Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Watkinssien
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Re: Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Message par Watkinssien »

Federico a écrit :Anecdote croustillante : ravi du succès de son M.A.S.H. qui éclipsa le film de Nichols, Altman, connu pour son esprit mordant et parfois vachard aurait planté une bannière dans son bureau avec l'inscription "Caught 22" (jeu de mot intraduisible sinon par : "Je l'ai bien eu"). Il n'avait pas le succès modeste, le grand Bob... :roll:
Attends, faut pas lui en vouloir, ça ne lui était jamais arrivé de faire un succès alors que Nichols dès ses deux premiers films, il a cartonné... :mrgreen:
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Federico
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Re: Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Message par Federico »

Watkinssien a écrit :
Federico a écrit :Anecdote croustillante : ravi du succès de son M.A.S.H. qui éclipsa le film de Nichols, Altman, connu pour son esprit mordant et parfois vachard aurait planté une bannière dans son bureau avec l'inscription "Caught 22" (jeu de mot intraduisible sinon par : "Je l'ai bien eu"). Il n'avait pas le succès modeste, le grand Bob... :roll:
Attends, faut pas lui en vouloir, ça ne lui était jamais arrivé de faire un succès alors que Nichols dès ses deux premiers films, il a cartonné... :mrgreen:
Tu as raison, je n'avais pas pensé à ce détail... d'importance. :wink:
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Flol
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Re: Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :Merci à Nestor d'avoir remis ce topic à sa bonne place. J'y vais de mon commentaire sur ce film que j'ai découvert l'an dernier :
Concernant Catch-22, j'avoue honnêtement ne pas trop savoir quoi penser de ce film. J'ai été vraiment impressionné par la qualité et l'ampleur de la mise en scène (superbe Scope, d'une profondeur de champ épatante), qui est absolument brillante. Les plans sont toujours parfaitement composés, les plans-séquences sont magistralement chorégraphiés. Je n'ose imaginer la logistique qu'il a fallu pour régler au millimètre les déplacements des comédiens et ceux des bombardiers, dans le plan, pour qu'à l'image l'interaction soit totale. J'ai en outre été frappé par la méticulosité de la retranscription historique, que cela soit dans l'étalage pimpant de bombardiers américain en action, sur terre comme dans les airs, ou dans la crédibilité de la direction artistique. Il y a vraiment beaucoup de moyens étalés à l'écran et Nichols orchestre tout son ballet de personnages et d'avions avec énormément de talent (une influence pour le Spielberg de 1941 ?). En outre, l'irrévérence professée par le casting cinq étoiles, ainsi que les trouées inattendues dans la gaudriole ou dans la noirceur la plus glaçante et sanglante, méritent d'être soulignées. Le film contient quelques séquences vraiment mémorables, typiquement 70's par leur liberté de ton, leur insolence. Comme cela a déjà été dit, Catch-22 et son pilote couard et déserteur (charismatique Alan Arkin même s'il est épuisant), paradoxalement le seul lucide face à une armée US déshumanisée et aliénée, est évidemment une parabole anti-Vietnam. Pourtant, je reste circonspect face au style, justement à cause de ces ruptures dont je viens de parler. On alterne entre humour absurde et drame, sans que ça soit très bien dosé. Probablement que cela vient du roman de Heller, cette narration en roue libre, ce rythme en dent de scie, ce résultat épatant mais plein d'aspérités. En gros, c'est un beau bordel. Mais j'insiste, ce film est un véritable OVNI, très culotté et original, presque cauchemardesque, et caractéristique du Nouvel Hollywood. J'avoue qu'il m'a déstabilisé et que je ne sais pas très bien quoi en penser, d'autant que je ne connais pas non plus son "rival", M.A.S.H.. Il faudra que je redécouvre ce Catch-22.
Découvert à l'instant, et tout pareil que Lune-Demi.
Je pense avoir aimé, mais en même temps, j'ai eu l'impression que Nichols n'a pas toujours su bien gérer les multiples tons différents de son film (sans doute déjà présents dans le bouquin d'origine) : on passe de séquences burlesques (avec l'assistante sexy d'Orson Welles), à d'autres plus cauchemardesques voire kafkaïennes (le perso de Jon Voight qui devient le dictateur d'un monde subitement totalitaire...on se croirait presque dans Brazil).
Mais la mise en scène est ébouriffante (ce long plan des avions décollant tous en même temps), la structure éclatée convient parfaitement bien au côté cauchemar éveillé du film, et le casting envoie du lourd (je ne vais pas tous les citer de nouveau).
Et je précise que je n'ai même pas vu M.A.S.H.
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Re: Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Message par Federico »

Ratatouille a écrit :
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Demi-Lune a écrit :Merci à Nestor d'avoir remis ce topic à sa bonne place. J'y vais de mon commentaire sur ce film que j'ai découvert l'an dernier :
Concernant Catch-22, j'avoue honnêtement ne pas trop savoir quoi penser de ce film. J'ai été vraiment impressionné par la qualité et l'ampleur de la mise en scène (superbe Scope, d'une profondeur de champ épatante), qui est absolument brillante. Les plans sont toujours parfaitement composés, les plans-séquences sont magistralement chorégraphiés. Je n'ose imaginer la logistique qu'il a fallu pour régler au millimètre les déplacements des comédiens et ceux des bombardiers, dans le plan, pour qu'à l'image l'interaction soit totale. J'ai en outre été frappé par la méticulosité de la retranscription historique, que cela soit dans l'étalage pimpant de bombardiers américain en action, sur terre comme dans les airs, ou dans la crédibilité de la direction artistique. Il y a vraiment beaucoup de moyens étalés à l'écran et Nichols orchestre tout son ballet de personnages et d'avions avec énormément de talent (une influence pour le Spielberg de 1941 ?). En outre, l'irrévérence professée par le casting cinq étoiles, ainsi que les trouées inattendues dans la gaudriole ou dans la noirceur la plus glaçante et sanglante, méritent d'être soulignées. Le film contient quelques séquences vraiment mémorables, typiquement 70's par leur liberté de ton, leur insolence. Comme cela a déjà été dit, Catch-22 et son pilote couard et déserteur (charismatique Alan Arkin même s'il est épuisant), paradoxalement le seul lucide face à une armée US déshumanisée et aliénée, est évidemment une parabole anti-Vietnam. Pourtant, je reste circonspect face au style, justement à cause de ces ruptures dont je viens de parler. On alterne entre humour absurde et drame, sans que ça soit très bien dosé. Probablement que cela vient du roman de Heller, cette narration en roue libre, ce rythme en dent de scie, ce résultat épatant mais plein d'aspérités. En gros, c'est un beau bordel. Mais j'insiste, ce film est un véritable OVNI, très culotté et original, presque cauchemardesque, et caractéristique du Nouvel Hollywood. J'avoue qu'il m'a déstabilisé et que je ne sais pas très bien quoi en penser, d'autant que je ne connais pas non plus son "rival", M.A.S.H.. Il faudra que je redécouvre ce Catch-22.
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Je pense avoir aimé, mais en même temps, j'ai eu l'impression que Nichols n'a pas toujours su bien gérer les multiples tons différents de son film (sans doute déjà présents dans le bouquin d'origine) : on passe de séquences burlesques (avec l'assistante sexy d'Orson Welles), à d'autres plus cauchemardesques voire kafkaïennes (le perso de Jon Voight qui devient le dictateur d'un monde subitement totalitaire...on se croirait presque dans Brazil).
Mais la mise en scène est ébouriffante (ce long plan des avions décollant tous en même temps), la structure éclatée convient parfaitement bien au côté cauchemar éveillé du film, et le casting envoie du lourd (je ne vais pas tous les citer de nouveau).
Et je précise que je n'ai même pas vu M.A.S.H.
La comparaison n'est pas forcément à l'avantage du film d'Altman... Même si par bien des aspects, l'excentricité forcée de Catch 22 n'a elle aussi pas toujours bien vieilli, la farce est bien plus acide (et choquante) que dans M.A.S.H.
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Re: Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Message par Jihl »

Globalement d'accord avec les avis de ce topic et notamment celui de Demi-Lune. Plus généralement, je sors d'une série de 3 films de Nichols (Le lauréat, Ce plaisir qu'on dit charnel et Catch-22) et à des degrés divers, les 3 films me donnent toujours un sentiment de distance du réalisateur par rapport à son sujet, une certaine théâtralité, l'impression qu'on oscille entre réalisme et le conte (voire la farce ici). Je trouve par ailleurs le film pas si bien écrit et dialogué que cela, et sur un sujet assez voisin, j'avais dans mon souvenir, plus que M.A.S.H, préféré The Americanization of Emily de Hiller. Malgré ses imperfections, c'est quand même une curiosité à découvrir. 5/10
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Martine Cachet
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Re: Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Message par Martine Cachet »

Catch 22 (Mike Nichols, 1970)

Et bien moi, j'y suis allé sans grande attente, outre celle que j'admire Mike Nichols, non seulement pour le duo comique qu'il forma avec Elaine May, avec laquelle les sketchs étaient des bijoux, et qu'il est accessoirement le réal de l'un de mes films préférés, j'ai nommé Le Lauréat.

Le Lauréat est la première fois que je comprenais ce que le mot "mise en scène" renfermait. J'avais 10 ans.

Bref, je mets un peu de temps à rentrer dedans, je somnole entre la 16ème et la 27ème minute, et je me reconcentre. Pour ne plus jamais ressortir de ce film. Déjà, la mise en scène me prouve que Nichols était vraiment un cinéaste très doué (au moins en début de carrière). Il insuffle du rythme à une histoire loin d'être simple, le tout rendu possible par le scénario de Buck Henry qui est assez impeccable dans ses dialogues. J'ai découvert Henry de par ses multiples apparitions dans le Saturday Night Live lors des 5 premières saisons. Une personnalité qui me plaît bien, parce que pleine d'auto-dérision.

Bref, le film est une claque de tous les instants. Le jeu des acteurs est impeccable, mais surtout la mise en scène, je le répète, est généralissime et peut nous faire oublier les quelques défauts du film, notamment une certaine répétition et le fait que ça aille un peu dans tous les sens sans que cela se structure. Mais bon, je chipote car j'ai passé un très bon moment comme le cinéma sait me les offrir.
Je ne peux rien citer, j'ai pas de mémoire...
Citizen V
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Re: Catch 22 (Mike Nichols - 1970)

Message par Citizen V »

Martine Cachet a écrit :notamment une certaine répétition et le fait que ça aille un peu dans tous les sens sans que cela se structure
En effet. Cela provient directement du roman de Joseph Heller (dont c'est le principe même) que j'avais trouvé extrêmement laborieux et ennuyeux, malgré le parfum culte et contestataire qui l'entoure. L'adaptation d'un tel livre relevait de la gageure, qui n'effrayait pas le ciné US de l'époque (pour être raccord avec l'actualité funéraire, on aurait très bien pu voir un Milos Forman s'y essayer à ses débuts hollywoodiens).

Par conséquent, j'ai les mêmes réserves à propos du film de Nichols malgré un certain panache visuel (plus qu'un véritable sens de la mise en scène à mon sens).
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