La Conquête de l'Ouest (Hathaway / Ford / Marshall - 1962)

[Le Chiffre]

Après le générique du début rappelant les plus grandes aventures épiques du cinéma produites quelques années avant et un premier plan vertigineux d'une vraie splendeur, on ne s'attend pas à voir un western à "sketches" et c'est là que l'on ressent une certaine déception après plus de 2 H 30 de projection.
S'étalant sur plusieurs périodes, ce western atypique revient justement sur la vie de ses personnages principaux à travers les époques qui nous sont montrées. Dressant de jolis portraits de la vie sociale de l'époque (la fille issue d'une famille moyenne devient une grande chanteuse qui épouse un riche homme d'affaires avant de tout perdre), La Conquête de l'Ouest contient quand même des morceaux de bravoures malgré sa structure éclatée et déconcertante, tels que la descente dans une rivière sauvage dans le premier tableau ou une poursuite en train.
La distribution cinq étoiles permet à certaines stars de se mettre en avant et de confirmer leur grand talent (Stewart et Peck en tête) alors que d'autres n'apparaissent qu'un court instant et sont sous-exploitées, comme Wayne par exemple.
Au final, ce western bizarrement rythmé a le mérite d'etre assez intéressant pour ne pas faire décrocher le public au bout d'une heure.

Je dois me sentir seul en lisant toutes ces critiques intéressantes étant donné que ce western m'a un peu déconcerté par sa structure narrative spéciale et son rythme relativement rapide, surtout pour un sujet d'une telle ampleur.
Néanmoins, le spectacle reste immense et la splendeur visuelle de ce long-métrage m'a tellement mis sur le cul que j'aimerais beaucoup réevaluer ce western atypique comme il le mérite car la première vision m'a semblée étrange.

[Profondo Rosso]

La Conquête de L'Ouest de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall 1962)



De 1840 à 1889, plusieurs épisodes évoquent tour à tour la progression des premiers pionniers, la ruée vers l'or, la guerre de Sécession, la construction de la première voie de chemin de fer et la lutte contre les Indiens.

Un peu déçu, j'en gardait un très grand souvenir (pas revu depuis gamin) et finalement c'est avant tout un très beau livre d'images. Le film pêche surtout par son scénario, avec une volonté de suivre la grande Histoire par le prisme d'une famille ce qui occasionne quelques raccourcis et transitions assez malheureux. C'est donc le premier segment de Hathaway qui s'avère le plus prenant car ne souffrant pas de ses défauts par sa nature introductive. On suit la famille Prescott passer de l'Est à L'Ouest en traversant l'Hudson River et bravant mille dangers. Karl Malden est formidable en patriarche bourru, James Stewart tout autant en trappeur et les morceaux de bravoures sont fabuleux telle cette traversée de rapide très impressionnante avec une utilisation des transparence qui enterre celle pourtant excellentes de "La Rivière sans Retour". Un vrai sentiment exalté accompagne toute cette partie avec cette très attachante famille de pionniers. Le destin des filles de Zebulon et notamment Lily est très bien narré et l'épisode de la mine d'or offre un autre moment fabuleux avec une attaque de convoi par les Indiens filmé en virtuose par Hathaway.
Le segment de Ford sur la guerre de sécession est étonnement le plus décevant. Trop bref, la voix off de Spencer Tracy assure l'essentiel de la narration pour expliquer les forces en présences et malgré quelques composition de plan scotchante pas une scène de bataille concrète à se mettre sous la dent. reste une belle scène ou John Wayne en général rabroue le Général Grant (joué par Harry Morgan) qui semblait se décourager.
La dernière partie consacrée à l'avancée du chemin de fer est plutôt intéressante et condense toute les qualités et défauts du film. Des ellipses énormes en l'espace de quelques minutes qui voient passer le personnage de George Peppard de soldat désabusé à marshall marié et père en un clin d'oeil. Tout cela mettant de côté des thèmes pourtant passionnant comme les terres dérobées au Indiens par l'avancée du chemin de fer, avec un pourtant excellent Richard Widmark en patron intraitable ou Henry Fonda en vieux sage chasseur de bison. Une nouvelle fois le visuel sauve le tout avec une tentative de hold up dans un train qui donne un moment d'action étourdissant et spectaculaire. 4,5/6

[Nestor Almendros]

Découvert en bluray.

Curieux film quand même. Avec un sujet pareil, si vaste, on ne peut qu'être déçu par le traitement scénaristique qui, s'il parvient à utiliser de nombreuses figures de l'Ouest (les pionniers, les indiens, les chemins de fer, la guerre de sécession, etc.) n'arrive pas à suffisamment canaliser leur potentiel pour proposer une histoire prenante et riche de bout en bout. J'ai certainement préféré toute la première partie, plus cohérente, qui donne à elle seule une histoire et des personnages développés. Le reste du film ne reprend que paresseusement les liens avec les personnages sans prendre le temps de construire de nouvelles intrigues élaborées.

Ceci étant et malgré la relative lenteur de certaines parties, je me suis rarement ennuyé, curieusement. C'est probablement dû à la forme, l'apport certain du Cinerama qui peut étonner au début mais qui finit par se faire oublier. L'utilisation des optiques à très grand angle donne de temps en temps quelques perspectives étranges mais on a aussi très régulièrement des plans à couper le souffle.
On ressent aussi très fortement les lourdeurs techniques imposées par le format: peu de plans mobiles, quasi uniquement fixes, jamais de gros plans (forcément moins intéressant de voir un visage sur un écran géant, on lui préfère à juste titre un beau paysage). Dommage, cependant, que la composition des cadres, le placement des comédiens, etc., n'ait pas été plus réfléchi ou plus élaboré (je me doute qu'il y avait trop de contraintes qui devaient coûter du temps et de l'argent). Car en l'état c'est assez paresseux de ce point de vue: personnages centrés filmés en courte focale (donc avec une profondeur de champ illimitée mais qui rend les arrières-plans tout petits) principalement. On note aussi des plans tournés avec des caméras classiques et gonflés en Cinerama, notamment avec la scène des bisons, le déraillement final ou des plans en transparence. Mais c'est très furtif et il faut vraiment le remarquer (c'est facile: il n'y a plus les effets de grand angle).

C'est un projet qui s'est trop basé sur sa technique et son côté "foire" pour en faire un spectacle totalement convaincant sur le fond. Mais je suis content de l'avoir découvert dans de si bonnes conditions.

[Boubakar]

Ce n'est pas vraiment du cinéma mais une attraction de fête foraine avec, donc, les mêmes "qualités" cinématographiques.
C'est évident que le film n'est pas une seconde fait pour être regardé sur un pauvre écran 4/3 mais ce barnum est quand même bien pauvre. Après une première partie correcte avec un bon Karl Malden et un bien trop vieux James Stewart, le film perd progressivement tout intérêt.
Heureusement que la musique d'Alfred Newman est belle et permet de garder un semblant d'attention (on peut aussi relever la richesse d'un casting totalement sous exploité).

J'en pense la même chose ; seul le premier segment trouve un réel intérêt, en plus de la technologie employée, mais il est très difficile de voir un tel film sur un écran 4/3 et qui plus est sur un 36 cm, la profondeur de champ fait que les personnages sont tout petits, et les bandes noires gigantesques sont très gênantes (alors que pour un film comme Ben-Hur, ça ne me gêne pas).
Peut-être que le film gagne à être vu en BR (qui propose la version d'origine), mais certains plans ont l'air très impressionnants (ceux à la fin, où l'on voit des paysages américains des années 60) sur grand écran. Pour le moment, c'est assez pénible à voir, malgré des qualités évidentes (et la myriade d'acteurs célèbres présents).

[Tancrède]

le segment de John Ford est tout de même un chef d'oeuvre, il condense admirablement plusieurs des préoccupations intimes de son auteur. sans la moindre boursouflure spectaculaire.

[Droudrou]

ce que je trouve très dommageable c'est qu'avec un sujet aussi riche on ait abouti à un film aussi pauvre...

[homerwell]

le segment de John Ford est tout de même un chef d'oeuvre, il condense admirablement plusieurs des préoccupations intimes de son auteur. sans la moindre boursouflure spectaculaire.

Je suis bien d'accord avec toi.
Près d'un an après la découverte de ce film, les images qui me restent en tête proviennent toutes du segment signé par John Ford qui y a mis toute sa science de la narration.

Évidement, il ne s'agit pas d'un chef d'œuvre du cinéma mais une fois qu'on y a pris garde, on ne peut pas bouder son plaisir.
Profondo Rosso, bien qu'un peu déçu, parle d'un très beau livre d'images, et je trouve l'expression adroite , en tout cas plus appropriée que "foire", "barnum", ou "attraction de fête foraine". Peut-être certains ici ont lu des biographies comprenant des témoignages, pour savoir si l'utilisation du procédé cinérama avait été une fin en soi, justifiant de prendre la décision de réaliser "La conquête de l'Ouest" ?

Outre l'aspect esthétique, il ne faut pas oublier non plus le ton désabusé d'un certain nombre de répliques, les situations empreintes de cynismes (le rôle de train à vapeur !) ; cette conquête s'est faite au détriment des natifs, a cassé pas mal de "petits bois", et le rêve s'est souvent transformé en cauchemar. Tout cela dans un film populaire... et documenté !

Après, réaliser en 2 heures 45, un bréviaire des thèmes abordés dans le western, même à la tête d'un casting de premier ordre, ça reste assez difficile. Je suis néanmoins content que le film existe et surtout je rêve qu'une grande fresque sur 8 ou 9 heures soit un jour entreprise sur le sujet avec plein de beau monde pour y participer. (pas un feuilleton bien sur ! )

[Droudrou]

Je suis néanmoins content que le film existe et surtout je rêve qu'une grande fresque sur 8 ou 9 heures soit un jour entreprise sur le sujet avec plein de beau monde pour y participer. (pas un feuilleton bien sur ! )

avis partagé qui amène à vouloir découvrir d'autres réalisations plus conséquentes en durée sur chacun des chapitres abordés...

[Jeremy Fox]

La rétrospective Ford à la Cinémathèque arrive à son terme. A l'occasion, Franck Viale nous parle de La Conquête de l'Ouest dont un des segments est signé par Ford. Retour également sur le Bluray français.

[Jeremy Fox]

Une chose est certaine : en plus de la qualité du texte, la beauté des captures faites d'après le Bluray me donne sacrément envie de le revoir malgré ma dernière pénible vision.

[hellrick]

Ca reste quand même un beau spectacle. Sans plus dirait on mais un beau spectacle quand même et on ne voit pas tellement le temps passer.

Sinon "Longtemps les copies du film, à plat, laissaient apparaître les jointures et donnaient un horrible cachet au film." c'est un peu sévère "horrible", même en dvd le film est très beau et les "jointures" s'oublient rapidement, d'autant qu'elles sont souvent camouflées (sur un arbre, etc.), je trouve qu'on les oublie vite pour profiter du spectacle.

Maintenant le sujet mériterait une belle série télé à gros budget

[Jeremy Fox]

Maintenant le sujet mériterait une belle série télé à gros budget

Elle existe En fait, en recherchant mes anciens messages sur ce topic même (page précédente plus précisément), ma dernière vision était moins catastrophique que ce que je croyais : je ne me souvenais plus qu'après l'hideuse première édition DVD, il y en avait eu une d'excellente qualité. Je vais de toute manière bientôt le revoir pour le parcours.

[Eugene Pallette]

Je viens de regarder la conquête de l'ouest alors je vais poster ici ma petite critique :

La Conquête de l'Ouest (How the West Was Won) de John Ford, Henry Hathaway & George Marshall -1962, en VOST

J'ai regardé le film sous la forme "Smilebox", soit la version "incurvée, et je dois dire que j'en ai pris plein les mirettes ! En effet on a affaire à une belle fresque d'aventure westernienne, 5 histoires s'étalant du début de la conquête de l'ouest jusqu'à la fin des pistoleros, ces histoires ayant un fil conducteur les reliant. On est littéralement happé par ces paysages magnifiques, allant des montagnes du Dakota aux plateaux arides de Monument valley. D'ailleurs le fait d'avoir 5 histoires permet de renouveler l’intérêt pour le scénario.
Côté technique une image parfaite, une définition à couper le souffle avec des couleurs chatoyantes. Côté son une très bonne dynamique, sans saturation, permettant d'admirer la superbe bande originale du film. D'ailleurs je conseille aux spectateurs de ne pas zapper l'overture, le générique d'ouverture, l'entracte et la fin afin de profiter ce cette musique majestueuse.

Conclusion : voici le genre de film à regarder sur grand écran, avec un ensemble home-cinéma où il ne faudra pas hésiter à monter le son pour s'immerger dans cette fresque grandiose.


PS : un bémol concernant le blu-ray, c'est les sous-titrages du commentaire du réalisateur UNIQUEMENT disponible en JAPONAIS, même pas en anglais ça c'est du vrai foutage de gueule (Merci la Warner )

[villag]

Revu hier sur mon nouveau 65 pouces en version cinérama...vraiment impressionnant...même chez Ford , jamais Monument valley n'a paru aussi grandiose, pas mieux filmée ( ce serai difficile de filmer mieux que Ford !) mais dans ce format , vraiment très spectaculaire...peut être pas un grand film, mais, pour la beauté des images en Blu-ray , un film à avoir ( grand écran obligatoire !)