Les films de la Hammer

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Les films de la Hammer

Message par Rick Blaine »

Profondo Rosso a écrit :Pareil je trouve Donlevy un peu raide sur les 2 premiers (surtout le premier il a vraiment un balai dans le c... :mrgreen: ) même si ce côté glacial le rend intéressant aussi.
C'est ce qui me plait dans son jeu sur ces films. C'est une attitude qui me parait assez logique pour le personnage.
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Major Dundee
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Re: Les films de la Hammer

Message par Major Dundee »

moonfleet a écrit :
Major Dundee a écrit :On trouve deux saisons en VOSTF ici :
http://muaddib-sci-fi.blogspot.fr/search?q=Quatermass
Mais on ne peut pas voir directement la vidéo, il faut télécharger apparemment ??
Exact :|
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gnome
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Re: Les films de la Hammer

Message par gnome »

Regardé hier jusque trop tard une rediffusion d'un cinéscope de 1976 où Christopher Lee répond pendant plus d'une heure et dans un français pour ainsi dire parfait aux questions de Selim Sasson. Livrant une mine d'informations passionnantes notamment sur ses collègues Karloff ou Lugosi etc...
Emission de 1976.
Sélim Sasson s'entretient, en studio, avec l'acteur britannique Christopher Lee, âgé à l'époque de 54 ans, révélé au cinéma en 1958 grâce à son interprétation de Dracula dans une série de films produits par les studios britanniques Hammer Film Productions.
Incarnant souvent des personnages inquiétants ou méchants, il nous parle de ses films fantastiques et d'horreur, du public de ce type de films, de sa fille, de ses origines, de Boris Karloff (comédien britannique, premier Frankenstein à l'écran), de Sax Rohmer (écrivain, créateur de Fu Manchu), de Béla Lugosi (comédien hongrois, premier Dracula à l'écran), de son cousin Ian Flemming (créateur du personnage de James Bond)...
Nous le verrons dans les extraits de films suivants :
"HORROR OF DRACULA" ("Le cauchemar de Dracula"), de Terence FISHER, 1958
"CAPTAIN HORATIO HORNBLOWER" ("Capitaine sans peur"), de Raoul WALSH, 1951
"THE BRIDES OF FU MANCHU" ("Les treize fiancées de Fu Manchu"), de Don SHARP, 1966
"RASPUTIN, THE MAD MONK" ("Raspoutine, le moine fou"), de Don SHARP, 1966
"THE SATANIC RITES OF DRACULA" ("Dracula vit toujours à Londres"), d'Alan GIBSON, 1973
"THE MAN WITH THE GOLDEN GUN" ("L'homme au pistolet d'or"), de Guy HAMILTON, 1974
L'émission est visible ici. :D
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Profondo Rosso
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Re: Les films de la Hammer

Message par Profondo Rosso »

Les Vierges de Satan de Terence Fisher

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Le duc de Richleau, expert en démonologie, soupçonne son ami Simon et sa nièce Tanith d'être tombés sous la coupe d’une secte de satanistes. Il réussit alors à arracher le jeune homme des griffes de ce groupe satanique mais pas Tanith qui reste sous l'emprise du chef. Pour la sauver, le duc va devoir recourir à la magie blanche et se battre dans un combat à mort contre le mal.

Après avoir convoquée la peur à travers la menace extraterrestre (la trilogie des Quatermass), les vampires (la saga à succès des Dracula interprété par Christopher Lee) et autres loup-garou, la Hammer renouvelait brillamment son imagerie de la terreur avec The Devil rides out. En cette année 1968, la peur a pris le visage du diable et convoque la magie noire avec l’immense succès du Rosemary’s Baby de Roman Polanski. The Devil Rides out suit donc cette voie mais au drame feutré et ambigu de Polanski il troque une imagerie bien plus extravagante. Le film adapte un roman de Dennis Wheatley (déjà adapté au par la Hammer avec Le peuple des abîmes) sur un scénario du grand Richard Matheson.L’affrontement entre le bien et le mal verra le duc de Richleau (Christopher Lee pour une fois dans le camp des gentils sans pour autant se départir de sa présence ténébreuse) tenter de sauver son ami Simon (Patrick Mower) tombé sous l’emprise d’une secte sataniste. Le scénario est remarquable dans son crescendo pour nous faire découvrir l’ampleur du pouvoir néfaste de la secte et de son gourou, magistralement interprété par Charles Gray. Pour ce faire, on aura un personnage novice par le regard duquel explore ce monde des ténèbres avec Rex (Leon Green).

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Les indices de l’assujettissement de Simon se font donc progressifs, une réunion de personnalités étranges chez lui faisant suite à son isolement de ses amis, un cercle aux symboles mystérieux dans une pièce de sa maison et un coq qu’on suppose destiné à un quelconque rituel sacrificiel. La conviction de Christopher Lee en expert bienveillant des forces occultes rend l’ensemble inquiétant et crédible, le côté explicatif (sans être redondant) des règles de ce monde se faisant par l’intermédiaire de l’incrédule mais rapidement convaincu Rex. L’imagerie et la manifestation des pouvoirs de Mocata (Charles Gray) va croissante, tout d’abord sobre avec la perte de volonté propre des victimes du gourou et réduites à des automates. Si Terence Fisher instaure une vraie atmosphère inquiétante, le film souffre de petites longueurs dans cette première partie d’initiation. Le tout décolle réellement avec la scène de rituel en forêt, pur moment de folie païenne qui préfigure The Wicker Man (1973).

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L’extravagance et la luxure suintent de cette séquence pourtant sobre dans ses débordements par la seule force de la mise en scène de Terence Fisher (et des éclairages baroques de Arthur Grant) qui évite le kitsch avec brio tout en osant le paganisme le plus outrancier dans son approche onirique lorsqu’apparait le démon. Ce n’est pourtant qu’une mise en bouche comparée à l’affrontement où les spectres surgissent pour oppresser nos héros formant un cercle magique de protection. Terence Fisher alterne le too much assumé et terrifiant dans l’illusion maléfique (cette tarentule gigantesque) et la frayeur plus indicible et évocatrice lorsque surgit de nulle part ce cavalier de l’apocalypse dans une terrifiante contre-plongée.

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A l'opposé le final lumineux convoque la bienveillance de l’imagerie chrétienne pour mettre à mal le démon, le charme destructeur étant prononcé avec la plus grande douceur en contrepoint de la frénésie ambiante. Charles Gray (qui semble avoir convaincu les producteurs de James Bond d’être le futur Blofeld des Diamants sont éternels (1971) grâce à son interprétation) compose un méchant fabuleux, voix suave chargée de menace, regard bleu glacial et présence inquiétante, il est grandiose.Il fallait bien cela pour offrir un répondant à Christopher Lee, les deux vampirisant le film par leur affrontement tandis que le reste du casting est assez fade. Un must donc avec un renouveau bienvenu du studio. 5/6

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Julien Léonard
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Re: Les films de la Hammer

Message par Julien Léonard »

Content que tu aies aimé à ce point de très grand Fisher un peu oublié... Un opus plus symboliste (comme Les maîtresses de Dracula), avant de revenir à son obsession plus évidente pour le mélodrame dans ses deux derniers opus (deux Frankenstein). Magnifique en tout cas.
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Kevin95
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Re: Les films de la Hammer

Message par Kevin95 »

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THE WITCHES (Cyril Frankel, 1966) découverte

Le prologue africain ne sert qu'à vendre un film qui ne se caractérise pas forcement par son spectaculaire décoiffant. Suivant les tourments d'une institutrice pas certaine de sa raison, en proie à un village pas certain non plus de sa raison, The Witches est une Hammerie axant son fantastique sur des soupçons, sur de l'étrange et sur un climat pesant. Joan Fontaine et sa choucroute ne sait comme décrypter une jeunesse craintive, une poupée cloutée dans les arbres ou une chevauchée de moutons. La bizarrerie du lieu qui donnera le cinéma de David Lynch quelques années plus tard, est le cœur du film et peut se voir comme la vision effrayante d'une Angleterre poussiéreuse, consanguine et cannibalisant sa jeunesse pour mieux faire vivre une morale vieillissante. Le Swinging London accompagne la sortie du métrage en 1966 et, sans faire passer The Witches pour un monument de subversion, il n'est pas anodin d'y voir une corrélation. Le dernier quart est plus incertain, Cyril Frankel qui gérait excellemment l'atmosphère douteuse de la péloche, fonce dans le tas et met en scène des cérémonies occultes aux relents de comédie musicale où les figurants gigotent en rythme, le tout sur des formules baragouinées. Le sérieux en prend pour ses gencives mais rien ne vient perturber la réussite de The Witches, bizarrement inédit en salles en France.
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Re: Les films de la Hammer

Message par Boubakar »

Arte propose un excellent documentaire sur la Hammer où interviennent des noms comme John Carpenter, Dario Argento ou Caroline Munro :

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Rick Blaine
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Re: Les films de la Hammer

Message par Rick Blaine »

Intéressant je vais regarder ça, merci.
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Re: Les films de la Hammer

Message par Dunn »

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Message par Rockatansky »

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Re: Les films de la Hammer

Message par Rick Blaine »

bruce randylan a écrit :Section d'assaut sur le Sittang - Yesterday's enemy (Val Guest - 1959)

Lors de la seconde guerre mondiale, un groupe de soldats anglais tentent de rejoindre leur compagnie en traversant la jungle de Birmanie. Ils tombent par hasard sur un petit village où une poignée de Japonais ont établis un camp.

Grosse claque que ce film méconnu de Val Guest. Avec un budget dérisoire où la Birmanie est reconstruite dans un studios assez réduit mais façonné de manière crédible, le film surprend surtout par le réalisme psychologique de ses personnages et des situations. Rarement une histoire m'a paru aussi lourde de conséquence en abordant frontalement et sans tabou les dilemmes (et impasses) moraux et le poids des responsabilités.
Le capitaine campé par un Stanley Baker, impressionnant de violence contenu, qui se retrouve en possession d'une carte ennemie qui possède vraisemblablement des informations vitales pour la suite du conflit. Il est donc prêt à tout pour obtenir des informations, y compris exécuter des civils pour montrer à un espion que ses menaces de l'abattre ne sont pas des paroles en l'air.
Baker ne fait pas ça de gaieté de cœur mais parce qu'il est acculé par la situation. Évidement ses positions s'opposent à celle d'un journaliste et de l’aumônier qui ne tolèrent pas ce genre d'acte actes. Quant à ses hommes, ils essayent de ne pas y réfléchir et suivent les ordres qui leurs permettent de rester en vie. Ça donne des échanges d'une rare intensité fiévreuse qui n'évite pas cependant un certain didactisme dans sa dernière partie. Mis à part cette petite réserve, le film est magistral tant par son discours que dans sa forme où la caméra souvent en mouvement fait oublier la dimension statique de l'intrigue et le décor réduit. Jamais on a l'impression d'être devant l'adaptation d'une pièce de théâtre par exemple. La longueur des prises de vue participent à ce trouble pour un sentiment de presque claustrophobie, on se sent vraiment enfermé, prisonnier de cette jungle et ces dilemmes. On est obligé d'y faire face.

Le film devient encore plus admirable dans la seconde partie qui fonctionne en miroir de la première quand cette fois ce sont des japonais qui font prisonnier les anglais et doivent se comporter de la même manière qu'eux pour obtenir à leur tour des informations. C'est d'une intelligence remarquable car, tout en évoquant l'absurdité du conflit, le scénario ne prend jamais position pour les anglais comme ils ne diabolisent jamais les japonais. Ceux-ci se révèlent d'ailleurs plus tactiques que les anglais... Moins hypocrites qu'eux aussi qui se drapent de moralité ou derrière la convention de Genève quand ça les arrange bien. J'ai adoré ainsi le monologue de l'officier nippon qui explique à Baker que les anglais n'avaient aucun problème avec ces question éthiques quand ils affrontaient des adversaires munies de simples lances... (d'ailleurs pour avoir été en Inde le mois dernier, j'ai visité plusieurs sites où l'armée britannique n'hésitait pas à faire feu lors des manifestations pacifiques où se trouvaient femmes et enfants, faisant plusieurs centaines de morts).

Passionnant et prenant de bout en bout pour l'un des films de guerre le moins manichéen que je connaisse.

C'est disponible en Z2 UK avec des sous-titres anglais. :wink:
Je te rejoins à 100%. Quelle formidable claque. Le courage et l'intelligence du scénario sont épatant, et la manière dont Stanley Baker porte son personnage également. Val Guest traite le tout remarquablement, avec cette séquence d'ouverture, avant l'arrivée au village, où il parvient en quelque minutes à faire exister plus d'une dizaine de personnages, nous plongeant dans la réalité de ces soldats comme seul sait le faire Fuller à ses meilleures heures. Même l'aspect didactique que tu évoques, et qui existe, se trouve presque annulé par la tension des situations et par l'intensité et la dureté des différentes séquences d'action qui ponctuent le film. On est littéralement pris aux tripes, d'un bout à l'autre, par les enjeux scénaristiques et moraux du film. Comme en plus c'est esthétiquement remarquable, dans la composition des plan comme dans les mouvements de caméra, on touche là clairement à l'un des plus grands films de guerre qui soient.

C'est désormais également dispo en BR UK, également avec STA, chez indicator (coffret Hammer 3)
The Eye Of Doom
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Re: Les films de la Hammer

Message par The Eye Of Doom »

2ieme moitié de mon investissement de 3euros chez Noz (voir topic Freddie Francis), j'ai regardé hier "Une messe pour Dracula".
Finalement j'ai trouvé cela pas si mal. Les défauts que j'évoquais pour "Dracula et les femmes" sont toujours la mais atténués en raison du registre moins "gothique" du film. Attention, la sauce a toujours un peu de mal à prendre entre le volet chronique de la bourgeoisie anglaise et le volet purement fantastico-horifique .
Le vrai problème est que Christopher Lee joue comme un cochon un rôle où il n'y a rien à jouer. Tout le volet horrifique repose sur sa seule "prestance" qui est sensée hypnotiser les personnages féminins et horrifier les hommes. Ça ne marche pas. On n'a pas le frisson des premières apparitions de Lugosi dans les films de Browning.
Fort heureusement, il apparaît moins que dans "Dracula et les femmes..." et donc le film est meilleur. :?
On ne nous impose plus non plus le regard de braise foireux.
Le film commence de façon assez surprenante et astucieuse, faisant une connexion continue avec le précédent.
On retrouve les personnages stereotypes (le père sévère, l'oie blanche, le beau gosse amoureux rejeté par le père de la belle) mais le contexte est plus riche avec la peinture d'un trio de bourgeois respectables en quête de sensation forte, chacun au caractère différent.
La belle tombe rapidement sous la coupe du demon et vas être l'instrument indirecte de la mort de la plupart des protagonistes. C'est elle qui crée le trouble ( relatif) du film (via notamment l'exploitation incongrue de la robe jaune). Tout cela est plutot bien écrit et joué avec conviction.
On regrette donc in fini un travail insuffisant sur la "figure" de Dracula qui aurait permis au film de fournir un épisode sans surprise mais tout à fait honorable à cette interminable saga.
Pour finir, le film n'a fait penser au Dracula de Coppola par moment... la courte scène dans le jardin entre les deux femmes par exemple.
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Re: Les films de la Hammer

Message par Profondo Rosso »

Yesterday's Enemy (1959)

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1942. Alors qu’ils ont la retraite coupée par l’avance des Japonais, le capitaine Langford et ses troupes britanniques exténuées parviennent à prendre dans la jungle birmane un village tenu par l’ennemi.

En 1958 la Hammer remporte un immense succès avec le film de guerre The Camp of Blood Island réalisé par Val Guest. Le studio essuie néanmoins une vraie polémique en raison de la complaisance des descriptions des exactions japonaises, bien qu'il s'en défende en affirmant avoir adapté des faits réels. Les dirigeants réfléchissent à une production qui éteindra cette polémique et trouve la solution en adaptant la pièce télévisée Yesterday's Enemy, diffusée sur la BBC en 1958. Le film se base sur un réel crime de guerre commis par l'armée britannique en 1942 et va poser un regard complexe sur les nécessités discutables en tant de conflit. C'est le dilemme auquel se confronte les restes d'un bataillon britannique dans la jungle birmane où, réfugié dans un village ils vont se trouver en possession d’une information capitale sur une manœuvre japonaise à venir.

Le capitaine Lagford (Stanley Baker), encerclé par l'ennemi et observant l'épuisement de ses troupes est ainsi constamment déchiré entre la raison de guerre et son humanité. Chaque décision se doit d'être douloureusement pesée, que ce soit un maigre repos après les rigueurs de la jungle, abandonner les blessés condamnés pour les biens de la mission... Un moment clé du film sera lorsqu'il devra recourir à une solution radicale pour faire parler un espion, sacrifier des villageois pour obtenir des informations capitales. La prestation à la fois tourmentée et déterminée de Stanley Baker fait ressentir toute la criticité douloureuse de ses choix discutables, les personnages du prêtre (Guy Rolfe) et du journaliste (Leo McKern) se posant en cautions morales discutant ses options. Le récit ne se montre pourtant jamais manichéen, ce que l'humanisme réclame se trouvant contredit constamment par la réalité de la guerre. Le recours radical à la violence est douloureux et inéluctable, la dernière partie retournant la situation avec cette fois nos héros à la merci des japonais. Cette péripétie a pour rôle de remettre en perspective les questionnements moraux initiaux tout en corrigeant le tir de The Camp of Blood Island en présentant cette fois un officier japonais réfléchi, respectueux de l'ennemi mais tout autant guidé par son devoir.

L'origine "théâtrale" (l'histoire sera effectivement jouée sur scène l'année suivante) privilégie les joutes verbale mais Val Guest n'en néglige pas pour autant la dimension guerrière. La jungle de studio est remarquablement réaliste grâce à la mise en scène de Guest qui parvient à en traduire le côté étouffant et suffocant. Le jeu sur le hors-champ rappelle le passif fantastique du réalisateur pour traduire le danger, tandis que le jeu sur les cadrages et composition de plan joue sur le suspense (tous japonais tapis en amorce dans le moindre recoin de buisson ou fourré) mais aussi d'émotion lors de la dernière partie avec cette fenêtre donnant sur le peloton d'exécution. Quant à la violence, elle n'a pas de nationalité tant les élans les plus brutaux (et qui détonnent pas mal dans le cinéma de guerre de l'époque) proviennent des deux camps. Une très belle réussite et un grand film de guerre méconnu. 5/6
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Re: Les films de la Hammer

Message par Jeremy Fox »

Les Démons de l'esprit de Peter Sykes chroniqué par Frédéric Albert Levy
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Re: Les films de la Hammer

Message par Jeremy Fox »

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