Jack Griffin a écrit :Le doc retrace sa carrière ou se concentre vraiment sur "The other side..." ?
C'est un peu des 2, justement. Le film commence par revenir sur les origines du projet, le tournage en lui-même et ses difficultés, tout en faisant des rappels à l'oeuvre passée de Welles.
Le tout via un montage très "wellesien" du meilleur effet. Vraiment un gros coup de coeur.
Jack Griffin a écrit :Sinon je conseille un bon complément qui est le livre d'Henry Jaglom..peut être que le documentaire y fait référence.
Pas directement, mais oui il y est question de ces dernières années et de ses déjeuners mythiques à "Ma Maison".
Et comme en plus ce documentaire offre quelques clés de compréhension intéressantes, il n'est pas impossible que je me replonge dans The Other Side of the Wind incessamment sous peu. Et je n'aurais pas cru écrire ça il y a encore 48 heures.
Cela m'est arrivé...
5 fois même! Pour ma part, c'est de plus en plus fascinant et frustrant en même temps.
Autant le produit fini m'a laissé circonspect, autant ce docu aussi passionnant sur le fond que sur la forme (rappelant celle de F for Fake) m'a captivé du début à la fin. C'est à la fois un making of et un portrait extrêmement riche de Welles, qui m'a carrément foutu une boule dans la gorge sur la fin tant ce génie semble avoir été incompris finalement toute sa carrière, portant Citizen Kane comme un fardeau pendant plus de 40 ans.
Et comme en plus ce documentaire offre quelques clés de compréhension intéressantes, il n'est pas impossible que je me replonge dans The Other Side of the Wind incessamment sous peu. Et je n'aurais pas cru écrire ça il y a encore 48 heures.
Le doc est effectivement bien plus passionnant que le film lui même. En tous cas, il est fortement recommandable de le voir avant de découvrir le film et de comprendre (un peu). Mais même sans rien comprendre, c’est beau et impressionnant. Une leçon de mise en scène mais un film uniquement pour cinéphiles très avertis.
La séquence durant laquelle Peter Bogdanovich évoque le talk show durant lequel Welles et Burt Reynolds se moquent de son film Nickelodeon est très très forte. D’autant plus que Welles s'était déjà moqué de Cybil Shepherd dans son film en castant la jeune actrice blonde incapable de sortir une ligne de texte correctement. Et le coup des deux lettres, c’est absolument génial.
Accessoirement, l’anecdote est génial, pendant qu’Orson Hannaford réalisait parmi les scènes les plus érotiques de l’époque, Welles faisait le montage d’un film porno.
J'ai utilisé les 30 jours gratuits de Netflix, je l'avoue, uniquement pour regarder ce film.
J'ai l'impression que s'il était sorti à l'époque, il aurait été décrié à la sortie, vu comment Orson Welles y voit d'un mauvais œil la contre culture avec des films comme Easy Rider.
Tu as raison. Le film aurait été très probablement décrié ou bien complètement ignoré s'il était sorti en son temps.
Comme la plupart des oeuvres de Welles, il n'aurait pas pu sortir dans sa version complète, tellement son film semblait être un impressionnant et monumental patchwork de fulgurances artistiques et subversives, entre provocations et amertume.
hier soir, j'ai découvert le très expérimental The Other Side of the Wind, film inachevé d'Orson Welles et dont les rushes ont été tardivement montés par Peter Bogdanovich quelques mois avant son décès.
Une œuvre peu facile d'accès lors de ses 30 premières minutes, mais qui reste cependant fascinante de par la vision qu'aborde Welles quant à un petit monde hollywoodien désespéré de cynisme et alcoolisé jusqu'à la moelle. Si le montage ultra cut étonne un tant soit peu, rendu possible grâce à une multitude de sources vidéo, j'ai fini par m'y adapter pour me régaler des rushes tournés par Welles et mettant en scène la sublime Olga Palinkas (rebaptisée Oja Kodar par Welles lui-même) ainsi que son partenaire Robert Random (au look parfaitement calqué sur celui de Jim Morrison au meilleur de sa forme) que Welles filme au plus près des corps et où la nudité joue un rôle primordial. D'ailleurs la séquence sexuelle dans la voiture est aussi magnifiquement filmée que malsaine dans son contexte, éblouissante signature d'un cinéaste encore inspiré par de géniales idées de mise en scène. Et tout ça sans compter sur l'excellente prestation du mémorable John Huston, incarnant le double de Wells, ironique à plein temps, un brin mégalo et abreuvé d'alcool jusqu'à plus soif.
Le tout propose une sorte de found footage expérimental, fruit d'un métrage inachevé qui aurait certainement été un véritable chef-d’œuvre si Welles avait eu la possibilité de le conclure... Merci à Bogdanovich pour le taf et la passion qui l'a poussé à conduire ce projet à terme. Et respect éternel à Welles pour son génial avant-gardisme.
8/10
Voilà, cet avis sur lequel j'adhère chaque mot mérite sa place ici.