Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cinetudes
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Sugarland Express (Steven Spielberg - 1974)

Message par Cinetudes »

Sugarland Express ,


une bonne surprise que ce film frais, tonique, émouvant et drole!!

Spielberg y expose déja nombre de thèmes qui jalonnerons sa carrière, manie l'humour de fort belle façon et dirige ses acteurs vers des prestations d'un naturel confondant.

La ou le film surprend le plus c'est qu'avec le recul que l'on à grace au temps on reste sidéré de voir à quel la sur médiatisation et la passion du grand public pour un phénomène particulier était déja présente en 1974.

Ici la cause des héros suscite de l'intérêt mais c'est surtout le fait que l'on en parles en permanence qui poussent les gens à venir faire leur ballade du dimanche dans un endroit ou ils auront peut être la chance de voir les fugitifs si célèbres.

Mais bon à cette époque les flics tiraient encore sur les camions de la presse avide de sensations. :lol:

J'ai retrouvé dans ce film tout ce que j'aime dans le cinéma des années 70 à savoir une ambiance photographique à la fois réaliste et travaillée, une musique euh 70's et surtout illustrative (et non destinée à guider le public comme c'est trop svt le cas actuellement) , une orientation réaliste et documentaire poussée, une mise en scène au service de son histoire, discrète malgré le fait qu'elle soit elle aussi visiblement trés travaillée.

Goldie Hawn que j'avais une sacré tendance à détester est absolument formidable.

Spielberg avait dés ses débuts toutes les qualités recquises pour devenir un grand réalisateur et je dois dire que ce "petit" film passionnant me plait beaucoup plus que nombre de ses oeuvres plus réputées.

Déja l'enfant est au centre du film et les deux fugitifs (et même le policier) sont de grands adolescents qui croient en un rêve totalement utopique et c'est grace à cette énergie et cette croyance indéfectible qu'ils avancent.

La forme est la, le fond et la thématique également et l'humour emballe le tout ce qui fait que je ne comprends pas qu'il soit aussi méconnu.

Roy, j'attends ton avis avec impatience et si tu a des anecdotes à propos de ce film je suis preneur.

Stefan
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Cinetudes a écrit :Sugarland Express ,
Roy, j'attends ton avis avec impatience et si tu a des anecdotes à propos de ce film je suis preneur.
Tu auras mon avis en long, en large et en travers en lisant ma chronique du DVD début octobre. :wink:
Bien content de te voir apprécier ce film.
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Cinetudes
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Message par Cinetudes »

Cool Roy,

en tout cas le dvd est pas mal mais il aurait pu faire un peu plus d'efforts car malgré le fait que ce soit un film de Wonder Spielberg aucune remasterisation spéciale n'a été appliquée au film et c'est bien dommage.

Stefan
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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Cinetudes a écrit :Sugarland Express
Je l'avais découvert lors de sa reprise en salle d'il y a 2 ou 3 ans, et c'est sans conteste pour moi un des Spielberg les plus attachants, un road movie tout à fait dans l'esprit des 70's, comme tu le dis Stefan, avec des personnages caractérisés autrement que par un manichéisme de base (cette réaction géniale des gens au fur et à mesure du périple), des portraits psychologiques complexes. J'y retrouve la même fraîcheur que dans The Rain People de Coppola, par exemple, qui finit par détendre le spectateur avant de déboucher sur un brutal basculement qui laisse stupéfait un bon moment.

La maîtrise de la caméra est jubilatoire à observer (le ballet des voitures, ce magnifique plan de fin, qui me faisait penser à son équivalent dans THX 1138 de Lucas). On y retrouve le goût du réalisateur pour les citations (le Chuck Jones que le couple regarde depuis la caravane).

Williams et Spielberg entamaient ici leur première collaboration, et le thème est vraiment très beau, un peu country style.
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Message par Cinetudes »

On est d'accord mon cher Max !!!

Mais vraiment ce qui m'a le plus marqué c'est la critique de l'attitude des médias et de la (déja) surmédiatisation qui conduit à de curieux phénoménes d'identification et de support qui même si ils sont éminements sympathiques trahissent quand même déja un mal bien américain qui s'est depuis malheureusement mondialisé.

Et puis putain tout ça à trente ans et ça fait peur je trouve :? .

En tout cas un film vraiment attachant comme tu le dis et qui à mon gout vaut mieux que bien d'autre de son auteur pourtant beaucoup plus connus et réputés.

Et malheureusement ce n'est pas ce dvd en demin teinte qui va permettre de remettre le film en avant.

Mais je fais confiance à Roy pour écrire un texte vibrant d'amour qui donnnera sans doute envie à tous ses lecteurs de découvrir ou redécouvrir ce road movie qui le mérite largement.

Stefan
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Max Schreck
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The Sugarland express (Steven Spielberg, 1974)

Message par Max Schreck »

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Les faits : premier film de Spielby pour le cinéma, tourné en scope, avec déjà les complicités de John Williams à la musique (très chouette score à base d'harmonica, dans une ambiance country pleine de modestie) et Vilmos Zsigmond à la photo (particulièrement solaire). Mise en scène et montage non seulement irréprochables mais réellement inspirés (voir notamment la façon dont est montré le bébé lors de sa première apparition). Film sur le mouvement (la route et ce qui se trouve au bout) et sur le désir de retrouver ou reconstruire une cellule familiale protectrice (la voiture qui devient un lieu de vie), The Sugarland express est plein d'idées de mise en scène qui tirent justement parti des décors imposés par son sujet.

Inspiré d'un authentique fait divers, le film est un road movie au ralenti. Les poursuites sont assez rares et pendant la majeure partie du film, la police est réduite à suivre en une longue file indienne la bagnole du couple en cavale, avec leur otage de flic. L'intérêt se porte évidemment sur les personnages, et on se régale de l'intelligence du scénario et des dialogues qui rendent avec justesse les émotions créées par les diverses situations. On en vient ainsi à mieux les connaître et à se prendre d'affection pour eux, tout comme la population texanne qui vient leur montrer son soutien au fur et à mesure du périple.

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Car Lou Jean et Clovis Poplin n'ont rien à voir avec les amants criminels du type Bonnie & Clyde. Ils ne sont pas dangereux et ne pensent pas à mal. Au passage, le film en profite pour égratigner pas mal l'extrêmisme de certains citoyens américains, engagés dans des milices et prompts à sortir les armes pour se faire eux-même justice, comme au temps du western.

Spielberg impose un casting aux petits oignons, opposant un vétéran d'Hollywood et de nouvelles têtes. Ben Johnson est excellent et particulièrement touchant en sheriff qui fait son boulot mais souhaite le faire avec dignité et compassion (père de substitution) . Goldie Hawn est parfaite, avec son physique de femme enfant, vivant les événements à fleur de peau, sombrant à l'occasion dans l'hystérie, animée et presque aveuglée par le désir de récupérer son enfant. Dans sa bouche, le mot "Sugarland" sonne comme Neverland et devient un lieu mythique, celui de l'enfance.

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Dans le rôle du mari, William Atherton (le journaliste sans scrupules des Die hard) est vraiment bon, exprimant avec justesse sa condition, entre la réalité qu'il doit gérer et qui le fait pencher dans le monde des adultes et son amour pour Lou Jean qui demande à être vécu avec une simplicité et une inconséquence au contraire juvéniles.

Michael Sacks, qu'on avait déjà vu chez George Roy Hill (le Billy Pilgrim de Slaughterhouse five), compose un flic novice qui va se lier d'amitié avec le couple et se révèler finalement lui aussi capable de goûter la puérilité (rien de péjoratif ici).

En laissant libre cours à sa fascination pour l'enfance et à sa volonté de ne pas faire un film sombre, le réalisateur se fait également plaisir en montrant ses héros gloussant comme des gosses devant une projection en plein air d'épisodes de Bip-bip et Coyote. On notera aussi une brève apparition de gamins à vélo, symbole fondamental de son oeuvre. :) The Sugarland express reste un spectacle qui peut être apprécié à tous âges, sans jamais apparaître pour autant comme une oeuvre de compromis.

Il y a très vite un sentiment désabusé qui envahit le spectateur, devant une situation qui apparaît clairement sans issue possible. La fin est magnifiquement amenée et nous offre un plan à contre-jour marquant, qui personnellement m'évoque instantanément son équivalent par Lucas dans THX 1138.
Mon DVD est un Z1, je ne peux pas le passer sur mon ordi, mais si quelqu'un pouvait m'en faire une capture, ça serait bien aimable. :wink:



Bref, un film réellement touchant, sincère et sans épate pour lequel j'ai beaucoup d'affection.
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Je l'ai découvert il n'y a que quelques jours et si sur le coup j'étais un peu sceptique, en y repensant, je dois avouer que ce film est réellement magnifique. Emplie de douce nostalgie, le film navigue constamment entre cet humour enfantin et cette gravité inéxorable. Une petite merveille.
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Message par Max Schreck »

Colqhoun a écrit :Je l'ai découvert il n'y a que quelques jours et si sur le coup j'étais un peu sceptique, en y repensant, je dois avouer que ce film est réellement magnifique. Emplie de douce nostalgie, le film navigue constamment entre cet humour enfantin et cette gravité inéxorable. Une petite merveille.
Oui, j'avais vu ton avis. Ta relative déception (bien rattrapée depuis, donc) se liait peut-être à une attente particulière. On est peut-être là face au film le plus intimiste de Spielberg, qui n'est ni un jouissif exercice de style, ni une grosse machine à effets spéciaux (raccourcis rapides de son oeuvre, j'en conviens). Une pièce musicale jouée en mineur, capable de susciter la joie la plus primitive liée à la fièvre du mouvement, et la tristesse la plus insoluble.


Woolà, je devrais pas trop pousser les discussions ciné si tard, c'est un peu casse-gueule...
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Message par Colqhoun »

Max Schreck a écrit :Oui, j'avais vu ton avis. Ta relative déception (bien rattrapée depuis, donc) se liait peut-être à une attente particulière.
Ouais, je m'attendais probablement (inconsciemment du moins) à quelque chose de plus... comment dire, de plus imposant.
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Message par Alcatel »

(gros spoiler)

Ironiquement, Steven Spielberg pensait que le film serait plus commercial si le couple survivait à la fin. C'est un hollywoodien dans l'âme... Et, paradoxe incongru et dû à l'époque (1974, en plein dans le Nouvel Hollywood), c'est le studio qui l'a obligé à liquider ses héros par la police.
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Message par John Anderton »

Alcatel a écrit :(gros spoiler)

Ironiquement, Steven Spielberg pensait que le film serait plus commercial si le couple survivait à la fin. C'est un hollywoodien dans l'âme... Et, paradoxe incongru et dû à l'époque (1974, en plein dans le Nouvel Hollywood), c'est le studio qui l'a obligé à liquider ses héros par la police.
Pour la fin de ton spoiler, ce n'est qu'à moitié vrai... Goldie Hawn s'en tire... :wink:
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Re: The Sugarland express (1974), Steven Spielberg

Message par Max Schreck »

Max Schreck a écrit :La fin est magnifiquement amenée et nous offre un plan à contre-jour marquant, qui personnellement m'évoque instantanément son équivalent par Lucas dans THX 1138.
Mon DVD est un Z1, je ne peux pas le passer sur mon ordi, mais si quelqu'un pouvait m'en faire une capture, ça serait bien aimable. :wink:
Up...
Tant qu'à faire, si on pouvait capturer à la fois le plan de fin de Sugarland et celui de THX... :)
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Message par Cinetudes »

Elias, comme j'étais justement en train de bosser sur un truc sur THX 1138, voila tes deux captures mon cher :

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J'en tient d'autres a ta disposition :wink:

Sinon j'en profite pour dire tout le bien que j'ai pensé de ce film d'une fraicheur et d'un "naturel" rares.
Je ne comprends d'ailleurs vraiment pas pourquoi ce film est autant passé sous silence dans la carrière de Spielberg car je suis pas loin de penser qu'il est parmis ses tous meilleurs et vaut en tout cas à mes yeux bien mieux que nombres de ses autres films.

Roy, il me semble d'ailleurs avoir lu que Spielberg s'en foutait un peu de ce film qu'il n'aime pas vraiment mais je ne peux pas retrouver ma source alors je compte sur toi pour nous en dire plus.

D'ailleurs il n'y a qu'a voir comment le DVD Zone 1 est sorti en catimini dans une copie correcte mais vraiment sans plus et sans aucun supplément alors que j'aurai justement adoré un commentaire audio.

Je trouve que Spielberg se montre vraiment attaché à ses personnages et prends le temps de développer les rapports humains avec une grande justesse.
La mise en scène ou la gestion de scènes énormes sont ici en arrière plan et les héros touchants et tragiques sont le centre du film et je trouve que ça réussit lui réussit tout à fait.
De plus, l'humour est trés présent, jamais gratuit et le ton désenchanté de la seconde partie du film est extrémement bien amenée.

En bref, un road movie des plus agréable et émouvant qui offre une esthétique et une sensibilité trés 70's qui me fait souvent regretter la qualité générale des oeuvres de cette époque.

Stefan
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Message par Max Schreck »

C'est parfait, merci Stefan. :D

Il est quand même superbe ce plan contemplatif de Michael Sacks au bord de l'eau, avec cette superbe lumière de fin du jour.

Rien à voir, mais du coup je pense aussi à ce plan de La Guerre des mondes :
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Message par Cinetudes »

De rien Max :wink: !!

Je n'ai pas encore vu la guerre des mondes mais vu la capture que tu viens de mettre je t'en recolle deux autres de Sugarland qui vont tout à fait dans ton sens (visuellement du moins car moi ce plan me fait penser de but en blanc a celui de la petite fille du Frankenstein de Whale ):

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Je ne sais pas si tout cela a un sens mais en tout cas la concordance visuelle est bel et bien présente.

Stefan
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