ... 852&sr=8-1
(piste 3 :wink: )


et sinon l'insoumis repasse sur TCM le mois prochain, ca sera ma première vision du film...
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Commissaire Juve
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Re: L'insoumis (Alain Cavalier, 1964)

Message par Commissaire Juve »

Commissaire Juve a écrit :

Sinon, il est sympa ce Delon :) ... Je me rends compte que je l'avais déjà vu. Heureusement, j'ai tout oublié ! :mrgreen:
C'était à la mi-novembre 2005.

Le film est repassé ce soir sur ARTE. Je ne me souvenais pas l'avoir vu en 2005. Je pensais ne l'avoir découvert qu'en septembre 1983 !
Commissaire Juve a écrit :
GASTON a écrit :(Re)Vu ce soir. Marrant, Cavalier est encore le réalisateur seconde équipe d'Ascenseur pour l'échafaud dans ce film, côté ambiance et photo. Delon y est déjà mauvais car mal dirigé, il en fait des tonnes, le montage est bancal, le mélo assez navrant, malgré Garel et Massari...
C'est marrant, j'aurais dit l'inverse... Il y avait chez Massari un côté "théâtral" un peu too much des fois et j'ai trouvé Delon plutôt bien (bon, vers la fin, ça dérape un peu)... En fait, le film commence plutôt bien et se termine dans une ambiance "roman de gare" pour midinette.

Ce soir, mon regard a été beaucoup plus indulgent (notamment pour Léa Massari). Et je me demande pourquoi j'avais parlé de "roman de gare". Une chose est sûre : le film m'était complètement sorti de la tête.
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Demi-Lune
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Re: L'insoumis (Alain Cavalier - 1964)

Message par Demi-Lune »

Film étonnant que cet Insoumis, où l'on passe imprévisiblement de genres en genres, et où les imperfections n'entachent pas l'estime que l'on peut ressentir.
Toute la première partie en Algérie est formidable de modernité... j'ignorais que le ciné français se soit approprié un dossier brûlant comme celui de l'OAS dès 1964. La réalisation clinique et précise de Cavalier fait des merveilles dans le huis-clos de la séquestration, avec une ambiance lourde et désespérée qui captive encore aujourd'hui. Il y a quelque chose de presque bressonnien dans cette action réduite aux interstices de l'attente : la dégaine féline de Delon qui s'agite en cage, la paille introduite dans la serrure pour désaltérer l'otage... jusqu'à ce face-à-face très bref mais fulgurant avec le pied-noir (j'ai rarement vu une scène sèche et viscérale comme ça dans le cinéma français - et même lorsqu'il plonge en arrière pour éviter une balle, Delon a une classe gestuelle innée). On pourrait d'ailleurs disserter sur le jeu de Delon qui est fascinant de justesse : les expressions qui passent sur son visage après que son partenaire ait flingué la bouteille d'eau et le tienne en joue, ont quelque chose d'ultra-réalistes dans le dévoilement d'un train de pensée acculé. Delon démontre une nouvelle fois à quiconque en douterait qu'il est un grand comédien dans ce rôle aux abois, où il se réserve ce qui restera peut-être la plus belle mort de toutes celles qui peupleront sa carrière au cinéma.
Dommage, dès lors, que pour parvenir à cet instant fatidique, le film s'affaiblisse dans un passage de road-movie théâtral et à mon sens plus artificiel que la romance à proprement parler avec l'ex-otage, car Léa Massari a cette douceur, cette italianité et cette mélancolie dans le regard qui font toujours battre le cœur des films qu'elle honore de sa présence.
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