Mae West (1893-1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Banane
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Mae West (1893-1980)

Message par Banane »

Je ne sais pas s'il y a déjà eu un topic consacré à Mae.

Ses films sont très difficiles à voir en France (que ce soit sur les chaines câblées, les salles ou en vidéo), peut être que les exploitants trouvent son aura trop "américaine" pour avoir des chances d'être diffusée avec succès. M'enfin, je ne m'explique pas le fait que j'ai si peu entendu parler de rétrospectives en France à son sujet (mais bon, il y a tant de stars/d'acteurs aimés par les cinéphiles, dont on ne fait pas les cycles (là où vous pouvez compter sur un festival Bogie par an, sans compter la facilité d'accès à sa filmographie).

J'ai vu Mae dans "Mon petit poussin chéri", une semi-réussite (où elle était opposée à son rival voire pendant masculin, WC Fields). Le clash de leurs égos ne satisfait pas complètement, mais j'en garde un souvenir agréable. Je m'étais procuré les VHS de ses plus gros succès "I'm no agel" et "She done him wrong", mais comme ma maîtrise de l'anglais n'est pas parfaite, j'ai pu passer à côté du sel westien. J'adorerais pouvoir découvrir Mae dans des conditions optimales.

C'est la lecture de ce qu'on a pu dire sur elle qui a avivé mon intérêt (des critiques négatives autant que des louanges). Elle fut l'une des plus grosses stars des années 30 et tourna son 1er film à 40 ans passés (soit l'âge où les actrices sont dans une semi-retraite). En fait, elle est très représentative de la période pré-code Hays/intauration du Code, mais ne pouvait pas durer cinématographiquement au delà (le capra-roosevelticisme qui allait suivre). Période de bouillenement, où affluèrent à Hollywood des stars de la scène (ce qu'elle était déjà), après la fin du muet.

Ce qui ne l'a pas fait durer (au delà des années 40 - "Mon petit poussin" date de la fin des 30's) c'est aussi cette fidélité crâneuse, entêtée, et assumée à SON personnage : dans ses films, elle se mettait invariablement en scène. Si vous aimez le perso, vous accrochez (peu importe la platitude des mises en scènes), sinon... Le perso westien se désigne par un look (son goût pour les toilettes Belle Epoque), des répliques (parfois très inspirées) grivoises prononcées avec son sourire à la dentition de Bugs-Bunny, une grossière mise en scène de la Féménité (tous artifices dehors, ce qui fait qu'on ait un temps réellement cru que c'était un travesti). Elle caricaturait à l'extrème notre obsession de la sexualité dans ses pièces, ses écrits et ses films (d'où les foudres de la censure qui lui tombèrent dessus dès 1934). Sa fidélité à son personnage était à la fois sa grandeur et sa limite.

Elle fut surtout louée par la communauté homosexuelle, et est peut être l'une des meilleures représentante de ce qu'on nomme le "camp" chez nos amis anglophones.

Quelqu'un a vu ses films ?

Banane
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Le personnage m'intéresse beaucoup, mais je crois que je n'ai vu aucun de ses films de la grande époque. Je crois que pas mal de ses films sont des adaptations de ses pièces pour Broadway (car elle est aussi auteur). L'une de ces pièces, Sex avait d'ailleurs fait un beau scandale. Le seul film que j'ai vu d'elle est son tout dernier, un OVNI hallucinant à crever de rire. Je cite ce que j'en avais écrit dans le Potager Classik :


Sextette, Ken Hughes

Une véritable monstruosité dont on ressort avec les tripes un peu de travers. Mae West avait 85 ans quand elle a tourné dans cette adaptation d'une de ses pièces. Elle y joue le rôle d'une star de hollywood qui vient de se marier (avec Timothy Dalton !). Tout le film se déroule dans l'hotel où le couple doit passer sa nuit de noce, sans cesse interrompue par les anciens maris de la dame, où les aléas d'une conférence internationale qui réunit les grandes puissances de ce monde. En une soirée, Mae West se balade dans les couloirs de l'hotel, et séduit tout le monde sur son passage.

Le problème, c'est que malgré le maquillage outrancier, la rareté des gros plans, et un effet de flou quand elle apparaît, il est impossible de ne pas être révulsé par l'état de délabrement de celle qui fut une vamp géniale... dans les années 30 ! Elle porte une affreuse perruque-choucroute blonde sur la tête, un continuel sourire crispé, elle se dandine à deux à l'heure et chante affreusement mal. Ah oui, parce qu'en plus ce truc se veut comédie musicale. Et on a effectivement droit à des chorégraphies absolument minables, désynchronisées et très mal filmées (comme tout le reste du métrage de toutes façons), des numéros de claquette bien foireux. Même la musique originale est nulle.

Dans ce naufrage total surnagent alors quelques moments de grâce : Dalton (très bon au demeurant — mais qu'allait-il faire en cette galère), qui chante à sa douce et tendre Love will keep us together, Mae West qui balance des vannes bien salaces à un parterre de gymnastes moustachus, Ringo Starr en réalisateur assez irresistible qui humilie un jeune acteur, Alice Cooper en groom qui vient jouer sur un piano transparent, Tony Curtis (génial) en homme d'affaires russe, Keith Moon en couturier complétement allumé ! Tout est bien lourd, laid et ultra-cheap. Heureusement que le film est pas trop long (1h25 mais quand même)...

Un grand moment d'hallucination. :shock:

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Message par Tom Peeping »

Max Schreck a écrit :Le seul film que j'ai vu d'elle est son tout dernier, un OVNI hallucinant à crever de rire. Je cite ce que j'en avais écrit dans le Potager Classik :Sextette, Ken Hughes
Si tu as aimé Sextette, il faut aussi voir Myra Breckinridge, de la même époque, où Mae West est un agent hollywoodien portée sur les étalons texans. Elle y pousse aussi la chansonnette et s'y crêpe le chignon (devant et derrière la caméra) avec Raquel Welch.

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Message par Momo la crevette »

Max Schreck a écrit :Le problème, c'est que malgré le maquillage outrancier, la rareté des gros plans, et un effet de flou quand elle apparaît, il est impossible de ne pas être révulsé par l'état de délabrement de celle qui fut une vamp géniale...
Elle est censée avoir 85 ans dans le film où ils ont essayé de nous faire qu'elle était plus jeune ?

Momo
styx a écrit :Je comprends pas grand chose à vos salades, mais vous avez l'air bien sur de vous, donc zetes plus à même hein de parler, de sacrés rigolos que vous faites en fait, merde ça rime lourd là, je vais éditer. mdr
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Message par Max Schreck »

Momo la crevette a écrit :
Max Schreck a écrit :Le problème, c'est que malgré le maquillage outrancier, la rareté des gros plans, et un effet de flou quand elle apparaît, il est impossible de ne pas être révulsé par l'état de délabrement de celle qui fut une vamp géniale...
Elle est censée avoir 85 ans dans le film où ils ont essayé de nous faire qu'elle était plus jeune ?
Elle est vraiment censée être plus jeune, en âge de faire tomber tous les jeunes hommes qui croisent son chemin ! Même dans sa manière de se trémousser, on sent que Mamie West grince ! Et le réalisateur fait beaucoup d'efforts pour éviter de la cadrer trop longtemps de trop près. Le film est une authentique monstruosité hilarante (encore plus en VF).
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Flol
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Message par Flol »

Bon bah maintenant, je serais bien curieux de le voir ce film ! Où l'as-tu trouvé ?
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Message par Max Schreck »

Ratatouille a écrit :Bon bah maintenant, je serais bien curieux de le voir ce film ! Où l'as-tu trouvé ?
Je l'ai enregistré sur une chaine ciné du cable. La VHS se trouve être en ce moment en possession d'un forumeur (depuis un certain temps, d'ailleurs)...
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Message par Max Schreck »

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Klondike Annie (Annie du Klondike), Raoul Walsh, 1936

Mae West adapte pour l'écran sa propre pièce. L'intrigue est simpliste au possible, d'autant plus que j'ai vu le film dans une version censurée de quelques scènes pourtant primordiables. Nous sommes dans les années 1890's, Mae West, alias la Poupée de San Francisco, quitte son souteneur chinois pour tenter la ruée vers l'or. Elle s'embarque sur un cargo et fait tourner la tête du Capitaine (génial Victor McLaglen). Suite à diverses péripéties, la reine du vice, une fois débarquée en Alaska, va se faire passer pour une prude missionnaire qui aura la lourde tâche de ramener les mineurs dans le chemin de l'église.

Mae West a un jeu vraiment unique. Son accent, ses poses sont d'une provocation de tous les instants. Elle fait de l'effet aux mâles, le sait et en joue, avec un air ennuyé vraiment délectable. Ce film est un véritable véhicule à sa gloire. Elle s'amuse cependant avec son image ici, puisque son personnage va peu à peu basculer dans la compassion et le repentir. On a également droit à quelques numéros chantés bien sympa, notamment deux titres qu'elle interprète à la guitare dans un style blues tout à fait étonnant pour un film hollywoodien de cette époque (le refrain dit « I'm an occidental woman in an oriental mood for love »).
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Message par Max Schreck »

Sympa cette photo :
Image
Marlene Dietrich rend visite à Mae West et Raoul Walsh, sur le tournage de Klondike Annie.



Dans ses mémoires, Walsh relate cette savoureuse anecdote. Lubitsch était alors responsable de la production pour Paramount :
Il arriva sur le plateau au moment où Mae venait de faire son apparition, et il commit l'erreur de la chapitrer. « Pourquoi êtes-vous toujours en retard ? » gronda-t-il. Mae ne lui laissa pas le temps d'ajouter un mot. Elle brandit le petit miroir qu'elle tenait à la main et lui en assena deux coups sur la tête avant qu'il ait eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait. Il fit demi-tour et s'enfuit, poursuivi par Mae qui jurait comme un charretier en faisant tournoyer son miroir comme un club de golf.

:lol:
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Message par Ballin Mundson »

Jamais réussi à trouver un de ses films.
Par contre, trouvé chez les bouquinistes un de ses romans (Lady lou ("diamon lil" en VO): sympatique, mais pas inoubliable) et son autobiographie (vite énervante à force d'autosatisfaction)
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

C'est la première fois que je voyais un film avec Mae West...Sa première réjouissante apparition dans ce cabaret chinois a fait rire une bonne partie de la salle, dont moi...Le jeu de l'actrice, tout en exagération (elle ne peut pas faire deux pas sans se déhancher), m'a vraiment donné le sourire pendant la première moitié du film même si la minceur de l'intrigue provoque un certain ennui vers la fin. Très heureux d'avoir découvert cette actrice en tous cas.
J'aimerais bien mettre la main sur ces chansons.
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Le dessin animé "Chicken A La King" de Max Fleischer où on aperçoit l'équivalent de Mae West en canard.

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Major Dundee
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Message par Major Dundee »

Max Schreck a écrit :Image
Klondike Annie (Annie du Klondike), Raoul Walsh, 1936

Mae West adapte pour l'écran sa propre pièce. L'intrigue est simpliste au possible, d'autant plus que j'ai vu le film dans une version censurée de quelques scènes pourtant primordiables. Nous sommes dans les années 1890's, Mae West, alias la Poupée de San Francisco, quitte son souteneur chinois pour tenter la ruée vers l'or. Elle s'embarque sur un cargo et fait tourner la tête du Capitaine (génial Victor McLaglen). Suite à diverses péripéties, la reine du vice, une fois débarquée en Alaska, va se faire passer pour une prude missionnaire qui aura la lourde tâche de ramener les mineurs dans le chemin de l'église.

Mae West a un jeu vraiment unique. Son accent, ses poses sont d'une provocation de tous les instants. Elle fait de l'effet aux mâles, le sait et en joue, avec un air ennuyé vraiment délectable. Ce film est un véritable véhicule à sa gloire. Elle s'amuse cependant avec son image ici, puisque son personnage va peu à peu basculer dans la compassion et le repentir. On a également droit à quelques numéros chantés bien sympa, notamment deux titres qu'elle interprète à la guitare dans un style blues tout à fait étonnant pour un film hollywoodien de cette époque (le refrain dit « I'm an occidental woman in an oriental mood for love »).
Ca passe cette semaine sur Ciné Classic :wink:
Alligator
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Re: Mae West

Message par Alligator »

She Done Him Wrong (Lady Lou) (Lowell Sherman, 1933) :

Image

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... wrong.html
_______________

Complètement passé à côté de ce film. A tout point de vue. Je l'ai avant tout regardé pour Cary Grant, tout jeunot, sec mais sans réelle saveur. Son rôle est mince, la faute à la mega-star d'alors, Mae West, sur qui le film est intégralement construit. Cette adaptation d'une pièce à succès de Broadway où Mae West était reine, accumule plans, numéros de chants, oeillades et déhanchements à la John Wayne. A moins que ce soit lui qui ait tout piqué à Mae West?

Quoiqu'il en soit, je ne suis jamais parvenu à trouve l'actrice percutante, ni grâcieuse, ni belle. Et je ne comprends pas du tout pouquoi le public mâle se pâmait devant son bagout -pour rester poli. Peut-être que la ferveur qu'elle suscitait provenait du modernisme de ses répliques à l'époque, pionnières dans le sous-entendu à charge sexuelle massive? Et qui depuis paraissent injustement conventionnelles?

Le film souffre aussi à mon sens d'un scénario un brin alambiqué, fourni en personnages secondaires et tertiaires, un fouilli difficile à lire en somme.

Résultat des courses : ce film a été nominé aux Oscars 1933 et de m'interroger sans fin sur les goûts, couleurs, tendances et tous les méandres de la perception artistique...
Julien Léonard
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Re: Mae West

Message par Julien Léonard »

Alligator a écrit :Mae West était reine, accumule plans, numéros de chants, oeillades et déhanchements à la John Wayne. A moins que ce soit lui qui ait tout piqué à Mae West?

Résultat des courses : ce film a été nominé aux Oscars 1933 et de m'interroger sans fin sur les goûts, couleurs, tendances et tous les méandres de la perception artistique...
Jamais ! :oops: :mrgreen:

Pour la nomination aux Oscars... Encore aujourd'hui on peut assister à des exemples flagrants de films qui n'ont peut-être rien à faire dans la sélection. Cela dit, je partage ton avis sur ce film ô combien curieux, et moi-même je n'ai jamais trouvé Mae West très séduisante. Mais je n'ai vu que ce film là avec elle, il faudrait que je réessaie avec d'autres films.
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